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 Groupe Uklin - Cours n°2

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Kaünis Gil'Ozh
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MessageSujet: Groupe Uklin - Cours n°2   Groupe Uklin - Cours n°2 Icon_minitimeDim 17 Juin 2018, 19:01

Un soupir franchit les lèvres de Kaünis alors qu’elle laissait son regard voguer sur l’horizon.
Cela faisait maintenant plus d’un mois qu’elle n’avait pas retrouvé son apprenti – pas quelque chose d’habituel. Avant que Syles ne réapparaisse, elle était avec lui pratiquement tous les jours, avec des pauses d’une semaine ou deux, pas plus.

Il avait progressé, évidemment. Au-delà de ce que quiconque aurait pu prévoir ;  Pas elle. Elle en demandait toujours plus, toujours plus loin, toujours plus fort. Tellement de choses pouvaient être à la portée de celui qui avait la volonté, qui savait pourquoi il faisait les choses, quels étaient ses objectifs.

Elle le savait, car elle était dans cette situation.
Auparavant, elle se contentait souvent de ce qu’elle était ; elle aimait se surpasser, oui, aller plus loin, apprendre plus… Oui.

Mais cela avait pris une autre dimension quand son compagnon avait disparu ; et qu’elle était persuadée que c’était voulu. Elle n’était pas seulement devenue plus forte, plus rapide, plus souple ; elle repoussait ses limites au-delà du raisonnable chaque jour.
Juste pour oublier.
Juste pour vivre une autre vie.

Syles était revenu depuis quelques mois, maintenant. Et elle sentait qu’elle avait déjà ramollis son entraînement ; Kei ne manquerait pas de le remarquer quand il arriverait.
Alors, quoi, maintenant ?

Elle était parvenue au niveau supérieur. Elle cherchait sans cesse des personnes, des combattants, d’autres gens, plus forts qu’elle dans un domaine ou un autre ; juste pour apprendre. Repousser ses limites, pas seulement d’elle-même, mais avec les autres ; se mettre les points sur les i et les barres sur les t seule, se rendre compte que non, ce n’était pas parce que 98% des gens étaient moins rapides qu’elle, avaient moins d’expérience, qu’elle ne pouvait pas mourir demain en prenant un risque inconsidéré.

Elle n’avait plus eu peur de mourir.
Plus depuis deux ans et des brouettes.
Pourquoi avoir peur de crever ? Elle ne laisserait plus rien derrière elle. Ses parents ? Ils vivraient sans elle. Ses apprentis ? Ils trouveraient un autre Maître, sans doute plus conciliant qu’elle.

Et maintenant ?
Maintenant, Syles était de retour.
Et elle ne voulait plus jamais l’oublier ; elle ne voulait pas qu’il l’oublie. Lui, dans sa torture, avait pensé à elle, elle était sa bouée de sauvetage. Et elle ? Elle l’avait mis dans ce coffre, au fond de sa tête, et oublié ce qu’il y avait dans le coffre. Le coffre était là, oh oui. Mais ce qu’il y avait dedans ? Elle ne l’avait plus su.

Et maintenant ?
Elle n’avait toujours pas peur de la mort. Ni de s’abimer pour apprendre toujours plus.
Elle avait juste peur de ce qu’elle laisserait derrière elle. Des conséquences, pour Syles.
Si c’était pas du ramolissage !

Elle secoua la tête, avant de passer les deux jambes par-dessus la rambarde où elle était perchée, et se laissa tomber le long du mur du Domaine.
Une seconde.
Elle ferme les yeux.
Deux secondes.
L’air battait dans ses cheveux, coulait le long de son corps ; la sensation de tomber, de voler, était puissante.
Trois secondes.
Ses doigts crochetèrent une prise, mais elle ne s’y attarda pas ; plutôt que d’essayer d’arrêter sa chute, elle la guida, la ralentit en quelques prises, et ses pieds heurtèrent le sol avec un peu trop d’élan ; l’impact se réverbéra dans ses os et ses hanches, et elle s’en débarrassa en sautant, dissipant son énergie cinétique contre la gravité.  

En fait, Kei était là, et il  l’attendait.
Elle lui adressa un sourire.
- Prêt ?
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Keilan Fil'Areen
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MessageSujet: Re: Groupe Uklin - Cours n°2   Groupe Uklin - Cours n°2 Icon_minitimeDim 17 Juin 2018, 20:54

J’ai pris goût à la course.

Peut-être est-ce parce que je suis plus endurant, ou bien alors c’est mon corps qui est devenu dépendant, n’empêche qu’il me faut ma dose quotidienne, sans quoi je n’apprécie pas ma journée de la même manière. Et quelle dose ! Quand j’ai commencé à suivre Dolce, je n’étais pas capable de tenir le rythme plus de trente minutes sans point de côté gênant ni crampes douloureuses. Désormais je respire convenablement, et je peux courir une heure et demie avant de sentir mes muscles tirailler.

Un changement radical qui affecte toute mon anatomie. Ma silhouette déjà mince s’est affinée, mes muscles se sont raffermis, tonifiés. Je suis loin d’égaler les élèves en fin de formation mais l’on ne peut plus me prendre pour le nouveau venu.

C’est grâce à elle. Kaünis. Depuis que je m’entraîne à ses côtés, j’ai l’impression de vivre pour de vrai ; chaque jour est un nouveau défi que je relève sans en sortir indemne. Il y a toujours un bleu, une bosse, une fracture, un changement. Des fois c’est une conviction neuve, parfois c’est une certitude qui se renforce. Chaque leçon entraîne une évolution.

Non, une révolution.

Et surtout, il y a des réponses à mes questions. D’accord, la plupart des réponses font naître une dizaine de nouvelles interrogations, ne serait-ce que parce que mon maître n’est pas exactement aussi claire qu’une encyclopédie – je la soupçonne même de faire exprès d’être aussi sibylline. Sauf que j’apprends. J’apprends et je n’ai jamais fini d’apprendre.

Quand je ne vois pas Kaünis, je m’entraîne seul, reproduisant ces rituels qui ont prit une place importante dans ma vie. Je cours, je m’étire, je m’assouplis, je me muscle, j’affronte, j’observe, je prends des coups, j’en donne autant, je nage, je grimpe, je pense. Il y a certaines choses que je faisais déjà avant. Maintenant que j’ai une direction à suivre, c’est plus simple.
Et nettement plus intéressant.

Je voyage, aussi. Poussé par ma curiosité, j’explore mon monde et je rencontre des gens. Explorer est plus facile que rencontrer. J’ai découvert une île, au large du grand Océan. J’ai rencontré une fille qui s’appelle Khamill. Son visage est brûlé. Je suis parti visiter la Passe de la Goule, mais je n’ai croisé aucune goule. J’ai contemplé les Dentelles Vives. J’ai sillonné Ombreuse. J’ai trouvé deux passages secrets dans le Domaine, dont un qui m’a permis d’échapper à ce connard de Teig et à sa bande. Il m’a cassé le bras ce jour-là. Je n’ai pas pu m’en servir avant deux mois.

J’ai rencontré Lwin.

Ce type c’est un squatteur, il n’y a pas d’autre mot ; il a commencé par envahir mon espace personnel et puis il s’est mis à s’inviter à mes séances de course en solitaire. Comme ça. J’étais d’abord ennuyé, ce genre de relation ça me fiche toujours trop de nervosité d’un seul coup. J’ai craqué une fois ou deux. Dix fois peut-être, en vérité. Quand je craque ça fait des dégâts. Ce qui est étrange, c’est que Lwin n’a jamais renoncé, quand d’autres auraient abandonné dès ma première crise.

Non, lui, il a simplement continué de me parler. Il a fini par trouver la distance qui ne me met pas en danger, et la fréquence qui ne me donne pas la sensation d’étouffer. Il surgit toujours dans des moments impromptus, mais il fait en sorte que je le voie arriver. Il ne me tombe pas dessus par surprise. Au Domaine, en dehors de Kaünis, il est la seule personne que je côtoie sans violence mal placée.

Ce matin par contre, je cours pour sauver ma peau.

Ça a l’air d’un entraînement comme ça, surtout à quelques pas du Domaine, mais si je m’arrête, je risque beaucoup plus qu’une ou deux courbatures… si je m’arrête, je meurs. C’est aussi simple que ça. Et c’est de ma faute, j’ai été imprudent, j’ai relâché mon attention cinq minutes – une éternité dont a profité mon ennemi juré. Je n’ai rien contre ce type, vraiment. Il est juste très con sur les bords, et on aurait très bien pu vivre en s’ignorant complètement s’il n’avait pas décidé de me les briser dès le premier jour.

Ça s’est passé juste avant que je parte pour mon entraînement matinal. Je quitte généralement le dortoir deux heures avant l’aube. Teig est un lève tard, et il était supposé être avec son maître depuis deux semaines, raison pour laquelle j’ai baissé ma garde. Erreur fatale. Si Teig est aussi dangereux que pénible, c’est parce qu’il n’agit pas seul. L’un de ses amis a versé quelque chose dans ma gourde.

