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 Un petit malentendu... [TERMiNE ]

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MessageSujet: Un petit malentendu... [TERMiNE ]   Un petit malentendu... [TERMiNE ] Icon_minitimeMar 01 Nov 2011, 01:15

Le second cours était terminé. Oh, il n’avait pas duré très longtemps, encore une fois. A peine quelques heures, même : encore plus court que le premier ! Mais Dolce était confiant quant aux capacités de ses apprenties : après tout, elles apprenaient vite, et il n’y avait pas de doute qu’elles iraient toutes loin. La seule chose était de bien veiller à ce qu’elles ne s’enfermassent pas sur elles-mêmes entre leurs entrevues. Or, cette fois-ci, il avait prévu de partir un mois et demi, voire deux, entre le cours et l’examen. Et il avait déjà l’examen dans son esprit, sachant qu’il demanderait à ses apprenties bien plus qu’elles n’avaient fourni durant le dernier cours. Surtout au niveau de l’équitation. Surtout pour Onde. Parce que ce second examen verrait plusieurs épreuves, certes, mais chaque apprentie aurait une spécialité…

Pour l’instant, il ne pensait pas vraiment à cela.
Perché sur un cheval qu’il ne connaissait que depuis quelques heures, Dolce galopait directement vers Al-Jeit. Il n’avait pas voulu prendre Loyale avec lui pour cette aventure : la jument en aurait trop souffert, et n’avait pas la condition physique nécessaire pour résister à ce qu’il pensait faire, et toutes les tournures que cela pouvait prendre. Il avait donc investi dans une nouvelle monture, qu’il avait d’ailleurs présentée à sa jument adorée. C’était un jeune mâle de quatre ans et des poussières, avec une robe particulière…
Oui, Dolce aimait les robes étranges et dissonantes. Au moins, il reconnaissait de loin ses montures…

Le jeune mâle, Singa de son appellation, était un jeune Akhal-Téké isabelle. Et comme la plupart des Akhal-Téké de robe isabelle, on avait l’impression que sa robe et son corps avaient été taillés dans un lingot d’or : des reflets sublimes, métalliques, passaient de part en part sur tout son corps, lui donnant une allure parfaite, distinguée et pourtant d’une souplesse légère. Pour autant, il n’était pas semblable à un quelconque autre : en effet, quelques poils d’un roux vif, presque comme la couleur du feu, s’étalaient sur ses naseaux et au niveau de ses yeux, lui donnant une tête expressive au possible. De la même manière, et totalement liée à sa robe, il possédait de belles zébrures bien distinguables au niveau des jarrets, en trois ou quatre lignes d’un noir profond, ainsi qu’une raie de mulet – longue ligne passant sur la colonne vertébrale, d’une couleur foncée – et une bande cruciale – une ligne perpendiculaire à la raie de mulet, au niveau du garrot, qui descend le long des épaules. Oui, vraiment, Dolce aimait les robes particulières, et avait particulièrement adoré celle de ce jeune étalon.

Partant du principe que les animaux ne sont jamais méchants ou perfides, mais toujours mal éduqués, il avait donc échangé Singa contre deux pièces d’or à un marchand qui semblait en avoir peur. Et qui avait de quoi : quand il s’approcha pour attraper le jeune mâle, ce dernier le chargea, oreilles plaquées contre la tête, dents en avant. Dolce avait soupiré : encore un mal éduqué ! Et il l’avait attrapé sans plus de manières, pour l’emmener avec lui… Et avait eu une révélation : ce jeune avait juste besoin que l’on soit ferme avec lui, et ne se montra pas une seule fois agressif avec l’Envoleur. Un peu taquin, mais pas agressif.
Et il galopait à une allure phénoménale avec un évident plaisir…

§§


Les sabots ferrés de Singa claquèrent contre le dallage des rues d’Al-Jeit. Un petit sourire étira les lèvres de Dolce. Al-Jeit. C’était là qu’il avait vu Syndrell pour la dernière fois, et ici qu’il retrouverait sa trace, il en était certain. D’une part, une certaine intuition, et de l’autre… La conversation qu’il avait surprise, quand il était parti des écuries, ce jour-là…

§§


- Oui, Vanora m’a dit de lui indiquer n’importe quel suspect. Et la fille avait bien les cheveux bleus ! Elle vient de partir à toute allure à cheval !

- Tu es sûr que c’était Louve ?

- Certain. Et elle a même volé ce cheval. Elle a dû me voir…

- Si elle l’apprend, il te manquera une oreille…

- J’inventerai un truc…


§§


Oui, Syndrell était apparemment suivie et épiée, et son nom de Louve était un pseudo qu’elle avait dû utiliser un long moment, puisqu’on l’appelait par ce nom-là. Et Dolce était prêt à tout pour la retrouver. Même à pactiser avec ses ennemis… pour un temps. Il avait surpris cette conversation près des écuries, et y retourna donc en tenant Singa par la bride. Le jeune étalon avait le nez en l’air et hennissait toutes les cinq secondes d’excitation, aussi décida-t-il de le laisser aux écuries pour faire sa petite visite des lieux.

Une fois Singa entre les mains du palefrenier – le même que la dernière fois – Dolce s’élança donc dans les rues pour retrouver des indices liés à Syndrell. Il retourna à l’endroit précis où il avait surpris les deux personnes lors de sa précédente visite, et observa avec attention tout ce qu’il se passait autour de lui. Il n’y avait rien d’anormal, évidemment, et les deux personnes n’étaient pas là. Si c’étaient des espions, ils se devaient de toute manière d’être un minimum discret…

La chasse allait être intéressante.

§§


Il repéra une touffe rousse et une touffe blonde. Un sourire se dessina sur ses lèvres, alors qu’il les suivait de loin, presque certain que c’étaient ceux qu’il cherchait… Ce qui se confirma rapidement : ils passèrent dans une ruelle sombre, puis se glissèrent derrière des poubelles remplies à ras-bord, avant d’escalader rapidement mais pas très efficacement un mur pour se retrouver sur les toits. Se glissant à leur suite, aussi léger qu’un chat, aussi invisible qu’une ombre, un sourire étira sa bouche. Il toussa légèrement.

- J’ai l’impression qu’il y a quelqu’un qui nous suit !

- Ne dis pas de bêtises, et avance ! Si on est en retard, Vanora le saura…

- Arrête de prononcer son nom bon sang… Toi et la discrétion…


Les deux jeunes hommes se retournèrent pour continuer leur chemin… Se retrouvèrent nez-à-nez avec un immense homme bien charpenté, aux yeux gris aussi glaciaux qu’un iceberg.

- Que…

Dolce fronça les sourcils, s’avança d’un pas et saisit le premier – le roux – à la gorge pour le lancer contre un mur, un peu plus loin. Assommé, le jeune homme resta immobile, et l’Envoleur se tourna vers le second, qui n’avait pas réagi immédiatement… Une seconde trop tard. Un sourire sur les lèvres, Dolce réussit à attraper son bras alors qu’il tentait de fuir, et le lui broya littéralement. Un cri plaintif sortit des lèvres du garçon, qui jura entre ses dents.

- Quand je le dirai…

- Et bien, allons-y ensemble.

- Hein ?

- Amène-moi à ton supérieur, gamin.


Le garçon se renfrogna : il avait perdu l’âge de se faire appeler « gamin ». Mais devant l’air patibulaire de l’homme devant lui, il se tut. Il avait vingt-deux ans, tout de même ! Il n’était pas bien plus jeune que l’autre… Croisant le regard glacial de l’autre, il soupira, se massant l’épaule, avant de se renfrogner.

- Pourquoi ?!

- J’ai un compte à rendre à une certaine Louve…


§§


Trop facile à manipuler, ce pauvre gosse. Enfin… Il avait tout juste cinq ans de moins que lui, mais ne les valait pas. Dolce sourit à cette pensée : après tout, Syndrell devait être encore plus jeune… Pourtant, il ne voyait pas cette innocence, cette naïveté en elle, ou alors trop bien entourée de subtilité et d’intelligence pour que cela lui fût préjudiciable.

Il était donc en route pour la passe de la goule. C’était de là-bas que cette Vanora supervisait les opérations de ses sbires, grâce à des Mentaïs – peut-être Dolce croiserait-il une connaissance – jusqu’à Al-Jeit. Le sourire toujours aux lèvres, Singa galopant toujours plus vite. Une chanson trottait dans sa tête…



♪♫♪
J’entends le vent
J’entends la plaine
Et comme un cri
La brise m’entraîne
Vers ma terre ou brûle la flamme d’autrefois
Toujours je reviendrai vers toi
♪♫♪

§§


Dolce souriait.
Il faisait face à une petite maison de tout ce qu’il y avait de plus banal. Et pourtant, il savait pertinemment que les apparences étaient trompeuses. Une maison banale, en bois et en tronçons, en écorce avec un toit de chaume parfaitement étanche, même si elle était à moitié abandonnée et semblait crouler sous les années passées à résister aux intempéries.
C’était ici que se cachait cette fameuse Vanora…

Il arrêta Singa un peu loin de la maisonnée, et l’attacha à un arbre en prenant soin de lui enlever son filet et de ne le laisser plus qu’en licol – il pourrait ainsi mieux brouter, et ne serait pas gêné par son mors. Le désanglant, il lui donna quelques caresses avant de le laisser et de s’approcher de l’entrée de la maison.
Le gamin lui avait dit qu’elle était particulièrement méfiante, et qu’elle l’entendrait sans doute arriver de loin. Qu’elle ne lui répondrait pas, mais qu’elle l’écouterait avec attention. Qu’elle se cacherait. Il n’avait pas précisé pourquoi, mais Dolce l’avait lu dans son regard : vengeance et patience.

Il soupira.
Il avait de la seconde à revendre.

S’avançant donc vers la maisonnette, il soupira légèrement. Frappa trois fois à la porte. Aucun bruit… Si. Une respiration. Un peu hachée, mais bien dissimulée, derrière le bois de la maison. Un léger sourire sur les lèvres, le jeune homme essaya d’ouvrir la porte en appuyant tout simplement sur la poignée… Fermée à clé. D’un coup d’épaule, il fit sauter son gong rouillé par la pluie, et s’avança sur le plancher sans un bruit…

Se retourna immédiatement pour saisir un bras armé au vol. La lame n’était plus qu’à trois centimètres de son cou. Comme trois mètres. Son regard se planta dans celui de la femme qui venait de l’attaquer. Puis, un bruit se fit entendre, plus loin. Une autre respiration.

- Dolce ?

Il connaissait cette voix. C’était la voix du Mentaï qui lui avait accordé sa greffe… Dolce soupira. Il aurait un Mentaï sur les bras, en plus… Il faudrait qu’il fît cela correctement : sinon, au Domaine, cela sèmerait la pagaille.

- Razel…

- Vanora, lâche-le.

- Qui est-ce ?

- Un Maître Envoleur…

- Dolce, à votre service ! Pour tout vous dire, je suis ici dans un intérêt bien particulier…


§§


Dolce finissait de raconter son histoire – inventée de toutes pièces ou presque – d’une Syndrell qui se serait fichue de lui, autant que jouée de lui par la même occasion. Elle aurait tué sa jument, volé un cheval, elle l’aurait entaillé ( il montra sa cicatrice ) et officiellement défié. Voilà pourquoi il était là.

- Cette Louve…

Dolce hocha la tête doucement. C’était certain, elle était spéciale. Mais pour lui, pas de la même manière que pour ces deux personnages. Dans son esprit, le jeune homme montait déjà une stratégie pour pouvoir échapper au Mentaï une fois qu’il aurait retrouvé Syndrell : après tout, cet homme connaissait sa greffe, ce qui faisait qu’il n’avait pas l’effet de surprise qu’elle pouvait engendrer chez des combattants « normaux »…

Assis sur une chaise, Vanora à sa droite, Razel à sa gauche, il but une dernière gorgée de sa bière avant de s’immobiliser.
Singa venait de bouger une oreille, avait les naseaux pincés.
Et un sixième sens venait le titiller dangereusement…




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MessageSujet: Re: Un petit malentendu... [TERMiNE ]   Un petit malentendu... [TERMiNE ] Icon_minitimeMar 01 Nov 2011, 21:44

Le dos collé à une immense plaque de roche, Syndrell se déporta sensiblement vers la droite et risqua à coup d’œil en direction de la combe. En moins de trois secondes, son regard vif enregistra la position des deux hommes, la proximité de leurs armes, celle du feu qu’ils étaient en train d’alimenter, puis elle se redressa et s’accroupit pour achever de se préparer.

Depuis qu’elle avait troqué son habituelle combinaison noire contre des vêtements plus amples, il lui fallait s’accoutumer aux modifications que ce simple petit détail pouvaient entraîner : des manches trop bouffantes pouvaient freiner ses mouvements et la gêner, aussi prit-elle le temps de cercler ses avants bras de pièces de cuir qu’elle ceignait à la manière de bracelets et qui servaient moins de protection que d’attache. Bleu foncé, le cuir souple s’accordait parfaitement au corset de feutrine qui disciplinait la chemise noire et soulignait sa minceur.

Ce n’était pourtant pas faute d’avoir écouté les conseils du rêveur de Fériane. Syndrell avait retrouvé l’appétit et repris quelques kilos, mais si les muscles se dessinaient à nouveau sous sa peau blanche, l’on pouvait encore sentir ses côtes. Malgré tout, la marchombre avait recouvré la totalité de ses capacités. Endurance, souplesse, rapidité…
Confiance.

La jeune femme sortit de l’ombre sans la moindre hésitation et se dirigea d’un pas décidé vers les deux hommes. D’abord surpris, ils se précipitèrent vers leurs sabres, sagement accrochés à la selle de leurs montures qui paissaient un peu plus loin. Ils n’eurent pas le temps de les atteindre. Syndrell faucha le premier à hauteur des genoux et intercepta le second d’un coup de talon dans la gorge. Celui-ci s’écroula pour ne plus se relever, la trachée écrasée, mais son comparse se jeta sur Syndrell, un poignard dans la main droite.

Elle le laissa venir à elle. Au tout dernier moment, elle passa outre sa garde et se coula contre lui, glissant sous son bras droit qu’elle tordit dans l’élan, l’obligeant à tomber à genoux. Dans le même temps, elle frappa du pied le manche de la poêle en train de chauffer sur le feu ; l’ustensile s’envola et frappa l’homme à la tête, le brûlant assez sévèrement pour l’empêcher de lutter plus longtemps. Il s’écroula à son tour.

