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 Once I called you brother... (PV Gil)

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Syles Agarest
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Syles Agarest


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MessageSujet: Once I called you brother... (PV Gil)   Once I called you brother... (PV Gil) Icon_minitimeLun 11 Sep 2017, 00:29

Since you refuse to free my people...

...All through the empire's lands...

Le marteau frappait le fer de façon régulière, envoyant des étincelles virevolter un peu partout, le morceau de métal se pliait à la demande du forgeron comme s'il comprenait ses intentions.

La courbe, improbablement parfaite, témoignait de la maîtrise de l'art de l'homme qui frappait sans se soucier de la chaleur.

Son compagnon était partit chercher leurs invités, il aurait dût se dépêcher... Mais ce satané Sangrelune pouvait bien attendre un peu pour un tel cadeau...

Dans la jungle, l'homme en question approchait justement, le garçon unijambiste en ''Sac à dos'' pour le soulever, impossible de marcher à une jambe dans cet endroit, même avec deux c'était parfois ardu...

Un tigre s'élança, content d'avoir trouvé cette cible facile et d'un si large repas, toutes dents dehors, silencieux jusqu'à la dernière seconde.

La porte de la forge s'ouvrit, le forgeron termina sa pièce et la coula dans le mélange habituel d'eau et d'alcool, puis déposa le marteau et se dirigea vers la porte en retirant son tablier.

Dil'Duran fut le premier à saluer Syles, à qui il avait confier la forge pendant qu'il récupérait Giliwyn et le gamin. Le jeune homme l’impressionnait toujours autant, quelle idée de forger les yeux bandés... Et quel talent pour y parvenir, se dit-il fièrement.

Puis le garçon, le tablier encore dans les mains, renifla d'une drôle de façon, se dirigea droit vers Giliwyn, qui ne bougeait pas, interdit, n'ayant sûrement pas compris que la personne que Dil'Duran voulait lui montrer était son ancien apprenti enfin retrouvé...

...Et le frappa d'une bonne claque en plein visage qui sembla faire bien plus mal mentalement que physiquement, tellement que l'envoleur n'avait même pas tenter d'arrêter le jeune homme malgré sa capacité à le faire.


Je disparais pendant deux ans et toi pendant ce temps tu ne trouve rien de mieux à faire que de te droguer!? T'as d'la chance que je sois occupé pour ce gosse, sinon j'te défoncerais tout de suite pour t'apprendre, couillon!

Il se retourna et repartit dans la forge pendant que Dil'Duran reniflait... Ouais, se dit-il, lui aussi il avait reconnu l'odeur qui s’échappait de l'homme dût à l'usage de la drogue... Mais il comprenait la réaction de Syles.

Après tout, il avait endurer cette drogue contre son grès pendant deux ans...

Le vieil homme attrapa le garçon et l'assit, puis prit les mesures qu'il lui manquait en silence, Giliwyn n'avait pas bouger, dans l'entrée, la tête toujours un peu à gauche de la claque.


Tu t'attendais quand même pas à ce qu'il le prenne bien...

...Ça fait deux ans qu'il se fait torturer et, quand il revient, la femme qu'il aime est avec un autre et l'homme qu'il considère comme un frère prends la même drogue qu'on as utilisé sur lui pendant ces deux années...

...Je ne te dirais pas comment réagir, mais je dirais simplement ceci, Sangrelune...

...Que tu t'explique avec lui ou non sache ceci :

Le cadeau que nous t'offrons n'as été que terminé par moi, sur les plans.

L'idée et l'intention venait de Syles, et que de Syles, et il l'as eu pour toi.


L'homme donne un morceau à manger au garçon et se dirigea vers la forge... Il était trop vieux pour ces conneries, se dit-il en entrant dans l'endroit et en aidant Syles à mettre les dernières touches, à couper les morceaux à la bonne taille...

...À faire un miracle.


~~~

I send the swarm,
I send the Horde,
Thus saith the lord...

~~~

Le deux hommes entrèrent dans la cuisine en même temps.

Gil se tourna vers eux, une tasse à la main, et Makeno ouvrit grand les yeux en apercevant ce qu'ils déposèrent sur la table.

C'était une jambe.

Une jambe presque entière, toute faite de métal, avec des articulations qui semblaient plus ou moins compliqués... Mais fonctionnelles...

...Et qui était juste la bonne taille pour remplacer ce qui avait été enlevé au garçon.

Garçon qui passa un doigt sur le métal, où il y avait une inscription gravée, qui semblait brûler entre le rouge et l'orange sous l'effet de la lumière.


~~~

I'll be a pestillence, a plague,
Unto your house, unto your beds,
Unto your streams, unto your streets,
Unto your drink, Unto your bread,

Upon your cattle, on your sheep,
Upon your oxen, in your field,
Unto your sleep, inside your dreams,
Until you break until you yield.

I'll be a scourge,
I'll be a swarm,

Upon all Lords.

~~~

La gravure, qui faisait tout le devant du tibia métallique, avait été créer par Syles, qui avait trouvé cela poétique... Même si la plupart auraient dis que comparer un enfant à une plaie n'était pas très gentil.

Le jeune homme retira ses bandages, sur ses yeux, puis regarda le gamin, devant lui, avec un regard plutôt sérieux.

Posa une question simple et unique.


Veux-tu pouvoir marcher, grimper, sauter normalement à nouveau..?

Une simple question.

