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 Rage et sang [Gil]

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MessageSujet: Re: Rage et sang [Gil]   Rage et sang [Gil] - Page 2 Icon_minitimeDim 30 Sep 2012, 01:10

≈≈≈ Naïs ≈≈≈

Arrête ? Arrête quoi ? D’y penser ? Comment veux-tu Gil que je ne puisse pas envisager cette possibilité plus proche et dangereuse que jamais ? J’ai l’impression de me consumer à petit feu. Chacune de mes respirations me fait un mal de chien – une véritable torture, tu peux me croire ! Le temps joue contre nous. Contre moi. Et je n’ai qu’une envie, c’est que cet enfer cesse, peu m’importe comment. De toute façon, j’ai toujours su que ma vie ne serait pas bien longue. Et que je m’éteigne pour te laisser vivre, ça peut paraître étrange – voire complètement fou – pour n’importe qui d’autre, mais je ne le regrette pas une seule seconde. Car vivre une vie dont tu aurais disparu, totalement, m’est juste inenvisageable. Impossible. Tout comme de continuer à respirer sereinement sans Seth, sans Atal, sans Ainhoa. Ni même sans Nwëlla, Juhen, Reni et Sen. Ils sont les piliers de mon monde. Je ne suis pas télépathe, pourtant, je sais que tu comprends.

- « Si seulement… Mais tu sais, je ne regrette rien »

Ma voix tremblotante est toute faible. Autrefois si chaleureuse et puissante, elle s’est littéralement muée en murmure. Malgré les ronflements sonores de Juhen déchirant le silence, et Nwëlla se retournant continuellement bien à l’abri dans sa couverture de laine, je suis à peu près certaine que l’Envoleur m’a entendu, même du haut de son perchoir. Etrange comme j’ai l’impression de le sentir tout près de moi malgré la hauteur qui nous sépare. Etonnant comment, main dans la main, cette sensation de franchir une nouvelle porte se précise un peu plus à mesure que Gil pénètre un peu plus profondément dans mon cœur. Curieux comme ce sentiment pourtant déjà éprouvé me réchauffe intérieurement malgré le froid. Je serre soudain les dents très fort alors que je me positionne un peu plus confortablement contre mon tronc d’arbre – c’est certain, il risque fort de garder un trace impérissable de mon passage ce vieux chêne. Seth, lui, toujours aussi profondément endormi, ne cille pas le moins du monde. Tant mieux, je n’aurais pas voulu le réveiller.

- « J’ai pas envie de me débarrasser de toi, au contraire… »

Dans le cas contraire, il y a bien longtemps que je me serait envolée dans la nature sans jamais plus donner de quelconque signe de vie. Et puis, au fond – tout au fond – j’ai la sensation que tu as encore beaucoup à m’apporter…

* *
*


Une main passe doucement sur mon front fiévreux. Bon sang ? Où suis-je ? Je veux parler mais je ne peux pas. J’ai la gorge bien trop sèche pour cela. Il me faut plusieurs secondes avant que les souvenirs ne fassent doucement sûrement. Et le premier me crie douleur. Insupportable. Comme littéralement j’explosai de l’intérieur. Un autre me dit tranquillement sang. Beaucoup de sang, partout. Un dernier me murmure éclat de vie pur – au nombre de deux précisément. Seth et Morgan. Deux petits cœurs palpitant au rythme d’une énergie neuve et puissante.

- « Eh, bien tu vois, tu l’as fait finalement… »

Sen. Je ne sais pas pourquoi, j’en aurai mis ma main à couper. Il n’avait cessé de me tenir la main, tout le long, me forçant à trouver force et courage quand je m’était sentie juste vidée totalement. Samoan n’a plus donné signe de vie depuis plus de six mois. Ca aurait dû être lui normalement. Mais non, c’était mon maître simplement. Je ne sais pas trop si ce sont ces fichues hormones mais j’ai tellement envie de pleurer. Au lieu de cela, se dessine sur mes lèvres une expression de nette âpreté.

- « Sauf que je me retrouve avec deux gamins sur les bras dont le père a disparu dans la nature. Que suis-je sensée faire ? »
- « Continuer. Tu te débrouillais déjà bien avant. »

Un compliment. Un compliment de la part de Sen. Oh miracle ! Ce genre de chose n’arrive que vraiment assez rarement pour que je le grave à jamais dans ma mémoire. Est-ce qu’il ne dit ça que pour me rassurer ? C’est fort possible le connaissant. Car personnellement, je n’ai juste plus envie d’avancer. Fini. Je suis…

- « Et puis n’oublie pas que tu n’es pas seule »

* *
*


Pas seule…

Je n’ai plus tout à fait la notion du temps – plus du tout même. Aussi, lorsque le pied de Gil se pose près de moi pour finalement réveiller Nwëlla, je ne peux m’empêcher de sursauter légèrement, contenant avec peine un gémissement de douleur. C’est avec un bâillement contrarié mais non moins résigné qu’elle se démêle de sa couverture pour prendre la place de Gil en haut du grand chêne. Cependant, elle hésite un instant et arrête son geste. Et c’est avec douceur qu’elle passe une mèche de mes cheveux derrière mon oreille.

- « Tu ferais bien de dormir un peu ma belle… »

Sans transition, elle se hisse en haut de sa véritable tour de guet. Je soupire imperceptiblement pour laisser Gil s’installer juste à côté de moi tandis que je sombre peu à peu dans le monde des rêves. Celui où je peux encore espérer pouvoir vivre un peu plus demain…

* *
*


≈≈≈ Nwëlla ≈≈≈

Je n’ai pas réussi à dormir du reste de la nuit. Pourtant, la fatigue et la lassitude sont bel et bien là. En fait, je les envie tous à dormir aussi profondément que des loirs là, en bas. Atal, enroulé dans sa couverture a le sommeil au moins aussi lourd que son neveu. Rien ne saurait perturber non plus les ronflements sonore du géant. Au bout de quelques années, à force de voyager ensembles régulièrement, j’avais finalement réussi à m’y habituer. Je me surprends même à me demander avec un demi-sourire amusé si ce n’est pas lui qui a attiré cette bande de Raï avec une pareille nuisance sonore. Si seulement les guerriers cochons avaient put être si sensibles, c’eut été trop drôle. Seth, lui, dort imperturbablement tout contre sa mère, ignorant complètement ses légers gémissements de douleurs. Et Naïs, tout contre Gil, elle a aussi fini par trouver le sommeil. Tout le monde dort. Sauf moi. Cela fait déjà un peu plus de quatre heure que je guette la nuit noire avec pour seule compagnie la lumière de lune et le chant des hiboux. Ils dorment tous si bien, que je n’ai pas eu la force de les réveiller en fait. Et puis, si c’est pour être incapable de dormir, autant finir la nuit. Je soupire. Pourtant, il faudrait bien partir d’ici une bonne heure. Avant même le lever du jour. Car plus tôt nous arriverions à Al Poll, plus les chances que Naïs puisse être soignée étaient grandes. La course contre la montre avait commencé tout à l’heure et je n’ai franchement aucune envie de la perdre, celle-là. Je sais pertinemment qu’autrement, je m’en voudrais toute ma vie.

