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 Dans la flamme de mon coeur et la chaleur du désert... [Gil]

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MessageSujet: Re: Dans la flamme de mon coeur et la chaleur du désert... [Gil]   Dans la flamme de mon coeur et la chaleur du désert... [Gil] - Page 2 Icon_minitimeJeu 29 Nov 2012, 16:38

≈≈≈ Naïs ≈≈≈

… Et c’est presque si je soupire littéralement de soulagement lorsque j’entends Pic hennir de douleur. Alors que le vaillant cheval entraîne ses cavaliers dans sa chute, il ne me faut pas une seconde de plus pour freiner Océan dans son élan, et ce malgré nos poursuivants qui se rapprochent dangereusement. Mon cœur bat encore la chamade au rythme du galop des chevaux dont les sabots résonnent sourdement sur les sables du désert. Seren et Gil semblent n’avoir rien de casser, eux, mais désormais nous n’avons plus qu’un seul cheval pour trois : jamais nous ne tiendrons la distance. Et Seren, se relevant tout juste, l’a compris aussi. Je déglutis un instant à l’idée de laisser l’Envoleur au prise avec une horde qui ne tarderait pas à déferler sur lui, mais sitôt Gil accroché à ma taille, je lance Océan au galop et la course effrénée reprend.

Désormais momentanément à l’abri des tirs, nous ne tardons pas à atteindre les contreforts de la forteresse maudite. Cependant, au moment même où Océan se cabra je perçois le sifflement mortel d’un trait que Gil repère aussitôt puisque m’entraînant dans un réflexe formidable nous plongeons tous les deux avant de se faire embrocher par un engin qui continue sa course sur quelques mètres avant de s’écraser dans le sable un peu plus loin. Entendue sur le dos, le souffle court et Gil à quelques centimètres de moi, je n’ose plus bouger attendant le moment où un autre pieu surgirait littéralement du néant.

Le poids de Gil, tout contre moi, s’allège soudainement, mais il me faut tout de même quelques secondes incroyablement longues pour comprendre pleinement la situation dramatique dans laquelle il se trouve. Mon cœur manquant littéralement un battement, mon sang se glace d’effroi : le Mentaï est en train d’étouffer Gil ! Rapidement muée par une formidable poussée d’adrénaline, mon pied trouve le chemin de la cheville du colosse qui menace de briser Gil purement et simplement. L’articulation explose comme si elle n’avait été faite que de verre tandis que le hurlement emprunt de rage et de douleur de l’homme ne parvient pas à étouffer le craquement sinistre de l’os endommagé. Profitant de sa faiblesse, je le fauche sans plus tergiverser. Défiant absolument toute loi physique et temporelle au même rythme que les battements effrénés de mon cœur, j’ai juste le temps d’amortir la chute de Gil puis de bondir sur le dessinateur avec une rapidité frôlant l’irréel. Dans une vague de colère pure, je bloque le bras du colosse avec mon genou, lui interdisant ainsi toute possibilité de se relever, et, laissant pulser ma greffe au plus profond de moi avec une force d’une puissance particulièrement rare, je lui transperce le cœur de mes griffes, le lui arrachant presque entièrement. Alors qu’une goutte de sang gicle sur mon visage, je réalise qu’il était moins une, encore une fois. Cependant, si le Mentaï s’en est pris à Gil, il ne s’est pas méfié de moi et il vient d’en payer les frais : personne ne s’en prend jamais à ceux que j’aime. Tous ceux qui avaient essayés sont morts désormais et celui-là n’échappe pas à la règle.

Avec un éclat sûrement étrange dans mon regard d’ambre aveugle, je me glisse dans un souffle de vent auprès de Gil, une fois seulement que je suis complètement certaine que nous ne risquons pas de nous faire canarder – me transformer en passoire est bien la dernière des choses que je souhaite. Saisissant le visage de Gil de ma main droite, pour la simple et bonne raison que l’est littéralement trempée du sang du Mentaï – voilà qui promet de beaux jours auprès du Conseil – je soupire de soulagement en constatant sa respiration presque régulière. Quelle frayeur alors ! Car encore une fois, j’ai eu peur. Peur pour Gil. Peur de le perdre et rien que cette idée me donne des frissons. Et c’est par miracle que ma voix ne tremble pas autant en s’élevant dans l’air.

- « Par la sainte culotte de l’empereur, cela va finir par me tuer d’avoir si peur pour toi à chaque fois ! »

Pressant légèrement mes lèvres sur son front, je me relève presque fébrilement mais on ne peut plus prête à affronter avec détermination la rage et la folie de Léandre Vil’Vishyard : pour sûr, j’ai au moins autant de colère et de dégoût à son égard alors si une chose reste claire dans mon esprit c’est bien la certitude qu’il ne verra pas le soleil se coucher aujourd’hui. Aidant Gil à se relever doucement, je ne lâche toutefois pas sa main. La forteresse se dresse devant nous et nous nous apprêtons à pénétrer dans la gueule d’un monstre plus redoutable encore que celui que nous avions affronté dans les montagnes du nord. Main dans la main, nous allons l’affronter ensemble, car après tout, fous que nous sommes, il n’est pas si effrayant que cela ce monstre. Cependant, une pensée me traverse l’esprit aussi rapidement qu’un éclair en plein ciel.

- « Une fois que l’on sera à l’intérieur, promets-moi d’être prudent ! »

* *
*


Juchée sur un plateau rocheux, nous surplombons enfin la forteresse. La garde rapprochée de Vil’Vishyard est certainement bien loin de se douter d’une invasion venue du ciel. Et sûrement moins encore à une infiltration tout court. À l’ombre des murailles imposantes de la citadelle, qui oserait s’attaquer à un aristocrate sanguinaire ? Évidemment, seuls deux fous, dominant la forteresse au sommet de leur petite montagne, le peuvent bravant la mort comme s’il s’agissait d’une simple routine. Portée par mon élan, je m’élance dans le vide qui sépare la côte rocheuse des murs de la citadelle, suivie de près par Gil. Tandis que je me réceptionne dans une roulade élégante sur le chemin de ronde, je me rends soudainement compte du bon dieu qui doit veiller au-dessus nos têtes : la sentinelle postée quelques mètres plus loin semble, en effet, ne semble pas nous avoir aperçu. Parfaitement silencieuse, telle une tigresse pistant sa proie, je me glisse derrière l’homme et l’égorge avec un coup de griffe bien placé tandis qu’il s’effondre sans cri, étouffé par son propre sang.

Les traits impassibles et fermés, je laisse mon instinct me guider à l’intérieur de l’immense tour et dévaler les escaliers en vis. Le son d’une lourde cloche, tintant à en faire se craqueler les murs du château, m’informe que la sentinelle a été trouvée : en fin de compte, nous n’aurons pas bénéficié longtemps de l’effet de surprise, l’alerte est donnée. Je jure entre mes dents alors que nos premiers assaillants nous encerclent, des impériaux. Me coulant entre deux lames meurtrières, je ne doute pas un seul instant que les Mentaïs ne tarderont pas à venir leur prêter main-forte. À une vitesse hallucinante, je dévie un coup destiné à m’éventrer, purement et simplement tandis qu’un autre soldat gît désormais au sol avec un trou béant dans la gorge. Doucement mais sûrement, je me fraies ainsi un passage dans les couloirs, plus redoutable qu’une panthère, défiant les morsures de l’acier et la mort joueuse. Étincelle de Chaos pure. Mais…

… Le souffle d’une explosion d’une violence inouïe me déséquilibre littéralement. Mes oreilles sifflent. Je vacille. Cette fois, c’est la panique générale. Les impériaux cherchent à s’enfuir pour échapper au carnage que promettent les attaques des Mentaïs. Car ce n’est que le début d’une longue série d’explosions. Eux alors, ils ont toujours le chic de soigner leurs entrées – et aujourd’hui en particulier ! Peu à peu, les murs autour de moi volent en éclats, brisés aussi simplement que du verre par les dessins à répétitions de Mentaïs surentraînés pour tuer. Mais plus que les murs se désagrégeant littéralement, c’est surtout le tremblement sourd et puissant se propageant lentement sous nos pieds qui m’inquiète réellement pour la simple et bonne raison que d’ici peu nous ferions une sacrée chute. Je n’ose imaginer l’état dans lequel nous arriverions en bas – pas brillant, c’est certain. Poussée l’adrénaline, je bondis, tâchant d’éviter tant bien que mal les projectiles qui fusent de partout. Réunissant toutes mes forces pour échapper à l’enfer qui s’ouvre sous mes pieds, je ne suis toutefois pas assez rapide. Aucun son ne sort de ma bouche lorsque je sens la gravité m’attirer irrémédiablement vers le bas. Je vais finir ensevelie sous un tas de roche…

… Aujourd’hui, je vais mourir alors pourquoi cela me fait sourire ?
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Giliwyn SangreLune
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Giliwyn SangreLune


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MessageSujet: Re: Dans la flamme de mon coeur et la chaleur du désert... [Gil]   Dans la flamme de mon coeur et la chaleur du désert... [Gil] - Page 2 Icon_minitimeJeu 29 Nov 2012, 20:52

Gil ne vit pas Naïs réagir. Un voile obscure et mortel s’était abattu devant ses yeux tandis qu’il luttait pour se dégager de l’étreinte de fer qui lui broyait la gorge avec une force implacable. Il n’y arrivait pas. Il n’y arrivait tout simplement pas et, plus le temps passait, moins il trouvait la force de se débattre. Ses jambes s’agitaient déjà plus faiblement et son visage avait prit une teinte violacée. Mais avant même que l’idée de mort ne s’insinue froidement dans son esprit, il se retrouva à genoux dans le sable, l’air pénétrant à nouveau dans ses poumons en passant douloureusement pas sa gorge en feu. Une main sur la poitrine, Gil toussa, crachant du sable et un peu de sang – il s’était mordu la langue lorsque le géant l’avait surprit. Aïe. Ça fait mal. Il avait l’impression d’avoir du papier de verre dans la gorge. Les larmes aux yeux, il releva la tête pour chercher Naïs du regard…

A califourchon sur leur adversaire, elle plaqua son poing contre la poitrine de ce dernier. Gil n’eut pas le temps de froncer les sourcils. Il écarquillait déjà les yeux en voyant les griffes d’acier jaillir des phalanges de la jeune femme pour s’enfoncer dans la chair et les organes du colosse. Naïs ne fut pas tendre et, lorsqu’elle se redressa, elle donnait l’impression de feuler comme une panthère. C’est une panthère, songea-t-il en la voyant essuyer distraitement le sang qui maculait ses vêtements. Et, une fois de plus, il lui devait une fière chandelle… Comme elle s’approchait de lui, il ouvrit la bouche pour lancer une remarque ironique sur le fait qu’elle passait la moitié de son temps à lui sauver la vie, mais seul un grondement rauque s’échappa de ses lèvres. Il dut se racler la gorge à trois reprises avant d’être en mesure d’articuler quelques mots, et encore, il avait l’impression que chacun d’entre eux lui arrachait littéralement les cordes vocales. Bien sûr, Naïs n’avait pas attendu qu’il retrouve la parole pour en placer une.

