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 Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs]

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Giliwyn SangreLune
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MessageSujet: Re: Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs]   Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs] - Page 2 Icon_minitimeMer 23 Déc 2015, 20:38

[Et moi je réponds tout de suite, histoire de te donner encore plus de travail et de bien te mettre la pression, gnéhéhé...  Twisted Evil  Wink]




- Debout les jeunes !

Gil grogna et se retourna, cherchant à se rendormir en dépit de l’agitation qui régnait autour de lui. Mais alors qu’il était sur le point d’y parvenir, une masse humaine s’affala sur lui de tout son poids et il sentit deux mains glisser le long de ses côtes pour le chatouiller.

- Arrête ça… marmonna-t-il aussitôt.

Contre lui, Makeno se figea, puis commença à reculer pour le laisser tranquille. Gil soupira. Sans ouvrir les yeux, il referma les bras sur le garçon pour l’empêcher de s’échapper et le fit rouler dans le lit pour se mettre à le chatouiller. Les rires de l’enfant achevèrent de l’éveiller complètement. Tout en continuant de torturer sa victime, il leva la tête et parcourut les alentours du regard. De jour, le séjour de Dùnhild était lumineux et chaleureux : tout était couleurs, formes improbables associations d’objets auxquelles il était curieux de songer mais qui, dans cet endroit, s’accordaient parfaitement ; les armoires étaient remplies d’ingrédients intrigants et de fioles plus ou moins remplies, des herbes tressées étaient accrochées aux poutres  et se balançaient doucement au rythme d’une brise qu’il était incapable de percevoir. Il régnait dans la pièce une douce chaleur, comme si un feu avait été allumé quelque part, alors qu’il n’y avait pas de cheminée. L’herboriste s’affairait quelque part dans sa cuisine, à en juger par le bruit des ustensiles s’entrechoquant inlassablement, et Gil ne put s’empêcher de se demander si elle vivait réellement dans cet endroit. Il avait vu sa demeure et sa boutique à Al-Jeit. Quelle raison Dùnhild avait-elle de vivre en pays Faël ?

- Maman, Gil ! Loam et Dùnhild ont dit qu’aujourd’hui c’est un jour très spécial ! s’exclama Makeno en reprenant son souffle.

Il avait les pommettes roses et le regard vif d’un petit garçon en bonne santé, même si la minceur de son visage témoignait de son récent empoisonnement. Gil leva les yeux vers Naïs.

- Comment ça ? demanda celle-ci en fronçant les sourcils.
- Aujourd’hui, nous célébrons nos marins, spécialement ceux perdus en mer.

Gil tourna la tête vers la jeune femme qui venait de répondre à la question de l’Envoleuse. C’était une Faëlle. Sa peau sombre tranchait avec le blanc très pur de ses cheveux dont les courtes mèches joyeuses encadraient le visage, ajoutant une touche enfantine à son expression déjà malicieuse. Donc c’est toi, Loam…

- C’est l’occasion de grandes festivités en ville. Il faut absolument que vous veniez voir ça !

Gil grogna, peu intéressé par la proposition alors qu’il avait seulement envie de dormir trois ou quatre jours encore, histoire de récupérer un peu du passage ravageur de la Silencieuse dans son organisme. Il fronça les sourcils en percevant un écho à son intervention et découvrit Sen, appuyé contre un mur. Les bras croisés et l’air renfrogné, il dévisageait la Faëlle avec la même affection que lorsqu’il le regardait, lui.

Autrement dit, aucune.

- C’est une bonne idée !

Du coin de l’œil, Gil vit que Naïs avait légèrement levé le menton. Le défi qu’elle lançait était indéniable, et à en juger par l’expression de Sen, elle était bien partie pour le remporter. Gil sourit intérieurement. Il n’avait absolument pas envie de se lever, il ignorait même si ses jambes étaient assez fortes pour le porter, mais rien que pour agacer l’Envoleur, il était prêt à danser une gigue endiablée.



*



- Alors ?

Un sourire jusqu’aux oreilles, Loam fixait tour à tour Gil, Naïs, Sen et Juhen en attendant qu’ils lui répondent. Ils se trouvaient dans une rue enfiévrée par tout un festival de saveurs, de couleurs et d’odeurs, symphonie de rires, de chants et de danses qui éloignaient jusqu’à l’idée même de la mort. Jamais encore Gil n’avait vu pareille cérémonie commémorative. Pourtant, ce qui aurait pu paraître décalé, voire offensant dans une célébration à l’égard des disparus était ici bien plus parlant et plus puissant que n’importe quelle prière affreusement lassante.

- Alors, le moins qu’on puisse dire c’est que vous savez faire la fête, répondit Gil en se décalant pour laisser passer un Faël qui transportait plusieurs pintes d’un liquide mordoré et visiblement chargé en alcool.
- Qu’est-ce que c’est ? s’enquit aussitôt Juhen en se démanchant presque le cou pour suivre les boissons des yeux.
- De la liqueur d’agrumes au miel.
- Il faut que je goûte ça !
s’écria le Thül avant de se tourner vers Gil. T’en veux une ?
- Merci, mais non,
grimaça l’interpelé. Je crois que mon estomac ne s’est pas encore remis de ses dernières émotions…

C’était peu de le dire : le moindre fumet qui émanait des étales présents un peu partout lui soulevait le cœur. Il faisait de son mieux pour ne pas montrer son dégoût, mais la simple pensée de boire de la liqueur lui donnait la nausée. Dùnhild l’avait prévenu qu’il allait rester sensible à toute forme de nourriture durant plusieurs jours. C’était toutefois un prix relativement léger à payer pour avoir la vie sauve… Juhen lui avait raconté à quel point il avait eu de la chance. Il s’en était fallu de peu pour qu’il ne prenne pas l’antidote à temps. Ils avaient d’ailleurs cru qu’ils l’avaient perdu et la nuit qui avait suivi avait été très longue pour ceux qui l’avaient veillé. Il avait dormi deux jours d’affilée, mais il se sentait toujours vaseux et épuisé. Il lui avait fallu un peu de temps pour parvenir à se tenir sur ses jambes seul et sans qu’elles ne tremblent à la manière de celles d’un faon. Agacé par cette faiblesse qu’il n’avait pas l’habitude de ressentir, Gil s’était muré dans un silence boudeur. L’animation ambiante ne suffisait pas à lui remonter le moral. Le sourire d Makeno, en revanche, lui mettait du baume au cœur. Comment décrire le soulagement qui l’étreignait à le voir courir d’un spectacle à l’autre, dévorer du regard les jongleurs, rire aux plaisanteries de Juhen, savourer ce que Loam lui faisait goûter ? Vivre, tout simplement ? Ils avaient été si prêts de le perdre, lui aussi…

- Viens.

Tiré brusquement de ses pensées, Gil sursauta et laissa Naïs entremêler leurs doigts. Il ne lui résista pas non plus lorsqu’elle l’entraîna à sa suite sur la place. Mais lorsqu’elle commença à danser, il recula d’un pas et secoua la tête.

- Naïs…

Cette musique… Il fronça les sourcils. Ce n’était pas une musique alavirienne et pourtant, il en reconnaissait quelques notes. Souvenir lointain qui refit surface avec la force d’un boulet de canon. A cet instant précis, ses doigts le démangèrent et il eut l’envie furieuse de jouer de la flûte pour accompagner cet air enjoué et fichtrement familier qui retentissait dans la ville. Devant lui, Naïs dansait, féline, merveilleuse. Il fut surpris de ne pas ressentir l’élan de désir qui l’avait animé quelques mois plus tôt. Ce qu’il vivait était différent. Indéniablement puissant, mais différent. Ce fut toutefois la force du lien qui les unissait qui poussa Gil à se rapprocher de l’Envoleuse pour passer un bras autour de sa taille. Il était trop faible pour danser avec la même passion que lors de leur première rencontre, mais pendant quelques secondes, il se laissa porter par le rythme de la musique et celui de Naïs.

Le poids d’un regard lui fit lever la tête et croiser celui, orageux, de Sen. Gil lui décocha un clin d’œil amusé et eut la satisfaction de voir le maître de Naïs se raidir, juste avant de trébucher sous le coup d’une bourrade de Juhen. Gil ricana. Bien fait, songea-t-il, juste avant de se dire que Naïs devenait de plus en plus lourde contre lui. Il baissa les yeux au moment où elle perdait connaissance, et la rattrapa pour la soulever dans ses bras. Sen était déjà planté devant lui.

- Naïs !
- Elle s’est évanouie.
- Je sais. Laisse-moi voir si…
- Gil’Massek !
gronda Gil en reculant d’un pas. Arrête un peu de croire que tu es le seul à t’inquiéter pour elle.

Piqué au vif, Sen soutint le regard de Gil. Ses doigts caressaient machinalement le manche de son arme.

- Tu n’es pas en état de la soutenir. Laisse-moi la porter jusque chez Dùn…
- On se retrouve là-bas.


Gil s’était exprimé d’un ton extraordinairement calme et sans appel. Tant et si bien que Sen, qui n’aurait pourtant eu qu’à lui souffler dessus pour le faire tomber, resta immobile et laissa Gil disparaître dans la foule.



*



- Je crois que je sais ce que tu as.

Ils se trouvaient de nouveau chez Dùnhild. Naïs avait repris connaissance et se tenait dans un large fauteuil, à la merci des regards inquiets posés sur elle. Sen avait surtout l’air de vouloir l’étrangler de ses propres mains, mais l’Envoleuse, comme à son habitude, n’en faisait qu’à sa tête. Elle sembla toutefois oublier ses projets pour se jouer de ses amis surprotecteurs lorsque Loam l’interpela d’un ton pensif. D’ailleurs, l’attention générale se porta sur la Faëlle.

- Ma sœur, elle est malade aussi. Elle a les mêmes symptômes que toi. Je pensais que seuls les Faëls pouvaient en souffrir…
- C’est le cas,
fit Dùnhild. Je n’ai jamais rien vu de semblable en Gwendalavir. Il est probable que tu aies de lointains cousins Faëls ma grande !
- Hein ?!
- La bonne nouvelle,
reprit Loam sans prêter attention à la surprise de Naïs, c’est qu’il existe effectivement un moyen d’atténuer les symptômes et de ralentir la progression de la maladie.

Surprise.

Espoir.

Gil se mordit la lèvre pour laisser Nais poser la question à sa place.

- Ok… c’est quoi ce moyen ?
- C’est une fleur. Une fleur qui ne pousse que dans les montagnes au nord du pays. Dùnhild pourra te faire une potion. Mais il faut se dépêcher…


Gil n’avait pas attendu la fin de la phrase pour attraper son manteau, mais la main de Sen se refera sur son poignet alors qu’il soulevait le vêtement.

- Qu’est-ce que tu fiches, SangreLune ?
- Je vais chercher la fleur.
- Dans cet état ?


Il fallait admettre que Sen avait raison de douter : les montagnes étaient à plusieurs semaines de voyage. Mais le regard que lui retourna Gil était suffisamment évocateur pour que l’Envoleur finisse par lui lâcher le bras. Il était déterminé.

- Si tu pars, je viens, décréta Juhen.
- Moi aussi ! s’écria Makeno.
- Hep hep hep, une minute, vous trois ! intervint Loam, mais Dùunhild l’interrompit en lui posant une main sur l’épaule.
- Tu ne vois donc pas qu’ils sont déjà décidés ? Un ouragan ne saurait les empêcher d’y aller…
- Mais… ils vont vraiment…
- Faire tout ce voyage ? Affronter les dangers qui vont leur faire obstacle ? Braver les éléments ? Oui. C’est évident.
- Incroyable…
- Loam ?
- Oui ?
- Tu devrais les accompagner. Sinon, ils vont encore trouver le moyen de se blesser.
- Et vous ?
- Si vous croyez que je vais vous laisser vous amuser sans moi, vous vous fourrez le doigt dans l’œil !




*



Assis sur le matelas, Gil achevait de préparer son sac lorsque Naïs vint le rejoindre. Comment avait-elle pu échapper à la surveillance de ses farouches gardiens ? Un sourire sur les lèvres, il secoua la tête.

- On dirait qu’on est repartis pour un tour, dit-il en se remettant à sa tâche.

Comme elle ne disait rien, il finit par s’interrompre de nouveau.

- Naïs ? Tout va bien ?

Question vide de sens en la situation, puisque l’Envoleuse était malade. Mais elle devait avoir compris ce qu’il voulait savoir. Est-ce qu’elle se sentait prête à faire ce voyage ? A tenir un peu plus longtemps, à narguer la mort pour trouver cette satanée fleur ?

A lui faire confiance, une fois encore ?
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MessageSujet: Re: Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs]   Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs] - Page 2 Icon_minitimeJeu 24 Déc 2015, 21:29

- « J’en sais rien… »

S’assoie sur le rebord du matelas en soupirant.

- « Ce voyage, Gil, c’est au minimum trois semaines, et encore, si tout se passe bien… » elle se masse les tempes « T’as pas mieux à faire que de te lancer à l’aventure pour une cause perdue ? T’as pas envie de retrouver ta copine plutôt ? A ta place, c’est sans doute ce que j’aurais fait… »

Enfouit sa tête dans le creux de ses mains pendant de longues secondes, puis se mord la lèvre inférieure.

- « Désolée, je sais bien que je n’aide pas en disant ça mais… » hésite un instant « Je ne suis même pas sûre de pouvoir tenir bon encore tout ce temps. Dis ? Tu veux bien me promettre un truc ? »








[Pour la peine, ma petite Naïs a décidé de ne pas simplifier les choses... Comme d'habitude xD]
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Giliwyn SangreLune
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MessageSujet: Re: Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs]   Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs] - Page 2 Icon_minitimeVen 25 Déc 2015, 09:43

- Libertée et Suviyo vont bien. Je ne partirai pas tant que je ne vous saurai pas hors de danger, Makeno et toi. Je reste !

Naïs... S'il te plaît, ne me fais pas le coup de la dernière promesse avant la fin. Je vais la trouver, cette fleur qui te guérira. Tu as confiance en moi ?



