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 Groupe Leenio - Cours n°3

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Syndrell Ellasian
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MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°3   Groupe Leenio - Cours n°3 - Page 2 Icon_minitimeVen 19 Nov 2010, 14:08

- Donc, si j'ai bien compris, l'Oulan-Kil est une formidable aventure, sanctionnée par trois marchombres que je ne connais pas ; une aventure périlleuse au point d'y laisser la vie si je ne suis pas à la hauteur, et une aventure qui est unique. Je crois que je vais me contenter de cet avant-goût pour le moment. Le reste, je le découvrirai en temps voulu, n'est-ce pas ? Alors... Est-ce qu'on va grimper sur toutes les tour de la ville, ou bien cette nuit est-elle déjà terminée ? En ce qui me concerne, j'ai l'étrange impression de seulement m'éveiller...
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MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°3   Groupe Leenio - Cours n°3 - Page 2 Icon_minitimeVen 19 Nov 2010, 18:24

    Un sourire passa sur les lèvres de Miss. Vraiment, Syndrell était pleine de surprise, et la connivence si particulière qui s'était tissée entre elles depuis le début de cette aventure entre Maître et apprenti était singulière. Hochant la tête un instant, elle se souvint des cavalcades sur les toits des villes que son propre Maître et elle avaient faites, des purs moments de bonheur pour l'apprentie qu'elle avait été. Un soupir passa ses lèvres, alors qu'elle levait les yeux pour les planter dans ceux de Syndrell, un instant. Elle ne put s'empêcher de lui adresser un clin d'oeil, avant de sourire, espiègle. En réponse aux interrogations de son apprentie, la jeune femme s'élança sur le toit le plus proche, d'un bond prodigieux. S'attrapant de justesse aux tuiles qui dépassaient, elle tracta sur ses bras et se réceptionna sur le sommet du bâtiment en une roulade parfaitement contrôlée. Dans sa tête raisonnait les mots de son mentor « Les hommes peuvent-ils voler, jeune apprentie ? ». Bien sûr, avait-elle toujours répondu. Mais il n'y avait pas qu'une réponse à cette question, en tout cas la réponse dans son esprit n'était pas le seul point de vue à adopter. La première fois qu'elle s'était envolée... Quand cela avait-il été ? Des années en arrière... Cinq ans ? Six ans ? Presque sept ans, maintenant... Elle était encore chez les Frontaliers. Elle se souvenait parfaitement de ce jour-là, de cet instant en particulier. Cela faisait à l'époque déjà deux ans qu'elle fricotait régulièrement avec les Frontaliers plus âgés qu'elle, il y en avait qui lui plaisaient vraiment physiquement, mais c'était tout. C'était suffisant, il semblait. Elle se souvenait de la masse de muscle, contractés, de la puissance du corps sur le sien, de cet homme en elle, de ses mouvements. Elle se souvenait de cette sensation, qui était née dans son ventre, une contracture, une contraction, cette engourdissement des pieds et des doigts, cette douce torpeur, chaleur, ce long frisson qui était remonté le long de son échine, du sentiment de félicité... L'envol. Elle avait rejoint les nuages, et avait même vu au delà. Voler... Oui, depuis ce jour-là, elle était persuadée que les hommes pouvaient voler. Pleinement. Les femmes, sans doute, plus probablement...

    - Les hommes sont-ils capables de voler ?

    La phrase passa ses lèvres, pour se perdre dans la nuit. Les mots avaient-ils résonné dans les oreilles de son apprentie ? Miss ne le savait pas. D'une puissante propulsion, elle s'élança encore dans la nuit. A peine perceptible pour son apprentie, elle savait que peu de gens, vraiment peu, pouvaient la repérer dans la ville. Continuant de s'amuser sur les toits, tantôt elle sautait par dessus les rues de deux ou trois mètres de haut, tantôt elle saisissait des barres qui saillaient, elle grimpait, sautait, bondissait, enjambait... La pierre, sous elle, pulsait avec une force qu'elle n'avait jamais ressentie, et elle s'en imprégnait totalement. Al-Jeit... La cité aux mille merveilles. Chaque chose avait été façonnée par les Dessinateurs, dans cette ville. Pourtant, tout était encore tellement vivant. Miss en tout cas, le percevait ainsi. Les créations sinuaient sous elle, et elle s'offrait à elles. Comme elle s'offrait au vent ou à l'eau. Heureuse. Combien de temps jouèrent-elles dans les rues, sous les passerelles, à grimper sur des petites tours et à s'élancer dans la nuit ? Miss n'avait plus aucune notion de temps. Parfois, alors qu'elle s'arrêtait quelques secondes pour attendre son apprentie, quelques mots se glissaient de son coeur...

    « Ombre ou lumière, qu'importe ? Quelle est le meilleur moyen de passer inaperçu ? Se cacher dans l'ombre ou jouer avec les fées de la lumière ? »

    « Qu'importe ton bond précédent, vole. Qu'importe ta chute, file. Droit vers l'avant...Présent et futur.  »


    Le soleil se levait paresseusement à l'horizon, alors qu'elles arpentaient encore les toits. Al-Jeit était tellement grande, tellement majestueuse, qu'en faire le tour en une nuit relevait juste de l'ahurissant. Elles étaient loin d'en avoir fait le tour, mais cela n'était pas le but de la Marchombre que de faire explorer les moindres recoins de la capitale à son apprentie, loin de là. La découvrir, oui, mais cela ne servait à rien de lui apprendre des choses par coeur, elle pouvait très bien le faire seule. Et alors que les premiers rayons du soleil venaient chatouiller les murs des grandes rues, Miss s'arrêta doucement le long de la rue principale, la rue du Marché, justement, qui commençait à se remplir de monde. A cette heure matinale, seuls les marchands se mettaient en place, les consommateurs n'arrivant d'une petite heure après. Se tournant vers son apprentie, Miss l'observa un instant... Tous sourires.
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Syndrell Ellasian
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MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°3   Groupe Leenio - Cours n°3 - Page 2 Icon_minitimeSam 20 Nov 2010, 14:43

Les paroles de Syndrell se perdirent dans le vent. Elle aurait pu rester des heures durant sur ce bout de toit, rassasiée par un plaisir sans nom, mais l’envie de vagabonder encore un peu avec son maître la démangeait. Déjà les étoiles pâlissait à l’horizon ; l’aube n’était très loin. Et bien qu’elle n’ait pas dormi depuis un bon moment, la jeune fille avait l’impression que toute fatigue la fuyait. Elle voulait que cette nuit leur appartienne, à Miss et à elle, encore quelques instants… Elle sourit lorsque son mentor lui adressa un clin d’œil, signe de la complicité unique qui la liait à son élève. Sourit lorsque le reflet de son bonheur se dessina sur les traits de la marchombre. Syndrell souriait toujours lorsqu’elle s’élança, une fraction de seconde seulement après Miss, pour se réceptionner en souplesse sur le toit voisin.

- Les hommes sont-il capable de voler ?

Quelques mots jetés dans le vent. Syndrell filait comme une flèche dans le sillage de son maître, la vitesse plaquant sa chevelure bleue en arrière et déformant les sons, mais elle entendit ce murmure résonner en elle aussi fort que s’il avait été un cri. Sans s’arrêter, Syndrell fit rouler cette phrase dans son esprit et sur sa langue pour en apprécier la texture et la couleur. La réponse était déjà là, instinctive, fondamentale, certaine, comme si elle l’avait possédée toute sa vie.

- Oui !!!

Un cri, puissant, qui jaillit de son être tandis qu’elle s’élançait à nouveau. Oui, les hommes pouvaient voler, sinon comment expliquer cette sensation de liberté totale, d’incroyable évasion tandis que ses pieds quittaient les tuiles d’ardoise et que le vent l’enveloppait dans une bourrasque invisible ? Elle volait. Elle en était certaine. Non pas comme un oiseau, ni comme un dragon, ni même comme une feuille d’arbre, éclat de nature porté par le vent d’automne.
Elle volait comme un marchombre.
Et ce soir, la nuit lui appartenait.
Totalement.

Enivrée par la vitesse, grisée par le danger qu’impliquait une chute, un simple écart sur le rebord d’une gouttière, Syndrell se rendit compte à quel point sa vie avait changé depuis quelques temps. Depuis qu’elle avait posé le pied sur un chemin tracé par Miss, et par d’innombrables autres forces de la nature. Il lui semblait qu’ouvrir ses ailes, désormais, n’était plus un exercice mais un accomplissement. L’accomplissement de tout un art, d’une extraordinaire discipline marqué d’une extrême rigueur, le résultat d’un regard neuf porté sur un monde très ancien… Syndrell ne voyait plus les choses de la même manière. Al-Jeit n’était plus la ville de la peur et de la mort. C’était une formidable expérience. Elle ne sautait pas de toit en toit, elle volait au-dessus des rues. La lune elle-même paraissait soudain à portée de sa main, comme s’il suffisait qu’elle ouvre les doigts pour l’effleurer d’une simple caresse.
La liberté lui appartenait.
Totalement.

Devant elle, elle le savait, se profilait l’épreuve de l’Oulan-Kil, de la même manière que l’aube se dessinait doucement à l’horizon. Un avenir lumineux, quel qu’en soit l’issue. Syndrell en était certaine, à présent. Qu’elle obtienne l’Oulan-Kil ou non, qu’elle puisse enseigner ou non, qu’elle acquiert la greffe ou non, il ferait toujours nuit sur Al-Jeit, elle elle serait toujours là pour voler dans les sommets de la ville.
Elle serait toujours marchombre.

Leur course les entraîna sur les plus beaux monuments sous une lune bienveillante qui finit elle aussi par pâlir à l’approche de l’aube naissante. Incroyablement sereine, Syndrell suivit Miss jusqu’à ce que les premiers rayons de soleil ne viennent embraser l’horizon, allumant une lueur nouvelle au fond de l’or de ses yeux. Louvoyant entre les cheminées, bondissant d’un mur à un autre, dansant avec le vent et le bonheur qui était sien, elle laissait son mentor la guider mais suivait son propre chemin sur les toits de lumière, commençant seulement à comprendre qu’elle aussi avait sa propre voie à tracer.

Puis le jour pris le pas sur la nuit. Ralentissant l’allure, Syndrell se glissa à la suite de Miss dans la rue de Marché qui commençait tout juste à prendre vie. Al-Jeit s’éveillait alors qu’elle-même avait l’impression de s’éveiller d’un rêve. Alors que ses pieds touchaient enfin le sol pavé, son ventre émit un long et significatif gargouillement qui, à lui seul, traduisit sa faim. Levant un regard implorant sur Miss, Syndrell lui rendit son sourire. Sa silencieuse demande était entendue.

Tandis qu’elles se mettaient en route, un détail lui revint alors en mémoire, que cette incroyable nuit lui avait fait oublier mais qui, tout au long de sa course, était resté dans un recoin de son esprit. Un détail qui s’apparentait à un souvenir aux contours trop flous pour qu’elle puisse le resituer. Une sensation de déjà-vu et déjà-dit qu’elle ne parvenait pas à identifier.

La greffe est unique pour chaque Marchombre qui la reçoit. C’est une continuité de son âme et de son corps, comme une révélation, je dirais…

Révélation. Elle frappa Syndrell avec la force d’un poing, la faisant s’arrêter en plein milieu de la rue déjà animée par les artisans. Le détail venait enfin de lui sauter aux yeux.


- Miss… Ce jour-là dans la plaine, vous avez utilisé votre greffe avec Tara.

Ce n’était pas une question. Syndrell savait ce qu’elle avait vu, ce qu’elle avait ressentit – elle se souvenait, à présent, de l’étonnante force qui l’avait enveloppée malgré la distance instaurée entre Miss et ses élèves. Le temps jalonnés d’événements avait enfoui cette expérience au fin fond de sa mémoire, et la discrétion de la marchombre avait le reste. Mais dans les yeux dorés de la jeune fille brillait une question muette, une interrogation qui n’aurait peut-être de réponse qu’au moment où cela la concernerait pleinement…

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MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°3   Groupe Leenio - Cours n°3 - Page 2 Icon_minitimeDim 21 Nov 2010, 11:57

    Arrêtée sur les bords du toit, Miss éclata de rire quand elle entendit l'estomac de Syndrell gargouiller vivement. Lui lançant un regard de connivence, elle ne partit pourtant pas tout de suite, attendant une seconde, observant la foule qui devenait de plus en plus dense dans la rue en dessous d'elles. Il serait bientôt temps d'une nouvelle leçon. Déjà, sur les toits sur lesquels elles avaient évolué toute la nuit, une puissante émotion avait empoignée la Marchombre, comme si son propre Maître était à ses côtés, et comme si à ses côtés son propre mentor filait aussi dans la nuit. Levant un instant le menton et le visage vers le ciel qui se dégageait en se perlant d'or et d'oranges, elle sentit une petite bourrasque de vent soulever la pointe de sa tresse, et elle sourit doucement. Il n'était pas loin, Mituu. Et probablement l'avait-il sentie bien avant elle, et elle savait que si c'était le cas, ils les rejoindrait sans doute. Elle le connaissait, et bien plus que cela. Le lien qu'il y avait entre eux était tellement fort que son ventre se retournait à chaque fois qu'elle y pensait. Un sourire, fugace, mélancolique, passa sur ses lèvres un instant, et elle ferma les yeux. Déjà, Syndrell était partie dans les ruelles en quête de nourriture. Sans doute s'attendait-elle à ce que Miss l'invitât dans une auberge, ou lui prît au moins quelque chose, mais la Marchombre avait tout autre plan en tête, évidemment. Rester imprévisible était sa devise. Même si ceux qui la connaissaient – et en réalité, il n'y avait que Mituu, et sans doute Syndrell dorénavant aussi – si elle les surprenait encore, savaient à quel point elle aimait rester hors des sentiers battus. Se glissant, comme un courant d'air, derrière son apprentie, Miss fila sur le côté, l'évitant avec grâce lorsque soudain elle s'arrêta pour chercher son regard, poser une question qui n'en était pas une...

