Groupe Leenio - Cours n°5

Invité

Miss se trouvait avec Nyu, depuis des heures déjà. Des heures où elle avait donné toute son affection à sa petite jument qui appréciait le geste. La Marchombre voulait profiter un maximum de ces instants de bonheur fugace qui passait parfois dans sa vie. Elle savait saisir les moments de bonheur pour s’en imprégner, même si en l’occurrence, elle continuerait d’être heureuse pendant encore deux bons mois. Deux mois, c’était cela. Minimum. Le temps de leur prochaine expédition, avec Syndrell. La dernière expédition… Un air de nostalgie passa sur le visage de Miss, qui l’effaça bien vite. L’apprentissage de son apprentie avait été si rapide, elle ne s’en rendait pas compte. Elle n’en avait rien à faire, à dire vrai. Tout le monde a toujours énormément de choses à apprendre. Il y a tellement de choses à savoir, à connaître, à comprendre, quoi que l’on sût déjà ! A chaque fois, Miss s’extasiait devant cette évidence : c’était la beauté de la Voie du Marchombre. Aucune limite, aucune fin, tout était à découvrir, toujours plus loin, toujours plus haut. Un soupir passa ses lèvres, alors qu’elle pansait avec amour Nyu, qui répondait à chacune de ses caresses. Syndrell n’allait pas tarder à revenir du Rentaï, peut-être quelques heures, peut-être encore quelques jours. Peu importait, elle ne serait plus jamais la même. Comme Miss elle-même avait indubitablement changé durant ce voyage initiatique, ce voyage merveilleux, ce voyage de félicité. L’ascension du Rentaï, le chant du Murmure, la salle souterraine… Son apprentie les aura-t-elle vus, sentis, ressentis ? Aura-t-elle chanté avec eux ? Nyu s’ébroua pour attirer l’attention de Miss qui éclata de rire. Un sourire s’accrocha à ses lèvres, alors qu’elle songeait encore à son apprentie. Elle verrait cela très bientôt. Peut-être Syndrell ne voudrait-elle pas en parler. Peut-être qu’au contraire, elle aurait encore des questions, des tonnes de questions à poser. Un nouvel éclat de rire secoua Miss à cette pensée. Syndrell en aurait tout à fait été capable !

Terminant le pansage de sa jument, Miss admira son travail : la robe baie foncée de Nyu brillait de mille feux, et ses sabots étaient parfaitement propres, sa corne brillant sous l’effet de la graisse que la Marchombre y avait appliqué : avec le froid et la neige, les sabots s’effritaient et pouvaient devenir très cassant, ne jouant plus leur rôle d’amortisseur avec la fourchette, et donc les équidés avaient mal aux pieds et ne pouvaient plus se déplacer. Un soupir de satisfaction glissa le long de ses lèvres, alors qu’elle ramenait Nyu dans l’enclos aux alentours des écuries. La petite jument secoua la tête, avant de partir dans un petit galop aérien dans le parc, toute joyeuse. Le froid était piquant, et elle avait pris son poil d’hiver. On aurait pu croire à un nounours sur pattes, avec l’épaisseur de poil qu’elle avait désormais, mais elle gardait toute sa grâce et sa vitalité. Miss rit encore, en la voyant effectuer une jolie pirouette sur son arrière-main, et lui envoya un baiser de la main, la laissant s’amuser dans son parc, avec les autres chevaux qu’elle avait déjà commencé à aller embêter. Se dirigeant vers l’Académie, la Marchombre se laissa porter par le vent frai, et encore une fois ses pensées s’envolèrent vers son apprentie. Elle avait dû avoir chaud et froid, et peut-être qu’en rentrant, elle croirait qu’il faisait bien en dessous de la température normale. D’un côté, il devait faire au moins trois degrés de moins que le zéro, et avec le vent, cela n’arrangeait rien. Avec sa grande cape violette, Miss n’avait cependant pas froid. Appréciant ce vêtement en cachemire et soie, elle le portait sans cesse sur son dos maintenant que l’hiver s’était bien installé. Et encore, il ne neigeait plus.

C’est sur la route qui menait à l’Académie que Miss entendit le pas d’un cheval. Un pas particulier, qui lui était familier, qu’elle connaissait bien. Le pas de Nuance… La jument de Syndrell ! Un sourire immense sur les lèvres, Miss avait eu envie de faire une petite blague à son apprentie, et grimpa rapidement dans un arbre, invisible. Et alors que la jument était à portée de saut, elle s’élança dans un cri, anticipa les mouvements potentiels de Nuance, et tomba avec légèreté et grâce sur sa croupe, en enlaçant d’un coup Syndrell par derrière. Eclatant de rire, elle lança d’un ton joyeux :

- Je vous ai fait peur, pas vrai ?

Riant toujours, la Marchombre se laissa glisser sur le côté de Nuance pour remettre pied à terre, et se tourna vers son apprentie, joyeuse, débordante d’énergie :

- Et ben dis-donc, tu as traîné, fainéante !