[Il semble que Naïs n'aime pas la simplicité ^^ Peut-être pour ça que Gil et elle s'entendent aussi bien... Rolling Eyes]
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MessageSujet: Re: Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs]   Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs] - Page 2 Icon_minitimeVen 25 Déc 2015, 20:01

- « Aveuglément » glousse « Sans mauvais jeu de mots... »

Reprend son sérieux.

- « Mais Gil ? Pourquoi ? Pourquoi tu fais ça ? » entortille une mèche autour de son doigt « Pourquoi tu tiens absolument à me sauver ? Après tout, je ne fais qu'attirer les ennuis autour de moi, je suis un vrai boulet ! Incapable d'avancer ! Incapable de sauver ceux que j'aime ! Incapable de faire rentrer quoi que soit dans la cervelle de mon apprentie ! Incapable de dire à mes enfants et à Pan combien je les aime ! Incapable de ne serait qu'apprécier la copine de mon meilleur ami ! Incapable de porter à Miin autant d'amour qu'il m'en porte ! Au fond, ma mort ne sera pas une grosse perte, non ? »










[Wouhouuuu ! Joli petit pétage de câble, on va dire que ce n'est qu'un gros coup de flippe passager  ]
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Giliwyn SangreLune
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MessageSujet: Re: Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs]   Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs] - Page 2 Icon_minitimeVen 25 Déc 2015, 23:45

- Ah oui, tiens ! C'est vrai qu'en fait on s'embête pour rien. Non, tu as raison, je ne sais pas du tout pourquoi je tiens autant à toi. Tu causes beaucoup trop, tu es un aimant à catastrophes, tu as un fichu caractère et tu es parfois injuste avec tes proches. Bon, et bien je te laisse, alors. Salut !

(Il se lève et s'éloigne avant de s'arrêter sur le seuil de la pièce. Pour se remettre à parler, mais sans se retourner)

Tu sais, Naïs, personne ne te demande d'aimer qui que ce soit. Après tout, on ne peut pas dire que Libertée te porte dans son coeur non plus... Mais tu pourrais peut-être aimer un petit peu plus ta propre personne. Et pour une fois, te battre pour toi-même. Vivre est une formidable aventure !
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MessageSujet: Re: Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs]   Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs] - Page 2 Icon_minitimeSam 26 Déc 2015, 14:59

- « Peut-être, mais ça me fiche la trouille ! Pas tant de vivre, mais surtout de réapprendre à vivre. Autrement... »

Se lève à son tour pour s'arrêter à quelques centimètres de Gil.

- « Et puis, je me suis trop battue... Je suis fatiguée de me battre... »

Vacille dangereusement.
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MessageSujet: Re: Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs]   Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs] - Page 2 Icon_minitimeJeu 07 Jan 2016, 23:25

Gil soupira. Réapprendre à vivre ? Qu’est-ce que c’était que cette histoire, encore ? Depuis quand fallait-il apprendre à exister ? Et depuis quand pouvait-on oublier l’effet que cela faisait ? Jamais Gil n’avait douté de son existence. Il avait toujours pris soin de mener sa vie comme il l’entendait. D’accord, avec un léger coup de pouce du hasard, parfois – souvent. Il n’avait pas appris à vivre, mais à s’étonner de tout ce que la vie pouvait lui offrir : il avait appris la surprise quand il était tombé amoureux de Libertée ; il avait appris à apprendre avec Kaünis ; il avait appris à aimer la vie avec ses parents. Et à ôter celle-ci avec Seren. A la donner pour Suviyo. Pour Gil, la vie était un enchaînement constant d’apprentissages. Mais on n’apprenait pas à vivre. On vivait. Point.

- Je suis trop fatiguée pour me battre…

Il se retourna vivement, soudain furieux qu’elle ose lui sortir une ineptie pareille, et les reproches se bousculaient déjà sur ses lèvres. Mais il eut tout juste le temps de tendre les bras pour l’empêcher de tomber. Ravalant sa colère, il l’attira brusquement contre lui et la serra dans ses bras, assez fort pour lui dire tout ce qu’il n’arrivait pas à dire, soufflé par tant de faiblesse. Ce n’était pas Naïs, ça. Ce n’était pas la fière, la combative Envoleuse qu’il avait rencontré au creux des plaines verdoyantes de l’est. Naïs n’était plus guère que l’ombre d’elle-même, et la petite étincelle qui scintillait toujours en elle était sur le point de s’éteindre. A tout jamais. Désespérée, il enfouit son visage dans l’épaisse chevelure de son amie et réprima un sanglot.

- C’est pour ça que je suis là, murmura-t-il au bout d’un moment. Tu entends, ma princesse ? Je suis là pour me battre à ta place…

C’est ce qu’il avait fait jusqu’ici. Alors, le hasard allait-il jouer en sa faveur encore une fois, et lui permettre de sauver l’Envoleuse ?
Ou allait-il devoir apprendre à perdre Naïs ?



*



- Une fleur, hein…

Juché sur sa monture, Juhen secoua la tête, visiblement perplexe.

- Comment est-ce qu’une fleur peut guérir une maladie ? Il faut manger ses pétales ? Ou juste renifler son parfum ?
- J’en sais rien…


Et je m’en fiche, pensa Gil en fronçant davantage les sourcils – si la chose était possible. Sourd à la réflexion pour le moins intense que menait Juhen à propos des fleurs, il fixait Sen comme si la force de son regard seule pouvait transpercer le dos de ce dernier. Depuis leur rencontre, c’était une situation récurrente, mais le fait que Makeno ait insisté pour voyager avec l’Envoleur rendait les choses plus difficiles encore. Agacé, Gil se remit à grincer des dents. Il s’interrompit en percevant un gloussement derrière lui, et se retourna sur sa selle pour croiser le regard moqueur de Loam.

- Quoi ?
- Rien !
- Tu glousses toujours pour rien ?
- Tu as toujours l’air constipé ?


Gil haussa un sourcil. Très légèrement.
Ce qui lui donna tout de suite l’air moins constipé.
Un progrès remarquable, non pas par lui mais pas Loam, qui laissa paraître un petit sourire avant de mener son cheval à la hauteur de Chante-Brume.

- Dùnhild m’a dit que tu avais un enfant.
- Dùnhild dit beaucoup de choses…
- J’ai du mal à t’imaginer père.
- Et moi, j’ai du mal à t’imaginer apprentie herboriste.


La Faëlle fit la moue.

- Pourquoi ? Parce que je ne suis pas humaine ?
- Tu l’es sans doute un petit peu trop, en fait. Comment se fait-il qu’une Faëlle étudie l’art des plantes ? Je croyais que vous préfériez tirer à l’arc…
- C’est un drôle de point de vue pour un type qui porte une flûte à la ceinture, juste à côté d’une jolie paire de lames affutées…
- Et la langue ? Où as-tu appris à parler aussi bien alavirien ?
- C’est un secret.


Gil lui jeta un coup d’œil en coin.

- Vraiment ?
- Oui.


Il décida de ne pas insister, même s’il devait bien avouer que cette étonnante personne l’intriguait. Par bien des côtés, Loam était la version faëlle de Libertée : libre, enjouée, maligne, elle était un véritable rayon de soleil et sa complicité avec la vieille herboriste était unique. Gil posa son regard dépareillé sur la petite carriole que Dùnhild menait en dirigeant d’une main sûre Grison, l’âne au poil long qui tirait le véhicule. Naïs était allongée à l’intérieur. C’était le seul moyen qu’ils avaient trouvé pour qu’elle puisse faire le voyage avec eux. Faire l’aller-retour aurait réduit considérablement ses chances de survie. Il avait presque fallu l’assommer pour la faire s’installer dans la carriole. Cela avait rassuré Gil : c’était la preuve que Naïs se battait encore, en dépit des mots durs qu’elle avait prononcé.

- Cette fleur, reprit-il sans quitter la carriole des yeux, est-ce que tu l’as déjà vue ?
- Oui. J’ai fait partie de l’expédition qui est allée en chercher une pour soigner ma sœur.
- Elle est guérie ?


Il devina que Loam réfléchissait soigneusement aux paroles qu’elle finit par lâcher d’un ton neutre :

- Pas complètement. Elle est plus fragile au cœur de l’hiver et parfois, elle est prise d’une quinte de toux qui l’oblige à s’allonger. Mais le reste du temps, elle vit très bien.

Gagner du temps, avait dit Dùnhild.

- Pourquoi ne pas avoir rapporté quelques fleurs dans le pays, si cette maladie est courante chez les Faëls ?
- Elle n’est pas courante, c’est même un mal tellement rare qu’on ne parvient pas à en décrypter tous les symptômes, ni à le guérir entièrement ; l’Anaëvi, ou la fleur d’argent, fut une découverte tout à fait hasardeuse. Mais il faut conserver la fleur avec ses racines dans la terre qui lui a donné la vie pour que la potion que l’on créé à partir de la plante ait un effet maximal. Voilà pourquoi on ne la déterre pas.

Une fleur qu’on ne déterre pas… Gil s’efforça de ne pas adopter l’expression perplexe de Juhen, mais à en juger par le regard pincé de Loam, c’était peine perdue. Il secoua la tête, puis regarda à nouveau en direction du chariot.

S’il fallait croire en cette plante pour raviver l’étincelle qui s’essoufflait en Naïs, il était prêt à le faire…
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MessageSujet: Re: Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs]   Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs] - Page 2 Icon_minitimeMar 09 Fév 2016, 20:28

≈≈≈ Naïs ≈≈≈

Tu entends ma princesse ?

Une voix déchire soudain le silence. Non, pas une voix ; sa voix ! Celle de Gil. Mes paupières fermées tremblent quelques secondes tandis que je modifie légèrement ma position. J’ai chaud et froid en même temps. Le balancement régulier de la carriole ne rend que plus rude le retour à la réalité. J’ai l’impression que mon crâne est littéralement en train de se déchirer en deux sous l’effet de la fièvre qui continue de monter depuis plusieurs heures. Mes oreilles sifflent désagréablement. Un affreux goût de fer imprègne mon palais, m’empêchant presque de respirer convenablement. Et la voix de Gil, à peine étouffée par un sanglot, qui résonne maintenant dans ma tête.

Je suis là pour me battre à ta place…

Cette fois, le lointain écho de ces mots achève de me réveiller en sursaut. Déglutissant avec difficulté pour éviter de re-décorer involontairement la charrette, je repousse les épaisses couvertures sur le côté. Puis, alors que je passe une main sur mon visage pour me redonner un minimum de contenance, je me hisse sur le siège avant aux côté de la vieille herboriste dont le ricanement moqueur ne m’échappe pas.

- « Quoi ? » coassais-je d’une voix rauque.

Dùnhild, secouant toute seule la tête, soupire profondément.

- « T’as une sale tête ! » avoua-t-elle d’un ton neutre.
- « Sans blague ? » répliquais-je, vexée que tous mes efforts pour paraître à peu près reposée tombent littéralement en ruine.

Croisant mes bras sur ma poitrine d’un air boudeur, je laisse quelques minutes de silence filer. Une petite pluie fine martelait la route depuis que nous avions quitté la capitale faëlle et rafraîchissait considérablement l’atmosphère. Le froid brûlant mes poumons endoloris me tire soudain une violente quinte de toux et la vieille femme tapote doucement dans mon dos d’un geste presque tendre – geste qui contrastait sérieusement avec son caractère d’ours mal-léché. Alors que je hoche imperceptiblement la tête en signe de remerciement, personne de pipe mot. Je suis la première à rompre le silence.

- « J’ai dormi longtemps ? » demandais-je, comme si de rien n’était.
- « Presque toute la journée » annonça Dùnhild en haussant les épaules « On va bientôt s’arrêter pour la nuit » précisa-t-elle.

Toute la journée ? Ecarquillant les yeux de surprise, je secoue la tête toute seule. Suis-je donc à ce point si mal ? Une cause perdue… On dirait bien que j’en suis une finalement. A ce rythme-là, c’est un véritable miracle qu’il me faut. Ou alors quelqu’un d’assez fou pour croire aux miracles songeais-je en laissant vagabonder mes pensées vers Gil. Même pas encore remis de son empoisonnement à la Silencieuse, le voilà qui se lance déjà dans une quête périlleuse à la recherche d’une fleur rare susceptible de pouvoir me soigner – du moins provisoirement. Si ça ce n’est pas une preuve d’amour ?! Cette pensée me fait frissonner un instant tandis que je réalise soudain que je n’ai pas le droit de l’abandonner. Pas le droit de mourir. Parce qu’il a besoin de moi ! Parce que c’est mon meilleur ami et que jamais il ne s’en remettrait ! Et il n’est pas le seul : il y a aussi Pan, Seth, Makeno, Soahary et puis tout le monde. Alors que je réprime une vague de nausée, la petite voix de mon fils s’élève dans le silence de la nuit tombante.

- « Gil ? » questionne-t-il d’un ton grave « Dis, pourquoi tu dois toujours repartir ? C’est parce que je ne suis pas sage ? Tu ne m’aimes pas ? » demanda-t-il avec le plus grand sérieux.

Figée de surprise, je sens le regard plein d’incompréhension de l’Envoleur se poser sur moi en cherchant des réponses. Si Makeno posait toutes ces questions c’est qu’elles devaient lui trotter en tête depuis déjà un bon moment. Pourtant jamais il ne les avait posées à Pan auparavant. L’homme aux cornes s’occupait pourtant du petit garçon comme de son propre fils. Et si j’avais toujours su qu’à un moment ou à un autre Makeno aurait besoin de réponses, je n’aurais jamais imaginé que cela viendrait si tôt ! En même temps, tout le monde dans notre entourage ne cessait de lui répéter qu’il ressemblait à Gil comme deux gouttes d’eau, aussi cela n’aidait-t-il pas l’enfant à se construire sainement. Tournant la tête pour échapper au regard de mon meilleur ami, je serre un instant la mâchoire avant de retourner à l’arrière de la carriole, bien à l’abri de la bruine.

Massant doucement mes tempes, je réfléchis à toute vitesse. Dans un soupir, je m’assoie sur le rebord arrière de la charrette et Juhen dût remarquer mon tracas car il s’approcha lentement. Respectant un instant de silence, il fut le premier à le briser toutefois.