    Un sourire passa sur le visage de Miss, mais elle ne dit rien. Elle avait bien entendu l'interrogation muette de son apprentie pourtant, il n'y avait pas vraiment de doute là-dessus. Soupirant doucement, elle se glissa entre deux marchands qui mettaient en place leur stand de nourriture. Un peu plus loin, le cri d'un ours élastique fit sourire la Marchombre. Les pauvres animaux étaient entravés dans la ville, et exposés aux regards de tous, elle trouvait cela pitoyable. Mais elle ne pouvait pas non plus faire une entière révolution, et aurait-elle libéré ce pauvre plantigrade qu'il aurait saccagé le Marché, et cela n'était pas non plus une bonne solution. Soupirant doucement, elle ferma les yeux, évita un homme baraqué qui se déplaçait sans voir où il mettait les pieds avec une immense caisse qui avait l'air très lourde, glissa entre deux femmes qui discutaient de manière animée sans se faire remarquer, et se retourna vers son apprentie. Elle se tenait à côté d'un large étalage de fruits, et l'homme derrière les planches n'avait pas l'air commode du tout. Grand, large, les sourcils fournis, de petits yeux presque inquisiteurs, les bras croisés sur son ventre proéminent, il regardait la Marchombre d'un air sombre, comme prêt à lui sauter dessus au moindre mouvement. Miss ne s'en faisait pourtant pas pour le moins du monde. Lorsque son apprentie ne fut pas loin, elle attrapa d'un geste fluide et sûr une pomme sur l'étalage et croqua dedans devant l'homme, qui se leva brusquement de son petit tabouret à trois pieds pour s'approcher en courant de son étalage. Il leva le poing, ouvrit la bouche pour crier...

    Le temps d'une pensée. Il fallait à Miss le temps d'une pensée pour laisser déferler son aura. Elle la retenait continuellement, ce qui lui permettait de la libérer comme elle le voulait, quand elle le voulait. Son aura avait toujours fait partie d'elle, depuis sa plus tendre enfance, et s'était encore plus développée lorsqu'elle avait été adolescente. Les hommes s'étaient toujours retournés sur son passage, et elle avait toujours aimé cela. En passant au Rentaï, elle ne savait pas ce qu'il lui avait fait : avait-elle bénéficié de la greffe ou la lui avait-il refusée ? Elle ne l'avait pas compris, et pourtant dans son voyage de retour, beaucoup de personnes l'avaient regardée avec des yeux ahuris. L'un d'eux, un homme – qui étaient les plus sensibles à cela, évidemment – s'était jeté à genoux à ses pieds et lui avait demandé ce qu'il pouvait faire pour la satisfaire. Elle n'avait pas compris, elle avait eu peur, lui avait demandé de partir... Ce qu'il avait fait sans rien demander de plus. C'était en retrouvant Mituu qu'elle avait alors compris. Elle avait voulu s'approcher de lui, et il la fuyait, gardant une distance de trois mètres environs entre eux... Miss lui avait demandé ce qu'il se passait. Et elle avait compris à ce moment-là. Il lui avait dit que ce qu'elle dégageait était trop fort. Trop puissant. S'il s'approchait plus, il ne serait plus lui-même... Et il fallut une semaine à Miss pour comprendre qu'elle pouvait entasser tout cela dans son coeur, en elle-même. Revenant au présent, elle planta ses yeux violets pleins d'étoiles dans ceux gris de l'homme, et libéra son aura. Il était à même pas un mètre d'elle, et fut instantanément pris dans les bras de ce pouvoir si spécial. Sa grimace se transforma en sourire, ses yeux s'agrandirent et sourirent à leur tour. Il hocha la tête et lança à Miss :


    - J'espère, gente Dame, qu'au moins cette pomme est assez juteuse pour votre palais !

    Miss lui sourit tranquillement, prenant une autre bouchée, avant de hocher la tête, jetant un coup d'oeil à son apprentie. Puis, elle remercia le marchand – brave ou non, on ne saurait le dire – et sautilla pour continuer dans la ruelle. Pendant cette petite scène de quelques secondes à peine, la rue avait déjà commencé à se remplir d'acheteurs potentiels. Il était donc temps de s'y mettre. Marchant tranquillement entre les corps, mangeant toujours sa pomme, Miss se tourna vers Syndrell et lui lança quelques petites choses...

    - Chaque Greffe est différente, Syndrell. On ne peut rien prévoir...

    Mais ! Une autre leçon s'impose ce matin. Il me semblait que tu avais faim... A toi de jouer. Et ramène quelque chose d'assez gros pour deux hein, moi aussi je suis affamée !

    N'oublie pas une chose : le temps est l'atout du Marchombre. Percevoir le temps pour s'y confondre, pour l'utiliser, ainsi que tout ce qui peut t'entourer, et surtout les détails... Les détails dans leur globalité !


    Lui adressant un clin d'oeil, la Marchombre se glissa dans une ruelle non loin de là pour se propulser sur le toit d'une maison et observer son apprentie dans la foule, de haut. En plus, elle pourrait la retrouver facilement...
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MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°3   Groupe Leenio - Cours n°3 - Page 2 Icon_minitimeDim 21 Nov 2010, 16:39

Elle avait faim.
Vraiment très faim.
A l’aube de sa majorité, Syndrell n’avait pas encore tout à fait terminé sa croissance, et si sa silhouette menue laissait supposer qu’elle avait un appétit d’oiseau, elle n’en était pas moins l’exception qui confirme la règle. Elle n’avait rien avalé depuis leur arrivée dans la cité, la veille, et la trépidante course qui l’avait tenue éveillée tout au long de la nuit lui avait ouvert l’appétit. Il lui semblait que son ventre râlait suffisamment fort pour être entendu depuis les quartiers de l’Empereur…
Syndrell mourrait de faim.

Al-Jeit ne dormait plus. Autour d’elle, les commerçants et les artisans s’affairaient dans joyeux brouhaha tandis que les passants se massaient dans les larges rues et sur les places. Ils vivaient au rythme du soleil, et celui-ci semblait aussi pressé d’atteindre son zénith que Syndrell de remplir son estomac. La cité était envahie de couleurs, de bruits et de senteurs. Nez en l’air, la jeune fille déambulait tranquillement entre les échoppes, évoluant au sein de la foule bigarrée, son attention sans cesse attirée par des bijoux de très belle manufacture, des tissus et des étoffes aux reflets chatoyants, ou encore par les acrobates qui dispensaient les curieux de quelques cabrioles en échange de quelques pièces. La jeune marchombre frémit en passant devant un montreur d’ours élastique, navrée de l’irrespect de l’homme envers l’animal qui n’avait pas l’air vraiment malheureux, mais dont le bonheur était ailleurs.

Elle évita un gamin qui courait à toute allure, poursuivit par un camarade de jeu riant aux éclats, et poursuivit son chemin. Le clin d’œil de Miss avait été trompeur, et elle s’était laissée bernée par l’innocence de son sourire. Une fois de plus. Loin d’agacer Syndrell, l’incroyable caractère de son mentor se prêtait parfaitement au jeu qui était né de leur complicité. Les menaces devenaient des boutades, les rêves des promesses et les ordres, des défis que la jeune fille s’empressait toujours de relever. Celui-ci testait visiblement son audace et sa débrouillardise. Un exercice dont l’issue ne laissait aucun doute, étant donné la terrible faim qui la faisait pratiquement baver devant les délices largement étalés devant ses yeux.

Baver. Comme le marchand de fruits, un peu plus tôt.
Syndrell avait été stupéfaite de voir un homme aussi belliqueux se transformer brusquement en gentil petit chien, prêt à suivre Miss partout et à céder au moindre de ses caprices, la bave aux lèvres et l’œil hagard. Si elle lui avait demandé son étal, il le lui aurait offert sans la moindre hésitation. Et Syndrell aussi. Elle se trouvait plus loin de son mentor que ne l’était le commerçant, pourtant elle avait été saisie d’une admiration si soudaine et si puissante envers la marchombre qu’elle aurait été bien incapable de détourner son regard d’elle. C’était comme si Miss avait été éclairée tout à coup par une lumière plus vive, les cheveux plus brillants, le violet de ses yeux plus profond, son sourire plus électrisant. Plus d’une tête s’était tournée vers elle alors qu’elle croquait dans son fruit. Une poignée de secondes plus tard, Syndrell avait tenté d’en apprendre plus sur cet étrange pouvoir d’attraction dont Miss avait fait preuve devant elle. Une esquisse de sourire avait traversé le visage de la marchombre. Elle était restée soigneusement évasive à ce sujet :

- Chaque Greffe est différente, Syndrell. On ne peut rien prévoir...

Mais ! Une autre leçon s'impose ce matin. Il me semblait que tu avais faim... A toi de jouer. Et ramène quelque chose d'assez gros pour deux hein, moi aussi je suis affamée !

Et la jeune fille se retrouvait en plein cœur d’une cité aux merveilles, incroyablement animée en cette douce matinée qui venait tout juste de s’installer. Elle n’avait pas dormi depuis longtemps, son ventre était désespérément vide… et ses poches aussi.
Syndrell était fauchée.
Elle n’avait pas pensé à prendre plus d’argent que nécessaire, comptant sur l’attention de Miss et sur le fruit de leur chasse. Mais chasser dans une ville relevait de l’inconsidéré, et son maître avait disparut en oubliant de lui laisser de quoi acheter à manger.
Volontairement.

Glissant la main sous le revers de sa cape, elle tâta la petite bourse de cuir suspendue à son ceinturon et grimaça. Les trois pièces qu’il contenait n’allaient évidemment pas suffire à acheter de quoi apaiser sa faim, et Miss avait passé sa commande pour deux petits-déjeuners. Il fallait trouver autre chose. Poursuivant sa route, Syndrell observait les gens qui se massaient devant les échoppes d’artisans ou de marchands itinérants. De temps à autre, elle apercevait le mouvement furtif d’une petite main d’enfant se glissant dans les replis d’une tunique et en ôter une bourse sans jamais se faire prendre. Il n’y avait aucun doute que la jeune fille saurait en faire autant, et peut-être même avec plus de délicatesse encore. Mais voler n’était pas dans ses habitudes, cela ne l’avait jamais été et elle entendait bien à ce que ses aptitudes nouvellement acquises ne servent pas des intentions aussi peu louables.

Alors elle poursuivit sa route, les yeux grands ouverts, à l’affût du moindre détail pouvant la mettre sur une piste à suivre. Elle n’eut pas à attendre bien longtemps. Son regard se posa sur un petit groupe de jeunes gens au détour d’une ruelle. S’approchant d’eux, elle distingua au centre de l’attroupement une petite table derrière laquelle était assis un homme. Il tenait trois gobelets devant lui et, dans sa main, une petite pierre ronde et blanche. Son défi, lancé à la cantonade par une voix vibrante de tranquille certitude, traversa la jeune marchombre.

- Dix pièces pour qui saura retrouver la Blanche en trois manches ! Qui se croit assez fou pour se mesurer à ma vitesse ?
- Moi.


Des regards curieux se posèrent sur Syndrell. Elle les ignora, fixant sans ciller le maître du jeu qui se paya le luxe de la détailler de la tête aux pieds pour approuver d’un sourire enjôleur.

- Tu es bien impétueuse, ma jolie. Es-tu vraiment sûre de toi ?

Syndrell s’assit en face de lui et planta son regard doré dans le sien.

- Ai-je l’air de plaisanter ?


La réponse, évidente, se lisait dans la force de ses paroles, et l’homme haussa les épaules.

- Regan ne refuse jamais une partie. Tu sais jouer à la Blanche ?
- J’ai eu l’occasion d’observer quelques joueurs.
- Je sais que tu ne souhaites pas revenir sur ta décision, mais saches qu’observer ne suffit pas. Il m’a fallut des années d’entraînement pour parvenir à tromper mon public et, crois-moi, personne ne m’a jamais battu à ce jeu. Si tu perds, tu ne pourras t’en prendre qu’à toi.
- D’accord. Quel est l’enjeu ?


Il la regarda un instant, pensif. Puis un sourire carnassier étira ses lèvres.

- Cinq pièces d’or si tu gagnes en trois manches. Si tu perds, je prends ma récompense directement sur ta personne.
- Le jeu était fixé à dix pièces.
- C’est vrai. Mais comme tu es la moitié de ce que sont mes habituels clients, tu joues pour cinq pièces seulement.


Syndrell posa une main sur la table, poing serré.

- Cinq pièces si je gagne en trois manches, et cinq de plus si, en une manche supplémentaire, je te prouve ton défaut.

Un silence. Personne n’osa émettre une seule parole tandis que Regan réfléchissait à l’étrange proposition que lui faisait cette gamine surgie de nulle part. puis, contre toute attente, il déposa son poing sur celui de la jeune fille.

- Marché conclu. Je commence. Observe, et trouve la Blanche.

Il était empli de certitude et, lorsqu’il plaça la pierre ronde sous un gobelet, Syndrell lut de l’amusement dans son regard. Sans un mot, Regan commença à mélanger les trois gobelets retournés, tout doucement d’abord, puis de plus en plus vite. A tel point que Syndrell fronça les sourcils, dépassée par une si impressionnante vitesse. Regan arrêta ses trois gobelets sur une même ligne et, satisfait, se renversa sur sa chaise.

- Alors ?

Syndrell ne répondit rien. Son doigt s’avança vers le gobelet de droite et le renversa, laissant apparaître la Blanche. Un murmure se répandit autour d’elle, et Regan referma vivement le gobelet sur la pierre.

- Un coup de chance. Tu n’en auras pas autant, cette fois.

A nouveau, les gobelets entrèrent dans une danse folle. Immobile et silencieuse, Syndrell les suivit des yeux jusqu’à ce qu’ils s’immobilisent à nouveau. Sans attendre la demande de Regan, elle tendit un doigt, toucha celui de gauche et dévoila à nouveau la Blanche. Regan pâlit. Ignorant les murmures qui, autour d’eux, s’amplifiaient, il se jeta à corps perdu dans la troisième et dernière manche. Jamais ses gestes n’avaient été aussi rapide. Plus d’une fois, Syndrell crut perdre le trajet de la pierre. Crut, seulement. Lorsque Regan leva les yeux vers elle, prêt à entendre sa réponse, elle tendit un bras et, sans lâcher son regard, ouvrit la main droite du maitre de jeu. Des exclamations de surprise fusèrent. La Blanche se tenait sur la paume de Regan, qui referma les doigts sur elle, tremblant de colère.

- Tricher n’est pas jouer, mais il te reste une chance de racheter ton honnêteté.