- Par la sainte culotte de l’Empereur, cela va finir par me tuer d’avoir si peur pour toi à chaque fois !
- Ouais,
dit-il d’une voix cassée en acceptant son aide pour se relever. Moi aussi, je vais finir par y laisser la peau, à force…

Baissant machinalement les yeux vers le corps du colosse, Gil détourna les yeux. il n’avait jamais été particulièrement sensible ni au sang ni à la mort, pour l’avoir donnée plus d’une fois, mais le carnage n’était vraiment pas beau à voir. On croirait sans peine qu’une bête sauvage était passée par là. En un sens, c’était le cas. Nouant ses doigts à ceux de Naïs, Gil regarda les mains de la jeune femme. C’était la première fois qu’il la voyait utiliser sa greffe et, de la même façon que Libertée l’avait épatée avec ses cheveux, il était fascinée par la beauté sauvage qui se dégageait de cette création. Les Mentaïs étaient vraiment des êtres exceptionnels pour avoir réussi le pari fou de reproduire l’étonnante capacité du Rentaï. Sans eux, il était évident que l’équilibre ne serait pas complètement assuré entre l’Harmonie et le Chaos. Avantagés par un détail aussi important que la greffe, les Marchombres chasseraient les Mercenaires, et non pas l’inverse…

Peut-être aurait-il mieux valut qu’il refuse la proposition de Naïs. Rien ne l’opposait aux Mentaïs, même si ces derniers entretenaient un rapport étroit avec l’Ordre – pas plus qu’il n’avait de différend particulier avec les dessinateurs de l’Empire. Il n’était pas sensible à ce pouvoir de l’Imagination ; moins il y avait affaire, mieux il se portait. Comme avec les enfants… S’il analysait les événements qui s’étaient enchaînés depuis plusieurs mois, tous étaient reliés à un seul et unique moment : cet instant où il avait donné son accord à une parfaite inconnue. Qui partageait sa couche, certes, et qui ne le laissait pas indifférent, d’accord – mais qui lui demandait une chose dont à l’époque, il avait ignoré les conséquences. Elles n’avaient pas tardé à lui tomber sur le coin du nez. D’abord par la voix du Conseil, puis par la mise à prix de sa tête et par l’envoi d’un assassin à ses trousses. Un assassin qui, visiblement, avait une affaire personnelle à résoudre puisqu’il prenait un malin plaisir à s’amuser avec sa cible. La mort affreuse d’Iselle en était la preuve. Et à présent, cette singulière mascarade qui l’envoyait risquer sa vie au fin fond du Désert des Murmures…

Oui, il avait toutes les raisons du monde de regretter d’avoir engagé sa parole, cette nuit-là, personne n’aurait pu lui en vouloir. Mais lorsque son regard tomba sur Naïs, couverte du sang d’un homme qu’elle venait de tuer d’un méchant coup de griffe, puis sur leurs mains liées, Gil esquissa un demi-sourire. Il n’avait absolument aucun regret. Et il n’avait pas peur d’affronter l’homme qui vivait dans cette gigantesque forteresse dont les hauts murs s’élançaient vers un ciel bleu azur. Au contraire, alors que ses poumons se gonflaient d’air chaud il se sentait terriblement vivant et l’envie d’en découdre, une bonne fois pour toute, avec un homme qui n’était pas étranger aux sombres malheurs du passé de Naïs, l’emplissait tout entier. Près de lui, Naïs dut sentir sa détermination :

- Une fois que l’on sera à l’intérieur, promets-moi d’être prudent !
- Tant que tu es avec moi, je ne risque pas grand-chose…


…et toi non plus, Princesse !



*




Debout dans le sable, Seren dégageait une telle impression d’inflexibilité que les hommes qui chargeaient dans sa direction eurent tous un bref instant d’hésitation. Comme un homme pouvait-il espérer l’emporter, seul contre vingt des meilleurs soldats de l’Empereur, dont deux Mentaïs et deux Mercenaires du Chaos ? Plus que de la présomption, c’était de la pure folie, et aucun des soldats qui galopaient droit vers l’homme qui les attendait n’envisagèrent un seul instant qu’il puisse s’agir d’autre chose qu’un fou. Ils commirent une erreur terrible mais lorsqu’ils s’en rendirent compte, il était bien trop tard…

Pas un seul éclat de frayeur n’illuminait les yeux gris acier de Seren lorsqu’il tira de son dos la longue épée qui, en vingt-trois ans, ne l’avait jamais quitté. Forgée dans un métal rare et aussi précieux que solide, elle n’était pas plus large que le bras d’un enfant mais possédait une qualité exceptionnelle : la lame coulissait d’un côté à l’autre de la garde, dont la fusée n’était pas très épaisse, et ce à la guise de celui qui la tenait en main ; l’effet de surprise était garanti et surtout, il fallait être fort bien entraîné pour pouvoir manier une telle arme. Le marchand qui avait vendu celle-ci à Seren lui avait affirmé que ses trois derniers possesseurs étaient morts en se blessant eux-mêmes avec l’épée. C’est ce qui avait convaincu l’Envoleur de l’acheter. De longs mois lui avaient été nécessaires pour apprendre à dompter cette arme si particulière, mais une fois apprivoisée, elle entra dans la légende au même titre que lui, sous le nom d’Ecarlate.

Ce jour-là, les impériaux qui n’avaient fait qu’obéir aux ordres de Vanol Vil’Ancrasy se prirent la légende de plein fouet – et la douleur fut pire encore que s’ils étaient entrés en collision avec un mur. Immobile, Ecarlate pointée à l’horizontal au-dessus du sable, Seren attendit que les premiers chevaux arrivent sur lui pour jaillir. Sa précieuse lame décrivit une courbe et toucha la première monture à la bouche. Tandis que l’animal basculait en avant, emportant avec lui son cavalier dans un cri de surprise, Ecarlate revenait déjà, rapide et lumineuse, vers le cheval suivant. Comme le premier, il mordit la poussière. Bien campé sur ses jambes, Seren ne donnait pas l’impression de bouger et pourtant, trois hommes étaient déjà à terre. Puis un quatrième. Ceux qui se relevèrent avec l’envie d’en découdre furent accueillis par une technique aussi précise que fatale. A présent encerclé, Seren était bien loin d’être en position d’infériorité ; vif, léger, aérien, il bondissait à droite et à gauche, ôtant la vie d’un mouvement souple du poignet et sans qu’une lame ennemi ne l’effleure, jamais. Il était bien trop rapide et son épée trop vicieuse pour que les hommes qui s’attaquaient à lui aient la moindre chance. Ils n’en avaient jamais eu aucune.

Aschen était parvenu à cette conclusion dès qu’il avait reconnut l’homme qui s’était dressé devant eux. Pour cette raison, il avait stoppé sa monture à une distance raisonnable et observait à présent le combat sans qu’une expression particulière ne se dessine sur son visage. Il n’était pas idiot et n’avait pas discuté l’ordre de Vanol – un ordre précis et qui dissimulait un projet bien plus grand que la simple poursuite des trois fuyards. Aschen ne bougea donc pas lorsque les soldats perdirent la vie, un par un et sous ses yeux. Il ne bougea pas non plus lorsque Seren, entouré par dix-sept cadavres, posait un genou à terre pour se remettre de son exploit et nettoyer sa lame. Les deux Mentaïs qui attendaient avec lui s’agitèrent, impatients de régler son compte à cet homme qui venait de tuer leurs compagnons avec une aisance presque enfantine ; il les contint d’un simple regard avant de regarder l’Envoleur extirper la flèche de la cuisse de son cheval, qui le suivit en boitant. Seren Til’Silveryn ne leur échapperait plus très longtemps…




*




- Enfer, mais ils sont complètement fous ! cria Gil tandis que le mur de gauche explosait. Quel est le crétin qui s’amuse avec son pouvoir ?!

La réponse n’avait strictement aucune importance, mais poser la question lui avait fait du bien. Pendant la moitié d’une seconde. Car la demi-seconde suivante, il devait plonger pour éviter d’être décapité par un énorme sabre, puis rouler pour échapper aux pointes acérées d’un fléau et bondir pour esquiver un coup de hache. Gil n’avait pas le temps de souffler entre deux parades et Naïs, qui avançait péniblement à ses côtés, en était au même point que lui. Infiltrer la forteresse avait été un jeu d’enfant, pourtant – à tel point qu’ils s’étaient méfiés d’une aussi grande facilité. Ils avaient eu raison de rester sur leurs gardes.

- Derrière toi !

Sans prendre la peine de vérifier que Naïs avait perçu son avertissement – un gargouillement étranglé lui apprit que ses griffes venaient de trancher la gorge de l’opportun – Gil enjamba un corps et se servit d’un autre pour se protéger du pieu qui fusait vers lui. C’est donc ça, un bouclier humain… songea-t-il en gagnant la pièce suivante, son cadavre sur le dos. Derrière lui, mur vola en éclats et la puissance de l’explosion le projeta en avant. Il sentit plus qu’il ne vit Naïs passer près de lui et glisser dans la faille qui venait de s’ouvrir sous ses pieds ; Gil lança son bras et retint de justesse la jeune femme par le poignet. A plat ventre au bord du gouffre, Gil laissa échapper un grognement.

- Je serai toi, Princesse, je veillerai à ne pas grignoter entre les repas, dit-il en la hissant vers lui.

La boutade avait pour objectif de la faire sourire, mais il constata qu’elle n’avait pas besoin de lui pour ça.

- A ton avis, où se trouve Vil’Vishyard ? demanda-t-il alors qu’une nouvelle explosion retentissait dans leur dos.

Il y avait de la poussière partout et surtout, le sol, le plafond et les murs n’étaient plus très stables. Il fallait partir. Saisissant Naïs par le coude, Gil s’élança, contournant la faille. Trois pieux acérés se fichèrent dans le mur, une fraction de seconde seulement après que la tête de Naïs soit passée. Depuis le début de la bataille, l’un et l’autre se sauvait mutuellement la vie, à tel point que Gil avait perdu le compte ; d’après son dernier calcul, il était légèrement en tête, mais Naïs était bien plus vive que lui et il était probable qu’elle lui évite un méchant coup sans qu’il ne s’en aperçoive. La situation avait beau être grave, l’Envoleur avait davantage l’impression de participer à un défi que d’être en train de lutter pour sa survie. Voilà peut-être pourquoi ils étaient encore en un seul et unique morceau…


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MessageSujet: Re: Dans la flamme de mon coeur et la chaleur du désert... [Gil]   Dans la flamme de mon coeur et la chaleur du désert... [Gil] - Page 2 Icon_minitimeVen 30 Nov 2012, 16:52

≈≈≈ Naïs ≈≈≈

- « Naïs Jol, nous voici enfin face à face »

J’ai bon essayer de me débattre comme une folle de toutes mes forces, mais les mains immenses et puissantes de l’homme me retiennent bien mieux que des chaînes d’acier. Vil’Vishyard Senior saisit mon menton entre ses doigts d’une force insoupçonnable pour un vieillard de son âge. Du haut de ses soixante-dix ans, sa puissante vigueur physique, digne d’un homme en pleine fleur de l’âge, n’a d’égal que sa suffisance, son arrogance et sa folie. D’un mouvement sec toutefois, je n’ai aucun mal à me défaire de son emprise tandis que je lui crache au visage. Sen m’a autrefois appris, alors que je n’avais rien d’autre à faire que d’attendre la naissance de Seth et Morgan, toutes les subtilités d’un crachat efficace. Aussi, je ne m’étonne pas d’entendre le juron grossier de l’aristocrate. C’en est presque amusant. Presque.