- « Tu ne vas pas l’aider ? » demanda-t-il tout bas.
- « Non, il se démerde sur ce coup-là ! » répondis-je sur le même ton.
- « C’est vache… » remarqua-t-il.
- « Peut-être, mais j’estime que j’ai suffisamment donné » répliquais-je sans hausser la voix.

Le Thül bougonna un instant dans sa barbe mais ne répondit rien : au fond, il savait que j’avais raison. Gil était peut-être mon meilleur ami, mais il s’était quand même carapaté, sans donner de nouvelle pendant des mois, en me laissant un gosse sur les bras. Il n’avait pas la moindre idée de ce que cela pouvait faire comme effet ! C’était destructeur ! Alors oui, il pouvait bien se démerder pour répondre aux questions existentielles de son fils ! Voilà ! Pinçant les lèvres, je tends l’oreille, curieuse de savoir comme l’Envoleur compte s’y prendre pour rassurer Makeno maintenant.







[Me revoilàààà... J'ai entendu tes appels désespérés xD]
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Giliwyn SangreLune
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MessageSujet: Re: Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs]   Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs] - Page 2 Icon_minitimeMer 10 Fév 2016, 12:05

- Gil ?

Makeno s’était penché pour se retourner et chercher l’interpelé du regard. Celui-ci n’hésita qu’une fraction de seconde avant de mener, d’une simple et légère pression des talons, sa tranquille jument à la hauteur de la monture de Sen. Impassible, l’Envoleur ne prêta pas attention à Gil, qui de toute façon n’avait pas besoin qu’on l’invite à l’ignorer. Il se contenta d’interroger l’enfant du regard, remarquant trop tard la gravité qui assombrissait son regard dépareillé.

- Dis, pourquoi tu dois toujours repartir ? C’est parce que je ne suis pas sage ? Tu ne m’aimes pas ?

… Ah.

Cette fois, même Sen ne resta pas de glace. Il tourna légèrement la tête pour observer du coin de l’œil la réaction de Gil, tandis que Juhen ouvrait la bouche en grand alors que Loam se mordait les lèvres en regardant droit devant elle. Dans le chariot, Naïs remua et s’approcha de l’ouverture. Gil observa son visage, chercha une réponse, un indice… un coup de main ? S’il te plaît ? Et bien non. Débrouille-toi, mon vieux ! C’est ce qu’il déduisit de son mutisme et, lorsqu’elle retourna se mettre à l’abri, Gil soupira. Il n’était pas tellement étonné par sa réaction, il savait bien qu’elle lui en voulait toujours, au fond. Mais là, elle ne lui faisait vraiment pas de cadeau. Il était coincé. Inutile de songer à faire diversion, surtout pas avec un gamin comme Makeno : il était bien trop tenace pour lâcher le morceau facilement. Têtu comme une mule. Comme sa mère, songea Gil en fusillant du regard le chariot.

- Tu te trompes, bonhomme, dit-il en croisant à nouveau le regard attentif du petit garçon. C’est moi qui ne suis pas assez sage pour rester avec toi.
- Seth, il dit souvent que tu fais rien que des bêtises,
affirma Makeno.
- Vraiment ? grommela Gil en se jurant de tirer les choses au clair avec ledit garnement.
- Mais je ne comprends pas pourquoi ça t’empêche de rester, moi.

Gil soupira. Il ne savait vraiment pas comment s’y prendre avec cet enfant. Les choses seraient-elles aussi compliquées avec Suviyo ? Mal à l’aise, il remua sur sa selle et grimaça lorsque ses muscles encore raides se rappelèrent douloureusement à son bon souvenir. Il se gratta la tête, puis la nuque, cherchant ses mots sans les trouver. La présence de Sen le troublait trop pour qu’il parvienne à s’ouvrir à Makeno. Ce fut Juhen qui lui offrit le coup de pouce tant souhaité.

- Pause pipi ! s’exclama-t-il d’une voix de stentor en trottant jusqu’à eux. Naïs a besoin de boire et de marcher un peu.

Il mentait vraiment très mal et Sen serra les dents, mais Makeno l’empêcha de refuser en s’agitant. Lui, il avait besoin de vider sa vessie et c’était plutôt urgent !

- Très bien. On s’arrête cinq minutes.

Gil estima que c’était suffisant. Il mit pied à terre et attrapa Makeno des bras de Sen, puis il lui prit la main et ils s’éloignèrent du chemin pour s’enfoncer dans la végétation.

- Pas de blagues, vous deux ! les avertit Dùnhild en descendant du chariot pour s’occuper de Grison. Tu n’es pas encore au mieux de ta forme, mon mignon, et le petit non plus !

Elle m’énerve, ragea Gil tandis que Makeno pouffait, amusé par le surnom que cette vieille bique s’amusait à lui donner. Ce voyage était tout simplement interminable. Ignorant les minauderies de la vieille herboriste et les plaisanteries de Juhen, qui ne pouvait pas s’empêcher de renchérir, Gil emmena Makeno dans les fourrés. Ils se placèrent côte à côte et… firent ce qu’ils avaient à faire. L’occasion pour tout homme de converser. De se confier, même. Comme si le fait d’uriner de concert avait l’étrange pouvoir de tisser des liens neufs et solides.

- Makeno, je ne suis pas sûr de comprendre… est-ce que tu veux savoir si veux rester avec Naïs et toi ? Ou bien si je tiens à toi ?
- Ben…
hésita l’enfant, étonné que Gil s’adresse à lui de manière aussi sérieuse.

C’était la première fois qu’on lui parlait d’homme à homme, et pour un petit bout comme lui, c’était quelque chose d’impressionnant. Surtout de la part d’un de ses héros. Compréhensif, Gil hocha la tête.

- Je viens de risquer ma vie pour sauver la tienne. Si tu doutes encore de mon affection pour toi, tu es encore plus bête que Juhen !

Rires.
Pardon, Ju’.

- Makeno, la vérité c’est que j’apprends simplement maintenant à être papa.
- Ça s’apprend, un truc pareil ? Dans une école ?
- Hélas, non…


Gil attendit patiemment que Makeno ait terminé de se rhabiller pour s’accroupir devant lui afin de le regarder dans les yeux.

- Je t’aime. Et je t’aimerai toujours, Makeno, quoi qu’il arrive ! Mais je ne peux pas rester avec vous. Je dois m’occuper de ma famille. Tu comprends ?
- Je crois, oui… Mais alors, pourquoi tu voyages avec nous ?
- A quoi servent les amis ?


Makeno dévisagea Gil un instant et celui-ci choisit de se taire. De le laisser faire. Ces histoires d’adultes, c’était vraiment compliqué pour les enfants. Il lui fallait intégrer tout ça.

- On est meilleurs amis, alors ?
- C’est ça. Meilleurs amis. Pour la vie, Makeno. Promis juré ?
- Juré promis !
s’exclama le garçon en accrochant son auriculaire à celui de Gil, comme ils avaient l’habitude de le faire lorsqu’ils scellaient une promesse inviolable.

Inviolable.

Le groupe les attendait avec impatience lorsqu’ils regagnèrent le chemin. Certes, Sen faisait mine de n’en avoir strictement rien à faire, mais Juhen s’approcha d’eux à toute vitesse et son regard passa de Makeno à Gil.

- Alors ?
- Alors quoi ?
fit Gil en haussant un sourcil.
- C’est quoi, ta réponse ? s’impatienta le Thül.

Gil ouvrait la bouche pour lui répondre, lorsque Makeno se planta devant le géant aux cheveux tressés.

- Il te trouve un peu bête, mais c’est pas grave, Ju’, on t’aime quand même parce qu’on est tes amis.

Et sur ces belles paroles, il fila. Laissant un Juhen complètement coi et un Gil tellement hilare qu’il était plié en deux.



*


Gil remonta la couverture sur Makeno, qui dormait profondément, pelotonné contre sa mère à l’intérieur du chariot. Il observa un instant le petit visage serein dans le sommeil, suivit du regard les traits qui étaient les siens. Ce garçon lui ressemblait de plus en plus en grandissant. Il avait la peau basanée de sa mère et la fossette de son frère mais, au fond, c’était bien des SangreLune qu’il tenait. Gil finit par s’assoir au bout du chariot, une jambe repliée contre la poitrine afin d’appuyer son bras sur son genou, et soupira en levant les yeux vers le ciel piqueté d’étoiles. Il faisait étonnamment bon, cette nuit. Dùnhild, assise près de leur feu de camp, entonnait une chanson légère et douce. Loam l’accompagnait en faël, et l’Envoleur se laissa porter un instant par les paroles dont il ne saisissait pas le sens, mais qui lui allaient droit au cœur.

Quelques part dans les ombres avoisinantes, un Thül taquin se prit la tête avec un Envoleur mal luné. Juhen et Sen étaient trop loin pour qu’on les entende clairement, mais un creux de sourire se dessina dans la joue de Gil. Il aurait pu apprécier ce voyage si seulement l’enjeu n’était pas aussi dramatique. En écho à cette pensée, Naïs gémit dans son sommeil. Il attrapa le linge posé sur son front et l’humidifia dans le seau d’eau fraîche que Loam avait posé près d’elle. Il lui tamponna délicatement les tempes, repoussa une mèche trempée de fièvre, puis replaça le linge sur le front de son amie avant de reprendre sa place.
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MessageSujet: Re: Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs]   Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs] - Page 2 Icon_minitimeDim 14 Fév 2016, 02:40

≈≈≈ Naïs ≈≈≈

Quelques jours plus tôt


Alors qu’une main amicale imprègne mon front fiévreux d’un linge agréablement humide, j’ouvre délicatement les yeux et tourne la tête vers Gil. Il faisait nuit depuis quelques heures maintenant et Makeno dormait à poings fermés tout contre moi. Le petit garçon était littéralement épuisé et avait grandement besoin de se reposer après les évènements de ces dernières semaines. Caressant un instant ses traits détendus, je grimace en refoulant à nouveau ce goût de fer qui envahit ma bouche avec une impression de nausée assez horrible. Bloquant presque ma respiration en attendant que cela passe, j’effleure la main de mon meilleur ami du bout des doigts.

- « Merci… » coassais-je d’une voix plus rauque qu’à l’accoutumée « Pour tout à l’heure je veux dire »

Makeno s’était endormi rassuré ce soir. Il avait obtenu les réponses à ses questions – sans doute les premières d’une longue série. Et c’était Gil qui y avait répondu. Son père biologique – même si Pan était le seul père qu’il méritait véritablement, tout le monde n’avait tellement cessé de répéter à cet enfant qu’il ressemblait comme deux gouttes d’eau à l’Envoleur qu’il avait fini par comprendre et l’intégrer. Or, cela devait être un peu déroutant pour un petit de son âge de grandir loin de son « vrai » père, même si au final il comprendrait plus tard que cela avait toujours mieux valu. Mais c’était important pour lui et pour moi que ce soit Gil qui réponde à ces questions-là – parce que Pan méritait qu’on lui épargne cette souffrance.

- « Tout le monde autour lui le lui répétant un peu trop souvent, il a fini par intégrer que tu es son père alors il a besoin de toi ce gamin, tu sais » murmurais-je « Et moi aussi. T’es mes deux yeux Gil SangreLune… » avouais-je en entremêlant mes doigts dans les siens.

Terrassée par la fièvre, je finis par fermer de nouveau les paupières en songeant cette fois-ci que je pouvais bien mourir demain sans aucun remords. Parce que mon meilleur ami vivait. Et que Pan, Soahary et Makeno pourrait toujours compter les uns sur les autres.


Cela faisait déjà plusieurs jours que l’étrange petit groupe qu’ils formaient avait quitté la capitale faëlle pour se lancer dans une quête désespérée qui devait les mener dans les montagnes du nord du pays. Tout ça parce que Loam avait parlé d’une satané fleur susceptible de sauver son ancienne apprentie. Tous autant qu’ils étaient, ils s’étaient investis dans ce voyage sans fin – et peut-être même sans retour. Sen, lui, boudait dans son coin. Mais il essayait surtout de cacher du mieux qu’il pouvait sa nervosité grandissante. L’état de Naïs ne s’était pas amélioré, c’était le moins que l’on puisse dire ! Toutefois, même si elle dormait beaucoup, très affaiblie par la toux et la fièvre qui continuait d’augmenter crescendo, elle essayait autant que possible de ne pas montrer à quel point elle allait mal.

Elle était vaillante, et se battait contre la maladie de toute ses maigres forces, mais l’Envoleur avait soudain réalisé à quel point il avait peur de la perdre. A quel point il ne pouvait pas la perdre !
C’est hors de question ! Il avait besoin d’elle, c’était viscéral ! Il avait besoin de son contact, que leurs peaux continuent de s’effleurer parfois comme si de rien n’était ! Il avait besoin de son parfum ! De sa chaleur ! De se ses beaux yeux aveugles ! Sa rupture avec son ex-copine lui avait fait ouvrir les yeux sur une chose : il était fou de Naïs ! Déjà lorsqu’elle était venue le trouver vingt ans plus tôt pour lui demander de la prendre comme apprentie, il avait été charmé par sa fougue et son tempérament un peu sauvage et indomptable.

Plongé dans ses sombres pensées, Sen n’avait pas immédiatement senti qu’ils étaient suivis depuis déjà un long moment.
Simples pillards ? Loam les avait prévenu dès le départ que cette route était peu fréquentée car dangereuse – elle formait en plus par endroits un véritable coupe-gorge ! Ou pire ? Peut-être bien les hommes de main de cet homme qui en voulait cet enfoiré de SangreLune ? Si ça se trouvait, ils les suivaient depuis qu’ils avaient quitté la capitale. Embrassant l’horizon du regard avec méfiance, l’Envoleur aperçut au loin à l’abri des bois, un peu en retrait de la route principale qui devenait de plus en plus glissante à cause de la boue et de la pluie, un petit abri en bois. Probablement pour les gardes-chasses de l’un des villages Faëls de la région.