La gamine attendait, main tendue, et Regan n’eut d’autre choix que de lui abandonner sa pierre. En silence, elle commença à bouger les gobelets, et très vite, le front de l’homme se couvrit de sueur. Cette fille maniait les gobelets comme si elle avait fait cela toute sa vie, alors qu’il lui avait fallut pas moins de six ans pour obtenir une telle dextérité. En face de lui, la gamine croisa les bras sur la poitrine.
Elle souriait.
Elle avait gagné.
Il avait perdu la Blanche dès le début. Il lui restait la chance offerte par le hasard, mais en renversant le gobelet du milieu, Regan sut qu’il avait perdu. La Blanche n’y était pas. Sans cesser de sourire, la seule personne au monde qui ait réussi à le moucher de la sorte ouvrit les doigts, dévoilant la petite pierre qu’elle lui lança.

- Ton défaut, Regan, c’est la prétention. Certain qu’un peu de vitesse et de tricherie te mettaient hors de portée, tu as oublié le plus important. Celui qui croit savoir n’apprend plus.

Saisissant la bourse mise en jeu au coin de la table, Syndrell se leva et s’apprêtait à disparaître lorsqu’une main se referma sur son poignet.

- Attends.

La jeune fille s’était immédiatement tendue à son contact, mais lorsque Regan plongea son regard dans le sien, elle se détendit et attendit qu’il parle.

- Je sais que l’enjeu concernait uniquement les pièces, mais j’aimerai que tu prennes aussi ceci.

Et il déposa dans sa main la Blanche. Refermant les doigts sur la pierre, Syndrell sourit à l’homme qui, elle le savait, avait retenu la leçon. Puis elle s’évanouit dans la rue, emportée par la foule.




N'oublie pas une chose : le temps est l'atout du Marchombre. Percevoir le temps pour s'y confondre, pour l'utiliser, ainsi que tout ce qui peut t'entourer, et surtout les détails... Les détails dans leur globalité !

Syndrell sourit. Elle avait utilisé une partie de son gain pour acheter de quoi régaler son estomac et celui de Miss, et c’est en attendant cette dernière, assise sur un parapet de pierre, qu’elle songeait aux paroles de son mentor.
Des paroles qui, dans sa mémoire, prenaient la forme d’une jolie petite pierre ronde et blanche.
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MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°3   Groupe Leenio - Cours n°3 - Page 2 Icon_minitimeLun 22 Nov 2010, 21:19

    L'oeil averti de la jeune Marchombre n'avait pas quitté Syndrell une seconde alors qu'elle se plongeait dans la foule. Miss ne lui avait pas dit ce qu'elle attendait d'elle, mais elle espérait que la première idée qui pouvait passer par l'esprit de la jeune apprentie ne serait pas mise en application : le vol. Un Marchombre n'était pas un voleur, loin de là. Si certains ex-apprentis utilisaient leurs capacités pour commettre des larcins, la jeune femme les réprouvait complètement. Oh, évidemment, elle avait aussi volé, lorsqu'elle s'était enfuie de la Citadelle, car sinon elle serait morte de faim, mais alors qu'elle pouvait désormais trouver les moyens de ne pas le faire, jamais elle ne viendrait à le faire, évidemment. Dans la rue, des enfants piquaient par ci des bourses, par là des bijoux ou de la nourriture, se faisant attraper que très rarement, et se faisant crier dessus encore plus. Mais Miss suivait toujours des yeux son apprentie, qui cherchait sans doute un moyen de trouver une manière de faire un bon déjeuner pour les deux Marchombres. Un sourire sur les lèvres, Miss se retrouva des années en arrière, quand elle aussi avait été envoyée dans les rues d'une ville, Al-Poll pour sa part, pour trouver à manger d'une manière ou d'une autre. Au final, elle savait que son Maître avait dû deviner à quoi elle en était venue... Marchombre, certes, mais elle restait humaine, et elle avait donné une première compensation en « nature » comme savaient si bien dire les gens... N'empêche qu'au final, ses deux bras n'avaient pas suffi à ramener toute la nourriture qu'elle avait demandée...

    S'esclaffant de rire à ce souvenir, Miss se coula sur un toit, alors que son apprentie s'arrêtait près d'un étalage où un homme s'amusait à glisser une pierre d'une blancheur immaculée sous des verres opaques et à demander à ses clients s'ils pouvaient la retrouver après quelques gestes d'une précision et d'une rapidité sidérante. En voyant l'expression de Syndrell, Miss sut immédiatement ce qui allait se passer, et elle s'assit plus confortablement sur le garde-fou du toit au dessus de l'homme trop sûr de lui, pour le regarder de haut. Les trois premières parties furent du gâteau pour son apprentie, et un large sourire passa sur le visage de la Marchombre lorsqu'elle vit que Syndrell avait vu la manipulation de l'homme avec la bille... Les leçons étaient acquises, elle n'en doutait pas une seconde, mais voir à quel point son apprentie les avait intégrées la gonflait de fierté. Lorsque la jeune fille ressortit de la ruelle pour aller chercher à manger, Miss descendit comme un souffle d'air le long du mur pour se placer derrière le marchant et lui poser une main délicate sur l'épaule.


    - Ne vous en faites pas Régan, vous n'auriez de toute manière pas pu deviner... Vous savez observer votre bille, mais pas le reste...

    Un clin d'oeil à l'homme, et Miss se fondit dans la foule qui était devenue bien plus dense désormais. Trouvant rapidement son apprentie, elle passa un doigt dans l'une de ses mèches de cheveux bleus et lui adressa un large sourire, l'invitant à la suivre au travers de la foule. Ne touchant aucun corps, se glissant entre deux telle un courant d'air, ne les frôlant même pas, Miss était dans son élément, et pourtant cela faisait bien longtemps qu'elle n'était pas allée en ville. Arrivant à une place, la Marchombre désigna un banc sur lequel elle se posa rapidement pour manger avec son apprentie. Engloutissant toute sa part avec une rapidité presque écœurante, Miss s'essuya tranquillement les lèvres, adressant un large sourire à son apprentie. Elle la détailla alors qu'elle était en train de manger : fine, aux muscles délicatement fuselés et forts, ses cheveux bleus tombant de part et d'autre de son visage, avec ses grands yeux pleins de curiosité, elle était vraiment une apprentie exceptionnelle, pour la Marchombre. Lui lançant un clin d'oeil alors que la jeune fille relevait la tête, la laissant finir de manger, elle lui dit pourtant, d'une voix claire et carillonnant :

    - Bon, désolée de te décevoir, Syndrell, mais notre petite visite d'Al-Jeit se termine là. On repart pas plus tard que... bah tout de suite !

    Se levant d'un bond, Miss ne laissa même pas son apprentie finir ce qu'elle était en train de manger, si elle mangeait encore quelque chose, et elle se replongea dans la foule, direction la porte d'Améthyste, et surtout les écuries pour retrouver les juments laissées aux bons soins des palefreniers. En une quinzaine de minutes, peut-être un peu plus, elles arrivèrent, après s'être glissées dans la foule telles les odeurs qui émanaient des étals, elles rentrèrent rapidement dans les écuries, alors que Miss remerciait le palefrenier avec un sourire dont elle avait le secret, qui fit naître des étoiles dans les yeux du jeune homme, et reprit sa propre jument, laissant les rênes de Nuance à Syndrell, évidemment. C'est ainsi qu'elles ressortirent d'Al-Jeit, pour Miss les écoutilles des souvenirs s'étant ouvertes pleinement pour laisser passer son passé comme son présent, avec son apprentie qui gambadait avec elle dans les rues étroites et fréquentées de la capitale de l'Empire. Se tournant une dernière fois sur sa selle pour contempler la cité alors que le soleil s'approchait de son zénith, Miss soupira de satisfaction, avant de lancer une œillade à Syndrell et de propulser sa jument dans un galop extatique, vers le Sud.

    Vers les Archipels Alines.

    Elles chevauchèrent encore jusqu'à la fin de la journée, au pas, trot et galop. Échangeant quelques paroles, Miss restait toujours à la disposition de son apprentie, évidemment. Un sourire sur les lèvres, Miss n'arrêta sa propre jument que lorsque le soleil se fut complètement couché et tira de la sacoche sur la selle de Nyu un morceau de viande séchée et décréta que cela serait leur repas du soir. Lui adressant un sourire, elles firent un feu et s'y posèrent à côté pour se réchauffer les doigts, avant que Miss ne laissa Syndrell faire ce qu'elle voulût : après tout, elle devait juger par elle-même ce qu'elle pouvait avoir à travailler, et à améliorer, en priorité, analyser ses faiblesses et en faire de nouvelles forces. Calée sous une couette, Miss observait son apprentie, lui donnant quelques conseils à la voix, avant de s'enrdomir tranquillement lorsque cette dernière eût terminé son entraînement, évidemment... Des étoiles dans les yeux et du bonheur dans le coeur.
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MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°3   Groupe Leenio - Cours n°3 - Page 2 Icon_minitimeLun 22 Nov 2010, 22:44

Syndrell se souvenait parfaitement de sa première rencontre avec Miss. Elle doutait qu’un instant aussi fort puisse un jour pâlir dans sa mémoire. Fière et gonflée de l’orgueil, elle avait posé un regard stupéfait sur la marchombre. Oui, elle en était restée béate d’admiration, comme si Miss avait utilisé son charme troublant pour attirer son attention. A l’époque, Syndrell ignorait que le mentor qui devait la guider sur la voie était un pareil au vent. Elle ne savait pas savoir qu’il s’agissait d’une brise, joueuse et enjôleuse, éternellement changeante.
L’aurait-elle su qu’elle n’aurait pas laissé échapper cette chance d’évoluer aux côtés d’un marchombre aussi grand.


- Bon, désolée de te décevoir, Syndrell, mais notre petite visite d'Al-Jeit se termine là. On repart pas plus tard que... bah tout de suite !

Syndrell haussa un sourcil, son beignet tout chaud arrêté à quelques millimètres de ses lèvres.
Miss s’était déjà fondue dans le remous de la foule humaine.

* Grande, peut-être, mais imprévisible, ça oui ! *

La jeune fille se retrouva immédiatement dans son sillage, louvoyant entre les passants sans parvenir, toutefois, à égaler la grâce et la félinité qui se dégageait de son maître. Ce qui n’empêcha pas Syndrell d’essayer de l’imiter. Elles remontèrent la rue principale à contre courant et ne tardèrent pas à gagner l’écurie dans laquelle Nyu et Nuance avaient passé la nuit. Cette dernière agita sa jolie tête en reconnaissant sa fidèle cavalière et le hennissement joyeux qu’elle poussa à son arrivée envahit la jeune marchombre d’une douce chaleur. Une sensation la troubla soudain. C’était très fugace, comme un souvenir, un vibrant écho surgissant du passé. Les grands yeux dorés s’agrandirent de surprise.
Elle se sentait comme chez elle.

Il y avait des années que cette impression ne lui était pas apparue comme aussi vive et limpide. Source bienfaisante, elle submergeait Syndrell, la laissant étrangement pensive tandis que Miss lui mettait les rênes de sa jument entre les mains. La jeune fille s’en aperçut à peine. Elle réalisait d’un seul coup que pour la première fois de sa vie, elle se sentait réellement à sa place. Ici, dans cette écurie aux senteurs de cuir et de cheval, avec Miss qui la dévisageait d’un air vaguement surpris, avec Nuance et Nyu aussi. Avec ses cheveux bleus, qui brillaient sous l’éclat du soleil depuis qu’elle avait rabattu sa capuche en arrière.
Ici, tout simplement.

Un coup de tête appuyé de Nuance la fit toutefois revenir au présent. Eclatant de rire, Syndrell la récompensa d’une carotte, achetée en même temps que le repas, puis déposa un baiser sur ses naseaux frémissants avant de se jucher sur sa selle.

- Nuance, ma belle, j’ai peut-être les cheveux bleus mais toi, à force de te goinfrer de carottes, tu vas finir par te retrouver avec une crinière orange !

Nullement effrayée par ces paroles, la petite jument accorda son rythme sur celui de Nyu et entraîna sa cavalière hors d’Al-Jeit. Syndrell se surprit à se retourner sur sa selle ; alors qu’elle avait eu toutes les peines du monde à y entrer, voilà qu’elle regrettait d’en sortir si vite ! Mais l’objectif de Miss était ailleurs et sa décision n’était pas négociable. Elle avait seulement permis à son apprentie de renouer avec les liens de son passé, lui offrant un avenir qui se parait de douces couleurs. Syndrell était une marchombre, sa liberté la guise de revenir quand bon lui semblerait. Elle quittait la ville épuisée, mais grandie : dans une poche de sa tunique, la Blanche semblait presque vibrer contre sa poitrine, souvenir indélébile, preuve tangible du bond qu’elle venait de faire en avant sur la voie.

La fatigue, cependant, eût très vite raison de ses forces. Il n’était pas rare qu’elle passe une nuit blanche, trop absorbée dans la contemplation du ciel étoilé pour trouver le sommeil, mais d’ordinaire elle ne passait pas son temps à crapahuter sur les vertigineuses hauteurs d’une immense cité… Bercée par le pas tranquille de Nuance, la jeune fille ne s’endormit pas totalement mais somnola une bonne partie de l’après-midi et, lorsque Miss l’entraîna dans un galop pour parcourir un peu plus de distance avant la tombée de la nuit, elle était à nouveau en pleine forme.

Le soir venu, Syndrell aida Miss à dresser le camp pour la nuit. Elles mangèrent un repas froid devant une belle flambée. Puis la jeune femme disparut sous sa couverture, ne laissant que le haut de son visage à découvert pour garder un œil sur son élève tandis que cette dernière tendait la corde de son arc et choisissait quelques flèches dans son carquois. Le quartier de lune rousse dispensait une chiche lumière qui constituait, depuis quelques semaines, un véritable défi pour Syndrell. Bonne archère, elle pouvait tirer un lièvre à cent pas mais ce qu’elle accomplissait en plein jour était loin de ce qu’elle pouvait réaliser de nuit, avec une visibilité mauvaise et les membres lourds après une nuit de folie et un après-midi de monte. Reprenant l’idée de Miss, elle s’était fabriqué de petits cibles de bois qu’elle suspendit aux arbustes entourant le camp. Les braises encore rougeoyantes, vestiges de leur feu, ne lui étaient d’aucune aide et, lorsque la jeune fille encocha sa première flèche, ramenant l’empennage jusqu’à sa joue, elle perdit plusieurs secondes à déterminer la présence de sa cible qui se balançait au gré du vent. Elle la manqua de peu, mais à peine le trait engloutit par les ombres épaisses de la nuit, la petite marchombre avait déjà tiré sa seconde flèche.
Pour rater à nouveau sa cible.

