" Là où il y a une femme, il y a de la magie" - Las', une mamie rock'n'roll

Cela doit bien faire une petite trentaine d’année que le père de Las’, Eldar Sil’Everyn, dernier représentant (à l’époque) d’une riche famille de la capitale de l’Empire, est décédé. Quant à sa mère, Cassandra Nour, ne fut que l’une des nombreuses maîtresses de son paternel – eh oui, l’homme s’était taillé une réputation de coureur de jupon invétéré, au sein des hautes sphères de la société.

Lasmin ne conserve que peu de souvenirs de sa mère, puisque celle-ci est morte dans de sombres circonstances quand elle n’avait pas encore un an. Elle a toujours soupçonné qu’elle avait été lâchement assassinée pour ne rien révéler des histoires sordides de la famille Sil’Everyn. Tout ce qu’elle sait de sa mère, aujourd’hui, c’est qu’elle était originaire de l’île des Femmes, ce qui pouvait expliquer la couleur autrefois rose soutenue de ses cheveux.  

Pour son plus grand bonheur d’Eldar, son épouse légitime, une certaine Caith Hil’Jill, lui donna trois solides gaillards : Gregor, Evann et Dastan. Pour le peu qu’elle en sait, chacun d’entre eux a hérité, à la mort de leur père, d’une fortune colossale. Mais pas seulement ! Si elle n’a jamais voulu s’en mêler, elle sait pertinemment qu’ils trempent dans les affaires les plus sombres de tout Gwendalavir. Elle ne les revoit qu’occasionnellement, et chacune de leur retrouvaille se finit toujours par des prises de bec, pour le moins impressionnantes.

Du reste, Las’ n’a, à ce jour, aucune autre famille. Elle avait une fille, exceptionnellement vive d’esprit et douée, aussi belle et forte que le jour, mais elle fut capturée, torturée et tuée pour sa nature de métamorphe. Las’ l’avait eu suite à une relation qu’elle avait entretenu avec un pirate Aline qui avait pour seul horizon le bleu infini du Grand Océan du Sud. Elle a tenté, une fois, de le retrouver, en apprenant la formidable capacité de sa fille. Mais elle n’y parvint jamais. Aujourd’hui, cela n’a plus vraiment d’importance. Las’ a également quelques neveux et nièces, mais qu’elle ne connaît pas vraiment. Enfin, qui savait seulement quelles étranges découvertes elle allait bien pouvoir faire concernant ses trois tordus de frères ?  

La première chose que l’on remarque chez Las’, c’est sa joie de vivre étonnante qui tranche largement avec la plupart de ses collègues mercenaires. Curieusement, alors qu’elle a voué sa vie à la destruction de l’empire de Gwendalavir, cette drôle de dame est sans doute l’une des personnes les plus positives de tout le continent. Malgré les nombreuses épreuves qu’elle a traversé tout au long de sa vie, jamais elle ne se laisse abattre. Jamais elle ne baisse les bras. On dirait presqu’elle se joue des obstacles que la vie met sur son chemin, sans se départir de son sourire. D’ailleurs, c’est même à se demander parfois où elle peut bien trouver autant d’énergie, surtout à son âge.

Lasmin Sil’Everyn est du genre très terre à terre. Du haut de ses soixante-cinq ans révolus, elle vit profondément ancrée dans le présent et ne semble pas s’encombrer le moins du monde des fantômes du passé. Et plus encore, elle continue de faire des plans, d’imaginer son avenir comme pour faire un pied de nez à cette vie qui file si vite. Oh, elle sait bien qu’elle est désormais une vieille dame, mais cela ne l’empêche pas de vivre comme elle l’a toujours fait. Pleinement. Entièrement. Complètement. Véritable petite étincelle, elle illumine bien souvent la vie de ceux qu’elle côtoie.