* *
*


La course de la lune avait finalement été plus rapide que je ne l’aurai voulu. Ce matin, avant même les premières lueurs de l’aube, j’ai réveillé mes compagnons un par un. Malgré la fatigue harassante, il avait fallu partir très vite car l’état de Naïs ne s’était pas amélioré. Bien au contraire. Cependant, j’évitais surtout d’afficher mon désarroi devant Seth. Si, personnellement, j’avais presque perdu tout espoir, il ne fallait certainement pas que l’enfant le perde – ou alors nous aurions été dans de beaux draps à devoir le consoler.

De même que la journée précédente, j’ai pris les rênes de l’attelage tandis que Juhen, Gil et Atal partaient en éclaireurs à tour de rôle, même si plus nous avancions vers le sud, moins nous avions de chances de croiser à nouveau une horde de Raï déchaînés. J’étais fermement décidée à ne pas m’arrêter avant de trouver les premières lueurs familières de la ville souterraine. Je savais que nous n’étions plus très loin et j’avais eu raison : alors que les dernières lueurs du jour s’éteignaient sur l’horizon, nous avions aperçu enfin les lumières de l’espérance même. Il nous avait suffit d’un échange de regard parfaitement silencieux avec Juhen, Gil et Atal pour décider que nous rentrerions coûte que coûte dans la ville ce soir. Il le fallait. Il le faut.

Et cette fois, après presque dix-heures de route ininterrompus – nous sommes littéralement tous morts – , nous touchons enfin à l’épaisse enceinte d’Al Poll. Mon regard glisse au loin sur un garde qui effectue sa ronde de nuit. Il ne reste plus qu’à espérer un peu d’hospitalité pour cette nuit…
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Giliwyn SangreLune
Maître Envoleur
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Giliwyn SangreLune


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MessageSujet: Re: Rage et sang [Gil]   Rage et sang [Gil] - Page 2 Icon_minitimeMar 02 Oct 2012, 00:30

Gil descendit sans bruit de son arbre et s’immobilisa dans les ombres nocturnes. Venant tout droit des montagnes, une brise glaciale soufflait depuis une heure, et rester assis aussi longtemps sur une branche réduisait encore le peu de confort de l’infortuné qui montait la garde. Voilà pourquoi Gil prit son temps avant de réveiller Nwëlla. Elle avait beau être la plus battante du groupe, il voulait qu’elle profite de quelques minutes de repos supplémentaire ; la journée allait être longue. Une branche craqua dans le feu et Naïs gémit dans son sommeil. Baissant les yeux, l’Envoleur la regarda lutter pour respirer. Car elle se battait, même si elle lui avait parlé comme s’il s’agissait de sa dernière nuit, et en cet instant précis, il admirait sa force et son courage ; une véritable flamme brûlait chez cette femme, une flamme qui vacillait mais qu’il ne laisserait jamais s’éteindre.
Jamais.

Enjambant une racine qui dépassait du sol et servait d’oreiller à Juhen, Gil s’approcha de Nwëlla et se pencha pour la secouer doucement par l’épaule. Elle s’éveilla aussitôt, tendue comme un arc et sur le qui-vive ; il la rassura d’un regard et elle soupira en se passant une main sur le visage. Déjà… L’aube ne frémissait pas encore. Gil hocha la tête. Pas besoin de mots pour comprendre que Nwëlla avait hâte de lever le camp. Lui aussi n’en pouvait plus d’attendre. Etouffant un bâillement, la jeune femme voulut lui tendre sa cape, mais il repoussa gentiment son offre et désigna Naïs. Comprenant ce qu’il avait en tête, Nwëlla s’enveloppa dans son vêtement et grimpa sur la banche qu’il avait occupé, non sans embrasser son amie au passage. Gil attendit qu’elle soit arrivée sur son perchoir pour s’installer à son tour. Avec une délicatesse qui le surprit lui-même, il se glissa contre Naïs, veillant à ne pas la gêner ni à les réveiller, elle et Seth. Il se figea lorsque l’Envoleuse bougea de manière à se serrer davantage contre lui, se détendit lorsqu’il comprit qu’elle cherchait sa chaleur, sourit dans le noir. Il était là pour ça. Refermant doucement les bras sur elle, il remonta la couverture sur Naïs et son fils, puis ferma les yeux.

Je ne regrette rien.

Il soupira. Moi si… je regrette de n’être pas arrivé à temps pour t’éviter tout ça, tête de mule.
Si seulement…




*



« Manaël ! »

- Gil !

Il ouvrit les yeux dans un sursaut et croisa le regard fatigué de Nwëlla tandis que la voix de son père résonnait encore dans sa mémoire. Fichu rêve… Il l’oublia très vite. En deux temps, trois mouvements, le campement fut plié, les chevaux préparés, Naïs installée. Seth prit place sur la carriole aux côtés de sa mère, Nwëlla reprit les commandes du carrosse et l’escorte personnelle de la princesse se mit en route. Ils repartaient. Que leur réservait cette nouvelle journée de voyage ? Gil n’avait pas envie d’y penser. Talonnant Pic, il rejoignit Atal au devant du convoi et passa en mode « éclaireur-au-regard-de-faucon-qui-voit-tout-même-ce-qui-ne-peut-pas-être-vu ». Un boulot comme un autre, songea-t-il au bout d’un moment, alors que Juhen remplaçait Atal à ses côtés et que le soleil perçait enfin le brouillard. Sauf que cette fois, il n’y avait aucune récompense à la clé. Pas de contrat. Nwëlla avait-elle sentit le mensonge ? Feignait-elle de croire à une telle ânerie ou bien préférait-elle ne pas se poser de questions à son sujet ? C’est ce qu’il préférerait, lui. Qu’on lui fiche la paix et qu’on l’oublie, sitôt Naïs et le groupe en sécurité dans les murs d’Al-Poll.