Elle tira jusqu’à sentir ses doigts s’engourdir et les muscles de ses bras crier grâce. Alors, elle tira encore. Il n’y avait plus de flèches dans son carquois lorsqu’elle baissa enfin son arc. Le bout des doigts en sang, mais plutôt satisfaite du résultat, elle alla récupérer ses traits, prenant le pari de les retrouver toutes malgré l’obscurité. Ils réintégrèrent tous son carquois, sans exception, et Syndrell s’appliqua à évacuer toute la tension de son corps en s’immergeant dans la gestuelle marchombre dont elle ressortit vidée, mais incroyablement sereine. Elle s’endormit au moment même où ses paupières se fermèrent.
Un léger sourire était accroché à ses lèvres.

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MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°3   Groupe Leenio - Cours n°3 - Page 2 Icon_minitimeMar 23 Nov 2010, 20:58

    Miss gardait un oeil sur son apprentie, emmitouflée dans sa couverture chaude, près du feu. Il ne faisait vraiment pas chaud, et sur un coup de tête, alors que Syndrell s'évertuait à tirer des flèches dans le noir, s'obligeant à prendre en compte la lumière changeante, la Marchombre se leva pour aller détacher Nyu et la faire venir près du feu, lui demandant de se coucher sur le flanc en lui soulevant une jambe avec douceur mais fermeté. Lorsque la jument fut couchée, les yeux pleins de curiosité et d'incompréhension, Miss se blottit contre son flanc et son encolure pour y profiter de la chaleur qui s'en dégageait, alors que Nyu la poussait du bout du nez, espiègle. Miss éclata de rire, caressant doucement sa jument : elles s'étaient vraiment bien trouvées, toutes les deux, au final ! Les yeux mi-clos, les doigts réchauffés sous la crinière fournie de l'équidé derrière elle, Miss laissa son regard décrypter les gestes de son apprentie mais finit par s'endormir avant que cette dernière n'eût terminé son exercice, s'envolant dans d'inaccessibles rêves propres à elle seule, un sourire tranquille et serein sur les lèvres. La jeune femme bougeait régulièrement dans son sommeil, et plusieurs fois elle fut réveillée quelques secondes par sa jument qui renâclait ou qui la poussait du bout du nez pour la remettre en place. Se levant avec le soleil, Miss s'étira doucement, avant de poser ses yeux sur son apprentie qui dormait toujours. Observant l'horizon un instant, la Marchombre décida qu'elle laisserait dormir un peu plus son apprentie ce matin-là : après tout, la journée précédente avait été bien longue, et elle avait besoin de rattraper le sommeil perdu, sans doute. Se redressant complètement, Miss emmena sa jument tout aussi éveillée qu'elle jusqu'à un endroit pour l'attacher, lui déposa une caresse sur le chanfrein avant de s'éloigner d'un pas gracile.

    Décidée à dénicher un bon lièvre, la jeune femme s'engagea dans un sous-bois. Le soleil se levait à peine, et les rongeurs rentraient dans leurs terriers, c'était la bonne heure pour en trouver un. Marchant silencieusement, comme un courant d'air, la Marchombre se glissa derrière un tronc d'arbre et se mit sur la pointe des pieds pour tenter d'y voir un peu plus loin. S'immobilisant totalement, elle attendit tranquillement près d'un trou dans le sol que le lièvre en question – vu la taille du trou, cela ne pouvait être qu'une famille de lièvre – arrivât. Prenant doucement le poignard fixé dans sa botte en descendant lentement le long de sa cuisse, elle se redressa et prépara sa main, alors qu'une forme brune se dessinait entre les tiges d'herbe. D'un mouvement vif et d'une précision toute étudiée, Miss envoya son poignard, qui se ficha entre deux des côtes de l'animal. D'un petit bond joyeux, la jeune femme s'élança en avant pour attraper l'animal qui devait bien penser trois kilos, et revint vers le camp où dormait son apprentie. Dépeçant l'animal, elle fit toute la manipulation qu'elle connaissait bien avant d'en faire cuire une bonne moitié au dessus du feu qu'elle avait dû réalimenter pour ne pas qu'il s'éteignît. Bientôt, une bonne odeur de viande rôtie s'éleva de là, réveillant sans aucun doute Syndrell si ce n'était déjà fait. Miss partagea les victuailles avec son apprentie pour un petit déjeuner copieux, avant de panser Nyu et de l'enfourcher pour de longues heures.


    - Nous allons tout droit vers le Sud !

    Adressant un large sourire à son apprentie, Miss mit sa jument au pas durant une bonne heure, pour échauffer les articulations froides et raides des chevaux mais aussi ses propres muscles et ceux de son apprentie. Puis, elles enchaînèrent à leur habitude pas, trot et galop pour couvrir un maximum de kilomètres en un minimum de temps. Offerte au vent qui venait balayer sa longue tresse dans son dos, Miss avait bien souvent les paupières closes pour profiter du souffle divin qui caressait sa peau, un sourire heureux sur le visage. Elles continuèrent ainsi vers le Sud durant plusieurs jours, et Miss ne prit même pas la peine de les compter. S'arrêtant souvent pour que Syndrell s'entraînât à une arme, à la dextérité ou même pour courir pendant des heures, elles partageaient de longs moments entre elles et la formidable relation qui liait élève et apprentie gonflait la poitrine de Miss, quand elle se rendait compte, au fil des jours, à quel point Syndrell avait déjà appris et à quel point elle n'avait plus grand chose à lui offrir. Mais les jours passaient, et elles atteignirent, inéluctablement, la Mer des Brumes, au niveau des Archipels Alines. Elles y parvinrent de jour, sous un soleil froid mais éclatant, le long de la plage, aux vagues qui venaient doucement mourir sur le sable gris. Le sort des vagues faisait bien des envieux, mais Miss se serait lassée d'une vie qui pouvait paraître si simple, même si probablement elle ne l'était pas tant que cela en réalité.

    Dans son dos, cependant, Miss entendit quelques bruits qui ne venaient pas de la nature. Avec son apprentie, elles se tenaient non loin d'un bosquet, et il était évident que quelques malfrats s'y dissimulaient. Miss ne connaissait évidemment pas le niveau qu'ils pouvaient avoir, mais en tendant l'oreille elle distingua au moins quatre respirations. Un sourire passa sur son visage, tandis qu'elle descendait souplement du dos de Nyu, qui s'ébroua doucement, renâclant avec tendresse. Lui passant une main sur le chanfrein, la jeune femme se tourna vers le bosquet et hocha la tête, avant de tourner le visage vers son apprentie et de la détailler un instant. Sa réflexion portant ses fruits, elle hocha à nouveau la tête et s'avança vers son apprentie dans un mouvement souple et tranquille, se postant à côté d'elle un instant.


    - Il y a au moins quatre hommes dans ces bosquets, prêts à nous sauter dessus. Sans doute des rapias, mais ils sont plutôt nombreux. Une autre leçon en perspective, n'est-ce pas ?

    Lui adressant un clin d'oeil, elle se hissa rapidement sur sa jument, avant de la faire reculer vers Syndrell et de continuer sur sa lancée :

    - Au fait, interdiction formelle de sortir une seule arme. Tu es l'arme. L'erreur est de croire que tu en as besoin d'une... Fais attention à leur regard : un regard est un piège, toujours bien tendu. Un Marchombre ne tombe pas dans un piège, jeune apprentie !

    Sur sa dernière phrase, elle avait tiré la langue, montrant qu'elle savait que son apprentie, par son insatiable curiosité, pouvait tomber dans de nombreux pièges et tout à fait consciemment... Et si seulement elle avait su à quel point Miss avait fait de même durant des années, et continuait de le faire, Syndrell aurait éclaté de rire.. Ne lui en laissant pas l'occasion, Miss s'éloigna de quelques foulées de galop maîtrisées et fit faire un demi-tour à sa jument pour observer son apprentie, évidemment. Pour quoi d'autre ? Et c'est à cet instant précis que les talus se fendirent dans un cri barbare, alors que cinq hommes se précipitaient vers la jeune fille aux cheveux bleus...
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MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°3   Groupe Leenio - Cours n°3 - Page 2 Icon_minitimeMer 24 Nov 2010, 19:19

Un doux fumet s’immisça dans son rêve.
Syndrell ouvrit doucement les yeux.
A quelques pas d’elle, Miss faisait cuir un lapin dans le feu. Elle avait dû partir chasser sans prendre la peine la réveiller et la jeune fille lui en était reconnaissante : elle avait dormi d’un sommeil de plomb, un sommeil réparateur qui avait gommé courbatures et fatigue pour la laisser en pleine forme. Repoussant sa couverture, elle s’étira longuement, bâilla à s’en décrocher la mâchoire puis se rapprocha de la flambée, les yeux brillants.


- Petit-déjeuner au lit ! Quelle aubaine, je meurs de faim…

Et il fut copieux. Syndrell dégusta avec entrain sa part de viande de lapin, chassé, préparé et cuit avec soin par son mentor tout en lui racontant son rêve. Après s’être passé de l’eau fraîche sur le visage, le cou et les épaules, elle rangea ses affaires et prépara Nuance à cette nouvelle journée qui s’offrait à elles. La petite jument avait l’air de bouder et intrigua la jeune fille, mais n’étant pas douée de parole, elle fut bien en peine d’expliquer lui expliquer les raisons de son comportement. Perplexe, Syndrell en toucha deux mots à Miss et son visage s’éclaira lorsqu’elle apprit où Nyu avait passé la nuit.

- Je vois, nigaude ! Tu es jalouse parce que je n’ai pas passé la nuit avec toi…

Se jurant de palier au problème la nuit prochaine, Syndrell vérifia les sangles de Nuance et se mit en selle. Miss était déjà juchée sur Nyu.

- Nous allons tout droit vers le sud !

Et les voilà reparties.
Au pas, puis au trop, puis au galop ; les kilomètres, les haltes, les jours et les nuits se succédèrent au rythme tranquille du voyage, agrémenté par de longues discussions qui pouvaient les occuper de longs moments. Chaque soir, Syndrell s’entraînait au tir à l’arc, fermement décidée à réussir cet épreuve, accompagnant parfois cet exercice d’une série de lancer de couteaux ou d’instants plongée dans la gestuelle marchombre. Cette nouvelle forme de liberté que lui proposait Miss l’avait un peu déconcertée, au début ; puis la jeune fille s’était rendue compte à quel point éprouver soi-même ses propres limites pouvait être enrichissant. L’enseignement inculqué par son mentor avait modelé sa rigueur et sa persévérance, l’intimant à conserver rythme et régularité sans que la marchombre n’ait à le lui rappeler. Elle savait, à présent, comment évaluer ses capacités, constater ses points forts, débusquer ses faiblesses. Sous l’œil attentif de Miss, qui s’offrait le luxe de faire courir ou combattre son élève tout au long de la journée, elle s’entraînait tous les soirs pour s’endormir épuisée, mais comblée.

Petit à petit, le paysage changea, au fur et à mesure que les deux marchombres se rapprochaient de la côte. L’extrême-sud de Gwendalavir offrait un terrain plat, balayé par les vents marins. La végétation se raréfiait ; il y avait bien ça et là quelques arbres aux feuilles piquantes et des buissons odorants et touffus, quelques bosquets surgissaient de nulle part et la piste se poursuivait dans une herbe rase. Le froid devint plus intense et Syndrell restait sagement enveloppée dans sa cape de voyage, le col relevé, la capuche rabattue sur son visage.

Un matin, la mer fut en vue. Ligne scintillante à l’horizon, elle incita Nuance et Syndrell à accélérer le pas, pressées qu’elles étaient d’atteindre enfin la côte. Chemin faisant, Syndrell expliquait à Miss qu’elle n’était jamais descendue aussi loin au sud de l’Empire.

- J’ai toujours voulu vérifier si tout ce qu’on dit sur les Alines est vrai. J’ignore ce que vous avez derrière la tête, et puisque, comme d’habitude, vous allez vous contenter de me lancer un clin d’œil si je vous demande notre destination, je n’ai plus qu’à espérer en croiser par hasard…

Miss lui adressa bel et bien un clin d’œil, mais ce ne fut pas pour la même raison. Elle était descendue de son cheval et il avait semblé à Syndrell qu’elle tendait l’oreille. Une impression qui prit tout son sens avec les paroles de la marchombre :

- Il y a au moins quatre hommes dans ces bosquets, prêts à nous sauter dessus. Sans doute des rapias, mais ils sont plutôt nombreux. Une autre leçon en perspective, n'est-ce pas ?

Syndrell plissa les yeux, la regardant se hisser sur Nyu, un sourire énigmatique sur les lèvres.

- Au fait, interdiction formelle de sortir une seule arme. Tu es l'arme. L'erreur est de croire que tu en as besoin d'une... Fais attention à leur regard : un regard est un piège, toujours bien tendu. Un Marchombre ne tombe pas dans un piège, jeune apprentie !

Lui tirant joyeusement la langue, Miss s’éloigna et fit volter sa monture, un peu plus loin, prête à observer son apprentie se tirer d’affaire. Celle-ci n’eut que le temps de se retourner pour voir surgir d’un bosquet quatre – non, cinq hommes armés et hurlant comme des dégénérés qu’ils étaient. Une lame brilla sous l’éclat du soleil ; elle se baissa et lança son pied directement dans la mâchoire de son premier assaillant avant de bondir en arrière pour se mettre momentanément hors de portée. Quelques secondes lui suffirent pour détailler ses nouveaux camarades de jeu.