Syndrell avait déjà disparu.


* * *

- J’ai ce que tu m’as demandé, Louve. Regarde, c’est ici que ce trouve ce que tu cherches.
- Tu es sûre de toi ?
- Un peu que je le suis ! Je suis allée moi-même tâter du terrain avant de t’apporter ceci. Et laisse-moi te dire que tu vas devoir te montrer très ingénieuse.
- Raconte.
- C’est simple. Un endroit presque inaccessible, protégé par le relief des Dentelles ; des hommes de main, placés en avant-poste au nord, au sud, à l’est et à l’ouest de la chaîne.
- Des Mentaïs ?
- Et quelques Gommeurs. A mon avis, ils s’attendent à une attaque venant des Spires, sans quoi ils ne prendraient pas le risque d’annihiler leurs propres capacités. Ils sont donc lourdement armés. Bonne chance, gamine…


La gamine filait à présent vers la Passe de la Goule, longeant le relief accidenté des Dentelles pour atteindre le prochain poste avancé de Vanora. Syndrell sourit en repensant à Blanche. Cette dernière l’avait formée parmi les Ombres, lui enseignant l’art de se mouvoir comme un chat, de changer d’identité en un claquement de doigts, de lire sur les lèvres et de muscler sa mémoire sensitive. Blanche avait été dans l’espionnage ce que Miss avait été sur la Voie ; un guide, un modèle à suivre.
Mais sûrement pas à imiter.

Espérant que Tanank n’allait pas perdre patience en attendant qu’elle le lui rende, Syndrell avait reprit Esbroufe, choisissant au dernier moment de ne pas le laisser à l’Académie. Même si elle avait du mal à apprécier le cheval, elle n’avait pas eu envie d’en prendre un autre. Le pangaré l’avait conduite sans broncher, ou presque, jusqu’à une petite bourgade nichée au pied des Dentelles Vives.

A partir de là, elle avait continué à pied. Vanora ne s’attendait pas à une visite en solitaire, comme l’indiquait la présence des Gommeurs, mais elle prévoyait néanmoins un retour de frappe et Syndrell n’allait pas la décevoir. C’était une traque telle qu’elle n’en avait pas mené depuis longtemps. Ses cheveux bleus étaient dissimulés sous un foulard noir qui la faisait étrangement ressembler aux pillards des plaines. Le poignard de Miss n’était plus glissé à sa ceinture mais dans sa botte droite.

Elle n’était pas plus armée que cela. Sa greffe, son audace et sa détermination devait suffire à cette mission « retour de frappe », comme elle se plaisait à la nommer. La vengeance était là, bouillonnant dans son sang ; la marchombre était lancée et plus rien ne semblait pouvoir l’arrêter.

Elle prenait la vie de ces hommes. Elle les dérobait à Vanora. Rien qui ne compense la mort de Nuance ou encore celle de Juhien, le jeun rêveur de Fériane, mais Syndrell savait comment fonctionnait l’espionne : cet affront allait lui rester en travers de la gorge, avant que l’une de ses lames ne se charge de donner vie à la métaphore…

Quatre hommes gardaient l’entrée de la Passe. A l’instar de leurs camarades déjà tombés sous l’assaut de Syndrell, ils bivouaquaient tranquillement ; elle leur tomba dessus sans crier gare. Le premier n’eut seulement pas le temps de comprendre ce qui se passait. Une ombre passa devant lui et l’instant d’après il tombait à genoux, probablement incapable de se reproduire pour le restant de ses jours. Il n’avait même pas la force de crier sa douleur. Les trois autres hommes, en revanche, tirèrent l’arme au clair et se regroupèrent pour affronter l’ennemi.

Syndrell ne fit pas dans la dentelle. Ses lames secrètes jaillirent sans bruit et frappèrent.
Une fois.
Deux fois.
Trois fois.

La bouche en O, le premier homme regarda ses comparses s’effondrer sur le sol dépourvu d’herbe. Ces yeux s’agrandirent de surprise lorsqu’il croisa le regard de leur attaquant. Une gamine ! Une gamine avec des épées dans les bras et des iris incandescents. Il baissa le regard le premier. Lorsqu’il eut le courage de le relever, elle avait disparu.

La cible de Vanora était enfin entrée dans la Passe de la Goule.



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MessageSujet: Re: Un petit malentendu... [TERMiNE ]   Un petit malentendu... [TERMiNE ] Icon_minitimeMar 01 Nov 2011, 23:04

En clair, d’après ce qu’avait raconté Razel, parfois complété par la dénommée Vanora, Louve s’était aussi bien jouée d’eux. Un sourire refoulé dans ses pensées, Dolce continuait d’écouter les paroles du Mentaï, n’en manquant pas une, mais parfaitement à l’écoute de l’environnement. Singa s’agitait, c’était un fait indéniable. Mais l’oreille toujours à l’écoute de la voix de baryton de l’homme, Dolce écoutait néanmoins le reste des indices dispatchés autour de lui. Les deux personnes autour de lui semblaient méfiantes, mais n’avaient apparemment pas senti cette chose… L’Envoleur ne se connaissait pas de sixième sens, même si son instinct ne l’avait que rarement trompé.

Il y avait donc des gommeurs à cause de cet homme qu’ils avaient rencontré déjà à plusieurs reprises avec Syndrell. A cette pensée, un nœud se forma dans le ventre de Dolce : Dans le regard de Vanora, il y vit la persuasion que cet homme était l’amant de la jeune femme. Pourtant, tel que le décrivait Razel, il semblait bien plus vieux qu’elle, et de dix ans son propre ainé. Il avait du mal à saisir la teneur de cette relation, et décidément, la boule dans sa gorge n’arrangeait pas les choses… Bref. Des gommeurs, à cause de ce Dessinateur. Ils avaient peur qu’ils se pointassent tous les deux pour contre-attaquer. Mais Dolce était persuadé qu’ils n’avaient pas envisagé suffisamment la possibilité que la jeune femme vînt toute seule.

Singa renâcla soudainement, tentant de reculer précipitamment. Les oreilles agitées, il ne cessait de souffler et de bouger, extrêmement stressé physiquement tout à coup. Dolce haussa un sourcil, faisant signe à Razel qu’il écoutait toujours. Posant sa bière sur une petite table de bois, il se leva pour s’approcher de sa monture, et la détacha tranquillement de l’arbre. Singa partit aussitôt dans un grand trot, qui fut coupé dans l’élan par la longe qui se tendait, et que son cavalier tenait fermement. Au vu de l’attitude des deux autres humains, ils ne comprenaient pas spécialement cette réaction. Sans doute pensaient-ils que ce cheval était craintif… Et puis, dans la passe de la Goule, il y avait bien des prédateurs redoutables pour les chevaux. Pourtant…

L’oreille tendue, il entendit un cri plus loin, bien plus loin. Peut-être un kilomètre. Un cri de douleur. Un cri d’homme. Fronçant les sourcils, il lança un regard à Singa, qui s’agitait toujours tout seul, même s’il semblait un peu plus paisible en se cachant derrière son cavalier.

Dolce prit alors une décision : il ôta la longe du licol de Singa, le laissant s’éloigner dans un galop étonné mais nettement effrayé.

Il pensa aux gommeurs.
Il pensa à Syndrell.

Syndrell !

Il aurait reconnu cette odeur à une dizaine de mètres à la ronde. Peut-être était-elle à dix mètres de lui. Peut-être était-elle moins loin que cela… Dans tous les cas, il avait beau sentir cette odeur, il était incapable de la voir. Retenant son souffle, il lança un regard à Vanora et Razel, qui s’étaient levés et le regardaient , ayant probablement enfin détecté eux aussi un potentiel danger. Après tout, lui-même s’était faufilé tranquillement entre les lignes des avant-gardes, quelqu’un d’autre pouvait tout à fait y arriver… Une personne aussi déterminée qu’il l’était.

Syndrell !

Prenant une grande inspiration, il réfléchit à toute vitesse.
Que pouvait-il faire ? Comment agir ? Les gommeurs étant actuellement actifs, il pouvait s’opposer martialement et arme au poing avec le Mentaï sans grosses difficultés, pensait-il. Mais il faudrait qu’il soit assez rapide : dès qu’il comprendrait qu’il n’y avait que la jeune femme, Razel éliminerait les gommeurs pour pouvoir utiliser les Spires.

Décidé, il trotta de sorte à paraître nerveux jusqu’à eux et se planta entre la femme et le Mentaï. Se retourna, sondant la forêt.

- Elle est là…

- Comment… ?

- Ce n’est pas la question…

- Qu’elle vienne…


Dolce jeta un coup d’œil à Vanora, dont le visage se fendait désormais d’un sourire sadique. Razel avait plus l’air surpris, mais se reprit bien vite. Son visage se fit impassible, figé dans une expression hautaine.
Un sourire en coin passa sur les lèvres de Dolce.
Il leva les yeux vers la forêt…
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MessageSujet: Re: Un petit malentendu... [TERMiNE ]   Un petit malentendu... [TERMiNE ] Icon_minitimeJeu 03 Nov 2011, 23:03

Syndrell rétracta ses lames et s’accroupit.
Ses yeux de chats étaient réduits à des fentes. Elle savait qu’elle se jetait dans la gueule du loup mais il était temps que Vanora se voit dans la peau de la proie, au lieu de la prédatrice. Sans doute prenait-elle un risque inconsidéré – Tanank serait fou s’il pouvait la voir ainsi, tapie dans l’ombre des Dentelles qui la surplombaient de toute leur imposante hauteur – mais il n’y avait aucune trace de peur dans le regard doré de la marchombre.

Uniquement une détermination profonde, ancrée dans les tréfonds de son âme, là où ses amis – Ciel, Miss, Erwan, Tanank, Eli, Azrune, Lyke – avaient redonné vie à cette petite flamme d’impétuosité mêlée de certitude.

La Passe de la Goule s’ouvrait juste devant elle. L’étroit passage fendait la roche des Dentelles, droit vers l’est, et se perdait dans un brouillard qui n’inspirait rien de bon. Indifférente aux hommes de main gisant derrière elle, Syndrell haussa les épaules et s’efforça de ne pas être défaitiste ; elle avait presque atteint sa cible, seule et armée uniquement de sa détermination sans bornes.

Blanche n’avait pas dépassé la Passe mais avait affirmé avoir vu à son entrée une femme dont les traits correspondaient à Vanora. Bien que perplexe, la marchombre avait suivi les indications de la chasseuse de prime ; les premiers mercenaires qu’elle avait croisé avaient confirmé la véracité de ses informations.
Blanche avait vu juste.

Mais Syndrell s’étonnait de ne rencontrer aucune résistance particulière alors qu’elle se trouvait aux abords de ce qui pouvait bien être la planque de son ennemie. Les sbires qui protégeaient le périmètre ne lui arrivaient pas à la cheville – un apprenti en serait venu à bout sans trop de difficultés – et elle s’en était débarrassé avec une aisance déconcertante. C’était facile… trop facile pour que son instinct ne lui souffle pas prudence et méfiance.

Quelque chose ne tournait pas rond.

A première vue, il s’agissait d’un piège. Grossier, évident, il ne correspondait pas aux dernières prouesses de Vanora et Syndrell doutait que l’espionne soit encore aveugle. Elle attendait sa venue. Mais pourquoi lui faciliter à ce point la tâche ? Lorsqu’elle était tombée dans l’embuscade tendue par la félonne, Syndrell s’était frottée à de puissants mercenaires, peut-être des Envoleurs, et elle y avait presque laissé la vie ; pourquoi Vanora placerait-elle des novices à l’avant-garde de sa position ?

Parce qu’elle lui réservait une surprise de taille. La jeune femme grogna. Oui, il était bien possible que Vanora réserve ses meilleures cartes pour la fin. Envoleurs, Mentaïs… Il lui fallait au moins tout ça pour se protéger d’une seule femme !

Non. D’une marchombre.
Syndrell sourit.


- Tu as raison d’avoir peur. J’arrive, sale chiure de Raï. J’arrive et cette fois c’est toi qui va t’en mordre les doigts !

Elle vérifia que le poignard de Miss coulissait bien dans sa botte puis se redressa et affronta la Passe du regard. Il neigeait la dernière fois qu’elle l’avait empruntée et sans son manteau de coton blanc, l’endroit semblait étrangement plus hostile. Exactement le genre de tanière qui convenait à Vanora…

Syndrell sortit à découvert et se plaqua contre la roche froide, à l’entrée de la Passe. Elle guettait quelques archers embusqués dans les hauteurs mais il semblait qu’on l’invite à avancer, alors la marchombre ne se fit pas prier ; elle entra dans la Passe et le brouillard l’avala. Elle disparut.


* * *

Il y eut d’abord un sifflement.
Puis une flèche se planta dans le sol, à l’endroit même où se tenait Syndrell, moins d’une seconde plus tôt. La marchombre s’était collée à la paroi rocailleuse juste à temps. Un autre trait vint frapper la roche, ne la manquant que d’un cheveu, et elle jura silencieusement. Nom d’un ts’Liche ! Celui-ci était plus doué que ces prédécesseurs. Il ne devait pas voir mieux qu’elle dans cette purée de pois et pourtant, il parvenait à la mettre en danger.

Syndrell prit une inspiration et s’élança. Les flèches sifflèrent à ses oreilles sans jamais la toucher et elle se plaqua contre la paroi opposée, espérant gêner l’angle de l’ennemi. Il devait se trouver juste au-dessus d’elle. La jeune femme attendit quelques secondes, essayant de déceler un souffle, un bruit lui permettant de localiser le tireur, en vain. Soit il s’était retiré, soit il l’avait perdue de vue. Choisissant de croire à cette seconde option, la marchombre se coula contre la roche et poursuivit sa route, son attention au maximum.

Le brouillard était moins dense au fur et à mesure qu’elle atteignait l’autre extrémité de la Passe. Elle voyait mieux, mais ses ennemis également ; parce que l’archer avait sans doute des frères d’arme, mieux valait la jouer fine et approcher Vanora avec discrétion. Plus silencieuse que le plus silencieux des chats, Syndrell s’employait à raser les derniers mètres de mur rocheux lorsque le bruit d’un galop parvint à ses oreilles.

Elle se figea, tous les sens en alerte, se fondant presque dans la roche lorsque le cheval passa devant elle à tout vitesse. Elle eut le temps de remarquer qu’il était sans cavalier et haussa un sourcil surpris. A quoi rimait cette scène ? Perplexe, elle laissa filer cinq bonnes minutes avant de se décider à bouger à nouveau. Et à nouveau, le galop se fit entendre. Le cheval revenait, probablement freiné dans sa course par le brouillard et l’atmosphère pesante de la Passe.