En clair, il en avait marre. Marre d’être pris pour le gentil, marre de ce vent glacé qui fait claquer des dents du matin au soir et du soir au matin, marre de ces petites aiguilles de douleur qui se fichent dans son épaule au moindre de ses mouvements, marre de redouter un sifflement d’alerte de la part de Nwëlla… marre de guetter les collines d’Al-Poll. Cette attente le rendait fou, et il était loin d’être le seul dans ce cas-là : Juhen était irritable – enfin, plus que de coutume – et Atal était muet comme une tombe. Quant à Nwëlla, elle donnait l’impression de pouvoir tuer quiconque d’un seul regard, raison pour laquelle nul ne pipait mot en sa présence, en particulier Juhen et lui. Seul Seth restait lui-même. Son innocence d’enfant le protégeait-elle de cette chape d’angoisse qui pesait sur le groupe depuis la veille ? Possible, mais pour être honnête, il en doutait. Il était même bien placé pour savoir que les enfants ont une perception bien particulière des choses, et incroyablement aiguisée. Le gosse ne pleurait pas, certes – et encore heureux… Mais il se murait dans une sorte de bulle que seul Gil pouvait deviner. Il s’était créé un autre monde, dans lequel il murmurait des mots doux à l’oreille de sa mère, un univers d’amour et de tendresse, une véritable barrière contre la mort. Celle-ci finirait par en venir à bout, Gil le savait. Aucun mur n’est assez solide pour lui faire face très longtemps.

Mais ça fonctionnait. Quelles que soient les paroles de Seth, sa conviction était leur dernier espoir. Leur dernière chance d’atteindre la cité souterraine avant que… L’Envoleur secoua la tête, et son geste un peu brusque fit faire un écart à Pic. Le cheval s’épuisait, comme toutes les autres montures ; depuis l’aube, ils ne s’étaient autorisé que très peu d’haltes. Il allait pourtant falloir en faire une rapidement s’ils ne voulaient pas que les chevaux leur claquent entre les doigts. Ou les jambes, songea-t-il en faisant volter Pic pour rejoindre le carrosse. Question de point de vue… Dès qu’elle le vit approcher, Nwëlla se redressa sur son banc, prête à réagir en cas de besoin.

- On doit s’arrêter.
- C’est nécessaire ?
- Vital.


L’Envoleur mit pied à terre et guida Pic vers le chariot pour le faire boire. Comprenant qu’il était impossible de poursuivre la route pour le moment, Nwëlla sauta à terre pour dételer sa jument et celle de Naïs. Seth en profita pour se dégourdir les jambes, mais il retourna bien vite au chevet de sa mère.

- Comment va-t-elle ? demanda Gil en croisant les bras sur la rigole de bois, et le menton sur ses mains, un peu à la manière d’un enfant.

Une telle question en aurait froissé beaucoup. Demander comment va un mourant frôle en effet l’idiotie, ou bien l’humour le plus noir, mais Seth ne choisit aucune de ces interprétations. Il avait confiance en Gil, sans doute à cause de la rudesse en lui qui tranchait avec son attitude parfois enfantine.

- Elle dort beaucoup mais ça va.
- C’est normal. Son corps se met en veille pour pouvoir récupérer.
- Est-ce qu’on arrive bientôt ?
- Cette nuit, on dormira dans un vrai lit. Juré, promis !


Si ces deux derniers mots dessinèrent un sourire – le premier de la journée ! – sur les lèvres de Seth, ils étaient adressés à Naïs. Qu’elle dorme ou non, il voulait qu’elle sache qu’ils n’abandonnaient pas.

- En route !

Le sourire disparut et Gil remonta à cheval. Pic renâcla et secoua sa crinière folle, mais lorsque d’une légère pression des genoux son cavalier lui intima d’avancer, il avança. Vaille que vaille, ils reprirent leur course contre le temps.




*



- Qu’est-ce que c’est ?
- Six voyageurs en quête d’un gîte, d’un couvert et de soins pour un blessé.


Gil ne sut jamais si c’est le mot « blessé » ou bien l’intense fatigue dans sa voix qui décida le portier. Celui-ci déverrouilla l’immense battant de bois, qui s’ouvrit dans un épouvantable grincement.

- Allez-y, entrez.
- Merci.


Gil resta près du portier le temps que ses compagnons entrent dans l’enceinte de la ville. Il était temps. La pluie les avait surpris il y a deux heures environ, et depuis, ils avançaient courbés en deux pour se protéger des rafales cinglantes qui avaient sapé leurs dernières forces ; les chevaux dérapaient dans la boue et la carriole roulait moins vite. Seule la perspective d’atteindre la ville les avait motivés. Le portier, un homme aux boucles grisonnantes et vêtu d’un épais manteau de laine, les regarda passer d’un air blasé. Il avait l’habitude de faire entrer des rescapés des incursions Raïs… Gil le salua d’un signe de tête et suivit le groupe sur une piste boueuse qui descendait sous terre. Leur soulagement fut évident dès lorsqu’ils ne furent plus en contact avec cette pluie glaciale. L’Envoleur mit pied à terre et se passa une main dans les cheveux, les ébouriffant au point de tirer un léger sourire amusé à Nwëlla. La jeune femme avait l’air d’un cadavre. Pâle, les traits tirés, c’est tout juste si elle tenait debout. Parce qu’il s’en rendit compte, Gil glissa un bras autour de sa taille. Il s’attendait à ce qu’elle le repousse, farouche guerrière qu’elle était ; il fut surprit de la sentir s’appuyer sur lui et la soutint ainsi jusqu’à ce qu’ils atteignent les premières maisons de la ville.

C’était la troisième fois qu’il mettait les pieds à Al-Poll. La première fois, Seren l’avait traîné jusqu’ici pour le libérer de son enseignement. Ou de sa tyrannie. Question de point de vue, encore et toujours… Pas un souvenir désagréable, mais pas franchement agréable non plus. La deuxième fois, il était venu seul. Un contrat, une cible aux formes exquises, une nuit torride et hop ! Une gorge tranchée, un salaire, en vous remerciant de blablabla… La routine. Cette troisième fois était bien plus originale et devait laisser dans sa mémoire un souvenir indélébile. Gil se souviendrait par exemple de cette femme qui s’apprêtait à rentrer chez elle, les bras chargés de linge qu’elle fit tomber en s’arrêtant, stupéfaite, pour les regarder passer. Il n’oublierait pas non plus le choc que lui fit un regard échangé avec son reflet dans une vitre. Enfer. On va nous prendre pour des clochards et nous jeter dehors à coups de pierres. Et bien non. Ce n’est pas tant la générosité des habitants de la cité qui joua en leur faveur, bien qu’on se contenta simplement de les regarder comme s’ils revenaient d’entre les morts ; mais le hasard, qui pourtant avait le don de s’acharner sur Gil avec un engouement pour le moins machiavélique, fit pour une fois bien les choses. C'est-à-dire qu’il décida de placer au même endroit et au même moment une personne que l’Envoleur connaissait bien – et pour cause, il l’avait vue à peine trois mois plus tôt…

- Irhuin !
- Gil ? Mais qu’est-ce tu fiches ici ? Et par le sabre de mes ancêtres, qu’est-ce qui t’est arrivé ?!