Une promesse.
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Giliwyn SangreLune
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MessageSujet: Re: Once I called you brother... (PV Gil)   Once I called you brother... (PV Gil) Icon_minitimeLun 11 Sep 2017, 21:55

Gil


- Gil…

L’interpelé avançait à grandes enjambées à travers l’épaisse végétation qui les enveloppait. La sueur perlait à son front, collait à sa chemise sous le tabard de cuir. Il transpirait pour plusieurs raisons : la chaleur humide, ici, était étouffante et ajoutait à l’endroit un point négatif non négligeable – après les hautes herbes cinglantes, mais juste avant les enjôleuses. Hulm était une jungle impitoyable. Ensuite, Gil portait Makeno sur son dos depuis un temps si long qu’il en perdait toute notion ; une heure ou deux depuis leur dernière halte, sans doute. Le garçon n’était pas lourd, pourtant. Il avait tellement maigri que ça fendait le cœur de l’envoleur à chaque fois qu’il posait les yeux sur l’enfant. Si les fièvres s’étaient estompées, probablement grâce aux efforts conjugués des Rêveurs de Chériane, Makeno avait du mal à s’alimenter convenablement, et là où certains verraient un caprice de petit bougre entêté, Gil voyait seulement un gamin qui avait perdu sa maman. Indirectement, c’était encore une raison de son état à lui. Après tout, il avait commencé à se droguer avant la mort de Naïs. A la suite de la disparition de Suviyo, il avait trouvé la force de sauver Libertée – en s’oubliant, une fois de plus. La Bête en avait profité. Terrifié à l’idée qu’elle puisse reprendre le dessus, il s’était mis en quête d’une solution radicale ; l’Anarysine avait retenu son attention. Certes, au tout début, ça avait fonctionné, une piqûre et poof, couchée la sale bête, retour à la normale. En quelques semaines, le produit n’avait plus fait effet. Mais son corps s’était déjà habitué à sa dose quotidienne. Sa greffe était devenue inutile, bloquée par le poison qu’il s’injectait lui-même dans les veines, et il avait dû trouver des aiguilles qui ne sortaient pas de ses poignets pour continuer à se piquer quand même. Un hématome s’était formé sous le bracelet de cuir de son père. Après avoir retrouvé Khamill, il avait eu envie, pour la première fois, de mettre un terme à ce désastre.

Et puis Naïs était morte dans ses bras.

- Gil…
- Ouais.
- J’ai envie de faire pipi…


L’envoleur s’arrêta et leva les yeux vers le feuillage qui formait un toit compact au-dessus de sa tête. On aurait dit qu’il faisait nuit mais il lui semblait qu’à l’extérieur, c’était encore le jour. Ces satanées plantes ne laissaient même pas filtrer la lumière, bon sang ! Comment pouvait-on seulement vivre dans un endroit pareil ? Très simple : il fallait s’appeler Dil’Duran et être un type complètement fou. Etait-il plus fou encore pour croire que ce vieux timbré était son dernier espoir ? Celui de Mak, corrigea Gil en faisant glisser le gamin de son perchoir. Lui, il était fichu depuis longtemps. Il se retourna et aida le petit estropié à baisser son pantalon. Sa jambe droite avait été amputée juste au-dessous du genou, seul moyen de circonscrire la gangrène qui s’y était installée. Un vestige de la Silencieuse, un grain de poussière que le vent n’avait pas suffi à emporter… Chaque fois qu’il y pensait, Gil se sentait coupable. Il l’était ! Coupable d’avoir mis en danger la vie d’un petit garçon, puisque les sbires de son demi-frère s’étaient servis de ses proches pour le faire souffrir davantage ; coupable de n’avoir pas été là au moment de l’opération ; coupable de ne pas lui avoir ramené sa mère… Coupable. Tout simplement. Le moins qu’il pouvait faire, c’était encore d’emmener Makeno voir Dil’Duran. La lettre froissée de ce dernier était toujours dans sa poche, énigmatique puisqu’on ne comprenait qu’un mot sur trois, et pourtant lourde de sens : il pouvait faire quelque chose. Un espoir de fou, sans doute. Gil s’y accrochait fermement. Une fois le gamin tiré d’affaire, il se remettrait en quête de ses anciens élèves. De Syles, surtout, qui ne donnait plus signe de vie depuis assez longtemps pour que ça l’emmerde sincèrement (pour ne pas dire que ça l’inquiétait vraiment).

- C’est bon ?
- Oui.


Gil reboutonna le pantalon dans lequel Makeno semblait nager et passa la main dans les cheveux de ce dernier. Comme s’il était son miroir, le garçon l’imita, plongeant les doigts dans la tignasse emmêlée de l’envoleur. Celui-ci eut un pâle sourire.

- Allez viens, bonhomme. On va…

Un feulement menaçant l’empêcha d’achever sa phrase.


*


Makeno


J’ai mal.

Depuis si longtemps maintenant que j’ai fini par accepter cette douleur, en quelque sorte : elle ne me lance plus comme avant, elle ne me fait plus crier, tout juste serrer les dents parfois, et encore. Je suis devenu ami avec elle. C’est bizarre mais pas si mal, en fait : ça montre que je suis fort ! Maman serait fière de moi. Gil passe son temps à me le dire. C’est l’une des rares choses qu’il a prononcée depuis qu’il m’a enlevé de Chériane. Il n’a jamais été très bavard, cela dit. On dirait un ours. Un ours qui hésiterait sans cesse entre la colère et la tendresse.
Etre Gil, ça doit pas être facile tous les jours.

L’autre monsieur ne parle pas beaucoup non plus. Peut-être parce qu’il est très vieux ? On dirait qu’il a au moins cent ans en le regardant, avec toutes ses rides et ses cheveux blancs. Pourtant, il a renvoyé ce tigre chez lui avec tellement d’aplomb que je ne suis pas tout à fait sûr de moi sur ce coup-là : il a plutôt l’air d’être un gamin enfermé dans un corps de papy. Bizarre aussi quand on y pense. Tous les trois, on doit avoir une drôle d’allure… Mais le gamin-papy qui nous a sauvé la vie en un claquement de doigts semble savoir où il nous emmène. Alors, je m’accroche à Gil, qui s’arrête parfois pour réajuster ma position, et j’essaie d’oublier que j’ai mal. Pas à la jambe.