Mais cette fois, Syndrell était prête.
Et lorsque l’animal arriva à sa hauteur, la marchombre bondit. Elle s’accrocha à son encolure et l’enfourcha dans la foulée pour l’arrêter dans sa course, quelques pas plus loin. Le cœur battant à tout rompre, elle resta un moment couchée sur son encolure, peinant à réaliser ce qu’elle venait d’accomplir. Elle n’avait fait ça avant. C’était une première, et bon sang, ce qu’elle avait eu de la chance !

Le souffle court, elle finit par se redresser pour flatter l’animal d’une caresse. C’était une belle bête, taillée pour la vitesse et bien dressée pour répondre aussi facilement à la main d’une inconnue. Sa robe était magnifique, plutôt originale. A en juger par la longueur des étriers, il était monté par un homme, et un grand. Un autre complice de Vanora ?

Syndrell régla rapidement le harnachement du cheval puis raccourcit ses guides et le fit avancer au pas. Ils sortirent enfin du brouillard, s’offrant au jour et à la vue de tous ; ce n’était pas prévu, mais puisqu’elle avait un cheval et qu’il s’agissait sans doute d’une monture appartenant à l’un des hommes de main de Vanora, autant en profiter pour se présenter en sa possession.

L’est des Dentelles Vives était aussi abrupte que l’ouest ; Syndrell traversa un petit bois, le cheval toujours maintenu au pas, et se tendit alors qu’ils approchaient de la lisière. Il y avait du monde, un peu plus loin. Des gens qui ne cherchaient pas à se cacher. Comme mues par une volonté propre, les lames de Syndrell jaillirent de ses bras ; elle les rétracta dans la seconde, maudissant cette infime fracture dans son impassibilité, et s’exhorta au calme.

Elle l’était parfaitement lorsqu’elle sortit enfin du bois.
Calme, sereine, confiante.


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MessageSujet: Re: Un petit malentendu... [TERMiNE ]   Un petit malentendu... [TERMiNE ] Icon_minitimeVen 04 Nov 2011, 19:36

Elle arrivait.
Il en aurait mis sa main à couper. Il aurait parié sur la tête de sa mère – et ô combien il aimait sa mère – qu’elle était là. Sauf que voilà, elle ne se montrait pas. Il ne la voyait pas. Elle était non loin, il en était certain ! Son sixième sens le lui disait… Mais pouvait-il se tromper ? Ce pouvait-il que cette boule dans son ventre fût là pour une toute autre raison ?

Il se sentait de plus en plus nerveux, et respira profondément, pour se calmer.
Fermant les yeux quelques secondes, il observa sa respiration. Et parvint à la maintenir dans un rythme lent et mesuré.
Alors, il ouvrit les paupières, et son regard se tourna directement vers le bois.

Une silhouette. D’un cheval, et d’une femme.
Mais… C’était Singa !
Dolce ne put empêcher un large sourire étirer ses lèvres, et ses yeux croisèrent ceux, dorés, de Syndrell.
Il prit une grande inspiration.
Cligna des paupières.

Bon, c’était définitif : il était raide amoureux d’elle, c’était le cas de le dire. Sauf que voilà, il avait deux personnes à ses côtés bien décidées à mettre un terme à la vie de celle qui avait conquis son cœur. Il s’invectiva lui-même : oui, maintenant, c’était certain, il l’avait retrouvée. C’était ce qu’il voulait non ? La retrouver, avant tout ! Il ne s’était pas dit qu’en passant par là, il pourrait plus mettre en danger sa vie. Déjà, lors de leur dernière rencontre à Al-Jeit, il l’avait trouvée changée, grandie. Mais en l’occurrence, ce n’était pas non plus sa faute si elle venait se jeter dans la gueule du loup : lui comptait juste prendre contact avec ses ennemis pour pouvoir la retrouver plus facilement, et non pas les lancer contre elle encore plus qu’ils ne l’étaient déjà dans leur détermination.

Chose était qu’il se doutait bien que cela ne serait pas si simple. Elle le prenait là, en train de pactiser avec ses ennemis, comment pourrait-elle lui faire confiance ? Mais il écarta immédiatement cette pensée de son esprit : il n’était pas temps de se focaliser là-dessus. Pour l’instant, ce qu’il devait faire, c’était intervenir le plus rapidement possible pour qu’il ne lui arrivât rien. Enfin, c’était son but.

Déjà, elle était seule. Seule, sur Singa, qui pointa ses oreilles vers lui, agité. Le jeune étalon nécessité une fermeté et pourtant une gentillesse équilibrées, et Dolce n’était pas du tout surpris que Syndrell eût pu y monter dessus sans difficulté. Il aurait dû lui enlever son bridon… Bref, c’était de toute façon trop tard.

Le jeune homme lança un coup d’œil vers Razel, qui bougea très rapidement. Vers l’arrière de la cabane. Oui, Syndrell était seule, il n’y avait donc pas ce Dessinateur dont ils lui avaient parlé, et le Mentaï allait tuer les gommeurs dispersés non loin de là. Dolce fit un petit signe à Syndrell, avant de se tourner vers Vanora.

- Commence avec elle…

Un coup d’œil à la jeune femme aux cheveux bleus, un clin d’œil, et il partit directement à la suite de Razel. Vanora eut un éclair de surprise dans les yeux, mais se concentra très vite sur Syndrell, le laissant vaquer à ce qu’il avait à faire… Suivre le Mentaï. Il le rattrapa rapidement, alors qu’un bruit immonde éclatait non loin de là, et qu’un liquide vert visqueux dégoulinait du toit de la cabane.

- Sur le bord de la fenêtre, de l’autre côté.

Dolce hocha la tête, passa devant Razel mine de rien, pour aller où il lui avait désigné…
Suintement de lame.
Le disque autour de son bassin venait de s’étirer au grand jour, alors qu’il était à moins de cinquante centimètres du Mentaï. Ce dernier fut d’abord surpris par le bruit, et ensuite par la douleur. Regardant son ventre, il sembla le contempler quelques secondes, avant de lever les yeux, un rictus mauvais sur les lèvres.

- Traitre !

Dolce haussa les épaules.

- Je ne me suis pas engagé auprès de Vanora.

- Tu es un Envoleur. Un tueur de Marchombres ! Comment peux-tu la laisser s’en tirer comme ça ?

- Faut croire qu’on m’a assez formé pour que je tue aussi des Mentaïs… Mentaïs, Marchombres… Ca sonne presque pareil !


Razel lâcha un râle puissant, tirant son sabre de son dos dans un mouvement fluide, bien qu’empreint de douleur. Il frappa tellement vite que Dolce ne put éviter qu’à moitié sa lame, qui traça une longue ligne sur sa joue, son menton et son pectoral droit. La brûlure de la blessure eut un effet dévastateur : Dolce n’hésita plus.

Razel avait beau être un Mentaï, avait beau servir le Chaos, avait beau être celui qui lui avait accordé et mis en place sa greffe… Razel voulait tuer Syndrell. C’était tout ce qui comptait. Tout le reste était sans importance. S’élançant, Dolce pivota sur sa jambe gauche et lança son poing droit directement sur la blessure qu’avait ouverte sa lame. Son adversaire lâcha un cri de douleur, mais cela ne l’arrêta pas : de l’autre main, il frappa de toutes ses forces dans sa nuque. Razel tituba quelques instants, avant de lancer son sabre à tort et à travers… Trop rapidement, encore. Il était vraiment véloce ! Dolce se fit la réflexion en même temps que le sabre se fichait entre son épaule et son buste d’au moins cinq bons centimètres. Retenant un cri de douleur, il attrapa la lame – se coupant au passage – pour l’enlever de là, sauf que Razel avait bondit pour attraper la poignée de son sabre, et le tira violemment vers lui, écorchant encore plus les mains à vif de Dolce.

L’Envoleur fit un bond en arrière, attrapa son poignard et le lança directement vers la gorge de Razel. Celui-ci effaça les épaules sur le côté et l’esquiva… ne vit pas venir le second poignard, qui se planta dans sa tempe, s’y enfonçant jusqu’à la garde. Il émit un gargouillis immonde, avant de s’effondrer sur lui-même.

Dolce était immobile, les yeux posés sur le corps de Razel. Tout son sang s’écoulait par la large et profonde plaie dans son bassin, et son nez dégoulinait de liquide vermeille aussi. Pétrifié les yeux ouverts, le macchabé semblait le regarder avec un air de reproche et de profonde déception. Détournant son propre regard, Dolce donna un coup de pied dans l’épaule du cadavre pour récupérer ses deux poignards. Mais il avait bien du mal à les prendre à pleines mains, et ne faisait que les tenir du bout des doigts.

Essoufflé comme s’il venait de courir un marathon, il se fit la réflexion de ne surtout pas se mesurer à un Mentaï qui pouvait accéder à l’Imagination. Déjà que ceux qui ne pouvaient pas le faire – Razel en était la preuve – étaient bien compliqués à avoir, extrêmement rapides et réactifs, alors en plus quand ils avaient l’Imagination à portée… C’était juste du suicide.
Son épaule lui faisait mal et irradiait d’une brûlure profonde. Il arracha un pan d’une manche du Mentaï pour faire un garrot, mais c’était vraiment pas pratique à cet endroit. Et son sac avec l’onguent régénérateur était… sur la selle de Singa. Le torse couvert de sueur et de sang, comme il ne portait pas de tunique, il essaya de faire quelques pas vers l’avant de la cabane.
Tout se mit à tourner, et il s’appuya sur le mur.
Juste une seconde.
Juste pour reprendre son souffle…
Il allait repartir…
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MessageSujet: Re: Un petit malentendu... [TERMiNE ]   Un petit malentendu... [TERMiNE ] Icon_minitimeDim 06 Nov 2011, 18:44

Syndrell tira sur les guides de sa monture. Elle serrait les liens de cuir si fort que ses jointures blanchirent. Une ombre traversa son regard d’or, l’espace d’un instant, avant que ses yeux ne retrouvent leur calme liquide. Aucun autre signe n’aurait pu attester sa surprise de découvrir Dolce aux côtés de Vanora.

Mais intérieurement, elle bouillait.
Le rejeton de Raï ! Elle l’avait blessé en priant pour qu’il oublie un jour cette trahison, préférant croire qu’elle s’éloignait de lui pour le protéger de Vanora et non pour se protéger elle... Mais l’homme aux cheveux verts n’avait pas besoin de protection. Et il aurait peut-être déjà accompli sa mission si seulement elle ne l’avait pas pris de vitesse.

Quelle était-elle, au juste ? La filer puis l’approcher ? Gagner sa confiance puis la tuer ? Leur première rencontre datait d’avant l’embuscade mais il avait pu servir d’informateur à Vanora et à ses sbires. Cette nuit-là, elle avait totalement été prise par surprise. Vanora lui avait tendu un piège dans cette clairière parce qu’elle savait que Syndrell allait passer par-là.
Dolce connaissait sa destination. Il l’avait piégée !

Ses lames secrètes la démangeaient. Elle l’aurait probablement égorgé sur le champ s’il n’avait brusquement tourné les talons pour emboîter le pas à l’un des acolytes de Vanora. Syndrell les suivit des yeux jusqu’à ce qu’ils disparaissent derrière l’abri de chasseurs transformé en planque puis reporta son attention sur son ennemie. Celle-ci était désormais seule, du moins en apparence, aussi la marchombre mit pied à terre pour se placer à sa hauteur.

Vanora croisa les bras sur la poitrine et toisa la jeune femme. Syndrell nota qu’elle avait maigri – ces dernières semaines avaient été plus difficiles pour l’espionne que pour elle – et qu’elle voyait parfaitement ; l’attaque de Ciel, hélas, n’avait pas laissé de séquelles durables.


- Je m’attendais à te voir en compagnie de ton nouveau petit chien de compagnie. Qu’est-il arrivé à ce cher Ciel ? Rien de grave, j’espère ?
- Il se porte comme un charme et de là où il se trouve en ce moment, il te souhaite une mort aussi lente que douloureuse.
- Très aimable de sa part. Mais il a eu tort de ne pas venir. J’ai bien peur que cette fois, tu n’en réchappe pas.
- Oublie ça. La dernière fois tes hommes n’ont pas été capables de me tuer…
- Exact. Moi, je vais réussir.


Elle bougea si vite que Syndrell eut à peine le temps d’esquiver son attaque, aussi foudroyante que dangereuse. Vanora avait tiré un sabre du fourreau fixé dans son dos, prodigieuse de rapidité et d’efficacité.
Syndrell fut plus efficace encore.

Elle laissa la lame ennemie glisser sur la feutrine de son corset, suivant le mouvement pour pivoter le long de Vanora et se retrouver de nouveau face à elle. Sa greffe, précieux don du Rentaï, jaillit de ses bras et vint contrer l’acier de l’espionne.

Lame contre lames, elles se toisèrent avec cette intensité dans leur regard que seuls les guerriers possèdent : celle qui souligne toute leur rage, toute leur détermination à faire de ce combat le dernier de l’adversaire. L’or pur affronta le noir d’encre une poignée de seconde.
Une petite éternité.

Puis Syndrell rompit le pas et se dégagea dans un chuintement feutré, ses lames s’éloignant de celle de Vanora pour mieux la retrouver. C’était comme une danse. Harmonie parfaite, équilibre soutenu entre la haine de l’une et la vengeance de l’autre. Une danse de mort qui se déroulait sous un ciel mitigé et sous l’immense surplomb des Dentelles Vives. L’air était électrique, chargé de cette tension qui convergeait vers les deux combattantes sans jamais les atteindre vraiment ; souples, détendues, elles bataillaient enfin et rien ne semblait pouvoir les arrêter.


- Je ne comprends pas… Tu veux ma mort, tu as déjà eu celle de Leif… Pourquoi ? Pour un contrat que tu n’as pas pu obtenir ? L’échec, la honte était trop dure à vivre, c’est ça ?
- Pauvre gourde, cracha Vanora en se fendant d’une botte audacieuse, tu n’as aucune idée…
- Explique-moi ! Parle-moi, Vanora ! Pourquoi Leif, pourquoi Nuance, pourquoi moi ?

L’acier crissa, chuinta, prenant le pas sur des mots qui ne venaient pas. Les pupilles réduites à des fentes, Vanora sifflait comme une démente et Syndrell devait blinder ses positions pour ne pas vaciller sous ses attaques. La fureur décuplait les forces de l’espionne tandis que l’incompréhension voilait celles de la marchombre.