- « Sale face de Raï galeux ! Bats-toi comme un homme ! »

* *
*


Peut-être bien est-ce en raison de la main de Gil qui se referme in extremis sur mon poignet. Il doit facilement s’étendre quinze mètres sous mes pieds et si l’Envoleur n’avait pas réagi aussi rapidement, je me trouverais probablement disloquée sous une tonne de pierres taillées. Rien que cette idée me fait grincer des dents tandis que Gil me hisse en sécurité, incapable de retenir une fichue vanne. Mais, à peine hissée en sécurité, que je n’ai pas le temps de m’en formaliser car déjà une autre explosion désagrège littéralement un mur tout proche tandis que trois sifflement mortels fusent vers moi. Trois pieux acérés frôlent littéralement ma tête avant de se planter dans le mur. Evitant la lame d’une hache qui aurait dû tout bonnement me décapiter puis une épée menaçant de m’éventrer, je jure silencieusement en laissant la question de Gil en suspens.

Vil’Vishyard, une chose est certaine, il doit se terrer au cœur du château. S’il se croit parfaitement à l’abri de mes griffes, il se trompe. Où qu’il se cache, je le débusquerai et le tuerai sans aucun état d’âme. Une idée germe un instant dans ma tête, tâchant de couvrir le vacarme que provoquent les explosions à répétition des Mentaïs qui semblent vraiment s’amuser avec leur pouvoir, j’offre sa réponse à Gil.

- « On ne va pas tarder à le savoir ! »

Joignant le geste à la parole, je bondis telle une tigresse fendant littéralement la marée de soldats impériaux qui se dressent devant nous. Entre deux cœurs arrachés et trois gorges ouvertes, je plaque au hasard un homme au sol en menaçant de briser sa nuque en deux d’une simple pression de la main. Je peux carrément sentir les battements effrénés de son cœur et entendre sans peine le rythme de sa respiration saccadée. Sa peur m’envahit complètement : j’en profite.

- « Les appartements de Vil’Vishyard ? Contre ta vie… »
- « Tour… Tour Sud… Tout en haut »

Un sourire féroce se dessine un instant sur mes lèvres tandis que l’homme s’étouffe sans un cri dans son propre sang. Mort. Sans même prendre le temps de savoir si Gil a entendu la réponse du soldat, je me fraie un passage qui se font relativement plus rares. Avec leurs idées lumineuses, les Mentaïs nous ont plutôt aidé qu’autre chose jusque-là. En effet, les rares impériaux encore debout se battent sans vraiment espérer échapper à mes griffes acérés ou aux aiguilles d’acier de Gil. Avec la poussière qui emplit l’atmosphère, l’air devient désormais quasiment irrespirable. Toutefois, j’ai pleinement conscience que, si ces maudits dessinateurs nos donnent énormément de fil à retordre, nous ne nous sommes pas encore réellement frotté à eux. Ils semblent presque éviter tout contact physique et cela n’augure rien de bon. Enfonçant d’un puissant coup de pied une porte sur mon passage, je plonge pour esquiver une pluie de pieux tous plus acérés les uns que les autres. Et tandis que j’en réceptionne un en plein vol, je le retourne à l’envoyeur avec une rapidité étonnante. Le Mentaï s’effondre lourdement sur le sol pavé sans un cri, achevé par les aiguilles de Gil.

Telle une furie, je lance un véritable défi à la mort. Viens me chercher si tu le peux ! Cependant, virant sur ma gauche, je ne m’attends pas à rencontrer le fil tranchant d’un sabre redoutablement affûté. Littéralement clouée au mur par une force phénoménale, je veux riposter. J’essayer de riposter. En vain. Retenant mon poing aussi simplement que si je n’avais été qu’une poupée de chiffon, le tueur m’assène un coup qui m’assomme radicalement.

* *
*


La claque fuse, rapide. Cuisante. Puissante aussi, à tel point que je me mords la lèvre inférieure qui s’imprègne doucement d’un goût de sang. Grimaçant, j’attends le moment où le vieillard décidera simplement d’en finir une bonne fois pour toutes. Car tant que je serai prisonnière de la poigne de fer du Mentaï, je ne peux pas faire grand-chose pour l’en empêcher.

- « Pourquoi le devrais-je alors que tu es enfin à ma merci ? »

L’homme laisse filer quelques secondes de silence. Gardant une expression aussi impassible et impénétrable que jamais, j’attends la suite de ses stupides élucubrations.

- « Ou, peut-être bien que je devrais d’abord tuer SangreLune pour avoir le plaisir de te voir souffrir ? »
- « Non ! »

Tous mes muscles se raidissent un par un tandis que les battements de mon cœur accélèrent imperceptiblement. De nouveau, la peur m’envahit : non pas pour moi, je m’en fiche pas mal de mourir aujourd’hui en fait et puis je sais que Seth serait bien protégé, mais pour Gil. Cette nuit-là, à Fériane, je l’ai entraîné au plus profond de ma sombre existence. J’ai souvent regretté de l’avoir poussé au-devant de dangers redoutables pour une cause qui n’était évidemment pas la sienne. Il n’a donc pas à mourir pour mes propres fautes.

- « Tues-moi si tu veux, mais oublie Gil ! Il n’a pas à payer pour ce que j’ai fait »
- « Il a tué mon fils aîné, il doit être châtié aussi ! »
- « Driss ? C’est moi qui l’ai entraîné dans cette histoire … »
- « Qu’est-ce que cela pourra bien lui faire de te voir mourir ? Il t’aura aussitôt oublié dans les bras de… Comment s’appelle-t-elle déjà ? Libertée. Il faut donc bien qu’il paye d’une autre façon »

Le doute s’immisce en moi aussi lentement mais sûrement qu’un poison. Mes pensées s’entrechoquent sous mon crâne et seule la poigne du Mentaï me tient fermement accrochée à la réalité.




[Quelle ordure n'empêche! x) A toi de jouer, et si quelque chose te dérange, tu me sonne ^^]
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Giliwyn SangreLune
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MessageSujet: Re: Dans la flamme de mon coeur et la chaleur du désert... [Gil]   Dans la flamme de mon coeur et la chaleur du désert... [Gil] - Page 2 Icon_minitimeDim 02 Déc 2012, 23:13

Retenu par un soldat qui maniait son épée un peu mieux que les autres, Gil n’eut pas le temps d’intervenir lorsque Naïs tomba dans le piège. Le temps de terrasser son adversaire d’un fulgurant coup de poing qui fit exploser sa mâchoire, de bondit par-dessus le cadavre de l’infortuné qui avait osé se dresser face à la panthère et de courir vers le couloir, il était trop tard. Un épais mur d’acier s’était matérialisé entre l’Envoleuse et lui, barrière infranchissable sur lequel il ne put qu’abattre un poing rageur.

- Naïs !!

C’était trop bête. Séparés, ils n’avaient aucun moyen de veiller l’un sur l’autre et leur chance de vaincre le Monstre était quasiment nulle… Le souffle court, Gil se retourna pour chercher du regard une autre issue. Cette forteresse était une véritable fourmilière, pleine de couloirs et de portes ; il devait bien y en avoir une qui conduise à ce fichu couloir ! Mais lorsqu’il voulut revenir sur ses pas, Gil se retrouva soudain nez à nez avec une personne qu’il ne s’attendait pas du tout à trouver là. Il avait vu cet homme dans l’ombre de Vanol et surpris le regard anxieux que Naïs lui avait jeté, avant de prononcer son nom à mi-voix : Aschen. Qui était-il, au juste ? Le bras droit de ce crétin de commandeur ? Son chien de garde ?

- Bonjour, SangreLune.

Il n’y avait aucune chaleur dans ce « bonjour » et Gil ne s’y laissa pas prendre. Solidement campé sur ses jambes, il toisa l’homme en s’efforçant de maîtriser le grondement qui montait de ses entrailles.

- On dirait que tu as perdu quelqu’un…
- Qu’est-ce que tu veux ? C’est Vanol qui t’envoie ?
- Vanol est un idiot qui a les yeux plus gros que le ventre,
ricana Aschen en croisant les bras sur la poitrine. Il est clair qu’il a une sacrée dent contre toi, mais je suis ici de mon plein gré.

Tiens donc…

- Tu n’es pas un impérial.
- Non, en effet. Et toi, tu n’es pas l’innocent de l’histoire… Tes petites affaires ont fait pas mal de bruit ces derniers temps, n’est-ce pas ? D’abord le Mentaï, ensuite la marchombre…

Gil réprima de justesse un juron et conserva un visage impassible, mais son sang se glaça dans ses veines. Que savait-on à propose de Libertée ? Qu’imaginait-on sur leur relation ?

- Tu n’es vraiment pas un membre de choix. Puisqu’il est évident que servir le Chaos n’est pas dans tes intérêts…il est de mon devoir de t’éliminer !

Devinant les intentions d’Aschen avant la fin de sa phrase, Gil avait réagi d’instinct. Bras levés, il décocha une pluie d’aiguilles étincelantes qui sifflèrent en traversant la pièce… mais n’atteignirent jamais leur cible. Aschen avait levé les bras, lui aussi, et les dangereux projectiles s’étaient arrêtés à mi-course, repoussés par un sorte d’onde invisible. Cette fois, Gil jura à haute voix. Envoleur ! Alors que cette pensée se frayait un chemin dans son esprit, il dut plonger à terre pour éviter d’être frappé par ses propres aiguilles. Retour à l’envoyeur. La greffe de cet homme était plus puissante que la sienne… Enfer, je vais douiller !

Gil ne croyait pas si bien dire. Les aiguilles ne s’étaient pas encore fichées dans le mur, derrière lui, qu’Aschen se jetait déjà sur lui ; vif comme l’éclair, Gil tira ses lames courtes, prêt à recevoir son adversaire avec toute la dignité qui s’imposait, mais une onde de choc le percuta de plein fouet et l’envoya valser contre le mur. Droit sur les aiguilles plantées dans le bois de la poutre porteuse. Le jeune homme hoqueta lorsque les pointes s’enfoncèrent méchamment dans son dos et tomba à genoux ; l’instant d’après, il roulait sur le sol pour éviter une attaque et se relevait en grondant comme un loup.

- Tu me déçois, SangreLune. En tant qu’apprenti du légendaire Seren Til’Silveryn, je m’étais attendu à un Envoleur de talent…

Prend mon talent dans ta face de Raï !!!
Joignant le geste à la pensée, Gil lança l’une de ses épées. Surprit mais néanmoins rapide, Aschen parvint à l’éviter en utilisant sa greffe, mais ce faisant il détourna légèrement son attention de Gil. Qui lui sauta dessus. Les deux hommes roulèrent sur le sol jonché de débris, distribuant les coups les plus vicieux qu’ils connaissaient. Du sang coulait sur la chemise de Gil, et il n’était pas sûr qu’il s’agisse du sien… Aschen n’avait pas eu à se frotter à toutes sortes d’ennemis en pénétrant la forteresse ; il prit rapidement le dessus, immobilisant Gil de son étreinte de fer. Un sourire sadique sur les lèvres, il utilisa à nouveau sa greffe, la dirigeant cette fois-ci directement sur Gil. Celui-ci serra les dents lorsque une pression fort désagréable appuya sur son torse, puis grogna de douleur en devinant ses côtes sur le point de craquer. Moins brutal que le colosse, Aschen prenait un malin plaisir à faire durer l’instant, exerçant très légèrement la pression de son champ de force dont il étudiait les effets sur le visage de Gil.

- Tu n’imagines pas le prix que cet homme a proposé pour t’avoir, murmura-t-il à l’oreille de l’Envoleur. Il ne veut pas que je te tue sans te faire souffrir longtemps… Tu as mal, SangreLune ? C’est bien. Il sera content.
- Enf… foiré !
souffla Gil avant de laisser échapper un cri bref lorsque la première de ses côtes céda.

Aschen sourit de toutes ses dents. Lorsque l’épée lui trancha la tête avec une facilité déconcertante, et que celle-ci roula sur le sol, il souriait toujours. Libéré de la pression meurtrière, Gil se débarrassa du corps décapité et roula sur le côté en toussant. Son regard se planta aussitôt dans celui, infiniment gris, qui était posé sur lui.