Point positif : je ne suis pas mort sur le coup.

Point négatif : si mon rythme cardiaque baisse trop, je vais mourir.

Alors je cours. Je cours depuis bientôt trois heures. Je fais la même boucle en espérant que Lwin finisse par se pointer. Quand il m’a vu, il a compris immédiatement. Il aura terminé sa formation d’ici peu, à mon avis, il s’y connait bien en poisons. Je m’accroche à cette idée parce que s’il revient les mains vides ou s’il n’existe pas d’antidote, je ne verrai pas le soleil se coucher.

Connard de Teig.

Mes talons claquent sur le sentier forestier, ma respiration résonne dans l’air frais, le sang bat dans mes veines. Me maintient en vie. Combien de temps, encore ?

Combien de foulées ?

Un sifflement strident. Je lève la tête, aperçois Lwin, perché sur une branche d’arbre ; à mon approche, il se laisse tomber en arrière, seulement suspendu par les genoux, et tend un bras vers le sol. Je passe. Sa main laisse tomber quelque chose dans la mienne. Sans interrompre mon rythme vif, je regarde de quoi il s’agit : c’est une pilule orange.

- Avale !!!

Je m’exécute, fais encore quelques pas puis ralentit et m’arrête enfin. Je n’en peux plus. Mon cœur cogne dans ma poitrine, la sueur m’aveugle, je pose mes mains sur mes genoux pour retrouver mon souffle. Soudain, un haut-le-cœur me déchire le ventre. Je me penche davantage et dégobille dans l’herbe. Ça dure. C’est chiant.

Quand je me redresse, Lwin se tient devant moi. Il me tend une serviette et une outre d’eau.

- C’est fini ?
- Je crois.


J’attrape la serviette et m’essuie le visage, puis la laisse sur mes épaules et porte l’outre à mes lèvres. J’ai soif comme jamais.

- Doucement, vieux…

Je l’ignore et bois tout mon soûl. Ça fait du bien. Ça fait du bien d’être encore en vie !

- Cette fois-ci, il faut lui rendre la monnaie de sa pièce.
- Non.
- Comment ça, « non » ?! Il a essayé de te tuer !


Je ferme l’outre et contourne la flaque de vomi pour faire quelques pas un peu raides. Lwin me rejoint au bout d’un moment.

- Tu vas le laisser te pourrir la vie combien de temps, encore ?
- Pas encore le bon moment.


Lwin ouvre la bouche, prêt à argumenter… et la referme. Ça, c’est ce que j’apprécie avec lui : il sait que quand j’ai quelque chose en tête, ce n’est pas la peine de me faire changer d’avis. En fait, il est curieux, je le sens.

- Où tu vas ? finit-il par demander, son pas s’accordant au mien.
- J’ai faim, dis-je simplement.


* ~ * ~ *



J’ai mangé comme quatre, ce qui est sans doute normal après avoir couru trois heures pour ne pas crever, et puis je suis allé me laver et me changer. Quand je suis passé dans le hall d’entrée, j’ai entraperçu un mouvement furtif, un éclat de cheveux noirs qui m’a fait faire demi-tour. Je suis remonté à toute vitesse au dortoir et j’ai fait mon sac. Je ne possède pas grand-chose, mais il m’est impossible de laisser quoi que ce soit, ici – pas si c’est quelque chose auquel je tiens. J’attrape mon arc et enfile mon carquois. J’ai fait leur acquisition en revenant de mon dernier voyage, au marché d’Al-Jeit ; je m’entraîne chaque jour à tirer sur les cibles qui jouxtent l’arène, sans parvenir réellement à progresser.

Pour finir, j’attache mes cheveux en une queue de cheval qui chatouille ma nuque, laissant quelques mèches trop courtes encadrer mon visage, enfile ma cape de voyage et dévale les escaliers. Je m’arrête dans la cour, regarde autour de moi… puis lève les yeux. Si Kaünis débarque, ce sera forcément de là-haut.

Gagné.

- Prêt ? lance-t-elle quand elle atterrit à mes côtés.

Je croise son regard un peu plus longtemps que d’ordinaire, j’y arrive un peu mieux à présent. Tiens, elle a l’air ennuyée par quelque chose. Je suis assez bon observateur pour le remarquer, mais pas assez empathique pour aller plus loin. Ma réponse ne se fait pas attendre, elle jaillit, force vive et spontanée, haute et clair dans l’air frais et piquant du matin :

- Prêt !

Il y a une heure, j’ai failli mourir.
A présent, je ne pense plus qu’à une seule chose.

Où va-t-on ?
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Kaünis Gil'Ozh
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MessageSujet: Re: Groupe Uklin - Cours n°2   Groupe Uklin - Cours n°2 Icon_minitimeLun 18 Juin 2018, 20:14

Kaünis sourit en coin quand Kei la fixa plusieurs secondes dans les yeux. Un léger soupir franchit ses lèvres, alors qu'il indiquait qu'il était prêt.
Parfait.
Elle hocha du menton, et se dirigea directement vers les écuries. Ils allaient voyager, et loin, cette fois.

- Prépare un cheval.

Elle-même s'occupa de Voyage. Elle ne l'avait pas emmenée sur le champ de bataille avec Syles, ni nulle part depuis un moment et la jument piaffait d'impatience d'enfin pouvoir sortir du Domaine. Elle la comprenait. Rester ici, c'était un peu déprimant quand même.

Quand elle fut harnachée et prête, Kaünis conduisit sa jument à l'extérieur, laissant Kei les rejoindre quelques instants plus tard. Se hissant souplement sur le dos de sa monture, l'Envoleuse adressa un sourire à son apprenti.

- En route !

*

Une fois sortis de Ombreuse par le Nord, Kaünis laissa les chevaux se cadencer dans un bon trot alors qu'ils pénétraient les Plateaux d'Astariul.
Un frisson la traversa quand elle pensa au champ de bataille. Heureusement, ils ne devraient pas passer près de cet endroit ravagé. Elle se demanda un instant où était Syndrell, avant de secouer la tête : elle s'en fichait au fond, non ? Poussant un soupir, elle se tourna légèrement vers Kei, observant sa posture à cheval, et le corrigea presque aussitôt.

- Les épaules en arrière, les talons vers le bas. Contracte tes abdos pour suivre le mouvement de ton cheval. Voilà. Allez, mets-toi en équilibre sur tes étriers, et suis-nous.
D'un claquement de langue, elle mit Voyage au galop, et la laissa prendre un peu de vitesse sur la longue route qui fuyait vers Al-Poll.... leur première destination.

Alors qu'ils galopaient, Kaünis repéra quelques troncs et buissons sur le côté du chemin, et engagea Voyage sur les obstacles, jetant un coup d'oeil dans son dos pour voir comment Kei s'en sortait.
- Reste souple sur tes chevilles et tes genoux, engage tes abdos, dos droit. Déplie les coudes, tu arraches la bouche de ton cheval là !
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MessageSujet: Re: Groupe Uklin - Cours n°2   Groupe Uklin - Cours n°2 Icon_minitimeMer 20 Juin 2018, 22:11

Un cheval ? Je hoche la tête, étrangement galvanisé par la perspective qu’un tel ordre laisse entrevoir. Si nous partons à cheval, c’est que nous partons pour un grand voyage. C’est bien. J’ai besoin d’abandonner le Domaine quelques temps. Lwin a sans doute peur de me froisser en s’exprimant franchement mais je sais qu’il me voit comme un pleutre. C’est sans doute pour ça qu’il reste avec moi. Il pense me protéger de Teig et des autres, comme ça. C’est vrai que je lui dois beaucoup, sans lui je serai en train de mourir empoisonné… mais Lwin se trompe.

Je n’ai pas peur.

Mon regard erre sur les hauts murs de la bâtisse tandis que je file vers l’écurie. Je me suis habitué à cet endroit sans m’y attacher pour autant. Je ne m’attache jamais. Si j’ai besoin d’air, c’est surtout parce qu’ici je commence à me sentir à l’étroit. Kaünis m’offre des horizons différents et une liberté à laquelle je goûte bien plus volontiers qu’en étant seul ici. Je n’ai pas encore toutes les réponses à ce sujet mais la réflexion est intéressante…

Préparer un cheval. J’ai beau avoir mis de côté quelques économies, je n’ai pas encore assez d’argent pour m’acheter ne serait-ce qu’une selle. Le Domaine a toutefois cet avantage de proposer un certain nombre de montures à l’usage des apprentis, avantage dont je profite peu ; je sais monter, j’ai appris quand j’étais petit, mais ce n’est pas au cheval que je pense en premier lorsque je dois me déplacer.

Pourtant, mon relationnel avec ces animaux est différent de celui que j’entretiens avec les hommes. Le cheval ne cache pas ses réactions, voilà pourquoi. Je n’ai pas besoin de deviner ce qu’il a dans la tête, ni de me méfier parce qu’il est peut-être en train de dissimuler quelque chose ; je n’ai pas besoin de lui parler avec des mots, et je ne suis pas mal à l’aise quand je croise son regard.