Vanora parvint à passer sous sa garde. Mais au lieu d’un coup de lame, c’est le manche de son arme qui frappa Syndrell au niveau du bas-ventre, lui coupant la respiration. Incapable d’utiliser sa greffe dans une telle proximité, la marchombre rétracta ses lames et saisit son ennemie à bras le corps pour la renverser à terre. Elles roulèrent sur la roche poussiéreuse, le sabre de Vanora coincée entre elles mais toujours dangereux. Il fallut bon nombre de coups de poings donnés et surtout reçus pour que l’espionne lâche enfin son arme.

Assise à califourchon sur Vanora, Syndrell sortit ses lames et les croisa sur la gorge de la félonne, lui interdisant tout mouvement sous peine de s’égorger elle-même. Verrouillant la prise de ses jambes autour des hanches de son ennemie, Syndrell planta son regard dans le sien.


- Vas-y, gronda Vanora en s’écorchant le cou sur l’impeccable tranchant des lames de la marchombre. Frappe, Ellasian. Tu n’auras pas deux fois cette chance…
- Je ne vais pas t’en laisser l’ombre d’une seule, promit Syndrell. Mais avant, je veux des réponses.
- Des paroles ! Elles sont l’apanage des marchombres et elles ne leur feront jamais remporter quoi que ce soit ! Tu as eu ta chance, tu l’as perdue !

Tout ce qui se passa ensuite se tient en sept secondes.
Pas une de plus.
Ni une de moins.

Le cheval qu’elle avait emprunté pour sortir de la Passe plaqua les oreilles en arrière et renâcla brusquement. Syndrell leva la tête, vit l’archer lâcher sa flèche, se jeta sur le côté pour l'éviter, roula pour se redresser. Vanora roula à son opposé et se redressa pour saisir la main de son acolyte. Syndrell tira le poignard de sa botte, tendit le bras, lança sa lame…

… Vanora et l’archer dessinèrent un pas sur le côté et disparurent.
Le poignard de Miss se planta dans le bois vermoulu de la cabane.
Syndrell se courba en deux, les mains sur les genoux, s’efforçant de rassembler son souffle et ses pensées.

Sept secondes.

A la huitième, la marchombre aux cheveux bleus se redressa et récupéra son poignard.
A la dixième, elle était de l’autre côté de la cabane.
A la douzième, elle saisissait Dolce par le col et le plaquait durement contre les rondins de bois, ignorant le sang qui maculait son torse nu.


- Où sont-ils allés ?!

Le poignard de Miss était plaqué contre la gorge de l’Envoleur.
La colère flamboyait dans les yeux de Syndrell.
Sa main ne tremblait pas.
Sa détermination non plus.






Dernière édition par Syndrell Ellasian le Lun 07 Nov 2011, 11:21, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Un petit malentendu... [TERMiNE ]   Un petit malentendu... [TERMiNE ] Icon_minitimeDim 06 Nov 2011, 19:21

Souffrance.
Souffrances.

Dolce ferma les yeux, tenta de respirer un grand coup. Ses poumons refusèrent de prendre trop d'air. Planquant sa main sur son épaule, il tenta d'enrailler l'hémorragie de cette dernière, sans réel succès. Juste pour avoir un peu plus de sang sur les mains.

Une odeur.
Un sourire.
Syndrell était là, il sentait son odeur. Sa poigne aussi. Elle le plaquait avec force contre la cabane, et semblait en bon état. Au moins Vanora ne lui avait pas fait de mal. Juste quelques estafilades, il les voyait, mais sans importance.

Son regard brilla de bonheur.
Et quand sa voix retentit, le sourire sur son visage s’étira encore.
Il était loin de son corps. Loin de lui-même. Ne sentait plus rien, comme s’il vivait la scène de l’extérieur. Il ne voyait plus que l’or flamboyant de ses yeux, la courbe parfaite de ses lèvres, ses courtes mèches bleues et fines qui balayaient légèrement son visage.

Sa voix tenta de s’élever, ne fut qu’un léger gargouillis.

- Tu es si belle…

Elle lui avait posé une question ?
Il ne s’en souvenait déjà plus. N’avait plus le souvenir de la question.
Juste la beauté de ses yeux dorés plantés dans les siens. Et peut-être un peu ce poignard contre sa peau. Mais cela, il le sentait à peine…

C’était comme s’il flottait.
Il flottait dans son odeur, dans son regard.

Et puis plus rien.
Le Noir.


§§



Il se réveilla en s’étouffant avec son propre sang.
Les yeux voilés, il chercha une explication. Ses mains rouges de liquide de vie… Son sang ! Fronçant les sourcils, il avait encore la tête qui tournait. Il avait perdu beaucoup de sang.

Inconscience.


§§


Elle était là, elle riait. Son visage magnifique, ses cheveux bleus qui volaient derrière elle, elle courait, et elle riait, se retournant régulièrement. Son regard doré si expressif…
Tellement belle.

Puis, soudain, elle s’arrêta. Le regarda.
Son attitude devint froide, glaciale, déterminée.

- Mais qu’as-tu fait ? Que me veux-tu ?

Il cligna des yeux.
Ferma les paupières.
Se laissa sombrer dans l’inconscience d’un rêve…


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MessageSujet: Re: Un petit malentendu... [TERMiNE ]   Un petit malentendu... [TERMiNE ] Icon_minitimeLun 07 Nov 2011, 21:22

*Nom d’une chiure de mouche de rejeton de fils de Raï !*

Toc.
Le poignard de Miss s’enfonça une énième fois dans le bois mou de la table alors que Syndrell jurait une énième fois également. C’était comme ça depuis près de deux heures et ça commençait à l’agacer fortement. Dégageant sa lame d’un geste brusque, elle jeta un coup d’œil à l’homme étendu sur la seule couchette que la pièce de vie du cabanon contenait. Il ne se réveillait toujours pas et la marchombre luttait de plus en plus faiblement contre l’envie de le sortir de l’inconscience – et ceci sans délicatesse aucune, évidemment.
Il ne le méritait pas.

Toc.
Ce lourd silence était rageant. Contrainte à l’immobilité, Syndrell attendait des réponses que seul un menteur blessé doublé d’un odieux séducteur pouvait lui fournir. Elle avait connu mieux, comme situation… Mais elle avait aussi connu pire. Considérant son reflet qui se dessinait sur la vitre de l’une de fenêtres, et observant les marques qui avaient fleuri sur son visage, notamment sur sa mâchoire, elle décida que cette mission personnelle ne pouvait pas être soldée d’échec total. Certes, Vanora s’était échappée. Encore – et pour la dernière fois, se jura-t-elle en silence. Mais leurs deux dernières confrontations s’étant terminées dans un bain de sang, elle était plutôt fière, cette fois, de s’en sortir sans trop de casse.
Oui, elle était fière. Mais surtout en colère.

Toc.
Nouveau regard vers la fenêtre. Dehors, la nuit tombait. Et pas seulement la nuit : depuis que Dolce s’était évanoui – nom d’une chiure de mouche de rejeton de fils de Raï – il tombait des seaux d’eau sur le petit cabanon de chasseur. Et dedans, aussi. Pensé et bâti pour résister aux intempéries les plus dures, l’abri n’avait pas été ni habité ni rénové depuis longtemps et quelques gouttes parvenaient à franchir la barrière du toit. Par chance, ce n’était le cas qu’aux coins de la pièce et malgré tout, le feu que Syndrell avait allumé parvenait à maintenir une chaleur agréable.

Toc.
Le poignard resta planté dans le bois de la table, abandonné par sa propriétaire qui céda enfin à l’impatience et se dirigea vers la couchette. Dolce dormait profondément. Il était plus pâle qu’un fantôme et sa blessure n’était pas belle à voir, en dépit des soins qu’elle lui avait fourni, mais Syndrell n’en pouvait plus d’attendre ; il lui fallait des réponses.
Maintenant.

C’est donc sans l’ombre d’un regret ou de scrupules qu’elle se mit à lui tapoter les joues. Doucement, pour commencer. Et puisqu’au bout de cinq minutes il ne s’éveillait toujours pas, elle se lâcha enfin et lui asséna une formidable gifle qui aurait plongé tout individu en pleine santé dans l’inconscience mais qui, dans le cas présent, arracha Dolce de la sienne.
Et ce ne fut pas désagréable du tout.

Tandis que l’Envoleur papillonnait des yeux, elle tira une chaise près du lit et s’assit dessus à l’envers, appuyant ses bras croisés sur le dossier.


- On se réveille, allez ! Je ne vais pas attendre les jeux d’Al-Jeit pour que tu me dises ce que je veux de savoir au sujet de Vanora. C’est ça, ouvre les yeux. Et garde-les bien ouverts ou je t’en colle une autre…

Syndrell accompagna sa menace d’un demi-sourire qu’elle espérait carnassier. Elle se plaisait dans ce rôle de bourreau, profitant de ce que Dolce n’était pas en état de se battre pour lui asséner tous les coups-bas qu’elle avait en réserve. Pour sûr, il allait regretter d’avoir pensé pouvoir la berner…

- Alors…



* * *


- Où sont-ils allés ?
- Tu es si belle…


Un murmure à peine audible – mais audible quand même. Syndrell écarquilla les yeux, reculant sa lame de quelques millimètres seulement. Alors Dolce glissa contre le mur, sombrant avant même qu’elle n’ait eu le temps de l’empêcher de s’évanouir. Elle ne chercha pas à le retenir, elle était bien trop stupéfaite pour cela.

Belle ?

Son poing serré sur du vide rencontra le bois de la cabane avec violence. Explosion de fureur. La marchombre la laissa filer en pluie de jurons colorés. Elle avait réussi à garder son calme jusque là - même en apercevant Dolce et en réalisant sa trahison, même en affronta Vanora et en assistant, impuissante, à sa fuite… Ce calme volait à présent en éclat, brisé par quatre mots qui n’avaient strictement rien à faire dans cette histoire. Quatre mots qu’il avait le culot de prononcer alors qu’il venait de lui révéler sa nature !

Parfait écho avec son humeur, la pluie se mit à tomber. Froide, désagréable. Le poing toujours appuyé contre le mur, Syndrell baissa les yeux et regarda les gouttes se mélanger au sang qui maculait la poitrine de Dolce. Il avait prit un sacré coup de lame. Son regard dévia vers la gauche, tomba sur l’auteur de la blessure. S’assombrit. C’était le Mentaï qui les avait attaqués à Fériane, Ciel et elle. Celui qui c’était enfui après que le Dessinateur ait tué son acolyte.

Syndrell s’accroupit près de l’homme et regarda un moment le poignard enfoncé dans son crâne. Il ne lui appartenait pas de dire s’il l’avait mérité ou non, mais elle n’était pas déçue qu’il ne puisse plus jamais se lancer sur les traces de Ciel. L’autre Mentaï enfin mort, son ami allait peut-être pouvoir s’occuper de refermer, au moins en partie, cette brèche qui s’était ouverte en lui ce jour-là, à Fériane…

Le vent se joignit à la pluie, forçant la marchombre à se redresser pour considérer sa propre situation. Le cheval qu’elle avait intercepté s’était abrité sous les arbres ; elle pouvait l’enfourcher et affronter la tempête pour regagner Al-Jeit au plus vite.

Mais…

… elle retourna près de Dolce. Elle voulait au moins s’assurer qu’elle laissait tomber un cadavre. Pourtant, elle ne fut pas surprise de sentit son pouls battre faiblement sous la pression de ses doigts, peut-être parce qu’une infime part d’elle, de celle dont on n’a pas conscience, espérait que l’Envoleur soit encore en vie.

Replaçant son poignard dans sa botte, Syndrell ouvrit la porte de la cabane d’un bon coup de pied puis saisit Dolce à bras le corps pour le traîner à l’intérieur. Elle ne chercha pas à l’emmener dans ce qui semblait être la chambre ; près de la cheminée se trouvait un lit humide et visiblement peu confortable mais qui pouvait suffire pour l’instant. Elle y installa le blessé, grimaçant lorsque tout son sang s’imprima sur sa propre tenue.
Puis elle le laissa là.

Jurant toujours, la jeune femme ressortit sous la pluie battante et retourna près du corps du Mentaï. Elle récupéra ses armes – un sabre et deux dagues – mais pas le poignard qui lui transperçait le crâne. Considérant la blessure de son ventre, Syndrell plissa les yeux. Dolce n’avait visiblement combattu qu’au moyen d’un simple poignard – qu’il avait joliment planté dans la tempe du Mentaï. Mais ce n’était pas un poignard qui avait laissé une empreinte aussi profonde dans l’abdomen de l’homme.

Intéressant.

Ce détail soigneusement rangé dans sa mémoire, Syndrell partit s’occuper du cheval. Elle le ramena sous le porche de la cabane et le débarrassa de son harnachement pour pouvoir le bouchonner rapidement. L’animal avant Dolce. Oui, elle était furieuse à ce point. Mais ce faisant elle découvrit une sacoche contenant de l’onguent ; au moins, elle allait pouvoir soigner le blessé avec quelque chose de conséquent.
Si toutefois il était encore vivant…

Avant de rentrer, la marchombre contourna la cabane pour revenir à l’endroit où Vanora et son complice avaient disparu. Ils avaient eu de la chance. Si le Mentaï et Dolce n’avaient pas tranché les gommeurs… Quelque chose attira son attention. Dégageant son visage des mèches trempées qui collaient à sa peau, elle se baissa et ramassa la flèche de l’archer qui avait offert à Vanora une diversion propice. C’était lui qui lui avait tiré dessus dans la Passe de la Goule, elle en était certaine.

Syndrell se redressa lentement, la flèche entre les mains. Il y avait bien longtemps qu’elle ne servait plus les Ombres d’Al-Jeit mais cet empennage-là, elle l’aurait reconnu entre mille autres : Blanche fabriquait ses flèches ainsi, utilisant des plumes de cygne noir.
Décidément, les traîtres se faisaient de plus en plus nombreux dans son entourage, ces derniers temps…

Amère, Syndrell haussa les épaules puis regagna enfin la cabane. Elle remarqua immédiatement que Dolce avait remué – il avait maculé le lit de sang – et soupira. Elle n’avait absolument aucune envie de lui venir en aide, surtout pas alors qu’à cause de traîtres comme Blanche et lui, Vanora lui échappait encore. Mais elle ne pouvait pas non plus se contenter de l’achever : il lui fallait des réponses. Des indices. Quelque chose qui lui permette de repartir en chasse.