Irhuin.
Il ne savait pas ce que la Frontalière faisait hors de la Citadelle, mais bon sang, ce qu’il était content de la voir ! S’il n’avait à ce point manqué de forces, il lui aurait sauté au coup. Mais le fait est qu’il manquait de force, et que Naïs, elle, manquait de temps.

- J’ai besoin d’un Rêveur.
- Quoi, maintenant ?
- Ce serait pas mal, oui. Mon amie est blessée. Elle a besoin de soins.


Irhuin tiqua au mot « amie » mais ne risqua aucune moquerie, preuve qu’il devait bel et bien être dans un sale état. Elle se pencha sur Naïs, évalua rapidement la situation et pinça les lèvres. Gil pouvait presque voir les rouages de son cerveau tourner à vive allure tandis qu’elle réfléchissait à une solution. Plus vite, ma belle, songea-t-il en coulant un regard inquiet vers Naïs. L’Envoleuse n’avait plus repris connaissance depuis leur dernière halte et plus le temps passait, plus elle s’éloignait d’eux…

- Je connais quelqu’un qui devrait pouvoir vous aider, déclara enfin la Frontalière.

Je ne suis sûre de rien, brilla néanmoins son regard lorsqu’elle releva la tête pour croiser celui de Gil. Il cligna des paupières en retour – hausser les épaules était tout simplement au-dessus de ses forces. Qui ne tente rien n’a rien, et en l’occurrence, ils devaient tenter le tout pour le tout. Nul ne dit rien lorsqu’Irhuin disparut. Atal, Nwëlla, Juhen, tous remettaient la vie de Naïs entre les mains d’une femme qu’ils ne connaissaient pas mais qui était pourtant leur dernier espoir. Dans leur état, et même si Naïs passait la nuit, gagner Tintiane était impossible. Ils le feraient quand même. Pour elle. Tu m’as peut-être sauvé la vie deux fois, je te jure que si tu t’en sors, ma dette est payée ! Il sourit (mentalement) à cette pensée et serra plus fort la main de Nwëlla. La tête sur son épaule valide, elle marmonnait quelque chose à voix basse. Une prière ? Surprenant de la part d’une femme capable de trancher quelques têtes avant son petit-déjeuner, mais à ce moment précis, Gil était prêt à croire n’importe quoi.

Il croyait en Irhuin.
Il avait raison.

Au bout d’un temps qui leur sembla être une éternité, la Frontalière revint vers eux, accompagnée par un jeune homme au crâne rasé et qui semblait littéralement flotter dans sa tunique, trop grande pour lui. Un gamin. Ils avaient demandé un Rêveur, elle leur ramenait un gamin. De vingt ans, certes, mais quand même !

- Voici Moryqan Vlanuire, expliqua Irhuin, légèrement essoufflée. Il s’apprête à prononcer ses vœux.
- S’apprête ?
- C’est un bon élève,
fit lentement la Frontalière en regardant Gil dans les yeux. Il va réussir à la sauver.

Certitude ? Espoir fou ?
Gil n’eut pas la force de protester. Le souffle court, il regarda Moryqan grimper dans le chariot, se pencher sur Naïs, poser une main sur son front et fermer les yeux. Pragon Fliboise avait fait cela aussi, lorqu’il avait guéri Iselle après sa chute dans les escaliers. Ça va marcher, pensa-t-il en fermant les yeux. Ça doit marcher ! Une petite main se glissa dans la sienne. Ouvrant les yeux, Gil vit Seth, pâle comme un linge et les yeux rivés sur l’homme qui s’occupait de sa mère. La main de son oncle était posée sur son épaule, chaude et rassurante. Juhen avait passé un bras autour des épaules de Nwëlla, qui n’avait pas lâché Gil ; ils étaient tous là, liés par une amitié nouvelle et bien étrange, mais incroyablement belle et forte. Et ils priaient pour que leur amie ne les quitte pas. Pas maintenant. Pas comme ça. Tu m’entends, Naïs ? Tu dois vivre. Pour Seth, pour eux.

Pour moi.





*




- Nwëlla ?

L’Envoleuse fronça les sourcils et gémit dans son sommeil. Gil soupira puis la secoua un peu plus fort.

- Mmmh ?
- Réveille-toi.


Quelque chose, une urgence dans la voix de Gil, tira complètement la jeune femme de la léthargie dans laquelle elle s’était plongée, près d’une heure plus tôt. Elle s’était assoupie la tête entre les genoux, assise contre la roue boueuse du chariot, et grimaça lorsqu’il l’aida à se mettre debout. Indécise, elle scruta les yeux vairons de l’Envoleur en quête d’un indice. Bonne nouvelle ? Mauvaise nouvelle ?

- Est-ce que…

Ses yeux s’écarquillèrent alors que Gil la prenait dans ses bras pour la serrer contre lui. Et les larmes se mirent à rouler sur ses joues sans qu’elle puisse les retenir. Oh non, non, non… Non ! Enfouissant son visage dans l’épaule de son ami, elle pleura toutes les larmes de son corps. Naïs était morte. Sa meilleure amie était morte, et elle n’avait pas su l’en empêcher. Non, non…

- Du calme, murmura Gil au creux de son oreille. Tout va bien. Naïs va bien.

Quoi ?

Stupéfaite, Nwëlla leva son visage trempé vers lui. Elle ne comprenait pas. Ou plutôt, si : elle comprenait que Gil s’était payé sa tête ! De rage, ou bien de soulagement, elle serra le poing et le frappa en pleine mâchoire.

- Espèce de… de…
- Garde tes insultes pour elle,
grogna l’Envoleur en se frottant le menton. Cette tête de mule nous a fichu à tous une belle frousse, mais elle va s’en tirer.