Mes pas me conduisent vers le box de Thunder, la jument mouchetée de gris que j’ai montée lors de mes premières leçons avec Dolce. C’est une bête douce et tranquille qui approche sa grosse tête et souffle dans mes cheveux. J’entre dans son espace, elle m’observe sans cesser de mâchonner son foin. Mes gestes sont lents, calmes, posés. Je suis très précis et méticuleux dans mon travail, tandis que je la prépare.

Lorsque nous sortons tous les deux, Kaünis est déjà là. Sa manière de se mettre en selle, d’un bond souple et gracieux, force ma curiosité. Evidemment, je suis plus lent et plus pataud dans ma tentative, mais une fois en selle je retrouve des sensations qui me sont familières. Je prends le temps de régler les étriers avant de suivre mon maître.

Sans un regard en arrière.



* ~ * ~ *



- Les épaules en arrière, les talons vers le bas. Contracte tes abdos pour suivre le mouvement de ton cheval.

Aussitôt dit, aussitôt fait.

Nous venons de franchir la lisière d’Ombreuse, la sombre et gigantesque forêt qui abrite le Domaine – entre autre chose… Devant nous s’étalent les plaines verdoyantes d’Astariul. Le nord, donc. Kaünis est restée vague sur notre destination mais cela m’est égal : je la suis. Je voyage.

J’apprends.

Et je m’applique. Bien installé sur ma selle, attentif aux commentaires de Kaünis, je rectifie ma posture, cherchant à y mettre du sens pour mieux les retenir. Sans doute parce qu’elle a deviné cette manière de fonctionner, elle précise ses indications, et moi je l’observe, cherchant à copier sa posture, son maintien, impeccables tandis qu’elle chevauche à mes côtés.

- Allez, mets-toi en équilibre sur tes étriers, et suis-nous.

Elle s’élance au galop, je m’élance dans son sillage. Thunder fait quelques bonds un peu désordonnés avant d’adopter un galop plus régulier. On dirait que quelque chose la retient mais…

- Reste souple sur tes chevilles et tes genoux, engage tes abdos, dos droit.

Je détends mes chevilles et mes genoux, redresse les épaules pour faire bouger mon bassin, étend ma colonne vertébrale. Je fais tout ça mais je sens que…

- Déplie les coudes, tu arraches la bouche de ton cheval là !

Ma réaction est brutale. Fauchée en plein élan par cette remarque et les conséquences qu’elle dessine, je lâche pratiquement les rênes. Déboussolée, Thunder fait un brusque écart et je glisse sur la selle, déséquilibré.

Je ne tombe pas.

Je ne tombe pas mais ce n’est pas passé loin. Thunder trotte encore quelques mètres puis s’arrête, les flancs agités, nerveuse. Je suis aussi essoufflé qu’elle alors que je n’ai pas couru. Une dizaine de théories mathématiques tourbillonnent dans ma tête. Je sens, je sais que j’ai les yeux écarquillés et les pupilles dilatées. C’est un peu comme quand je fais une crise de panique, sauf que là ce n’est pas le cas : je ne panique pas vraiment, je suis juste… dépassé.

- Qu’est-ce que… je dois faire ?

Vide. Total et inédit. Plus de théories, plus de calculs, plus d’hypothèses.
Ma tête est vide et je regarde Kaünis.

Apprends-moi…
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Kaünis Gil'Ozh
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MessageSujet: Re: Groupe Uklin - Cours n°2   Groupe Uklin - Cours n°2 Icon_minitimeDim 24 Juin 2018, 22:48

Un soupir franchit les lèvres de Kaünis quand Kei lâche complètement les rênes. Bon, okay, c’était peut-être à cause des mots employés, n’empêche c’était la vérité.
Il fallait qu’il module juste un peu plus ses réactions…

Parce que là, l’effet boule de neige fut tel qu’il en tomba presque de sa selle, laissant une Thunder complètement surprise sur place.
- Qu’est-ce que… je dois faire ?

L’Envoleuse fronce les sourcils. C’est la première qu’elle entend sa voix vaciller de manière si hésitante. Et son expression lui met la puce à l’oreille, aussi.
Se passant une main dans les cheveux, Kaünis secoua la tête une seconde, avant d’approcher Voyage de Thunder.

- File-moi le bout de ta longe.

Elle attendit qu’il défasse le nœud de sécurité de la longe qui entourait l’encolure de sa jument, puis en prit un bout, lui laissant l’autre.
D’abord, la corde était complètement détendue. Puis, elle commença à la tendre en mettant un léger contact.

- Comme ça, ça doit être ce genre de tension que tu dois avoir pour diriger ta jument. A toi.

Elle relâcha son bras pour le laisser tester la tension.
Quand il y parvint, elle hocha la tête.

- Quand tu auras ton propre cheval, tu pourras avoir des codes beaucoup plus subtils et précis que ça. Là, Thunder est bien dressée, mais elle a beaucoup de cavaliers. Ta posture est importante, mais c’est surtout ce qui te lie à la jument qui doit la guider. Ton intention.

Elle secoua la tête un instant.

- Allez, on repart.


* *

- C’est mieux ! Maintenant, c’est la pratique qui améliorera les choses.

Elle ralentit sa jument en s’asseyant dans sa selle, capta le regard de Kei qui l’observait – et elle n’avait pas besoin de toucher ses rênes pour la repasser au pas. Elle hocha la tête pour elle-même, laissant les chevaux respirer et redescendre en pression – et calmer leur respiration.

Attrapant un dispositif sur le côté de sa selle, elle l’envoya à Kei rapidement, en attrapant un autre. Elle l’enclencha sous ses yeux, et les bouts de bois assemblés devinrent un bâton de un mètre cinquante de long.
Bondissant au sol, laissa sa jument s’arrêter pour brouter à l’abri d’un bosquet, elle invita son apprenti à descendre de sa selle lui aussi.

- Tu sais faire quoi avec un bâton ?

Un sourire étira ses lèvres.

- Okay, on va commencer par : tu essayes de me toucher. Je pose le mien.

Elle lança le sien à deux mètres de ses pieds, puis fit rouler sa tête sur ses épaules, avant de faire face à son apprenti.
- Quand tu veux.
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MessageSujet: Re: Groupe Uklin - Cours n°2   Groupe Uklin - Cours n°2 Icon_minitimeLun 25 Juin 2018, 23:48

- File-moi un bout de ta longe.

Il me faut plusieurs secondes pour réagir et, lorsque je m’exécute enfin sous le regard vert et intrigué de Kaünis, mes doigts tremblent. Je déglutis pour ravaler mon appréhension. Il arrive que je me retrouve coincé ainsi, bloqué par l’incompréhension, menacé par le doute ; quand je suis dans cet état, certains choisissent de s’emporter, de hurler pour se faire entendre. D’autres restent calme et me tendent une main secourable.

Kaünis fait partie de cette seconde catégorie.

Sans rien dire, elle attrape le lien que je lui tends et le laisse pendre lâchement entre nous, puis elle tire tout doucement, exerçant une tension qui raffermit le lien sans à-coup ni violence. Les yeux fixés sur ses doigts fins qui recommencent la manœuvre, je ne me rends pas compte que ces quelques secondes de silence apaisaient les battements frénétiques de mon cœur.

- Comme ça, ça doit être ce genre de tension que tu dois avoir pour diriger ta jument. A toi.

La tension se relâche, le lien retombe, seulement maintenu par ses extrémités. Je tire dessus, délicatement, attentif à ne pas aller trop vite ni trop fort. Au bout de trois essais qui s’avèrent plutôt concluants, Kaünis me rend la longe et hoche la tête :

- Quand tu auras ton propre cheval, tu pourras avoir des codes beaucoup plus subtiles et précis que ça. Là, Thunder est bien dressée, mais elle a beaucoup de cavaliers. Ta posture est importante, mais c’est surtout ce qui te lie à la jument qui doit te guider. Ton intention. Allez, on repart.

Mon intention ?

Elle s’engage au pas sur le sentier mais je ne l’imite pas immédiatement, focalisé sur cette idée. Mon regard va de mes mains, qui tiennent les rênes à la tête de Thunder, laquelle agite une oreille, visiblement impatiente de rejoindre les autres. Je finis par la laisser avancer. Mes doigts sont fermes, mais la pression est légère sur le lien qui me permet de la guider. Doucement, délicatement, je module cette tension et ma souplesse toute neuve semble plaire à ma compagne, car elle piaffe de joie.

Mon intention.

Celle qui me pousse vers l’horizon, qui me donne envie de me dépasser, de donner mon maximum ; celle qui me laisse tantôt vif, tantôt songeur et que je place dans la confiance qui me lie à Thunder. Elle perçoit le changement, son pas est plus serein.
Mon souffle aussi.

- C’est mieux ! Maintenant, c’est la pratique qui améliorera les choses.

Je comprends que, si je souhaite progresser dans ce domaine, je dois monter plus souvent ; je m’en fais la promesse, de retour à l’école, Thunder et moi partirons régulièrement en balade.