- Merci…
- Je suis d’accord avec lui,
lança Seren en désignant la tête tranchée du bout de son épée dégoulinante de sang. Ta prestation était décevante.
- Tu étais là depuis le début ?
râla Gil en se redressant précautionneusement. Tu ne pouvais pas lui couper la tête un poil plus tôt ??
- Non. J’avais envie de te donner une bonne leçon.
- J’ai une côte cassée…
- Et moi, trois. Allez, en route !

Seren mentait à coup sûr – il sautillait plus qu’il ne courait – mais il était couvert de sang et Gil pariait que son combat n’avait pas été beau à voir. Pour autant, il le suivit sans discuter, une main sur le côté et les traits tirés par l’épuisement et la douleur. Il n’était pas plus surpris que ça de voir son mentor débouler au bon moment alors qu’il aurait dû être mort. Il fallait bien plus que vingt soldats pour venir à bout de Seren…

- De qui parlait-il ?
- Hein ?
- L’homme qui veut ta souffrance avant ta peau. Qui est-ce ?
- Aucune idée. Tu as tué Aschen avant que je ne lui pose la question.
- J’ai failli le laisser te briser une deuxième côte pour entendre la suite, mais ta chérie a besoin d’un coup de main.
- Ce n’est pas ma chérie.
- Elle a quand même besoin d’un coup de main.


Sourcils froncés, Gil songeait aux paroles d’Aschen. Il ne veut pas que je te tue sans te faire souffrir avant… qui ? Vanol ? Impossible que ce rat puant soit l’instigateur de toute cette machination. Celui qui œuvrait dans l’ombre était bien plus subtil et délicat que Vil’Ancrasy Junior. Le souvenir d’Iselle, la gorge ouverte, lui revint en mémoire si brutalement qu’il s’arrêta dans sa course. Il s’en fallait de peu pour qu’il ferme les yeux dans l’espoir de faire disparaître l’image de son amie gisant en travers de son lit. C’est une main qui, en se posant fermement sur son épaule, le fit replonger dans la réalité.

- C’est pas le moment de traîner, Cabochard !

Il avait raison. Naïs était en danger. Secouant la tête, Gil emboîta le pas à Seren ; il réglerait cette histoire d’assassin plus tard.

- Un Mentaï nous a séparés, Naïs et moi, dit-il alors qu’ils empruntaient un escalier en colimaçon.
- Je sais. Ton copain sans tête en avait deux sur ses talons. J’en ai trouvé un dans le hall d’entrée mais l’autre m’a échappé…
- Ecoute !


Ils étaient arrivés sur le seuil du deuxième étage et des voix étouffées leur parvenaient. Le bruit caractéristique d’une claque anéanti tous les doutes qui subsistaient encore en Gil. Oubliant ses blessures, Gil se précipita vers la première porte du couloir, qu’il enfonça d’un puissant coup d’épaule. Seren n’avait même pas eu le temps de le retenir.

- Pas ta chérie, hein…

Un sourire tranquille aux lèvres, il se glissa à la suite de son ancien élève, Ecarlate en main.


*



Il s’en fallu d’un cheveu pour que Gil ne se retrouve pas épinglé au mur par l’énorme pieu qui avait salué son entrée fracassante en vrombissant vers lui. En fait, il ne dut sa survie qu’à la poigne de Seren, qui le tira en arrière au bon moment.

- Enfer, Cabochard, tu veux mourir aujourd’hui ou quoi ?

Gil ne prit pas la peine de lui répondre. Ses aiguilles traversaient déjà la pièce en direction du Mentaï qui retenait Naïs. Il s’en débarrassa sans mal, aidé par l’Imagination, et l’Envoleur grogna de dépit. C’est alors que Seren le bouscula pour passer devant lui.

- Tue ce vieillard et occupe-toi de Naïs, je me charge du Mentaï.

L’ordre était sans appel, Gil ne chercha pas à s’y soustraire. Seule Ecarlate était à même de venir à bout d’un Mentaï. Laissant Seren entrer dans la danse, il se dirigea vers Vil’Vishyard, qui blêmit et recula d’un pas.

- Tu devrais être mort !
- Déçu ?
- Pas pour longtemps !


Au rugissement suivi une attaque foudroyante. Gil ne s’attendait pas à ce qu’un vieil homme comme Vil’Vishyard se mette si rapidement en action. Bondissant au dernier moment, il bascula sur un tabouret renversé et tomba en arrière. L’épée du noble fouetta l’air, plongea vers la gorge offerte… se retrouva bloquée par une lame. Gil avait croisé ses deux épées courtes et stoppé la frappe. Serrant les dents lorsque sa côte cassée le rappela douloureusement à l’ordre, il envoya ses deux pieds dans le ventre du Monstre et se rétablit promptement. L’acier chanta lorsque les lames s’entrechoquèrent à nouveau.

- Je vais te tuer et venger mon fils, rugit Vil’Vishyard.
- Tu seras mort avant, répliqua Gil en pivotant pour se dégager, et c’est Naïs qui sera vengée !
- Raaaah !

Ivre de rage, le vieil homme se jeta sur Gil.
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MessageSujet: Re: Dans la flamme de mon coeur et la chaleur du désert... [Gil]   Dans la flamme de mon coeur et la chaleur du désert... [Gil] - Page 2 Icon_minitimeLun 03 Déc 2012, 12:08

≈≈≈ Naïs ≈≈≈

Des dizaines de questions se bousculent dans mon crâne et je crois bien que si le Mentaï ne me retenait pas de sa poigne puissante, mes jambes se seraient affaissées sous moi depuis longtemps. Vil’Vishyard vient se semer un doute monstrueux en moi à tel point que j’en oublie presque une réalité où le vieillard me tuera d’un instant à l’autre. Presque. Car c’est sans compter l’entrée fracassante de Gil et Seren qui semble fichtrement décidés à en découdre alors qu’ils auraient tout aussi bien pu prendre la poudre d’escampette et filer aussi loin que possible de cette forteresse maudite. Les deux Envoleurs sont là et la détermination sans faille de Gil efface mes craintes comme d’un simple coup de baguette magique. J’ai toujours pensé qu’il est un peu sorcier à ses heures.

Tandis que des dizaines de petites aiguilles aussi redoutables que la mort elle-même fusent à travers la salle, tout en resserrant son emprise sur mes bras, le Mentaï se débarrasse sans mal des projectiles qui le menacent. Enfin, du moins, seulement d’une partie, car c’est en serrant mes dents de toute la force dont je suis capable, que je sens l’une d’elles se ficher dans mon épaule déjà meurtrie. Au même moment que la vague de douleur qui m’envahie, je jure intérieurement. Par la sainte culotte de l’Empereur, il faut croire qu’ils se sont tous passé le mot de me démolir littéralement aujourd’hui ! Je n’ai pas le temps de réfléchir plus que déjà le sabre de Seren tinte déjà dans l’air et le Mentaï ne semble pas décidé à me lâcher. Nullement décidé à servir de bouclier vivant, je jette ma tête en arrière, dans un geste aussi rapide que surprenant, avec une violence rare. Sous la puissance du coup, un os craque sinistrement : est-ce mon crâne – j’ai l’impression qu’il se fissure purement et simplement de tous côtés – ou le menton du colosse ? La pression sur mes bras se relâchant immédiatement, je penche pour la deuxième hypothèse même si cela ne m’étonnerait pas de m’être ouverte le crâne avec mes bêtises.

Vacillant un instant, je me dégage rapidement de ma prison d’un coup de coude dans le ventre qui plia un instant en deux l’homme. Mais pas assez toutefois pour que Seren puisse en profiter. Et maintenant, il s’agit de régler son compte à ce dégénéré de Vil’Vishyard qui bondit à une vitesse fulgurante vers Gil. La surprise de l’Envoleur est clairement palpable. La première fois que j’avais été confronté à cet homme, sa force et sa puissance m’avaient étonné. Ses mots résonnent encore en moi, mais je les chasse d’un revers de main : ce n’est pas le moment de me laisser perturber, surtout que Gil a besoin de mon aide, là, tout de suite, et pas que je me lamente de façon pitoyable.

Sans plus réfléchir, je bondis devant Gil empêchant ainsi Vil’Vishyard d’atteindre sa cible. Toutefois, il n’arrête pas sa course pour autant et l’Envoleur a juste le temps de croiser ses épées devant moi afin de m’éviter d’être purement et simplement éventrée. Passant sous la parade du vieillard, je parviens toutefois à lui envoyer mon pied dans le ventre. Mais, alors qu’il se plie en deux, le répit n’est que de courte durée. Une pluie de pieux s’abat dans la pièce et détourne un instant mon attention. Enfer, un autre Mentaï ! Comme si un n’est pas suffisant. En une demi seconde incroyablement longue, je plonge pour éviter de me trouver embrochée littéralement. Roulant sur moi-même, je me retrouve rapidement sur mes pieds, prête à en découdre.

Mon cœur battant la chamade, j’attaque la première prenant l’homme à revers. Et de nouveau la menace de pieux m’oblige à m’esquiver. Mais me sachant relativement agile, je dois en profiter. Forcément, le Mentaï fera une erreur. Avec une rapidité fulgurante, je menace dangereusement son autre flanc de mes griffes acérées. Il riposte aussitôt. Et nous dansons ainsi dans une ronde mortelle. Les traits fusent et mes griffes fendent l’atmosphère. Mais il ne faut pas longtemps pour qu’un coup plus ajusté du tueur m’envoie au sol et j’ai à peine le temps de me relever, aussi vive et souple que possible, que le redoutable dessinateur m’emprisonne de ses bras, resserrant peu à peu son étreinte. L’idée se dégage clairement dans ma tête : il va m’écraser littéralement comme un misérable insecte. Malin comme il est, pour m’empêcher de me servir de l’avantage que me procure ma greffe, il retourne mes poignets contre moi-même dans une torsion sacrément désagréable. Le ricanement du vieillard fou me parvient. Décidément, celui-là, le voilà persuadé qu’il va réduire Gil en morceau.

- « Naïs, ton tour viendra voyons ! » parvient-il à articuler entre deux parades.

Je sens la colère monter en moi lentement mais sûrement. Il n’est pas question que je le laisse mes murailles déjà trop fragiles – enfin, ce qu’il en reste. Alors je lutte comme une dératée pour me dégager de la poigne de fer du Mentaï qui me retient de nouveau.

- « Tu ne veux vraiment pas comprendre qu’il aura aussi vite fait d’oublier ta mort dans les bras de sa petite marchombre »
Mais tais-toi vieux débris !

