[-18] The lonesome rider's return home... [Kaünis]

Un long soupir de soulagement passa les lèvres de Kaünis quand elle trouva enfin Syles.. Dehors. En train de faire des séries d'abdominaux sur une barre de fer qui n'avait jamais été là.
Son humeur s'assombrit quelques instants, quand elle vit que c'était son père qui était là, et qui contribuait à ce que l'Envoleur se tue au boulot… Mais elle savait pertinemment qu'elle n'avait rien à dire : combien de fois, pendant ces deux ans, elle s'était entraînée jusqu'à la limite de la perte de connaissance ? Jusqu'à repousser chacune de ses limites, les unes après les autres, et d'aller au delà de ce qu'elle pensait pouvoir jamais endurer ?
Elle se contenta de secouer la tête de manière désabusée.

- Pour sa défense… J'aurais utilisé une branche, sinon, alors au final…
Elle leva les yeux au ciel en secouant la tête, mais haussa les épaules.
- Je sais bien… commença-elle doucement. Au moins tu as mangé.

Mais il ne l'écoutait déjà plus, tourné vers Voïmakas qui les fixait tous les deux avec cette lueur attendrie dans le regard… Que Kaünis vit se durcir alors que Syles le remerciait. Oh lala. Elle sentait venir la suite, et s'avança pour attraper la main de Syles avant que le Mentaï ne se mette à parler.

- Ne me remercie pas trop vite. Je m'occupe de ton anonymat et de ton invisibilité, mais je vais avoir besoin de toi. De vous, en fait.
Kaünis serra un peu les doigts de l'Envoleur.
- Actuellement, on manque cruellement de Maîtres. Kaünis, on va avoir besoin de toi pour juger un Ahn-Ku… Et… Il s'arrêta dans sa phrase, planta son regard dans celui de Syles. Sous couverture, personne ne sera au courant à part vous, moi, Gil et l'apprentie, on a aussi besoin de toi pour aider, Syles.

Kaünis se mordit la lèvre inférieure, consciente que Syles venait de se raidir, et elle tourna son regard vers lui quelques secondes…
Elle savait que son père pourrait user d'autres méthodes bien moins sympathiques - la menace par exemple - pour forcer Syles à faire ce truc, mais elle savait aussi qu'il ne voulait pas le faire tout simplement par respect pour l'Envoleur.

Alors, elle se mordit l'intérieur de la joue et fixa son père.
- Moi, j'suis okay pour venir. Mais… Ça me fait peur pour Syles. Ça fait beaucoup de risques.
- Non, pas tant que ça. Je serai là pour vous couvrir, le rendre invisible. Et je doute que l'apprentie ne dise quoi que ce soit. Et Gil… vu son état actuel, je n'ai aucun doute le concernant.

Kaünis poussa un long soupir, cherchant le regard de Syles.
Interrogatrice.

Ensuite je veux, plus tard pas maintenant ça serait inutile, un combat amical… Contre toi, sans que tu ne retiennes tes coups.

Kaünis serra les dents. Elle s'y attendait, à celle-là, de condition mais…
Mais elle n'était pas d'accord. Et particulièrement frustrée de voir que son père était en train d'accepter ce qu'il lui refusait depuis des mois ! Elle avait envie de casser quelque chose, mais se contenta de serrer fort le bras de son compagnon qui lui jeta un regard agacé.

En soi, elle savait pertinemment pourquoi Syles demandait ça, et elle était d'accord avec le fait qu'il doivent s'entraîner. Mais là c'était plus de l'ordre des émotions : putain de bordel de merde, mais ça la gonflait de voir que son père avait accepté direct la demande de Syles ! Ouais, c'était aussi tout à fait logique et rationnel, sauf que ses émotions étaient plus fortes que ça, et ça la faisait bouillir..

Respirer. Elle devait respirer.
Et calmer ses pensées, ses émotions.
Elle avait l'impression d'entendre Silhu qui lui parlait… Oui c'était du jugement, et c'était elle qui acceptait le jugement qui créait l'émotion. Mais rah !
Elle ferma les yeux, et la bouche. Elle devait réfléchir, et ne pas parler trop vite, sinon elle allait encore le regretter. Alors, elle se contentait de fixer Syles qui s'entraînait, appréciant silencieusement les muscles qui se redessinaient sous sa peau, le gras qui se logeait aux bons endroits pour mieux nourrir les muscles, et la justesse de l'exécution des exercices.

Mais elle avait besoin de faire quelque chose elle aussi, et avant la fin de l'après-midi, elle partit courir. Ne pas penser à autre chose que ses jambes, chacun de ses pas, sa respiration, et le vent sur son visage, cela lui fit un bien fou. Trois heures de course à une allure effrénée où elle repoussa encore les limites de son coeur, de son endurance, et quand elle fut de retour dans la maison, elle se jeta littéralement sur un morceau de viande séchée pour arrêter son catabolisme et se laissa tomber sur les fesses au milieu du salon.

Avant que Syles ne vienne la chercher.
Le coeur toujours battant, elle hocha la tête.




- Tu sais, j'ai pas franchement beaucoup d'idées non plus. Je pense que je composerai quand on arrivera. Mais on s'en fiche. Et je te rappelle qu'il m'a fallu presque 6 ans après la fin de mon apprentissage avant d'accepter enfin de prendre des apprentis.

Elle haussa les épaules. Parce que ouais, c'était chaud, et elle comprenait Syles. Et en même temps, elle savait pertinemment que si son père était  venu leur demander en personne, c'était que ça devait être vraiment urgent… et pas normal du tout.

- Allez, viens, on y va. Si on arrive un peu en avance, on pourra préparer quelque chose, au moins…

D'abord, finir ce combat d'entraînement.
Quand elle sentit la puissance du jeune homme percuter sa défense, elle eut un large sourire.