Mon maître et moi chevauchons un moment à travers la plaine. Un vent chaud danse dans les cheveux qui chatouillent mon cou et agite mes vêtements. Je sens mes muscles qui travaillent, mais moins que tout à l’heure : je suis plus décontracté. Pas complètement mais comme l’a dit Kaünis : c’est mieux qu’avant. Je la regarde changer sa position et aussitôt sa monture ralentit son allure. C’est absolument fascinant.

Et un petit peu agaçant, aussi.

Je ramène Thunder au pas en appliquant la douceur nouvellement acquise, puis j’attrape au vol ce que mon maître me lance sans sommation – un bâton. Un bâton fait de trois parties qu’il faut assembler pour obtenir la forme finale. Je l’imite dans sa manœuvre, mais ne parviens pas à mettre pied à terre avec la souplesse et la grâce dont elle fait preuve à chaque instant.

- Tu sais quoi faire avec un bâton ?

Je hausse un sourcil. C’est une véritable question ?

- Donner des coups.

C’est ce qui me vient d’abord en tête, même si d’autres idées s’ajoutent rapidement à la première : prendre appui pour frapper des deux pieds, prendre appui pour sauter par-dessus un espace large…

- Okay, on va commencer par : tu essayes de me toucher. Je pose le mien.

Joignant le geste à la parole, elle abandonne son arme et me fait face. Je reste perplexe un bref instant, me demandant si je dois tenir le bâton en son milieu ou bien vers le bas, à la manière d’un sabre. L’objet est assez léger : vitesse et précision seront donc de mise dans cet exercice.

- Quand tu veux.

A peine a-t-elle achevé sa phrase que je bondis en avant. J’ai travaillé mon jeu de jambes en son absence, sachant comment avancer sans perdre de vitesse en « fioritures » gestuelles, comment planter mes pieds dans le sol pour solidifier mes appuis, comment pivoter le buste pour que la rotation des hanches donne suffisamment d’élan à la frappe… Le bâton siffle en passant près de la tête de l’envoleuse.

J’ai dit « près » ?

Il y avait un monde entre le bois de mon arme et le front de mon maître. Un monde creusé par l’inexpérience et le manque d’audace. Si le temps comblera la première, je m’occupe du second en ne perdant pas de temps à réfléchir : encore dans mon élan, je fais pivoter le bâton, que je tiens au milieu des deux mains, et le laisse glisser entre mes paumes. Son autre extrémité frôle cette fois-ci le menton de Kaünis. Et cette fois c’est sûr.

Il y avait moins d’un monde.

Je me replace et plisse les yeux, attentif. Je suis sûr qu’il y a un moyen de la toucher pour de bon. Je l’observe un instant, et tout s’éclaire quand je repense à ses conseils. Mon intention ! J’ignore si c’est la bonne réponse mais en tout cas, il y a une clé à convoiter dans cette idée. Je fait tourner le bâton entre mes mains, me place en garde.

Vitesse.
Précision.
Intention.

Je bondis à nouveau et cette fois, lorsque ma première tentative échoue de la même manière que la dernière fois, je grogne et sépare mon arme en deux. Désormais armé de deux bâtons plus courts au lieu d’un long, je pivote à toute vitesse. Celui que je tiens dans la main droite est aisément paré. Celui que je tiens dans la main gauche donne un petit coup dans l’épaule de Kaünis.

Touchée !
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MessageSujet: Re: Groupe Uklin - Cours n°2   Groupe Uklin - Cours n°2 Icon_minitimeMar 25 Sep 2018, 17:34

Un sourire sur les lèvres, Kaünis observe avec attention les mouvements de Kei. Oui, tout se joue dans l’intention. L’intention de surprendre autant que l’intention d’un mouvement ; le corps entier peut la clamer, ou seulement les yeux. Apprendre à jouer de ses intentions, de ses propres intentions, ça devient vital, surtout dans un combat.

Amusée par l’audace de son apprenti, l’Envoleuse lâche un éclat de rire en attrapant le bout de bâton à sa gauche, s’amuse de voir la lueur de satisfaction dans les yeux de Kei, mais le temps que le deuxième bout de bâton vienne taper contre son épaule, elle a relevé le coude et saisi l’arme en plaquant son poignet contre, utilise son élan pour tourner et tourbillonner, entraînant un instant son apprenti toujours accroché au bout de bois.

Faisant tourner le bâton entre ses doigts, elle observe Kei, et hoche la tête.
- Pas mal.
Il s’est entraîné pendant son absence, ça lui plait. Encore une fois, ce gamin n’est pas de ceux qui se laissent porter par le fil de la vie ; il l’empoigne et décide de vivre son monde ; de natter sa propre corde sur laquelle il allait danser.

Kaünis lance le bout de bâton à son apprenti et attrape le sien. Un léger sourire sur les lèvres, elle lui fait un signe du menton pour lui demander de lâcher son assemblage, et elle se met en position d’attaque.

- Prêt ?
Un pas.
Un geste.
Touché.

Elle romp le pas, recommence.
Oh, il va se retrouver avec tout plein de bleus. Elle s’en fiche. Agir, c’est bien. Réagir, c’est différent. Alors, elle frappe, et elle n’y va pas de main morte.


* *  


- Okay, j’arrête. Elle laisse le bout de son bâton redescendre vers le sol, pousse un soupir. Du bout du pied, elle fait rouler la seconde arme vers Kei. Attrape. Défends-toi.

Ouais, ça fait une heure qu’elle le pousse. Et alors ?
‘Faut bien pousser l’endurance. Mentale et physique.

C’est loin d’être fini.
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MessageSujet: Re: Groupe Uklin - Cours n°2   Groupe Uklin - Cours n°2 Icon_minitimeVen 05 Oct 2018, 06:44

« Prêt ? »

Jamais j’aurais pu imaginer que ce mot-là, je le détesterais un jour. C’est bel et bien le cas pourtant : je hais ce terme, je l’exècre à l’excès tandis que je lutte pour rester debout – et pour parer les frappes de Kaünis. Il y a un moment que mon maître me tape dessus. Vingt minutes ? Plus, j’en suis sûr, beaucoup plus, mais j’ai perdu le compte. Et je ne parle pas du nombre de coups reçus depuis le début.

Ma lèvre saigne. Ah, je n’ai pas été frappé à cet endroit-là, même si elle n’épargne pas le visage (en témoignent mon œil gauche qui se ferme et mon menton sensible) ; c’est juste que je me la mords chaque fois que je rate une parade. Le goût du sang, c’est le goût de mon échec : âcre et ferrugineux. Oui, mais tant que je suis encore debout, l’échec n’est pas total, n’est-ce pas ? Sinon, elle aurait arrêté depuis longtemps déjà.

Ses gestes sont précis, économes. Elle ne se perd pas en fioritures ni en paroles inutiles, son regard parle pour elle. Je réalise un peu bêtement qu’en plein combat, je n’ai aucun mal à croiser son regard, à plonger dans le vert marécageux de ses yeux frangés de longs cils noirs… peut-être parce que mon attention est ailleurs. Vers ses mains qui manient le bâton avec une redoutable dextérité. Vers ses jambes qui ne trahissent jamais le moindre mouvement.

Vers le bâton.

C’est lui que je dois appréhender. Si je persiste à utiliser mon corps pour le bloquer, je vais finir par me briser les os. Kaünis ne semble pas du genre à s’arrêter pour ce genre de « broutille ». Il faut que je me débrouille, et vite ! Nouvelle frappe. Mon épaule irradie de douleur et je vacille, avant de me replacer en garde.

Il faut que je me débrouille.

Cette fois-ci, quand le bâton vient chatouiller mes côtes, je pivote sur mes talons et la frappe devient une simple caresse. Une pièce du puzzle est en train de se mettre en place, je fronce les sourcils et… je recule, sonné par le coup qui vient de me percuter au niveau de la tempe gauche. Je vois deux Kaünis maintenant. C’est mal parti.

Mon souffle est rapide, mais je ne suis pas en train de cracher mes poumons comme la dernière fois, preuve que mon entraînement à la course commence à porter ses fruits ; j’ai mal partout, voir mon maître en double n’arrange pas les choses et les trois prochaines frappes sont franchement douloureuses, mais ce n’est pas grave. Je viens de comprendre quelque chose.

C’est essentiel.

De nouveau, elle vient vers moi. Je plonge sur le côté, roule, me relève en glissant et me replace face à elle. Oui ! J’ai compris ! Je peux esquiver certains coups, j’en suis capable ; mon corps mince et ma rapidité qui gagne du terrain depuis le début de ma formation me permettent ce genre de parade : il me suffit de partir au bon moment. D’anticiper légèrement le coup en me basant sur la posture de Kaünis. Ce n’est pas aussi lisible qu’il le faudrait et je suis sûr qu’elle me laisse volontairement quelques indices, mais tant pis, je prends.

J’ai une opportunité, je la saisis !


* ~ * ~ *


- Okay, j’arrête.

Quoi ?

Incrédule, j’essuie d’un revers du bras la sueur qui emperle mon front. Déjà ? D’accord, je dois avoir piètre allure, couvert de bleus et de bosses, mais interrompre l’exercice alors que je viens à peine de comprendre comment…

… le bâton vole dans ma direction.