Riant encore, Miss continua cependant, se calmant un peu :

- Allez, à peine arrivée, je te fais déjà repartir. Par contre, on n’emmène pas les chevaux cette fois-ci, donc occupe-toi bien de ta jument ! Je t’attends dehors !

Lui adressant un clin d’œil, Miss suivit son apprentie jusqu’aux écuries, et s’assit alors sur la barrière de l’enclos de Nyu, qui vint immédiatement à sa rencontre. Le lien qui s’était tissé entre elle et la jument était étonnant et indéfectible, semblait-il : une connivence et une complicité que Miss n’avait jamais ressentie, et qui la laissait pantoise quand elle y réfléchissait. Se tournant lorsqu’elle entendit la porte des écuries s’ouvrir, Miss adressa un sourire à son apprentie avant de sauter à terre, après une dernière caresse sur le chanfrein de Nyu, et vint à la rencontre de Syndrell.

- Prête ?

Moïa et Talik, les deux humbles bergers qui lui avaient offert le gîte et le couvert dans les montagnes, eurent beaucoup de mal à la laisser partir, mais Syndrell ne pouvait pas s’éterniser auprès d’eux ; son aventure était encore loin d’être terminée. Il eût été stupide de penser, cependant, qu’elle ne fut pas tentée par la généreuse proposition, d’autant que la vie dans les montagnes lui manquait plus qu’elle ne saurait le dire…

Elle reprit la route à l’aube du deuxième jour, alors que la nature, encore toute frémissante de sommeil, s’éveillait sous les pâles rayons du soleil d’hiver. Moïa avait déposé une fourrure sur épaules, souple et sans manches pour ne pas la gêner dans ses mouvements. Une peau de loup, celle d’un vieux mâle qui était venu finir ses jours près de la bergerie. Puis Talik avait accroché à la selle de Nuance un sac empli de bonnes choses – des galettes de miel, de la viande de mouton séchée, une outre de lait de chèvre, du pain aux céréales, du fromage… Syndrell les avait tous deux embrassés avec émotion, songeant que si Liam et Sineïdinn étaient encore en vie, ils leur auraient ressemblé.

Nuance chargée comme un baudet, mais follement heureuse de repartir, Syndrell s’engagea sur la piste enneigée, suivant les traces de loups. Elle ne comptait pas les trouver, préférant éviter une nouvelle frayeur à sa jument, d’autant que s’ils n’avaient rien à voir avec leurs cousins du Nord, ces prédateurs-là restaient quand même suffisamment dangereux. Toutes deux franchirent les cols qui les séparaient des hauts plateaux sans encombre et trois jours plus tard, l’immense étendue d’herbe glacée de la plaine s’offrait à elles. Moins intense qu’en montagne, le froid attestait tout de même d’un rude hiver qui avait achevé de s’installer sur l’Empire. Chaudement enveloppé dans sa peau de loup et sa cape de voyage, Syndrell ne souffrait pas outre-mesure du vent glacial qui balayait les plateaux ; au contraire, elle préférait nettement ce froid hivernal à la chaleur écrasante du Désert des Murmures.

Lors de sa première nuit passée dans la plaine, la jeune fille trouva néanmoins refuge dans un petit bosquet qui l’abritait du vent et lui permit d’allumer une petite flambée. Blottie contre Nuance, elle dégusta un peu de viande, de pain et de fromage tout en fixant les flammes dont la danse se reflétait dans l’or pur de ses yeux. Tout en mangeant, ses pensées affluèrent vers ses bras ; elle finit par tendre le gauche devant elle. A la fois vive, douce et silencieuse, la lame qui jaillit à la limite de son poignet brilla à la lueur de l’âtre. Sans cesser de mâcher son pain de céréales, Syndrell en dessina les contours du regard, glissant sur sa forme incurvée, caressant le fil de son tranchant, admirant cet amalgame de force pure et de beauté brute.

Sa greffe.
Ses lames.

Il n’y avait aucun soupçon d’orgueil en elle, simplement une intense sensation de plénitude. En observant sa greffe sous toutes les coutures, elle avait le sentiment de se redécouvrir, d’apprendre qu’elle avait toujours été ainsi – elle avait toujours été faite pour l’être. Une sacrée prise de conscience, qui impliquait hasard et destinée dans une même question : comment ?

Il leur fallut encore trois jours pour rallier la province d’Al-Chen. Syndrell rentrait à l’Académie mais elle ne se sentait pas tellement pressée ; aussi bien qu’à l’aller, elle voulait profiter du voyage que lui avait offert l’Oulan-Kil. Profiter du puissant galop de Nuance ou, au contraire, de son pas calme et régulier. Profiter du rire des enfants dans les petites bourgades qu’elles traversaient et du silence de la nature. Elle avait beau connaître la région par cœur, il lui semblait qu’à chacun de ses passages il y avait encore foule de choses à découvrir et à apprécier.