La première flèche qui fusa le manqua d’un demi-centimètre à peine et Sen poussa un gros juron coloré, alors qu’il plongeait au sol dans un réflexe hallucinant. Le géant Thül avait déjà dégainé sa hache tandis que Loam bandait son arc à son tour avec une rapidité fulgurante. SangreLune avait lui aussi déjà réagi alors que leurs assaillants restaient invisibles mais continuaient de les menacer de leurs traits mortels. Naïs avait jailli, elle aussi, hors de la charrette. Elle était affreusement pâle et avait les traits tirés par la fatigue et la fièvre, mais il devinait tous ses sens en aguets. Les projectiles arrivaient de tous les côtés, impossible donc pour le moment de déterminer où se cachaient leurs ennemis. Se glissant derrière la carriole, l’Envoleur parvint à hauteur de son ancienne apprentie et lui attrapa le poignet avec force. Il n’avait qu’un seul plan en tête pour le moment, la mettre à l’abri. Là-bas ! Dans l’abri !

- « Suis-moi » ordonna-t-il d’un ton qui ne souffrait pas de réplique.

Il ne laissa pas le temps à Naïs de protester. Par chance, en se glissant derrière le charriot, il avait échappé à la vigilance des archers. Ainsi, s’il parvenait à les contourner, il parviendrait à atteindre l’abri de fortune qui ne se situait à peine qu’à une centaine de mètres de là. Entraînant l’Envoleuse avec lui à une vitesse folle, il se réjouit de constater que son plan fonctionnait plutôt bien car ils parvinrent assez rapidement à la petite cabane sans se faire repérer. Poussant Naïs à l’intérieur d’un geste peut-être un peu plus brusque qu’il ne l’aurait voulu, l’Envoleur découvrit un véritable abri pour tous les voyageurs qui passaient par-là, promesse d’une étape pour y passer la nuit en toute tranquillité.

- « Reste-ici » ordonna-t-il d’un ton autoritaire, en espérant toutefois que la jeune femme allait accepter de coopérer.
- « Quoi ? » s’exclama-t-elle soudain « Non mais, qu’est-ce qu’il te prend ? Makeno est toujours là-bas. Gil et Juhen aussi. C’est hors de question que je reste sagement ici pendant que vous risquez tous votre vie dehors ! » explosa-t-elle, furieuse.

D’abord dépité, Sen se pinça un instant l’arête du nez entre deux doigts avant de soupirer d’agacement.

- « Ecoutes » commença-t-il d’un ton qu’il s’efforcer de garder calme « Tant que Makeno reste dans la charrette, il ne risquera rien. Quant à SangreLune et Juhen, il me semble qu’ils sont à même de se défendre tous seuls » tenta-t-il d’argumenter.
- « Laisse-moi sortir ! » gronda toutefois Naïs, refusant d’entendre raison.

L’Envoleur se mordit la lèvre inférieure si fort qu’un goût de sang envahit brusquement sa bouche. Il était absolument hors de question pour lui de la laisser sortir d’ici tant que la bataille faisait rage dehors. Il ne pouvait pas combattre et s’inquiéter pour elle en même temps. La savoir en danger permanent – surtout que la maladie l’affaiblissait chaque jour un peu plus – le distrairait méchamment et il perdrait en efficacité. Sen observa longuement la jeune femme : elle était en colère. Et terriblement belle aussi ! Si belle qu’il en avait mal au ventre. Son estomac se tordait douloureusement tellement il la désirait. Mais il n’avait pas le droit. Il n’avait…

… Soudain, il fit quelque-chose à laquelle il ne s’attendait pas du tout. Et qu’il regretterait sans aucun doute amèrement ! Il n’écouta que son corps tout entier, son instinct qui le lui criait. Il plongea. Pour saisir ses lèvres charnues et pulpeuses entre les siennes, sauvages et autoritaires. Et la plaquer contre le mur. Il la voulait. Tout de suite ! Maintenant !



≈≈≈ Naïs ≈≈≈

Sa main autoritaire glisse sous mon haut. Titille la pointe de mon sein tandis que je me tends encore plus sous lui, cambrant tout mon corps contre le mur pour tenter d’échapper à cette poigne de fer. Poigne qui m’avait toujours protégée. Enfin, jusqu’à aujourd’hui. Qui m’avait tout appris. Et qui tente à présent de briser mon intimité la plus profonde. Trois de ses doigts s’infiltrent insidieusement entre mes cuisses, puis s’aventurent dans mon short, tel un redoutable serpent. Des larmes chaudes brûlent mes yeux tandis que je gémis faiblement en me débattant encore plus de toutes mes maigres forces. En vain. Je suis prisonnière ! Impossible de m’échapper ! Et mon cœur qui s’accélère encore et encore alors que les bruits de combats font rage un peu plus loin. Je ne peux m’empêcher de lâcher une petite supplication complètement affolée en sentant mes forces vaciller.

- « Sen » gémis-je « Non… »








[Woaw ! J'imaginais pas que Sen allait complètement péter un câble et que ça allait prendre un tournant comme ça... Enfin, contente-toi de sortir ma petite Naïs de là, et vite xD]
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Giliwyn SangreLune
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MessageSujet: Re: Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs]   Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs] - Page 2 Icon_minitimeDim 14 Fév 2016, 21:44

[Gil ? Laisser tomber Naïs ? Remarque, ça résoudrait peut-être le plus clair de ses problèmes...  Rolling Eyes]

[Oh, et je ne m'attendais pas à ce rebondissement moi non plus, alors fais-moi signe si ça ma réponse ne te convient pas !]




- Merci…

Gil cligna des yeux dans la pénombre, sans détacher son regard des étoiles qui brillaient au-dessus de leurs têtes. Il savait ce que Naïs voulait dire, mais elle précisa néanmoins ce mot d’un murmure fatigué.

- Pour tout à l’heure je veux dire. Tout le monde autour de lui le lui répétant un peu trop souvent, il a fini par intégrer que tu es son père alors il a besoin de toi ce gamin, tu sais… Et moi aussi. T’es mes deux yeux, Gil SangreLune.

Je sais. Mais que pouvait-il faire de plus, en réalité ? Dans une autre vie, il aurait peut-être fait le choix de rester à leurs côtés. Mais une vie sans Libertée, une vie sans Pan… n’était-ce pas mieux ainsi, finalement ? Une étoile filante dessina un arc lumineux dans le ciel. Et Gil se contenta de serrer doucement les doigts de Naïs dans les siens.



*


La pluie s’était mise à tomber au lever du jour et, depuis, elle suivait le petit groupe de voyageurs sans relâche. Le chariot s’embourba une demi-douzaine de fois au moins, forçant les hommes à joindre leurs forces pour le faire avancer tandis que Dùnhild guidait Grison vers des chemins plus sûrs. La pluie s’infiltrait partout. Dans leurs vêtements et au cœur de leur humeur déjà ternie par l’état de Naïs. Juhen et Dùunhild avaient bien tenté de détendre l’atmosphère en laissant parler leur spontanéité naturelle, en vain : Sen, Gil, Naïs et Loam s’étaient claquemurés dans un silence pesant, chacun s’égarant seul avec ses propres pensées. Ils continuaient néanmoins d’avancer, unis par le même objectif : atteindre les hauts sommets du pays avant qu’il ne soit trop tard.

Ils approchaient d’une forêt de pins, toujours sous une pluie battante, lorsque Loam arriva vers eux au grand galop. Elle était partie au-devant du petit convoi afin de repérer la direction qu’ils devaient prendre. En la voyant foncer vers eux, Gil comprit que quelque chose n’allait pas. Il fit volter Chante-Brume et sauva ainsi la vie de sa jument, car la flèche qui lui était destinée se contenta de frôler son garrot pour aller se perdre dans l’herbe, un peu plus loin. La monture de Juhen n’eut pas cette chance. Elle s’effondra, terrassée par le trait qui s’était enfoncé dans son encolure. Le Thül roula à terre et se redressa dans un rugissement qui faisait froid dans le dos.

- Allonge-toi ! cria Gil à Makeno lorsque celui-ci, alerté par ce remue-ménage, sortit le bout de son nez du chariot.

Il vit Naïs sauter à terre et serra les dents, mais ne lui demanda pas de se mettre à l’abri. Même s’il en mourait d’envie. Elle savait ce qu’elle faisait et cherchait à protéger son fils : elle ne se laisserait pas tuer, c’était certain ! L’Envoleur se laissa tomber dans la boue et claqua vivement la croupe de Chante-Brume pour la faire détaler. La pluie et le brouillard gênaient visiblement la précision des archers embusqués mais comme il n’avait pas de bouclier, il allait devoir se montrer vif et habile. Tirant une flèche de son carquois, il l’encocha dans son arc et tira en direction des premiers arbres. Une réplique le força à mettre un genou à terre pour éviter d’être touché. Il encocha une deuxième flèche. C’est alors que Loam apparut près de lui. Son arc à elle était beaucoup plus petit et plus excentrique mais, en la voyant décocher ses traits à une vitesse hallucinante, Gil se sentit brusquement très gauche.

- Tu fatigues déjà ? lança la Faëlle sans cesser de tirer.
- Ce n’est qu’un échauffement, répliqua-t-il en ignorant la raideur de ses muscles pour se remettre à l’œuvre.

Il se retourna en entendant Dùnhild pousser un cri : une flèche s’était plantée dans le bois du chariot, juste à côté de son visage.

- Fonce ! lui cria-t-il en se redressant pour lui venir en aide.

La vieille herboriste avait déjà claqué les rênes de Grison. Lorsque le chariot avança, Gil aperçut deux silhouettes filant vers les arbres, droit vers une petite cabane de bois. Il s’élança. Dérapa dans la boue lorsqu’un guerrier surgit devant lui pour lui barrer la route, armé d’une hache dans chaque main ; le tranchant de la première s’abattit mais ne rencontra que du vide. Gil avait empoigné son arc à demain et s’en était servi pour bloquer le manche de l’arme ennemie. Il repoussa son adversaire du pied et se retourna pour envoyer l’extrémité de son arc frapper le menton de celui qui tentait de le prendre à revers. Un geste, un souffle.
Un combat.



*

- Sen ! Non…

Les mots de Naïs lui parvinrent de très loin, comme s’il s’était perdu dans le brouillard. C’était le cas. Sen s’était perdu. Il n’avait pas conscience de la gravité de la situation, seuls comptaient les battements sourds de son cœur dans sa poitrine, et leur écho qu’il percevait dans celle de Naïs. Elle s’agitait contre lui, et plus elle remuait, plus il avait envie de la posséder. Il pencha la tête vers sa gorge, fit courir ses lèvres le long de sa carotide, goûta sa peau de la pointe de sa langue, mordit son épaule. Il y a longtemps, elle serait parvenue à le repousser, à lui faire mal. Elle n’était plus qu’une poupée de chiffon entre ses bras. Comment résister ? Comment lutter contre cela ? Dans un grognement sauvage, il plongea la main à l’intérieur du short de son ancienne élève et s’enfonça dans la chaleur moite de son intimité…

… la porte de l’abri s’ouvrir avec fracas dans son dos. Distrait par ce qu’il était en train de faire, Sen réagit tardivement – trop tardivement. Une poigne terrible se referma sur son col et le tira en arrière, l’arrachant à sa protégée qui glissa lentement le long du mur. Cette vision le rendit fou, autant que le fait de se sentir éloigné d’elle. Bondissant sur ses jambes, l’Envoleur pivota vivement et son poing cueillit Juhen au menton ; c’était un coup puissant mais que le Thül encaissa sans broncher. Il n’était toutefois pas de taille à lutter contre un homme de la trempe de Sen. Celui-ci accompagna son attaque d’une série de coups portés au thorax. Il était rapide, il ne laissait pas à Juhen le temps de se protéger, de riposter. Ce dernier commença à reculer. Il finit par se retrouver dehors. Désormais libre de ses mouvements, Sen se déchaîna. Il se glissa dans le dos de Juhen et frappa. Repassa devant lui, frappa. Fléchit les jambes, tourbillonna, frappa.

Et Juhen tomba.

Déjà, Sen était sur lui, un poignard à la main, prêt à égorger ce rustre qu’il n’avait jamais pu supporter. L’acier brilla fugacement et décrivit une courbe mortelle.
Chuinta violemment lorsqu’une lame, surgie de nulle part, s’interposa soudain.

- Ce sera moi, affirma Gil d’un ton glacial.

Ce sera moi ton adversaire, Sen. L’interpelé fixa un bref instant le regard dépareillé de celui qu’il haïssait. Puis un sourire se dessina lentement sur ses lèvres. Il recula. Sans le quitter des yeux, Gil s’accroupit et aida Juhen à se redresser.

- Emmène Naïs, ordonna-t-il d’un ton sans appel. Et partez. Ne m’attendez pas.
- Mais, Gil…
protesta le Thül en essuyant un filet de sang qui coulait de son menton.

Gil n’ajouta rien. Mais il tourna la tête et planta son regard dans celui de son ami. Un regard plus déterminé que jamais. Soufflé par tant de volonté – ou de folie – Juhen acquiesça. Il se mit debout en grimaçant, passa devant Sen en luttant de toutes ses forces pour ne pas se jeter sur lui, et entra dans l’abri. Il rangea sa hache et attrapa Naïs dans ses bras puissants. Dehors, Gil et Sen se faisaient face. Immobiles sous la pluie battante. Juhen hésita, sentit Naïs s’agiter contre lui, serra les dents.

- Rejoins-nous vite, dit-il simplement.

Et il tourna les talons.



*


Gil était étrangement calme. Alors qu’il avait envisagé cette situation une centaine de fois au moins, rêvant de ce moment où il affronterait de nouveau cet enfoiré de Sen, voilà qu’il se contentait de dévisager celui-ci avec une tranquillité qui n’était pas feinte. Pourtant, il avait de quoi s’emporter. Cet homme, c’était le mentor de Naïs. Celui qui l’avait formé, qui avait sculpté sa souplesse, aiguisé ses reflexes, endurcit son caractère et insufflé une énergie telle qu’elle brillait désormais par cette seule qualité. Comment avait-il pu la trahir au point d’oublier le respect qui les avait liés, autrefois ? Comment avait-il pu s’oublier lui-même ? Gil détailla son regard brûlant de désir mêlé de fureur. Un regard fou. Il se contenta de lâcher un profond soupir. En tant normal, Naïs se serait tenue à sa place. C’était presque logique, au fond. Il arrivait toujours un moment où l’élève n’était plus en mesure de côtoyer le maître. Celui-ci choisissait alors de s’effacer, comme il l’avait fait avec Kaünis. Parfois, il semblait toutefois que la séparation ne pouvait se faire autrement que dans la violence.