Lui-même avait eu du mal à le croire. Lorsque l’apprenti Rêveur s’était tourné vers lui, deux heures après avoir fermé les yeux et posé les mains sur la blessée, il avait cru au pire. Parce qu’on croit toujours le pire dans ces cas-là. Et parfois, le pire arrive ; ça lui était bien arrivé, à lui… Mais pas cette fois. Au sourire fatigué du jeune homme au crâne rasé, Gil avait compris. Pourtant, c’est en voyant la poitrine de Naïs se soulever et s’abaisser dans un rythme tranquille que la certitude s’était fait jour en lui. Naïs vivait. Elle était hors de danger. Seth et elle dormaient à présent dans une chambre qu’Irhuin leur avait réservée à l’auberge voisine. Ne restait plus qu’à réveiller Nwëlla, que le sommeil avait vaincu, et qui pleurait à présent dans les bras d’Atal. Même Juhen avait les larmes aux yeux.

Alors, pourquoi pas lui ?

Gil tourna les talons et s’éloigna d’un pas que la fatigue rendait pesant. Il tourna au coin de la rue, emprunta un boyau qui descendait davantage sous la terre et se perdit dans un dédale de ruelles silencieuses et tortueuses. Ce n’est qu’au bout d’un long, très long moment qu’il céda enfin. Il vacilla, se rattrapa au mur d’une maison, et fondit en larmes. La tête appuyé contre son bras, il pleura comme il n’avait jamais pleuré depuis bien des années, jusqu’à ce qu’une main douce se pose sur son épaule.
Irhuin.

- Allez viens… souffla-t-elle.

Elle le ramena à l’auberge, le conduisit jusqu’à sa chambre, le borda même comme un enfant – mais ça, il ne s’en souviendrait pas, car il dormait déjà.

Il dormait enfin.




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MessageSujet: Re: Rage et sang [Gil]   Rage et sang [Gil] - Page 2 Icon_minitimeMar 02 Oct 2012, 23:09

≈≈≈ Naïs ≈≈≈

Je ne regrette rien…

Je vais probablement mourir. Dans la nuit. Ou peut-être demain. Mais je ne regrette pas une seule seconde de ma vie. Ni celle où pour la première fois avec Nwëlla, nous avons scellé notre amitié – pour toujours – alors que Sen et Giintu se chamaillaient pour décider quelle méthode était la meilleure pour séduire une femme et partager sa couche et disparaître ensuite pour ne laisser derrière soi que des souvenirs. Pas non plus celle où Juhen, dans un sérieux pétrin dont personne n’aurait idée que cela puisse exister tellement la situation tenait du ridicule lorsque nous sommes allés boire un verre à sa dette désormais payée grâce à moi. Le rire tonitruant du géant avait éclaté dans l’auberge des Vieux Loups. Et nos vie mêlées à jamais. Encore moins celle qui a mené Sahel, dont la mort récente reste gravée dans mon cœur comme un fabuleux sacrifice dont je ne lui serais jamais assez reconnaissante, au détour mon chemin – ou plutôt de mon lit. Pas même celle de ma rencontre avec Samoan, car finalement, je lui dois quand même énormément. Sans lui, Seth n’aurait jamais fait partie de mon existence – ni Morgan d’ailleurs. Et surtout pas celle de cette nuit fraîche non loin de Fériane où le feu de la fête mêlé à celui de mon désespoir par un curieux hasard j’ai croisé les pas de Gil. Et je ne sais pas trop pourquoi, ma vie me semble bien plus pétillante depuis que je t’ai entraîné dans mes aventures – ou mes mésaventures dois-je dire.

Ça non, je ne regrette rien…

… Alors, malgré tout je me bats. De toutes mes forces. Ou du moins avec celles qui me restent. Pour Seth. Pour eux. Pour toi, Gil.

Mon ange gardien. Mon prince à moi.

* *
*


Explosion

Explosion de douleur. Horrible. Simplement atroce. J’ai tout bonnement l’impression qu’une main invisible déchire mes entrailles lentement mais sûrement. Je veux crier. Mais je ne peux pas, ma voix me semble coincée au fond de ma gorge. Mon estomac joue à faire des petits nœuds avec mon foie et mes reins. J’ai mal. Si mal. Et personne ne semble le comprendre. Qu’est-ce que ces poignards qui me transpercent littéralement les poumons de l’intérieur. Ah ! Mes côtes ! J’en entends presque le craquement sourd. Je vais mourir. Et je ne veux pas. Je vais mourir. Et je ne dois pas. Mon cœur s’emballe si vite. Tellement vite que j’ai peur qu’il ne se désagrège lui aussi en mille morceaux irréparables. J’ai l’atroce sensation de manquer d’air. Chaque respiration me fait un mal de chien, comme si un poignard parfaitement aiguisé se plantait dans mon flanc. Bon sang ! Le temps me semble terriblement long. Que cet enfer cesse ! Pitié ! Arrêtez ça ! Je vais devenir folle. Je vais mourir. Je veux mourir.

Nouvelle explosion

Explosion de bien-être cette fois. Comment ? Mon corps me paraît encore bien engourdi mais la douleur disparaît progressivement – et très vite je dois dire. L’air pénètre à nouveau correctement dans mes poumons en feu. La main posée sur ma poitrine ne farfouille plus dans mon flanc et tant mieux, elle m’a assez torturé comme cela. Au contraire, elle me paraît si douce à présent. Suis-je morte ? Je ne dois pourtant pas car cet air si frais et bienfaiteur que j’inspire me semble bien réel lui. Et ces voix lointaines me paraissent étrangement familières. Une étrange chaleur m’envahit doucement. Ereintée, épuisée, je me laisse juste emporter par cette vague agréable. Elle m’ouvre tout droit le monde des rêves…

… Celui où je suis vivante. Et bien vivante. Incroyablement vivante.

* *
*


Est-ce le doux ronflement de Seth profondément endormi tout contre moi qui me réveille ou alors la douce chaleur des rayons d’un soleil matinal ? Je n’en sais trop rien. Tout ce que je suis capable de comprendre pour l’instant, c’est l’absence de douleur. Elle s’est comme envolée. Plus rien. Comme s’il ne s’était jamais rien passé. Une bonne odeur de linge propre envahit la pièce créant un monde de douceur. Prudemment, je m’étire lentement sous la tiédeur confortable des draps. Si je ne me souvenais pas aussi clairement des évènements de ces derniers jours, j’en aurais presque l’impression de commencer une journée ordinaire, comme une autre, pétant la forme à vrai dire. Je soupire d’aise. Heureuse.

La porte de la chambre grince sinistrement tandis que j’ouvre les yeux au même moment sur un éternel vide. Et je crois bien que c’est ce qui incite la visiteuse, de sa démarche souple et assurée de s’introduire dans la pièce pour s’asseoir sur le rebord du lit. Douce, presque chuchotement pour ne pas réveiller Seth, sa voix ne me rappelle strictement rien. Haussant un sourcil, j’ai tout le mal du monde à dissimuler ma surprise.

