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 How to save a life [Gil et Lib]

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Seth Jol
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Seth Jol


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MessageSujet: How to save a life [Gil et Lib]   How to save a life [Gil et Lib] Icon_minitimeMer 12 Juil 2017, 13:16

La porte s’ouvrit soudain et les grands yeux dorés de Seth s’éclairèrent. S’écarquillèrent de surprise. Le jeune homme se leva presque d’un bond, en reconnaissant l’homme : il avait les traits tirés, fatigués, une barbe qui lui mangeait les joues, les cheveux mal coiffés et une lueur profondément triste au fond des yeux. Il faisait peur à voir, aussi l’apprenti arrêta-il son mouvement.

- « Gil ? » s’exclama le jeune garçon d’un ton tout étonné.



Fatigué, épuisé, Seth regardait défiler le paysage sans jamais lâcher la main de Makeno. Non, en réalité, il avait plutôt les yeux perdus dans le vide. Il n’avait pas réellement conscience de tout ce qu’il se passait autour de lui – des hautes tours d’Al-Chen qui laissaient place aux hautes herbes de la plaine environnante, de l’agitation des trois Rêveurs. Son monde était réduit à la petite main de son petit frère, qu’il serrait dans la sienne. L’enfant dormait depuis longtemps et ne se réveillerait probablement pas avant encore de longues heures, voire quelques jours – Makeno était fracassé, épuisé par le choc que son corps venait de subir et les drogues que les Rêveurs lui avaient administré afin de lutter contre la douleur latente qu’il affrontait.

Rien que d’y songer, le jeune apprenti Marchombre grinça des dents : si seulement il pouvait prendre toute la douleur du petit garçon pour lui ! Et encore, les prochains jours seraient sans doute les plus durs selon Hielstan ! Comment est-ce que cela avait pu arriver ? Se passant une main sur le visage, Seth soupira pour tenter d’évacuer toute la tension accumulée. En vain. Alors, tout en restant concentré sur les battements de cœur lents de l’enfant, le jeune homme laissa ses pensées s’envoler vers l’Académie, et toutes les belles rencontres qu’il y avait faites. Il y avait Brise, une jolie rouquine, en passe de devenir maître Marchombre à son tour, et avec qui il faisait tourner Mia en bourrique. Et puis Erwan lui manquait aussi, terriblement. Mais il n’y retournerait pas – pas avant d’être certain que Makeno aille mieux, et qu’il soit en sécurité, avec ses parents. Ses deux parents.

La carriole s’arrêta soudain, et Seth sortit brusquement de ses pensées. Ils devaient probablement être arrivée à la confrérie de Chériane, qui bordait la rive du Lac Chen, à quelques encablures à peine de la ville marchande. L’intuition du jeune homme se confirma très vite lorsque Joslain passa sa tête entre les bâches de la charrue pour lui annoncer qu’ils étaient enfin aux portes de leur confrérie. Plantant son regard doré dans celui du Rêveur, le jeune homme hocha légèrement la tête. Il devait laisser les Rêveurs s’occuper de Mak.

*

Le petit garçon avait été confortablement installé dans une grande chambre. Les rideaux étaient tirés, apportant de la pénombre ainsi qu’un peu de fraîcheur dans la pièce, même au beau milieu de la journée. Joslain, Guidrez et Hielstan se succédaient régulièrement à son chevet, afin de s’assurer que l’état de l’enfant ne se dégradait pas. A intervalles régulières, ils lui administraient les décoctions nécessaires afin d’apaiser la douleur, mais aussi pour le garder plongé dans un sommeil profond et réparateur. Ils avaient préféré le maintenir dans une espèce de sommeil comateux, afin de laisser à son corps le temps de se remettre de la violence du traumatisme qu’il avait subi. Et Seth observait, dans un coin de la pièce, leurs moindres faits et gestes.

Un deuxième lit avait été installé dans la chambre, pour permettre au jeune apprenti de pouvoir veiller sur son petit frère en permanence. A la fin de la journée, Hielstan était parvenu à le convaincre de venir manger un bon repas chaud dans le réfectoire. Seth avait accepté un peu à contre cœur, même s’il savait bien qu’il ne pouvait rien faire de plus pour Makeno. Il pouvait seulement attendre que le temps et les soins fassent leur effet. Il se sentait impuissant, c’était rangeant. Mais il fallait bien qu’il s’occupe en attendant que Mak ouvre enfin ses petits yeux.

*

Assis sur le rebord de la fenêtre, adossé contre le mur, Seth passa une main dans ses cheveux sombres en soupirant. Il avait été en colère – il l’était toujours un petit peu quand même. Mais Hielstan avait raison, il n’était pas le père de Makeno. Et ce dernier avait grandement besoin de ses parents – ses deux parents. Le jeune homme réfléchit quelques secondes, avant de griffonner quelques mots sur un morceau de parchemin.

Makeno est passé à un cheveu de la mort. Réminiscence de la Silencieuse dans son organisme. Il a été amputé d’une jambe. Je suis à Chériane avec lui. Il a besoin de toi et de maman. Soyez responsables pour une fois ! Soit adulte, pour une fois…


Sans rien ajouter de plus, l’apprenti marchombre laissa s’envoler l’oiseau, en espérant que Gil et Naïs parviendraient enfin à trouver un terrain d’entente. Pour Makeno.


- « Gil ? » s’exclama le jeune garçon tout étonné.

Apparemment, l’Envoleur avait reçu sa lettre – non, sa missive. On ne pouvait pas dire qu’il avait été très bavard dans son message. Mais l’essentiel c’est que Gil était là. Gil et Libertée. Gil mais pas Naïs. Et c’était très bizarre, surtout quand il avait remarqué dès les premières secondes leurs mines sombres et fatiguées. Seth fronça légèrement les sourcils, essayant de faire abstraction des pires scénarios, des pires images, qui lui traversaient l’esprit. Gil était là. Mais pas Naïs. Ce n’était pas normal – pas normal du tout ! Mais où était donc sa mère ?
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Giliwyn SangreLune
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MessageSujet: Re: How to save a life [Gil et Lib]   How to save a life [Gil et Lib] Icon_minitimeJeu 13 Juil 2017, 15:15

[Bon. Etant donné que Chach' délaisse notre cher Hièl, j'ai pris la liberté de le faire bouger un peu... je suppose qu'elle ne m'en voudra pas, et que vous pouvez faire pareil - après tout c'est un PNJ. Mais je n'avais pas envie de faire une réponse avec son compte à lui, donc... Voilà. Si quelque chose vous déplaît, toutefois, sonnez-moi !]