A en juger par leur allure, il s’agissait de bandits de grands chemins, de détrousseurs professionnels qui avaient dans l’idée de s’amuser avec elle, puis de la tuer et de délester son cadavre de sa bourse. Syndrell fronça comiquement le nez. Voler l’argent qu’elle avait gagné à la Blanche ? Ça non ! Evitant un coup de cimeterre bien placé, elle se glissa dans la mêlée, vive et légère, souple et rapide. Qu’il s’agisse de simples bandits ou non, humilité et prudence restaient de mise ; personne n’est un simple quelque chose. Et Syndrell avait appris à ses dépends que sous-estimer un adversaire au simple jugé de son apparence était une très mauvaise idée.

Son poing fermé cueillit une pommette. Son genou replié frappa un entrejambe. Le bout de ses doigts toucha un nerf particulièrement sensible dans le creux d’un poignet. Syndrell n’avait effectivement pas besoin de lame pour rivaliser avec celles, affûtées à souhait, de ses adversaires. Elle était l’arme. Depuis les pieds jusqu’à la racine des cheveux. Une arme redoutable qui atteignait sa cible à chaque coup porté, une arme qui savait ôter la vie d’un simple geste mais qui savait aussi ne pas abuser de ce pouvoir.
Non, elle était bien plus qu’une arme.

Trois des cinq hommes étaient déjà à terre et incapables de se relever. Les deux malfrats restant eurent un moment d’hésitation en comprenant qu’ils étaient en train de se faire humilier par une ridicule gamine, et puis la colère envahit ces fiers combattants qui n’avaient pas pour habitude d’essuyer un tel échec.
Colère. Fierté. Echec.

Et, de l’autre côté, réunis en un petit bout de femme aux cheveux de ciel : sérénité, humilité, victoire. Syndrell avait déjà gagné ce combat avant même de le commencer. Elle avait sut décrypter les défauts d’appui, les gestes parasités par la lenteur, la tension, la précipitation. Elle avait gagné parce qu’à aucun moment elle ne s’en était vanté, ni ne s’était pour autant crue tirée d’affaire. Un combat, quoi qui advienne, est toujours mortellement sérieux. Celui-ci prit fin en quelques instants. Un bond réalisé de façon la plus improbable qui soit, un envol qui ébloui jusqu’au plus demeuré des cinq hommes.

Ils étaient tous à terre à présent, et perclus de fractures et autres blessures gênantes, mais qui ne mettaient pas leurs jours en danger. Figée dans une garde de combat parfaite, Syndrell laissa filer une poignée de seconde avant d’expirer lentement. Ce redressant lentement, elle s’éloigna doucement de leur zone de combat pour s’arrêter soudain, à mi-chemin entre les cinq blessés et Miss qui n’avait pas bougé.

Les doigts de Syndrell venaient de glisser sur un accroc. Il courait sur sa combinaison de cuir, imperceptible ligne qui n’avait même pas touché la peau, elle restait néanmoins la preuve tangible que des erreurs, elle en commettait encore. Qu’il lui restait une foule de choses à découvrir et d’autres à améliorer.


- J’ignore si le spectacle vous a plu mais, vu des premières loges, ce fut… instructif.

Enfourchant Nuance, la jeune fille tourna un regard amusé et le clin d’œil qu’elle lui lança vint sceller la nouvelle complicité qui était née entre elle depuis le début de ce voyage. Caressant rêveusement du bout des doigts l’accroc à son côté, Syndrell songea qu’elle était heureuse de n’être pas encore arrivée au terme de son apprentissage.
D’avoir encore un bout de chemin à faire.
Toujours plus loin sur la voie.


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MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°3   Groupe Leenio - Cours n°3 - Page 2 Icon_minitimeJeu 25 Nov 2010, 18:19

    Miss avait bien dit quatre personnes au minimum, ils étaient cinq. C'était simplement qu'elle n'avait pas pris la peine de les compter correctement, mais elle savait qu'il n'y en avait pas une douzaine non plus, et serait-ce été le cas, elle serait allée aider son apprentie, tout de même... Quoique. Syndrell aurait aussi très bien pu s'en sortir toute seule, surtout avec les progrès qu'elle avait faits depuis le début de cette aventure, et même depuis le premier cours. Bondissant sur la Voie, filant comme une flèche, l'apprentie ne faisait que s'améliorer, et Miss était fière de ce qu'elle était devenue désormais. Ouverte au monde, très bonne combattante, Syndrell avait un avenir joyeux qui se profilait devant elle. Souriant toute seule, la Marchombre regardait avec intérêt le combat qui se déroulait devant elle, et dont le centre était son apprentie. Les attaquants, d'abord surpris de la voir si près et les regardant tranquillement, avaient tiqué avant de se rendre compte qu'une des deux était déjà assez difficile à prendre le dessus... Surtout qu'elle ne faisait pas mine d'intervenir pour aider la seconde. Un rictus moqueur passa sur le visage de Miss, alors que la jeune femme aux cheveux bleus se débrouillait vraiment bien pour se débarrasser des importuns. En quelques minutes ce fut réglé, avec grâce et efficacité, et si quelques coups avaient tout juste frôlé Syndrell, lui entaillant même sa tunique sans toucher sa peau, cela avait été presque une exécution, si seulement l'un des hommes avaient été mort. Or, ce n'était pas le cas puisqu'ils étaient tous amochés, certes, mais bien vivants et non souffrants en touchant la mort du bout des doigts. Miss ne put s'empêcher d'éclater de rire à l'injonction de Syndrell et, lui adressant un autre clin d'oeil appréciateur, lui lança :

    - C'était le but jeune apprentie. Et ce que je pense n'a pas d'importance, c'est ce que tu ressens et apprends qui compte !

    Lui adressant un sourire lumineux, Miss remit sa jument au pas tranquillement, s'approchant de la plage au sable fin et d'une couleur entre le beige et le gris. La marée semblait haute, donc normalement il n'y avait pas de problème pour se balader sur la plage avec les chevaux, mais il faudrait être prudents, car un accident sur le sable humide est vite survenu, surtout pour les boulets des pauvres équidés. Allant cependant même jusqu'au luxe de faire tremper Nyu jusqu'aux genoux, Miss expliquait les détails sur les marées à son apprentie, comme quoi suivant les lunes et les heures cela changeait, et que cela pouvait devenir vraiment dangereux pour les chevaux. A l'horizon, un point un peu plus sombre que les autres grandissait alors qu'elles continuaient d'avancer, ayant pris la direction de l'Est toute. Miss savait ce qui attendait son apprentie, et cela la ravissait. Elle verrait ce que cela changerait pour elle dans plusieurs semaines, sans doute, mais rien que de se souvenir de sa propre excitation lorsque son Maître lui avait proposé une expérience similaire, elle s'extasiait toute seule. Une caravane attendait les deux jeunes femmes dans le prochain village. Une caravane transportant des produits maritimes et venant exclusivement des pêches et des terres Alines. Le maître caravanier avait une connaissance – sa soeur, il lui semblait – qui était pirate, et le commerce pouvait aller bon train tant qu'ils ne se faisaient pas trop confiance, mais cela fonctionnait. Il y avait plusieurs villages où les produits des Alines étaient échangés et achetés pour le commerce dans l'Empire, mais peu de gens étaient au courant, et c'était tant mieux, car sinon les pirates auraient sans doute arrêté ce genre d'échanges frauduleux.

    - Comme pour tout, les généralisations sont faites de vrai et de faux, Syndrell. Tu auras l'occasion de voir et de comprendre, j'en suis sûre...

    Un sourire alambiqué passa sur le visage de la jeune femme, alors qu'elle lui lançait un clin d'oeil énigmatique. Elles continuèrent tranquillement leur route, remontant sur la piste qui longeait la Mer des Brumes pour ne pas que les chevaux trébuchent sans raison, alors que la nuit tombait. Miss ne permit pas de halte à la tombée de la nuit, et elles ne mangèrent pas, la Marchombre ayant son idée en tête. Elles devaient arriver avant le matin, car la caravane ne partirait que lorsque le soleil ne serait pas tout à fait levé, et Miss n'avait pas dans l'idée de faire attendre un jour de plus, même si elle ne savait pas si elle arrivait le bon jour ou autre chose. Elles chevauchèrent sous le ciel nocturne, et n'entrèrent dans le village que lorsque la lune était à son apogée. Miss sachant parfaitement où elle voulait aller, lança à Syndrell qu'elle aurait droit à un bon repas et à un lit douillet, avec un sourire tranquille sur les lèvres. Elles déposèrent les chevaux dans l'écurie d'une auberge et y entrèrent pour s'asseoir et partager un bon repas, un ragoût de siffleur abondamment juteux. Puis, elles montèrent dans une chambre pour dormir sur un matelas épais et confortable, dans des draps propres qui sentaient les fleurs sauvages. Un sourire sur les lèvres, Miss s'endormit tranquillement. Le lendemain matin, elle réveilla Syndrell une heure et demie avant le lever du soleil, ce qui ne lui avait pas conféré beaucoup d'heures de sommeil. Elles déjeunèrent rapidement, puis les Marchombres sortirent chercher leurs chevaux, et Miss dirigea son apprentie vers le port, à une centaines de mètres de l'auberge qu'elles venaient de fréquenter. Il ne leur fallut qu'une demie-douzaine de minutes pour arriver le long des navires de bois, et Miss descendit de sa jument, faisait signe à Syndrell de faire de même.

    Le port était excessivement calme, mais un seul bâteau était amarré contre les pilotis et sur les bites sur le macadam. Les personnes qui passaient du port au navire ne criaient pas comme le font habituellement les transporteurs, et tout se faisait dans la discrétion, dans la brume matinale. Adressant un clin d'oeil à son apprentie, Miss se dirigea sans hésiter vers la caravane, légère, qui était à quelques mètres de l'eau. Arrivant sur la plate-forme, elle laissa Nyu attachée à une bite, incitant son apprentie à faire de même, puis elle rentra à l'intérieur de la caravane suivie de cette dernière. Il y avait trois hommes à l'intérieur, et l'un d'eux les désigna du menton à un autre, légèrement plus grand mais plus maigre, qui se retourna pour voir qui arrivait. Reconnaissant Miss, il lui adressa un sourire lumineux avant de s'adresser à elle d'une voix errayée.


    - Hey, Miss, la grande Miss, ma grande Miss... Alors, comment tu te portes ?

    La jeune femme lui adressa un large sourire, l'enlaçant à pleins bras, avant de lui répondre.

    - Comme un charme, grand dadet ! Et toi alors, les affaires roulent ?

    - Bah comme ça peut hein ! Alors, t'es prête pour l'aventure ?

    - Je serais prête si cela ne tenait qu'à moi... Mais voilà, cette fois-ci, c'est mon apprentie Syndrell qui vous accompagnera !

    - Haa... Alors, qu'avons-nous là ? Oh, c'est une bien jolie jeune fille.

    - Naagrarh, le tout est chargé, il ne reste plus qu'à partir...

    - Parfait ! En avant toute !


    Adressant un large sourire à Miss, il se tourna vers Syndrell et lui tendit une main amicale. La Marchombre adressa un large sourire à son apprentie, et, d'un regard entendu avec Naagrarh, entraîna cette dernière à l'extérieur pour échanger quelques mots.

    - Tadaaam, surprise, Syndrell ! Et oui, nos chemins divergent ici pour cette fois. Tu vas accompagner cette caravane. Elle remonte vers le Nord, passe par Al-Jeit pour y faire une pause et rentre à Al-Chen, sa destination finale. Je pense qu'il y en a pour trois semaines, peut-être un mois, suivant ce que va faire Naagrarh.

    Dans une caravane, chacun, du simple charretier au chef d'escorte en passant par l'intendant et le commis, a une place bien définie avec ses fonctions. Chacun... sauf le Marchombre. Il est l'élément libre qui, indépendant de l'organisation du convoi, agit comme il le souhaite et n'obéit à aucune règle... Il sert à voir l'invisible et prévoir l'imprévisible...

    Si tu as des questions, c'est maintenant !
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MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°3   Groupe Leenio - Cours n°3 - Page 2 Icon_minitimeVen 26 Nov 2010, 00:02

- C'était le but jeune apprentie. Et ce que je pense n'a pas d'importance, c'est ce que tu ressens et apprends qui compte !

Syndrell secoua la tête en riant. Miss avait tort ; son jugement était un élément essentiel l’évolution de son élève, c’est justement ce qui la rendait plus humaine, plus… accessible. Car Syndrell n’ignorait pas la chance qu’elle avait de courir sur la voie aux côtés d’une marchombre aussi incroyable que Miss Nyya. D’Ellundril Chariakin, elle ne connaissait que la légende, mais cela ne l’empêchait pas de rapprocher indubitablement son propre mentor aux plus grands marchombres de ce monde. L’égaler relevait de l’effronterie et la surpasser, de l’inconcevable. Pour cette raison, Syndrell ne tentait rien de plus que de s’inspirer de son maître. Afin de surpasser la seule personne en ce monde qui soit capable de la conduire aux confins de ses limites : elle-même.

Atteignant enfin la côte, elles chevauchèrent un bon moment sur la plage, à l’endroit ou l’eau et le sable s’affrontent, au gré des marées, en un éternel jeu de pouvoir. Cheveux au vent, Syndrell goûta au plaisir de la monte en bord de mer, un plaisir que partagea Nuance ; suivant les conseils de Miss, elle veilla à ce que la petite jument ne se blesse pas sur une traîtrise du sable qui se plaisait à se dérober vicieusement sous ses sabots et en apprit plus en une heure sur les marées que si elle avait plongé le nez dans l’Encyclopédie du Savoir ! A la nuit tombée toutefois, elles remontèrent la piste et prirent la direction de l’Est ; Miss lui fit savoir qu’elles ne s’arrêteraient pas tout de suite ni pour manger, ni pour se reposer, et la jeune fille opina du chef. La nuit était son élément, et l’allure de Nuance un vrai délice, il ne lui serait même pas venu à l’idée de protester contre le fait d’allonger encore un peu une aussi belle journée !

Elles traversèrent plusieurs petits villages sans s’y arrêter, chevauchant en discutant allègrement, ainsi qu’elles avaient pris l’habitude de le faire. La lune, nimbée d’un halo orangé, annonçait un hiver rude et, à plus court terme, une nuit bien fraîche. Frissonant sous sa cape de voyage, Syndrell remonta plusieurs fois le col sur le bas de son visage, la capuche rabattue sur le sommet de son crâne, et enfila ses gants pour ne pas prendre froid. Un petit nuage de buée se formait devant sa bouche lorsqu’elle expirait. Le voyage n’en fut pas pour autant désagréable et, lorsqu’elles atteignirent la petite bourgade dans laquelle Miss annonça qu’elles allaient passer la nuit, Syndrell était presque déçue lorsqu’elles laissèrent leurs montures à l’écurie d’une jolie petite auberge.
Presque.

