Je me réveillai brusquement.
Tant mieux, j'ai pas sommeil.
Je serre les dents et sort lentement de mon lit. Lentement ? Oui, lentement, la faute à mes courbatures, qui ne sont pas prêtes à me rendre mes muscles. Mais passons, je ne regrette pas d'avoir pu me défouler.
Je me lève et descend. Une fois mon petit déjeuner prit et ma mère et mon petit frère salués, je remonte à l'étage, entre dans ma chambre et ferme doucement la porte. Une fois devant mon clavier, je me rappelle que c'est aujourd'hui, le jour où j'avais prévu de répondre à tous mes rps en retard. Très bien, commençons.
J'ai plusieurs personnages de rôle play, mais le seul forum qui ai réellement retenu mon cœur et mon attention est celui sur lequel mon personnage principal s'appelle Papillon. Drôle de prénom, je vous l'accorde, mais ce n'est qu'un personnage et, j'aime beaucoup donner des noms bizarres à mes personnages.
C'est alors que j'entends deux paires de pas lourds comme des pierres monter l'escalier. Je souris, cela doit être mon petit frère et ma mère, et espérai sans trop y croire qu'ils ne mettent pas trop de bazar à l'étage.
S'ensuit alors une cacophonie digne d'un carnaval : choses qui tombent, rires, choses qui retombent, bruit de tiges de bois en train de se tordre... aucun doute possible, ils s'essayent aux assiettes chinoises –un art du cirque, que j'aime beaucoup, mais pas quand j'essaye de me concentrer.
Pas de bazar ? Nan nan...
J'inspire doucement. Les mots glissent devant mes yeux sans que j'arrive à leur accorder la moindre attention... il le faudrait pourtant, si je veux arriver à écrire la suite, mais impossible. Et dire qu'il pourraient faire ça à peu près n'importe où dans la maison ! Non, bien sûr, ils ne peuvent pas, ils le font juste derrière la cloison où est posé mon crâne.
Je me lève à nouveau.
¤
Je reviens dans ma chambre, tête lourde, muscles gourds, m'allonge nonchalamment sur mon lit et reprend mon écriture là où je l'avais laissé.
Sauf que...
–T'es vraiment aussi égoïste que ça ?
Je ne me retourne pas. J'ai mal dormi, c'est un mirage, forcément.
Car cette voix, je la reconnaîtrai entre milles.
C'est la mienne.
¤
Je ne l'ai pas pensé pourtant, cette phrase. Et elle ne me serait jamais venue à l'esprit. Égoïste, moi ? Pfff. En plus, si ma voix était effectivement venue d'en dehors de ma gorge, elle m'aurait paru différente, à coup sûr. Comme sur un enregistrement.
Et puis de toutes façons, je ne suis pas égoïste. QUI a bien pu dire ça ? Ma mère ? Il aurait fallu qu'elle gobe une dose d'hélium mesurée au millième de millilitre près pour que la ressemblance soit parfaite. Hors c'est impossible –juste pour le plaisir de dire une phrase ? quel intérêt ?– en plus, je les entend encore, ma mère et mon petit frère sont dans le salon où ils ont déménagés leurs rires et leurs jeux.
–Tu te comportes comme une petite vieille qui n'a rien à faire de ses journées et qui ne veut en aucun cas changer ses vieilles habitudes. Acariâtre. Têtue. Aveugle. Abrutie.
Impossible.
Je suis en train de rêver.
Je détourne mon regard des mots qui dansent sous mes yeux sans que j'arrive à saisir leur sens.
–Et en plus tu me négliges ! Depuis quand je suis « gentille », moi ? Pourquoi mes actes sont-ils aussi niais ? HEIN ?
Bouche ouverte, yeux écarquillés, je dois avoir l'air d'un poisson hors de l'eau ; seulement, je n'en ai absolument rien à faire.
–P... Papillon... ?
–Ouais ouais. Celle que t'appelles Pillon. Tu parles en mon nom et tu ne dis que des âneries ! Tu agis sous mes traits et à cause de toi personne ne me crains plus !
–Je... je...
Pathétique. Il faut que j'arrête avec le mode=[poisson-hors-de-l'eau].