Alors elle s’occupa de lui. Elle alluma un feu et trouva de quoi nettoyer tout le sang qui commençait à sécher sur sa peau. Elle examina la plaie, grimaça devant son aspect, renonça à appliquer l’onguent directement. Se lança dans la couture.
Raccommoda un homme qui voulait sa mort.

Alors forcément, quand il fallu le réveiller…
… la gifle s’imposa d’elle-même.



* * *


- Alors… Quel était le plan de Vanora ? Je l’ai approchée trop facilement, quelque chose clochait. Je veux savoir ce que c’était.

Son ton était sans appel. Blessé ou non, épuisé ou non, ennemi ou non, Dolce devait répondre.
Et il avait sérieusement intérêt à ne pas la faire attendre plus longtemps.

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MessageSujet: Re: Un petit malentendu... [TERMiNE ]   Un petit malentendu... [TERMiNE ] Icon_minitimeLun 07 Nov 2011, 22:00

Elle était encore là.
Devant lui. Si proche. Si lointaine…

Dolce tendit la main, elle se retourna. Les yeux doux. Les yeux glacés.

- Réveille-toi bon sang !
Elle tira un poignard.
Se jeta sur lui.
Aucune hésitation.



§§



L’homme fut tiré brusquement de son inconscience par une nouvelle douleur. Sur la joue cette fois-ci. Il ouvrit douloureusement les paupières, tenta de les maintenir ainsi. Mais la luminosité d’un feu le frappa, et il voulut les refermer.

- … C’est ça, ouvre les yeux. Et garde-les bien ouverts…

Cette voix…
Il se redressa d’un coup sur le pseudo-lit dans lequel il était installé, voulut saisir la main de Syndrell, soudain aussi vif que l’éclair. La lâcha immédiatement. Une douleur fulgurante dans l’épaule le fit tituber alors qu’il n’était pas debout, et il faillit repartir dans l’inconscience… Le regard dur de la Marchombre, et son ton sans appel le gardèrent éveillé aussi facilement qu’un seau d’eau froide… Et sa question.

- Où sont-ils allés ?
- Quel était le plan de Vanora ?


Il la regarda un instant, sans réellement comprendre. Puis, le chemin de ses paroles fit revenir un souvenir dans son esprit embrumé par l’inconscience, par la douleur omniprésente. Comment s’était-il fait cela, déjà ? Ha, oui, il avait tué un Mentaï. Un Mentaï ? Non, mieux que ça, Razel. Ce Mentaï qui lui avait accordé sa greffe. Un long frisson parcourut l’échine de Dolce, alors que les autres souvenirs remontaient à la surface.

Et que la présence de Syndrell à côté de lui ne se fit encore plus présente.

Rien que dans sa colère, elle était belle. Le regard de Dolce s’adoucit, avant qu’il ne tentât de se reprendre. Bon, et bien, pour une fois, il avait foncé la tête la première dans les ennuis… Lui qui préférait les éviter, et de loin, habituellement, on pouvait dire qu’il était allé vraiment trop loin… Passer par le réseau d’espions d’Al-Jeit pour retrouver Syndrell n’avait sûrement pas été une bonne idée, à voir la tête qu’elle faisait. Et surtout la détermination dont elle faisait preuve.

- Je… Je ne sais pas Syndrell…

Et puis, d’un coup, il réalisa.
La maigreur passée de Syndrell, la lueur dans son regard à ce moment-là. La même que celle qui y passait actuellement quand elle prononçait ce nom. Vanora.
Soudain, il se sentit stupide. Et terriblement fautif.

Il leva une main, se protégeant dans un réflexe d’une quelconque esquisse de geste violent de la part de la Marchombre. Elle n’avait plus de patience. Dolce vacillait, mais s’efforçait de tenir à peu près assis. Il tremblait de tous ses membres, et il avait tantôt trop chaud, tantôt trop froid.
Cela ne l’empêcha pas de planter son regard dans celui de la jeune femme.

- Syndrell. Réfléchis bien. Je ne sais pas où ils sont partis. Je ne sais pas ce qu’ils comptaient faire, à part te tuer. Ca, ils en avaient bien l’intention. J’ai trouvé leur trace depuis Al-Jeit, en repérant un espion qui prononçait ton pseudo. Je l’ai attrapé, et lui ai demandé de voir son supérieur, cette Vanora. Il m’a indiqué la passe de la Goule, et j’étais donc attendu, car je m’étais présenté comme ayant des affaires à régler avec toi…

Il s’affaiblissait. Il était déjà essoufflé, tremblait de plus en plus fort. Il s’efforça de reprendre, et sa voix avait tendance à derrailler.

- J’avais décidé de retrouver ta trace. Quand tu es arrivé, Razel est allé tuer les gommeurs, puisque tu étais seule. J’ai voulu l’en empêcher, et je l’ai tué… n’est-ce pas ?

Sa question était remplie d’inquiétude.
Mais avant que la jeune femme n’eût pu répondre, il fut pris d’une violente quinte de toux, crachant à moitié du sang.

Conscience…
Inconscience.
Oh, encore du noir…
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MessageSujet: Re: Un petit malentendu... [TERMiNE ]   Un petit malentendu... [TERMiNE ] Icon_minitimeLun 07 Nov 2011, 23:56

- Arrête, railla Syndrell. Tu travaillais déjà pour elle ce jour-là, hein ? En Astariul… Etrange que Vanora me sois tombée dessus juste après, n’est-ce pas ? Là aussi, tu vas me dire que c’était un hasard ? Et ce jeu, entre nous, c’était vraiment factice, alors ? Mais dis-moi, as-tu seulement… hé !

Il venait de se plier en deux, secoué par une violente quinte de toux. Sans réfléchir, Syndrell se précipita pour le soutenir, l’empêchant de se rallonger. S’il le faisait maintenant, il allait s’étouffer… Déjà la marchombre palpait fébrilement sa poitrine, ses côtes. Le coup de lame avait dû riper sur l’une d’elle et l’os devait gêner sa respiration. Dans le meilleur des cas. Elle n’osait pas imaginer qu’une de ses côtes soit en train de le tuer en perforant lentement ses poumons…

Il se fit soudain plus lourd et Syndrell se figea.


- Dolce ?

Et voilà, il avait de nouveau sombré. Dans un profond soupir, Syndrell l’allongea lentement et fronça les sourcils en découvrant tout le sang. Cet idiot avait rouvert sa blessure en se redressant ! Elle en était quitte pour une seconde tentative de raccommodage. Et elle s’y plia sans attendre, sauf que cette fois-ci, ce fut plus délicat. Dolce tremblait de fièvre et de douleur, son sommeil était agité. Lorsqu’enfin elle termina son nouveau pansement, il faisait nuit depuis longtemps.

Et la tempête faisait toujours rage au dehors. Depuis l’intérieur, on entendait le vent hurler comme un dément dans l’espoir de souffler aussi cette ridicule petite cabane qui fuyait un peu partout. Mais la cabane en avait vu d’autres. Elle fuyait, certes, mais elle ne s’envolerait pas. Un point c’est tout.

Syndrell trempa un linge qu’elle avait déniché dans un placard et se pencha sur l’Envoleur pour humecter ses lèvres et ses tempes. A la lueur des flammes qui dansaient dans l’âtre, ses cheveux étaient noirs. La jeune femme recula légèrement. Et s’il n’avait pas vraiment les cheveux verts ? Après tout, Dolce l’avait trompée sur bien des points. Elle ne croyait pas à son explication. C’était beaucoup trop simple… beaucoup trop stupide.
Dolce n’était pas stupide.

Frustrée, la marchombre balança le linge dans sa bassine et se leva pour faire les cent pas dans la pièce. Jouer les garde-malade ne faisait pas partie de son plan, à la base. Elle avait simplement prévu de trouver Vanora et de la tuer. Sans se faire tuer, elle. Rien de compliqué, en somme, et cela aurait très bien pu se passer si Blanche, l’espionne qui l’avait initiée au métier, ne lui avait dérobé sa victoire.

Voilà pourquoi les hommes de main de Vanora n’avaient pas été difficiles à berner. La félonne ayant Blanche à ses côtés, elle était certaine de se débarrasser de son ennemie jurée aussi facilement que l’on se débarrasse d’un moucheron agaçant. Elle n’était pas passé très loin de réussir. Mais Syndrell avait su tirer les leçons de cette embuscade qui avait manqué de lui coûter la vie. Méfiance, prudence.
Indifférence.

Elle ne se ferait pas avoir une seconde fois. Elle allait soigner Dolce parce que sans lui, le Mentaï – Razel – se serait jeté dans l’Imagination pour la tuer. Et il aurait réussi, bien sûr. La jeune femme avait beau gronder de colère, elle entendait payer sa dette, rester fidèle à ses principes, même vis-à-vis d’un ennemi. Cependant, elle ne perdait pas de vue qu’il avait peut-être tué son compagnon pour regagner ses faveurs, et la tromper à nouveau. Méfiance, prudence.
Indifférence.

Il gémit dans son sommeil. Elle revint vers lui et reprit son bout de tissu mouillé qu’elle essora pour tamponner encore le visage trempé de sueur de l’Envoleur. Pas sûr qu’il passe la nuit dans cet état. Il le fallait pourtant.


- Si tu meurs, je te tue. Tu m’entends, Dolce ? Je ne vais sûrement pas te laisser t’en tirer de cette manière. Tu vas répondre à mes questions, et avec de vraies réponses. Je ne t’ai pas recousu deux fois pour que tu me claques entre les doigts… !


* * *


Il ne fait pas encore jour mais la pluie s’est arrêtée de tomber.
Enfin.

Assise par terre, le dos appuyé contre la couchette et le menton posé sur ses genoux repliés, Syndrell attend. Que le soleil se lève, que Dolce se réveille, que Vanora revienne. Elle ou un Mentaï, ou encore un espion, tiens, puisqu’ils sont tous de mèche avec elle, maintenant. C’est comme ça que Dolce l’a retrouvée. Enfin, s’il n’a pas menti.

La main de l’Envoleur est posée au bord du lit. Elle l’effleure du bout de ses doigts et grimace ; il est glacé. Alors elle soupire. Encore. Et elle se lève. Encore. Elle commence par nourrir le feu, qui a diminué au fil des heures. Puis elle cherche une couverture supplémentaire, qu’elle trouve sur un autre lit. Puis elle regarde Dolce qui tremble de froid, à présent que la fièvre est tombée.

Et elle se décide.

Elle soulève un pan de la couverture et se glisse près de lui. C’est difficile, il prend toute la place dans cette ridicule couchette à laquelle il manque des lattes, mais après tout elle l’a bien cherché en ne l’installant pas dans la chambre d’à côté. Alors elle se serre contre lui, aussi bien pour lui prêter un peu de sa chaleur que pour ne pas tomber. Et aussi parce qu’elle est fatiguée.

Et elle s’endort.


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MessageSujet: Re: Un petit malentendu... [TERMiNE ]   Un petit malentendu... [TERMiNE ] Icon_minitimeMar 08 Nov 2011, 12:54

Dolce se sentait partir.
Il naviguait. Il volait. Il nageait.
Délirant, ses rêves n’avaient ni queue ni tête, pourtant dans chacun d’eux il y avait une troublante tâche bleue. Une tâche bleue, une présence rassurante. Quelque chose à quoi se raccrocher.


§§


Une présence.
Plus forte. Plus puissance. Plus tangible.
Dolce tremble encore, mais petit à petit, n’a plus froid. N’a plus chaud. Il se sent juste bien. Celle chaleur, contre son flanc, est réparatrice. Enfin, c’est ce qu’il espère. Ce qu’il veut. Son souffle s’apaise.
Il s’endort.
Ce n’est plus noir.
C’est bleu.

§§


Il ouvre les yeux.
Sa respiration s’est brusquement accélérée, quelque chose l’a sorti de son inconscience. Quelque chose de fort, encore comme un instinct. Mais vu ce que cela a donné la dernière fois qu’il avait suivi ce dernier, il ne réagit pas. Pas tout de suite. D’abord, guetter un indice.

Il ne bouge pas. Calme sa respiration.
La douleur émane de tous ses membres, de tout son corps. Son épaule est dans un sale état, il le sent sans même avoir besoin de la toucher. Il ne peut pas respirer complètement, et a un goût de sang dans la bouche. Il a sûrement plusieurs côtes cassées, dont une qui compresse ses poumons. Sinon, il ne pourrait pas respirer, et il serait déjà mort.

Il fait ces constatations calmement, comme détaché de lui-même.
Analyse ses sensations.
Il essaye de bouger les doigts de sa main gauche, qui répondent péniblement. Il manque de gémir de douleur et de dépit. Si les nerfs sont touchés, il peut dire aurevoir au contrôle de son bras. Pourtant, il le sent, ce bras. Peut-être que seulement les muscles ont été touchés… Il faudra qu’il aille voir un Rêveur.

Et puis, ça bouge à côté.
Légèrement. Un souffle, un léger son.

Tournant la tête avec précaution, il découvre Syndrell, allongée à son côté. Une drôle de sensation dans le ventre le traverse quand il réalise la proximité de la jeune femme à côté, et inévitablement il se rend compte que quand même, son corps réagit toujours aux sollicitations extérieures. Cela peut être une bonne chose.
Il la regarde dormir.
Elle semble sereine, son visage est détendu, et il la détaille avec avidité, gravant ses traits dans sa mémoire encore une fois. Son souffle est régulier, mais il ne sait pas si elle dort encore. Ses yeux bougent légèrement sous ses paupières.

Un léger soupir franchit les lèvres de l’homme.

- Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour une femme… Et qu’est-ce qu’on devient con quand une nous obsède…

Un murmure, qui franchit ses lèvres.
Il soupire encore une fois.
N’ose pas bouger. Il aurait bien réveillé Syndrell pour lui dire qu’il avait à peu près toute sa tête. Qu’il pouvait lui parler, si elle ne s’énervait pas. Qu’il pouvait s’expliquer. Mais il n’ose pas. Et puis, elle est si belle, endormie…

Alors, il ferme les yeux.
Juste pour attendre un nouveau sommeil réparateur…
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MessageSujet: Re: Un petit malentendu... [TERMiNE ]   Un petit malentendu... [TERMiNE ] Icon_minitimeMar 08 Nov 2011, 21:56

Le fracas d’un grondement sourd tira brusquement Syndrell du sommeil. Elle ouvrit les yeux pour découvrir le visage tuméfié d’un homme à seulement quelques centimètres du sien et la surprise lui fit faire un bond en arrière…

… elle tomba de la couchette. Roula instinctivement pour se redresser vivement, tirant dans le mouvement son poignard de sa botte pour se retrouver en position de défense face à un Dolce profondément endormi. Ah. Elle se souvenait, à présent : terrassée par la fatigue et prise d’un infime élan de pitié envers le blessé qui se transformait en glaçon dans son lit, elle s’était glissée contre lui et n’avait pas pu résister à l’appel du sommeil.