Gil plissa les yeux. La pluie n’en finissait pas de tomber. Loam, Juhen et lui avait réglé leur compte aux pillards qui s’en étaient pris à leur convoi. Il entendit le chariot se mettre en branle, les appels paniqués de Makeno, le claquement des rênes de Dùnhild. Il respirait lentement, calmement. Prenait pleinement conscience que sa vie, épargnée par la Silencieuse, allait peut-être s’arrêter là. Ce n’était pas la première fois qu’il affrontait un Envoleur. C’était la première fois qu’il faisait face à un Envoleur de la trempe de Sen. Joue pas les héros, cabochard, murmura Seren dans son esprit. T’es un un Envoleur, pas un foutu justicier ! Pensée amusante. Il était devenu le justicier de Naïs depuis leur rencontre. Oh, et puis la ferme, songea-t-il en écartant les doigts. Je fais pas ça pour elle. C’est pour effacer le sourire de ce type. Juste son sourire…

Sen bougea le premier.
Et au rideau de pluie se mêlèrent des gouttes de sang.



*


C’était Juhen qui conduisait le chariot, puisqu’il n’avait plus de cheval. A l’intérieur, Dùnhild s’occupait de réconforter Naïs, endossant avec une facilité étonnante – et efficace ! – le rôle de grand-mère douce et rassurante, sous les yeux brillants de Makeno. Il ne pleurait pas mais avait quand même les larmes aux yeux. Loam fermait la marche, une flèche encochée dans son arc, prête à réagir au moindre doute. Ils avancèrent ainsi jusqu’à la nuit tombée. Morose, Juhen détela Grison et s’occupa des chevaux. Chante-Brume les avait rejoins peu de temps après qu’ils aient quitté les lieux du combat. Loam remplaça Dùnhild auprès de Naïs, laissant celle-ci préparer le repas. La soupe chauffait tout juste lorsqu’un frémissement dans les ténèbres vint troubler la relative tranquillité du campement. Les chevaux agitèrent les oreilles. Juhen se redressa, la main sur la poignée de sa hache, et Loam attrapa son arc. Makeno voulut se précipiter vers le nouvel arrivant mais Dùnhild le retint par l’épaule.

- Attends, souffla-t-elle.

L’homme se dessinait mal dans la brume et les ombres. Il finit toutefois par entrer dans la lumière de la flambée, et Juhen se détendit.

- Gil !

Incapable de le retenir cette fois, Dùnhild laissa Makeno s’échapper et courir vers l’Envoleur pour se jeter dans ses bras. Celui-ci émit un hoquet étouffé en recevant le gamin de plein fouet mais il le serra contre lui. Fort.

- J’ai eu peur que tu ne reviennes pas, avoua Makeno, le visage contre la chemise détrempée de Gil.
- A quoi servent les amis ? répondit celui-ci en lui passant la main dans les cheveux.

Il leva les yeux et croisa le regard ému de Juhen. Ni l’un ni l’autre ne fit le moindre commentaire, tout comme Loam, qui se contenta de hocher la tête en rangeant son arc, ce qui passait pour un contente que tu sois toujours vivant. Dùnhild se mit à rassembler ses affaires en marmonnant que s’il passait son temps à se faire amocher, elle allait finir par ne plus rien avoir sous la main pour le soigner. Gil ne la laissa toutefois pas s’occuper de lui immédiatement. Il saignait, oui, et il n’allait pas tarder à s’évanouir, mais avant, il avait quelque chose à faire. Ignorant les reproches de Dùnhild, il se hissa péniblement dans le chariot et se laissa tomber à côté de Naïs.

- Je suis désolé.

Murmure épuisé.

- Je suis désolé, Princesse. J’ai pas pu le tuer.

Pourquoi ? Gil ignorait si c’était Naïs qui lui avait posé la question. Il ferma les yeux.

- Parce que tu l’aimes…

Il glissa lentement sur le plancher.

Pause.



*


Allongé dans une flaque de boue et de sang, Sen fixe les nuages qui défilent dans le ciel et s’amusent à voiler les étoiles. Il ne peut plus bouger. C’est même un miracle qu’il soit encore capable de respirer. Pourtant, un grand sourire barre son visage tuméfié et son éclat de rire brise le silence qui s’est installé depuis longtemps sur le site.

Seren ne lui a pas menti ! Cet homme… ce SangreLune… C’est un homme comme on en rencontre bien peu dans une vie. Ha ! Un jour, nos routes se croiseront à nouveau, Giliwyn. Un jour que j’attends déjà avec impatience…
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MessageSujet: Re: Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs]   Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs] - Page 2 Icon_minitimeMar 16 Fév 2016, 18:54

≈≈≈ Naïs ≈≈≈

Non ! Il fallait que je me rende à l’évidence : Sen n’était plus lui-même. Il continuait lentement son exploration, dévorant ma gorge avec passion, et plus je me tentais de me débattre de toute la force qu’il me restait encore, plus il s’excitait, se pressant contre moi. C’est littéralement terrorisée que je sens son membre se durcir à travers son pantalon de toile. C’était évident ! Il n’allait pas s’arrêter là et j’étais impuissante à l’en empêcher. Des larmes de rage creusaient maintenant de longs sillons le long de mes joues tandis que sa main plongeait dans mon short avec autorité. De dépit et de colère je décidais finalement d’arrêter de me battre, cela ne rendrait la chose que plus douloureuse. Mais l’Envoleur ne l’emporterait pas si facilement ! Je te tuerai pour ça Sen ! Promesse silencieuse. Deux de ses doigts vinrent titiller mon intimité et mon seul réflexe fut de serrer les dents, très fort. Je te faisais confiance merde ! T’étais comme un frère pour moi ! Et puis, il s’y infiltra brusquement. Je te tuerai Sen !

La pression de se corps tendu contre le mien disparut soudain, tiré en arrière par la poigne puissante de Juhen qui poussa un hurlement de bête sauvage. Complètement sonnée, tétanisée par ce qu’il venait de se passer, je me laisse lentement glisser contre le mur, comme désarticulée. Les deux hommes échangèrent quelques coups mais le Thül n’était clairement pas de taille à lutter contre celui qui fut autrefois mon mentor. Sen frappait fort. Vite. Et avec une précision redoutable. Ce n’était pas un combat pour lui, c’était un jeu. Un foutu jeu ! Alors que le géant tombait à genoux, vaincu, l’acier chanta dangereusement dans l’atmosphère. Et crissa encore plus fort en s’entrechoquant avec une lame qui venait d’arrêter sa course.

La voix de Gil s’éleva dans l’air, véritable grondement menaçant. Juhen hésita. Quelques secondes, tout au plus. Puis, s’approchant de moi, il me souleva dans ses bras puissants presque sans efforts. Je voulais le tuer, Sen. Toutefois, je n’avais pas la force de protester. Mon cœur cognait si fort dans ma poitrine que j’avais la désagréable impression qu’il allait me briser quelques côtes au passage. Mes muscles tendus me faisaient affreusement mal et je tremblais comme une petite chose toute fragile. Mais j’avais surtout cette blessure, là, au fond du cœur, saignant abondamment. Une blessure invisible mais qui venait de faire voler en éclat un bon nombre de mes certitudes. Les larmes continuaient de couler tandis que je me réfugiais comme une petite fille contre le torse de mon ami, qui resserra un peu plus ses bras autour de moi avec une extrême délicatesse.


- « On ne s’arrête pas avant d’être sortis de ce coupe-gorge ! » avait décrété Loam d’un ton qui ne souffrait pas de réplique.

Cela faisait un long moment que nous roulions maintenant et la lumière grisâtre du jour commençait à décliner doucement. Tourmentée par les gestes de mon ancien mentor, je m’étais murée dans un silence dont même la sagesse de la vieille Dùnhild n’avait su me tirer. Recroquevillée au fond de la charrette, jambes repliées contre ma poitrine, je ne cessais de frissonner tant l’impression de sentir encore les mains possessives de Sen parcourir mon corps était réelle et effrayante. Mais qu’est-ce qui lui avait pris ? Pourquoi ?

Pourquoi ? Pourquoi avoir tenté de me briser de la sorte ? Et quelque part, si c’était ce qu’il voulait, il avait réussi son œuvre – une partie de moi avait littéralement volé en éclat ce matin. La question tournait en boucle dans mon esprit sans que je ne parvienne à trouver de réponse cohérente. Est-ce que réellement Sen n’était plus lui-même ? Ou au contraire venait-il de se révéler exactement tel qu’il était ? Un homme cruel, pervers et sanguinaire ? Comment avait-je pu être aussi naïve, sa réputation au Domaine n’était pourtant plus à refaire. C’était un Envoleur connu et reconnu. On le respectait et surtout on le craignait. Je connaissais sa réputation depuis longtemps, il avait été mon maître. Il m’avait tout appris de son art. Je l’avais suivi sans poser de questions pendant trois longues années et une certaine complicité était née. Enfin, je croyais notre amitié solide, forgée dans un respect mutuel. Comment avais-je pu me tromper autant ? Comment avais-je pu lui faire confiance ?

- « Il faut que tu manges un peu ma petite » insista la vieille herboriste en me tendant un morceau de viande séchée et quelques biscuits.

Secouant toute seule la tête, je repousse d’un revers de bras l’offre de Dùnhild. Je n’avais pas faim pour le moment, mon estomac était tellement noué que je serais bien incapable d’avaler quoi que ce soit. La seule idée de manger me donnait même la nausée. Enfouissant ma tête dans le creux de mes bras, je murmure quelques mots incompréhensibles entre mes dents. C’était la première fois que je parlais à nouveau depuis que nous avions repris la route.

- « Ah ! Et le tuer t’avancerais à quoi ? Je vais te dire une bonne chose, ce sale gamin mal élevé ne mérite pas que tu te salisses les mains pour lui » rétorqua Dùnhild en posant la viande séchée sur le côté.

Lèvres pincées, je relève la tête vers la vieille herboriste en réalisant qu’elle avait raison. Mais peu importait. J’en avais besoin. Je le sentais tout au fond de moi. J’avais besoin de faire mal à cet homme autant qu’il venait de me blesser, sans aucun état d’âme. Je voulais lui faire payer. Vraiment, tout au fond de moi, je le voulais. Parce il avait tenté de briser mon intimité. De me violer sans vergogne. Et ça, c’était bien pire que tout ce que j’avais pu vivre. Pire que la mort de Morgan. Pire que la mort de Thiméo et Louanne. Pire que la mort de Reni. Pire que la folie cruelle de Samoan. Pire que la fuite de Gil. Parce justement je lui vouais une confiance inconditionnelle. Il était comme un frère pour moi et il m’avait aidé à traverser tous les coups durs que la vie avait semés sur mon passage. Et il venait juste de détruire tout ça sans même y réfléchir. Sans aucun remords ! Je te tuerai, Sen !  


Je suis désolée, Princesse. La voix de mon meilleur ami résonne encore et encore dans ma tête comme une espèce de fatalité. Je n’ai pas pu le tuer. La gravité dans son ton presque compatissant m’avait fait frissonner. Non, c’est moi qui le tuerai ! Toutefois la détermination qui grandissait lentement en moi était encore plus flippante. Il faisait nuit depuis un long moment à présent et tout le monde dormait d’un sommeil profond.

Tout le monde sauf Juhen, dont les ronflements sonores ne perturbaient pas encore le silence de la nuit. C’était le tour de garde du Thül, tous les sens en éveil, il s’occupait cependant à sculpter une petite statuette dans un petit morceau de bois qu’il gardait toujours dans sa poche. Makeno dormait à poings fermés, il s’était blotti tout contre Gil qui récupérait doucement. Dùnhild avait râlé toute la soirée, pansant les blessures de l’Envoleur. Faut croire qu’il aime ça, flirter avec la mort, ce sale gosse n’avait-elle cessé de ruminer, me tirant un vague sourire un peu distrait. Le seul de la journée. La vieille femme avait fini par rendre les armes et c’était rigolo de l’entendre parler dans son sommeil. Loam aussi avait fini par s'endormir, après avoir essayé de me réconforter toute la soirée.

Les muscles endoloris et fatigués, affaiblie par ma maladie qui ne cessait de progresser, je parviens toutefois à me glisser hors du chariot sans aucun bruit. Sans réveiller personne, ni attirer l’attention de Juhen. Frissonnant dans la fraicheur de la nuit, je lève un instant la tête pour sentir les premiers flocons effleurer mon visage. Secouant toute seule la nuit, je commence à remonter lentement le sentier boueux, poussée par une détermination sans faille. Oh oui, je le voulais ! Le retrouver ! Lui ! Sen ! Et le tuer ! Le tuer pour ce qu’il avait voulu me faire. Le tuer pour ce qu’il m’avait fait. Seule sa mort apaiserait ma colère et ma peur de devoir l’affronter un jour prochain. Il fallait bien que je sois complètement folle pour m’aventurer seule, malade et affaiblie, dans les ténèbres de la nuit. Au cœur d’un pays que je ne connaissais pas.


- « Par la barbe de Merwyn » vociféra Juhen en me secouant par les épaules « Mais qu’est-ce que tu fiche ? Tu tiens à vraiment à mourir ou quoi, espèce de tête de mule ?! »

Me dégageant de la poigne du Thül d’un mouvement sec, reculant presque précipitamment pour me soustraire à sa poigne puissante. Refoulant une vague de nausée, je déglutis avec difficulté, avant de relever le menton en signe de défi.

- « Je dois le retrouver » coassais-je, déterminée.
- « Le retrouver ? Mais ce fils de Raï est probablement déjà à moitié mort ! »
- « Peut-être, mais ce n’est pas suffisant… » répliquais-je en me gardant bien toutefois de garder mes distances avec mon ami.
- « Ecoute Naïs, ce n’est pas raisonnable, tu tiens à peine debout… » tenta de me raisonner Loam, qui venait d’arriver au petit trot.