J’aurais voulu pouvoir hurler de colère. En vain. Au lieu de cela, mon cœur rate un battement car Gil, déstabilisé par la cruauté des mots de ce vieillard illuminé, permet à Vil’Vishyard de prendre un sacré avantage dans le combat. Au sol et désarmé, il ne ferait plus long feu. Mon sang ne fait qu’un tour dans mes veines. Sentant battre le cœur du Mentaï qui me retient juste derrière mon épaule blessée, je blinde avec une force dont je ne me savais pas capable et me transperce littéralement l’épaule. Avec une incroyable volonté, je retiens un cri de douleur entre mes dents serrées tandis que la poigne de l’homme se desserre comme si de rien n’était. Alors que je rétracte lentement mes griffes – mon épaule me lance douloureusement – le dessinateur s’effondre, mort. Ignorant la douleur qui menace de me faire perdre pied, il ne me faut pas une seconde de plus pour intercepter le sabre qui file déjà vers la gorge de Gil. Fer contre fer, l’épée vole à travers la pièce pour se planter dans un mur avec un bruit sourd. Tendant une main pour aider Gil à se relever, j’assène un impitoyable coup de coude pour repousser le vieillard en arrière. Ne lui laissant aucune chance, je plante mes griffes au plus profond de son cœur et dans un mouvement sec et puissant, le lui arrache littéralement. Un sourire étire un instant mes lèvres. Voilà pour Morgan, sale enflure ! Une explosion d’une rare violence me ramène à la réalité. Ceux-là, ils arrivent assurément trop tard, mais cela n’empêche qu’ils sont en train de détruire complètement la pièce… Avec nous dedans. Sans me poser de questions, je m’approche de la fenêtre. En contrebas, j’avais repéré, un peu plus tôt, une rivière qui serpentait autour de la forteresse, la protégeant ainsi d’éventuelles attaques ennemis – enfin, quand il ne s’agit pas d’Envoleurs rompus au combat et ne craignant pas la mort. Il doit facilement s’étendre une vingtaine de mètres en dessous, pourtant, je n’hésite pas une seconde.

Je saute

* *
*


La chute m’a paru incroyablement longue. Sur plusieurs dizaines de mètres, écrasée par la pression, je suis emportée par la force puissante de la rivière. Vil’Vishyard mort, les derniers Mentaï n’ont aucune raison de se lancer à notre poursuite. Si toutefois Seren et Gil avaient sauté aussi. Sauf peut-être par loyauté envers le Conseil. L’inconscience manque de me happer, mais je perce la surface juste à temps, au même moment à vrai dire que Gil et Seren. Domptant la rivière, je réussis à me hisser finalement sur la rive. Trempée, blessée, toute tremblante, mais incroyablement vivante, je sens quelque chose se briser en moi – peut-être est-ce le fardeau de toutes ces années, gardé pour moi-même, qui s’allège enfin. Tout se mélange dans ma tête et de chaudes larmes ne tardent pas à couler tandis que je trouve instinctivement l’étreinte de Gil. La gorge trop nouée, je suis incapable de parler. Impossible même de mettre un peu d’ordre dans mes pensées embrumées.

Dis- moi que c’est pas vrai ! Dis-moi que tu ne m’aurais pas oublié ! Oh bon sang ! Il a réussi à me faire douter ! Mais Morgan est vengé… Je… Je…

Je sombre



[J'aime le cynisme de Seren x)]
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Giliwyn SangreLune
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Signe particulier: Son prénom est celui de son père, son nom de famille celui de sa mère. Yeux vairons.

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MessageSujet: Re: Dans la flamme de mon coeur et la chaleur du désert... [Gil]   Dans la flamme de mon coeur et la chaleur du désert... [Gil] - Page 2 Icon_minitimeLun 03 Déc 2012, 17:05

Du coin de l’œil, Seren vit Gil bascula en arrière. L’Envoleur pesta en son for intérieur. Enfer, ce gamin n’a-t-il donc rien appris ? Tandis qu’il s’agitait en vain face au vieillard qui lui tenait lieu d’adversaire, Naïs avait déjà échappé à l’étreinte de son propre agresseur. Intéressante, cette jeune femme. Elle ne faisait pas dans la dentelle et il était évident que sa cécité était moins une gêne qu’un atout précieux. Hochant la tête avec satisfaction, Seren attrapa Naïs par le bras et la fit passer derrière lui tout en bloquant une violente parade avec Ecarlate. L’épée vibrait doucement tel un chat qui ronronne. Elle n’allait faire qu’une seule bouchée de ce mentaï qui ne songeait même plus à dessiner pour se protéger. La poitrine transpercée, il vacilla un instant puis s’écroula lourdement, au moment même où une pluie de pieux acérés s’abattait sur eux. Et oui, un mentaï peut en cacher un autre !

Gil était en mauvaise posture. Et il était extrêmement frustré. Plus teigneuse que le regard de Seren, la voix de Kaünis résonnait dans son esprit aussi sûrement que si elle s’était trouvée dans cette pièce. C’est un vieux ! Tu ne vas quand même pas perdre contre un vieux ! Il grogna et fit tournoyer ses épées. Le vieux en question n’avait rien à voir avec les honorables personnes âgées qui prenaient un bain de soleil, assises sur un banc sur la place d’une petite bourgade, et qui n’avaient d’intérêt que pour les ragots les plus croustillants ; Vil’Vishyard était bien loin de ce paisible tableau. Ses yeux brillaient de haine et ses gestes étaient sûrs et puissants. Il savait se battre, et il se battait bien. Trop bien, peut-être… mais pas pour deux Envoleurs qui avaient pris l’habitude d’agir selon une mécanique parfaitement bien huilée. Rejoint par Naïs, Gil reprit du poil de la bête. Ensemble, ils se mirent à botter les fesses du vilain monsieur. Aucune parole n’était nécessaire. Frères d’arme depuis un petit moment, ils avaient affronté tant de choses que leurs mouvements s’accordaient selon un rythme précis et qui leur était propre. Lorsque Naïs se baissait, Gil, frappait. Elle se relevait, il se glissait derrière elle et couvrait son attaque. Ils dansaient plus qu’ils ne se battaient mais Seren, aux prises avec le mentaï, ne perdait rien de la situation et une petite étoile brillait dans ses yeux gris.

Une dissonance s’installa cependant dans la mêlée. Une première entaille s’ouvrit sur le bras de Seren. Celle qui suivit lui tira un grognement de douleur. La troisième l’envoya valser à travers la pièce. Profitant de ce répit, le mentaï se glissa derrière Naïs et l’emprisonna dans son étreinte. Lorsque Gil voulut intervenir, le poing de Vil’Vishyard le cloua au sol.

- Naïs, ton tour viendra, voyons !

Gil faucha les jambes de son adversaire et se jeta sur lui. Ils roulèrent dans un univers de débris et le vieil homme, comprenant qu’il ne faisait pas le poids face à la masse musculeuse de l’Envoleur, décida de tirer la carte de la perfidie. Saisissant une poignée de poussière mêlée de sable, il la jeta au visage de Gil, qui rugit de douleur et se redressa pour porter une main à ses yeux. Vil’Vishyard lui envoya son coude dans le sternum, puis son poing dans le menton.

- Tu ne veux vraiment pas comprendre qu’il aura vite fait d’oublier ta mort dans les bras de sa petite marchombre ?

Devant autant de bassesse, Gil serra les dents. Les yeux rouges, il saisit le noble par le col et le plaqua violemment contre le mur.

- Tais-toi, vieil homme, gronda-t-il, une lueur sauvage au fond des yeux. Ne t’avise plus jamais de lui manquer de respect.
- A qui ? La marchombre qui te sert de défouloir ou cette catin qui ne sert à rien ?

Les aiguilles de Gil sortaient déjà. Mais Vil’Vishyard avait été plus rapide. Tirant un coutelas de sa botte, il le planta entre les côtes du jeune homme, dont le sursaut de surprise et de douleur fit dévier les projectiles ; ils se fichèrent dans le mur, éraflant tout juste la gorge du vieil homme au passage. D’un coup de tête, il envoya Gil en arrière, puis il ramassa les épées de celui-ci. Le temps sembla se figer alors que les événements s’enchaînaient à une vitesse hallucinante. Seren cria quelque chose que Gil ne comprit pas. Naïs sortit les griffes et sacrifia son épaule pour venir à bout de son adversaire. Vil’Vishyard abaissa ses lames, la mort se reflétant dans ses prunelles sombres. Dans un éclair de souffrance, Gil leva un bras et décocha ses aiguilles. Elles glissèrent sous le bras de Naïs et frappèrent le noble au moment même ou la jeune femme plantait ses griffes dans son cœur. Il était mort avant de toucher le sol. On aurait alors pu croire que tout était enfin terminé, étant donné que le méchant de l’histoire venait de mourir, mais comme tout méchant qui se respecte, il était bien entouré : a l’explosion qui retentit, Gil comprit que la bataille, ici, était encore loin d’être finie.

Tout vola en éclats. Il serait bien resté là, appuyé contre sa table renversée, mais Seren l’agrippa par le devant de sa chemise et le mit sur pied avec une redoutable efficacité. Le couteau de Vil’Vishyard était toujours planté dans le flanc de Gil. Seren le délogea sans sommation puis, la main pressée sur la blessure, entraîna son ancien apprenti vers… non, ce n’était pas une fenêtre mais une ouverture béante dans le mur, ouverture qui s’élargissait de plus en plus tandis que la salle toute entière s’écroulait sur elle-même. Des morceaux de plafond se détachaient et leur tombaient dessus, le sol se dérobait sous leurs pieds, bref, c’était le chaos à l’état pur. Et après, on se demandait pourquoi qu’il y était réfractaire… Naïs sauta, Seren et Gil juste derrière elle. Ils tombèrent dans l’eau, quelques mètres plus bas, et les débris les suivirent. Nouveau chaos. Gil se débattit un bref instant avant d’être emporté vers le fond. La main de Seren se referma alors sur son poignet et le tira vers la surface, qu’ils crevèrent dans un bel ensemble. Gagner le rivage fut un véritable défi, que les deux hommes relevèrent pourtant, et c’est dans un piteux état qu’ils se laissèrent tomber dans le sable, à deux pas de Naïs.

- Par la sainte culotte de l’empereur - que je n’ai jamais vue…
- La… ferme, Seren.
- Non, je suis sérieux, rétorqua l’Envoleur en se redressant. Je crois bien que nous sommes morts.

Il désignait les soldats qui se regroupaient, Vanol à leur tête, prêts à charger sur eux. La main plaquée sur son flanc, Gil s’assit en riant nerveusement. Il était épuisé, vidé de la moindre de ses forces, mais la douleur qui irradiait chaque parcelle de son corps était un message qui allait à l’encontre des paroles de Seren : il était vivant ! Amoché, certes, mais plus vivant que jamais. C’est cette certitude inexpugnable qui l’avait préservé jusqu’ici. Alors, mourir à cause d’un homme aussi petit que Vanol, c’était la pire plaisanterie qu’on ait pu lui faire…

- Pitié, dis-moi que tu as un plan !
- Et bien…


Le regard de Gil glissa vers Naïs. Son épaule était en charpie et rien que de songer à son geste, complètement fou mais incroyablement efficace, il frémit. Sans un mot, il l’attira contre lui et essuya maladroitement ses joues, couvertes de boue, de sable, de sang et… de larmes ?

- Hé, souffla-t-il au moment où les hommes chargeaient dans un bel ensemble. Ça va aller.

Il savait que la situation présente n’avait rien à voir avec ces larmes. Que seules les paroles d’un vieux fou étaient responsables de la tristesse qui se peignait sur les traits de la jeune femme. Que, quoi qu’il puisse dire, là, maintenant, tout de suite, Naïs avait besoin de réconfort. Son réconfort. Sans rien ajouter, il la serra contre lui.

- J’ai pas de plan, avoua Seren, apparemment insensible à la scène. Mais eux, oui.

Suivant le regard de l’Envoleur, Gil écarquilla les yeux. Ils étaient là. Deux cent Djehins prêts au combat. Ils étaient massés sur une dune et à leur tête, Gil reconnut El’Kerrhim. Son visage s’éclaira.