Un autre grondement, plus lointain cette fois, se fit entendre ; il y avait de l’orage dans les hauts sommets des Dentelles. Les idées un brin plus claires, Syndrell s’approcha de la fenêtre. Le jour peinait à se lever, bloqué par un brouillard dense qui empêchait les rayons du soleil de le transpercer. Elle aperçut le cheval à la robe originale qui agitait les oreilles, probablement nerveux en raison de l’électricité qui saturait l’atmosphère.

La marchombre rangea son poignard et piocha deux pommes dans la panière à moitié vide qui trônait sur la table. Puis elle sortit sur le perron, enfilant une cape qui, à en juger par sa longueur, devait appartenir au Mentaï que Dolce avait tué la veille. Ce dernier dormait toujours et puisqu’il ne semblait pas vouloir faire autre chose pour l’instant, Syndrell pouvait bien se permettre une petite balade matinale…

Le cheval qui patientait là dehors en avait besoin. Lorsqu’elle s’approcha de lui, il l’accueillit en piaffant de bonheur et fourra immédiatement son nez dans les replis de sa cape.


- Hé là, doucement ! Il y en a bien une pour toi mais si tu me laissais le temps de te la donner…

Syndrell sortit les deux pommes et croqua dans la sienne tout en offrant l’autre au cheval. Il savoura et termina sa gourmandise bien plus vite qu’elle. Attendrie, la jeune femme décida d’oublier la selle et grimpa sur le dos du cheval. Elle le sentait capable de répondre à ses ordres sans qu’elle n’ait besoin de passer par la voix. Exactement comme Nuance.

C’est donc d’un claquement de langue et d’une légère pression des genoux qu’elle le mit au pas. Et tous deux s’enfoncèrent dans le brouillard.


* **

Nouvelle claque.
Plus douce.


- Debout, Dolce. Nous avons une conversation en cours, tu te souviens ?

Syndrell n’attendit pas que l’Envoleur ouvre les yeux. Elle avait perçu l’infime changement de sa respiration et savait qu’il était réveillé.

- Comment Vanora s’y est-elle prise pour se mettre des Mercenaires et des Mentaïs dans sa poche ? Cet espion que tu prétends avoir suivi, tu peux me le décrire ?

Elle lui posait ses questions tout en s’efforçant de ne pas croiser son regard. Consciemment, elle voulait qu’il perçoive sa colère et la menace qu’elle tentait de laisser transparaître dans son intonation. Mais inconsciemment, elle avait peur.

Peur de lire dans ses yeux qu’il était sincère.
Et qu’elle pouvait bien s’être trompée…

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MessageSujet: Re: Un petit malentendu... [TERMiNE ]   Un petit malentendu... [TERMiNE ] Icon_minitimeMar 08 Nov 2011, 22:30

Lorsqu’il se réveilla, la présence chaude à son côté avait disparue.
Syndrell n’était plus là. Et Singa non plus.

Ouvrant doucement les paupières, Dolce tenta de prendre une inspiration. Il parvint à se remplir pas trop mal les poumons, mais pas en entier ; c’était certain, il avait une côte de cassée, voire plusieurs. Son épaule le faisait toujours souffrir, mais moins. Ou plutôt, il était assez reposé pour faire passer cette douleur au second plan, et qu’elle ne prenne pas toute la place dans son esprit.

Il se redressa à l’aide de son bras droit, et s’assit sur le lit miteux sur lequel il était allongé. La place de Syndrell était encore tiède, à son côté, elle n’était donc pas partie très longtemps auparavant. Il vit qu’elle avait laissé la selle de son étalon sur le sol, elle était sans doute partie à cru. S’imaginant la jeune femme sur le fier et magnifique étalon, la peinture qui se dessina dans son esprit le fit sourire. Il tenta de se lever, très lentement. Il tituba plusieurs fois, dû se rattraper au mur et à la chaise, mais arriva finalement vers la selle. S’accroupissant avec difficulté, il crut qu’il allait s’écraser sur le sol tant la tête lui tournait, et le sang y battait puissamment. La gorge sèche, il attrapa son outre pour la porter à ses lèvres.

Il s’en mit partout.
Il devait plus y avoir d’eau hors de sa bouche qu’à l’intérieur, mais au moins, il avait bu. Il se sentait un peu mieux. Maintenant, il fallait qu’il mangeât. Cherchant toujours dans les sacoches toujours accrochées à la selle, il trouva de la viande de siffleur sèche, et décida de l’emporter dans le lit.

Il lui fallut encore un bon quart d’heure avant d’être arrivé sain et sauf – enfin, avec juste une écharde en plus dans la paume de la main droite – dans le lit. S’asseyant avec prudence, il commença à mastiquer lentement sa viande séchée. Finissant finalement rapidement son morceau – la faim se réveillait – il soupira doucement.
Se recoucha.


§§



- Debout, Dolce. Nous avons une conversation en cours, tu te souviens ?

Si seulement elle pouvait le claquer si doucement et tendrement à chaque fois, il se serrait damné pour qu’elle continue des siècles ! Hésitant un instant, il finit par ouvrir les yeux, alors que la jeune femme demandait :

- Comment Vanora s’y est-elle prise pour se mettre des Mercenaires et des Mentaïs dans sa poche ? Cet espion que tu prétends avoir suivi, tu peux me le décrire ?

Il soupira.
Prenant une inspiration, il se releva doucement sur son coude droit, avant de réussir à se redresser, assis les jambes en tailleur. Posant la couverture sur son bassin, il cacha quelque chose, un demi sourire sur les lèvres, avant d’essayer de trouver le regard de Syndrell.

Elle le fuyait.
Inquiet, il eut un pincement dans le ventre. Se penchant légèrement en avant – toujours aussi prudemment – il inspira, avant de commencer à s’expliquer. Bon, cela n’allait pas être fameux. Mais il fallait bien qu’il se justifie quand même !

- Oh, pour avoir les Mercenaires et les Mentaïs dans la poche, il suffit de ne pas être trop faible et de vouloir la tête de l’Empereur. Ou juste de semer la zizanie. Après, peut-être que ce n’est pas Vanora qui s’est mis les Mentaïs dans la poche, mais ces derniers qui ont décidé qu’elle pouvait être utile. Ils poursuivent des desseins que les gens qui n’ont pas accès à l’Imagination ne peuvent pas comprendre…

Il repensait à Razel. A sa greffe. Cette greffe que l’on avait ajouté à son corps quand il avait terminé son apprentissage, quand il était passé Maître. Cette Imagination qui pouvait parler en tant qu’individu, et pour un individu. A sa place. C’était tellement… effrayant, en un sens. Il avait eu de la chance que le dernier gommeur fût dans l’entrebâillement des volets de la fenêtre, sinon Razel l’aurait tué en un tour de main. Non. Une fraction de seconde. Le temps d’une pensée, ou presque.

Il chercha encore le regard de Syndrell.

- Il devait avoir une vingtaine d’années, peut-être un peu plus. Il était blond, et son compagnon roux. Il avait de grands yeux verts, des taches de rousseur, un nez en trompette ; il portait des loques de cuir. Il n’était pas spécialement grand – moins que moi – et plutôt maigrichon. Et surtout, il n’était pas discret. L’autre le lui a même fait remarquer…

Il baissa le regard, observant ses mains, ouvertes, paumes vers le haut, sur ses genoux.
Prenant une inspiration, il chercha ses mots, sans en trouver qui lui convenaient. Puis, il se lança. Tant pis s’il cafouillait. Cela n’avait plus d’importance.

- Je l’avais entendu, la dernière fois que j’étais à Al-jeit, en sortant des écuries. Ils étaient sur les toits de ces dernières et commentaient le fait qu’ils avaient vu une certaine Louve, puisque la fille en question avait les cheveux bleus. La première fois que je t’ai vue, c’est le nom que tu m’as donné. Et tes cheveux son bleus. Je savais donc qu’ils parlaient de toi. Mais j’avais… un enseignement à peaufiner, et donc je n’ai pas pu rester, mais j’ai retenu à peu près leur visage et leur carrure.

J’étais de retour à Al-Jeit il y a quelques jours, peut-être une semaine, bien décidé à retrouver ta trace. Tu ne comptais pas filer comme ça j’espère ? Dans tous les cas, je les ai retrouvés – ils étaient toujours à côté des écuries – et le blond m’a menacé de le dire à… il n’a pas fini sa phrase. Je lui ai donc dit qu’on irait le dire tous les deux, à cette personne. Quand je suis arrivé devant son supérieur, j’ai expliqué mon cas. J’ai dit que tu m’avais trompé, que tu avais tué ma jument, que tu m’avais blessé, humilié et que je voulais te retrouver…

Alors, on m’a conseillé de trouver Vanora, justement. On m’a indiqué le chemin, et je pense qu’on l’a prévenue de mon arrivée. C’est peut-être pour ça que tu n’as pas eu trop de mal à rejoindre cet endroit…


Il regarda autour de lui, et ses yeux se posèrent sur la porte. Un éclat alluma ses yeux.

- Singa va bien ? Je crois qu’il n’aime pas la pluie, il est sous le porche ? Tu es allée balader ce matin ? Tu te sens bien, toi ?

Les questions étaient sorties les unes après les autres, de plus en plus rapidement, sur un ton de plus en plus inquiet. Il fronçait les sourcils, une ride d’anxiété se creusa sur son front, et une lueur d’angoisse passa dans son regard…
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MessageSujet: Re: Un petit malentendu... [TERMiNE ]   Un petit malentendu... [TERMiNE ] Icon_minitimeMar 08 Nov 2011, 22:48

- Tu me demandes si je vais bien ? Je trouve de l'aide auprès de mes anciens frères d'arme et je découvre qu'ils m'ont tous balancée entre les griffes de mon pire ennemi, lequel est probablement déjà aux trousses des gens que j'aime pendant que moi je suis condamnée à essayer de remettre sur pied un idiot de première catégorie et tu me demandes si ça va ? Tu te sentirais comment, toi, si tu étais à ma place ??



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MessageSujet: Re: Un petit malentendu... [TERMiNE ]   Un petit malentendu... [TERMiNE ] Icon_minitimeMar 08 Nov 2011, 22:51

- Je ne pouvais pas deviner qu'ils s'étaient "retournés" contre toi...

(Voix suppliante) Et arrête de t'énerver s'il te plaît...

( un murmure ) Surtout pas contre moi...

( un peu plus fort ) Et si tu veux partir, va-t-en...
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MessageSujet: Re: Un petit malentendu... [TERMiNE ]   Un petit malentendu... [TERMiNE ] Icon_minitimeMar 08 Nov 2011, 23:06

- Je ne suis pas énervée, je suis...

(soupir)

Mais qu'est-ce qui t'as pris, bon sang ? Tous ces risques que tu as pris pour me retrouver, et ce combat contre ce Mentaï... pourquoi ?
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MessageSujet: Re: Un petit malentendu... [TERMiNE ]   Un petit malentendu... [TERMiNE ] Icon_minitimeMar 08 Nov 2011, 23:10

- Je suis sûr que tu le sais, Syndrell...

( Un sourire fatigué Razz )
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MessageSujet: Re: Un petit malentendu... [TERMiNE ]   Un petit malentendu... [TERMiNE ] Icon_minitimeMar 08 Nov 2011, 23:16

- Ah ! Tu te crois donc si irrésistible que ça ? Arrête, Dolce, je ne joue plus. Je suis sérieuse. Cette femme... Elle est dangereuse, elle n'hésite pas à tuer pour parvenir à ses fins. Il faut que je la retrouve et toi, il faut que tu te repose.

(Elle ne le regarde toujours pas...)
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MessageSujet: Re: Un petit malentendu... [TERMiNE ]   Un petit malentendu... [TERMiNE ] Icon_minitimeMar 08 Nov 2011, 23:22

- Tu prends le problème à l'envers, Syndrell. Je me fiche de cette Vanora.
Je ne sais pas si je suis "irresistible", comme tu le dis. Mais pour moi, tu l'es.
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MessageSujet: Re: Un petit malentendu... [TERMiNE ]   Un petit malentendu... [TERMiNE ] Icon_minitimeMer 09 Nov 2011, 09:28

- …

Coupée dans son élan par la seule force d’un murmure, Syndrell se tut. Elle était à cours de mot comme rarement elle l’avait déjà été et ne savait absolument pas comment se sortir de là. Aucune pirouette, aucune idée lumineuse ne lui venait à l’esprit depuis que ce dernier bloquait sur le mot irrésistible.

Irrésistible !

Elle fit alors quelque chose qu’elle n’aimait pas faire parce qu’elle trouvait cette attitude lâche et grossière : elle lui tourna le dos. Se passant une main dans les cheveux, elle s’approcha de la fenêtre et appuya son front contre la vitre. Son souffle dessina un petit cercle de buée à travers lequel elle distingua le cheval – Singa – en train d’ébrouer sa belle crinière.

Ainsi, ce cheval appartenait à Dolce. Et Loyale ? Bah ! A question idiote, réponse idiote : il ne l’avait pas emmenée avec lui, tout comme Boule de Poils. Trop dangereux. Trop personnel. Trop idiot !

Syndrell déglutit. Elle aurait aimé que le temps fasse un léger bond en arrière pour se retrouver à nouveau en train de plaquer durement l’Envoleur contre le mur du cabanon, sa lame posée sur sa gorge. Parce qu’alors elle avait le contrôle de la situation et si Dolce ne s’était pas évanoui, elle aurait obtenu ce qu’elle voulait. Des réponses qui concernaient Vanora, seulement Vanora, uniquement Vanora.

Mais avec cet homme, tout revenait toujours à elle. Depuis le début, quand elle y repensait. Sa destination. Ses cheveux. Son passé. Et maintenant, son irrésistibilité… Une drôle de sensation parcourut soudain la marchombre, un peu comme un long frisson qui naquit au bas de son échine pour remonter vers sa nuque. Une sensation-sentiment qu’elle n’avait pas éprouvé depuis longtemps.
La culpabilité.