Dans le cœur.



*

Gil


La porte s’ouvrit, laissant s’échapper un rai de lumière dans lequel Dil’Duran s’arrêta. Gêné par le forgeron, Gil ne vit pas immédiatement qui se tenait dans l’encadrement ; il avait mal au dos. Posant un genou à terre, il laissa Makeno glisser puis fit jouer les muscles douloureux de ses épaules en grimaçant. Le vieil homme offrit son bras à l’enfant pour qu’il puisse tenir debout. Alors, Gil leva les yeux. Impassible et silencieux, il dévisagea Syles. Etrange comme le temps semble parfois se distordre… Il eut le temps de le détailler franchement, de noter son visage émacié, à moitié recouvert par un bandeau de tissu qui lui masquait les yeux, de remarquer son allure changée, marquée, de sentir le souffle de sa colère quand rien n’échappait de sa personne – et de mesurer à quel point deux années pouvaient changer un homme. Il vit même venir le coup, sans doute parce que Syles ne prit pas la peine de faire dans la dentelle. Pourtant, Gil ne bougea pas d’un pouce. Le choc résonna dans sa mâchoire et lui éclata la lèvre. Un peu de sang perla. Ce fut tout. L’envoleur ne réagit pas à cette entrée en matière pour le moins brutale, mais quand le jeune homme éleva la voix d’un ton dur, il tiqua : un muscle tressaillit sous son œil droit. Dil’Duran hocha la tête. Il suivit Syles à l’intérieur de la forge ; installant Makeno près d’un gros poêle qui dégageait une chaleur agréable, il lui fourra un morceau de pain entre les mains et lui ébouriffa les cheveux. Puis il passa la tête sur le perron et constata que Gil n’avait toujours pas fait le moindre geste.

- Tu t'attendais quand même pas à ce qu'il le prenne bien... Ça fait deux ans qu'il se fait torturer et, quand il revient, la femme qu'il aime est avec un autre et l'homme qu'il considère comme un frère prends la même drogue qu'on as utilisé sur lui pendant ces deux années...  

En voyant Gil serrer les poings, Dil’Duran esquissa un léger sourire. Cœur de pierre mon œil !

- Je ne te dirais pas comment réagir, mais je dirais simplement ceci, Sangrelune......Que tu t'explique avec lui ou non sache ceci : Le cadeau que nous t'offrons n'as été que terminé par moi, sur les plans. L'idée et l'intention venait de Syles, et que de Syles, et il l'as eu pour toi.

Gil ne prêta pas grande attention à cette remarque. Il avait bloqué sur l’annonce de la captivité de Syles. Qui avait pu retenir le jeune envoleur, et pourquoi ? On l’avait drogué. Pour connaître le goût et le danger de l’Anarysine, il savait très bien ce que cela signifiait. La Bête frémit, murmura, chuchota, ronronna. Elle aimait cela ! Cette haine qui se déversait à nouveau en elle, qui la nourrissait, la faisait grandir, elle aimait cela ! Beaucoup ! Non, souffla Gil en s’accrochant à l’ultime part d’humanité qui subsistait encore en lui. Ce n’est pas bien. Il faut rester raisonnable. Mais ne pouvait-il pas raisonnablement défoncer le crâne des responsables ? Leur faire bouffer de l’Anarysine pure et les regarder crever dans leur jus ? La Bête feula de joie.

Lui, il trembla de peur.

Et de rage.


*

Makeno


Monsieur gamin-papy, « Dil’Duran », il nous a installé des matelas dans une grande salle vide. Il a dit que c’était une salle d’entraînement pour les paresseux, et un dortoir pour les courageux. A mon avis, il ne sait plus bien ce qu’il dit. Dans la salle d’eau qui est à côté, Gil m’a aidé à me déshabiller. C’est bizarre, parce que comme d’habitude je le fais tout seul, il y a une toute petite part de moi qui est vexée à l’idée d’être incapable de le faire comme un grand. Avec ma jambe, c’est difficile et douloureux. Mais d’un autre côté, je suis content de ne pas y arriver. Parce que, du coup, Gil s’occupe de moi, il est obligé. J’aime bien… Il ne dit rien, il se contente de grogner pour communiquer, je m’y suis habitué. J’essaie de faire pareil que lui mais ça marche moins bien. Il faut que je m’entraîne, je pense.

Me voilà couché sur le matelas. Toujours sans desserrer les dents, Gil tâte mon oreiller pour lui donner du volume et déploie une couverture sur moi. De mon côté, je l’observe à la dérobée. J’essaie de deviner ses pensées. Pas facile, facile… Mmmmh… je crois qu’il se demande si je vais m’endormir vite. Ben non. Je ne peux pas. Je fais de mon mieux chaque soir pourtant, mais c’est un moment où des images viennent se superposer devant mes yeux, des images tristes ou bien qui font peur, et qui me laissent dans un état de panique impossible à gérer tout seul. Avant, quand ça m’arrivait, Maman était là pour me prendre dans ses bras : elle me murmurait des secrets, me soufflait des mots doux, me chantait un petit air qu’elle inventait à chaque fois, et je finissais par me calmer… Maman n’est plus là. Rien qu’à cette pensée cruelle, celle que je repousse à longueur de temps, je sens mes yeux s’embuer.

- Tout va bien.