Rusée comme un renard et fine observatrice, le poids des années n’a en rien altéré les capacités de la Mentaï. Sans en donner vraiment l’air, Las’ analyse tout ce que se trouve autour d’elle en permanence. De fait, elle a toujours une longueur d’avance sur tout le monde – aussi bien sur ses adversaires que sur ses amis. D’ailleurs, il vaut certainement mieux la compter parmi ses alliés que parmi ses ennemis. La férocité dont Lasmin est capable contraste de manière presque effrayante avec sa nature joyeuse et pétillante.

Sa réputation n’est depuis longtemps plus à faire : exigeante dans sa vie personnelle comme dans son travail, Las’ ne supporte pas la médiocrité et se donne toujours à fond dans ce qu’elle entreprend.  Après tout, c’est ainsi qu’elle a été éduquée. Difficile, donc, de se refaire à son âge. C’est cette pugnacité étonnante qui lui a permis autrefois de se hisser au terme d’une formation longue et éprouvante. Qui lui permet aujourd’hui d’être immensément respectée au sein du Domaine. Et cela malgré ses idées qui contrastent nettement avec la raison d’être qui avait forgé le Domaine dans la pierre et le sang. C’est un peu un électron libre mais sa force, son indépendance, sa vivacité d’esprit suscitent tant d’admiration chez ses cadets que ses supérieurs préfèrent ne rien dire.

Las’ est quelqu’un qui connaît très bien ses limites – forcément, après soixante-cinq ans à les côtoyer, cela aide – et qui ne foncera jamais tête baissée juste pour le goût du risque. Elle est très mesurée et sa patience n’a d’égale que son grand âge – vertu qu’elle a justement apprise avec le temps. Du coup, elle tend à considérer que tout vient à point à qui sait attendre. Bon, ceci-dit, cela ne l’empêche pas d’être encore largement capable de foutre une bonne trempe à tous ces petits jeunes arrogants fraîchement débarqués au Domaine – non mais, elle était déjà une Mentaï accomplie qu’ils n’étaient pas encore sortis des jupes de leur mère !

Enfin, Lasmin Sil’Everyn se distingue par une répartie peu commune et un humour mordant. Il est souvent agréable de discuter avec elle au coin du feu puisqu’elle apprécie volontiers de débattre sur à peu près tous les sujets.

En observant Las’, l’on devine qu’elle a été une belle femme. Que c’est encore une belle femme ! Plutôt grande et élancée, elle atteint facilement le mètre soixante-dix. Le corps délié et tout en muscles, résultat de longues années d’un entraînement rigoureux, malgré ses soixante-cinq ans la Mentaï attire encore les regards. La courbe de ses hanches et le léger affaissement de ses seins témoignent de la beauté de la vie. De même les quelques vergetures qui demeurent discrètement imprimées sur la peau de son ventre sont autant de souvenirs de sa fille – pour ne pas dire les seuls, désormais.

Lasmin dégage une prestance rare. Sans doute est-ce dû à son port altier, ou bien à son élégance toute en simplicité. Non, c’est plutôt sa manière de se déplacer toute en fluidité. Sa grâce féline contraste délicatement avec l’impression de force tranquille qui émane littéralement d’elle.

Ce qui attire par-dessus tout le regard chez Las’, c’est sa superbe chevelure d’argent aux reflets d’un rose pâle étonnant. Autrefois, elle arborait fièrement sa crinière d’un rose soutenu, héritage d’une mère originaire de l’île des Femmes. Généralement, la Mentaï préfère les laisser librement flotter dans son dos et s’amuse volontiers des regards curieux qui s’attardent alors sur elle. Cependant, il lui arrive parfois de les remonter en une queue de cheval haute ou une tresse afin qu’ils ne la gênent pas dans ses mouvements.

Ses traits fins et ses pommettes hautes sont rehaussés d’un regard gris profond. Le pourtour de ses iris est teinté de mordoré, ce qui a tendance à surprendre au premier abord. Bien qu’elle arbore un air constamment rieur, le regard de Lasmin reste impénétrable. L’on ne peut jamais vraiment savoir ce qu’elle pense réellement. Entre l’éclat vif qui brille dans son regard et son sourire mutin, la Mentaï apparaît littéralement comme une personne rayonnante et a tendance à s’attirer naturellement le respect de ses pairs autant que de parfaits inconnus.