- Tu avais tout prévu, n’est-ce pas ? Le piège, la bataille…

Ce n’était pas vraiment une question et Seren se contenta de hausser les épaules. Puis il s’installa plus confortablement, ignorant ses vêtements trempés, afin d’assister à la scène épique qui n’allait pas manquer de suivre. Lorsque les hommes des sables chargèrent, il y eu un mouvement de panique parmi les soldats de Vanol. Le combat fut rude. Force était de reconnaître que les impériaux avaient du courage, car aucun d’entre eux ne battit en retraite. Aucun… sauf Vanol. En le voyant fuir, Gil esquissa un mouvement, mais Naïs se fit plus lourde dans ses bras. Elle avait perdu connaissance.
Gil oublia Vanol.
Pas Seren.

Sans un mot, celui-ci siffla Pic, qui s’était rapproché d’eux en boitillant. Son maître avait retiré la flèche qui le gênait dans ses mouvements mais la blessure le faisait souffrir. Il renâcla doucement lorsque l’Envoleur attrapa l’arc fixé à la selle – et qui par miracle ne s’était pas brisé durant sa chute. Seren prenait son temps. Il sélectionna une flèche, la fit tournoyer entre ses doigts puis banda lentement son arc et décocha son trait. Mortel, il siffla dans les airs, traversant un champ de bataille désormais silencieux, dessina une courbe épurée et se planta dans le cou de Vanol. Seren baissa son arc et hocha la tête.

- Si Vil’Ancrasy est aussi rancunier que Vil’Vishyard, je suis dans la bouse de Raï jusqu’au cou !



*




Les Djehins étaient un peuple nomade. Principalement constitué de guerrier, il était composé de centaines de clans qui voyageaient en permanence dans le désert. Ils se risquaient très rarement au-delà de la frontière montagneuse qui les séparaient des plaines, raison pour laquelle la plupart des alaviriens ignoraient leur existence. D’après El’Kerrhim, c’était un avantage qui servait et protégeait une vie en perpétuelle harmonie avec la nature très spéciale du Désert des Murmures. S’il leur arrivait de croiser des Marchombres en quête du Rentaï, ils connaissaient peu de Mercenaires du Chaos et Seren était le seul Envoleur avec qui ils avaient décidé de s’allier. Vil’Vishyard leur avait trop longtemps mené la vie dure pour qu’ils ne voient pas en cet homme de légende une issue bénéfique…

Aussi étrange que cela puisse paraître, des dessinateurs vivaient au sein des Djehin – soit par appartenance légitime, soit par volonté propre. Grâce à eux, ils n’avaient fait qu’une bouchée des derniers mentaïs et la forteresse du noble déchu, presque entièrement bâtie au travers de l’Imagination, s’était complètement effondrée. Ne subsistaient que des ruines fumantes que les hommes des sables avaient abandonnées pour regagner leur campement provisoire. Il se situait à plusieurs kilomètres, niché dans la fraîcheur bienfaisante d’une oasis, et regroupait les trente-sept clans qui s’étaient alliés dans la défaite de Vil’Vishyard. Seren avait voyagé à pied, tenant son cheval par la bride pour lui éviter des souffrances inutiles. Gil, lui, s’était juché sur Océan, Naïs dans les bras, et n’avait permis à personne d’approcher la jeune femme. Il avait fallu que Seren le menace de lui casser toutes les côtes restantes pour qu’il consente à laisser les femmes des guerriers à s’occuper de son amie.

A présent allongé près d’elle, la tête de l’Envoleuse mussée dans le creux de son bras, il jouait distraitement avec ses longs cheveux noirs. Son regard errait sur la toile en peau de chèvre de la case qu’on leur avait gentiment cédée et ses pensées vagabondaient. Elles vagabondaient vers Libertée. Où était-elle ? Que faisait-elle ? Qu’avait-il bien pu dire ou faire qui l’ait fait fuir ? Et surtout, pourquoi s’obstinait-il à songer à la marchombre quand c’est Naïs qu’il serrait dans ses bras ? Dépassé, Gil modifia légèrement sa position, de façon à soulager son flanc douloureux, et il était sur le point de s’assoupir lorsque Naïs remua contre lui. S’obligeant à garder les yeux ouverts, il se pencha vers elle et effleura le bleu qui colorait sa pommette.

- Bonjour, Princesse ! murmura-t-il dans un sourire.


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MessageSujet: Re: Dans la flamme de mon coeur et la chaleur du désert... [Gil]   Dans la flamme de mon coeur et la chaleur du désert... [Gil] - Page 2 Icon_minitimeMar 04 Déc 2012, 22:19

≈≈≈ Naïs ≈≈≈

Vivante. Je suis vivante. Cette certitude pulse en moi alors que je me pelotonne un peu plus contre une douce chaleur. J’ai mal partout et mon épaule en miette me lance désagréablement, même si au fond j’espère encore pouvoir éviter un passage forcé dans une confrérie de Rêveur. L’atmosphère fraîche qui règne est radicalement différente de la forteresse maudite du désert. Cela ne fait aucun doute, je ne suis plus au même endroit. Suis-je restée inconsciente assez longtemps pour que Gil et Seren ai eu le temps de laisser les derniers combats derrière eux ? Probablement. Tandis que les paroles de Vil’Vishyard résonnent encore en moi, peut-être même sont-ils déjà loin du désert des Murmures. Ma gorge se noue à cette idée. Toutefois, les caresses apaisantes d’une main perdue dans mes cheveux balayent littéralement mes incertitudes puisque me voilà nichée au creux du bras de Gil. Et sa voix achève de me tirer du sommeil.

À mesure que les idées s’ordonnent dans ma tête, je conserve un long silence – très long silence. Là-bas, dans la tour, Vil’Vishyard a réussi à jeter le trouble dans mon esprit. Ce type est un vieux malade, fou, alors pourquoi sa perfidie et sa bassesse m’ont elles atteinte plus profondément que ne saurai l’avouer ? Voilà encore un mystère à résoudre, même si une infime réponse se dessine doucement.

- « Je suis restée inconsciente longtemps ? »

Evidemment. Evidemment, que j’évite le sujet alors que forcément, il va bien falloir l’aborder. Distraitement, je laisse ma main courir sur le torse de Gil en constatant simplement que l’aristocrate, cet espèce de sacré dégénéré dans son genre, n’avait pas été tendre, au contraire. J’ai d’ailleurs du mal à croire qu’il soit mort – même si les ennuis sont loin d’être terminés, surtout sachant que son fils cadet ne tardera pas à apprendre la nouvelle de la mort de son père. Indéniablement, cela me promet de beaux jours agités à venir. Passant une main sur mon épaule douloureuse, je grimace un instant.

- « Au fait, on est où ici ? »

* *
*


- « Naïs ! Arrêtes de t’occuper comme ça sans quoi ton épaule ne va jamais guérir ! »

Voilà deux jours désormais que Kyliah surveille le moindre de mes gestes et m’empêche de prêter main forte aux hommes dans certaines de leurs activités – rien de compliqué puisque la douleur qui me tiraille encore entrave ma liberté de mouvement. La femme, une vieille dame qui approche de ses soixante ans prétend avec convictions que, de toute façon, les femmes sont bien trop délicates pour devoir se salir les mains au cours de travaux trop rudes. Par conséquent, il faut laisser tout cela aux hommes. Dans son genre, elle est presque pire que Nwëlla, toutefois, heureusement que je suis assez maligne pour parvenir à échapper aisément à sa vigilance.

La situation a le don de faire sourire Gil et Seren. Moi pas car j’ai horreur que l’on me retienne prisonnière d’une façon ou d’une autre. Tout comme moi, les deux hommes commencent sérieusement à tourner en rond. Mais impossible pour Seren de reprendre la route tant que Pic n’est pas rétabli – c’est avec une grande patiente que l’Envoleur bichonne le vaillant étalon jour après jour. Et évidemment, hors de question, ni pour moi, ni pour Gil, de partir sans Seren. Nos se sépareraient bien assez tôt comme cela, j’imagine, une fois que l’on aura franchi les montagnes de l’Est. Moi, je filerai retrouver Seth, Atal, Ainhoa et toute la petite famille.

Le soir je finis par retrouver la tente. Notre tente à vrai dire, car malgré les questions qui restent indéniablement en suspens dans l’air, nous passons nos nuits blottis l’un contre l’autre avec Gil. Plusieurs femmes m’ont d’ors et déjà proposé de rejoindre leurs réunions nocturnes, mais j’ai refusé catégoriquement. Le genre de conversation qui s’y déroule ne m’intéresse que très peu. Me trouver au courant de tous les ragots du clan, rien que d’y penser, cela m’ennuie à l’avance. Cependant, je peux clairement sentir les regards amusés qui se tournent vers nous lorsque, avec Gil, nous finissons par regagner la tente, d’un même accord, après un repas bien animé autour d’un feu. J’imagine assez bien que notre drôle de relation doit fournir un sujet absolument passionnant sur lequel parler pendant des heures aux femmes du clan.

* *
*


Le feu crépite joyeusement et Kyliah, à côté de moi, me tend une tranche de viande grillée que je refuse. Depuis quelques jours, mon appétit a totalement disparu. Parfois, notamment lorsque Gil insiste particulièrement, je me force à manger avec toute la volonté dont je suis capable. Mais ce soir encore, impossible d’avaler quelque chose. Le pire, c’est que j’ignore la raison de cette perte d’appétit, moi qui aime savourer la bonne chair d’habitude.

- « Kyliah, je suis vraiment désolée, mais rien que l’idée de manger, ça me donne la nausée… »
- « Ah tu es déjà maigre comme tout ! Mais avoue, c’est lui qui te met la tête à l’envers ! »
- « Euh… »

Par la sainte culotte de l’Empereur ! Me voilà bien incapable de répondre à une vieille dame. Le silence s’installe entre nous l’espace de quelques secondes. Finalement, j’esquisse un léger sourire en secouant la tête d’un air dépité. Ces vieux alors, ils ont toujours tendance à exagérer les choses !

- « Hein ! Tu ne réponds pas ! File va… »

Eclatant de rire, je me lève d’un bond. Un impérieux besoin d’éclaircir certaines interrogation s’impose réellement. Réprimant un haut-le-coeur à l’odeur salée de la viande, je m’éloigne à grands pas du feu de camp. Et je ne tarde pas à être rejointe…
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Giliwyn SangreLune
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MessageSujet: Re: Dans la flamme de mon coeur et la chaleur du désert... [Gil]   Dans la flamme de mon coeur et la chaleur du désert... [Gil] - Page 2 Icon_minitimeMer 05 Déc 2012, 18:00

- Je suis restée inconsciente longtemps ?
- Pas assez pour m’inquiéter,
répondit Gil.

Il l’observa en silence. Naïs était perturbée par quelque chose. Sa moue en disait long. Elle était également plongée dans ses pensées et il devinait que sa réflexion concernait les paroles d’un vieux fou. Un fou, vraiment ? Gil était-il assez naïf pour croire que le discours de Vil’Vilshyard, s’il avait été formulé dans la haine, était complètement faux ? Clignant des yeux, il attendit que Naïs lui pose la seule véritable question qu’elle avait sur les lèvres. Une question à laquelle il n’avait pas de réponse satisfaisante. Elle choisit pourtant d’éviter le sujet comme un récif dangereux.

- Au fait, on est où ici ?

Il soupira.

- Un campement Djehin, quelque part dans le désert…

La porte de paille tressée qui fermait la tente s’ouvrit légèrement et le visage de Seren apparut dans l’entrebâillement.

- Gil ?
- J’arrive.


L’envoleur se coula hors du lit et se pencha sur Naïs pour dégager son front d’une mèche noire.

- Je vais te trouver quelque chose à manger. Essaie de ne pas trop d’agiter, d’accord ?