Voix grave, profonde, un brin éraillée, infiniment rassurante. Gil est assis à côté de moi. Il semble absorbé dans ses pensées, comme d’habitude, mais il a posé sa main sur le tapis dure qui recouvre le sol de la salle ; dessus, je pose la mienne. Contact. Je le sens frémir légèrement mais il ne bouge pas. Apaisé, je me tourne sur le côté, laisse échapper un gémissement quand mon bout de jambe frotte contre le matelas. C’est bandé, et Gil a refait mon pansement (au début il n’osait pas y toucher, il était très pâle, je croyais qu’il allait s’évanouir. Et puis avec le temps, il s’est habitué. Comme moi.) après m’avoir aidé à faire ma toilette, mais ça reste très sensible.

Bien sûr, le sommeil joue à chat. C’est moi le chat, lui la souris, il s’amuse à se dérober à la toute dernière minute, me faisant sursauter quand mes paupières s’alourdissent ; Gil reste silencieux et immobile mais le bruit léger de sa respiration, lente et régulière, vaut tous les discours du monde. Je me sens plonger. Je m’enfonce.

Pour refaire surface dans le noir complet. Presque aussitôt ma poitrine se comprime, je respire mal et je panique : je ne vois plus Gil ! Je ne vois plus rien. Un sanglot reste coincé dans ma gorge, je m’étrangle, m’agite…

Deux bras s’enroulent autour de moi. Gil marmonne quelque chose contre mon oreille, je ne comprends rien mais je m’en fiche.

Il est là.


*


- Veux-tu pouvoir marcher, grimper, sauter normalement à nouveau..?

Je ne réponds pas tout de suite : bouche bée, je la regarde. La jambe. Elle est en métal, elle est belle… et elle est pour moi ? Soudain indécis, je tourne la tête vers Gil. Sa tasse à la main, il hausse les épaules, mais je vois bien dans ses yeux qu’il est impressionné. Et autre chose. En tout cas, ses yeux brillent beaucoup. Le regard de l’homme qui attend ma réponse est étrange. Je croyais qu’il était aveugle mais c’est pas un regard d’aveugle, c’est le regard d’un aigle : doré, perçant, prédateur. Mais il n’est pas méchant. Il a fait ça pour moi !

- O-oui !

J’ai trébuché dans ma réponse mais je suis déterminé ! Oui, je veux pouvoir marcher ! Grimper aux arbres, sauter dans les flaques, courir après les écureuils et m’habiller tout seul ! OUI !!! Dans un éclat de rire, Dil’Duran m’attrape avec une vigueur qui me surprend et m’assoit sur la table. J’ai le cœur qui bat à toute allure, j’ai un peu la tête qui tourne.

Je vais avoir une jambe…



*


Gil


Mak passa la matinée à tester sa nouvelle jambe. Ce fut plus compliqué que prévu. D’abord, il fallait que le gosse se fasse à la prothèse, or ça ne pouvait pas se faire sans douleur. Ensuite, il avait perdu en muscle et en équilibre ; retrouver des sensations pourtant innées lui demandait donc des efforts considérables qu’il déploya vaillamment jusqu’à ce que Dil’Duran annonce une pause. Epuisé, Makeno s’endormit sans même avaler son déjeuner. Gil resta près de lui jusqu’à être sûr qu’il ne risquait pas de s’éveiller en proie à un cauchemar, puis il quitta la salle sur la pointe des pieds. Il traversa la forge, passa devant un Dil’Duran qui le suivit du regard, un rien surpris par la détermination qui caractérisait la démarche ample et franche de l’envoleur, trouva Syles… et lui asséna un coup de poing en pleine tronche.

- Putain, ça fait du bien, lâcha-t-il en secouant sa main.

Et il ferma les yeux en attendant le coup qui ne manqua pas de suivre. Quand Dil’Duran pointa le museau hors de sa forge, ce fut pour trouver deux pauvres types couverts de sang et en train de se taper dessus. Il les regarda faire un instant, pas choqué pour un sou ni même alarmé, puis rentra, s’affaira, et sortit quelques instants plus tard, un plateau sur les bras. Sur le plateau, il y avait deux serviettes, un bol d’eau, de l’onguent et surtout, surtout ! de l’alcool. Le brave homme s’en enfila une rasade, assis sur les marches, et étendit ses jambes pour profiter du spectacle. C’était beau. Barbare et sanglant, mais beau. Il y avait, entre ces deux-là, une alchimie unique en son genre, une cohésion qui se passait de mots et qui trouvait toute son essence dans le geste – et la violence. Cela dit, ils ne visaient pas les points vitaux ni ne faisaient de dégâts irrémédiables. Le môme profitait de ses sens surdéveloppés pour en faire voir de toutes les couleurs à son ancien mentor. SangreLune, de son côté, bénéficiait de son expérience et de sa sauvagerie. Pas un pour rattraper l’autre…

Satisfait, Dil’Duran s’offrit une gorgée supplémentaire.


*


Gil ne voyait plus très bien. Sa mâchoire était douloureuse, comme à peu près chaque centimètre carré de son corps ; il saignait du nez et de l’arcade sourcilière, avait les jointures en compote et le souffle court. Epuisé, il se traîna jusqu’aux marches et se laissa lourdement tomber sur le dos, en appui sur les coudes. La tête en arrière, il ferma les yeux. Dil’Duran en profita pour poser une serviette mouillée sur son visage.

- Et après ça va me saloper tout mon parquet…
- C’est lui qui a commencé,
soupira Gil en faisant glisser la serviette sur son front.

Il tourna la tête et dévisagea Syles un moment.

- Je maintiens que tu es un sale gosse, dit-il finalement, mais je dois reconnaître qu’en deux ans, t’as pas mal changé. Et progressé.
- Je sors le violon ?
- Sans façon…
- Roh. J’en joue très bien en plus. Enfin, ça vaut pas l’harmonica. Attendez, je vais vous trouver ça, bougez pas les p’tiots.