Suivant la piste qui menait à l’Académie, Syndrell laissa vagabonder ses pensées vers Owen. Il lui manquait. Elle ne l’avait pas revu depuis qu’ils s’étaient quittés sur une rive de la Voleuse, et revenir sur les pas d’un périple qu’ils avaient vécu ensemble éveillait en elle le douloureux pincement de la solitude.
Syndrell était solitaire dans l’âme.
Cette solitude du cœur n’avait cependant rien à voir avec tout ce qu’elle avait pu connaître jusqu’à présent et elle se demandait quand son chemin croiserait à nouveau celui du mercenaire.

La route louvoyait devant elle sur un relief vallonné et était bordée d’arbres nus, mais dont les branches s’emmêlaient dans un fouillis inextricable qui donnait l’impression qu’ils avaient encore un feuillage. Nuance avançait d’un bon pas, calme et tranquille ; juchée sur son dos, Syndrell laissait son regard vaguer sur l’horizon. Ses pensées s’accrochaient encore à Owen lorsqu’un brusquement pressentiment la fit revenir au présent. Elle se redressa sur sa selle, raccourcit les rênes, et Nuance agita une oreille ; il y avait…

Ça se laissa tomber depuis l’arbre qui la surplombait et ça atterrit derrière elle, sur la selle de Nuance. Syndrell n’eut pas le temps d’esquisser le moindre frémissement. Deux bras enserrèrent sa taille.

- Je vous ai fait peur, pas vrai ?

Ça, c’était Miss, bien sûr.
Syndrell soupira.
Sourit.

Eclata de rire.

Elle avait réussi son Oulan-Kil puis avait obtenu la greffe en un rien de temps.
Marchombre, elle filait sur la voie bien plus vite qu’elle n’aurait pu l’imaginer.
Elle avait progressé au-delà de ses espérances.
Mais elle avait la chance d’avoir un maître qui parvienne à la remettre continuellement à sa place d’apprentie, la surprenant sans le moindre mal, lui prouvant que la route à faire était encore longue.

- Et ben dis-donc, tu as traîné, fainéante !

Miss avait glissé à terre et son rire divulgua une formidable énergie chez Syndrell. La jeune fille flatta doucement l’encolure de Nuance, qui avait fait un écart lorsque la marchombre s’était laissée tomber sur son dos. La question de Miss n’en étant pas une, elle se garda bien de lui répondre qu’elle aurait été bien incapable de rentrer plus vite et mit pied à terre à son tour.

- Allez, à peine arrivée, je te fais déjà repartir. Par contre, on n’emmène pas les chevaux cette fois-ci, donc occupe-toi bien de ta jument ! Je t’attends dehors !

Repartir.
Le cœur de Syndrell fit un bond dans sa poitrine. Elles repartaient ! Ensemble ! Entraînant sa jument vers les écuries, la jeune fille songea que Nuance avait bien mérité de se reposer. Pour vaillante qu’elle soit, sa douce amie allait l’attendre ici cette fois.

- Je t’offre des vacances, ma belle ! Formule avec carottes, fourrage et tranquillité assurée !

Câlinant sa petite jument, Syndrell prit le temps de la bouchonner avec vigueur, puis de la brosser de la queue à la crinière. Elle cura ses sabots, massa doucement ses jambes puis termina en déposant un baiser sonore sur son front. Miss l’attendait dehors, elle devait partir. Alors elle approcha sa bouche de l’oreille de Nuance et lui souffla un dernier murmure :

- Feu de Joie, ou Cheyenne, est dans le dernier box à gauche. Profites-en pour travailler ta technique de drague…

Nuance piaffa, complice, et Syndrell sourit.
Et rejoignit son maître, qui l’accueillit d’une simple question.

- Prête ?

Clin d’œil doré.

- Je dirais même plus : prête ! Où va-t-on cette fois ?

Invité

Miss éclata de rire quand Syndrell ressortit des écuries pour lui lancer qu'elle était même mieux que prête : elle était prête. D'une humeur euphorique, la jeune femme pinça la joue de son apprentie, avant de lui faire signe de la tête de la suivre. Marchant d'un bon pas entre les arbres de la forêt proche de l'Académie, Miss sautillait presque, débordante d'énergie, heureuse jusqu'aux bouts des ongles. A dire vrai, entre le retour de son apprentie et sa dernière rencontre avec Erwan, entre l'Oulan-Kil de Syndrell et son voyage au Rentaï, elle avait de quoi être heureuse et pétillante de bonheur ! Un immense sourire déposé sur ses lèvres, elle courait presque sur le chemin. Un mois avait passé depuis leur dernière excursion, minimum, et si l'hiver était toujours présent, il s'était fait plus doux, dans le Sud de Gwendalavir... Pas comme là où elles allaient, où les neiges étaient éternelles. Un endroit qui n'était connu que de peu de personnes, Miss en avait la certitude. Les paysages sauvages, sans aucune piste à part celles des petits animaux, la végétation qu'elle n'avait vue qu'à cet endroit-là... Tout était magique. Elle s'en souvenait comme si c'était hier, lorsqu'elle y était allée, une seule et unique fois, mais ce souvenir était clair comme de l'eau de roche dans son esprit. Elle avait hâte d'y être... Surtout qu'elle avait tout à fait conscience que cela serait leur dernier voyage, toutes les deux... Autant en profiter un maximum ! Le sourire toujours sur les lèvres, elle se mit même à chantonner un air gai et haut, dansant en même temps qu'elle marchait. Finalement, elle se tourna vers son apprentie, un sourire jusqu'aux oreilles, avant de lui lancer :

- On va vers le Nord... Vers l'hiver !