Côté vestimentaire, le maître-mot de Lasmin est la sobriété. En effet, elle ne s’encombre que du stricte nécessaire et considère qu’elle a largement passé l’âge de s’embêter avec de vaines fioritures. De manière générale, elle apprécie les couleurs neutres mais elle s’autorise régulièrement des petites touches de couleur qui rappellent ses cheveux ou bien le mordoré qui pétille dans ses yeux.

Lasmin possède deux petites lames jumelles incurvées, qui lui viennent des Alines. Surnommées Epine et Aiguille, elle les porte le plus souvent dans son dos, de manière à ce qu’elle puisse y avoir accès rapidement. Ce sont ses seules armes. Si elle préfère largement se battre en usant de son don, ou bien à mains nues, elle reconnaît toutefois que ces deux petites lames lui ont sauvé la mise à plus d’une reprise.

Comme toute Dessinatrice qui se respecte, Las’ ne se sépare jamais de son petit compagnon à quatre pattes : pas plus gros d’un jeune rongeur et avec un pelage tout roux, il s’agit bel et bien d’un Chuchoteur qui répond au doux nom de Pirouette. L’animal est au moins aussi malicieux que sa maîtresse, ce qui explique sans doute pourquoi ils se sont si bien trouvés tous les deux.

Aldo est le dernier venu dans l’équipe de choc de la Mentaï. D’une allure pas très avenante, il est pourtant tout-à-fait inoffensif – au détail près qu’il l’accompagne régulièrement dans ses missions les plus dangereuses car il permet de bloquer l’accès à l’Imagination de tout autre Dessinateur passablement doué.

Naissance : Troisième semaine d’automne en l’an 135, à la nuit tombée.
Lieu de naissance : Résidence secondaire des Sil’Everyn, dans le hameau portuaire d’Iskar.
Sexe : Féminin
Taille et poids :  48 centimètres pour 2 kilos 900 grammes
Père : Eldar Sil’Everyn
Mère : Cassandra Nour

« La fortune des Sil’Everyn » – Anselme Gil’Storia, Historien à la cour impériale

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Lasmin Sil’Everyn était loin d’être une enfant désirée. Rejeton d’un noble aux mœurs peu recommandables et d’une femme aux origines Alines, son existence fut longtemps cachée par son géniteur. Ce dernier était en effet peu désireux que sa femme ne découvre l’existence de ses nombreuses liaisons adultères. Dès ses tous premiers jours, la gamine fut ainsi arrachée du sein de sa mère et confiée à une nourrice, qui s’occupa d’elle comme si elle avait été sa propre fille. Et c’était un peu le cas finalement – en tout cas, c’est ce qu’Eldar Sil’Everyn avait expliqué à sa femme le jour où elle avait exigé des explications quant à l’existence de Lasmin.

Las’ grandit dans une prison dorée. Ni plus, ni moins. Pas une seule fois son père – enfin, si l’on pouvait appeler cela un père – ne vint la voir. Pourtant, sa multitude de serviteurs vantait la générosité d’Eldar Sil’Everyn : le brave homme s’évertuait à donner le meilleur pour cette pauvre enfant dont la mère était décédée lorsqu’elle n’était qu’un bébé. En vérité, elle fut élevée un peu comme un animal destiné à l’abattoir : dès qu’elle aurait été en âge de se marier, elle aurait été refourguée à un de ces vieux pervers de la petite noblesse d’Al-Jeit qui ne rêvaient que d’asseoir leur pouvoir dans la cour des grands.

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« Observations : Le Don de Lasmin Sil’Everyn s’est révélé lorsqu’elle avait quinze – ou peut-être seize ans. Les circonstances restent aujourd’hui assez floues et les témoins peu nombreux. L’on suppose aujourd’hui qu’une violente émotion l’aurait projetée pour la première fois dans les Spires, ce qui aurait provoqué la mort d’Eldar Sil’Everyn. »

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