- « Ca alors, tu es réveillée ! Il n’y a pas à dire, tu as bien meilleure mine que quand tu es arrivée hier ! »

C’est qui cette femme ? Elle a sûrement dû remarquer mon expression de franche incrédulité car elle ne tarde pas à rompre de nouveau le silence.

- « Tes amis sont en bas ! Elinor leur a préparé un petit-déjeuner de champion ! »
- « On… Je… Je suis où là ? »
- « A Al Poll. Et ici, c’est l’auberge du Vieux Pont »
- « Et, tu es ? »
- « Irhuin. Une vieille connaissance de Gil… »

Les idées s’ordonnent doucement dans ma tête. Al Poll. Déjà. Je devais vraiment me trouver dans un sale état pour que Nwëlla décide de finir la route d’une traite et en une journée. Je suis vivante, dans un lit avec mon fils. Nwëlla, Atal, Juhen et Gil semblent tous aller bien selon les dires de la femme. Voilà ce que j’appelle une belle victoire ma parole ! Mais une question subsiste cependant. Tintiane est loin et qu’un rêveur fut si loin de sa confrérie m’étonne quelque peu.

- « Est-ce un Rêveur qui… ? »
- « Qui ? Moryqane ? Oui. Ou plutôt un apprenti rêveur très prometteur qui doit d’ailleurs très bientôt prononcer ses vœux. A l’heure qu’il est, il est déjà en route pour Tintiane ! Tu as de la chance qu’il ait encore été dans le coin hier soir… »

Sans ça je n’aurais pas donné très cher de ma peau oui. C’est certain. Je hoche la tête. J’aurais bien aimé pouvoir le remercier de vive voix, mais il est parti. Alors tant pis ! Un jour, peut-être, songerais-je à faire un saut à Tintiane pour le remercier. Mais pour l’instant, j’ai quelque chose de bien plus important à faire : profiter de la vie. Elle est bien trop courte pour être gâchée inutilement !

* *
*


- « Nwëlla »

Je soupire.

- « Nwëlla, je vais bien ! Je t’assures… »
- « Espèce de… Tu nous a foutu une de ces trouilles ! Tu te rends compte ! Qu’est-ce qu’on aurait fait si tu étais morte hein ? »

Ah, mais ce n’est pas vrai ! Elle ne va jamais me laisser parler. Trop occupé à déverser sur moi toute l’angoisse qu’elle avait accumulé ces derniers jours, Nwëlla ne m’écoutes même pas. Avec un sourire amusé, je défais les draps et m’en extirpe doucement. Je voudrais tellement me dégourdir un peu les jambes, mais c’est sans compter la poigne forte de l’Envoleuse qui me retiens au lit.

- « Non ! Mais où tu crois aller comme ça ? »
- « Nwëlla, je vais bien ! Je peux me lever maintenant ? »
- « Non ! Moryqane s’arracherait les cheveux à t’entendre… »

Je retiens de justesse un gémissement de frustration.

- « Irhuin m’a déjà obligé à rester clouée dans ce fichu lit. Vous profitez tous de la journée tous ensemble alors que moi je m’embête comme un rat mort toute seule ici ! Soit gentille s’il te plaît… »

* *
*


Finalement, j’ai réussi à échapper à la vigilance presque maniaque de Nwëlla et Irhuin. Les deux réunies sont vraiment plus impitoyables encore qu’une bande Raï enragés. Elle se sont relayées à mon chevet tandis que les rires de Seth, Atal et Juhen remplissaient la petite auberge. Et puis, comme un chat à l’affût qui attend le bon moment pour attraper sa souris, je me suis montrée patiente – vraiment très patiente – avant, au beau milieu de la nuit, tandis que Seth dormait d’un sommeil profond et imperturbable dans le grand lit à côté de moi, épuisé, je me suis glissée silencieusement hors de ma prison, profitant de la nuit et que tout le monde dorme à point fermé.

Alors, tandis que les premiers rayons d’un nouveau jour se lève tranquillement je soupire d’aise en repliant mes jambes contre moi. Je viens de passer la moitié de la nuit assise sur le rebord de la fenêtre de la chambre de Gil qui n’avait pas ouvert l’œil de toute la journée précédente, trop épuisé pour cela. Il n’avait en fait même rien entendu lorsque la porte avait grincée timidement. Personne n’avais osé le réveiller tellement il dormait bien. Au moins, ici, j’avais eu la paix. Même si je ne doute pas une seule seconde de l’incroyable sermon qui me serait tombé sur le coin du nez pour avoir risqué bêtement ma vie s’il avait été réveillé.

Un oisillon de bien joyeuse humeur en cette nouvelle journée se pose sur mon rebord de fenêtre. Je souris en percevant un léger soupir. Gil ! Enfin, il se réveille. J’ose imaginer sa surprise de me voir là, dans sa chambre, comme une apparition. Une apparition souriant de toutes ses dents. Une apparition au sourire lumineux.

- « Enfin tu te réveille ‘spèce de marmotte ! »




[T'as réussi à me faire pleurer aussi avec ton dernier post x)]
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Giliwyn SangreLune
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MessageSujet: Re: Rage et sang [Gil]   Rage et sang [Gil] - Page 2 Icon_minitimeMer 03 Oct 2012, 13:05

Il réalisa bien avant d’ouvrir les yeux qu’une autre personne se trouvait dans la chambre. Une respiration légère, un regard fixé sur lui… Au fil du temps, percevoir ce genre de détail infime était devenu une habitude. Un réflexe parmi tant d’autres, mais qui lui avait sauvé la vie plus d’une fois. Il se garda donc bien d’ouvrir les yeux et décida d’attendre encore un peu pour déterminer la mesure de ce nouveau danger quand une voix brisa le silence. Une voix un peu rauque, fichtrement moqueuse et incroyablement réelle. Naïs. Pour le coup, Gil ouvrit les yeux et son regard se posa instantanément sur la jeune femme, perchée avec nonchalance sur le rebord de la fenêtre. Comment décrire la joie qui s’empara de lui à cet instant précis ? Une bouffée de bonheur tout chaud, une émotion roulée en boule dans sa gorge, une plénitude parfaite : il avait réussi à tenir sa promesse…

- Tu sais ce qu’elle te dit, la marmotte ? marmonna-t-il en refermant des yeux brillants.