La peur l’avait retrouvé.

Elle ne l’avait jamais vraiment quitté, finalement, rôdant près de son sommeil et de ses humeurs, effleurant parfois son moral, comme pour lui signifier qu’elle était toujours là… Elle avait toujours été là. N’était jamais partie. Il s’était simplement persuadé que s’il ne restait pas seul, elle lui foutrait une paix royale. Il s’était planté. En beauté ! Un superbe vol plané terminé par une chute phénoménale. Une baffe monumentale qui le laissait complètement sonné. C’était la plus belle erreur de sa vie et à présent, il était trop tard pour s’en mordre les doigts. Il se les mordait quand même. Se bouffait les ongles et la peau sans interruption, rongé par une nervosité impossible à maîtriser. En fait, plus sa peur grandissait, plus il était anxieux : ses yeux écarquillés, ses gestes saccadés, ponctués de sursauts involontaires, sa main qui reposait en permanence sur la poignée de son épée, ses doigts agités par des tics qu’il ne remarquait pas…

La peur était là. Partout, tout autour de lui. Elle l’empêchait de dormir, de manger, de communiquer. De vivre. Depuis trois jours. Depuis la mort de Naïs et d’Elwen. Naïs… La sensation de son sang sur ses mains ne disparaissait pas. Il se les était lavées un nombre incalculable de fois sans parvenir à se débarrasser de cette odieuse impression. C’était pareil avec les images mentales : elles surgissaient sans prévenir, le faisait parfois vaciller tant elles s’imposaient dans une violence inouïe. Quant à la douleur, et bien… elle était à peine supportable, mais la Bête, au fond de lui, s’en gavait de bonheur. Elle était ravie. L’Anarysine comblait simplement les effets du manque sans parvenir à bloquer sa colère grandissante : la drogue ne servait plus qu’à rassurer un pauvre type complètement au fond du trou. Il le connaissait pourtant, ce trou ! Il l’avait déjà exploré de nombreuses fois – mais jamais aussi profondément. Et cette fois, il ne comptait pas s’en sortir.

Un seul et unique objectif lui donnait encore la force de tenir debout et d’avancer : Makeno. C’était comme un phare que la lueur d’espoir guiderait un navire sur le point de s’échouer sur sa côte ; Gil aurait mille fois préféré s’allonger dans un coin et s’endormir pour de bon, mais il savait qu’il n’en ferait rien. Pas avant d’avoir retrouvé Mak. Comment, et d’où cette volonté lui venait-elle ? De Libertée, qui le suivait obstinément ? Elle ne disait rien, elle avançait avec lui, tout simplement. Ils n’avaient pas échangé une seule parole en trois jours, et leur seul contact physique se résumait à la caresse légère des doigts de la marchombre sur sa main, quand elle avait déposé le petit sachet de coton dans le creux de sa paume. Non… sa détermination ne lui venait pas de Libertée parce qu’il avait peur, au contraire : il était terrifié qu’elle marche ainsi à ses côtés ! C’était inconsidéré. Toutes les personnes qui approchaient l’envoleur, de près ou de loin, finissaient pas mourir. Il en était persuadé désormais. Pourtant, Libertée le suivait toujours. Qu’attendait-elle pour s’en aller ? ? N’avait-elle pas encore compris ? Je suis maudit, Lib. Barre-toi avant qu’il ne t’arrive quelque chose…

Incapable de formuler ces mots, il se contentait de tolérer sa présence. C’était dur. Il y avait cette part de lui qui mourrait d’envie de la prendre dans ses bras pour la réconforter : Libertée venait de perdre une sœur – ce genre de lien ne peut pas se compter par moitié – et même si leurs relations n’avaient pas toujours été très amicales, les deux jeunes femmes avaient appris à se connaître… et à s’apprécier, d’une certaine manière. En outre, la mort d’Elwen avait dû raviver des souvenirs trop vifs chez la marchombre. Mais Gil n’était plus capable d’offrir la moindre parcelle de tendresse, parce qu’il ne lui en restait plus du tout : disparue, cette lueur d’amour au fond de ses yeux. Anéantie, la petite étincelle de malice qui, croisée avec une sacrée dose d’ironie, lui avait donné le goût de la plaisanterie. Giliwyn SangreLune n’était plus qu’une coquille vide qui avançait mécaniquement jusqu’à sa dernière mission.

Complètement terrifiée.


*


L’arrivée de Gil à Chériane fut remarquée. Normal, puisqu’il déboula sans s’annoncer… en le voyant arriver, quelques Rêveurs s’agitèrent. Ils devaient ressentir l’urgence qui émanait de Gil sans pour autant la comprendre. Personne ne peut comprendre. L’envoleur avançait à grands pas, ignorant les quelques appels qui fusèrent dans sa direction. Un Rêveur du nom de Joslain tenta de s’interposer :

- Vous ne pouvez pas entrer ici sans permission, monsieur ! C’est l’aile des soins, nous sommes en train de travailler !

Autant s’adresser à un mur : l’homme qui se dressait devant lui ne parlait pas mais son regard exprimait bien plus que des mots. Un regard sombre, fou, terrible…. Dangereux. Cet homme était dangereux. Fort de cette certitude, Joslain réfléchit à toute vitesse, cherchant un moyen d’arrêter l’inconnu avant qu’il ne blesse quelqu’un – ou se blesse lui-même.

- Qui êtes-vous ? demanda-t-il, sans méchanceté mais d’un ton assez ferme pour capter l’attention de Gil.

Celui-ci plongea la main dans sa poche et en sortit un papier froissé, qu’il lâcha dans la paume du Rêveur. Surpris, Joslain le déplia et parcourut rapidement les quelques lignes tracées à la va-vite.

Makeno est passé à un cheveu de la mort. Réminiscence de la Silencieuse dans son organisme. Il a été amputé d’une jambe. Je suis à Chériane avec lui. Il a besoin de toi et de maman. Soyez responsables pour une fois ! Soit adulte, pour une fois…


- Vous êtes… murmura Joslain en pâlissant.

A cet instant précis, une main se posa doucement sur son épaule.

- Laisse-le passer.
- Tu es sûr ? Regarde-le, il…
- Paix, mon ami,
souffla Hièlstan. Makeno a besoin de son père.