- Attrape. Défends-toi.

A peine mes doigts ce sont-ils refermés sur le morceau de bois qu’elle passe à l’action, beaucoup plus vive qu’auparavant. Mince, je ne pensais pas que c’était possible, ça. Du coup, je me mange un premier coup dans les côtes. Elles protestent énergiquement, déjà trop sensibles, à tel point que respirer me demande un effort certain.

Une drôle de colère flambe alors dans mes veines, mêlée à une excitation que je n’éprouve que dans ces moments de formation à la dure. Est-ce le plaisir du défi ? L’ivresse du combat ? L’adrénaline ? Notre échange prend de la hauteur tandis que les ombres s’étirent doucement. Je trébuche sur un méplat, me rattrape de justesse, parvient à bloquer le bâton qui fuse aussitôt vers ma tête… Mes actions semblent désespérées, mais je peux affirmer qu’elles sont déjà moins brouillonnes que la dernière fois. C’est plus propre, tout ça.

Plus franc.

Pour éviter une nouvelle attaque, je laisse tomber un genou à terre et ploie mon corps tout entier. Je l’ai déjà vue faire ça, j’ai eu envie d’essayer. Son bâton frôle mon visage et le bout défait écorche ma joue au passage. C’est pas parfait, mais ça a été utile quand même. Satisfait, je roule dans l’herbe et me redresse, prêt à en démordre encore.
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MessageSujet: Re: Groupe Uklin - Cours n°2   Groupe Uklin - Cours n°2 Icon_minitimeDim 06 Jan 2019, 01:32

[ C'est nul, court, et bref. Je suis rouillée ]



Un sourire étira les lèvres de Kaünis quand son apprenti se jeta à genoux pour éviter un coup - enfin, tenter d’éviter un coup. Ouais, elle aime son audace, sa manière de penser, de tester ; d’y aller, de ne pas avoir peur de tomber, de se relever, de réessayer. Encore et encore.
Beaucoup se seraient découragés, clairement. Au bout d’un certain nombre d’échecs, il faut toujours une petite lueur d’espoir, un indice qui montre que oui, on avance dans la bonne direction. Et il trouvait cette indication subtile à chaque fois rapidement.

Et cette lueur, dans son regard ! Une ferveur violente, brutale, demandante. Exigeante, surtout.

Le sourire de Kaünis s’élargit, et elle le poussa encore un peu dans ses retranchements. Son oeil aiguisé repéra la fatigue qui arrivait à son apogée dans le corps de son apprenti ; il avait une volonté qui paraissait sans limite et ne connaissait pas la limite physique de son enveloppe charnelle, ne cessant de repousser l’épuisement en l’ignorant superbement.
Ça ne pourrait pas durer éternellement.

Sauf qu’il devait comprendre la leçon de lui-même.
Étant donné qu’ils étaient désormais sur les routes seulement tous les deux, c’était le parfait contexte pour endurer tout ça. Pour chaque jour pousser le jeune homme dans ses retranchements, au delà des limites supportables physiquement, jusqu’à ce que son corps le lâche purement.

C’était son plan, en tout cas.

* *


Pour avoir de l’audace, il en a.
Mais l’audace ne fait pas tout. Son corps continue d’envoyer des signaux. Son intention se lit dans ses yeux, dans ses mouvements, avant même qu’il commence à bouger.
Kaünis y prête une attention particulière, car c’est aussi la prochaine leçon. Un sourire étire ses lèvres quand il tente de passer sous sa garde puis entre ses jambes. Elle virevolte un instant, bondit, frappe une nouvelle fois sur l’arrière de l’épaule de son apprenti.

Mais immédiatement après, elle laisse tout son corps se relâcher.

Ah ? Il arrivait enfin à une limite mentale et physique ? Encore seulement physique ?
Le scrutant à la recherche d’une indication, l’Envoleuse retint son souffle un instant, alors que ses cheveux passaient devant ses épaules et venaient rehausser la couleur de sa peau dans le soleil couchant - déjà la fin de la journée !
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MessageSujet: Re: Groupe Uklin - Cours n°2   Groupe Uklin - Cours n°2 Icon_minitimeLun 07 Jan 2019, 21:55

Les minutes passent, s’étirent.
Se changent en heures.
Je me bats toujours.

Et j’en bave sérieusement. Le progrès est-il synonyme de souffrance ? Encore une question qui nait dans mon esprit alors que mon maître revient à la charge. Elle n’a pas l’air fatiguée même si une fine couche de transpiration brille à ses tempes. J’ai l’impression de lutter chaque seconde pour ne pas m’effondrer, si bien qu’en réalité je ne mène pas un seul combat mais deux à la fois : le premier contre une Kaünis infatigable, le deuxième contre la fatigue elle-même.

Elle me guette, me traque, me somme de renoncer.
Ça me pousse à continuer.

Parce qu’en dépit de la brûlure qui irradie mes muscles, et malgré les coups de bâton que je me prends à chaque faux pas, j’apprécie cet effort considérable qui est en train de me vider complètement ! Je ne sais pas bien comment expliquer ce phénomène… c’est une sorte d’extase qui m’empêche de m’arrêter. Je dois avoir l’air d’un drogué en manque. J’ai trouvé ma substance, celle pour laquelle je pourrai sans aucun doute offrir tout ce que j’ai de plus cher.

Ma vie ?

Le bâton siffle à mes oreilles, touche ma tempe, ça résonne et je vois trouble. Mais la question demeure. La mort fait-elle partie de cette formation ? Nouveau coup, plus sec. Bien sûr que oui, abruti ! C’est une donnée de l’équation. Elle n’entre pas forcément en jeu mais elle existe, elle est réelle. Il y a des apprentis qui ne reviennent jamais au Domaine. Il m’arrive souvent d’espérer que ce soit le cas de Teig.

Ma vie… je l’ai chèrement défendue ce matin, quand j’ai couru pas moins de trois heures pour empêcher le poison de me tuer. Après ça j’ai suivi Kaünis dans ses délires, alors maintenant, mon corps fatigue. Je la regarde, tranquillement aux aguets ; est-ce que ça ressent la fatigue, un envoleur ? Sans doute, oui.

Mais la fatigue n’est pas un motif pour arrêter de se battre. Le corps lâchera avant l’esprit, je le sais, physiquement c’est un motif pour arrêter de se battre, mais je me refuse à laisser cette réalité scientifique détruire la volonté d’acier qui est mienne. Dans un combat pour sauver sa vie, la fatigue est un ennemi au même titre que celui que l’on affronte. Mourir à cause d’un coup de pompe, c’est ridicule, non ?

Alors je m’entête. Je commets des erreurs de plus en plus bêtes. Je parviens à me rétablir à chaque fois et ça me donne un coup de fouet qui me permet de tenir encore un peu, au moins jusqu’au coup suivant. Je ne les compte plus. En fait, je ne les sens plus tellement.

C’est le poids de mon propre bâton qui m’interpelle : il est tellement lourd, tout à coup ! J’ai du mal à le manier aussi bien qu’au début de l’exercice. Il me faut un moment pour comprendre que ce sont mes bras qui n’ont plus la force de le soulever.

Mes muscles se tétanisent. Une crampe m’assaille, puis une deuxième ; je sautille, tente de détendre mes mollets tout en protégeant mon visage et les parties vitales de mon anatomie. Il me semble que Kaünis a encore augmenté le rythme de ce combat. Je perds le fil. Je glisse, me rattrape in extremis, ma jambe tremble, le bâton me frôle, mon genou touche terre.

Et je n’arrive pas à me redresser. Tant pis. Genou au sol, je continue de parer les attaques et de frapper chaque fois que Kaünis s’approche un peu trop. Un coup particulièrement violent me fait décoller du sol et retomber durement sur le dos. J’ai eu le réflexe de coller ma langue à mon palais que le bâton a heurté mon menton, ce qui a sauvé ma langue, mais mes dents ont vibré et quand je porte deux doigts à mon visage, je devine que la plaie saigne déjà.

Une ombre. Je roule péniblement, me redresse comme je peux sur mes avant-bras… retombe, frappé à nouveau. A terre, je remue encore. Encore. J’ai le visage dans la terre et des cailloux sous la joue. Plus de souffle et une vague nausée. Mon bras armé bouge. Mon bâton racle le sol. Je suis à deux doigts de m’évanouir et pourtant, j’essaye encore de m’en tirer. Un animal blessé qui lutte en dépit du bon sens… Si ma vie était réellement en danger, je lutterai comme un dément jusqu’à la fin.

Je n’envisage pas d’autre façon de quitter ce monde.

Oh… ma vue se brouille. Je perçois la présence de Kaünis près de moi. Est-ce qu’elle va me laisser là ? Il me faudra un moment pour rentrer au Domaine, je songe, un peu perdu dans mes pensées en vrac. Je fronce les sourcils. Rentrer ?