Eclatant de rire, Miss repartit tranquillement, vérifiant que son apprentie la suivait bien. Lorsqu'elles reviendraient, séparément – et si Syndrell avait envie de revenir – le printemps serait déjà installé en Gwendalavir, alors qu'au Nord de l'île qui contenait l'Empire, il n'existait qu'à peine durant l'été le plus chaud... Mais Miss aimait cette saison unique nordique. Cela avait quelque chose d'excitant et de ludique. Toute cette neige... Aux alentours de l'Académie, il n'y avait plus beaucoup de neige, les rayons de soleil des jours précédents l'avaient faite fondre, mais il faisait tout de même très froid, surtout avec le vent qui glissait entre les branches et contre la peau, qui s'immisçait sous les vêtements et séchait les joues. La Marchombre adorait cette sensation si particulière du froid, mais elle aimait aussi plus que tout de sentir la chaleur des rayons du soleil venir s'incruster sous sa peau pour la rendre mordorée. Tout cela était bien loin désormais... Elle ne s'en plaignait pas. L'hiver aussi avait ses avantages ! Tournant la tête vers Syndrell, Miss laissa son regard la détailler. Fine, musclée, portant sa tête fièrement, pleine de confiance en elle et les yeux remplis de question, sa chevelure d'un bleu vif glissant dans les courants du vent, son apprentie avait déjà énormément changée, et surtout elle était devenue une vraie Marchombre. L'épreuve du Rentaï, qu'importait la décision, avait achevé de la transformer, en même temps que le voyage avec la caravane.

- Ce voyage, alors ?

D'un ton toujours guilleret, Miss avait posé la question sans arrière pensée. Elle se disait qu'elle comprendrait la Greffe de Syndrell bien assez tôt si cette dernière en avait une, mais elle avait bien le pressentiment puissant que le Rentaï lui avait accordé cet immense don. Mituu avait senti sa propre Greffe dès qu'elle était revenue, mais son expérience ainsi que son avancée sur la Voie lui avaient permis de comprendre cela, et de l'appréhender. Il avait dû avoir d'autres apprentis avant elle, et sans doute avait-il plus ou moins l'habitude, le coup d'oeil, l'instinct, pour ce genre de choses. Un sourire sur les lèvres, Miss attendit donc la réponse de son apprentie, si réponse il y avait, patiente et à la fois surexcitée. Etait-ce le froid qui la maintenait dans un tel état ? Elle était bien incapable de répondre, mais elle pensait que non. Il faudrait vraiment quelque chose de mauvais pour lui ôter ce sourire et cette envie de bondir dans tous les sens, ce jour-là !

D’aussi loin que remontaient ses souvenirs, jamais Syndrell n’avait vu Miss afficher un air morose, fâché ou même triste. Elle prenait parfois un air sérieux, souvent taquin, toujours joyeux. Son caractère ne laissait pourtant aucun doute quant à la force de ses colères qui, lorsqu’elles éclataient, devaient être aussi terribles qu’un ouragan… et aussi rare que framboises en cette saison !

Aussi, quand Miss esquissa soudain un petit pas de danse tandis qu’elles s’engageaient sur le chemin brillant de givre, entonnant un petit air qu’elle ne connaissait pas, Syndrell sourit d’un air désabusé. Les trois maîtres qu’elle avait rencontrés lors de son Oulan-Kil dansaient-ils de la même manière en se lançant dans une nouvelle aventure avec leurs propres apprentis ? Le silencieux et très sérieux Erwan s’amusait-il à surprendre ses élèves en leur sautant dessus à l’improviste ? Son sourire s’élargit lorsqu’elle s’imagina le marchombre aux cheveux blancs sautiller à l’instar de Miss et secoua la tête. Non, vraiment, son maître était unique en son genre. Tenter de la comparer à n’importe quel autre marchombre ne servirait à rien, sinon à souligner son originalité.

Ignorant l’analyse de son apprentie quant à sa personnalité, Miss se tourna vers elle et sa réponse alluma une étincelle vive dans le regard de Syndrell. Le nord ! Elle allait retourner dans le nord, se fondre à nouveau au cœur de l’hiver et se rapprocher de ses montagnes ! Son dernier périple dans cette partie de l’Empire remontait à quelques semaines et elle en gardait un merveilleux souvenir. Une escalade audacieuse, une rencontre fabuleuse, un monde offert… Mais le nord était si vaste ; il y avait tellement d’endroits où Miss pouvait entraîner son élève, tellement de choses à découvrir, tellement d’aventures à vivre… Comment faisait-elle pour décider un tel voyage, définir un point de chute, un chemin à suivre ? La jeune fille ouvrit la bouche pour questionner son maître, se ravisa. Peu lui importait la réponse, elle préférait se contenter de savourer cette nouvelle chance que Miss lui proposait de goûter avec elle. De la vivre, tout simplement.