–Mais... comment... comment es-tu arrivée jusqu'ici ?
–J'ai été retrouver Syndrell, tu sais, la marchombre que tu m'as fait rencontrer une fois, dans la forêt de l'académie.
–Euh... ?
–Laisse moi finir. J'ai été la voir parce qu'il y a une rumeur qui se dit entre personnages : que cette Syndrell est arrivée à aller voir son créateur –ou plutôt sa créatrice– et qu'elles ont discuté ensemble. Mais là n'est pas là question. Je lui ai demandé comment elle avait fait, mais en fait elle n'en avait qu'une vague idée, donc je me suis dit qu'en le voulant très fort, en persuadant ce monde de m'inviter, j'arriverai à venir ici. Et j'ai réussit. Sauf que moi c'est pas pour te parler tranquillement... mais pour te chauffer les oreilles, que je suis venue !
Et moi, devant un tel discourt (et surtout confrontée à mon propre personnage), je n'arrivai plus à émettre un son.
–Où en étais-je donc ? Ah oui. Ouvre les yeux espèce d'abrutie, tu te comportes comme une vieille acariâtre, têtue, aveugle, et tout le tintouin. Et pire que tout : tu me négliges, moi. Ta création préférée. Je n'en peux plus, je vais craquer. Quand je pense que les plus jeunes apprenties mercenaires FONT PLUS PEUR QUE MOI ! eh ben, quand je pense ça, j'ai qu'une envie, celle de t'étriper.
Elle est vraiment magnifique.
Pas magnifique dans le sens canon de beauté ni rien –son visage ressemble un peu au mien sur ce point-là : classique, d'une finesse un peu terne, floue, mais plus beau que le mien. Magnifique dans le sens où elle est exactement comme je l'imaginai : sa crinière rousse éclatante, domptée en une tresse sauvage, avec oh ! camouflée comme seule Papillon arrive à le faire, cette lame de douze centimètres, effilée, parfaite...
À ce moment là me vint l'idée de lui en donner plusieurs, des lames, histoire qu'elle puisse changer en fonction de ce qu'elle souhaite. Hmm... bonne idée. Faudra que je l'écrive dans un de ses rp...
– ...et puis franchement, me faire limite flirter avec toutes les filles que je croise, je trouve ça plus que dérangeant, je trouve ça écœurant ! Et comment veux-tu qu'on me prenne au sérieux si...
Et cette voix... hmm... comme je l'imaginai – la mienne en fait, mais pas celle des enregistrements.
Oh ! Et ces vêtements ! Sublimes. Dans mon monde, j'ai toujours préféré la mode de la Renaissance à la mode de nos jours. Mais ici... bien que Papillon soit certainement à mille lieux de suivre la mode de son monde –ou du moins de son pays, car elle est loin de se douter qu'il y a un continent à l'est de l'Empire– je crois que je viens de changer de préférence : la mode de la Renaissance n'est rien comparée à la simple mais incomparable beauté des habits de cuir, élimés par ses nombreux voyages, que porte mon personnage.
– ...Tu restes dans ta tour d'ivoire tandis que je me farcis tous tes coups foireux ! Et en plus tu as le culot de...
J'adorerai pouvoir m'habiller comme ça.
Et que les gens me regardent bizarrement, je m'en fiche ! De toutes façons, ils me regardent déjà bizarrement, à cause de mon style baba cool... mais j'adore ça ! Être originale, être regardée différemment, c'est tellement rafraîchissant ! Quand je suis revenue en bus de mon dernier cour de dessin –le dernier de l'année– avec mes peintures et dessins au fusain en rouleaux sous le bras, avec mon sarouel et mes doigts tâchés de pastel, j'ai eu l'impression d'être si... différente !
– ...et quand je pense que tu me trimbales à peu près n'importe où dans Gwendalavir, sans aucun soucis du réalisme ! Ils se moquent tous de moi parmi les personnages ! Ils me surnomment la...
Ses yeux sont d'un verts si intense...
Les ai imaginés ainsi ? Il semblerait, puisqu'elle les a.