Certainement pas !
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MessageSujet: Re: Groupe Uklin - Cours n°2   Groupe Uklin - Cours n°2 Icon_minitimeVen 22 Fév 2019, 17:18

* Bon…*
Kaünis balance un dernier coup vers Kei, qui perd connaissance. Décidément… Ce gamin a clairement des ressources mentales de dingue. Elle ne se souviens pas d’avoir clairement abandonné lors de ses cours avec Gil, alors qu’elle était aussi bien repoussée dans ses retranchements ; cette volonté de se battre jusqu’au bout, coûte que coûte… Elle la connaissait bien. Mais Keilan, c’était carrément du niveau au dessus !
Et bien, soit. Elle haussa les épaules pour elle-même et se pencha vers son apprenti pour le soulever tant bien que mal et le déplacer un peu vers les chevaux, avant de s’affairer à faire un feu pour ne pas qu’il crève de froid.

Elle le laissa dormir une petite heure, avant de le réveiller en affleurant le point sur le crâne que Gil lui avait enseigné - et beaucoup utilisé sur elle aussi, d’ailleurs !

- Debout la belle au bois dormant ! chantonna-t-elle avec un sourire moqueur.  Elle attendit qu’il se redresse et qu’il ai enfin les yeux en face des trous pour lui tendre un pot d’onguent. Applique ça sur les égratignures que tu as, ça aidera à la cicatrisation. Enlève-moi ce haut dégueu aussi d’ailleurs. Tu as des tonnes de bleus partout dans le dos et sur les côtes.

Malgré l’hésitation évidente du garçon, elle attendit sans ciller qu’il ôte en effet son haut, et attrapa un flacon dans son sac. Elle s’approcha de lui par derrière en débouchant le bouchon.
- Je vais t’appliquer ça sur le dos et les muscles meurtris. Je dois masser pour que ça fasse effet. Non, elle ne lui demandait pas la permission de le faire, elle le prévenait juste de ce qu’elle allait faire, justement. Elle lui donna deux secondes pour se faire à l’idée, et laissa quelques filets du liquide jaunâtre odorant glisser sur la peau de son dos, puis plaqua ses mains à plat sur ses muscles…
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MessageSujet: Re: Groupe Uklin - Cours n°2   Groupe Uklin - Cours n°2 Icon_minitimeVen 22 Fév 2019, 18:26

- Debout la belle au bois dormant !

Je me réveille en sursaut. Désorienté, je mets un petit moment à reconnaître mon maître. Elle ne semble pas fâchée. Au contraire, un sourire goguenard fend son visage. Je grogne. Combien de temps ai-je dormi ? J’ai dû m’évanouir, au bout du compte, terrassé par l’épuisement. Une partie de moi est vexée à cette idée, mais je dois admettre, en me redressant, que cette pause m’a fait du bien.

Je lève aussitôt les yeux pour observer les alentours. Le peu de lumière qui tombe dans Ombreuse m’empêche de déterminer l’heure qu’il est, alors je décide de laisser ce détail de côté pour l’instant. Un petit feu brûle sur ma gauche et me réchauffe. Je m’assieds sur les fesses, précautionneusement parce que je ne suis pas certain que tout mon corps est dans le bon ordre. Mes muscles engourdis protestent, la douleur se réveille.

J’encaisse.

- Applique ça sur les égratignures que tu as, fait Kaünis en me tendant un pot, ça aidera à la cicatrisation. Enlève-moi ce haut dégueu aussi d’ailleurs. Tu as des tonnes de bleus partout dans le dos et sur les côtes.

Je tressaille et attrape l’onguent pour me donner une contenance. J’espère un bref instant que Kaünis va me laisser tranquille, mais non. Ce n’est pas son genre. En grimaçant parce que j’ai mal partout, maintenant, je déroule mon écharpe et retire mon haut qui, effectivement, est dans un état déplorable. Mais c’est rien à côté de mon torse constellé de contusions et marbré d’hématomes : certains bleuissent, d’autres verdissent, il y en a même qui sont proches du violine. Tous ne proviennent pas de Kaünis.

Pendant qu’elle fouille dans ses affaires, je m’examine. Mis à part que je donne l’impression d’avoir été passé à tabac (et dans un sens, c’est exactement le cas), je suis plutôt satisfait des muscles qui se dessinent sous ma peau blanche. Je ne suis plus aussi sec et rachitique que lorsque je suis arrivé au Domaine ; quoique toujours très mince, je commence à me développer au niveau des épaules, et mes abdominaux, à force d’être sollicités, apparaissent nettement au-dessus de mon pantalon. Mine de rien, les efforts payent.

Je me raidis soudain : Kaünis est passée derrière moi. Elle me dit ce qu’elle compte faire, même si j’ai deviné, mais ça n’empêche pas ma réaction aussi soudaine que brutale : un brusque écart pour me dérober. Ça me coupe le souffle, parce que mes côtes sont vraiment mal en point, mais… je ne peux pas. Alors que c’est mon mentor, qu’elle n’a clairement pas d’autre idée en tête que me soigner, que ma réaction est puérile, je ne peux pas. Je n’y arrive pas. Et ça me stresse.

Quand elle bouge encore, je recule, me cogne contre le tronc rugueux d’un arbre. Je sens que mes yeux se sont écarquillés et que mes pupilles se dilatent. Ma respiration est trop rapide. Une crise se prépare. Ça faisait longtemps ! Paniqué, je plaque mes mains sur mon crâne et tire sur mes cheveux. Calme-toi. Calme-toi. Calme-toi. Je tremble tellement fort que mes dents s’entrechoquent. Mais plus ça va, moins j’arrive à respirer : l’hyperventilation me guette.

Et le pire, c’est que Kaünis assiste à ce triste spectacle.

Elle n’y est pour rien, j’ai toujours eu ce genre de réaction et c’est une des raisons pour laquelle ma propre famille s’est tenue à l’écart de moi pendant mon enfance. Mais je sais que ma relation avec Naya a aggravé la situation. Sans être capable de le formuler avec des mots, je visualise les images et perçois les sensations : ses mains dans mon dos, douce et pourtant terribles, alors même qu’il s’emparait de mon espace et volait mon intimité pour me faire sien…

Des points noirs et lumineux flottent devant mes yeux, mes propres poings frappent ma tête.

Je n’arrive plus à respirer,

Je…
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MessageSujet: Re: Groupe Uklin - Cours n°2   Groupe Uklin - Cours n°2 Icon_minitimeVen 22 Fév 2019, 19:07

Ah.
Ben voilà. Sans le vouloir, elle a poussé sur une limite mentale. Fallait bien que ça arrive, hein ? Observant Keilan paniquer brusquement dans tous les sens, elle se pose à genoux, les fesses sur ses talons, parfaitement calme. Elle note la veine qui prohémine sur son front, ses dents serrées qui commencent à claquer, la manière dont son corps essaye de bouger ; tout est si primitif qu’elle ne peut s’empêcher d’être fascinée.

Il commence à hyperventiler. Elle voit bien qu’il essaye de se calmer de lui-même, mais ça ne marche pas. Alors, les coups, il peut les recevoir, par contre l’aide, ça le flanque dans cette panique totale ? Intéressant. Penchant la tête sur le côté, Kaünis attend encore quelques secondes, jusqu’à voir les points noirs danser dans les yeux de son apprenti.

Dans un soupir, elle bascule en avant, sur les genoux, et l’attrape sous le menton, dans les creux juste sous l’articulation de la mâchoire pour l’empêcher de se mordre la langue et de claquer des dents.
- CALME ! Sa voix claque, brutale et pourtant très calme, alors qu’elle plante son regard dans celui de Kei. Maintenant. Okay. Déglutis. Inspire par le nez. Encore. Elle ne l’a pas lâché. Pas encore.
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MessageSujet: Re: Groupe Uklin - Cours n°2   Groupe Uklin - Cours n°2 Icon_minitimeVen 22 Fév 2019, 20:48

Ce qui est curieux, quand je réagis comme ça, c’est que j’ai l’impression de me dédoubler. Il y a le Keilan en train de suffoquer et de se cogner le front comme un abruti, et puis il y a moi. Moi, j’observe, impuissant. Je comprends, et en même temps je ne comprends pas. Je souffre, et en même temps, je ne ressens rien. Par contre, je perçois tout ce qui m’entoure avec une acuité exacerbée et c’est peut-être ce qui contribue à affoler le Keilan qui tremble de tous ses membres contre son arbre.

Le sifflement aigu du vent dans les branches, parfait écho aux sons rauques qui s’échappent de ma poitrine. Le frottement du tissu sur ma peau – celui de mon pantalon, tandis que le froid ambiant mord ma peau couverte de meurtrissures. L’écorce rude dans mon dos, la terre sous mes fesses et mes pieds. Le crissement des cailloux sous les genoux de Kaünis.

Quand elle se met à parler, sa voix éclate littéralement alors qu’en réalité elle ne s’exprime pas plus fort que d’habitude. Peut-être plus doucement, même. Ça résonne dans ma tête. Sa réaction m’étonne. D’ordinaire, les gens me fuient quand je fais ça. Ils ont peur, ou bien ils ne savent pas quoi faire, ils sont gênés. La différence fait naître l’indifférence. Certains préfèrent frapper, résoudre la crise par la violence. Mes parents étaient dans la première catégorie, mes tuteurs dans la seconde.