Le Thül tenta d’esquisser un pas dans ma direction, mais je reculais encore plus. Clairement sur la défensive. Et prête à sortir les griffes s’il m’approchait encore. S’il me touchait. Comme l’avait fait Sen un peu plus tôt.

- « Ne m’approche pas ! » lançais-je d’un ton à la fois menaçant et effrayé.

Je le sentais bien, j’étais au bord de la panique. J’avais les yeux embué. Du mal à respirer – énormément de mal même, mais ça c’était en partie à cause de cette foutue maladie qui refermait sa main glaciale sur moi. Mon cœur était au bord d’exploser dans ma poitrine. J’avais envie de courir, loin d’ici. Mais j’étais tétanisée. Littéralement. La sueur imprégnait mon front fiévreux. Etais-je en plein délire ? Pourtant cette main qui se posa doucement sur mon épaule était bien trop réelle. Mes défenses vacillèrent un instant. Puis explosèrent. Avant que je ne me réfugie dans les bras de mon meilleur ami, qui était venu lui aussi. Les larmes ruisselaient sur mon visage. Je respirais de manière affreusement saccadée, secouée par des sanglots qui ne finissaient pas, ce qui me tira une quinte de toux particulièrement violente. Qui m’empêcha encore plus de respirer. Cercle vicieux qui prit de plus en plus d’ampleur. C’est à peine si l’air atteignait mes poumons.







[Oulah, je crois que ça l'a bien secoué tout ça...]
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Giliwyn SangreLune
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MessageSujet: Re: Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs]   Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs] - Page 2 Icon_minitimeSam 27 Fév 2016, 01:30

- Gil…

Il grogna dans son sommeil, chercha à s’y replonger. Foutez-moi la paix, quoi… Il était fatigué, c’était compréhensible, tout de même : se faire empoisonner, se battre, manquer d’y passer, puis se lancer dans un voyage à travers un pays étranger, affronter un Envoleur fichtrement coriace… D’accord. La routine, en fait. Mais là, Gil avait juste envie qu’on le laisse tranquille pendant un à deux mois. C’était pas si long que ça. On pouvait bien se passer de lui quelques semaines, non ? Il voulait dormir. Il rêvait que Libertée était contre lui, il pouvait presque sentir son parfum de pêche, et il ne mourrait d’envie de glisser ses doigts dans ses cheveux pour…

- Gil.
- Raaah. Oui. Quoi ?
gronda-t-il en se redressant à demi.

Dùnhild le regardait gravement, ce qui était fichtrement rare chez elle… à tel point que Gil se passa une main sur le visage et soupira.

- Elle est où ?
- Pas loin. Juhen l’a interceptée.


Silence.

- Gil ?
- C’est bon…


Il y allait mais elle allait l’entendre, cette fois. C’est vrai, quoi, elle tenait vraiment à le retrancher dans ses dernières limites, ou quoi ? A moitié réveillé, de sale humeur et fourbu comme jamais, il souleva la bâche du chariot et se glissa dans l’air frais et piquant de la nuit. Ses muscles étaient engourdis et il les pria de prendre leur temps avant de se réveiller complètement. Parce qu’il allait douiller. Mais Dùnhild avait fait des miracles, une fois encore, et il pouvait se déplacer, d’une démarche certes boitillante, mais sans risquer de tourner de l’œil. Un jour, il faudra que je lui dise merci, quand même, songea-t-il en se mettant en route, guidé par les bruits de voix qui trouaient le silence nocturne. Il se fraya un chemin à travers les branchages, ignora une ronce qui se prit dans la manche de sa chemise. Vu l’état de celle-ci, il n’était plus à ça près.

Juhen et Loam étaient là et face à eux, Naïs. Dès qu’il la vit, Gil comprit qu’il allait falloir y aller soit très doucement, soit violemment. Il n’y aurait pas de demi-mesure. Mais alors que la seconde option s’imposait de part son habitude, ce fut la première qui le poussa à se glisser derrière l’Envoleuse. Il se contenta de poser la main sur son épaule. Si elle le prenait mal et lui collait un pain, c’est sûr, il allait poursuivre sa nuit… Il tressaillit donc légèrement lorsqu’elle bougea soudain et laissa échapper un grognement de douleur et de surprise lorsqu’elle se retourna pour se jeter dans ses bras. Et pleurer. Enfer. Il détestait cela, c’était un fait. Il était capable d’affronter à peu près tout ce qui vivait dans cet Empire, à deux ou trois exceptions près dont Nwëlla faisait partie. Mais face aux larmes, il se sentait terriblement impuissant.

- Naïs… fit Juhen, ne sachant pas lui non plus comment réagir.

Loam fut plus réactive que les deux hommes réunis. Elle secoua la tête et fit signe au Thül.

- Viens, on retourne au camp.
- Et eux ?
- On les laisse tranquilles. Ils ont besoin d’un peu d’air.
- Mais…
- Viens, je te dis !


Juhen fronça les sourcils. Décidément, cette jeune faëlle était têtue et pénible. Têtue parce qu’elle l’attendait de pied ferme, bras croisés sur la poitrine. Pénible parce qu’il s’exécuta sans résister. Gil les regarda s’éloigner, amusé par la réaction pour le moins étonnante de son ami, puis il baissa la tête, laissant son menton frôler le sommet du crâne de la belle éplorée qu’il tenait dans les bras.

- Moins fort, princesse, siffla-t-il entre ses dents. Ça fait mal.

Elle relâcha la pression et il put respirer de nouveau normalement. Il aurait pu en profiter pour se dégager mais Naïs pleurait toujours, et pas qu’un peu, alors il resta planté là, sans bouger. Et sans parler. A quoi bon ? Ce n’était pas de mots dont elle avait besoin. Il lui caressa juste le dos, doucement, pour la calmer. Et ça ne fonctionna pas.
Du tout.

- Bon…

Ne sachant pas combien de temps encore elle allait tremper sa chemise et n’ayant pas très envie de le savoir, il se pencha et la souleva dans ses bras. Poids plume et docile… il n’avait presque pas mal à ses blessures. Il fit quelques pas, réajusta son précieux paquet en la faisant remonter d’une pression des bras, continua d’avancer sans prendre la peine de lui dire où il l’emmenait. Il n’en savait rien lui-même, en réalité, il avait simplement besoin de l’éloigner un peu du camp. Et de s’éloigner un peu aussi, par la même occasion. Il s’enfonça dans le sous-bois. Une trouée entre les arbres, minuscule clairière, attira son attention. Il déposa Naïs et se laissa choir dans l’herbe, un peu lourdement. Sur les fesses d’abord, puis carrément sur le dos. Et il soupira d’aise, puis tapota sa poitrine.

- Allez. Viens par-là.

Elle n’avait pas attendu sa proposition et il referma les bras sur elle. Son regard se perdit dans les étoiles que la trouée laissait voir. Il ne chercha pas plus à parler que lorsqu’elle pleurait contre lui. Elle s’était calmée mais il préférait attendre que ce soit elle qui prenne la parole, si elle le souhaitait. Il regrettait de ne pas avoir emporté son manteau.

- Pas froid ? demanda-t-il en la serrant davantage contre lui.

Est-ce que c’était raisonnable de passer la nuit dehors alors qu’elle était malade ?
Gros malin…
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MessageSujet: Re: Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs]   Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs] - Page 2 Icon_minitimeJeu 03 Mar 2016, 13:51

- « Je lui faisais confiance… » en se blottissant un peu plus contre la poitrine de Gil « Bordel, ça fait mal ! »

Prise d’une violente quinte de toux, elle frissonne un instant.

- « J’en ai marre d’être qu’un espèce de jouet, juste là pour le fun ! De toute façon, je vais mourir, et ça s’arrêtera… »








[Eh bien je confirme que ça l'a bien perturbée hein ! Elle est toute cassée x) N'empêche qu'elle me désespère des fois !]
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MessageSujet: Re: Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs]   Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs] - Page 2 Icon_minitimeJeu 03 Mar 2016, 18:49

- Je croyais qu'on avait décidé de dire ça ? Tu ne le penses même pas, Naïs. Au fond de toi tu n'as pas envie de mourir. Je le sais.


[Et Gil il commence à avoir l'habitude de réparer les gens alors bon... ça va pas trop le changer, je pense... Rolling Eyes]
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MessageSujet: Re: Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs]   Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs] - Page 2 Icon_minitimeJeu 03 Mar 2016, 19:06

- « J’en sais rien ! Je sais pas ! Là, j'ai juste mal, partout. Il m'a fait mal. Je veux que ça s'arrête ! Au fond, ça serait peut-être mieux comme ça. Peut-être bien que je le mérite... »
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MessageSujet: Re: Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs]   Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs] - Page 2 Icon_minitimeJeu 03 Mar 2016, 19:51

- Enfer, Naïs... Vivre, c'est se prendre en pleine face toutes ces choses qui font mal ! On encaisse plus ou moins vaillamment, d'accord, mais on encaisse quand même et on se relève ! Et tant qu'à faire, on se débrouille pour rendre la pareille au centuple.

(Il lui caresse pensivement les cheveux et laisse échapper un soupire)

Tu sais bien qu'il ne faut pas accorder sa confiance à un envoleur. Non ?
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MessageSujet: Re: Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs]   Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs] - Page 2 Icon_minitimeJeu 03 Mar 2016, 21:00

- « Je veux le tuer, je te jure. Je veux vraiment, à tel point que c'est effrayant ! Mais je suis même pas sûre de pouvoir le faire... »

(Petit gloussement)

- « Justement non ! Il faut croire que je n'apprends rien à rien... Qu'est-ce qui cloche chez moi, hein ? Je dois être maso au fond !»

(Pose sa tête sur le torse de Gil, cherchant un peu de sa chaleur)

- « Si t'essayes de me dire qu'il ne faut pas que j'ai confiance en toi, on est mal barrés ! Serre-moi fort... »
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MessageSujet: Re: Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs]   Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs] - Page 2 Icon_minitimeSam 05 Mar 2016, 20:11

- Je sais pas. Je crois qu'il faut être maso pour avoir confiance en moi...

(Rire ironique. Il la serre un peu plus contre lui.)

Naïs ? Ne meurs pas. Je ne sais pas ce que je ferai sans toi.

(Soupir un peu tremblant)
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MessageSujet: Re: Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs]   Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs] - Page 2 Icon_minitimeSam 05 Mar 2016, 22:08

(Se redresse sur un coude, pour planter son regard aveugle dans celui de Gil)

- « Moi je sais » (soupir) « Si jamais… si jamais on arrive trop tard, je veux que tu vives pour nous deux. Je veux que tu sois toujours là pour Makeno. Je veux que tu te souviennes à quel point je t’aime et que je pourrais mourir un million de fois pour toi. Parce que tu es mon meilleur ami, mes deux yeux »

(Caresse du bout des doigts la mâchoire de l’Envoleur)

- « Mais je te promets de me battre jusqu’au bout. De toute façon, tant que tu es là, je pourrais bien affronter toutes les tempêtes… »

(Pose sa tête dans le creux de l’épaule de Gil)









[Ciel ! Que c'est beau ! Profite, Naïs ne fera pas de déclarations comme ça tous les jours xD]
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Giliwyn SangreLune
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MessageSujet: Re: Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs]   Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs] - Page 2 Icon_minitimeDim 06 Mar 2016, 00:50

Gil ne dit rien.
Il y avait ce nœud, là, dans sa gorge… Il fixa les étoiles en silence, et laissa les battements de son cœur s’accorder à ceux de Naïs.

Tu as promis, alors.


*


Juhen bondit sur ses pieds dès qu’il aperçut Gil. Il se précipita et ouvrit la bouche pour lui poser les questions qui lui brûlaient les lèvres, mais un regard noir de l’envoleur le freina dans son élan aussi efficacement qu’une énorme baffe.

- Tu la réveilles, je te tue, ajouta néanmoins Gil dans un murmure.

Il baissa les yeux. Naïs dormait dans ses bras, petite chose fragile – mais qui savait encore les surprendre avec talent. Il soupira.

- Il faut se remettre en route.

Juhen hocha la tête.
Et, du bout de sa botte, envoya un peu de terre sur le feu de camp pour étouffer les flammes.



*


- Je veux grimper avec toi !
- Nan.
- Steupléééé…


Gil secoua la tête. Il allait devoir mettre Naïs en garde : Makeno prenait de plus en plus de son frère aîné. Il commençait à avoir la même nature entêtée que Seth. Il s’accroupit pour regarder le petit garçon dans les yeux – et lui parler d’homme à homme :

- Trois grimpeurs c’est largement suffisant. Mais on a besoin de toi en bas. Quelqu’un doit garder un œil sur ta mère où bien elle va encore plonger dans une galère tête la première.
- Pfff, Dùnhild peut le faire, non ?
- Cette vieille bique centenaire ? Regarde-là, elle peut à peine se déplacer. Si jamais les choses tournent mal, vous la laissez sur place et vous filez. Elle retardera au moins vos ennemis.
- La vieille bique t’entend très bien, mon mignon.


Makeno éclata de rire. Il jeta un regard envieux en direction de Loam et Juhen qui s’équipaient pour l’ascension, puis vers la carriole, et prit sa décision.

- D’accord. Mais dépêche-toi. J’aime pas voir maman malade.
- On va faire vite, promit l’envoleur en lui passant la main dans les cheveux.

Dùnhild s’approcha d’eux.

- Méfiez-vous de la glace, elle recouvre les parois et tromperait un Faël. Ne faites pas les malins, là-haut. Dès que vous avez pris quelques fleurs, revenez. Et ne vas pas te rompre le cou ou une folie de ce genre. T’es déjà assez fou pour entreprendre ce genre de chose dans ton état ! Soyez efficaces. Et prudents. Et…
- Arrêtez ça,
l’interrompit Gil. Sinon je vais finir par croire que vous m’appréciez.
- Oh, espèce de jeune fripon !
- Fripon ? Sérieusement, vous n’avez pas mieux ?


Elle lui pinça affectueusement la joue.
Puis le bouscula vers les autres.

- File, grand benêt ! Naïs a besoin des fleurs.

Gil jeta un dernier regard vers le chariot.
Tiens bon, Princesse.
Tu m’as promis, hein ?


Il tendit la main, laissa Makeno y faire claquer sa petite paume, et trottina vers ses amis.