Bon sang, ce que je suis content de te voir, là, sur ma fenêtre… Content de te voir sourire, parler, te moquer de moi… Content de te voir vivre. La vie te va bien. On dirait un vrai rayon de soleil. Enfer, et voilà que je me mets à faire de la poésie…

Juste pour être sûr qu’il ne rêvait pas, il rouvrit un œil. Naïs était toujours là, rayonnante, lumineuse ; son corps portait les marques de l’épreuve qu’elle avait enduré et ses traits émaciés attestaient tout le temps qu’il allait lui falloir pour s’en remettre, mais si elle était capable de défier l’autorité de Nwëlla, qu’on entendait crier à l’étage, pour venir se cacher dans sa chambre, c’est qu’elle allait bien. Mission accomplie. L’une des plus étranges et mouvementées qu’il lui ait été donné de vivre, mais si l’on comparait la chose à une course de vitesse, il était dans la phase waah je récupère et c’était trop bieeeen et houlà j’ai faim mais waaah je m’en fiche chui trop bieeeeen, phase qui succède à chaque effort considérable. Il avait accompli bien plus qu’une simple course. Affronter le temps, repousser la mort, c’était du grand art ; il faudrait qu’il raconte ça à Kaünis, un jour. Si elle le croyait.

- Dis-donc…
- Naïs !!


Gil soupira alors que les pas de Nwëlla résonnaient dans le couloir. D’ici trente secondes, elle allait débarquer dans la chambre et tous deux allaient se prendre le plus beau savon de leur vie. Parce qu’il n’en doutait pas, il rejeta ses couvertures, se dirigea vers la fenêtre, pris Naïs dans ses bras – non sans déposer une bise légère sur le sommet de son crâne – et la déposa dans son lit. Le comité de surveillance débarqua dans la pièce au moment où il rabattait la couverture sur la jeune femme et il se redressa avec un petit air d’innocence qu’il tenait de Seth. Il se souvenait que lorsque l’enfant offrait ce genre de regard à Nwëlla, celle-ci était incapable de mettre ses menaces à exécution.

- Naïs ! rugit l’Envoleuse en ouvrant brutalement la porte. Tu as intérêt à remonter immédiatement dans ta chambre parce que je… oh !... heu…

Incroyable ! Nwëlla rougissait ! Elle se tortillait, même, tant et si bien que Gil se mit à douter de l’étrange pouvoir du regard de chien battu sur la guerrière. C’était bien la première fois qu’elle semblait à court de mots et il devait avouer que c’était presque effrayant ; on aurait dit une gamine en pâmoison… A cet instant-là, Irhuin fit irruption dans la pièce, derrière Nwëlla, et Gil leva les yeux au ciel. Génial. Ne manquait plus qu’une Frontalière plus agaçante qu’un Thül pour que son plan Regard Qui Tue tombe à l’eau. Cette fois, il allait bel et bien avoir du mal à défendre Naïs. Il pouvait tenir tête à une furie mais pas à deux ! Pourtant, la deuxième furie parut aussi surprise que la première et marqua un temps d’arrêt. Avant d’éclater de rire. Là, Gil eut carrément la trouille, jusqu’à ce qu’Irhuin reprenne son souffle et le désigne du doigt :

- Et bien, on peut dire que tu ne perds pas ton temps ! Dis-moi, Giliwyn, depuis quand le sexe fait-il partie du programme de guérison des malades ?

Sans comprendre, il baissa les yeux et… oh. Constata (enfin !) qu’il était nu. Compte-tenu de la présence de Naïs dans son lit – une Naïs qui souriait bêtement, comme au lendemain d’une nuit particulièrement satisfaisante – et de la rougeur qui avait envahi le visage de Nwëlla, Gil comprit enfin à quelle conclusion en étaient arrivées les deux jeunes femmes. Pour le coup, il reconnaissait la supériorité de leur capacité d’analyse, bien que la conclusion qu’elles tiraient n’était évidemment pas la bonne. Evidemment. Evidemment, quoi !

- J’expérimente, dit-il néanmoins dans un magnifique sourire destiné à renvoyer la balle à Irhuin. Plus sportif que la méthode des Rêveurs, mais tout aussi efficace ! D’ailleurs, si vous n’y voyez pas d’inconvénient, mesdames…

Il se planta devant elle et, d’une pression de la main sur leurs fronts, les fit reculer dans le couloir.

- … j’ai une expérience à poursuivre !

Et sans leur laisser le temps d’ajouter le moindre commentaire, il leur ferma la porte au nez. Le rire d’Irhuin lui parvint et lui tira un profond soupir. Les femmes… Dans son dos, Naïs soupira à son tour, et il se tourna alors vers elle. Un long moment, ils observèrent le silence ; il la regardait pensivement et elle pensait sans le regarder vraiment. Elle n’en avait pas besoin. Ses autres sens, incroyablement aiguisés, lui faisaient voir plus loin que le bout de son nez, ce qui était rare, même pour les personnes voyantes. Il en était la preuve vivante… Délaissant la porte contre laquelle il s’était appuyé, l’Envoleur traversa lentement la pièce. Il ne faisait aucun bruit mais elle le suivit des yeux comme si elle le voyait à travers eux. Incroyable tête de mule, songea-t-il en s’asseyant au bord du lit. Toujours sans parole, il effleura sa joue et ramena une mèche rebelle derrière son oreille. Puis glissa la main derrière sa nuque, approcha son visage du sien et l’embrassa. Doucement.
Très doucement.

Elle était fragile. Extrêmement forte à l’intérieur, elle l’avait assez prouvé au cours des deux derniers jours, mais cette terrible expérience l’avait atteinte bien plus qu’elle ne semblait le penser ; museler son caractère et sa pétillance le temps de se remettre n’allait pas être simple. Mais qui, mieux que lui, pouvait le comprendre ? Naïs frissonna dans ses bras et il l’allongea délicatement, comme une princesse. Une princesse dont il prit soin et qu’il aima avec une douceur étonnante – il la découvrit en même temps qu’elle et se surprit même à l’apprécier. Le loup n’était pas si sauvage, en fin de compte…




*



Juhen, Atal, Nwëlla et Irhuin discutaient autour d’une table, riant parfois à la lumière de leur victoire plus qu’à celle du jour qui les éclairait à travers les fenêtres de la salle. Tous avaient les traits encore empreints de fatigue, mais une joie sans nom brûlait dans leurs yeux et, tranquilles, ils savouraient un bon repas en échangeant à propos de tout et de rien. L’insouciance vibrait dans leur voix… et la moquerie dans leurs prunelles lorsqu’ils s’interrompirent pour accueillir Gil ; mais c’était une douce moquerie, de celle que seuls les vrais amis partagent sans jamais s’en offusquer, et l’Envoleur refléta leurs sourires en s’asseyant sur la chaise que Juhen tira pour lui à ses côtés.