Il fallut encore quelques secondes à Joslain pour se décider. Finalement, il s’effaça, dégageant le passage ; Gil s’engagea dans le couloir sans même adresser un seul regard à Hièlstan. Celui-ci le suivit des yeux, et son cœur se serra.

Il savait déjà.


*


- Gil ?

Il se figea sur le seuil de la porte. Il sentit à peine Libertée manquer de lui rentrer dedans : son regard s’était posé sur Seth. Son attention, aussi. Il se dit que le gamin avait encore grandi, que c’était plus un homme qu’un enfant désormais. Et puis les dernières paroles de Naïs frôlèrent sa mémoire, et il serra les poings.

« S’il te plaît… dis à Seth…Mak… Soahary… »

Qu’ils ne te verront plus jamais ? Merde, Naïs. T’es nulle.

Vraiment nulle. Parce que c’était encore à lui de tout supporter sur ses épaules, à présent ! Parce qu’il se retrouvait avec la responsabilité douloureuse d’annoncer la terrible nouvelle à ce gosse ! Parce que nul autre ne pouvait le faire, c’était ainsi ! Parce qu’il en avait marre d’être associé aux tragédies ! Et marre qu’elles lui pourrissent la vie ! Seth attendait toujours, immobile, frappé par la surprise. Pourtant c’était bien lui qui avait écrit. S’étonnait-il que ce soit Gil qui soit venu ? Probablement. Mais l’envoleur vit les yeux du gamin bouger, tomber sur Libertée, bouger encore, en quête de la seule personne qui aurait réellement eu sa place ici, en cet instant.

« Dis à Seth… »

La ferme !

Gil fit un pas en avant. Il s’arrêta de nouveau en découvrant le lit, sur la gauche : la silhouette allongée dessus était si petite qu’elle donnait l’impression de disparaître entre les draps. Oubliant Seth, Gil s’approcha. Son cœur battait sourdement, il avait peur… parce que la Bête remuait au fond de lui, réveillée par la colère intense qui lui broyait le cœur, galvanisée par sa culpabilité. C’est ma faute, conclut tristement l’envoleur en observant le visage fermé de Makeno. Tout ça, c’est à cause de moi… La Silencieuse ne lui avait laissé pour souvenir qu’une marbrure vaguement stylisée à la jointure du cou et de l’épaule. Et il avait fallu qu’elle prenne la jambe de cet enfant. Pourquoi ? C’était lui qui souffrait, au final ! N’aurait-il pas mieux valu que ce soit sa jambe à lui qui soit perdue ? Ravalant un gémissement, il se pencha et écarta doucement une mèche qui retombait devant les yeux de Mak.

- Je suis désolé… murmura-t-il.

Mal l’entendit-il ? Ses yeux demeurèrent clos. Sa respiration était régulière, preuve qu’il dormait paisiblement en dépit de sa pâleur et de la crispation de son poing sur les draps. Gil se redressa lentement. Son regard inexpressif croisa celui de Libertée, un bref instant, avant de s’arrêter sur Seth. D’un geste du menton, il fit signe à celui-ci de le suivre.

Il quitta la chambre.


*


Hièlstan avait fait passer le message : nul ne s’approcha d’eux tandis qu’ils sortaient dans le jardin. Gil restait silencieux. Il remercia mentalement Libertée de ne pas les avoir suivis ; pour ce qu’il allait faire, il fallait qu’il soit seul avec Seth. Il s’arrêta près d’une fontaine qui glougloutait, au beau milieu d’une cour plantée d’herbe et de fleurs colorées. C’était un joli cadre : Chériane était une petite confrérie agréable. Et pourtant, même le parfum des fleurs ne l’atteignait plus. Il était en train de se détacher de ce monde. En avait-il seulement déjà fait partie ? Quand il tourna la tête vers Seth, sa vue se brouilla. C’était incroyable… il continuait à avoir mal pour les autres. Lui qui ne ressentait plus grand-chose arrivait encore à trembler pour un gamin qui allait bientôt le haïr, si ce n’était pas déjà le cas. Dans quelques secondes, Seth allait s’effondrer sous le poids d’une tragique nouvelle.

- Seth… Il est arrivé quelque chose de très grave.


*


Ta maman… elle ne reviendra plus jamais. Il a encore fallu qu’elle se donne en spectacle. C’était magnifique, tu sais ! Je crois qu’au fond c’était ainsi qu’il devait en être : une fin grandiose, un coup de théâtre époustouflant… une mort héroïque.

Naïs est morte en sauvant des vies, Seth.

Tu peux lui en vouloir, tu en as le droit, autant que de te mettre en colère, de pleurer, de hurler… mais tu dois surtout être fier. Elle le mérite. C’était quelqu’un de bien. La plus belle personne qui ait traversé ma vie. Et la tienne, aussi. Si tu savais tout ce qu’elle a pu faire, pour toi ! Vous étiez sa raison de vivre… elle doit être la vôtre, à présent. Vis pour elle, Seth. C’est tout ce qui compte parce que…

Elle t’aimait beaucoup.


*



Un pétale rose de cerisier tourbillonna dans un souffle de vent, puis toucha la surface de l’eau, dans la fontaine. Gil essuya ses yeux d’un revers du bras et se tourna vers Seth. Déteste-moi si tu veux. C’est égal, à présent. C’est même bien mieux. Après tout, plus on se méfierait de lui, plus on se tiendrait à distance : c’était exactement ainsi que les choses devaient se dérouler. Les gens meurent quand ils sont avec moi...

Heureuse, la Bête se redressa.


*


- C’est vraiment courageux d’être venue ici avec lui, dit doucement Hièlstan en appuyant son front contre la vitre.

Il était dans la chambre de Mak, avec Libertée, qu’il avait reconnue immédiatement et saluée dans un sourire dont il était seul à détenir le secret. Parce que c’était vrai, des secrets, il en connaissait. Des tas. Voilà pourquoi il se sentait responsable de ces quatre-là. Pour ça, et… son regard glissa vers Makeno, qui dormait toujours. Pauvre petit. Perdre sa jambe, puis sa mère sans en avoir vraiment conscience… son réveil allait être difficile. Il allait avoir besoin d’autant d’amour que possible. Venant de Seth, c’était une évidence. Libertée était là, elle aussi, et s’il devinait en elle une fragilité énorme, comme une blessure restée béante depuis pas mal de temps, elle apportait une certaine sérénité dans cette pièce. Quant à Gil… Hièlstan reporta son attention dehors, vers la fontaine où se tenaient les deux hommes. Joslain avait raison : Gil était dangereux, mais moins pour son entourage que pour lui-même. Un pli soucieux se creusa entre les sourcils du Rêveur.