Dil’Duran se redressa et s’éclipsa, non sans avoir laissé volontairement le plateau sur les marches. Il savait très bien où était son harmonica mais il allait prendre son temps. Dehors, deux frères avaient besoin de se retrouver…

Gil s’assit en grimaçant et attrapa la bouteille d’alcool. Ça lui déchira les entrailles mais après une bonne rasade de ce truc, il voyait mieux et se sentait moins sonné.

- Bon alors, raconte, demanda-t-il à Syles en lui tendant la bouteille. Dis-moi ce qui s’est passé.

C’était pas la meilleure chose à faire, étant donné que la Bête ronronnait dans son ventre, affamée. Mais il devait savoir. Après tout, ce sale gosse, c’était pas n’importe qui…
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Syles Agarest
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MessageSujet: Re: Once I called you brother... (PV Gil)   Once I called you brother... (PV Gil) Icon_minitimeMar 12 Sep 2017, 18:49

Beware, beware, be skeptical,
The smiles, the smiles, they're painted gold,
Deceit so natural...

...But a sheep in wolf's clothing is more then a warning...

Bah bah, black sheep,
Have you any soul?
No sir, by the way,
What the hell are morals?

Mak be nimble,
Mak be quick,
Jill's a little whore,
And her allibis are dirty tricks...

La procédure pour attacher la jambe fut douloureuse.

Forcément, il fallait installer le tout pour que ça ne tombe pas de là même quand il courrait... Ou se battait...

Pour le coup, Makeno agit en vrai adulte... Ou plutôt en vrai Sangrelune.

Il mordit le bout de cuir qu'on lui avait fourni, grogna comme un ours et ne dit rien malgré les jurons qui lui sortait des yeux.

Et cela devait prendre un effort de fou, se dit le forgeron en resserrant une des sangles, parce qu'ils n'y allaient pas de main morte, ne le pouvaient pas sans risquer que le tout tombe.

De toute façon le premier pas ferait bien plus mal.

Gil, lui, était toujours silencieux. Il tenait Makeno de façon efficace de façon que celui-ci n'aurait pas pus se débattre même s'il avait tenté, tout en étant doux... Il était un père, se dit Syles... Pas un très bon exemple, avec son poison dans le sang, mais un père.

Quand tout est terminé, enfin, Syles hocha la tête à Gil pour signifier de lâcher, puis retira le bout de cuir de la bouche du gamin, qui semblait souffrir, mais être impatient de tester le tout.

Tellement impatient qu'il se jeta par terre, sautant de la table, pour tenter de marcher.

Et se serait bouffer le parquet si Syles ne l'avait pas rattrapé avant même qu'il ne cris de douleur.

L'envoleur le reposa sur la table et lui ébouriffé les cheveux un instant avant de lui tendre la main, ne se rendant même pas compte que ce geste était le même que Gil avait tendance à lui faire, à l'époque...


Du calme, petit, si tu te précipite tu ne feras que tomber, commence par t'habituer à la douleur que le simple fait d'avoir cette jambe te cause...

...Moi c'est Syles, Syles Agarest. Ancien apprenti de ce vieil ours mal léché que tu appelle ton père, et toi..?


Simple présentations... Ce gamin avait appris à se taire, mais maintenant, il devait apprendre à parler.

Alors, Makeno, est-ce que ça fait plus mal à un endroit qu'à un autre? Te-sens-tu inconfortable?

Dil'Duran et Syles passèrent une bonne vingtaine de minute à faire des ajustements selon les commentaires de Makeno, jusqu'à ce que celui-ci les informes que tout était parfait...

...Et que la douleur n'était pas seulement égale, mais commençait à disparaître.


Bien... Alors il est temps de l'essayer et de réapprendre à marcher, c'est moi qui t'enseigneras tout ça, j'ai eu une réhabilitation, moi aussi, récemment...

Syles aperçu les poings de Gil dont les jointures blanchissaient... Ah donc il se doutait d'un truc..? Bah de toute il pouvait aller se faire voir, se dit-il, la dernière chose dont ses tentatives de vengeances avaient besoins était d'un imbécile drogué.

Aware, Aware,
You stalk your prey,
With criminal mentality,
You sink your teeth into the people I depend on,
Infecting everyone, you're quite the problem...

...Fee, fi, fo, fum, better run and hide,
I smell the blood of a petty little coward...

...Mak be lethal,
Mak be slick!
Jill will leave you lonely,
Dying in a filthy ditch...

Syles entra dans la maison de nouveau en portant le gamin, il avait insisté pour continuer l'entraînement jusqu'à ce qu'il ne tienne plus debout, mais ça donnait ses fruits.

Le garçon avait comprit comment fonctionnait l'articulation de la cheville, dont il pouvait changer l'angle grâce à une commande circulaire cachée dans la partie supérieure de la prothèse... Et donc au niveau de la cuisse puisque le métal allait jusque là, afin de protéger les courroies qui tenaient le tout vaillamment en place.

De toute façon, il avait appris à ne se servir de la commande qu'en dernier recours, et sinon de garder le pied à 90 degrés, même quand il courrait.

Il ne boitait plus vraiment, enfin, sauf quand il était fatigué, et avait vite compris que son meilleur atout dans une bataille était ce nouveau membre, se dit l'envoleur en déposant le garçon sur son lit de fortune, un matelas au sol avec une couverture que le jeune homme remonta sur les épaules du garçon.

Il avait ronchonner pour rentré, quand Dil'Duran avait dit ''Pause!'', mais avait obéit. Le charisme du forgeron frappait à nouveau, se dit le frontalier en souriant malgré lui.