Elle ne pouvait pas remettre en doute les paroles de Dolce. Il lui avait décrit bien trop fidèlement Taigh et Dasparr pour qu’elle puisse nier sa sincérité. Il avait tué le Mentaï, tranché le dernier gommeur – permettant à Vanora de fuir avec une espionne qui se trouvait être aussi un Mentaï, mais sauvant Syndrell d’une dangereuse confrontation avec l’Imagination. Ce jour-là, dans l’écurie d’Eli, elle l’avait blessé pour fuir.
Il l’avait quand même suivie.

Elle se sentait terriblement coupable, à présent. Mais Syndrell était bien trop fière pour le reconnaître ! Voilà pourquoi l’or de ses yeux était aussi orageux que le sommet des Dentelles, voilà pourquoi elle n’osait pas affronter le regard de Dolce ; elle préférait affronter son propre reflet plutôt que celui de sa bêtise.

Pour se donner bonne conscience, elle se dit qu’elle lui avait sauvé la vie. Mais il fallait voir comment… Furieuse après lui, elle l’avait fait attendre, elle l’avait giflé. Deux fois. Elle lui avait donné de l’eau dans la nuit mais pas à manger, et il avait bien fallu qu’il se lève de sa couche pour ramener le morceau de viande séchée qui gisait près du lit.

Syndrell ferma les yeux.
Honteuse.

Le souvenir d’un marchombre aux cheveux blancs penché au-dessus d’elle flotta dans sa mémoire. Erwan… Il l’avait secourue sans rien demander en retour. Séparé de sa compagne et de sa fille, il s’était occupé d’elle, refusant de l’abandonner à la mort et au chagrin. Il avait été là pour elle quand elle en avait eu besoin. Qu’avait-elle été pour Dolce, ces quelques dernières heures ? Une menace ? Un éclair bleu, terrible, odieux ? Elle se souvint de son bras levé, piètre défense contre sa hargne, et baissa la tête.

La redressa presque aussitôt et rouvrit les yeux.
Se tourna vers lui.
Fuit son regard.


- Je vais chercher du bois pour le feu.

Lâche ! Elle était lâche, elle le savait. Et encore une fois, elle esquivait. Elle prenait la fuite. Syndrell Ellasian prenait la fuite et refusait de croire à son erreur. Sans attendre que Dolce ne la retienne d’une parole ou d’un geste, elle quitta le cabanon et se perdit, sans réel soulagement, dans le brouillard qui s’était installé pour la journée au pied des montagnes.

Singa hennit doucement ; elle passa les bras autour de son encolure, les doigts enfouis dans sa folle crinière, et se serra contre lui. Les larmes jaillirent, enfin. Enfin, elle pleurait ! Syndrell avait oublié quel bien cela faisait. Elle luttait depuis trop longtemps, son orgueil l’empêchant de dévoiler cette part d’humanité si précieuse… Oui, elle était devenue orgueilleuse. Depuis qu’elle ne dépendait plus de Miss, depuis que l’on voulait sa mort, depuis qu’elle se contentait de sa greffe comme armement, depuis qu’elle avait échappé de justesse à la mort…

Elle avait abusé de ce qui faisait d’elle une marchombre.
Et c’était un Envoleur qui le lui faisait prendre conscience.

Fière, orgueilleuse, sûre d’elle, elle avait entraîné Ciel dans une histoire qui les dépassait tous les deux. Elle avait causé la mort d’un jeune rêveur de Fériane et avant cela, celle de Nuance. Elle s’était crue trop importante, trop indispensable pour être trompée par les Ombres. C’était un fait : Syndrell s’était fourvoyée. Elle s’était trompée de chemin…

Mais il suffisait d’un pas pour reprendre la bonne direction.

S’écartant de Singa, la jeune femme s’essuya promptement les yeux d’un revers de manche et déposa une bise sur le doux chanfrein de l’animal.


- Merci, bonhomme…

Elle retourna dans le cabanon. Sans bois.
La pile de fagots prêts à être consommés, entreposée près de la cheminée, parlait d’elle-même. Le regard humide de la marchombre aussi. Mais elle redressa fièrement la tête – pour se donner courage, cette fois – et s’approcha de la couchette.

Dolce l’attendait.
L’entendait. Il faisait semblant de dormir, elle le savait. Mais pour une fois, elle se passa d’une gifle et se lança, sans filets. Sans colère.
Sans orgueil.


- Je suis désolée. De t’avoir pris de cours, ce jour-là, à Al-Jeit. Je croyais te protéger des fourberies de cette femme mais en fait, c’est moi que j’essayais de protéger. Seulement moi. parce que…

Elle se targuait toujours d’être une magicienne des mots.
Ils lui manquaient, cette fois.


- Parce que… parce que j’avais peur de toi, de tes paroles, de ton regard, de ce qu’il voulait dire. Irrésistible…

Debout près du lit d’un homme blessé – mais moins par un Mentaï que par elle –, Syndrell retrouva le chemin de l’humilité. Et comme elle tournait le dos à la fenêtre pour faire face, enfin, à ses responsabilités, elle ne vit pas le premier rayon de soleil qui réussit finalement une trouée dans l’intense brouillard…



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MessageSujet: Re: Un petit malentendu... [TERMiNE ]   Un petit malentendu... [TERMiNE ] Icon_minitimeMer 09 Nov 2011, 17:45

Voilà.
C’était dit.
Ou plutôt, très fortement suggéré.
Parce qu’il fallait bien l’avouer, ses sentiments allaient bien au-delà d’un simple « irrésistible ». Ce n’était qu’un mot, et tout le monde pouvait tomber sous le charme d’un irrésistible. Ce n’était pas pour autant que le charme avait une réelle profondeur.

Dolce ne bougeait plus, attendait de voir, d’entendre. Une protestation, une réaction. Peut-être espérait-il qu’elle lui tomberait dans les bras… Ce ne fut évidemment pas le cas, loin de là. Sur le visage de la jeune femme, se disputaient l’incrédulité, la surprise, une sorte de résignation mais surtout un nouveau voile s’était déchiré, comme si elle admettait enfin la réalité.
Il ne bougea toujours pas lorsqu’elle se tourna, lui présentant son dos, pour aller plaquer son front contre la vitre.
Il ne bougea toujours pas alors que sans doute elle réfléchissait.
Il ne bougea toujours pas alors qu’elle disait qu’elle allait chercher du bois.

Et quand elle eut claqué la porte, son regard se posa sur la pile de petit bois sec qui se trouvait à côté de la pseudo-cheminée de la cabane. Et puis, il entendit les sanglots de la jeune femme derrière la porte… Elle était au moins avec le réconfortant Singa, puisqu’elle ne voulait pas de ses bras… Il se maudit intérieurement. Pourquoi fallait-il que chacune de ses paroles apporte une émotion si contradictoire chez elle ? Pourquoi ne faisait-il qu’enfoncer l’épine dès qu’il ouvrait la bouche ? Elle était en colère contre lui. Elle évitait son regard, sans doute parce qu’elle lui en voulait terriblement. Et il trouvait encore le moyen d’en rajouter une couche… Il se faisait l’effet d’un bourreau, même si c’était lui qui était en sang dans un lit, avec la joue encore chaude des gifles qu’il avait prises…

- Si Maman voyait ça…

Il leva les yeux vers la porte. Soupira, alors que les souvenirs l’emportaient.


§§


- Dolce ! Viens ici !

Le garcon, d’une quinzaine d’année, vint se poster à côté de la matrone, qui le regardait d’un œil critique.

- Tu peux me dire pourquoi tu as fait pleurer Laziana ?

- Mais Maman, je ne comprends pas ! Je lui ai juste dit qu’elle était spéciale, et inoubliable…

- Oh, vraiment ? Dans ce cas, excuse-moi mon petit. Mais tu devrais être plus fin avec les femmes. Suggère les choses plutôt que de les dire de but en blanc. Joue avec elles, car cela leur donnera courage et confiance en elles, plutôt que de délivrer tes réels sentiments à une jeune fille qui n’a aucune confiance en elle et qui est en conflit avec tout son monde. Ca les perturbe plus qu’autre chose…

- Euh… J’essayerai d’y penser.



§§



C’était aussi pour cela qu’il avait commencé ce « jeu » avec Syndrell. Parce que cela faisait partie des conseils de sa jeunesse par sa mère, et parce que jusqu’alors cela avait plutôt bien marché. Mais jamais il n’avait été obsédé par une femme autant que par elle. Jamais il n’avait eu cette boule dans le ventre, dans la gorge, en se disant qu’il ne la verrait peut-être plus. Jamais il ne s’était réellement inquiété d’un futur, proche ou lointain, pour cela…

Il aurait dû continuer à appliquer le conseil de sa mère. Parce que Syndrell pleurait…

Il soupira, avant de s’allonger dans la couche. Il n’avait déjà plus beaucoup de forces, et si Syndrell voulait aller faire une balade pour se changer les idées, il avait le temps de dormir encore un peu, pour reprendre ses esprits. Fermant les paupières, il inspira doucement pour faire fonctionner un peu mieux ses poumons jusqu’à la limite de la quinte de toux.

Il l’entendit pourtant rentrer dans la cabane quelques minutes plus tard. Ne prit pas la peine d’ouvrir les paupières. A la fois fatigué et curieux.

- Je suis désolée. De t’avoir pris de cours, ce jour-là, à Al-Jeit. Je croyais te protéger des fourberies de cette femme mais en fait, c’est moi que j’essayais de protéger. Seulement moi. Parce que… Parce que… parce que j’avais peur de toi, de tes paroles, de ton regard, de ce qu’il voulait dire. Irrésistible…

Il ouvrit délicatement les yeux. Décidément, il ne pouvait pas garder les paupières fermées quand elle était à proximité… Faute à ses mots ou à elle toute entière ? La question était pour l’instant en suspens. Mais il tenta de se relever encore une fois, sur son coude droit. Sa respiration siffla un instant, quand il se redressa pour se mettre en position assise. Il y allait doucement, parce qu’il avait mal, mais aussi parce qu’il n’avait pas envie d’être la cause d’une nouvelle crise de larmes. Et puis, il cherchait ses mots, aussi.

Il ne lui en voulait pas, ne lui en avait pas voulu, de partir ainsi, à la va-vite, en le blessant, dans les écuries. Pour lui, cela faisait partie du folklore du personnage, et il admettait volontiers qu’elle était de toute façon imprévisible, et qu’elle le serait toujours. Il ne lui cherchait pas des excuses, il n’en aurait pas trouvé de valables. Il ne passait pas non plus l’éponge, étant donné qu’il avait été quand même blessé dans son amour-propre. Mais il acceptait les conséquences des actes de la jeune femme. C’était étrange à admettre pour lui, mais cette fuite faisait partie intégrante du caractère de Syndrell, quelque part.

Un éclat de rire silencieux le secoua, accentuant la douleur dans ses côtes.
Irrésistible…
Mais devait-il continuer à jouer ? Non. Il avait envie de jouer cartes sur table. Comme lors de leur dernière rencontre, à Al-Jeit, quelque part…

- Mmm. Oui, enfin, d’après ce que je vois, tu en a toujours peur…

Il soupira.

- Mais une dernière chose. Irrésistible, c’est nul comparé à toi.

Il chercha son regard.

- Sache que je ne t’en veux pas, et que je n’en ai jamais voulu d’être partie comme ça. Bon, j’ai été blessé dans mon amour-propre, certes, mais ça, c’est quelque chose à régler avec moi-même, pas avec toi.

Il déglutit péniblement.

- Après, ça plus les gifles, je ne suis pas fier, c’est le cas de le dire. La prochaine fois, c’est à moi de t’en mettre une hein !

Il essaya de sourire, mais soudain il avait froid. Encore. Tremblant, il ferma les paupières, se prenant le front à deux mains. Une terrible migraine le prit, et il s’allongea péniblement, tirant la couverture vers lui, et s’en recouvrant complètement. Les paupières toujours fermées, il essaya d’inspirer, toussa plusieurs fois.

- Syndrell…
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MessageSujet: Re: Un petit malentendu... [TERMiNE ]   Un petit malentendu... [TERMiNE ] Icon_minitimeJeu 10 Nov 2011, 10:50

- Syndrell…

Elle tressaillit mais resta là où elle se trouvait. La voix rauque de l’Envoleur, brisée par l’épuisement mais indubitablement saupoudrée de malice, avait fini d’éteindre les dernières flammes de sa colère ; l’or en fusion de ses yeux redevint limpide et calme tandis qu’au dehors, la tempête s’éloignait.
Enfin.

Comme Dolce se remettait à tousser, elle ramassa l’outre d’eau restée au sol et, passant un bras dans le dos du blessé, l’aida à se redresser.


- Tu t’es vraiment mis dans un sale état, murmura-t-elle en le soutenant pendant qu’il buvait. Mais je crois que tu vas t’en tirer.

Pour la première fois depuis longtemps, leurs regards se croisèrent vraiment. Dans celui de Syndrell, il y avait un nouvel éclat – une toute petite étoile, point final à sa colère, à leur dispute. Un clin d’œil moqueur pour ponctuer sa boutade, un fantôme de sourire…

… elle se leva et entreprit de rallumer le feu qui était mort en même temps que sa fureur. Lorsque les flammes furent bien hautes, elle revint près de la couchette, s’asseyant à même le sol contre cette dernière en dépit du fauteuil et des trois chaises que contenait la pièce. Ses yeux se posèrent sur les restes de viande et presque aussitôt son ventre se mit à grogner ; elle se rendit compte qu’elle était affamée et n’attendit pas plus longtemps avant de manger.

Un silence chaud et réconfortant avait enveloppé les deux guerriers, à peine troublé par le craquement du bois enflammé, le sifflement du vent qui glissait dans la Passe et, juste derrière le battant de la porte, le souffle de Singa. Il y avait longtemps que personne n’était venu s’abriter dans cette cabane et les lieux étaient à l’abandon, mais avec un peu de travail et beaucoup de patience, elle pourrait bien redevenir un petit havre de paix. Syndrell se souvenait de l’abri du vieux souffleur de verre. Eonard… il avait fait de son territoire de chasse le meilleur endroit que tout homme puisse rêver – à supposer qu’il aime la solitude, le froid et l’altitude.