- Ce voyage, alors ?

Sourire espiègle. Cette fois-ci, c’était Miss qui attendait une réponse, et Syndrell prit grand soin de la laisser patienter tandis qu’elle cherchait ses mots. Combien de fois la jeune femme l’avait-elle fait mariner, se contentant d’un clin d’œil pour lui signifier que la réponse était à portée, mais qu’il n’appartenait qu’à elle de s’en saisir ?

En l’occurrence, elle avait tellement de chose à dire qu’elle ne savait pas exactement par où commencer. Tellement de sensations, tellement d’émotions se bousculaient dans sa mémoire, souvenirs tantôt fugaces, tantôt flamboyants, toujours incroyables ? Elle décida finalement de raconter dans le détail son fabuleux et périlleux voyage à travers les hauts plateaux de l’Est, puis sa marche dans le Désert des Murmures et son arrivée au Rentaï, en passant par son hésitation au moment de dépasser les alentours du Domaine et sa rencontre avec Moïa et Talik. Il n’y avait aucune note de vantardise dans sa voix, ni même de suffisance ; Syndrell avait à cœur de faire partager à Miss une infime part du bonheur qui avait été le sien pendant ces quelques jours.
Bonheur d’être marchombre.

- C’est incroyable, cette sensation de liberté qui prenait tout à coup un sens bien particulier, plus concret alors qu’il ne l’avait jamais été à mes yeux. J’ai voyagé un peu partout dans l’Empire, j’ai vécu des choses inoubliables mais ce voyage là fut… différent. Comme s’il marquait la fin d’une histoire, ou plutôt le début d’une formidable aventure.

Parler à Miss était d’un confort absolu. Ce jour-là, dans le camp d’entraînement près de l’Académie, Syndrell avait compris à l’instant où Miss avait écouté ses paroles, qu’elle n’était pas attentive à la manière de n’importe qui. Elle savait entendre, elle savait percevoir l’invisible, deviner l’implicite, comprendre l’indicible. Ecrin de confiance dans lequel Syndrell n’hésitait jamais à se loger, elle ne disait rien, semblait parfois ailleurs, mais ne perdait rien de son histoire.
Elle était écoute.

- Et puis il y a eu le Rentaï. Drôle d’endroit, soit dis-en passant. Mais c’est inutile que je vous en dessine les traits, d’abord parce que vous le connaissez aussi bien que moi désormais, et ensuite parce qu’il y a des choses qui ne se disent pas, car elles se vivent…

Reprenant d’instinct les paroles de son mentor, Syndrell avait l’impression de vivre une fois encore son irréelle ascension. Elle entendait à nouveau le Murmure chanter avec son cœur et avec son âme, percevait comme si elle y était le bruit des sources chaudes et souterraines qui s’écoulent en minuscules gouttelettes sur les vibrantes parois de pierre. Voyageant au cœur de ses souvenirs, Syndrell se revit progresser au sein du Rentaï et s’immerger dans le bassin, âme d’une montagne unique.
Voyage improbable.
Voyage silencieux.

Elle ne trouvait pas ses mots pour raconter la suite de son histoire.
Pas de mots pour faire écho à ceux qui lui revenaient soudain en mémoire.

Lames de corps, âmes d’acier…
Désir guerrier, désir liberté…
Lames de corps, âmes d’acier…
Sommeil veillé, arme envolée…

Alors, Syndrell choisit d’offrir à Miss bien plus qu’une simple parole.
Elle tendit le bras devant elle, entrouvrit les lèvres pour laisser un souffle léger.
Frémit à peine lorsque l’acier scintillant jaillit sans bruit de son poignet.
Sourit lorsqu’elle se rétracta aussi rapidement au cœur de sa peau.
Reprit sa marche, son secret reposant désormais dans le violet si pur des yeux de Miss.

Secret marchombre.

Invité

Miss ne se formalisa pas du temps de réponse de son apprentie, loin de là. Elle savait que la jeune fille cherchait ses mots, et attendait juste presque avec impatiente – non, pas presque – ce que lui raconterait Syndrell. La puissante connivence qui les liait était indéfectible, la Marchombre en avait tout à fait conscience, et chaque jours qu'elles passaient l'une avec l'autre la renforçait encore plus, si cela était possible. C'est avec une attention toute particulière que Miss avala les premières paroles de Syndrell, alors que l'apprentie se lançait dans un long récit de son voyage. N'en perdant pas une miette, Miss sautillait pourtant dans tous les sens, allant tirer une branche de ci, se baissant pour attraper une feuille d'automne pas encore tout à fait décomposée, pour contempler une couche de neige particulièrement pure sous un petit rocher. Un sourire sur le visage, immense, le corps plein d'une énergie pure, la jeune femme n'en revenait pas de ce qu'avait vécu son apprentie, même si elle-même avait sans doute été aussi bien accueillie par Mituu lorsqu'elle était rentrée du Rentaï – quoi que, avec l'éloignement qu'il avait gardé entre eux, il l'avait d'abord énormément frustrée. Hochant la tête alors que son apprentie lui expliquait en quelques mots étourdis d'émotion son ascension du Rentaï, tout en précisant qu'elle ne pouvait pas vraiment le faire non plus, et la Marchombre était d'accord avec elle : nul nécessité de le faire, ce que l'on vivait était bien trop fort pour être gâché par des mots, aussi beaux fussent-ils.