- Je passe la première, fit Loam. Puis toi, Giliwyn, et Juhen. On monte, on ne s’arrêta que si nécessaire. Les fleurs poussent dans des endroits particulièrement difficiles d’accès. Dès qu’on en a récupéré assez, on redescend. Ça ira ?
- Ouais.
- Allons-y,
fit Gil en s’encordant.



*


Il aurait tout fait. Tout.
Survécu à un poison mortel. Affronté un envoleur pervers et psychopathe. Supporté une vielle herboriste un peu perverse sur les bords, elle aussi. Et maintenant, ça. Une ascension périlleuse, en pleine montagne, alors qu’il se remettait à peine de son combat avec Sen. Le vent hurlait à ses oreilles, il avait de la neige dans le cou et les yeux, la glace gelait jusqu’à ses cils, il ne sentait plus ses doigts malgré les gants, mais… il continuait de grimper.

- Là !

Le cri de Loam lui fit lever la tête. En plus de les narguer en grimpant sans corde, la faëlle s’offrait le luxe de se passer d’un bras pour pointer du doigt ce que Gil prit d’abord pour des tâches dans la roche. Puis il les distingua. Les fleurs d’Anaevi.

- Ju’, monte encore un peu !
- Quoi ?
- Monte !


Le Thül fatiguait. Sa masse le gênait. Il dérapa soudain sur la glace et lâcha prise. Gil banda ses muscles mais glissa à son tour contre la paroi verglacée. C’est alors que les doigts de Loam se refermèrent sur son poignet. Elle parvint à freiner suffisamment sa chute pour qu’il plante son couteau dans la glace et se stabilise enfin.

- Merci, souffla-t-il.
- Pas de quoi !
- Juhen, espèce de face de Raï, t’as fini de jouer au con ?
- Toi-même,
grogna l’interpelé en soupirant de soulagement.

Gil leva la tête. Ils avaient perdu plusieurs mètres.

C’était reparti pour un tour.
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MessageSujet: Re: Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs]   Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs] - Page 2 Icon_minitimeVen 11 Mar 2016, 16:47

≈≈≈ Naïs ≈≈≈

Frissonnant violemment, je me demande un instant si je ne suis pas en train de rêver ou s’il fait vraiment aussi froid que cela. Tandis que je remonte un peu plus la couverture sur mes épaules d’un geste machinal, la douleur qui irradiait dans mes côtes et mon corps tout entier me tire une quinte de toux particulièrement virulente. Désormais complètement réveillée, je roule sur le côté avec une grimace. Passant brièvement ma langue sur mes lèvres imprégnées d’un goût de sang, je me redresse péniblement sur un coude. Personne. Pas un bruit ne règne autour de moins. Je suis seule dans la charrette. Mais où sont-ils donc passés ? Achevant de me relever complètement, je sens les battements de mon cœur s’accélérer imperceptiblement alors qu’un éclat de voix me parvient de loin. De si loin. Et pourtant très proche aussi.

D’une démarche terriblement gauche et vacillante, je m’approche doucement du rebord du chariot pour relever un pan de toile. Dùnhild et Makeno étaient là, autour d’un feu crépitant qui réchauffait à peine l’atmosphère. Malgré la situation, ils rigolaient bien tous les deux. La vieille femme demandait au petit garçon de lui passer les herbes dont elle avait besoin, pour commencer à préparer une concoction supposément miraculeuse pour moi. Leur complicité me fait sourire un instant, avant qu’ils ne remarquent soudain ma présence.

- « Oh ! Maman ! » s’exclama Makeno d’une voix enjouée « Dùnhild et moi, on est en train de préparer une potion qui te guérira ! » annonça-t-il fièrement.

Secouant toute seule la tête, attendrie, je descends prudemment de la carriole bringuebalante. L’épaisse couche de neige crisse sous mes pieds. La tempête qui nous avait ralenties avait cessé, du moins pour le moment ! Mais le fond de l’air restait froid et humide ; il peut très bien se remettre à tomber de gros flocons d’une minute à l’autre. Et entreprendre une ascension par ce temps était une pure folie ! Sauf qu’apparemment, cela ne semble pas avoir rebuté Gil, Loam et Juhen.

- « Ils sont où les autres ? » demandais-je tout de même.

La vieille herboriste releva la tête, tout en continuant de mélanger énergiquement ses ingrédients énergiquement.

- « Ils sont partis chercher la fleur d’Anaëvi pardi ! » fit-elle, en haussant simplement les épaule « Toi, par contre, tu devrais retourner dans la charrette. Te reposer et économiser tes forces. Tu en auras besoin : on ne sait jamais combien de temps cela leur prendra pour revenir ! » ajouta-t-elle en brandissant sa grande cuillère en bois.
- « Mouais » grognais-je « J’ai largement eu ma dose de sommeil pour ces derniers jours ! » grommelais-je en m’enroulant un peu plus dans la couverture de laine.
- « C’est bon signe » plaisanta Dùnhild « Ça veut dire que ton corps récupère et que tu es une sacrée battante ! »

Un sourire en coin sur les lèvres, je m’adosse doucement contre un tronc d’arbre.

- « Bon, si j’ai bien compris, ma survie ne dépend maintenant plus que d’une satanée fleur ? » soupirais-je.
- « Et de toi aussi ! » objecta la vieille femme « L’Anaëvi est d’une efficacité incroyable à condition que tu en consomme à petites doses régulières, mais pour ça, il faut que tu continues de t’accrocher » ajouta-t-elle d’un air soudain grave.
- « Ne vous inquiétez pas, vous n’êtes pas prêts de vous débarrasser de moi ! » m’exclamais-je avec un sourire espiègle.



How can you see into my eyes like open doors?
Leading you down into my core
Where I’ve become so numb
Without a soul
My spirit’s sleeping somewhere cold
Until you find it there and lead it back home



- « Raaah ! » jura l’herboriste « La fleur ne se lie pas au reste de la potion ! »

Cette fois, c’est vraiment la fin ! Même chaudement enroulée dans la couverture de laine de Juhen, je tremble de tous mes muscles. De tous mes membres. Je vais mourir ! Et curieusement, cela ne me fait même plus peur. Même pas triste non plus. Je suis juste envahie par un étrange sentiment de sérénité. J’ai mal partout et la perspective que ce cauchemar s’arrête enfin me semble presque réjouissante. L’air, même s’il ne parvient presque plus à rentrer jusque dans mes poumons, me brûle à chaque respiration. J’impression de suffoquer de plus en plus, à mesure que je continue à cracher des gerbes de sang. Les voix se font de plus en plus lointaines.

- « Je connais peut-être quelque-chose ! » s’écria Loam en fouillant dans sa propre sacoche de voyage « Laisse-moi essayer… »
- « Loam ! » s’exclama soudain Dùnhild « Ce truc pourrait aussi bien désagréger la fleur, et Naïs n’a plus le temps ! » protesta-elle vigoureusement.
- « Justement ! C’est quitte ou double, mais ça reste notre meilleure chance pour finir cette potion ! » répliqua la Faëlle.
- « Mouais, je suppose qu’on ne perd rien à essayer… » soupira la vieille femme.

Cette fois, c’est la fin. Je vais mourir.


Wake me up inside-
Wake me up inside
Call my name and save me from the dark
Bid my blood to run
Before I come undone
Save me from the nothing I’ve become
Bring me to life



- « Gil… » murmurais-je faiblement, happée dans l’inconscience.
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Giliwyn SangreLune
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MessageSujet: Re: Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs]   Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs] - Page 2 Icon_minitimeSam 19 Mar 2016, 19:29

L’Anaëvi ressemblait à un lys. Ses pétales était longs et pointus, parés de couleurs irisées qui oscillaient entre le bordeau et violet. Une pure merveille, que Gil ne s’autorisa pas à contempler. Pas le temps. Il arracha les fleurs une à une, ignorant la précarité de sa position au-dessus du vide. Le vent fouettait son visage, il sentait les muscles de ses bras s’engourdir. Pas bon, ça. Serrant les dents, il poursuivit sa tâche pénible, sans prêter attention aux grommellements de Juhen et à l’empressement de Loam. Dès qu’il fut prêt, tous trois entamèrent la descente. Ils étaient épuisés. Ils n’avaient fait aucune pause, ils risquaient à chaque seconde une chute mortelle, et pourtant aucun d’entre eux n’émit la moindre plainte tandis qu’ils descendaient le plus vite possible de la falaise. Un sifflement strident fit sursauter Gil et il faillit rater une prise. Glissant un coup d’œil par-dessus son épaule, il distingua la silhouette de Dùnhild qui lui faisait signe. Son cœur se tordit dans sa poitrine. Un soupçon de panique s’immisça en lui.

- Loam ! cria-t-il.

Sans attendre de réponse, car la faëlle l’avait compris, il lui jeta le sac avec les fleurs. Elle l’attrapa adroitement et s’élança. Tellement vite que Juhen laissa échapper une exclamation de surprise. Gil grogna. Il aurait été moins vite que Loam, mais plus vite que Juhen et devoir attendre son ami le frustrait. Il voulait retrouver Naïs ! Maintenant !

- Magne-toi, bon sang !
- Je fais ce que je peux !
- Arrête de faire ce que tu peux et descends !

Quand il ne resta plus que quelques mètres à faire, Gil trancha la corde qui le reliait au Thül et se laissa glisser le long de la paroi. Il bondit, roula sur le sol, se redressa, fonça vers la carriole tandis que Loam et Dùnhild ajoutaient l’Anaëvi à la potion. Makeno l’assaillit de questions lorsqu’il se glissa sous la bâche mais, à bout de souffle et de fatigue, il se contenta de secouer la tête. Il n’en pouvait plus. Des points noirs dansaient devant ses yeux. Il se laissa glisser sur le sol et appuya son visage contre ses genoux. Enfer. Je déguste. C’est pas ma semaine. Il laissa la nausée refluer, son souffle retrouver un rythme normal, et se redressa pour s’approcher de Naïs. Elle était glacée.

- On y est presque, dit-il d’une voix rauque. Tiens bon, Princesse.

Juhen ouvrit la bâche et glissa sa tête à l’intérieur. Il avait de la glace dans les cheveux et la barbe.

- Faut qu’on la sorte, c’est bientôt prêt.
- Elle est gelée.


Juhen avait déjà déployé son épaisse couverture de laine sur l’Envoleuse. Il la souleva dans ses bras et grogna en la sentant si légère. Si fragile. Naïs, fragile ! Non mais sans blague !

- Je vais m’occuper de te nourrir correctement quand tu seras guérie, moi, tu vas voir, marmonna-t-il en la portant jusqu’au feu. Tu vas prendre dix bons kilos au moins !
- Quinze,
renchérit Makeno.
- Vingt !
- Vous faites un concours ?


Gil s’était glissé près d’eux sans faire de bruit, tant et si bien que, pour son plus grand plaisir, le Thül et le garçon sursautèrent.

- Tu flottes dans tes vêtements, ronchonna Juhen en s’asseyant, Naïs contre lui. Toi aussi t’as besoin de sacrément te remplumer.
- Si tu me donnes la becquée, je vais peut-être y réfléchir…
- Je vais te prendre au mot, tronche de Ts’liche !
- Quand tu veux, face de cul de Raï !
- Raaah ! La fleur ne se lie pas au reste de la potion !


Quoi ?

- Je connais peut-être quelque chose ! Laisse-moi essayer…
- Loam ! Ce truc pourrait aussi bien désagréger la fleur, et Naïs n’a plus le temps !
- Justement !
s’exclama la faëlle en farfouillant dans son sac sous le regard perplexe de Dùnhild, c’est quitte ou double, mais ça reste notre meilleure chance pour finir cette potion !
- Mouais, je suppose qu’on ne perd rien à essayer…
- « Essayer » ?!


Gil avait bondi sur ses jambes. Les poings serrés, il fixait l’herboriste d’un air sombre qui ne présageait rien de bon.

- Gil…
- Ce n’est pas le moment de faire des expériences ! Naïs va mourir si vous ne réussissez pas cette fichue potion !
- S’énerver ne fera pas avancer les choses, mon mignon.
- Essayer non plus !
- Tu crois ?


Loam s’interrompit juste le temps de lever la tête, et son regard croisa celui de Gil. Il y lut une promesse incertaine, mais aussi un espoir fou qui souffla sa colère. le cœur serré, il se rassit près de Juhen.

- Donne-la moi, grogna-t-il en désignant Naïs du menton.
- Nan.
- Juhen !

Le Thül serra son amie plus fort contre lui, l’air farouche.

- Enfer, ce que tu peux être pénible !
- C’est la poêle qui se moque du chaudron, ça…
- Hein ?
- Gil…


Murmure désespéré. Gil attrapa la main de Naïs et la serra dans la sienne.

- Je suis là. Reste avec moi, supplia-t-il, des larmes dans la voix. Je t’en prie, Naïs, tu dois rester avec moi. Tu as promis.

Une boule de chaleur se pressa soudain contre lui. Makeno ! Gil entoura le petit garçon de son bras valide. Et attendit, figé d’espoir et de douleur, que Dùnhild et Loam aient terminé la potion.

Tu as promis…



*



Ce fut la chaleur d’un rayon de soleil qui éveilla Gil. Il ouvrit doucement les yeux et battit des paupières un instant pour chasser le sommeil et accommoder sa vision. Il avait mal partout, surtout à la nuque, et pour cause : il était appuyé de tout son poids contre Juhen ! Il tressaillit, se redressa vivement sans réveiller le Thül, et jeta un regard autour de lui. Makeno dormait à poings fermés, la tête sur ses jambes. Dünhild donnait la réplique à Juhen en ronflant doucement, la tête dans les bras, juste à côté d’eux. Roulée en boule à leurs pieds, Loam avait presque complètement disparu sous sa couverture. Quant à Naïs… Gil se pencha, le cœur battant, et effleura son front du bout des doigts. Y appuya doucement la paume. Ecarquilla les yeux. Fraîche ! Sa peau était fraîche ! Il se pencha un peu plus et, son oreille contre ses lèvres, écouta sa respiration lente et tranquille. Elle dormait profondément et pour la première fois depuis qu’il l’avait retrouvée, ses traits étaient détendus.
Elle était sauvée.