- Je crois qu’il est sur le point de perdre la raison, souffla-t-il. Il n’a déjà plus grand-chose d’humain.

Il n’y avait qu’à voir sa façon de se tenir, de se déplacer… De là où il se trouvait, Hièlstan voyait parfaitement le changement s’opérer en lui.

- Je devrais vous conseiller de vous tenir à l’écart, mais…

Il tourna la tête et croisa le regard infiniment rose de la jeune femme.

Peut-on demander aux étoiles de quitter la lune ?
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Libertée Iuaskallaphun
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MessageSujet: Re: How to save a life [Gil et Lib]   How to save a life [Gil et Lib] Icon_minitimeJeu 13 Juil 2017, 17:27

[ Bon et bien Lib a décidé de foutre en plus de ça une merde monumentale.... Donc Gil, Seth, si il y a quelque chose qui ne va pas, MP ! ]




Elle était là.
Elle était là, mais concrètement, elle ne servait à rien. Parce que Gil s’était enfermé dans un mutisme qui était bien loin de la teneur de leur silence consentant, des mois plus tôt.
Elle était là, parce qu’elle avait cet espoir fou, au fond, que tout cela change. Que l’envoleur retrouve le chemin. Sauf que… Et bien, plus les heures passaient, et plus elle sentait cette intensité chaotique se draper de tout son être, et plus elle avait peur.

Pour lui. Pour eux.
Non, pas pour elle. Elle se débrouillerait.
Mais quelque part, il l’avait aidée à surmonter tant bien que mal la disparition de Suviyo. Elle voulait l’aider, mais au fnal, le pouvait-elle vraiment ? Au delà des capacités physiques, au delà d’une force à insuffler, est-ce que Gil pouvait être aidé dans l’état dans lequel il était ?

Elle se souvenait parfaitement de la fois où elle l’avait retrouvé dans un semblant d’état similaire. Ce n’était pas beau à voir et elle n’avait pas été suffisante à le sortir de sa torpeur. Par contre Naïs…
Naïs avait été l’écho de sa douleur. Naïs l’avait compris, ne l’avait pas ménagé, et il était parvenu à se foutre un coup de pied au cul.

Sauf que Naïs n’était plus là.
Elle n’était plus là.


♥ ♥ ♥
You watch me bleeding till I can't breathe
Shaking, falling onto my knees
And now that I'm without your kisses
I'll be needing stitches
♥ ♥ ♥

Au fond, elle savait qu'il l'aimait toujours. Sans doute pas de la même manière qu'il l'aimait elle, parce que ce n'était pas le même type de relation. Parce qu'à un moment donné il avait été capable de faire un choix.  Que ça n'avait pas spécialement été un choix de facilité, non plus, Libertée en avait conscience.

Mais elle ne pouvait rien pour lui.
C'était à lui de se sortir de là, elle le savait. Elle ne pouvait pas faire le chemin à sa place ; elle devait déjà finir son propre chemin. C'était plus facile quand ils avaient le même chemin à parcourir, mais là celui de Gil venait de s'éloigner brusquement dans un angle à quatre-vingt-dix degrés.

Dans un soupir, Libertée posa son front contre le carreau de la fenêtre, laissant son regard se poser sur l'envoleur et le garçon. L'envoleur et l'apprenti marchombre. L'apprenti marchombre d'Erwan.
Dans un élan, au fond de son coeur, elle eut soudain l'envie, le besoin, de voir son ami aux cheveux blancs. Peut-être qu'il pourrait l'aider ? Il avait perdu Miss.

Libertée eut un frisson quand elle se rendit compte qu'elle considérait alors, profondément, que Gil aimait Naïs à ce point. Il n'y avait même plus de jugement de valeur, de comparaison avec ce qu'il ressentait pour elle, finalement : juste un sentiment si intense qu'il balaie tout sur son passage, surtout quand la personne disparaît pour de bon.
Elle déglutit péniblement.


- C’est vraiment courageux d’être venue ici avec lui.
Décollant son front du verre frais, Libertée posa son regard sur Hièlstan, avant de secouer la tête.
- Non, ce n'est pas courageux. C'est désespéré.
De le dire à voix haute lui fit du bien, et un léger poids s'ota de ses épaules. Ses yeux se posèrent sur le petit corps de Makeno, dans le lit, et tout son corps se contracta alors que sa gorge se bloquait. Elle n'avait qu'une envie : courir loin d'ici. Ne pas voir le petit dans cet état.
- Je crois qu’il est sur le point de perdre la raison. Il n’a déjà plus grand-chose d’humain. Je devrais vous conseiller de vous tenir à l’écart, mais…

La marchombre leva les yeux vers le rêveur, le détaillant encore quelques secondes.  
- Mais ça le rendrait encore plus fou ? Mais je suis encore plus folle que lui de rester ?
Elle poussa un long soupir, passant ses mains dans ses cheveux pendant quelques secondes.
- J'aimerais l'aider, comme il a pu m'aider, mais malheureusement, je ne sais pas quoi faire. Et je n'ai pas la force de le faire. Tout ce que je peux faire, c'est être avec lui. Rien de ce qu'il dit ou fait n'est contre moi, c'est lui contre lui-même. Je le sais. J'ai compris. Mais j'ai aussi à me reconstruire moi-même.

Elle secoua la tête un instant, avant qu'une sensation électrique ne traverse son corps et qu'elle redresse le menton pour lancer son regard à travers la fenêtre.
Son coeur tambourina brusquement dans sa poitrine.

* Hé merde. *

♥ ♥ ♥
I thought that I'd been hurt before
But no one's ever left me quite this sore
Your words cut deeper than a knife
Now I need someone to breathe me back to life
♥ ♥ ♥

Quand elle franchit en courant la porte qui menait au patio ouvert de la confrérie, Libertée savait que la suite n'allait pas être de tout repos. Du tout.
Elle ne connaissait pas cet homme, dans la cinquantaine, qui dégageait un tel charisme et une assurance hors du commun. Par contre, elle connaissait Thaom qui était arrivé à ses côtés, et son visage légèrement fermé comme ça, elle savait ce que ça voulait dire.

Mais alors qu'elle arrivait dans le dos de son ancien maître, ce dernier se retourna vers elle et l'attrapa par les épaules pour la serrer contre lui, sans dire un mot, mais le regard étincellant de quelque chose que Libertée ne parvint pas à identifier vers l'autre homme.