Puis il quitta la pièce au moment même où Gil y entrait pour vérifier que Makeno dormait.

Leurs regards se croisèrent un instant.

Avec une vague d'incompréhension, de haine, de déception qui se propagea jusqu'au regard dépareillé...

...Et le jeune homme passa la porte sans un mot.

Ne dit rien non plus en se remettant au travail.

Ne dit rien jusqu'à se prendre un poing...

... Puis l'idiot qui l'avait frappé se fit happé dans le ventre et carrément transporté par un frontalier dont la rage augmentait la force jusqu'à des proportions Thüls et ce, jusqu'à ce qu'ils soient dehors... Où l'envoleur aîné se prit un arbre dans le dos et une douzaine - ou deux douzaines, grande solde de printemps tout doit partir - de coups par la tronche et le ventre avant d'enfin esquiver pour mieux répliqué.

Et la danse commença.

L'un se fiait à ses sens aiguisés par la vie,
l'autre à ceux aiguisés par deux ans de torture...

...Et par un entraînement intense avec la nana la plus délurée de l'empire.


Maybe you'll change,
Abandon all your wicked ways,
Make amends and start anew again.

Maybe you'll see,
All the wrongs you did to me,
And start all over, start all over again...

Ce qui c'est passé...

Une question si simple et si compliquée.


Sais-tu ce que ton gamin m'as demandé, en sortant tout à l'heure..?

''Dit Syles, c'est qui, qui t'as fait mal?''

Sans que je ne dise quoi que ce soit, sans même y regarder à deux fois...

Je crois que ce gamin est plus perceptif que toi...


Le jeune homme soupira, il connaissait son maître, celui-ci serait une tombe tant qu'il n'aurait pas sa réponse... Il était écoute.

La dernière fois qu'on s'est vus, à la citadelle, tu te souviens..?

Et bien le soir même, quand je dormais, j'ai été attaqué, me suis retrouvé enfermé dans un cercueil de bois et assommé. Je me suis réveillé dans une cellule de pierre, attaché et...


Who am I kidding?
Now, let's not get overzealous here,
You've always been a huge piece of shit!

If I could kill you, I would,
But it's frowned upon in the whole empire,
Having said that...

BURN IN HELL

L'histoire avait été longue, mais courte.

Longue pour un simple ''Hep mon pote quoi de neuf?''

Courte pour un résumé de deux ans de tortures inhumaines.

Syles soupira la fin de son récit, attendu la réaction de son maître, qui frissonnait, visiblement il était temps pour sa dose, mais rien n'aurait put le préparer à cet étrange câlin.

L'aîné tenta de dire un truc.

Se retrouva avec des herbes dans la gueule et une main l'empêchant de recracher, une autre le forçant à mâcher.

Il se débattit un instant...

...Puis après environ une minute de bataillage ferme, ouvrit grand les yeux et observa ses mains, où les tremblements avaient arrêtés, puis son ex apprenti, qui retira ses mains et lui lança une bourse contenant le même mélange d'herbes.


Tu remerciera Dil'Duran, c'est lui qui as trouvé ce mélange d'herbes, la plupart ne poussent qu'ici, dans cette jungle...

Elles vont calmer ton état de manque sans avoir les autres... Effets... De ta saloperie.

Commence par en mâcher deux grosses pincés et réduit à tout les jours un peu...

...Dans quelques semaines tu n'en auras plus besoin...

...Après tout, ça as marcher pour moi...


Show me how you justify,
Telling all your lies like second nature,
Listen, mark my words, one day...

...You will pay, you will pay,

Syles' gonna come collect his debt..!

Ils dormirent tous sans vraiment rien dire de grand, puis le soleil pointa son nez.

Syles et Dil'Duran étaient déjà debout depuis une bonne heure, voir deux, quand Gil entra dans la cuisine pour apercevoir la scène pittoresque des deux hommes étudiants des plans comme s'il s'agissaient des journaux du jour.

Le jeune frontalier poussa une carafe de thé et une tasse à son ancien maître sans même le consulter, pendant que Dil'Duran, lui, faisait de même avec de la bière...

Et ils restèrent là, à manger leur petit déjeuner tranquille, jusqu'à ce que Makeno entre dans la pièce en se frottant un oeil d'une main pour tenter de se réveillé...

...Aperçu le regard de son père qui semblait plus qu'émut de le voir marcher...

...Cria de joie, couru pour sauter dans les bras de Gil, trébucha dans sa hâte, se retrouva nez premier dans les bras du cabochard.

Et les quatre personnes présentes éclatèrent de rire en même temps.

Quand Gil leva le regard vers son ex apprenti, celui-ci se contenta de hocher la tête... Il connaissait déjà la question.

Et il comptait bien incorporer Gil à l'entraînement de Makeno d'une façon ou d'une autre, le garçon était fort, certes, mais il avait tendances à oublier la douleur... Jusqu'à ce qu'elle le fasse tomber de fatigue.

Et qui de mieux qu'un père pour le gronder?

Qui de mieux qu'une gros ours mal léché pour grogner?