Car malgré l’heure tardive, le maître des lieux leur servit un ragoût de siffleur particulièrement savoureux qui combla son appétit, et le repas qui se déroula en toute complicité avec son mentor avait de quoi devenir un souvenir inoubliable de plus dans sa mémoire. La fatigue eût toutefois raison d’elle et la fin du dîner fut vite expédiée. Quelques instants plus tard, Syndrell se pelotonnait sous ses draps et s’endormait en songeant, après avoir passé pas mal de nuit à la belle étoile, qu’il était quand même bien agréable de se reposer sur un matelas et un oreiller…

Miss la sortit de ses rêves un peu avant l’aube. Mais ces quelques heures de sommeil avaient redonné la forme à son apprentie, laquelle fut prête à partir en quelques minutes. Le jour naissant les accueilli avec la froideur de l’hiver qui s’installait doucement, et Syndrell remit ses gants. Suivant Miss, elle gagna le port et s’approcha des hauts pontons des docks, silencieux et pratiquement dépourvus d’animation à l’exception d’un petit navire dont le déchargement semblait en cours. Intriguée, Syndrell ouvrit grand les yeux pour ne pas perdre une miette du spectacle qui se déroulait devant elle. Des marins convoyaient des sacs et des paquets depuis le navire jusqu’aux chariots d’une caravane prête à partir. Les deux marchombres descendirent de cheval et assurèrent leurs montures avant de s’approcher des préparatifs en cours. Trois hommes discutaient au milieu de ce discret remue-ménage et l’un d’eux, prévenu par son compagnon, se tourna vers elles. Son visage marqué par la concentration s’illumina aussitôt
:

- Hey, Miss, la grande Miss, ma grande Miss... Alors, comment tu te portes ?

En les voyant s’embrasser comme de vieux amis, Syndrell ne put s’empêcher de se demander ce que son maître avait en tête. Elle avait appris à décrypter celle qui la guidait depuis pas mal de temps déjà, elle avait remarqué son sourire laconique et son air pensif. Miss préparait quelque chose, mais… quoi ?

- Comme un charme, grand dadet ! Et toi alors, les affaires roulent ?

- Bah comme ça peut hein ! Alors, t'es prête pour l'aventure ?

- Je serais prête si cela ne tenait qu'à moi... Mais voilà, cette fois-ci, c'est mon apprentie Syndrell qui vous accompagnera !

- Haa... Alors, qu'avons-nous là ? Oh, c'est une bien jolie jeune fille.

Syndrell, qui avait tiqué à l’évocation de son nom, arqua un sourcil amusé et flatté, mais avant qu’elle n’ait le temps de répondre quoi que ce soit, un homme s’approcha de la connaissance de Miss et l’arrêta dans son élan.

- Naagrarh, le tout est chargé, il ne reste plus qu'à partir...

- Parfait ! En avant toute !

Naagrarh, puisque c’est ainsi qu’il se nommait, tendit alors une poignée de main à Syndrell, qui la lui serra volontiers. Bien qu’elle ne sache pourquoi, il y avait quelque chose chez cet homme qui lui plaisait. Visiblement ravi, Naagrarh s’éloigna à la suite de l’homme qui l’avait interpelé et Miss en profita pour attirer son apprentie à l’écart.

- Tadaaam, surprise, Syndrell ! Et oui, nos chemins divergent ici pour cette fois. Tu vas accompagner cette caravane. Elle remonte vers le Nord, passe par Al-Jeit pour y faire une pause et rentre à Al-Chen, sa destination finale. Je pense qu'il y en a pour trois semaines, peut-être un mois, suivant ce que va faire Naagrarh.

Ainsi, c’était donc ça…

- Dans une caravane, chacun, du simple charretier au chef d'escorte en passant par l'intendant et le commis, a une place bien définie avec ses fonctions. Chacun... sauf le Marchombre. Il est l'élément libre qui, indépendant de l'organisation du convoi, agit comme il le souhaite et n'obéit à aucune règle... Il sert à voir l'invisible et prévoir l'imprévisible...

Si tu as des questions, c'est maintenant !


Syndrell hocha la tête, et une première réponse jaillit, moqueuse :

- Je me disais bien que vous aviez l’air d’attendre quelque chose avec impatience. Si j’avais su qu’il s’agissait de vous débarrasser de moi !

Puis elle enchaîna, plus sérieusement mais toujours sur un ton joyeux.

- J’ai quelques questions, en effet. Je pars d’un côté et vous, vous partez de l’autre. Qu’est-ce que je suis censée faire sans vous ?

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MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°3   Groupe Leenio - Cours n°3 - Page 2 Icon_minitimeVen 26 Nov 2010, 07:24

    - Tu deviens sourde, Syndrell ? Je viens de te dire ce que tu aurais à faire !

    Plus sérieusement, une fois que vous serez arrivés à Al-Chen, tu viendras me rejoindre à l'Académie... Car ton Oulan-Kil commencera !




[Petit clin d'oeil et tirage de langue heiin XD ]
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MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°3   Groupe Leenio - Cours n°3 - Page 2 Icon_minitimeVen 26 Nov 2010, 18:59

- Et vous, vous ne savez plus déchiffrer mon langage ! Je parlais du quotidien. De mon apprentissage. Je veux dire, si cet exercice, non, cette formidable aventure doit se faire sans vous, est-ce que je dois me comporter comme si vous étiez là ? Imaginer qu'il s'agit d'une leçon, tenir un rôle ? Où bien suis-je libre d'être...simplement moi ?
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MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°3   Groupe Leenio - Cours n°3 - Page 2 Icon_minitimeVen 26 Nov 2010, 19:14

    - N'as-tu pas encore compris que les leçons ne faisaient que dévoiler ton vrai toi, Syndrell ?
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MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°3   Groupe Leenio - Cours n°3 - Page 2 Icon_minitimeVen 26 Nov 2010, 20:19

- Mon vrai moi ? Sans doute, si... Alors je pars avec la caravane, je dévoile mon vrai moi toute seule, comme une grande, je vous retrouve à l'Académie et vous me présentez à l'Oulan-Kil. Et bien, on peut dire que j'ai un programme chargé ! Une dernière question, cependant. Est-on sensé savoir que je suis une marchombre, au cours de ce voyage ?
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MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°3   Groupe Leenio - Cours n°3 - Page 2 Icon_minitimeSam 27 Nov 2010, 11:59

    - Naagrarh sait qui je suis. Ce que tu es, par la même occasion. Nul besoin de te cacher, en tout cas au personnel de la caravane.

    Bonne route, Syndrell !
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MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°3   Groupe Leenio - Cours n°3 - Page 2 Icon_minitimeSam 27 Nov 2010, 14:12

Syndrell s’accroupit et observa un moment les traces parfaitement bien dessinées dans la neige. Elles suivaient une piste qui remontait sur le sommet de la colline.

- Alors ?
- Alors rien.
- Mais, et ces traces ?

Syndrell se redressa et ôta le gant de sa main gauche.

- Une panthère. Elle est passée par là il y a peu de temps, sinon la poudreuse aurait déjà masqué son passage. Inutile de nous inquiéter, si nous passons à flanc de colline, il n’y aura pas d’incident.

La jeune fille porta deux doigts à ses lèvres et le sifflement aigu qu’elle lança fit grimacer sa compagne.

- Maintenant, si tu as vraiment trop peur, on peut toujours attendre que…
- J’ai pas peur d’un chat !
- Panthère. C’est une panthère. Un mâle, à en juger par la profondeur des empreintes. Un mâle adulte qui doit peser aux environs de 55 kilos et mesurer un peu plus de 1,30m. Excellente grimpeuse, la panthère est un animal sauvage capable de déchiqueter un chevalier en moins d’une minute pour ensuite…
- Ça va, Syndrell ! Tu n’arriveras pas à m’impressionner et tu le sais…

Syndrell sourit. Enna partait toujours au quart de tour lorsqu’elle la taquinait et chacune de leurs joutes verbales égayait sensiblement leurs journées. Enna n’était pourtant pas de celles qu’il faut commettre l’erreur de froisser : mesurant presque 2m et pesant probablement le double du poids de Syndrell, elle était bâtie comme une armoire et solide comme un roc. Puissante des pieds à la tête, elle possédait pour unique coquetterie féminine de longs cheveux roux, presque rouges, toujours réunis en une natte épaisse qui retombait dans son dos, dégageant un visage éternellement jovial, des yeux bleus rieurs et des fossettes de rire qui avait instantanément plus à la marchombre. Enna, comme tout bon chevalier qui se respecte, était vêtue d’une lourde armure qui scintillait sous l’éclat du soleil, résultat d’innombrables heures passées à lustrer « ma seconde peau, c’est comme ça que je l’appelle parce que je me sens si bien avec que je pourrais m’endormir sans l’ôter. Tu veux l’essayer, Syn’ ? »

- C’est déjà fait ; tu serres Bébé tellement fort qu’on en voit blanchir tes jointures.
- Je serre toujours Bébé. Mon épée est ce qui me permet de terrasser les gros chats. Et si j’ai les mains blanches, c’est parce qu’il fait froid.
- Ou parce que tu as laissé geler tes gants…

Un hennissement joyeux interrompit la discussion et le visage de Syndrell s’éclaira, comme chaque fois que Nuance répondait à son appel. La petite jument freina des quatre fers devant sa cavalière, laissant celle-ci se mettre en selle, puis repartit au petit trop vers la caravane. Presque aussitôt, Enna se cala à sa hauteur, tirant un sourire amusé à la marchombre. Elle était détendue mais son regard vif balayait la plaine enneigée, à l’affût du moindre détail qui n’aurait pas sa place dans la froide beauté du paysage. L’hiver était aussi rude que la lune l’avait annoncé, et surtout il était en avance ; Syndrell ne l’avait pas vu arriver. Un aller au cœur de l’automne avec Miss, un retour au cœur de l’hiver avec une poignée de gens formidables. Des gens qui lui donnaient l’improbable sensation d’être des leurs – de l’avoir toujours été. Et pourtant, dix jours plus tôt, ils faisaient tout juste connaissance…

*
* *



- Alors, Syndrell, tu t’es inscrite sur la liste ? Bon, maintenant laisse-moi te donner une vue d’ensemble sur ma troupe. Elle n’est pas très grande, c’est pourquoi j’assure les rôles de maître-caravanier et de recruteur. Cet homme, là-bas, c’est Gareth, l’intendant. Adresse-toi à lui pour tout ce qui est tâches quotidiennes et salaire. Voici, Naël, le bouvier. Et Gildas, le cuisinier.

Progressant aux côtés de Naagrarh, Syndrell découvrait peu à peu l’équipage d’itinérants qui s’apprêtait à prendre le départ. Il était essentiellement constitué d’hommes, fait qui ne gênait pas la marchombre outre-mesure. Elle fut intriguée, cependant, lorsque Naagrarh lui désigna l’homme avec qui elle allait accomplir le rôle d’éclaireuse durant le voyage. C’était un chevalier aux cheveux roux, un puissant guerrier qui lui tournait le dos, trop occupé à sangler maladroitement son cheval, et offrant donc aux regards l’énorme fourreau accroché à ses épaules.

- Il est colossal…
- Elle.
- Pardon ?
- Pas il ; elle. Syndrell, voici Enna Sil’Selem. Ce n’est pas la première fois qu’elle voyage avec nous, tu n’as qu’à la laisser te montrer les ficelles du métier.

Elle. Syndrell avait vu tellement de chose en presque dix-huit ans qu’elle se croyait à l’abri de toute surprise et pourtant, lorsque la guerrière rousse tourna la tête vers elle, la jeune fille en resta muette de stupéfaction.

- Nom d’une chiure de mouche ! Tu comptes rester plantée là longtemps avant de m’aider à harnacher ce foutu canasson ?

Il n’en fallu guère plus pour que Syndrell retrouve tout son aplomb. Un sourire accroché aux lèvres, elle s’approcha.

- Allons bon. Un chevalier qui ne sait pas s’occuper d’un cheval. J’ignorais que les balourds de métal avaient besoin d’un mode d’emploi pour…

La fin de sa phrase resta coincée dans sa gorge.
Immobile, elle baissa le regard sur la lame, large d’une bonne vingtaine de centimètres, qui apposait son tranchant contre sa gorge.
Non. Contre le bracelet de cuir qui ceignait son avant-bras, avant-bras qu’elle avait eu le réflexe de lever pour parer le coup.
Un coup d’une rapidité et d’une puissance extrême.


- Ne t’avise plus jamais de manquer de respect à la chevalerie, demi-portion.

Le visage jovial d’Enna était à présent de marbre. Syndrell repoussa doucement sa lame.

- Je te le promets. Mais je ne retire le « balourd de métal » à la seule condition que toi, tu oublies le « demi-portion ».

Un court instant, elles s’observèrent en silence, chacune jaugeant l’autre avec une suspicion mêlée d’admiration. Puis Enna rengaina son épée et Syndrell baissa son bras. Le releva pour désigner l’imposant fourreau qui retenait l’arme dans le dos du chevalier.

- Belle lame.
- Bébé est ma fierté.
- Bébé ?
- Attention, si tu t’avises encore de…
- Je fais confiance à Bébé pour me remettre dans le droit chemin si jamais je commets un impair. J'ai saisi !

Le regard d’Enna changea et un immense sourire fendit son visage.

- Tu me plais, toi ! Amies ?

Elle avait tendu sa main ouverte, paume tournée vers le ciel. Syndrell topa de la sienne.

- Amies !

*
* *


Assis sur le premier chariot, Naël leva un bras pour faire signe aux deux éclaireuses.

- Alors, demoiselle ? La piste est-elle sûre ?
- Qui c’est que t’appelles demoiselle ?

Enna avait refermé les doigts sur la garde de son épée, et Naël préféra reporter son attention sur Syndrell. C’était elle qu’il appelait ainsi depuis qu’ils avaient quitté le port. La marchombre était la plus jeune du groupe, mais il n’était son aîné que d’une paire d’années et elle avait remarqué depuis un bon moment déjà les regards en coin qu’il lui jetait fréquemment.