- Qui c'est ?
Quand Thaom porta son attention sur elle, et vers son visage, Libertée put voir dans son regard qu'il avait un plan très défini dans la tête, elle ne savait juste pas lequel. Elle tenta de se dégager mais la poigne de son ancien maître la tint contre lui trop fermement.

- Qu'est-ce que tu as, Thaom ?
- Le monde est franchement trop petit à mon goût, des fois, Lib.
- Lâche-moi.
- Pas tout de suite. D'abord, j'attends que Seren fasse ce qu'il a à faire.


Les sourcils de Libertée se froncèrent, et elle tourna la tête vers l'homme qui s'était avancé pour faire face à Gil. Elle voulut se dégager, au moins pour récupérer Seth, car elle avait un très mauvais pressentiment, soudain.

Mais alors que le poing de Seren happait l'attention de LIbertée en s'élançant vers le visage de Gil, Thaom renforça sa prise sur son épaule, la fit pivoter dans ses bras.
Elle put sentir très distinctement sa paume de main contre son sein. Et ses lèvres qui se précipitèrent sur les siennes alors qu'il avait attrapé l'arrière de sa tête pour l'empêcher de fuir.


* Non ! *
Elle voulut se dégager, mordit la lèvre de Thaom à sang, mais cela ne le fit que grogner un peu plus alors que sa main glissait sur les courbes de son corps.
Oh, son corps connaissait ces caresses, c'était un fait, et il s'enflamma brusquement sans aucune peur, soudain. Aucune réminiscence de quoi que ce soit, et cela surprit tellement Libertée qu'elle perdit pied.

Juste l'espace d'un instant.
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Seth Jol
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MessageSujet: Re: How to save a life [Gil et Lib]   How to save a life [Gil et Lib] Icon_minitimeSam 21 Oct 2017, 09:52

Quelque-chose n’allait pas, Seth en était persuadé. Quelque-chose de grave s’était passé, mais le jeune homme ne parvenait pas à mettre le doigt dessus. L’apprenti ne quittait pas l’Envoleur des yeux : il avait le visage fermé, une lueur infiniment triste au fond des yeux et la mine plus sombre qu’à l’accoutumée. Il n’avait pas dit un seul mot depuis qu’il était entré dans la pénombre de la chambre de Makeno. Ce n’était pas normal, cela ne lui ressemblait pas ! Le garçon le connaissait depuis suffisamment longtemps pour le savoir ! Que s’était-il donc passé de si grave ?

Le cœur battant la chamade – ça cognait si fort dans sa poitrine qu’il avait l’impression que ses côtes finiraient par se briser une par une – Seth coula un regard vers le cerisier en fleur qui ornait la petite cour pavée. Sans qu’il ne sache vraiment pourquoi, ses pensées s’envolèrent vers sa mère. Au fond de lui, il savait déjà. Il ressentait cette espèce de vide immense qu’il connaissait si bien ; ça l’avait envahi, dans tout son être, se répandant autour de ses membres et enserrant son cœur avec une froideur glaciale. Mortelle ! Mais le jeune homme redoutait de mettre un mot dessus – ou plutôt, il n’en avait pas envie. Ce fut Gil qui le fit pour lui. Les mots de l’Envoleur résonnèrent en lui sans qu’il ne réagisse vraiment ; et cette voix habituellement si familière et rassurante lui semblait soudain étrangement creuse et lointaine.

Naïs est morte. Cette phrase tournait en boucle dans la tête de l’apprenti Marchombre, qui se sentait comme une coquille vide – c’était peut-être bien le cas finalement. Il ne prononça pas un mot. Son regard profondément doré habituellement si expressif s’était subitement éteint. Le poids de la fatigue et de la lassitude lui tomba dessus aussi violemment et douloureusement que s’il s’était fait littéralement piétiné par une armée de Raïs en furie. Naïs est morte. Il fallut plusieurs longues minutes pour Seth s’imprègne totalement de cette information. Pour autant, il ne réalisait pas encore forcément les conséquences dramatiques qui n’allaient pas manquer de suivre. Il se sentait un peu comme prisonnier d’un mauvais rêve, espérant qu’il allait se réveiller d’un instant à l’autre. Naïs est morte. Mais le jeune homme se répétait en boucle que ce n’était pas possible. Que sa mère était plus forte que cela ! Qu’elle ne pouvait juste pas mourir ! Que Mak avait besoin d’elle ! Qu’il avait besoin d’elle !

Lorsqu’il releva la tête pour plonger son regard dans celui de son grand frère de cœur, Seth ne put que reculer dans un réflexe incroyable et improbable, pour éviter un poing surgi de nulle part, pour cueillir Gil sous le menton.

*


- « Dégage de là microbe, tu me fais perdre mon temps ! » menaça l’homme qui avait attaqué Gil.
- « Tu crois que tu me fais peur, l’ancêtre ! » rétorqua Seth du même ton.

Seth s’était interposé entre les deux hommes. Il se dressait de toute sa hauteur, une détermination sans faille émanait de lui. Il n’était plus un gamin désormais, mais bien un homme. Et sa carrure impressionnante – il dépassait tout de même le mètre quatre-vingt-douze pour quatre-vingts bon kilos – savait en calmer quelques-uns. Le garçon toisa l’inconnu qui lui faisait face sans le moindre sourcillement. Une lueur mauvaise brilla dans le regard de l’homme aux cheveux grisonnant, mais l’apprenti Marchombre ne bougerait pas d’une oreille. C’était sans doute redoutablement dangereux et particulièrement inconscient – il ne faisait pas le poids contre ce type, il en avait bien conscience – mais Seth était particulièrement têtu.

L’espace d’une demie seconde, Seth tourna la tête pour croiser le regard de l’autre homme, qui s’approchait d’eux, sourcils froncés. Celui-là ne lui disait rien qui vaille non plus se dit le jeune garçon en plissant le bout du nez tandis qu’il aperçut Libertée, du coin de l’œil, qui réajustait les bretelles de son débardeur sur ses épaules. Un frisson de dégoût lui parcourut l’échine lorsqu’il remarqua l’étincelle de désir qui brillait au fond des yeux de l’homme à chaque fois qu’il posait les yeux la jolie blonde. Il n’avait absolument aucune idée des relations qu’entretenaient ces deux hommes avec Libertée et Gil, mais visiblement ils n’étaient pas venus pour discuter. C’était évident et cela ne lui disait rien qui vaille !