- Il va falloir que je chasse… Il n’y a rien dans les placards, seulement deux pommes et une miche de pain dure comme du bois. Ces imbéciles n’ont fait aucune réserve. Il ne s’agissait pas de leur planque mais d’un lieu de rendez-vous…

Blanche s’était bien jouée d’elle, en vérité. Et puisque Dolce n’avait emporté que de quoi subvenir à sa faim pendant deux jours, il n’y avait pas de quoi les nourrir tous les deux jusqu’au lendemain matin. Dolce blessé, il était hors de question qu’il voyage, même à dos de cheval, et Syndrell n’avait pas envie de le laisser seul.
Elle restait avec lui.

Incapable de le signifier par des mots – la marchombre était bien trop gauche pour cela – elle tourna simplement la tête vers lui. Elle voulait lui prouver qu’elle n’avait pas peur de son regard, enfin presque. Reprenant instinctivement le tic de Miss, elle lui tira la langue, frondeuse, puis lui tendit un petit bout de viande.


- Mange. Faut prendre des forces si tu veux guérir. Ce serait quand même dommage de mourir à cause d’un bête coup de lame !

Pas si bête que ça, en fait. Mais Syndrell ne connaissait pas d’autre moyen que la taquinerie pour secouer un blessé sans risquer de le vexer et tout en lui insufflant l’énergie, le courage, l’envie de s’en sortir. Dolce était de bonne constitution, elle ne doutait pas qu’il allait se remettre de cette épreuve. Cependant, elle savait par expérience que lutter seul était plus long et plus laborieux que lutter avec l’aide d’un ami…

Etaient-ils des amis ?
Syndrell lui tendit un nouveau morceau de viande, indécise. En l’espace de quelques entrevues, c’est bien ce qu’ils étaient devenus, mais il y avait quelque chose de plus intense qu’une simple amitié dans ce silence qui régnait à nouveau entre eux. Quelque chose de neuf, d’incertain, un vague souffle d’espoir qui agitait ses pensées ; c’était un nouveau Possible, et il appartenait à Syndrell de l’accepter ou non.

Ce choix, elle l’avait déjà fait.
Deux fois.
Et elle s’était jurée de ne pas commettre une troisième fois cette erreur.

Mais…


Il y a des erreurs qui valent la peine d’être commises et plus encore, qui méritent d’être vécues, gamine…

- Si tu as un arc, je vais essayer de nous trouver autre chose qu’une goule à nous mettre sous la dent.

Si Vanora s’était alliée des Ombres, il se pouvait très bien qu’elle soit déjà sur les traces de Ciel et de sa famille. Mais Syndrell n’était pas née de la dernière pluie. Elle avait été formée par la plus audacieuse des marchombres et avait appris à n’accorder sa confiance qu’à un petit nombre de personnes, des personnes qu’elle pouvait compter sur les doigts d’une seule main. Tanank en faisait partie.

Les Kern ne risquaient rien pour l’instant. Et le choix de Syndrell pouvait se lire en filigrane derrière son affirmation : elle n’abandonnerait pas Dolce ici.
Elle restait avec lui.

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MessageSujet: Re: Un petit malentendu... [TERMiNE ]   Un petit malentendu... [TERMiNE ] Icon_minitimeJeu 10 Nov 2011, 16:31

Il buvait, un sourire fatigué étirant ses lèvres.
Le bras de Syndrell dans son dos était étrangement chaud, mais il savait que c’était sans doute un effet de son imagination… Ou de sa fièvre. Il ne répondit pas à la jeune femme, ne trouvant rien à dire, mais surtout sa bouche était trop pâteuse pour que sa réponse pût avoir la sonorité d’une vraie phrase.

Il observait ses cheveux, contre le lit. Elle s’était appuyée contre ce dernier, assise sur le sol alors que des chaises étaient un peu plus loin, et vides… Un léger soupir passa les lèvres de l’Envoleur, qui ferma les yeux. Il entendait de loin les dernières phrases de Syndrell, mis à part qu’elle voulait aller chasser… Etant donné qu’il était faible, il trouva cette idée bonne, même si cela impliquait qu’elle s’en allât. Oh, elle pouvait tout à fait fuir à nouveau, et il ne lui en voudrait pas non plus.

Il se sentait idiot, comme un cœur d’artichaut…
Un sourire passa sur ses lèvres à cette pensée, alors que Syndrell lui faisait passer un morceau de viande. Il se sentait faible, et sans force. Mâchant doucement, il garda les yeux fermés, n’appréciant pas forcément le goût âcre de la viande, mais sachant pertinemment qu’il avait besoin de manger, et des nutriments que cette nourriture fournissait.

Alors qu’il n’en était pas encore à la moitié de son repas de viande, Syndrell lui demanda s’il avait un arc pour pouvoir chasser. Il finit sa bouchée, l’avala avec difficulté, avant de répondre faiblement.

- Normalement, il y a un arc et une dizaine de flèches dans la sacoche de croupe de Singa.

Il lui adressa un pauvre sourire, alors qu’elle disparaissait dans l’encadrement de la porte…


§§


Une douleur fulgurante réveilla Dolce alors qu’il n’y avait aucun bruit dans la cabane. Il était encore seul. Il tenta de se redresser, mais il était désormais impossible pour lui de s’appuyer sur son bras gauche. Grimaçant de douleur, il tira les pansements et vit que sa plaie avait pris une teinte violacée de mauvais augure. La grimace sur son visage s’accentua, et il força sur ses abdominaux pour se redresser… Il n’avait pas de force. Grâce à son bras droit, il se redressa complètement, mais était déjà essoufflé. Un peu plus loin, gisait sa sacoche avec le pot d’onguent désinfectant à l’intérieur. C’était celui-là que la jeune femme lui avait étalé sur la plaie. Il retint un juron. Se traînant tantôt vers ce sac, il repoussa le pot de crème et saisir une sorte de tube de cuir dans le fond de ce dernier.

Récupérant son souffle, le jeune homme ferma les yeux. Puis, avec difficulté – avec les dents et la main droite – il réussit à ouvrir le tube, et à s’en mettre assez dans la paume de sa main pour pouvoir se badigeonner l’épaule. Ce qu’il y avait dans ce tube était une recette maison qui permettait de désinfecter et de garder la plaie propre et nette ; alors que ce qu’il y avait dans le pot d’onguent était une seule des composantes de la recette du tube. Il emporta le tube jusque dans le lit, et s’y affala.

A peine couché, il se rendormit.









[Désolée, un peu court xD ]
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MessageSujet: Re: Un petit malentendu... [TERMiNE ]   Un petit malentendu... [TERMiNE ] Icon_minitimeSam 12 Nov 2011, 10:46

Tchac !
La flèche fila entre les hautes herbes et se perdit dans les fourrés sans toucher sa cible, un daim qui disparut sans demander son reste. Syndrell lâcha un grognement dépité, encocha une nouvelle flèche, tira au hasard… Rien à faire. Au moment de lâcher le trait, une douleur tançait ses épaules, la forçant à relâcher la pression de ses muscles, à se détendre une fraction de seconde trop tôt – et la flèche partait en chute libre.


- Nom d’une chiure de mouche, mais comment fait-il pour bander cet arc ?!

La marchombre examina plus en détail l’arme qu’elle tenait entre les mains. Elle était d’excellente facture et sa courbe, une fois assemblée, était parfaite ; Syndrell était toutefois certaine de n’en avoir jamais vue de telle auparavant. Dolce était plutôt grand mais cet arc était véritablement immense. Bandé à son maximum, il devait avoir une portée phénoménale. Sauf que la jeune femme était incapable de le bander à son maximum.

Et en attendant, il lui fallait bien trouver de quoi manger. Faible comme il l’était, Dolce avait besoin de viande rouge – et elle aussi, songea-t-elle alors que son ventre émettait un énième gargouillis de protestation. Hélas, les abords de la Passe ne semblaient pas receler de tant de gibier qu’elle l’avait espéré. Il avait fallu qu’elle s’éloigne de plusieurs lieues pour tomber sur ce daim et si elle avait pu apprivoiser son arme, elle serait déjà sur le chemin du retour avec de quoi se remplir l’estomac pour au moins trois jours !


- Ça m’apprendra à ne pas emporter mes affaires…

Elle n’avait volontairement pas pris son arc, mais c’était de bonne guerre ; Lyke s’entraînait avec, c’est avec le jeune garçon qu’il servait réellement à quelque chose. Pourtant, il aurait quand même été bien utile, cette fois… Décidant que l’immobilité ne résoudrait rien, Syndrell passa l’arc en bandoulière et récupéra les flèches. Elle n’en avait trouvé que six dans le carquois de Dolce, autant les économiser si elle voulait pouvoir leur ramener quelque chose avant la nuit.

Aucune des flèches ne fit mouche. L’estomac sur les talons, Syndrell rentra à la cabane seulement munie de fruits sauvages et d’herbes pour une soupe qui manquerait cruellement de viande. C’était au moins ça. Et parce qu’il n’était pas dans sa nature d’abandonner aussi facilement, elle fabriqua rapidement quelques collets qu’elle posa autour de leur abri ; avec un peu de chance, ils auraient de la viande au petit déjeuner…


- Dis donc, fit Syndrell en poussant la porte du cabanon, tu suis un régime spécial pour pouvoir bander ce fichu arc ou bien tu…

Elle se figea lorsque ses yeux se posèrent sur l’Envoleur. Il gisait à moitié sur son lit et tout ce qui se trouvait à sa proximité était sans dessus-dessous ; il avait arraché son pansement, découvrant sa plaie qui n’avait pas fière allure. Syndrell jura et se précipita vers lui.

- Qu’est-ce que tu nous as fait, Dolce… ? murmura-t-elle en se penchant sur la blessure de son épaule.

Il avait réussi à appliquer une sorte de pâte dessus – le tube était encore dans sa main. Desserrant les doigts du jeune homme avec peine, Syndrell ouvrit le contenant, renifla le contenu, grimaça, haussa les épaules. Puisqu’il s’était donné du mal pour s’en servir, elle lui faisait confiance. Mais a s’agiter de la sorte il avait fait remonter sa fièvre et perdu des forces, or ce n’était pas avec de la soupe qu’elle allait le remettre sur pieds !

La jeune femme batailla un moment pour le recoucher – il pesait son poids ! – et utilisa à nouveau la bassine et son morceau de tissu pour le rafraîchir. Avec des gestes emprunts de douceur, elle humecta son visage, son cou et ses épaules, en prenant bien garde de ne pas lui faire mal. Puis elle rinça délicatement sa poitrine, nettoyant le sang séché avec soin. Ses doigts couraient sur sa peau luisante de sueur, suivant le dessin de ses muscles et effleurant les hématomes qui fleurissaient, vestiges de la violence de son combat.

Il bougeait régulièrement dans son sommeil. Chaque fois, Syndrell se figeait, comme prise en faute. Cette exploration secrète faisait battre son cœur un peu vite et briller son regard d’une lueur farouche. Avec cette sensation grisante de frôler les limites de l’interdit, elle poursuivait alors qu’il se rendormait. Ses mains glissaient le long de ses côtes, palpant les os. Fêlés, mais pas brisés. La douleur était la même, sauf qu’il ne risquait pas de mourir avec un poumon perforé.

Et puis ses doigts décelèrent quelque chose, au niveau de la taille. Syndrell retint son souffle, ses yeux d’or s’agrandirent sous la surprise.
C’était…


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MessageSujet: Re: Un petit malentendu... [TERMiNE ]   Un petit malentendu... [TERMiNE ] Icon_minitimeSam 12 Nov 2011, 12:27

…le bout des dents d’un disque métallique qui en sortait.

Dolce bougea à ce moment précis, éveillé par un instinct puissant. Vif comme l’éclair, imprévisible soudain, il attrapa le poignet de la jeune femme et le serra fort. Ouvrant les yeux, il bascula sur le côté, manquant de tomber de son lit. Soudain, la douleur n’avait plus été, et il avait réagi comme s’il n’avait rien…

…Sauf que la douleur explosa quand il se tourna, et il ne put retenir un hurlement de souffrance.

Reprenant son souffle, il respirait vite et fort, sa poitrine se soulevait douloureusement, et son regard vert trouva celui, d’or, de Syndrell. Instantanément, il se calma et lâcha son poignet qu’il tenait toujours.

- Désolé, réflexe…

Il n’était pas vraiment désolé, c’était un fait. Parce qu’au moins, il savait qu’il pouvait réagir au quart de tour si menace il y avait. Que son cerveau annulait la douleur durant quelques secondes. Par réflexe, encore, il se gratta l’os de la hanche et se rendit compte que sa greffe ne s’était pas totalement rétractée.

Il jeta un œil à Syndrell, qui avait une mine médusée.

Se mordant l’intérieur de la joue, il fit rentrer le disque de métal dans son bassin, et prit une grande inspiration, avant de s’affaisser lourdement sur le lit. Bon, et bien, c’était le cas de le dire, il était dans les emmerdes jusqu’au cou. Parce que d’une il avait tué un Mentaï – mais ça personne ne le saurait… il l’espérait. La nouvelle se répandrait, c’était un fait, mais on ne pouvait pas forcément deviner que c’était lui… si ? Dans tous les cas, entre le Mentaï et le fait que quelqu’un – une Marchombre en plus ! – sût pour la greffe des Envoleurs, il valait mieux qu’il garde tout ça secret. Et Syndrell aussi.

Il se faisait ces réflexions allongé sur le lit, les yeux fermés. Bon, il devait jouer franc jeu avec la jeune femme, étant donné qu’elle avait vu ce truc, et qu’elle devait bien se douter de quelque chose. Lui, savait simplement que la greffe de cette dernière – elle en avait une, c’était évident – était dans ses bras – un souvenir des écuries, d’une pression palpable par ces derniers sur son ventre.

Non, mais non ! Il ne pouvait pas le dire…

Lui lançant un regard désolé, il se dit que si elle avait des questions, elle les poserait. Il n’était pas obligé de se justifier, après tout. Chacun était comme il était. Un léger sourire sur le visage, il ferma encore une fois les paupières.

- Tu n’as pas trouvé de viande ?

Il réussit à l’observer un instant.

- Tu ne chasses pas avec ton poignard ?

Il ferma les yeux, déglutissant péniblement. L’onguent sur son épaule le brûlait férocement, mais cela voulait dire que cela faisait bien effet. Il faudrait qu’il en remît quand tout aurait pénétré. Jetant un coup d’œil à cette dernière, il vit qu’elle avait déjà bien imprégné son épaule, et que d’ici quelques dizaines de minutes, il pourrait en remettre.

- J’ai faim…

Il se sentait encore fiévreux. Voulait encore sentir la presence de Syndrell à ses côtés…
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