Ivre de bonheur et de soulagement, Gil l’embrassa doucement sur la joue, puis il déplaça Makeno avec délicatesse et se redressa. Il se sentait faible, sans forces, mais il avait besoin de s’éloigner un peu. De reprendre son souffle. De réaliser sa chance. Ils étaient sauvés, tous les trois ! Dùnhild et Loam étaient incroyables. Les jambes lourdes mais le cœur léger, il se glissa entre les arbres et s’approcha d’un tout petit ruisseau qui serpentait joyeusement depuis les montagnes. L’eau était fraîche et pure. Il y plongea ses mains, s’aspergea le visage, et offrit son premier véritable sourire au soleil qui brillait dans le ciel et le réchauffait de ses rayons.
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MessageSujet: Re: Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs]   Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs] - Page 2 Icon_minitimeVen 08 Avr 2016, 13:53

≈≈≈ Naïs ≈≈≈

Les rayons du soleil me tirent du sommeil doucement, me tirant un petit soupir d’aise. L’air frais du petit matin était vraiment agréable – c’est sans doute pourquoi cette heure de la journée reste l’une de mes favorites, même en plein hiver. Papillonnant des paupières, je soupire imperceptiblement avant de trouver une position plus confortable. Enfin, tenter de le faire. Parce que les bras de Juhen, refermés sur ma taille, m’empêchent de bouger trop brusquement si je ne veux pas le réveiller. Un instant résignée, je laisse retomber ma tête sur son torse pour l’écouter ronfler comme une buche. Et Dùnhild qui lui donne la réplique, c’est vraiment très drôle. Presque attendrissant même. Prenant toutes les précautions possibles pour ne pas réveiller mon ami, je déplace ses bras avec une extrême délicatesse. Enfin, libre, je passe une main sur le front de Makeno, tout endormi lui aussi, recroquevillé contre les jambes du géant.

En me levant prudemment, je m’étire souplement comme un chat. Apparemment, ma fièvre était tombée cette nuit et si je sens clairement que mes bronches sont encore un peu encombrées, en revanche cette espèce de douleur permanente irradiant dans tout mon corps avait disparu aussi pendant la nuit. L’Anaëvi faisait vraiment des miracles ! Passant une main sur mon visage pour me donner un minimum de contenance, je farfouille dans l’un des sacs de voyage entassés dans le chariot. Mon estomac gargouillait depuis plusieurs longues minutes : il fallait que je trouve quelque-chose à me mettre sous la dent ! Ah ! Des biscuits ! Croquant sans grande conviction dans un morceau de biscuit sec, je m’éloigne un peu du camp de fortune.

Un peu plus loin, là, entre les arbres, un petit ruisseau serpente. Le coulis de l’eau est si léger, presque imperceptible. Lentement, doucement, je m’approche sans bruit. Gil était là, mais ne m’avait pas encore entendu. Ni n’avait perçu ma présence. Glissant une mèche rebelle derrière mon oreille, je me demande un instant ce qu’il compte faire à présent que je suis hors de danger. Il venait tout juste de traverser un pays qu’il ne connaissait pas pour trouver une fichue fleur qui venait de me sauver, mais au fond, je sais très bien qu’il allait repartir quasiment aussitôt. Partir sans se retourner. Et m’éviter pendant des semaines. Peut-être des mois. Comme s’il ne s’était rien passé. Comme s’il n’y avait rien de plus. Comme si tout ce que nous avions partagé ne comptait pas. Secouant toute seule la tête, je pose une main sur l’épaule de l’Envoleur. Son léger tressaillement me tire un sourire amusé.

Enlevant mes bottes de voyage, je savoure quelques secondes le contact avec l’herbe fraîche – quasiment glacée même. L’eau du ruisseau m’arrive à peine au-dessus des chevilles, mais le contact est agréable. Vraiment ! Portant mes deux mains dans l’onde froide, pour former un creux avec, je m’asperge le visage d’eau afin de me débarbouiller du sang séché qui perle encore au coin de mes lèvres. Ramenant ma longue chevelure dans mon dos dans un geste parfaitement naturel, je réajuste mon haut à moitié déchiré sous les assauts de mon ancien maître. Alors que je passe une main sous ma poitrine douloureuse – après un bon mois sans allaiter Soahary, les montées de laits commencent à se faire vraiment insupportables – je m’assoie juste à côté de Gil pour poser ma tête tout contre son épaule.

- « Monsieur SangreLune, je crois que tu as fait une grosse erreur » souris-je, dans une boutade « Tu vas m’avoir sur le dos encore un sacré moment ! » ajoutais-je en précisant le fond de ma pensée.

Toutefois, derrière mon ton blagueur et léger, je reste super sérieuse. Tu veux la paix avec Libertée ? Tu veux de la simplicité ? Ben c’est raté ! Parce que je suis là et j’existe. Et que tu le veuille ou non, on a une histoire en commun. Un gosse aussi. Un jour, tu l’admettras Giliwyn SangreLune. Un jour, tu comprendras que si je me bats autant, c’est pour donner sa chance à Makeno. Pour qu’il ne finisse pas comme toi. Ou moi.

- « Pars pas, s’il te plaît » soupirais-je dans le silence « Pas tout de suite… » ajoutais-je en me lovant un peu plus contre le torse de Gil, plaquant tout mon corps contre le sien et le bout de mes seins chatouillant son torse musclé.








[Un peu court, mais voilà quoi mrred ]
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Giliwyn SangreLune
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MessageSujet: Re: Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs]   Vivre, ce doit être une formidable aventure ! [PV Naïs] - Page 2 Icon_minitimeLun 11 Avr 2016, 11:14

Accroupi sur les talons, les yeux clos, Gil apprécia à sa juste valeur la timide caresse d’un rayon de soleil. Tout était allé si vite ces derniers temps, il fallait qu’il se pose un petit. Le temps de retrouver son souffle. Parce qu’ensuite… Il rouvrit les yeux. Libertée et Suviyo l’attendaient. Syles l’attendait. Il devait rentrer. Retourner en Gwendalavir. Continuer de vivre, au nez et à la barbe de celui qui avait tenté de l’éliminer. Il soupira et s’assit lourdement, un genou replié contre la poitrine. Il le savait, sa fatigue lui venait de la Silencieuse et de tout le bazar de ces derniers jours, mais il n’envisagea pas de s’éterniser en pays Faël. Il y reviendrait. Sans doute plus tôt que prévu. Un pli se creusa dans sa joue lorsqu’il pensa à Syles. T’as intérêt à avoir survécu à ton épreuve. J’ai pas survécu à la mienne pour rien. Il était tellement absorbé par ses pensées qu’il ne perçut pas la présence, dans son dos… il tressaillit donc quand une main se posa doucement sur son épaule, mais il n’eut pas besoin de tourner la tête pour deviner qu’il s’agissait de Naïs. Son cœur bondit dans sa poitrine. Vivante…

- Déjà debout ? Alors que tu devrais te reposer, quoi, un demi siècle au moins, pour récupérer ?

Elle ne répondit pas, mais au fond il partageait ce qu’elle ne répliqua pas à voix haute : elle était restée malade trop longtemps pour ne pas en profiter à présent qu’elle se sentait mieux. Il la regarda comme elle se penchait pour boire. Juhen avait raison, il fallait qu’elle se remplume. Et qu’elle réapprenne à sourire. Lorsqu’elle s’assit près de lui, Gil sentit quelque chose picoter son épaule, à la base du cou. Il y porta la main et massa la zone douloureuse, avant d’ouvrir le col de sa chemise sale et déchirée. Il ne pouvait pas voir les glyphes sanglants laissés par la Silencieuse, mais il les sentait sous ses doigts. Merde, comment je vais expliquer ça à Lib ? Distrait, il faillit ne pas entendre la boutade de Naïs :

- Monsieur SangreLune, je crois que tu as fait une grosse erreur.

Encore ?

- Tu vas m’avoir sur le dos encore un sacré moment !

Gil sourit mais ne répondit rien. Il avait compris le message. Il la connaissait trop bien. Naïs était une battante, elle n’était pas du genre à renoncer – une maladie mortelle et douloureuse n’arrivait même pas à lui mettre un genou à terre ! Il soupira. Elle allait devoir renoncer à lui, à eux. C’était comme ça. Il essayait de le lui démontrer à chaque fois, et à chaque fois ça lui coûtait plus d’efforts qu’il ne le laissait croire ; il tenait à elle, bon sang ! Il était navré de lui faire autant de peine et d’inquiéter à ce point Makeno. Il aurait souhaité que les choses soient plus simples. Si seulement…

- Pars pas, s’il te plaît… Pas tout de suite…

Elle se mussa davantage contre lui, il se raidit malgré lui. Parce qu’elle était plus proche qu’au cours des derniers mois et parce qu’il avait l’envie irrépressible de glisser les doigts dans ses cheveux noirs. Il osa finalement, mais pour tenter de démêler un peu les nœuds qui s’y étaient formés. C’était un geste affectueux… qu’un frère aurait eu pour sa sœur. Il préférait penser à elle de cette manière. C’était une manière de rendre les choses plus simples. Même si ce n’était qu’une tentative un peu fragile et illusoire.

- Juhen ne sera pas prêt à partir avant midi, de toute façon, dit-il doucement.

Il remua légèrement pour changer de position : ses côtes et ses bras étaient encore sensibles, et même le poids plume de Naïs pesait trop lourd sur ses muscles fatigués. Le voyage de retour allait être plus long et laborieux que l’aller, alors qu’il l’avait fait empoisonné… Le trille d’un oiseau attira son attention. Mélodieux et inconnu de son répertoire, mais tellement saisissant qu’il se bougea plus pendant de longues minutes, rien que pour l’écouter. Et pour garder Naïs contre lui, encore un petit peu. Jusqu’à ce que les appels vaguement anxieux de Juhen ne retentissent, brisant ce moment unique. Gil soupira, puis se leva et attrapa la main de Naïs pour l’aider à se relever.

Il la tenait toujours lorsqu’ils rejoignirent le groupe.



*



Gil boucla la dernière sangle et vérifia que les sacs étaient correctement fixés. Chante-Brume tourna la tête pour chercher son affection et il se laissa attendrir par ses grands yeux brillants. Elle était bien trop maligne pour un canasson. Il recula d’un pas en se grattant l’épaule ; une main ridée mais fichtrement rapide s’abattit vivement sur ses doigts.

- Pas touche ! gronda Dùnhild en fronçant les sourcils pour accentuer la sévérité de ses paroles.
- Ça gratte, protesta-t-il en lui montrant les glyphes qui le démangeaient.
- C’est parti pour durer un moment alors n’en rajoute pas ! J’ai autorisé Juhen à se servir de sa hache si jamais il te voit ne serait-ce qu’approcher la main de ton épaule.
- Merci, vieille bourrique.
- De rien, mon mignon.


Elle se hissa sur la pointe des pieds pour l’embrasser, et il tourna la tête à temps pour qu’elle dépose ses lèvres charnues seulement sur sa joue. Son rire lui prouva qu’elle ne lui en voulait pas, mais elle lui asséna tout de même une petite tape sur les fesses lorsqu’il s’éloigna. Loam secoua la tête, amusée, lorsqu’il s’arrêta devant elle.

- Elle est insupportable mais je suis heureuse qu’elle soit parvenue à te sauver, SangreLune.
- A qui le dis-tu ! Au revoir, Loam.
- Salut, Gil.


Il fit quelques pas avant de jeter par-dessus son épaule :

- J’aime ton pays. Je pense y revenir un de ces jours.
- Débrouille-toi pour passer me voir, alors !
- Promis, juré !


Laissant Juhen aux prises avec Dùnhild, Gil s’approcha de Makeno. Il mit un genou à terre et glissa un doigt sous le menton du petit garçon.

- Hé, bonhomme…
- Pars pas, s’il te plaît,
murmura-t-il sans savoir qu’il reprenait les mots exacts de sa mère.

Bouleversé, Gil l’attira dans ses bras et le serra très fort contre lui. Il avait le cœur déchiré.

- Rappelle-toi, glissa-t-il dans le creux de la petite oreille. Meilleurs amis pour la vie, hein !
- Juré promis,
répondit MaKeno sur le même ton.

Il avait les yeux brillants quand Gil le lâcha mais il ne pleurerait pas avant que celui-ci ait disparu. Il apprenait à devenir un homme. Gil leva les  yeux vers le chariot. Naïs n’était pas descendue. Il hésita, interrogea Juhen du regard. Celui-ci haussa les épaules, mais Dùnhild soupira et poussa l’Envoleur vers le chariot. Il souleva lentement la bâche et se glissa à l’intérieur.

- Je dois y aller.

Gil se pencha et, tout comme avec Makeno quelques minutes plus tôt, il glissa un doigt sous le menton de Naïs. L’embrassa au coin des lèvres. Rappelle-toi, Princesse. Meilleurs amis.
Pour la vie.


- On se retrouve au Domaine, chuchota-t-il, une lueur malicieuse au fond des yeux.

La bâche se souleva doucement.
Il était parti.



*



- Bon, tu fais quoi, tu nous chies une pendule ou on peut y aller ?

J’ai déjà entendu ça quelque part, moi… Gil s’affaira encore une poignée de secondes, puis caressa Océan et rejoignit enfin le Thül impatient.

- J’ignorais que voyager avec moi te plaisait tant !
- Tu parles, plus vite on sera partis, plus vite on sera rentrés et je serai enfin débarrassé de toi !


Ils se mirent en selle, saluèrent Dùnhild, Loam et Makeno, s’élancèrent.

Curieux, Makeno s’approcha d’Océan pour découvrir ce que Gil avait fabriqué avant de partir. Il écarquilla les yeux, surpris, et tandis la main pour effleurer du bout des doigts la flûte accrochée à la selle du cheval. Un sourire naquit sur ses lèvres. Ça, c’était plus qu’un cadeau.

C’était une promesse.




[Et ben voilà, "the end" pour moi... mais punaise, ce que j'ai adoré écrire ce Rp avec toi ! C'était fabuleux ! Merci merci merciiii ! Et si quelque chose te gêne dans cette ultime réponse, fais-moi signe ! Razz]
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