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Giliwyn SangreLune
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MessageSujet: Re: Once I called you brother... (PV Gil)   Once I called you brother... (PV Gil) Icon_minitimeSam 30 Sep 2017, 11:10

[Tu dis si quelque chose t'ennuie ! Razz]



Gil resta silencieux pendant que Syles lui racontait deux années d’horreur. Il ne disait rien parce que, tout en l’écoutant, il observait attentivement le jeune homme. Relater deux ans de torture était impossible, à moins d’avoir le temps, l’envie, le courage… mais ce que Syles taisait, Gil le devinait à son langage corporel. Il appris beaucoup du timbre de sa voix, parfois plus grave, plus sourd ; de sa façon de se tenir aussi, tantôt raide, tantôt très légèrement replié sur lui-même ; le tissu qui cachait ses yeux n’empêchait pas Gil de connaître la dureté de son regard. Et puis il y avait le choix de ses mots. De tous ces éléments, l’envoleur retint une colère un peu émoussée par leur rixe récente, ainsi qu’une profonde déception. Tu m’en veux, réalisa Gil en laissant finalement son regard errer dans les ombres de la nuit. Tu m’en veux parce que je ne suis pas venu te chercher. Il avait raison, bien sûr… mais comment Gil aurait-il pu savoir ? Serait-il seulement parvenu à le retrouver ? La réponse tomba comme un couperet glacé sur sa gorge : oui. Putain, oui ! Encore aurait-il fallu commencer par chercher… Là, un spectateur neutre qui observerait la scène de loin (comme un Dil’Duran, par exemple) soulignerait très justement que Gil avait eu fort à faire de son côté. Qu’il avait lui-même eu besoin d’aide et que, dans le silence de Syles, il n’avait rien lu d’alarmant. Qu’enfin, il s’était mis à sa recherche, sans pour autant savoir comment faire exactement.

Mais Giliwyn SangreLune ne se pardonnait jamais ses erreurs, et c’était là tout le drame de son existence. Alors il baissa la tête. Ancien apprenti ou non, Syles était son ami. Son frère, d’une certaine façon ; un frère qu’il avait abandonné à son sort et qui s’en était sorti sans lui. Le cœur lourd, il se demanda pour la millième fois pourquoi des gens s’obstinaient à se lier d’affection avec lui. En valait-il la peine ? Franchement ? Même moi je m’éviterais si je le pouvais… L’envie soudaine de partir le transperça comme une lame chauffée à blanc. Il se vit attraper Makeno et l’emmener loin d’ici. Hors de l’empire, bien au-delà du royaume Raï, droit vers l’inconnu, le danger… la solitude. Esquissa-t-il un geste ? Amorça-t-il cette idée ? Tout ce qu’il sut, c’est qu’à l’instant où il frémit, prêt à prendre une décision hors du commun, les bras de Syles l’entourèrent. Gil était assez difficile à surprendre, mais là, ce fut un sacré record : il se figea, les yeux ronds, le souffle court. Son idiot d’ancien élève en profita pour lui asséner le coup fatal. Sans crier gare et usant de ce court-circuit momentané, il lui enfonça quelque chose dans le gosier. Qu’on soit bien clair : dans tout autre circonstance, Gil aurait eu le dessus. Là, il était épuisé physiquement et mentalement, affaibli par le doute, rongé par la culpabilité, déboussolé par la drogue et enfin, pris de court par un câlin-qui-n’en-était-pas-un. Forcément, Syles parvint à ses fins ! Il lui fit avaler ce truc ignoble. Ce ne fut pas simple, parce que Gil ne se gêna pas pour se débattre. Il s’étouffa pratiquement avec les herbes infâmes.

- En… foi…ré, grogna-t-il en toussant et crachant ce qu’il n’avait pas pu avaler.
- Tu remercieras Dil’Duran, c’est lui qui a trouvé ce mélange d’herbes…

Compte là-dessus, songea Gil en jetant un regard noir en direction de la forge.

- Elles vont calmer ton état de manque sans avoir les autres… Effets… de ta saloperie.

Le regard furieux de Gil revint se poser sur Syles.

- Commence par en mâcher deux grosses pincées et réduit à tous les jours un peu… Dans quelques semaines, tu n’en auras plus besoin. Après tout, ça a marché pour moi…

Pas pareil, mon vieux... Syles n’avait pas choisi d’être drogué alors que Gil, lui, avait délibérément introduit l’Anarysine dans son organisme. Il en avait besoin. Un autre soir, il se serait appliqué à faire saisir cette énorme nuance au gamin. Un autre soir. Pas celui-là. Considérant qu’il lui en devait une belle, Gil se contenta de hocher la tête.

- Merci, abruti…

Enfin, je crois…


*


Quand il fit irruption dans la cuisine nimbée de soleil, Gil était de mauvaise humeur. Il n’avait pas l’impression d’avoir récupéré pour un sou, avait de méchantes crampes et par-dessus le marché un arrière-goût désagréable d’herbes dans la gorge. En découvrant Syles et Dil’Duran, il s’arrêta sur le seuil. Il aurait voulu profiter d’un peu de tranquillité. En réponse à son soupir ennuyé, le jeune envoleur poussa une carafe qui embaumait l’air d’une bonne odeur de thé tandis que le vieux forgeron, lui, poussait un broc de bière fraîche. Gil leva les yeux au ciel et opta pour le thé. Il ignora le petit sourire amusé de Dil’Duran, attrapa la carafe et se remplit un bol qu’il porta à ses lèvres. Brûlante, la boisson lui tira une grimace en passant sur sa langue puis dans sa gorge irritée, mais elle fit son effet et il se sentit mieux presque aussitôt. Appuyé contre l’évier, il regarda les deux autres, en train d’examiner des cartes auxquelles il ne comprenait strictement rien – et n’avait strictement rien envie de comprendre. Du reste, on lui fichait la paix, que demander de plus ?