Sa question n’attendait pas de réponse et il quitta la case pour emboîter le pas à Seren. Ce dernier portait un bandage de fortune au bras gauche mais à sa mine reposée et son dynamisme habituel, on ne pouvait pas imaginer qu’il s’était battu moins de vingt-quatre heures plus tôt. Gil le suivait avec une allure moins probante. Sa côte cassée le lançait régulièrement et son dos, là où les aiguilles s’étaient enfoncées, lui faisait mal en dépit des baumes qu’on y avait appliqués. Curieusement, la blessure faite par le couteau de Vil’Vishyard était celle qui le faisait le moins souffrir. Mais il ne se leurrait pas sur la chance qu’il avait d’être encore en vie et pas une seule fois il ne songea à s’en plaindre. Seren le conduisit à l’endroit où se trouvaient les chevaux. Pic leva la tête à leur approche et hennit doucement. Gil remarqua qu’il ne posait pas sa jambe postérieure droite à terre.

- Il va lui falloir trois jours pour se remettre de sa blessure, minimum, dit Seren avant d’émettre un claquement de langue.

Le vaillant cheval boitilla jusqu’à lui et fourra ses naseaux dans sa main tendue.

- Il pourra toujours voyager ?
- Oui. La flèche n’a touché aucun muscle important, elle s’est enfoncée dans une masse graisseuse ; il va être gêné un petit moment mais ça ne l’empêchera pas de repartir en balade…


Gil flatta l’encolure de l’animal et Océan, jaloux, les rejoignit aussitôt.

- Belle bête, lança Seren en admirant les attaches fines et le poil brillant du cheval de Naïs.

Hochant distraitement la tête, Gil se perdit à nouveau dans ses pensées. A l’instar de Naïs, il ressassait les mots de Vil’Vishyard dont il accusait le coup. Le mal était fait. Il avait la terrible sensation que désormais plus rien, entre la jeune femme et lui, ne pourrait être comme avant. Ils avaient conjugué l’insouciance et le jeu, parfois dans l’urgence et la peur, souvent dans le partage et la sollicitude. De confident à confident, ils avaient abordé des sujets sensibles qui jamais n’étaient parvenus à installer un sentiment de gêne entre eux. Jusqu’à maintenant. Comme si la réalité s’imposait soudain au milieu d’un rêve. Comme si le jeu prenait fin. Ne restaient plus que des questions – une question – et des choix.
Un choix.
Le sien.

- Je peux garder un œil sur elle le temps que Pic se rétablisse, fit alors Seren d’un ton parfaitement anodin.

Il ne parlait pas de la monture de Naïs et Gil le savait très bien. Il soupira. Dans sa volonté de ne surtout pas trop informer Seren sur sa vie privée – c’était moins une question de vie et de mort qu’une question d’intimité – il oubliait que ce dernier était bien plus perspicace que la moyenne. C’était à se demander, parfois, s’il ne lisait pas tout simplement dans les esprits. Apprenti, Gil s’était posé cette question et aujourd’hui encore, il doutait de la réponse…

- Pas plus que Pic, je ne suis en état de voyager, grimaça-t-il en posant la main sur son flanc douloureux. Et il y a bien trop longtemps que je n’ai pas eu le loisir de me reposer.

Se reposer et réfléchir. L’esprit de Gil tournait à toute vitesse au point de lui donner la migraine. Il se sentait piégé et il avait horreur de ça. C’était même sa hantise, sa bête noire : il ne supportait pas d’être acculé par ses propres faits. Se retrouver dos au mur et face à une bande de brigands, oui. Se retrouver dos à un problème et face à une myriade de solutions, toutes moins utiles les unes que les autres, non. Dans les deux cas, une vie était en jeu et il n’était pas certain qu’il s’agisse vraiment de la sienne. Démoralisé, Gil s’éloigna en direction des cases pour trouver de quoi redonner des forces à Naïs. Il n’avait pas franchi la limite des premières habitations lorsque la voix de Seren retentit dans son dos :

- Tu te poses trop de questions. Il y a parfois des choix qui s’imposent d’eux même, parce qu’ils deviennent une évidence, une certitude profonde qui ne mérite pas la moindre réflexion. Tant que tu te poses des questions, c’est que tu n’es pas en mesure d’obtenir la réponse que tu cherches…




*




Si les Djehin étaient un peuple qui maîtrisait à la perfection l’art de la guerre, c’était également une population dont la culture était sans pareille. Les enfants apprenaient à lire et à écrire, à compter et à réfléchir. Suivant les traditions des différents clans, le savoir était transmis de diverses manières, la principale étant l’oralité. Chaque soir, il y avait une veillée durant laquelle se succédaient les conteurs, lesquels luttaient dans un combat mais qui se résumait à la parole et à l’imagination. Le pouvoir des mots était primordial, l’écoute du public déterminante et la réception d’une histoire, quelle qu’elle soit, conférait au conteur un statut exceptionnel. Ce soir-là, une femme aux yeux de chat et aux innombrables tresses noires emportait son public dans une aventure telle que nul n’osait plus faire un seul bruit. Assis en tailleur près du feu, les enfants avaient le regard rivé sur la conteuse, et il était intéressant de noter que la lueur d’intérêt qui brillait dans leurs yeux scintillait également dans la plupart des adultes réunis, guerriers compris.

Gil n’était pas particulièrement sensible aux histoires. Il avait en mémoire une voix douce et chaude qui lui racontait des épopées extraordinaires mais, comme pour tout ce qui concernait son passé, il avait fermé cette fenêtre à double tour et seul un écho lointain persistait parfois à se faire entendre. Les histoires ne sont rien d’autre que des mensonges. Voilà ce qu’il pensait du travail néanmoins admirable de la jeune femme qui, par la seule force de sa voix, était parvenue à capter l’attention des clans réunis. Assis sur un tapis finement tissé, adossé à un amas de sacs de sel et les bras croisés sur la poitrine, Gil prêtait donc une oreille peu attentive aux paroles de la conteuse. Depuis quelques minutes, il observait Naïs, assise un peu plus loin aux côtés de Kyliah. La vieille femme semblait avoir pris l’envoleuse sous son aile et à en juger par la moue boudeuse de celle-ci, elle était en train de lui faire une énième leçon de morale. Un sourire effleura les lèvres de Gil. Il n’enviait pas le sort de Naïs et en dépit des appels à l’aide silencieux qu’elle s’évertuait à lui envoyer, il n’envisageait pas un seul instant de la sortir de là.

Plus rien n’était comme avant. Elle avait confirmé cette crainte en prenant soin de l’éviter autant que possible, ce qui n’était pas un simple dans un campement comme celui-ci. Il n’avait fallu à Gil qu’une poignée d’heures pour s’en rendre compte. Et décider de ne rien faire. Tant que Naïs n’était pas prête à lui poser sa question, il n’était pas prêt à y répondre. En fait, cette parade un peu lâche était aussi confortable pour lui que pour elle, et il n’était pas pressé d’y mettre un terme. Il se posait toujours autant de questions. Et plus il s’en posait, plus ses pensées s’égaraient vers Libertée tandis que Naïs, elle, s’éloignait. Elle s’effaçait de son plein gré – du moins voulait-il le croire, parce que c’était plus simple… Un tonnerre d’applaudissement mêlé de cris joyeux éclata et il battit distraitement des mains. Naïs venait de se lever pour s’éloigner à grands pas et presque aussitôt, Kyliah le regarda en fronçant les sourcils. Qu’est-ce que j’ai fait, encore ? La vieille femme désigna Naïs du menton et Gil soupira. D’accord.Djehin ou non, on ne discutait jamais un ordre de Kyliah.

Abandonnant son repas avant même de l’avoir véritablement entamé, Gil enjamba tapis, sacs et coussins pour s’enfoncer dans l’obscurité à la suite de Naïs. Il ne tarda pas à la trouver. L’envoleuse avait l’air de l’attendre, et comprenant soudain que c’était réellement le cas, Gil s’arrêta. Il était à un pas d’elle seulement. Son premier réflexe fut de tendre la main pour la glisser dans les longs cheveux noirs qui cascadaient dans le dos de la jeune femme, mais il réprima son geste et se contenta de croiser les bras.

- Qu’y a-t-il ?


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MessageSujet: Re: Dans la flamme de mon coeur et la chaleur du désert... [Gil]   Dans la flamme de mon coeur et la chaleur du désert... [Gil] - Page 2 Icon_minitimeMer 05 Déc 2012, 19:31

≈≈≈ Naïs ≈≈≈

Et voilà Gil qui se glisse dans un souffle derrière moi. Une vague d’hésitation perturbe un instant l’atmosphère ne laissant pas longtemps en suspens la question muette. Qu’y a-t-il ? Trop de choses, toutes incroyablement compliquées. J’ai la nette impression de me débattre avec une situation qui me dépassent totalement. Lentement, je me sens sombrer, consumée littéralement de l’intérieur. L’histoire semble étrangement sur le point de se répéter. Malgré Pan qui s’y insinue tout doucement – le souvenir de ces trois jours sur le rivage des grands Océans ne me quitte pas – tout cela promet de laisser mon cœur encore une fois en miette. Et j’aurai bien du mal à le réparer cette fois-ci.

- « Pourquoi tout est si compliqué Gil ? Je ne sais même pas par où commencer… »
Par où commencer ? Par quoi ?

Mes pensées s’entrechoquent dans ma tête et je ne parviens pas à y mettre un peu d’ordre. J’ai l’impression de m’enfoncer un peu plus à chaque fois que j’essaye d’y jeter un peu de lumière. Toutefois, ce soir, je ne dérobe plus. Il faut tirer cette au clair sinon elle finirait indéniablement par nous éloigner, or cela, je ne le veux pour rien au monde.

- « Tu sais, parfois je regrette de t’avoir entraîné dans toute cette histoire. Après tout, si tu n’avais pas tué ce Mentaï – certes, je ne serais peut-être plus en vie à l’heure qu’il est – tu ne serais pas autant recherché »
Si tu savais comme je m’en veux de t’avoir mis en danger, et de continuer à le faire par le simple fait de penser un peu trop souvent à toi.

Vil’Vishyard a sacrément réussi son œuvre. Il avait voulu me faire douter : c’est gagné. Il me connaissait assez bien pour savoir à quel point ma peur d’être abandonnée, délaissée, est immense. Lorsque son ordure de fils est parti en me laissant Seth et Morgan, ma confiance s’est brisée complètement et je ne l’ai jamais plus retrouvée. Le vieillard savait où cela faisait mal et il avait frappé fort. Très fort. Alors la question qui me taraude depuis deux jours tombe enfin. Et je redoute d’entendre la réponse.

- « Et si j’étais morte, dans cette forteresse ? Tu m’aurais vraiment oublié ? Tu m’oublierais aussi facilement ? »
C’est bête, mais oui, cela m’empêche presque de bien dormir !

Un nom flotte un instant dans ma tête. Libertée. De toute évidence, Gil semble tenir beaucoup à elle. L’aime-t-il plus que moi ? Pourtant, je le sais et je suis la première à l’affirmer, il est impossible d’aimer plus ou moins, mais autrement oui. La certitude pulse en moi puissamment dessinant une ébauche de réponse à toutes mes questions. Et je daigne enfin lâcher un léger sourire en haussant les épaules distraitement.

- « Libertée hein ? C’est un joli nom… »
Par la sainte culotte de l’empereur ! J’espère pour toi qu’elle n’est pas aussi compliquée que moi…

Alors instinctivement, je fais quelque chose que je n’ai pas fais depuis deux jours entiers : je me blottis dans les bras de Gil, cherchant son étreinte apaisante. Le pauvre doit bien se demander pourquoi je me pose des questions aussi stupides. D’un seul coup, les mots cascadent clairement dans ma tête.