Depuis que je vis seul, je n’ai pas souvent ce genre de crise, ou alors, quand j’en devine les prémices, je parviens à m’en éloigner, à faire baisser la pression. Je ne me fais pas d’illusion. Ces crises peuvent me tuer, la solitude ne me sera alors d’aucun secours, au contraire. Le Keilan en train de lutter pour respirer sait tout ça, et plus il y pense, plus il panique. Moi, je le sais aussi, mais je le vis autrement. Détaché. Si je meurs, maintenant, il n’y aura personne pour regretter ma présence. Je n’ai aucune famille, aucune attache.

Juste un regret. Cette formation, j’ai envie de la vivre jusqu’au bout. J’aimerais bien ne pas claquer avant. Tous ces bleus le prouvent : je suis prêt à tout donner pour apprendre et pour avancer.

Y compris à laisser des mains me toucher le dos ?

Respire. Déglutis. Inspire par le nez. Encore. J’entends ces mots, Keilan aussi. Logique, je suis lui et il est moi. On est là, pantelant, terrorisé, et elle est là, sa main sur ma gorge, ses yeux dans les miens, sa voix dans mon brouillard.

Ses yeux dans les miens.

Je m’accroche à ce regard profond, si calme et pourtant plein de ténèbres voilées. Je m’y perds, moi qui ne regarde jamais quelqu’un dans les yeux très longtemps. Ce regard-là peut me sauver. Je ne sais pas d’où nait cette certitude mais elle est là, solidement plantée en moi, comme les doigts de Kaünis sur mon menton. Elle me tient et elle ne me lâchera pas. Est-ce que quelqu’un a déjà fait ça, avant ?

Ne pas me lâcher ?

L’air passe dans ma gorge. Ça fait mal, je tousse, je crache. Je dois baver un peu. Mais je respire… Je suis vivant. Epuisé. Sidéré.

Parce qu’elle ne m’a pas laissé tomber.


* ~ * ~ *


- Ça va.

J’ai croassé ces deux mots un long moment après avoir repris mon souffle. Il fallait d’abord que je retrouve mes forces. Lutter pour survivre, ça fatigue un peu. Au bout du compte, je ne tremble pratiquement plus et surtout, je ne panique plus. Le plus difficile est derrière moi… enfin, je crois. Maintenant que la tension retombe, je n’arrive plus à soutenir le regard de Kaünis, mais sa présence a quelque chose de paisible.

Je fronce les sourcils, inquiet. Elle va sans doute décider d’arrêter là, maintenant qu’elle a vu ce qui peut m’arriver quand je dérape. Elle n’a pas tout vu, d’ailleurs, mais c’est déjà bien assez pour faire réfléchir le plus avisé des envoleurs… D’habitude ça ne me contrarie pas, je suis plutôt soulagé qu’on me fiche la paix après ça, mais là, je ne veux pas.

Je ne peux pas.

- C’est pas ta faute, j’explique avec ma voix de corbeau, c’est juste moi. J’suis comme ça.

Je me tourne pour lui montrer mon dos. Le moindre mouvement me coûte beaucoup et j’ai un peu le tournis, mais je refuse de lui montrer cette faiblesse. Je veux qu’elle continue de m’entraîner. Qu’elle « ne me lâche pas » encore un petit peu. Un tout petit peu. Je plante mes doigts dans le sol, ferme les yeux, et attend qu’elle pose à nouveau les mains sur moi.

- Vas-y, je murmure.

Je suis tendu, mais je n’ai plus peur. Est-ce qu’elle le voit ?
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Kaünis Gil'Ozh
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MessageSujet: Re: Groupe Uklin - Cours n°2   Groupe Uklin - Cours n°2 Icon_minitimeVen 22 Fév 2019, 21:21

- C’est pas ta faute, c’est juste moi. J’suis comme ça.
Kaünis lève un sourcil : évidemment que ce n’est pas sa faute ! Pourquoi ça serait sa faute ? Elle a juste dit ce qu’elle voulait faire, et il a paniqué. Pas sa faute, sa responsabilité à lui. Par contre, elle n’était pas d’accord sur le fait qu’il “était comme ça”. Ce qu’on est change constamment.

Elle haussa les épaules, alors qu’il se tournait pour montrer à nouveau son dos. L’Envoleuse arqua les sourcils un instant. Bon. C’est bien parti cette histoire.
- Vas-y.
- Très bien.


Elle peut voir qu’il lutte contre lui-même. C’est bien. Faut y aller pas à pas. Alors, elle reprend son flacon, et cette fois en mets sur ses mains d’abord, pour les frotter entre elles et réchauffer l’huile entre ses paumes. Quand elle sent sa peau réchauffée par la friction, elle se plaça stratégiquement de côté par rapport à lui pour lui laisser la possibilité de bouger et de la voir en même temps.
- Prêt ? Non, elle ne lui a pas demandé s’il était sûr : c’était sa décision à lui. Et elle allait l’aider ; elle était là pour ça.

Elle tendit les doigts vers sa peau, immobilisa son geste quand il eut un mouvement de recul. Détendit son bras légèrement en attendant que le souffle de Kei se calme un peu.
- Respire. Je ne suis personne, juste un pansement pour tes blessures. Respire. C’est ta décision de me laisser faire. Je te touche, et alors ? On s’en fiche. C’est ton corps. C’est ta décision. Tu veux ou tu veux pas. C’est ton cerveau.
Elle parle doucement. Elle ne se savait même pas capable d’être si douce, en réalité ; l’apprentissage lui en révèle aussi sur elle-même, finalement ! Attentive, elle fait des gestes lents, s’immobilise quand elle sent la tension remonter dans les muscles, décole même les doigts ; puis recommence quand il se détend à nouveau.

- Ça aide ?
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MessageSujet: Re: Groupe Uklin - Cours n°2   Groupe Uklin - Cours n°2 Icon_minitimeSam 23 Fév 2019, 00:05

Je me mords la lèvre dans l’attente d’un contact froid et désagréable… mais ce sont des mains chaudes et douces qui glissent doucement sur ma peau. J’étouffe une exclamation de surprise, et Kaünis recule un peu. Elle s’est placée de côté, de sort que j’ai juste à tourner un peu la tête pour la voir. Ça me rassure.

Elle me parle, aussi, d’une voix au moins aussi douce et chaude que ses mains. Bizarrement, ça lui va bien, cette façon d’être que je ne lui connaissais pas encore ; je me rends compte que je ne la connais pas du tout. Depuis le début, je vois en elle un mentor implacable et rude, une femme insensible ou du moins intraitable, admirable par son expérience et remarquable dans son exigence.

Fasciné par cet être aussi glacial que redoutable, je l’ai suivi sans hésiter. Et c’est la première fois, je crois, que je me pose vraiment la question.

Qui est Kaünis Gil’Ozh ?

Ses doigts effleurent une côte trop sensible et je me raidis. Instinctivement, mon souffle se bloque. C’est un automatisme, un mécanisme de défense : douleur, contact, blocage. Mais alors que mon cœur se met à galoper, cognant douloureusement contre ma poitrine et résonnant à mes tempes, les mots de mon maître m’enveloppent.

- Je te touche, et alors ? On s’en fiche. C’est ton corps. C’est ta décision. Tu veux ou tu veux pas. C’est ton cerveau.

Mon corps ? Ma décision ?

Vraiment ?

La seule et unique fois où une telle certitude s’est développée en moi, j’ai tué une femme. Après ça, quoique déterminé à me débrouiller tout seul, j’ai laissé Naya agir à sa guise. J’étais trop heureux qu’on m’accepte. Je n’ai pas compris, ou bien alors oublié cette vérité.

Mon corps.

Mon cerveau.

Ma décision.

Je sens quelque chose sur mon visage et je sursaute, mais pas à cause des mains de Kaünis : c’est une bête larme qui m’a pris par surprise ! Je l’essuie rapidement, sidéré. Je ne pleure jamais.

- Ça aide ?
- Oui.


Je prends une profonde inspiration encore un peu douloureuse, et puis je me dégage doucement. Plus que le baume, ce sont les mots de Kaünis qui ont réussi à m’apaiser. Je ne sais pas si elle s’en est rendue compte. Moi, je sais que je n’oublierai jamais.

Je me redresse et fais quelques pas. Mes muscles sont encore raides, après cette crise qui les a tétanisés un long moment. Les flammes crépitent et l’air fraichit sur ma peau. Je me retourne vers elle. J’ai envie de la remercier mais je trouve que les mots n’ont pas assez de force, là. Mon regard hésite, se pose sur elle, s’éloigne, aussi léger qu’un papillon.

Revient, trouve le sien.

Et dans cet effort qui me paraît soudain moins intense, je transmets ce que ma voix de corbeau n’aurait pas su dire.


* ~ * ~ *


- Bon, maintenant que je suis réveillé, que je suis plein d’onguent et que je respire correctement… qu’est-ce qu’on fait ?