- Elle est sûre, oui. Le seule danger aux environs se tient à ta gauche et va probablement te découper en rondelle si tu soulignes encore une fois sa féminité…

Le regard dévastateur d’Enna appuya ces paroles et Naël s’abstint de tout commentaire pour se rencogner sur son banc, tirant un sourire amusé à Syndrell. La jeune fille flatta Nuance d’une caresse sur son encolure tandis que les paroles de Miss lui revenaient en mémoire.

Naagrarh sait qui je suis. Ce que tu es, par la même occasion. Nul besoin de te cacher, en tout cas au personnel de la caravane. Bonne route, Syndrell…

Cette séparation avait laissé un vide étrange en elle. Chacun de ses cours avaient pourtant connu de longues pauses, de longues séparations dont elle avait toujours profité sans se poser de question. Mais cette fois-ci, alors que chaque seconde qui s’écoulait la rapprochait de son Oulan-Kil, Syndrell avait la sensation de prendre un nouveau virage de sa vie, un virage destiné à la conduire vers son indépendance – une indépendance bien trop proche à son goût. Son apprentissage était loin d’être terminé, pourtant elle ne pouvait s’empêcher de songer que le temps était passé beaucoup trop vite depuis son arrivée à l’Académie.

- A quoi tu penses, demoiselle ?

Syndrell sortit de ses pensées et posa son regard doré sur Naël. Ils avançaient tranquillement sur la piste enneigée, et derrière eux la caravane suivait le rythme. Il avait recommencé à neiger.

- A une aventure. Une grande et belle aventure.




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MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°3   Groupe Leenio - Cours n°3 - Page 2 Icon_minitimeSam 27 Nov 2010, 18:58

Journal de bord de Naagrarh

Jour 11.
Nous avons dû faire un détour avant d’atteindre Al-Jeit ; l’hiver est arrivé plus tôt que prévu et la neige a bloqué la piste. Impossible de passer avec les chariots. Les bœufs s’enlisent. Cet autre itinéraire nous a fait perdre un temps précieux mais aucun autre incident n’est intervenu et nous atteindrons la cité demain matin.
Le climat est rude mais l’ambiance est là. Syndrell s’est parfaitement intégrée au groupe. En la voyant comploter à voix basse avec Enna, toutefois, je crains d’avoir fait une erreur en les présentant…

Jour 13
Il a fallu abréger notre halte. Cette perte de temps nous a fait perdre quelques clients mais toute la marchandise est arrivée à bon port. Ce n’est pas terminé. Nous avons laissé à Al-Jeit une grande partie du bétail mais nous avons récupéré des cages de volailles, entreposées dans le troisième chariot bâché, ainsi que des étoffes et des épices. Le dernier convoi d’itinérant n’étant pas parvenu jusqu’ici, c’est à nous de faire le travail et de remonter jusqu’à Al-Chen.
J’espère que nous n’allons pas faire de mauvaise rencontre sur notre chemin.

Jour 14
Auroch, le cheval d’Enna, s’est foulé le pied ce matin en glissant sur une plaque de glace dissimulé sous la neige. Syndrell a cédé Nuance à sa compagne et poursuis la route à pied. A pied ! Cette gamine court du matin au soir par un froid de canard et ne semble même pas essoufflée. Les marchombres sont vraiment des êtres à part…







Carnet de voyage de Naël


Syndrell Ellasian.
Un formidable amalgame entre beauté et puissance. Douceur et brasier. Chatte et louve… Une telle alchimie à laquelle j’assiste du matin au soir et… oui, du soir au matin. Dans mes rêves les plus fous. C’est incroyable ; même endormi, alors que je suis censé pourvoir réaliser l’impossible, je me contente de m’asseoir à côté d’elle et de la regarder. Tout simplement. Ses grands yeux d’or, ses cheveux si étranges, sa prestance… Elle est merveilleuse.
Merveilleuse, et marchombre.
C’est triste à dire, mais un fossé nous sépare, elle et moi. Elle, la farouche guerrière et moi, le simple bouvier. Je crois qu’elle m’aime bien.
Je crois que je l’aime beaucoup.
Un fossé nous sépare et ce fossé s’appelle liberté.
Syndrell est libre.



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MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°3   Groupe Leenio - Cours n°3 - Page 2 Icon_minitimeSam 27 Nov 2010, 19:21

Nuance n’avait pas apprécié.
Enna encore moins.
Mais Naagrarh s’était montré intransigeant : il n’y avait pas de place pour le chevalier à bord des chariots et tous les autres chevaux étaient déjà pris. Enna respectait le maitre-caravanier, comme chacun d’entre eux mais, en la voyant caresser le fourreau de Bébé d’un œil mauvais, Syndrell s’était portée volontaire pour lui céder sa jument.
Nuance n’avait pas apprécié.
Enna encore moins.

Mais Syndrell éprouvait toutefois beaucoup de plaisir à vadrouiller « librement ». Enna et elle avaient dû modifier leur organisation, Nuance ne pouvant supporter leur poids conjugués. Quand la marchombre ne jouait pas le rôle d’éclaireuse, elle s’asseyait à côté de Naël et discutait avec lui jusqu’à ce qu’il ne devienne trop entreprenant avec elle. Alors, elle aidait Gildas à éplucher quelques légumes et il lui apprenait à concocter d’excellentes soupes avec les moyens du bord, un savoir extrêmement précieux qu’elle gardait soigneusement en mémoire. Puis elle câlinait sans retenue sa petite jument – il fallait bien ça pour que Nuance se mette dans le crâne que non, elle n’avait pas été abandonnée – et partait au pas de course explorer les environs, son arc à la main et son carquois passé sur l’épaule.

Elle continuait à tirer la nuit. Plus les jours passaient et plus elle s’améliorait mais le résultat n’était pas encore là. Toujours volontaire pour aller chasser, elle accepta plus d’une fois qu’Enna l’accompagne et dut s’armer de patience devant la maladresse exubérante de son amie. Chaque fois qu’une proie était repérée – ce qui, en cette saison, était déjà un exploit – Enna tentait d’imiter la grâce et la légèreté de Syndrell, mais sa démarche particulièrement bruyante les faisait toujours découvrir. Gareth décida finalement que Syndrell irait désormais chasser seule ou, à la rigueur, en compagnie de Naël, s’ils voulaient avoir autre chose à se mettre sous la dent que les soupes de Gildas. Lorsqu’Enna avait fait remarquer que dans le pire des cas, il était toujours possible de se rabattre sur l’une des poules caquetant sous la bâche du troisième chariot, l’intendant entra dans une colère noire qui n’aboutit heureusement qu’à de grands éclats de rire partagé de tous.

Le soir, lorsque le campement pour la nuit était installé, la flambée allumée et le repas servi, Syndrell croisait régulièrement le fer avec Enna, mais aussi avec Naël, avide d’apprendre quelques techniques. Les deux guerrières se faisaient une joie de lui dispenser un enseignement qui le laissait bien souvent épuisé, pour le bonheur de tous, et, fait étrange, la jeune marchombre se découvrait un certain plaisir à donner conseils et remarques. Elle découvrit qu’enseigner quelque chose, que ce soit le silence du chasseur ou l’équilibre du combattant, requerrait une patience et une attitude particulières et que, si Miss semblait avoir naturellement un don pour guider une âme têtue et rebelle, ce n’était pas aussi facile qu’elle aurait pu le croire.

Un matin, alors que Syndrell et Naël chassaient le lapin, le jeune bouvier fit quelque chose qui troubla Syndrell. Il lui effleura la joue. Simplement, et tout aussi délicatement que si elle avait été faite de verre. Le geste n’avait pas duré cinq secondes et pourtant il ne permettait qu’une seule et unique interprétation. Une interprétation qui n’était pas à prendre à la légère… Les jours qui suivirent cependant, Naël ne semblait pas différent. Persuadée qu’elle ne s’était pas trompée, Syndrell décida de laisser faire le temps et de rien en dire pour le moment. Ni au jeune homme ni à quiconque.

Et le voyage se poursuivait.
Intense.
Syndrell commençait à comprendre ce qu’avait voulu dire Miss en parlant de généralisations qui seraient faite de vrai et de faux. Elle en avait la preuve irréfutable en évoluant avec un groupe aussi hétéroclite que le groupe de Naagrarh ; la chevalerie, par exemple, n’est pas exclusivement faite pour les hommes. Un faut qui ne surprenait pas Syndrell ; lui aurait-on dit que la voie des marchombres étaient réservé à la gente masculine uniquement qu’elle aurait éclaté de rire. Avant de s’élancer sur la voie, vive et fière d’être une femme. Mais ce n’était pas tout. Nombreuses étaient les mauvaises langues qui, dans les petites bourgades ou au sein des grandes villes, médisaient le passage de caravanes comme celle-ci. Gareth, qui pourtant n’était pas du genre bavard, lui avait expliqué qu’il s’agissait souvent d’un malentendu.


- Les gens nous prennent pour de vulgaires saltimbanques, des artistes ratés qui sillonnent le pays à la recherche de la chance qui rendra unanime leur célébrité.
- Je croyais que les marchands étaient bien vus ?
- Les marchands, pas les itinérants. Convoyer de la marchandise aussi précieuse que des céréales ou du bois, c’est risquer sa vie à chaque instant. Rares sont les marchands qui choisissent une vie de vadrouille.
- Si les gens ont tort, qui êtes-vous vraiment ?
- Nous ? Des artistes ratés en quête d’aventure, bien sûr…

Artistes ou non, tous partageait le même amour de la nature, le même respect des simples choses de la vie. Voyager avec des gens aussi humbles gonflait de fierté le cœur de Syndrell. Lorsque Miss lui avait annonçait qu’elle seule accompagnerait la caravane, elle avait craint de n’être jamais acceptée pour ce qu’elle était – une marchombre solitaire à la langue toutefois bien pendue – alors qu’au bout de presque trois semaines, elle avait l’impression d’avoir toujours fait partie de la troupe. Très proche d’Enna, de Gildas et de Naël, elle avait appris à connaître Hunaïs, une dessinatrice médiocre qui avait été envoyée sur la côte pour remettre en question ses capacités et son désir de poursuivre la voie qu’elle avait commencé à parcourir. Il y avait aussi Trent, Kelian et Ejaal, trois anciens soldats de la Légion Noire qui n’avaient rien perdu de leur fougue. Du monde que Syndrell apprenait à apprécier et à côtoyer, deux choses bien différentes et pourtant essentielles.

Ils avaient parcouru les trois quarts de leur périple lorsqu’une halte les fit passer la nuit près d’un petit lac entièrement gelé. Une fois le camp dressé, les chevaux pansés et le repas expédié, tous eurent envie de se dégourdir les jambes et très vite, des boules de neige fusèrent dans tous les sens. Celles d’Enna étaient énormes mais la guerrière, gênée par son armure et sa carrure, évitait rarement celles qui lui étaient lancées. Naël passait le plus clair de son temps dans la neige, plié de rire tandis que Syndrell, agile, évitait le moindre projectile sans difficulté aucune et ne manquait jamais sa cible. Leur jeu les entraîna près du lac, qui miroitait sous le clin d’œil amusé de la lune. Gildas, qui était sorti de sa tente pour les observer de cet air qu’ont tous les grands-pères du monde en veillant sur leurs turbulents petits-enfants, fut pris dans la bataille et une boule d’Enna le prit par surprise. Ses lunettes en demi-lune volèrent dans la nuit pour atterrir sur le lac gelé, glissant jusqu’à se retrouver hors de portée.

Terriblement honteuse, Enna se confondit en excuses et se précipita vers le lac, mais Naagrarh, à qui la situation n’avait pas échappé, l’arrêta avant qu’elle n’atteigne la rive. Il était formel ; Enna n’irait pas sur la glace, laquelle n’était pas suffisamment solide pour supporter son poids, ni celui d’aucun d’entre eux. Il en eut pour preuve le sinistre craquement qui résultat de son pied, pourtant posé avec précaution, à l’extrême bord du lac. Les lunettes étaient inaccessibles.
Pas pour Syndrell.

La jeune fille ignora l’avertissement du maître-caravanier et se dirigea vers l’étendue d’eau figée par l’hiver. Elle s’octroya une poignée de seconde pour balayer le lac du regard, apaiser son souffle et faire le vide en elle. Ce qu’elle allait tenter – non, réussir – nécessitait une concentration extrême. Tous le comprirent, car il n’y eut bientôt plus autour de la jeune fille qu’un lourd silence, à peine brisé par le souffle du vent et le frémissement des chevaux. Syndrell ne les isola pas. Chaque partie de son environnement, aussi infime soit-il, constituait un tout qui se devait d’être compris en entier pour qui voulait percevoir l’imperceptible. Le bruit de la glace qui se fendille, par exemple.
Syndrell posa le pied sur la surface gelée du lac.

Puis le second.
Bras écartés, tendus à l’horizontal, paumes ouvertes vers le bas, elle commença sa lente et délicate progression. La semelle de ses bottes ne faisait qu’effleurer la glace. Sûre d’elle, son regard verrouillé sur la paire de lunette abandonné à son sort à quelques pas d’elle, Syndrell avançait tout en répartissant au millimètre près son poids. Dans son dos, ses amis retenaient leur souffle et suivaient sa dangereuse progression, figés par l’inquiétude autant que l’eau sous ses pieds par la glace. Portée par le murmure du vent à ses oreilles, la marchombre atteignit le précieux bien de Gildas. Avec une lenteur parfaitement calculée, elle se baissa, saisit les lunettes par une branche et se redressa doucement.
Se retourna.
Se remit en marche.

Un pas.
Un second.
Un troisième.
Il ne lui en restait pas dix à faire pour atteindre la rive lorsqu’un lourd craquement rompit le silence. Sans autre sommation, la glace se fendit sur toute sa longueur. Depuis la berge, Enna laissa échapper un affreux juron et Gildas plaquait sa main sur sa bouche, étouffant un cri, tandis que Gareth et Naël faisait un pas en avant, impuissants.
Syndrell avait déjà bondi.
Une courbe gracieuse, un envol parfait, défiant toutes lois du réel.
Elle retomba sur ses jambe, roula dans la neige et se redressa devant Gildas pour lui tendre ses lunettes. Elles n’avaient pas une rayure.
Les remerciements du vieil homme moururent sur ses lèvres mais ses yeux parlèrent pour lui et Syndrell hocha la tête. Enna s’approcha alors, le visage fendu d’un large sourire.