Et que n'a-t-elle pas que je ne lui ai pas imaginé ? Rien. Rien ne manque. Ni ses deux sabres à sa ceinture, ni ses poignards, ni sa dangereuse natte, ni se tâches de rousseur... je me demande si elle a bien cette tâche de naissance dans le dos, celle qui est en forme de papillon... devrai-je lui demander ?
– ...et dans un ordre général, à chacune de tes nouvelles lubies je passe pour...
Non, pas une bonne idée.
Elle a l'air trop fâchée pour répondre à quoi que ce soit... tant pis ! Il sera toujours temps de lui demander plus tard, tout comme cette nouvelle idée à propos de nouvelles lames pour sa tresse. Tien d'ailleurs, n'avais-je pas une autre idée à lui soumettre ?
–...
Tien ? Elle a finit de m'engueuler ?
Mon regard –qui avait dérivé je le crains vers la fenêtre aux volets à présent ouverts... –est-ce elle qui l'a fait ?– s'envole vers son visage, vers ses yeux émeraude. Oups, un regard des plus noirs pèse sur moi. Je m'applique à me faire toute petite tandis qu'un air penaud se dessine sur mes traits.
–Euh... oui ?
–Tu ne sais rien faire d'autre que penser, c'est ça ?
Non, je sais dessiner, peindre, j'ai mon niveau 2 en équitation, mon niveau 1 de plongée, mon niveau 4 en voile –et dans quelques semaines je serai aide-mono de voile !– je sais bien nager aussi, et j'ai un an de kung fu et de théâtre –déjà un an !– derrière moi... mais a-t-elle besoin de le savoir ?
–Eh bien... je... je sais grapher aussi... tu n'es pas contente de ton kit ?
Elle me surprenais dans une mauvaise semaine aussi ! En vacances depuis deux semaines à peine, je ne songeai pour le moment qu'à me détendre, à écrire, dessiner et grapher ! D'ailleurs, d'habitude je préférai être sur un chaise et un bureau pour écrire, contrairement à là où je restai tranquillement sur mon matelas. Mais dans le milieu du mois par contre, je partirai en Bretagne et là, il ne sera plus question de toucher à l'ordinateur, puisqu'un aide-mono travaille du matin au soir !
–Hmm... si... c'est bien la seule chose que tu n'ai pas trop mal fait pour moi... fit-elle.
–D'ailleurs, j'ai besoin de ton avis : laquelle de tes signatures te représente le mieux ?
Personnellement, je savais pertinemment laquelle, mais –à mon grand étonnement– son avis était devenu en quelques instant –alors que je n'avais quasiment rien écouté de son discourt– plus précieux que celui de n'importe qui d'autre.
La jeune femme s'approcha de moi, puis s'assit sur le bord du lit pour jeter un coup d’œil à l'écran.
–C'est sur ce truc que tu écris ? C'est pas un peu minuscule comme objet ? Comment je loge là-dedans, moi ?
Je retins un sourire devant l'avalanche de question, et ouvris plutôt mon fichier "Chaos vs Harmonie" dans l'intention de lui montrer ses signatures.
–Tu loges pas vraiment là-dedans, ne t'inquiètes pas, ah... ! (après avoir zigzagé un instant à l'intérieur des dossiers et sous-dossiers, le bon fichier s'ouvrit enfin) Voilà, regarde et dis-moi laquelle te correspond le mieux.
Il ne fallu à mon personnage que quelques instants et quelques hésitation pour choisir entre la demi-douzaine de signatures –et encore, elles n'y étaient pas toutes– entreposées là.
Finalement, elle pointa du doigt l'une d'elles.
C'était bien celle à laquelle que je pensais. Aussitôt cependant, elle en désigna une autre.
–Celle-là (elle revint à la première) est la plus représentative, mais celle-là (elle pointa la deuxième) est plus belle et me donne en plus... je ne sais pas... plus de maturité peut être.
Je hochai la tête.
Elle avait raison.
Je créai aussitôt un nouveau dossier que j'appelai « autres » et y mis toutes les signatures à l'exception des deux qu'elle m'avait désignées. Puis je mis la petite machine en veille avant de la poser sur mon tapis –tapis que mon frère appelait "plantation", allez savoir pourquoi– puis de m'asseoir en tailleur sur le lit, désignant l'autre extrémité du matelas à Papillon, qui comprit et s'y assit à son tour.