- « T’as du cran, gamin » soupira finalement l’homme au bout d’un certain temps qui lui parut durer une éternité « C’est exactement ce qui a valu la vie à ta mère ! » ajouta-il avec un sourire un peu torve.

Le sang de l’apprenti Marchombre se figea presque aussitôt dans ses veines. Un bref éclair de surprise passa dans son regard, avant qu’il ne reprenne contenance. Ses traits passèrent alors de la surprise, à l’incompréhension. Puis de l’incompréhension à la colère. Douce sensation qui se répandait dangereusement dans ses veines. Seth avait soudain très envie de sauter à la gorge de ce type. Il ne savait ni pourquoi, ni comment, mais ces deux hommes n’étaient pas étrangers à la mort de sa mère. Pendant un court instant, il douta également de Gil et Libertée : est-ce qu’ils avaient un rapport, eux-aussi, avec la mort de sa mère ? Mais un bref coup d’œil dans leur direction balaya tous ses doutes aussi simplement que d’un revers de bras.

- « Et qu’est-ce que tu sais de sa mort, au juste ? » le toisa Seth, en levant fièrement le menton.

La tension était à son comble dans le petit patio. Il suffisait juste d’une goutte pour que tout explose en millier de petits morceaux, dans une tempête qui emporterait tout sur son passage.








[Désolée pour toute cette attente, j'ai été pas mal prise par des déménagements, et le boulot, mais j'espère pouvoir être un peu plus présente désormais Very Happy]
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Giliwyn SangreLune
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MessageSujet: Re: How to save a life [Gil et Lib]   How to save a life [Gil et Lib] Icon_minitimeMar 24 Oct 2017, 22:17

Gil devina la présence de Liberté avant même de la voir arriver dans la patio. Comme si un sens supplémentaire lui permettait de percevoir la marchombre. Ce genre de chose prenait-il fin au bout d’un moment ? Non, résolut-il avec une simplicité qui lui serra le cœur. En même temps, il était un peu trop à fleur de peau, là. Annoncer à Seth la mort de Naïs l’avait vidé, dépossédé de ce qui lui restait encore de forces, d’envie. De vie. Alors, quand les deux hommes avancèrent vers lui, Gil ne bougea pas. Il ne bougea pas non plus quand un poing s’écrasa violemment sur son menton, mais la force de celui-ci le fit vaciller ; il posa un genou à terre et cracha un jet de salive mêlé de sang sur les dalles blanches de la cour. Enfer, qu’est-ce que…

- Dégage de là microbe, tu me fais perdre mon temps !

Ignorant l’avertissement de Seren, Seth se redressa de toute sa hauteur. Il ne connaissait pas l’envoleur. Il ne savait pas ce qu’il risquait, là, maintenant, à défier un homme aussi fou que celui qui se tenait devant lui. Mais ce n’était pas ce qui retenait l’attention de Gil. Son genou toujours posé contre le sol, une main à côté pour assurer son équilibre et l’autre contre sa mâchoire endolorie, il regardait Libertée. Lib, dans les bras de son maître, Thaom. Une étincelle s’alluma dans son regard bicolore, sauvage, dangereuse. En lui, sa part bestiale brisa encore quelques chaînes supplémentaires, trop ravie qu’on la laisse faire. Beaucoup trop ravie.

- T’as du cran, gamin. C’est exactement ce qui a valu la vie à ta mère !

Le regard de Gil se durcit.

- Et qu’est-ce que tu sais de sa mort, au juste ?
- Rien.


Gil posa une main sur sa cuisse pour se relever. Seren tiqua devant son air hagard, mais il se reprit instantanément et sourit de toutes ses dents.

- Je sais qu’elle a sous-estimé ses adversaires. Et surestimé ses capacités.
- La ferme.
- Quelque chose à dire, Cabochard ?


Les poings serrés à s’en faire blanchir les jointures, l’ancien apprenti défia l’ancien mentor du regard.

- C’est bien ce qui me semblait… au fond, tu n’es qu’apparence, Giliwyn. Une belle fumisterie aux yeux des autres. Une illusion. Tu te donnes un genre que tu es loin d’avoir. Regarde où ça te mène…

Seren écarta les bras, désignant la confrérie. Quelques Rêveurs se massaient aux fenêtres et aux abords du patio, curieux. Et inquiets. Comment ne pas sentir la tension qui s’alourdissait de seconde en seconde ?

- Je t’avais prévenu mais tu n’as jamais rien voulu entendre. Je t’avais mis en garde contre l’attachement. Tu t’es détruit tout seul. En te liant à ces gens, tu t’es vendu au pire. Quelle déchéance…
- La ferme,
répéta Gil d’une voix blanche et en détachant chaque syllabe.
- Pourquoi ? La vérité te dérange ?
- Tu ne sais rien de moi. Tu ne me connais pas.
- Si, Gil,
rétorqua Seren, une once de tristesse au fond des yeux. Et c’est là que tu te trompes.
- LA FERME !!!

Cri déchirant.

Hurlement.

- Tu ne sais rien !!! Tu ne sais rien de ce qui m’a conduit jusqu’à toi, de ce qui a fait de moi l’un des tiens ! Tu ne sais pas ce que c’est de tenir le corps de quelqu’un dans ses bras, de le sentir partir sans pouvoir le retenir ! Tu ne sais pas ce que dire « adieu » peut faire à un homme qui n’est pas préparé ! Je n’étais pas prêt, Seren ! Bordel, je n’étais pas…

Je pleure. Merde. Pourquoi je pleure ??

- Ne prétends pas savoir ce que j’ai traversé ces dernières semaines parce que c’est faux. Tu ne peux pas imaginer. Et même si c’est le cas, imaginer c’est mieux que vivre.
- Arrête ton char, SangreLune…
- C’est ça,
répondit soudain Gil d’un ton dangereusement calme. J’arrête.

Et il tourna les talons.