C’est sans doute ma plus longue phrase depuis qu’on se connait ! Incrédule, je secoue la tête.

Et j’attends la suite.
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MessageSujet: Re: Groupe Uklin - Cours n°2   Groupe Uklin - Cours n°2 Icon_minitimeMar 26 Fév 2019, 07:04

- D'abord... Priorité numéro un : On mange !

[ Éclate de rire un instant ]

- Après... On dort.

[ Sourire ]

- Et demain sera une surprise. Ça te va comme programme ?

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MessageSujet: Re: Groupe Uklin - Cours n°2   Groupe Uklin - Cours n°2 Icon_minitimeDim 10 Mar 2019, 13:14

D'accord.

Silence-réflexion.

Kaünis ?

Silence-hésitation.

Tu es sûre de vouloir continuer à me former ? Tu pourrais avoir un élève plus... normal. J'aurais d'autres crises. Je suis comme ça. Pourquoi tu t'accroches à moi ?


Silence-interrogation.
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MessageSujet: Re: Groupe Uklin - Cours n°2   Groupe Uklin - Cours n°2 Icon_minitimeDim 14 Juil 2019, 19:45

- Personne n'est normal, Kei.
[ Elle fait une pause, hausse les épaules ]
- Tu l'es juste un peu moins et de manière différente.
[ Lève les yeux vers le ciel un instant, avant de hocher du menton ]
- Et puis, les humains, c'est compliqué, surtout quand c'est poussé dans leurs retranchements. Surtout pour les limites psychologiques. Ça fait partie du jeu de l'apprentissage. Trouver les limites - toutes les limites - et les repousser. Les surmonter, si elles ne nous vont pas.
[ Cligne des yeux ]
- Puis aucune envie de recommencer un apprentissage du début maintenant, trop chiant quoi !
[ Clin d'oeil ]
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MessageSujet: Re: Groupe Uklin - Cours n°2   Groupe Uklin - Cours n°2 Icon_minitimeDim 08 Sep 2019, 20:27

Je reste silencieux un moment, méditant les paroles de Kaünis. Mon dos et mes côtes chauffent doucement sous l’effet de l’onguent. Ce n’est pas désagréable, mais je me sens vraiment faible, ce soir ; si jamais mon maître décide de reprendre l’entraînement après manger, j’ignore si je serai capable ne serait-ce que de me lever.

J’essayerai quand même. Parce qu’elle a raison : si je veux apprendre, je dois repousser mes limites. Toutes mes limites. Je veux pouvoir affronter chaque crise avec assurance. Je veux lui rendre coup pour coup, ne plus être le seul à panser mes blessures au crépuscule, ni être le dernier réveillé par un petit coup sur le crâne.

Je veux progresser.


* ~ * ~ *


Allongé sur le côté, dans une position vouée à soulager mon corps endolori, je sonde l’obscurité, incapable de trouver le sommeil. Je me suis assoupi juste après le repas, tout à l’heure, terrassé par la fatigue ; j’ai dû dormir une poignée d’heures avant qu’un faux mouvement ne me réveille. Depuis, je réfléchis tout en écoutant les millions de bruits qui déchirent le silence relatif de la nuit.

Des bruits étonnamment rassurants. Un jour, j’ai croisé un homme, dans un port du sud, un voyageur qui avait soigneusement contourné Ombreuse, quitte à marcher vingt jours de plus ; il affirmait que pour rien au monde il n’aurait pris le risque de traverser cette forêt de cauchemar. La peur est un concept étrange, pour moi. Je ne l’identifie pas comme tout le monde.

Alors je m’interroge : qu’y a-t-il d’effrayant dans cet endroit ? Aucune lumière, si ce n’est la clarté rougeoyante des braises qui scintillent doucement à quelques mètres de moi. Il y a parfois un cri animal qui jaillit, trouant la nuit pour résonner longuement, grimpant dans les aigus avant de redescendre puis finalement mourir. Cette forêt pullule de créatures diverses et variées. Une chauve-souris frôle mon visage de ses ailes en passant. Je n’ai pas peur.

Et même si c’était le cas…

Mon regard dévie vers la silhouette de Kaünis. Si je craignais quelque chose, elle serait là. Elle me laisserait peut-être faire mes preuves avant d’intervenir, mais pour la première fois depuis le début de mon existence, la certitude que quelqu’un veille sur moi, d’une solidité inébranlable, s’est installée en moi. Au fond, ce doit être pour ça que je suis tranquille.

"Personne n’est normal, Kei."

- Ça me va, je dis tout haut, conscient qu’elle ne dort pas et qu’elle m’entend. De ne pas être normal.

Pas dans le sens orgueilleux du terme, j’en suis bien incapable de toute manière. Je ne sais pas comment m’exprimer. C’est rare que j’essaye de le faire, j’ai plutôt tendance à m’emmurer dans un silence qui me convient… mais ce soir, j’ai besoin de sortir de ma zone de confort. De dialoguer avec cette femme qui a posé ses mains sur mon dos, et qui m’a regardé dans les yeux.

- Je veux être moi, je finis par lâcher au bout de quelques minutes passées à batailler pour trouver les bons mots.

Je suis sur la bonne voie. Avant d’arriver au Domaine, je doutais en permanence, j’avais mille questions sans réponses dans la tête. A présent, j’établis des certitudes jour après jour. J’ai un million de questions dans la tête, mais des réponses me sont offertes. C’est ce qui me construit. Ce qui me permet d’avancer.

Je ne sais plus si Kaünis m’a répondu quelque chose. Mes yeux se sont fermés doucement et je me suis endormi, au cœur d’une forêt de cauchemar, bercé par le murmure du vent dans les arbres.
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MessageSujet: Re: Groupe Uklin - Cours n°2   Groupe Uklin - Cours n°2 Icon_minitimeMer 03 Juin 2020, 13:03

- Et je veux que tu sois toi. On est sur la même longueur d'ondes.

[ Court silence ]

- Il me semble que tout le monde devrait vouloir être lui-même. S'accepter jusque dans les tréfonds de son âme, même dans ces zones d'ombres ou de lumières aveuglantes. C'est ainsi qu'on progresse, toujours plus loin. Qu'on comprend ses limites, qu'on les identifie, pour les repousser.
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MessageSujet: Re: Groupe Uklin - Cours n°2   Groupe Uklin - Cours n°2 Icon_minitimeMer 03 Juin 2020, 15:37

Je dors d’un sommeil lourd et sans rêve. A mon réveil, je constate deux choses : d’une, je me suis endormi totalement épuisé mais je me sens désormais bien reposé, de deux, l’aube est toute proche. Allongé sous ma couverture, je reste immobile un instant.

Je ne m’occupe pas d’hier. C’est derrière, c’est fini. Je cherche à avancer, non ? Doucement, je prends une lente inspiration et gonfle mes poumons. Mes côtes réagissent vaguement. Sont-elles engourdies à cause du froid et de l’immobilité ? Je redoute le moment où je vais devoir me lever, puis je me traite d’idiot et repousse la couverture : autant vérifier ça maintenant.

Je me redresse précautionneusement. Mes muscles tirent un peu, j’ai des fourmis dans le bras gauche et réalise que je n’ai pas bougé de toute la nuit. Je prends le temps d’étirer mes bras, de faire rouler mes épaules, puis je me lève, incline légèrement le torse d’un côté, de l’autre ; ce n’est pas très gênant, seulement si je palpe mes côtes avec trop d’insistance. Pour éviter de me blesser, je m’étire longtemps, avec une application qui n’a d’égale que ma patience.

La nuit s’éclaircit mais Ombreuse reste plongée dans la pénombre. Tout en échauffant les muscles de mes jambes, je scrute les environs. Je n’aperçois pas Kaïunis et pourtant, elle est là : dans la couverture froissée, le lit de braises récemment attisé, les sacs appuyés contre une souche d’arbre… la certitude qu’elle n’est pas loin.

Je décide de m’occuper en attendant son retour. Ignorant si nous allons nous remettre en route, je plie nos couvertures et les range, mais je furète dans les environs pour ramasser du petit bois et je ranime le feu. Je mets de l’eau à chauffer, m’occupe des chevaux - un coup de tête de Thunder dans le menton me fait voir quelques étoiles et je me mords la langue, mais j’arrive à comprendre qu’il est simplement content de me voir et impatient de se balader.

J’utilise le reste d’eau pour faire une toilette de chat. Vagabonder régulièrement n’enlève rien à ma propreté ni ma méticulosité. Je démêle ensuite mes cheveux et les tire en arrière pour les nouer en queue. Pour finir, je m’assois devant le feu.

Et j’attends.

Je me demande ce que Kaünis prépare. L’envie de m’élancer dans un nouvel exercice côtoie le sentiment de plénitude qui m’habite alors que le soleil pointe à l’horizon, faisant enfin changer la lumière du sous-bois, comme si nous passions de la nuit noire à une nuit plus claire. Cette forêt est décidément impénétrable.

Je m’y sens bien.


[Bon j'ai rien fait avancer mais je ne veux pas anticiper Wink]
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