Alors, la certitude tempêta dans l'esprit de Miss. Syndrell s'était vue accordée la greffe, évidence absolue. Voudrait-elle en parler ? Tournant la tête vers son apprentie, la Marchombre la vit réfléchir un instant, comme si elle hésitait, mais avant qu'elle n'eût pu dire quoi que ce fût, Syndrell avait tendu son bras devant elle et sans un bruit une lame sortit de son bras latéralement, alors que les yeux de Miss s'agrandissaient de surprise, et d'émotion, surtout. Une formidable émotion de bonheur et de regret confondus, le bonheur de voir que son apprentie avait franchi les caps sans regarder derrière elle, ou presque, se laissant porter par ses doutes et ses certitudes, s'enfonçant loin sur la Voie des Marchombres, le regret de se dire que c'était déjà terminé, et qu'elle n'avait presque plus rien à lui apprendre. Durant ces heures, ces jours, ces semaines et ces mois passés ensemble, elle avait vu évidemment Syndrell évoluer, mais elle ne pensait pas que cela irait si vite. Pourtant, elle n'avait pas voulu freiner l'apprentie, loin de là, elle la poussait encore et toujours plus vers l'avant, toujours, d'une part parce que c'était ainsi que Miss concevait sa propre vie, mais aussi parce que la voie ne souffre pas de demi-tour. Un soupir glissa sur ses lèvres en même temps que la lame se rétractait dans la peau de Syndrell, et un immense sourire passa sur son visage.

- Quand je suis rentrée du Rentaï, mon Maître ne voulait plus m'approcher à moins de cinq mètres durant plus de cinq jours – après tout mon voyage de retour. Je devrais en fait peut-être te fuir !

Un clin d'oeil montrant qu'elle ne pensait pas pour un sou ce qu'elle venait de dire, Miss continua de marcher droit devant elle. Bientôt, elles arrivèrent près du Lac Chen, alors que son immensité miroitante défiait les cieux, et la Marchombre prit la rive qui filait vers l'Ouest, vers la forêt Ombreuse, vers le gouffre du Fou, mais aussi vers Al-Far, Al-Poll... Miss visait plus le Nord que cela, évidemment. Les Septentrions des Géants... Elle se demandait d'où cet endroit si sauvage tenait son nom : qui avait pu y aller et délimiter ses contours ? Mais peut-être qu'en réalité, c'était un Maître, le Maître du Maître du Maître du Maître de son Maître à elle. Peut-être plus loin encore. Un souvenir vif glissa jusqu'à sa mémoire, alors qu'elle humait l'air glacial, sa longue cape violette claquant dans son dos, emportant sa lourde tresse au passage. Elle se demandait comment réagirait Syndrell... Elle avait déjà son itinéraire en tête, savait qu'elle passerait par la Citadelle des Frontaliers au passage, puis par la Forêt-Maison et filerait alors seulement vers l'Ouest pour trouver les immenses falaises percluses de vagues puissantes des royaumes Raïs, bien plus nordiques que l'Empire, qui s'arrêtait bien avant. Un sourire sur le visage, Miss se tourna vers Syndrell. Elle avait envie de discuter, de parler, peut-être pour ne rien dire, peut-être pour répondre à des questions, et elle savait qu'elle pouvait compter sur son apprentie pour trouver des sujets de conversation. Un sourire sur les lèvres, un éclat de rire vis-à-vis de sa propre attitude, la jeune Marchombre fit encore quelques pas de danse, traçant d'innombrables arabesques aux significations mystérieuses sur le sable durci par le froid. Rayonnante.

[Désoléee c'est court et en plus j'ai mis longtemps à te répondre - semaine de contrôles moi aussi XD ]

[ Le mien n'est guère mieux... mais entre victimes des examens, on se comprend ^^ ]

Elle avait des lames dans les bras.
Une pour chaque membre ; deux armes silencieuses, imprévisibles et éternelles. C’était là le formidable don du Rentaï à son égard, et il fallait avouer qu’il avait trouvé ce qui s’accordait le mieux avec elle. Des lames qui ne faisaient qu’un avec son âme, son instinct, des lames qui reléguaient toutes les autres au rang de simple décoration. Par habitude, et parce qu’elle ne songeait pas utiliser son incroyable aptitude à chaque coin de rue, elle avait conservé ses poignards ; ils n’avaient pas pour fourreau une gaine de chair, de tendons et d’os mais ils faisaient partie d’elle, eux aussi. En outre, leur présence servait toujours à détourner l’attention, à endormir la méfiance, à tromper la vigilance.
Qui pouvait bien se douter que ses bras étaient plus dangereux que toutes les lames accrochées à sa tunique ?