* * *


SEREN


Quand ce connard a débarqué dans ma piaule, je me suis dit « ça y est, je vais enfin pouvoir me le faire ». Au sens léthal du terme, hein. Thaom n’est pas du tout mon genre. Encore que… Non, sérieusement j’ai cru que j’allais enfin pouvoir démolir ce fils de Raï. Sauf que non. Il n’est pas venu pour crever, l’imbécile. Pas encore, du moins. Après avoir débarqué comme une fleur, il m’a rappelé ma dette – enfoiré – et il s’est empressé de me dire comment la régler. De l’argent ? De l’alcool ? Naaaan, pensez-vous, c’est surfait ! Non. Ce que Thaom attend de moi, c’est bien plus salaud. Je veux dire, faire un sale coup à Gil, ça a été mon plus grand passe-temps pendant trois ans de ma vie, et même plus. Alors ce n’est pas ce sale coup-là qui va changer quelque chose à mon état d’esprit ! Seulement, je connais bien Gil. C’est un couillon de Cabochard comme il n’est pas permis, un enfoiré de première qui n’a toujours pas compris à quel point la vie peut être odieuse quand l’envie lui prend de mordre un bon coup. Je sais ce que Thaom attend de moi.

Mais est-ce que Gil, lui, comprendra ?


*

Eh bien, non. Gil ne comprend rien du tout. Il tourne les talons, il s’en va. Lâche que tu es, Cabochard. Merde, je crois bien qu’à sa place j’aurais tourné les talons depuis belle lurette ! Je serre les dents. J’ai toujours envie de lui éclater la tronche, un vieux réflexe, mais là, pas spécialement. Il a l’air tellement fragile ! Lui, le gamin increvable ! Le Chaos n’a jamais su la chance qu’il avait de compter un homme tel que lui dans ses rangs. Ce type est le chaos. Il n’y a qu’à le regarder, bon sang ! Qui voudrait vivre sa vie, franchement ?

- SangreLune !

Il y a quelques années, j’ai utilisé ce ton-là, sans appel. Sans émotion. Aujourd’hui, je dois batailler pour ne pas flanquer mon poing dans la tronche de Thaom. Sans blague, elle a l’air aussi paumée que mon Gil, sa gamine…  

- Tu sais ce qu’on dit, non ? Une de perdue, dix de…

Le premier coup effleure ma tempe, le second percute mon abdomen. Foutre ! Même furieux, il est sacrément rapide. Et puis soudain, je vois ses yeux. Ce ne sont pas les siens. Fous, injectés de sang, c’est pas Gil, ça. C’est bien pire. Alors je comprends. Il abandonne vraiment. Merde. Je me protège le temps de reculer, de me placer là où je le veux et puis, allez, c’est parti. Tu l’as cherché, gamin. Tout à l’heure, quand tu seras à terre, je veux que tu le saches, que tu t’en rappelles. C’est de ta faute. La tienne. Et celle de la vie, aussi. Je ne retiens pas mes coups, lui non plus. J’ai quand même plus d’expérience que lui et puis je le connais bien, je sais où se trouvent ses failles, sauf que… il dégaine sa lame, ouvre une coupure sans danger sur mon genou, une autre, plus profonde, sur mon épaule. Sauf que l’homme qui se bat n’est plus un homme.

C’est une bête.

D’un geste fluide, rompu par l’habitude, je tends la main dans mon dos et dégaine Ecarlate. L’acier chante, se teinte de rouge. Le sang éclabousse les dalles. Gil ne s’arrête pas pour autant. Il est pâle comme un linge, sans doute bien amoché même si j’ai pris soin de ne pas toucher de point vital, pourtant rien ne semble pouvoir l’arrêter. Hé, Cabochard. Arrête. Tu entends ? Si tu continues comme ça tu vas…

Oh, le con.


*


HIELSTAN


« Oh, le con ! »

Hièlstan se prit la tête entre les mains. Voir deux hommes se battre est une chose ; en voir un s’empaler volontairement sur la lame de son adversaire en est une autre. Quelle mouche avait bien pu piquer Gil ? Le Rêveur savait qu’il était spécial, mais à ce point… c’était quand même fichtrement dingue, et ça lui flanquait une nausée telle qu’il n’en avait pas connue depuis un sacré bout de temps. Il n’aimait pas la violence, n’avait jamais compris pourquoi l’on se donnait tellement la peine de la nourrir quand il était encore possible de faire le bon choix. Peut-être qu’il n’y connaissait rien. Peut-être aussi qu’il se fourvoyait complètement. Mais quand le père de Makeno laissa la lame du sabre perforer son épaule, Hièlstan en eut la certitude : Giliwyn SangreLune avait fait le pire choix possible. Celui de se perdre…

- Poussez-vous !

Le Rêveur se fraya un chemin parmi la foule de curieux, étonné de se voir le seul en action quand tous les regards étaient rivés sur le triste spectacle. Il déboula dans le patio et cria. A ce moment-là, l’homme aux cheveux poivre et sel, également blessé par la dernière action désespérée de Giliwyn, asséna un violent coup de coude dans le visage de son ennemi, l’envoyant directement à terre. Et il se mit à le rouer de coups de pieds.

- Stop !

D’où lui venait ce courage ? Cette folie ? Hièlstan tremblait intérieurement, persuadé que s’interposer serait sa dernière action. Mais alors, le grand frère de Makeno, Seth, s’interposa à son tour. Libertée aussi. Et le dernier homme attrapa le sabreur par les épaules pour le tirer en arrière. Hièlstan se précipita. Il s’accroupit près de Giliwyn, qui maculait les dalles de sang, et commença à dérouler son rêve.


* * *


Gil ouvrit les yeux et regarda un moment les lattes du plafond. Il était allongé dans un lit, enfermé dans une chambre qu’il savait appartenir à la confrérie. Il se rappelait très bien les paroles de Seren, et la sensation de sa lame à travers son corps… Est-ce qu’il avait volontairement foncé dessus ? Un sourire étira les lèvres de l’envoleur. Oui. Oh, oui…

Il éclata d’un rire hystérique.

Le monde tangua quand il se leva, ça l’amusa encore plus. On dirait que je suis cuité ! Personne dans le couloir ? Bon. Seulement vêtu de son pantalon, il se dirigea vers la chambre de Makeno. Personne non plus quand il entra, où donc était passé Seth ? Gil haussa les épaules. Tant pis. Il comprendrait. Il se pencha sur le lit, passa une main sur le front de Mak, puis glissa un bras dans son dos et le souleva dans ses bras. Une plume. Qui ouvrit de grands yeux brillants de fièvre.

- Papa ?
- Chut.