- Bien récupéré ? s’enquit le Thül, l’air de rien.
- Mieux que toi, c’est sûr !

Le géant éclata de rire et abattit sa main en une large claque dans le dos de Gil, qui fort heureusement n’avait pas encore commencé à manger. Croisant le regard ironique d’Irhuin, il toussa donc pour la forme et se servit une large part de viande. Atal remplit son verre de vin et pendant quelques secondes, Nwëlla tenta d’aplatir ses cheveux en bataille avant de se résigner, un sourire complice au coin des lèvres. Gil hocha imperceptiblement la tête. Tous savaient ce que Naïs et lui avaient fait – pour Nwëlla et Irhuin, c’était même évident – mais aucun n’avait de reproches à lui tenir, pas même Atal. Ils n’en avaient pas le motif. Depuis le début de cette aventure, l’étrange rapport qu’il entretenait avec Naïs n’avait surpris personne ; ils avaient confiance en Naïs, raison pour laquelle ils avaient accepté Gil dans leur groupe sans autre formes que quelques coups de poings de la part de Juhen, et ils avaient appris à lui faire confiance, à lui. En d’autres termes, ils formaient une équipe, réalisa-t-il alors que les conversations reprenaient bon train.

Une équipe qu’il n’allait pas tarder à quitter.

Mais ça aussi, ils le savaient. Seth également. En descendant manger, il avait croisé l’enfant dans le couloir et lui avait indiqué sa chambre ; celui-ci avait rebroussé chemin pour serrer Gil dans ses bras, sans aucune raison, avant d’aller retrouver sa mère. Il avait pressenti que l’Envoleur allait s’en aller. C’était comme ça. Sa mission ici était terminée, il devait songer à retrouver Kaünis pour la tester. C’est ce qu’il dit à Irhuin tout en harnachant Pic.

- Je sais.

Il la regarda d’un air surpris. Auparavant venimeuse, acide dès lors qu’il s’agissait de responsabilité de sa part, elle était à présent plus calme que la surface du lac Chen. La Frontalière avait fini par accepter ce qu’il était – mieux, elle comprenait qu’il valait plus qu’une fiente de Raï. Entre eux aussi, une nouvelle amitié se dessinait, et cette fois, Gil pensait vraiment ce qu’il disait lorsqu’il lui promit de venir la voir à la Citadelle. Maintenant qu’il se savait capable de tenir ses promesses, il s’en donnait à cœur joie !

- Mais tu n’as pas intérêt à partir sans leur dire au-revoir, Cabochard.

Ah. Si Irhuin avait été capable de le griller, c’est que les autres en avaient fait autant. Gil soupira donc et délaissa son cheval pour gagner sa chambre. Il y trouva Naïs, Nwëlla, Seth et Juhen en grande discussion à propos des étrangetés d’Al-Poll, et resta même un petit moment à les écouter, appuyé contre le mur du couloir. Jusqu’à ce qu’il se décide enfin. Pénétrant dans la pièce, il s’arrêta près du lit de Naïs, ouvrit la bouche et la referma, ne trouvant pas ses mots ; ce fut Juhen qui parla à sa place.

- Tu t’en vas.
- … ouais.
- Je le savais. Al-Poll est trop étouffante pour des guerriers de notre trempe, pas vrai ?
- Il y a de ça, oui,
biaisa Gil avant d’asséner une claque dans le dos du géant. Sois sage, espèce de face de Raï. Je ne vais plus être là pour t’apprendre les bonnes manières alors je compte sur toi pour continuer de progresser !
- C’est ça, avorton. Et toi, emmène ta copine Frontalière avec toi. J’aime pas comment elle me regarde.
- Elle ne te regarde pas, elle te drague. Tu devrais te méfier.
- Quoi ??


Abasourdi, catastrophé, Juhen gémit et se prit la tête entre les mains sous la mine hilare de ses compagnons. Lorsqu’il s’en rendit compte, il fusilla Gil du regard.

- Tu dis ça pour me faire marcher…
- Et tu marches. Nwëlla…


L’Envoleuse l’interrompit en le prenant dans ses bras et en le serrant à lui en briser les côtes.

- Tais-toi, souffla-t-elle à son oreille. Ça vaut mieux. Pas envie de pleurer.
- Je préfère encore quand tu rougis,
dit-il sur le même ton.

Elle lui écrasa le pied.

- Tu reviendras ? demanda Seth lorsque Gil s’assit à côté de lui sur le lit.
- Pourquoi pas ? Ta mère a le don de se mettre dans des situations pas croyables, alors je pense que oui, on aura l’occasion de se revoir…

Il lui ébouriffa les cheveux et tourna la tête vers Naïs. Elle était restée silencieuse, mais ça ne voulait pas dire grand-chose, avec elle. Saisissant sa main, il la posa sur son cœur et fit la même chose avec elle. Echange parfait, battements de vie, promesse.

On se reverra, princesse…

Murmure-pensée, pensée-murmure. Il ne s’en alla que lorsqu’il eut la certitude qu’elle l’avait compris. En chemin vers l’écurie, il croisa Atal ; en réalité, celui-ci l’attendait, appuyé contre une barrière, bras croisés sur la poitrine. Il ne disait rien, se contentant d’observer Gil fixer ses derniers sacs à la selle de Pic ; là, il ressemblait beaucoup à Naïs.

- Bon, et bien… j’y vais.

Il tendit la main au guerrier, qui la serra fermement.

- Merci pour tout, Gil, et surtout pour elle.
- Pas de quoi…
- Ouais. Je sais.


Sourire, connivence, évidence.
Gil hocha la tête, puis se détourna d’Atal et se mit en selle. Pic s’élança au galop, dépassa l’auberge à toute allure et remonta vers la surface ; le portier eut tout juste le temps d’ouvrir la porte sur son passage, pestant contre ces jeunes qui ne savent pas vivre. Gil savait, lui. Voilà pourquoi il acceptait la fin de cette aventure pour en entamer une autre ; la vie était une succession d’aventures, et petit à petit, il comprenait qu’il pouvait être heureux en se contentant de les vivre, tout simplement. Rage, sang, pluie et boue.

Et soleil, songea-t-il émergeant de la cité à la faveur du petit jour.


[Bon, et ben voilà ; à la manière de Giln, je file un peu, je le reconnais, mais à charge de revanche (je compte bien remettre ça très vite !!), et puis mon concours approchant, je tenais à terminer cette formidable aventure aussi bien qu'elle le méritait. J'espère que ça t'a plu - moi, j'ai adoré ! Merci ma belle... et à bientôt !]

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