Syndrell avait sourit en voyant Miss caresser ses lames du regard, partagée entre stupéfaction, admiration et nostalgie. Rien ne l’avait obligée à les lui dévoiler, mais c’est justement cette liberté qui l’avait incité à partager avec son mentor ce nouveau virage que lui avait fait prendre la voie. Plus qu’un virage, c’était une courbe harmonieuse dont l’impeccable finition se reflétait sur le fil de ses lames, et dans l’aura qu’était capable de dégager Miss. Un merveilleux secret qui valait la peine de sentir vivre dans le cœur de ceux qui pouvaient mettre des mots sur sa sensation.
Son maître en faisait partie.

L’entendre évoquer ses premiers pas avec sa greffe fut une réponse à la marque de confiance qu’elle venait de lui offrir, et le sourire de Syndrell s’élargit. Elle imaginait sans peine le malaise qu’avait dû ressentir la marchombre, avant de comprendre ce qui lui valait cette soudaine prise de distance de son entourage, et aussi après avoir compris. Sa greffe était sans doute plus originale que la sienne, mais il fallait avouer qu’elle correspondait parfaitement à Miss. Encore une fois, le Rentaï ne s’était pas trompé, et la jeune fille se demanda s’il était seulement possible qu’il fasse erreur.

Non.
Le Rentaï ne se trompe jamais.
Il accorde, ou il n’accorde pas ; il n’y a pas de demi-mesure.
Seulement une courbe, ou une ligne droite…

Syndrell glissa les mains dans ses poches et se mit à siffloter, laissant son regard vaguer sur le paysage. Elles atteignirent le Lac Chen et prirent par l’Ouest. A n’en pas douter, c’était une nouvelle et formidable aventure qui était en train de naître, promesse de découvertes, de rencontres et de souvenirs ; c’était une invitation à faire encore un pas en avant, une chance d’apprendre quantité de choses, de trouver des réponses. Un voyage qui allait les emmener loin et pour un moment, puisqu’elles étaient à pied.

Tant mieux. Rien ne pouvait plus la combler que de cheminer en compagnie de Miss, tout droit vers l’inconnu et en quête d’Impossibles à découvrir. Pour Syndrell, c’était ça, la Voie : une piste, invisible à côté de la route que tout le monde emprunte, une piste que suit un maître et son apprenti à travers champ, par monts et par vaux – deux âmes liées qui conjuguent harmonie et liberté…

Tout en marchant, elle songea qu’elle avait changé. Cette prise de conscience n’était toutefois pas soudaine, il y avait un petit moment déjà qu’elle avait remarqué… Depuis son Oulan-Kil, plus précisément. Cette épreuve n’avait pas seulement sacralisé son empreinte sur la voie, elle avait aussi modifié quelque chose d’intime en elle, quelque chose que le Rentaï avait ensuite en partie solidifié sous forme de lames. Syndrell traduisait cela par une force nouvelle, différente de celles qu’elle avait acquises au cours de sa vie. Celle-ci était née avec elle et mourrait avec elle ; chaque minute, chaque seconde passée contribuait à la modeler, à la renforcer, et son apprentissage aux côtés des Marchombres l’avait changé. Il l’avait rendue plus nette, plus vive, plus présente. La femme qu’elle était devenue n’avait presque plus rien à voir avec la fillette insignifiante et sans cesse rejetée. Elle n’avait plus peur, désormais, de montrer ses cheveux, plus peur de se mettre en avant, plus peur des autres ; ces lames dans ses bras n’étaient pas une différence de plus à assumer, mais bien une partie de cette force qu’elle sentait vibrer en elle, plus lumineuse que jamais.
Et c’est dans l’or de ses yeux que se reflétait toute cette lumière…

La jeune fille inspira profondément, emplissant ses poumons d’air pur et frais. Elle avait hâte de recommencer les leçons avec Miss et se demandait quand cette dernière allait enfin décider de les faire cavaler jusqu’à l’épuisement, pour ensuite l’achever avec un exercice tout à fait insensé, sans doute dangereux mais fichtrement palpitant. Elle était prête à parier qu’avant d’arriver dans le Nord, elle aurait récolté son lot de bleus, de bosses et de coupures, d’ailleurs le petit air ravi de Miss semblait confirmer la chose. Tant mieux ! Elle allait lui en mettre plein la vue. Se démener, se donner à fond, comme toujours, par devoir envers son mentor, qui ne la guidait pas pour rien sur la voie, mais aussi et surtout par plaisir. Repousser ses limites à leur maximum, et même au-delà, comme lors de son Oulan-Kil.

C’est en repensant à cette épreuve que Syndrell posa un regard pensif sur Miss.

- Dites… Ces trois maîtres qui m’ont testé lors de mon Oulan-Kil, vous les connaissiez ?