–Bien euh... dis-moi ce qu'il faudrait que je fasse pour que tu... euh, cesses d'être la honte des Pjs ?
–Ça marche pas comme ça.
–Pardon ?
–C'est un peu tard pour t'excuser. Non, ça marche pas comme ça. Je vais pas tout te donner sur un plateau, tout d'abord parce que je n'ai que de vagues idées, et en plus parce que c'est à TOI de te rendre compte de tes erreurs et de les réparer, ok ? Et je ne vais pas te mâcher le travail alors que tu ne t'es même pas donné la peine de m'écouter tout à l'heure.
–Oui euh... désolée, sincèrement. (je soupirai) Bon, est ce qu'au moins tu accepterai de me donner ton avis sur mes prochaines idées, histoire qu'elles ne te soient pas imposées ?
–Hmm... ouais, ça je peux. À condition que mon droit de veto soit écouté.
–Entendu, toi seule pourras l'ôter en... euh... reprenant contact avec moi ?
–Pas sûr que je sois en mesure de le faire mais d'accord.
–Bien, on va donc essayer de ne rien oublier. Alors ma première idée : te donner, au lieu d'une seule, différentes lames à mettre dans ta tresse ? Pas à la fois bien sûr.
Elle réfléchit un instant.
–Hmm, pourquoi pas. Ça a l'air d'une bonne idée, fit-elle avec un sourire un peu trop carnassier.
–Ça marche, souris-je, rassurée. Alors, pour ce qui est de ma deuxième idée... (je sortis une fiche un peu froissée de l'intérieur de ma table de chevet, pleine de livre de fantaisie et de sachets de thé, et la parcouru des yeux, avant de relever la tête) tu te souviens de ce bâton que je t'avais donné au début ? Il a disparu peu après, parce que je l'avais oublié, mais je me disais que je pourrai te le redonner, un peu transformé ?
Papillon me jeta un regard méfiant : –c'est à dire ?
–Euh, il y aurait une lame rétractable au bout, comme dans ce livre, là, « l'apprenti épouvanteur », il...
–Alors là tu peux la jeter à la poubelle tout de suite. Une idée qui viendrait d'un autre livre ? Même pas de ton imagination ? N'importe quoi. Je refuse. Trouve quelque chose par toi-même où je ne répond plus à aucune de tes questions. D'ailleurs, continue comme ça et je te ferais regretter d'avoir mis au monde un monstre comme moi.
Whao ! Elle l'admettait ! La Papillon que je connaissais n'avait, elle, jamais eut aucun doute sur la légitimité de ses actes, à part peut être quand Aaron lui avait dit que... mais oui ! C'était à ce moment-là qu'elle avait commencé à douter ! Et ce doute avait germé dans son esprit jusqu'à lui dire qu'elle était un monstre... mais elle, elle l'assumait, et entièrement, contrairement à moi qui hésitais, qui lui donnait un semblant de conscience, qui... mais quelle abrutie j'étais !
–B... bien euh... j'avais une autre idée, pour ta... euh... greffe...
J'étais devenue rouge pivoine. Quelle idée de lui dire que cela venait d'un livre ! J'avais perdu toute crédibilité ! Bon, ma prochaine idée n'était pas mauvaise, mais je craignais que le sujet soit un peu... glissant.
–Ma greffe ? Tu veux dire... celle dont a parlé Dolce ? Mais... j'ai le droit de la choisir ?
Elle me regardait avec un mélange de stupeur et d'émerveillement. J'ouvris des yeux ronds et faillis me donner une claque.
–Euh... Oui, mais... je crois que j'étais pas sensé te le dire... mais bon, tant pis. Oui, les mentaïs sont des dessinateurs, et c'est eux qui vont t'imaginer une greffe. Et tu pourras « orienter » leur choix, même si leur donner des consignes comme à des enfants n'est pas, à mon avis, une très bonne idée pour rester en vie.