- « Tu sais, j’ai déjà aimé. Plusieurs fois même. À chaque fois, c’était la musique : quand je commençais à m’attacher, je me retrouvais aussitôt seule. Le dernier m’a détruite. Complètement. Le père de Seth. Il est parti sans donner de signe de vie en me laissant avec deux gamins. Depuis, ma confiance en moi s’est envolé sans jamais revenir surtout depuis la mort de mon fils en même temps que celle de mes parents. La peur d’être abandonnée, encore, m’a longtemps empêché de m’attacher à nouveau. Jusqu’à ce que je te rencontre… »
… Va savoir pourquoi !

Là, tout de suite, mon cœur bat la chamade. Gil n’a pas dit un seul mot…



[Voilà, court mais intense...]
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MessageSujet: Re: Dans la flamme de mon coeur et la chaleur du désert... [Gil]   Dans la flamme de mon coeur et la chaleur du désert... [Gil] - Page 2 Icon_minitimeMer 05 Déc 2012, 20:07

- Naïs.

(Il se dégage doucement mais fermement pour la tenir par les épaules et la regarder en face)

J'ai horreur des choix. Ils me font peur et ils me font mal alors je me débrouille toujours pour les éviter. Je sais bien que je fais des tas d'erreurs qui me discréditent ou nuisent à ma réputation mais... Je refuse que toi, tu doutes de moi.

(Il soupire)

Les choses ne sont pas simples en ce moment, c'est vrai. Et pourtant je suis sûr d'une chose, là,maintenant, tout de suite : je n'aurai pas supporté de te perdre. Je tiens beaucoup trop à toi pour pouvoir m'imaginer vivre sans ta présence, ton rire, ta force - toi ! Tu comprends ? Et rien ni personne, pas même un vieux fou, ne pourra changer quoi que ce soit à l'affection que je te porte.
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MessageSujet: Re: Dans la flamme de mon coeur et la chaleur du désert... [Gil]   Dans la flamme de mon coeur et la chaleur du désert... [Gil] - Page 2 Icon_minitimeMer 05 Déc 2012, 20:35

- « Gil

(Elle réprime un sanglot)

Me laisse plus jamais douter comme ça...

(Elle essuie ses larmes d'un revers de main)

Par la sainte culotte de l'Empereur ! Je crois je n'ai jamais autant pleuré en si peu de temps ! »






[Par la sainte culotte de l'empereur comme dirait l'autre, on n'a qu'à mettre cette nouvelle crise de larmes sur le compte des hormones x)]
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MessageSujet: Re: Dans la flamme de mon coeur et la chaleur du désert... [Gil]   Dans la flamme de mon coeur et la chaleur du désert... [Gil] - Page 2 Icon_minitimeMer 05 Déc 2012, 23:03

- Pleure, si ça te fait du bien. Après tout ça, je comprends que tu en aies besoin...

(Il glissa la main dans ses cheveux et appuie sa tête contre son épaule pour l'aider à se calmer.

Naïs ? Qu'est-ce que tu vas faire, à présent ?
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MessageSujet: Re: Dans la flamme de mon coeur et la chaleur du désert... [Gil]   Dans la flamme de mon coeur et la chaleur du désert... [Gil] - Page 2 Icon_minitimeMer 05 Déc 2012, 23:13

- « J'en ai absolument aucune idée Gil, en fait j'ai l'impression d'être incapable de réfléchir correctement...


... Et toi ?
»
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MessageSujet: Re: Dans la flamme de mon coeur et la chaleur du désert... [Gil]   Dans la flamme de mon coeur et la chaleur du désert... [Gil] - Page 2 Icon_minitimeMer 05 Déc 2012, 23:19

- Je dois m'en aller. Dès que mes côtes douloureuses me permettent de monter à cheval. D'ici trois jours, tout au plus...
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MessageSujet: Re: Dans la flamme de mon coeur et la chaleur du désert... [Gil]   Dans la flamme de mon coeur et la chaleur du désert... [Gil] - Page 2 Icon_minitimeMer 05 Déc 2012, 23:26

- « Je doute que Kyliah me laisse partir avant que mon épaule ne soit complètement remise ! A mon avis, je vais devoir filer en douce, comme une voleuse... Gil ? Promets-moi d'être prudent surtout ! »
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MessageSujet: Re: Dans la flamme de mon coeur et la chaleur du désert... [Gil]   Dans la flamme de mon coeur et la chaleur du désert... [Gil] - Page 2 Icon_minitimeMar 11 Déc 2012, 15:22

Gil grimaça en soulevant son sac, pourtant à moitié vide, se retourna et se figea net en découvrant Kyliah plantée devant lui. La vieille femme avait son regard de tigresse en colère et l’envoleur se sentit soudain très insignifiant devant elle.

- Tu t’en vas.

Ce n’était pas une question, pourtant Gil se crut obligé de lui répondre.

- Des choses à faire, dit-il en contournant Kyliah.
- Je vois…
- Si vous voyez vraiment ce que je veux dire, oubliez les sermons que vous avez dans la tête et dites-moi simplement au revoir.


Elle le suivit hors de la case dans laquelle il avait dormi pendant cinq nuits avec Naïs.S’il ne s’était absolument rien passé entre eux durant tout ce temps partagé, les clans avaient jasé, certains croyant dur comme fer que les deux envoleurs filaient le parfait amour, d’autres, comme Kyliah, préférant ne rien dire mais n’en pensant pas moins. Gil était pourtant fermement décidé à mettre les voiles, et ce pour plusieurs raisons dont la première s’attachait au climat. Il appréciait le désert, ses dunes rondes et mouvantes et surtout, la sérénité qui régnait où que l’on soit, mais il faisait trop chaud et… il n’y avait pas Libertée. Raison suprême qu’il se dissimulait à lui-même en songeant simplement qu’il avait une énorme envie de manger des pêches.

- Je vois surtout que tu es plus têtu qu’un chameau.
- Alors grondez-moi une bonne fois pour toute,
grogna Gil en faisant glisser son sac sur la selle de Zalasod, le magnifique destrier offert par le clan d’El’Kerrhim.

Mais au lieu de lui tomber dessus avec toutes ses foudres, comme il l’avait prédit, Kyliah se contenta de saisir le visage de Gil entre ses fines mains ridées et de se hisser sur la pointe des pieds pour se hisser à sa hauteur. Elle plongea son regard ambré dans celui, fort surpris, du jeune homme :

- Têtu comme un chameau mais pas plus idiot ! Mon petit, la vie est faite de choix et si tu persistes à les éviter comme tu le fais aujourd’hui encore, tu vas finir par t’en mordre les doigts…
- Mais…
- Je n’ai pas fini !
s’exclama-t-elle en lui asséna une tape sèche à l’arrière du crâne. Il y a des choix qui demandent du courage, et toi, tu n’en manques pas. Aie confiance et, pour une fois dans ta vie, écoute ton cœur au lieu de te torturer l’esprit !
- Vous n’auriez pas parlé avec Seren, par hasard ?
demanda Gil en plissant des yeux soupçonneux.

Pour toute réponse, Kyliah se contenta d’un sourire plein de mystère et d’un baiser sur ses joues rugueuses. Comme elle le lâchait, Gil sentit la pression d’une main sur son épaule. Il se tourna vers Seren et observa un instant son ancien mentor sans rien dire.

- Pic a l’air d’aller mieux, dit-il en haussant un sourcil moqueur.
- On a mérité un jour de repos supplémentaire, tous les deux. Toi aussi, tu pourrais rester une journée de plus…
- Non. Je préfère encore souffrir le martyr sur ma selle plutôt que de passer une heure de plus en ta compagnie !
- Ferme ton clapet ou je vais penser que tu es une vraie mauviette,
fit Seren en lui décochant un coup de poing dans les côtes.

Gil encaissa le choc sans un mot mais la douleur se répercuta le long de ses os avec force et il sentit les larmes lui venir aux yeux.

- Pleure pas, va, on se reverra…
- Le plus tard sera le mieux,
marmonna Gil avant de se tourner vers Kyliah. Où est Naïs ?

La vieille femme haussa les épaules et Gil soupira. Il n’avait pas vu la jeune femme de toute matinée. Depuis leur discussion nocturne, trois jours plus tôt, Naïs l’avait soigneusement évité et il n’avait pas cherché à lui imposer sa présence, comprenant qu’elle avait besoin de temps pour se remettre de ses émotions et acceptant qu’elle n’ait pas besoin de son aide pour le faire. Tout en enfourchant Zalasod, il songea que Naïs était tout de même un vrai mystère, un peu comme un coquillage qui s’ouvre rarement et se ferme hermétiquement. Chaque nuit qu’ils avaient passé ensemble, il avait senti son trouble mais n’avait rien pu faire pour l’en débarrasser. Il ne savait même pas s’il en était vraiment à l’origine. Mais alors qu’il s’apprêtait à partir, il était frustré de ne pas pouvoir lui dire au revoir. C’est peut-être mieux comme ça.

- Fais gaffe, Cabochard, t’es pas en bons termes avec l’Empire en ce moment, lâcha Seren en caressant la tête du fougueux animal qu’on avait offert à son ancien apprenti. Et ça m’étonnerait qu’après de tels exploits, tu remontes dans l’estime des chasseurs de prime les plus hargneux !
- Tant mieux, ça me fera un peu d’animation, là-bas.
- Sois prudent, mon petit ! supplia Kyliah. Et n’oublie pas ce que je t’ai dit !
- Juré, promis.

D’une pression des talons, Gil fit partir Zalasod au galop. A son passage, les membres des divers clans qui s’étaient réunis pour assister à la chute du Monstre poussèrent de grands cris victorieux ; désormais, les Djehins l’accueilleraient toujours à bras ouverts, si jamais il devait revenir dans le Désert des Murmures. Il en doutait sincèrement. Mais alors qu’il franchissait le sommet de la première dune, son instinct lui souffla quelque chose et il tira sur les rênes, freine Zalasod dans sa course folle. Un vent léger et chaud balayait le sable et caressait son visage, agitant ses cheveux noirs et hirsutes. Tournant la tête, il reconnut la silhouette lointaine de Naïs, debout sur une dune voisine. Le regard de Gil demeurait impénétrable, pourtant une question traversa son esprit : le voyait-elle ? Elle qui voyait bien mieux que toute personne n’étant pas aveugle sur cette terre, ressentait-elle sa présence, si proche et à la fois si loin ? Pour seule réponse, Gil perçut un murmure. A moins que ce ne soit plutôt un souvenir…

- Gil ? Promets-moi d’être prudent surtout !
- Toi aussi, Naïs : tu dois me promettre de cesser de fourrer ton joli petit nez dans les pires situations qui soient. D’accord !


Le murmure s’amplifia. Que ce soit celui du vent ou celui de Naïs, peut importait, il avait son au revoir. Un pli de sourire se dessina sur la joue de l’envoleur.

- A bientôt, ma princesse, souffla-t-il.

Sa mauvaise humeur envolée, il talonna Zalasod, ignorant ses côtes encore douloureuses.
Son nouvel objectif avait envahit son esprit, son cœur et son âme pour le rendre insensible à tout ce qui n’avait pas des yeux roses et des cheveux blonds. Un cap sur lequel il avait finalement arrêté son choix et qui portait un nom des plus beaux qui soit.
Libertée.


[Merci ma Naïs pour ce suuuuper Rp ! Ce qui est bien, c'est qu'il y en a déjà un nouveau d'entamer pour me consoler d'avoir terminé celui-là ^^ Je te laisse fermer la marche ?]
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