Invité

- Je connais vaguement Swif et Lohan, de vue, oui.
Après... Je suis sûre que tu t'es déjà fait une petite idée, je me trompe ?

[Niaww <3 ]

- J'ai simplement perçu quelque chose de différent concernant cet homme. Erwan... Sans vouloir me mêler de ce qui ne me regarde pas, je croyais que rien ne pouvait l'émouvoir avant de le voir vous regarder !

Invité

- Tu croyais...? Tu l'avais donc déjà rencontré ?

- Il n'y a pas si longtemps, aux frontières sud du continent... Je regagnais justement l'Académie pour passer mon Oulan-Kil et nos routes se sont croisées. Je commence juste à comprendre que nos voies, elles, étaient déjà mêlées... A part vous, je connaissais alors pas de maître marchombre.

Invité

- Tu as dû le voir juste après que nous nous soyons séparés alors...

Et, donc ?

- Et donc, j'ai été surprise. De ne pas m'apercevoir immédiatement de son rang, pour commencer ; il émanait de lui une force à la fois puissante et douce, en tout cas très mystérieuse, qui m'intriguée et si je n'ai pas mis longtemps à reconnaître le marchombre en lui, j'ai eu plus de mal à distinguer le maître. Peut-être parce que l'imaginer sautiller partout comme vous dépasse toute imagination, justement ! Surprise, donc, et... En confiance. J'étais heureuse de le découvrir parmi les observateurs de mon Oulan-Kil, et qu'il soit le premier à m'imposer son épreuve. Je crois qu'il n'y avait pas mieux pour me mettre à l'aise !

Invité

- Je ne connais en effet personne qui me ressemble, même de loin... Surtout pas Erwan, en fait !

- Miss ? Votre maître, à vous... Etait-il plutôt comme Erwan, ou bien comme vous ?

Invité

- Mon Maître ? Oh, on va dire que si j'étais le jour, il était la nuit. Il se rapprochait plus d'Erwan, mais il était loin d'être comme lui pourtant... Peut-être plus sage, en tout cas bien plus expérimenté sur la Voie que lui et moi réunis à ce jour...

[ Petit soupir de nostalgie ]

- "Etait" ?

Invité

- Oui, quand il m'a formée. Maintenant, il doit être encore doublement expérimenté !

Alala, ça ne l'arrange pas ces années !

Mais dis-moi Syndrell, j'ai une question qui me taraude depuis un moment... Vivais-tu à Al-Jeit, avant de venir à l'Académie ?

- Je n'y ai passé que deux ans de ma vie. Avant, j'ai sillonné la Chaîne du Poll sur presque toute sa longueur... Al-Poll était la seule vraie cité que je connaissais, à l'époque.

Invité

- Tiens, et bien tu vas être contente, on va passer par la Chaîne du Poll ! Mais par par Al-Poll, par contre, j'ai pas envie de voir une ville durant ce voyage...

- Vrai ? On va voir les montagnes ?! Nom d'une chiure de mouche, ça pour une sacré aventure, c'est une sacré aventure ! Je ne pensais pas que nous monterions si haut vers le Nord. Je comprends mieux pourquoi nous avons laissé les chevaux à l'Acdémie, maintenant. Nuance aurait boudé tout au long du chemin, elle n'aime vraiment pas le froid. Moi par contre... Vous savez que l'hiver est ma saison préférée ? Oh, mais attendez, je vais pouvoir vous faire découvrir ma recette de potage aux légumes ! Le cuisinier qui me l'a enseigné est un homme exceptionnelle. Je suis loin d'être aussi douée que lui mais je suis sûre que ça va vous plaire...

(ça y est, la bavarde est lancée... bonne chance pour l'arrêter, maintenant ! Sauf si tu trouves le bouton "off" xD)

Invité

- Si tu aimes l'hiver, tu vas aimer notre voyage. Le plus froid et le plus enneigé que tu n'aies jamais connu, je peux te l'assurer... Et la Chaîne du Poll ne sera qu'un passage de notre aventure, cette fois-ci !

Aaha ! Je demande à voir ça, tiens ! Syndrell cuisinière... Tu te vois en train de mijoter de bons petits plats pour...

[Elle se tait d'un coup, peur de faire une bêtise... XD ]

- ...Pour ?

Invité

- ... Ton mercenaire, n'est-ce pas ?

[Tiens, Miss a trouvé le bouton off ? XD ]

- Oh ! Heu... Il n'est pas vraiment, enfin... Je l'ai revu, vous savez. Après cet épisode, dans le Domaine. Et... Pour tout vous dire, je pensais sincèrement le tuer pour avoir osé m'empêcher de défier Faldor. Mais il s'est passé quelque chose et... C'est compliqué.

(Alors là, chapeau. Vraiment, je suis sciée moi-même ! Mais en même temps, si Miss n'était pas capable de moucher Syndrell, qui d'autre le pourrait ?)

Invité

- Oh, oui, c'est toujours compliqué ces choses-là. Il faut savoir faire la part des choses...

[J'adooore XD ]

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