–Mmh. Tu n'as pas forcément tord... admit Papillon avec un sourire qui disait tout le contraire.
Insolente, oui, elle l'était devenue. Mais était-ce une mauvaise chose ? Elle était une future envoleuse après tout. Une voleuse de vie, comme disait Dolce.
–Bien, donc mon idée était que...
–Stop.
–Heu... ?
–Stop. Je ne veux pas entendre ton idée.
–Ah ? Mais pourquoi ? demandai-je, un peu vexée.
–Parce que c'est ma vie, et ma greffe. Je ne veux pas que ce soit une de tes idées, mais la mienne.
J'en restai sans voix. Mon personnage, entièrement issue de ma tête et de mes idées, avait ses propres idées ? Cette mise en abîme me donna le tournis. Mon idée à moi –lui permettre de voir dans le noir –m'avait paru bonne et même excellente, sans vouloir me jeter des fleurs –ce que j'étais pourtant en train de faire– mais apparemment Papillon avait sa propre idée derrière la tête, je ne répondit donc que d'un hochement de tête, curieuse.
–Ce que je veux, c'est d'une greffe défensive. Pas un bouclier, même si cela aurait pu faire l'affaire, mais une armure.
Une armure ?
–Tu es perplexe, je le vois, mais tant pis ; oui j'ai mon propre mental, et même si c'est toi qui me l'a forgé et offert, c'est lui qui me donne mes propres idées, et non les tiennes. (elle eut un petit rire triomphal) Mais ne nous éternisons pas là-dessus, je vais simplement t'expliquer pourquoi c'est cette greffe que je voudrais, pour que tu puisses l'écrire plus tard, quand j'aurais à expliquer mon choix –devant mon maître, ou devant les mentaïs qu'en sais-je.
Je hochai une deuxième fois la tête, espérant l'inviter à poursuivre, car son idée d'armure était, je dois l'avouer, mille fois meilleure que ma stupide idée à moi, si classique, sans aucune... originalité. Cynique, je faillis en rire : moi qui me targuais de vouloir être la plus originale possible, je n'avais fait preuve que de la normalité la plus plate sur ce point là... quelle idiote j'étais, de croire que mon personnage recherchait la normalité ! En fait, sans le savoir, je l'avais faite à mon image : demandant le plus d'originalité possible...
–Ce que je veux, comme je viens de le dire, c'est une greffe qui me serve à me défendre. Or contrairement à la croyance populaire qui veut que la meilleure défense soit l'attaque, moi je pense que la meilleure défense, c'est la défense. Voilà mes raisons.
–Euh, très bien...
Je m'étais escrimée à écrire à toute vitesse sur le dos de ma feuille à idées, et quand elle eut finit, j'étais un peu hagarde. En fait, je pensais déjà aux dessins et croquis que j'allais pouvoir faire de cela. Tant pis si tout ceci n'était qu'un rêve, car c'était un beau rêve –quel écrivain ne souhaiterait converser avec les personnages qu'il a lui-même créé ? même si dans le cas de Papillon cela reste un peu... dangereux– j'espérai seulement que je m'en souviendrai au réveil !
–Tu n'as rien d'autre à me dire ? lui demandai-je sur un ton d'espoir, car si elle avait ses propres idées, c'était peut être le moment où jamais de ne pas faire –encore– d'erreurs là-dessus.
–Hmm... nan. C'est tout.
–Très bien, alors je...
Sans me laisser le temps de finir, elle bondit vers le rebord de la fenêtre –et je me dit que c'était certainement elle qui avait ouvert les volets, étant probablement arrivée par le dehors pendant que j'étais sortie– et, alors que je cru qu'elle allait partir sans un mot, elle se retourna vers moi une dernière fois, un immense sourire aux lèvres, et me lança :
–Et essaye d'être sage !
Je levai les yeux au ciel et, le temps qu'ils redescendent, elle s'était envolée. Je souris aux nuages avant de m'allonger sur le dos... et de m'endormir. Comme ça, si jamais je me réveillai quand même dans mon lit, j'aurais au moins une petite chance que cette entrevue ai été réelle... une petite chance après tout, n'est-ce pas ce que chacun voudrait ?