Son précieux fardeau dans les bras, Gil quitta la chambre. Il se fit aussi discret que possible, se plaqua dans l’ombre d’une alcôve quand il lui fallut se cacher de quelques rêveurs, et parvint à sortir du bâtiment sans encombre. Il ne jeta pas un seul regard au sang qui séchait sur les dalles du patio. Ne se retourna pas pour croiser le regard triste de Hièlstan. Il continua son chemin. A l’extérieur, Chante-Brume l’attendait, sellée, harnachée. Ses armes étaient fixées à sa selle. Qui ? Comment ? Des questions inutiles. Gil posa Makeno sur le dos de la jument. Le petit garçon ne disait rien, il avait seulement compris que sa chance, il devait la tenter avec son père. Sans un mot, Gil se hissa derrière lui et, d’un claquement de langue, il laissa Chante-Brume les entraîner loin de la confrérie.


*


- Eh bien, voilà.
- Ouais.
- Satisfait ?
- Bof.
- C’est vrai qu’il t’a bien refait le portrait…
- Je l’ai laissé faire.
- C’est évident.


Deux maîtres que tout sépare.
Deux hommes que tout rapproche.

Adossés au mur de la confrérie, ils regardent les cavaliers s’éloigner à l’horizon.

- C’était plutôt facile en fait.
- Ouais. Et maintenant ?
- Tu te casses. Je m’occupe de ma protégée.


Soupir.

- Ils ne le sont plus.
- Quoi donc ?
- Nos protégés.
- Je sais…


Seren se décolle du mur. Il plonge les mains dans les poches de son manteau. Dans son dos, Ecarlate dort sagement, coulée dans son fourreau. Elle a eu sa dose de sang pour la journée.

- J’ai payé ma dette. On est quittes. La prochaine fois, ce sera toi et moi, Thaom.
- Toi ou moi, tu veux dire.


Sourire.

- Bon vent, alors…
- Ouais. Toi aussi.


Thaom traversa le patio à pas lents. Il savait ce qui lui restait à faire, maintenant. Expliquer à Libertée qu’elle ne s’appelait pas ainsi pour rien, c’était un bon début, non ? Et puis rassurer Seth Jol, aussi. Lui dire que non, son petit frère n’était pas en danger.

Au contraire.


[Je sais, je sais, la participation de Gil fut courte. Mais on est loin derrière avec ce Rp, déjà. Et puis Gil a réagi comme ça, voilà. Dites-moi si ça vous dérange, surtout ! ]
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Libertée Iuaskallaphun
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MessageSujet: Re: How to save a life [Gil et Lib]   How to save a life [Gil et Lib] Icon_minitimeMer 25 Oct 2017, 00:04

Juste l'espace d'un instant…
Mais quel instant !


- T’as du cran, gamin. C’est exactement ce qui a valu la vie à ta mère !
Libertée voulut repousser Thaom de toutes ses forces… Mais elle n'en avait plus. Son corps était pantelant, son cerveau tournait au ralenti.
Et puis, l'homme continua à parler. A enfoncer le clou - non, là ce n'était même plus un clou mais une pioche entière - dans la poitrine de Gil.


- NOOON ! Elle tendit les bras, se débattit, mais Thaom la ceintura fermement. Elle savait ce qu'il était en train de se passer. Elle savait ce que faisait cet homme - l'ancien maître de Gil. C'était exactement ce que faisait Thaom pour la faire réagir.

Sauf que ça n'allait pas marcher !
La certitude pulsait en elle, dévastatrice, et elle parvint enfin à se dégager de l'emprise du marchombre pour se précipiter sur Gil… Se ramassa en arrière quand Thaom lui saisit le poignet et la tira d'un coup sec. Elle tomba lourdement sur le sol, égratignée, ce qui lui restait d'orgueil en miettes, l'ego explosé.

Elle ne put qu'être l'ingrate spectatrice de l'affrontement qui venait de naître entre Gil et son ancien maitre. Elle voulait aller s'interposer, mais Thaom la tenait trop fermement, elle n'avait plus aucune force. Elle avait l'impression d'être une poupée de son, molle et incapable de bouger. Les blessures fleurissaient partout, la cour était éclaboussée de sang. Libertée tremblait de plus en plus.
Elle vit le coup venir.

Bien plus que Thaom ou même l'autre combattant.

- Gil, non ! le cri lui arracha la gorge et sa voix s'éteignit brusquement quand la lame transperça l'épaule de l'envoleur. Non. Qu'il s'empala dessus.

Thaom la lâcha à ce moment-là, mais elle s'écroula par terre, sur les genoux, inerte.
Incapable de bouger.
Incapable de penser.

♥️ ♥️ ♥️

Choquée, déconnectée, Libertée était assise en face de la fenêtre.
Gil était passé chercher Makeno. Et il avait filé. Sans un regard en arrière.
Sans rien.

Le cerveau engourdi, elle ne pouvait même plus penser à rien.
C'était juste vide.
Immensément vide.
Intensément vide.

Il n'y avait plus rien à récupérer. Plus rien à sauver.


- Lib ?
Elle cligna des paupières mais ne bougea pas. Aucune envie. Aucune raison.
- Il faut que tu te détaches. Que tu avances.
- J'suis bien détachée là. T'as réussi ton coup.

Elle l'entendit pousser un soupir mais ne tourna pas la tête. Son regard suivait le petit point du cheval de Gil, à l'horizon. Elle sentit qu'il vint s'asseoir à côté d'elle, et quand son genou effleura sa jambe, elle bondit en arrière.

- NE ME TOUCHE PAS !
- Lib…
- NON ! TU DEGAGES !
- Non. Non, et tu vas m'écouter maintenant.

Il lui prit le menton avec force pour lui tourner le visage vers lui, mais elle baissa les yeux pour ne pas croiser son regard.

- Depuis que tu le connais, est-ce que tu as été heureuse ? Apaisée ? Sereine ? Plus de quelques heures ? Pour un temps long ? L'amour, Lib, ce n'est pas de s'accrocher à la douleur.
- T'es vraiment bien placé pour m'en parler dis donc.

Il eut un mouvement de recul, blessé par le ton et les mots de la marchombre, et elle redressa les yeux pour voir l'étincelle dans le regard de Thaom.

- J'en suis sorti.
- Ah, parce que c'était un accident ce baiser ? Toute cette mise en scène ? Et le fait que tu bandes aussi ?

Elle le vit virer au rouge écarlate et se redressa brusquement de sa chaise.

- Si tu ne veux pas partir, je m'en vais, moi.
Et elle disparu dans l'entrebaillement de la porte. Elle ne vit pas le sourire victorieux sur les lèvres de Thaom. Ni n'entendit son murmure.

- C'est exactement ça, ma belle lionne…






[ J'ai Lib qui file aussi du coup... Mon dieu. Désolée Seth, ça a pas aidé ce RP, en fait... ]
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