Makeno déboula à son tour dans la pièce, les yeux gonflés de sommeil. Il boitillait mais il marchait tout seul, et ça, c’était mieux encore qu’une bonne lampée de thé pour Gil : son regard vairon s’illumina comme par enchantement. Il posa son bol et réceptionna juste à temps un petit garçon fou de joie lui aussi. Dans son dos, les rires de Syles et de Dil’Duran résonnèrent. Il y joignit le sien. C’était rare de l’entendre rire, à tel point que Makeno s’interrompit soudain pour le regarder avec de grands yeux surpris. Gil sentit son cœur se serrer devant cette expression unique et indescriptible. Il réalisa soudain que tout ce dont Mak avait besoin, c’était de rire, de s’amuser, de replonger dans cette insouciance qu’il n’aurait jamais, jamais dû quitter. Emu, il lui ébouriffa les cheveux avec une tendre brusquerie, puis il leva la tête en direction de Syles. Celui-ci ne pouvait pas le voir, pourtant il hocha imperceptiblement la tête. Et aussi incroyable que cela puisse paraître, Gil sut qu’ils s’étaient compris.

Une fois de plus.


*


L’entraînement de Makeno débuta ainsi, dans la douceur du soleil à travers les larges feuilles de la jungle, la saveur du thé brûlant et le contrepoint de la fraîcheur d’une bonne bière. Dil’Duran était le maître des opérations mais il s’effaçait presque complètement derrière un Syles qui semblait s’être pris d’affection pour le petit garçon. En tout cas, ce dernier le lui rendait bien. Il avait trouvé un grand frère d’adoption. Gil, un peu en retrait, les observait d’un regard tranquille. Il savait qu’il avait bien fait de venir. Il ne regrettait rien, si ce n’est l’absence de Seth ; ce gosse en avait bavé lui aussi, et même si ce n’était pas le sien Gil se sentait coupable de l’avoir laissé chez les Rêveurs.

- Et si tu arrêtais un peu de te morfondre ?

Assis sur une grosse souche, un pichet de bière à portée de gosier, Dil’Duran travaillait sur un mécanisme assez proche de celui que portait Makeno à la jambe. S’il attendait une réponse, Gil ne lui offrit rien d’autre qu’un silence. Alors le forgeron poursuivi sur le même ton :

- Tu l’as bien formé, ce môme. Sans toi, il n’aurait pas survécu là-bas.
- C’est sensé me remonter le moral ?
- J’sais pas.


Gil se renfrogna. Il en avait marre qu’on lui cherche des excuses.

- En fait, c’est maintenant que ton rôle est important.
- Sans blague…
- Venant de toi, tout est une vaste blague ! Mais ce n’est pas la question : la question, c’est de savoir si tu vas le remettre debout.
- Qui ça ??
- Syles. Ou Mak, à toi de voir, ils ont en besoin tous les deux, mais quand c’est métaphorique pour l’un c’est concret pour l’autre.
- Ce que tu dis n’as absolument aucun sens.
- En effet !


Dil’Duran jugea que c’était l’occasion de s’enfiler une bonne rasade de bière. Gil, lui, se contenta de soupirer.

- Enfin bref, si tu veux mon avis…
- Par pitié, non.
- … tu devrais me laisser le p’tit loup quelques semaines. Le temps pour toi de te refaire une santé et de remettre de l’ordre dans tes idées.
- J’abandonnerai plus jamais Mak,
gronda Gil en serrant les poings.
- Il a l’air malheureux, là ?

Gil leva la tête juste à temps pour voir Makeno bondit sur le dos de Syles et ce dernier feindre d’être renversé par ce coup en traître. Le gamin éclata de rire, très fier de lui, tandis qu’une partie de chatouille était lancée.

- Tu prendras soin de lui ?
- Pour qui tu me prends, SangreLune ?
- Un forgeron timbré qui boit autant qu’il cause ?
- Haha ! T’en fais pas. C’est toujours mieux qu’un crevard d’ours mal léché complètement paumé et drogué.


Cette fois, Gil hocha la tête. Ouais, sans doute. Pris d’une impulsion, il se leva et rejoignit les deux gamins qui luttaient. Très patiemment, il montra à Makeno comment trouver le point faible de Syles, en matière de chatouilles, et ne se priva pas de réitérer la démonstration.

Plus tard, alors que Mak regardait Dil’Duran travailler dans sa forge, Gil interrompit ses exercices de musculation pour se prendre – une fois n’est pas coutume – une bière à l’ombre des arbres de la jungle. Drôle d’endroit, concéda-t-il en sirotant sa boisson, mais il fallait reconnaître que c’était étrangement paisible, si l’on aimait entendre tous ces bruits d’oiseaux, de félins et d’autres créatures qu’il ne connaissait sans doute pas. Percevant un bruit de pas, il tourna la tête pour voir arriver Syles. Il avait du mal à se faire à son bandeau sur les yeux. Il avait beau savoir que le gamin voyait parfaitement bien, ça le mettait étrangement mal à l’aise. Parce que ça lui rappelait Naïs ? Parce qu’il se sentait fautif ? Parce que ça prouvait toute l’évolution de Syles ? Tout ça à la fois. Il s’étira longuement et tendit sa bière au jeune homme.

- T’es plutôt doué avec les gosses, lâcha-t-il, vaguement amusé. Tu m’avais caché ce talent…

C’était tout à son honneur, et Gil ne pouvait pas s’empêcher d’en être fier. Il laissa filer quelques secondes avant de se lancer.

Enfin.

- J’aurais dû te chercher. Merde, Syles… j’aurais dû aller te récupérer dans ce trou à rats. Si j’avais su… si seulement j’avais…

Frustré de ne pas trouver ses mots, Gil soupira.

- Suviyo est morte.

Premier coup de poignard. Est-ce que Syles avait eu aussi mal en racontant son histoire ? Sans doute, oui. Gil ne pouvait pas faire moins que lui. Alors, tout doucement, la voix parfois tremblante, il subit un à un tous les autres coups qui s’enfoncèrent en lui. Il raconta ses deux années à lui. A la fin, il se sentit vidé comme après une bonne rixe, mais curieusement plus détendu.

Seules ses mains tremblantes trahissaient le manque.
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