- Syn’, ma vieille, tu viens de prouver que les marchombres sont les seuls qui ne soient pas qualifiables de balourds !

La soirée se termina sur cette plaisanterie ; tous s’endormirent le cœur léger et l’esprit envahit par un exploit défiant l’imaginable.
Assise au bord du lac, dont la glace se reformait, comme pour la mettre au défi de la surprendre une fois encore, Syndrell veillait.
Heureuse.

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MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°3   Groupe Leenio - Cours n°3 - Page 2 Icon_minitimeDim 28 Nov 2010, 00:30

Lovée contre Nuance, blottie dans sa couverture, on pourrait la croire endormie.
Sauf que Syndrell a les yeux grands ouverts, et qu’elle a perçu depuis longtemps la présence qui rôde dans le camp. Le rôdeur en question se croit silencieux mais en réalité, il ne l’est pas du tout. La neige crisse sous ses pas et l’on entend son souffle à des mètres à la ronde. La marchombre ne prend même pas la peine de poser la main sur le manche du couteau qu’elle porte à la ceinture. Parfaitement détendue, elle étouffe un bâillement ; il est bientôt temps pour Enna de venir la remplacer. Dans son dos, le bruit se fait plus concret et cette fois-ci c’est un soupir de lassitude qu’elle réprime à grand peine. Jusqu’à ce que, agacée, elle ne repousse sa couverture et se lève, contournant Nuance pour se planter devant l’origine de tout ce tintamarre.


- J’espère pour toi que tu es déjà allé te soulager parce que si tu ne retournes pas sous ta tente dans la seconde, Naël Slyan, je te…
- Je suis venu te parler, Syndrell.
- Quoi !?
- Chut, voyons ! Tu vas réveiller tout le monde !
- Naël…

Ignorant toute la menace dont la jeune fille fait preuve dans le ton de sa voix, le bouvier la saisit par le bras et l’entraîne à l’écart du camp. Droit vers le lac.

- Naël, ne compte pas sur moi pour t’apprendre à marcher sur la glace parce que je…
- Il ne s’agit pas de ça.
- Mais tu…
- On devrait s’asseoir, tu veux ? Ce que j’ai à te dire est vraiment important.
- Mais nom d’une bave de trodd, Naël, tu vas me laisser finir mes phrases, oui !?
- Quelles phrases ? C’est moi qui ai quelque chose à dire. Ton seul rôle est de m’écouter. Seulement écouter, Syn. Tu veux bien t’asseoir ?

Il désigne les rochers qui bordent le lac gelé et Syndrell acquiesce dans un soupir résigné. Elle s’assied sur une pierre assez plate, genoux en tailleur et bras croisés sur la poitrine ; il s’installe à sa droite, un genou replié contre sa poitrine, l’autre jambe tendue devant lui. Si près d’elle qu’elle peut sentir contre son bras le moindre de ses mouvements.

- Bon, alors, qu’as-tu de si important à me dire, pour m’avoir tirée du sommeil à une heure pareille ?

Un rire.
Nerveux.
Imperceptiblement, Syndrell se raidit.


- Tu ne dormais pas, tu montais la garde. Il m’a fallu attendre que tu prennes le quart de Trent pour ne pas avoir à te réveiller.
- Ça ne pouvait pas attendre demain ? Les autres ne peuvent-ils pas savoir…
- Non, j’aimerai autant qu’ils ne soient pas au courant de…

Regard noir.
Indéniablement dangereux.


- Heu… excuse-moi. Je ne te couperai plus la parole, c’est promis.
- Je t’écoute, Naël…
- Voilà. Ce que j’ai à te dire est… Enfin, ce n’est pas quelque chose que l’on dit tous les jours. Tu vois ce que je veux dire ?
- Non.
- Bon sang… J’avais préparé tout un discours mais là, devant toi, c’est tout simplement impossible.
- Essaie quand même.
- Bon.

Il prend une inspiration.
Une seule.


- Syndrell, je suis tombé amoureux. De toi.

Choc.
Immense.
Surprise qui scintille dans l’or.
Reprise.


- Je sais bien que nous ne sommes pas faits pareil, je… Tu es fabuleuse, tu accomplis de véritables miracles et moi je ne suis bon qu’à mener le bétail là où il doit être mené. Je suis le bétail. Tu es l’aigle qui tournoie loin au-dessus de lui. Mais Syndrell, si je ne te dis pas ces mots maintenant, je ne les dirais plus jamais. Cette nuit est ma seule chance, tu comprends ? Tout à l’heure, lorsque tu as récupéré les lunettes de Gildas sur la glace, j’ai eu si peur… J’ai compris que si je ne te disais pas tout, tout de suite, il serait trop tard. Demain, tu t’en iras vers un autre horizon. Nos routes se séparerons pour ne plus se croiser.
- Naël…
- Je t’aime, Syndrell. Je t’aime, même si toi tu ne m’aimes pas. J’ai bien compris que tu appartiens déjà à quelqu’un d’autre. Seulement, ça fait tellement mal, ici…

Il a plaqué son poing serré contre son cœur. Immobile, Syndrell le regarde, statue de verre qui semble briller d’elle-même dans la nuit. Et puis, tout doucement, elle tend une main, la pause sur le poing du jeune homme. Accroche son regard. Le retient prisonnier du sien.

- Naël. Tu es un parfait idiot.
- Je suis un… idiot ?
- Oui ! Comment peux-tu seulement croire que je ne t’aime pas ? Je te connais depuis moins d’un mois, d’accord, mais aujourd’hui je te considère comme un frère. Un grand frère sur qui je dois sans cesse veiller, moi, la plus jeune de la troupe !

Un sourire flotte sur les lèvres de Naël.
Triste.


- Un frère…
- Oui. Un frère. Parce que mon cœur est déjà pris, c’est vrai. L’homme à qui il appartient se trouve loin d’ici et notre amour est un défi pur et simple aux règles édifiées par le temps mais il est bien trop puissant pour être brisé. Mais, tu sais Naël, j’ai toujours rêvé d’avoir un frère.
- Vraiment ?
- Vraiment.
- Et c’est… bien, ça ? Frère et sœur ?

Syndrell éclate de rire et lui balance un léger coup de poing dans l’épaule.

- Mais c’est pas vrai, le froid à vraiment gelé tous tes neurones !
- Syn, je suis sérieux…
- Moi aussi. Je t’ai entendu, Naël. Je t’ai entendu, et je t’ai écouté. Mais de ta touchante déclaration, je ne peux retenir qu’un amour fraternel, parce qu’est le seul que je puisse t’accorder. Tu comprends ?
- Je… oui.

Elle peut sentir la déception dans sa voix. Alors, mue par une impulsion soudaine, elle passa un bras autour de ses épaules et dépose un baiser sonore sur sa joue, juste au coin des lèvres.

- Nous voilà frère et sœur. Enna est notre cousine. Je suppose que l’on peut attribuer le rôle de paternel à Naagrarh, et celui de grand-père à Gildas.
- Et Gareth ?
- Hmmm… la nounou ?

Eclat de rire partagé.
Un peu de peine s’envole. Naël retrouve le sourire. Son futur ne se dessine peut-être pas dans le cœur de Syndrell, mais il a trouvé une sœur et ça, c’est une sacrément belle découverte.
Serrée contre lui, la jeune marchombre laisse son regard vaguer sur le miroir de glace qui s’étend devant eux. Cette discussion nocturne éveille en elle des souvenirs qui font mal. Là où Naël a placé son poing en évoquant cette même douleur.

Puis son regard glisse vers les étoiles qui tapissent le ciel et elle se surprend à se demander si, là où il se trouve en ce moment, celui à qui elle a offert son cœur observe lui aussi la voûte éthérée. En songeant à elle.
En ne l’oubliant pas…

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MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°3   Groupe Leenio - Cours n°3 - Page 2 Icon_minitimeDim 28 Nov 2010, 13:57

Il fallut quelques jours pour que la cohésion du groupe se redessine aussi parfaite qu’elle ne l’était avant la discussion de Syndrell et Naël. Tous avaient évidemment remarqué l’air malheureux du jeune homme, bien qu’il se soit employé à le cacher ; plus perspicace qu’on aurait pu le penser, Enna en avait touché deux mots à Syndrell, comprenant que l’état du bouvier avait à voir avec elle. La jeune marchombre était restée silencieuse. Cet épisode ne concernait que Naël et elle, et malgré toute l’affection qu’elle portait au chevalier, elle se contenta de se dérober avec un sourire empreint de mystère chaque fois qu’Enna essaya de la prendre à part.

Auroch avait retrouvé sa cavalière, et Nuance la sienne. Tout était rentré dans l’ordre et la joyeuse caravane poursuivait sa route vers le nord. Un redoux avait fait fondre la neige sans qu’elle ne disparaisse complètement, et le groupe évoluait à présent sur une sorte de boue informe et extrêmement glissante. Manœuvrer les chariots était une tâche délicate et ils perdirent encore du temps sur l’horaire d’arrivée prévu par Naagrarh. Mais selon lui, un retard ne serait pas très gênant puisqu’ils devaient rester à Al-Chen un petit moment avant de reprendre la route, aussi préférait-il que le convoi progresse lentement, mais sûrement. Aucun incident majeur n’était venu troubler le voyage et il ne voulait pas que l’un d’eux se blesse en précipitant inutilement les choses.

Al-Chen n’était plus qu’à deux jours de marche lorsqu’ils furent attaqués.
Syndrell chevauchait tranquillement en milieu de convoi et échangeait quelques mots avec Hunaïs, la dessinatrice, lorsqu’un cri les fit tous sursauter. Enna dévalait une colline à bride abattue. Elle était talonnée par une demi-douzaine de cavaliers qui galopaient en poussant de puissants cris de guerre.


- Des pillards !

Le cri de Gareth avait fusé, achevant de frapper de stupeur tous les membres du groupe.
Syndrell s’était déjà élancée.


Talonnant Nuance, dont les sabots soulevaient des éclats de neige et de boue, elle se redressa sur sa selle, prenant appui sur ses étriers, et lâcha les rênes pour écarter les bras. Des poignards apparurent dans ses mains, comme s’ils avaient toujours été là. Elle ne se trouvait qu’à quelques mètres d’Enna lorsque sa première lame s’envola. Droit vers le premier homme qui le reçut entre les deux yeux et s’écroula. Celui qui se trouvait à sa droite vacilla sur sa selle et s’effondra à son tour, un poignard fiché dans la poitrine.
Enna dépassa Syndrell et tira sur les rênes d’Auroch.


- Va protéger les autres, vite !

La rousse guerrière marqua un temps d’hésitation mais un cri, depuis la caravane immobilisée, l’interpela. D’autres pillards descendaient des collines depuis un autre versant. Ils étaient pris au piège ! Dans un cri de guerre, Enna dégaina Bébé et s’élança vers les chariots tandis que Syndrell filait droit vers leurs attaquants. Bras tendus, elle se glissa entre les pillards et les lames coincées entre ses doigts ouvrirent des blessures. A chaque fois qu’elles touchèrent un homme. Puis la marchombre fit volter Nuance et s’élança à leur suite. Se calant à côté d’un pillard, elle vida les étriers et bondit sur son dos pour le renverser, parvenant d’extrême justesse à rester en selle. Dirigeant sa monture vers un autre bandit, elle se coula sur le flanc du cheval et, seulement maintenue à la force d’un bras par une sangle, fit décrire à sa lame une arabesque. La selle de l’homme se détacha et il s’écrasa sur le sol tandis que son cheval continuait sur sa lancée. Syndrell avait déjà récupéré sa petite jument. Poussant Nuance à pleine vitesse, elle fonça vers la caravane.

Naagrarh et Gareth se battaient côte à côte. Ils avaient fait placer les chariots de façon à les protéger des tirs d’archers qui, restés à l’écart de leurs compères, faisaient pleuvoir leurs flèches. Tous ceux qui ne savaient pas se battre avaient pris place dans le second chariot, qu’ils défendaient comme ils le pouvaient à l’aide des ustensiles de cuisine de Gildas. Formidable barrière impénétrable, Enna empêchait les pillards de trop s’approcher d’eux, Bébé balayant les voleurs avec une redoutable efficacité. Trent, Kelian et Ejaal, les trois anciens soldats, se battaient eux aussi avec une puissance insoupçonnée. Ils protégeaient la caravane tout en gardant à l’œil un Naël bien téméraire. Une flèche frôla la tempe du jeune homme pour s’enfoncer dans la toile de son chariot et Syndrell grimaça. Les archers ! Il fallait s’en débarrasser à tout prix où ils couraient tous à leur perte. Faisant dévier Nuance de sa trajectoire, la jeune fille détacha l’arc de sa selle et encocha une flèche. Jusqu’àlors, tirer à l’arc au grand galop n’avait été l’objet que de simples exercices qu’elle s’était elle-même imposée. Sur des cibles fixes. Or, les pillards qui leur tiraient dessus étaient eux aussi juchés sur des chevaux et ils étaient bien plus dangereux qu’une simple plaque de bois.
Syndrell banda son arc.

Trait mortel.
Précision extrême.
Puissance infinie.

Un premier pillard fut projeté à terre par une flèche qui s’enfonça dans sa poitrine. Les autres changèrent instantanément de cible et se concentrèrent sur la fille aux cheveux bleus. Ils n’étaient pas des archers vraiment exceptionnels mais, à sept contre un, ils avaient toutes leurs chances. Sauf que le « un » en question, en revanche, était exceptionnel. Ses gestes étaient un défi au temps. Dépassant de loin les communes mesures du possible. Un archer décocha une flèche et vit avec stupeur trois de ses camarades s’effondrer. Fébrile, il en tira une seconde. La réponse ne se fit pas attendre. Il fut cueilli en plein cœur, quasiment en même temps que ses deux derniers comparses.
Six archers tombèrent.
En six secondes seulement.

Le dernier avait compris qu’il n’avait aucune chance de toucher ce diable aux cheveux bleus. Il savait aussi que sa vie ne s’en tenait plus qu’à une poignée de secondes. Il laissa échapper sa flèche. Droit sur un vieil homme qui tentait d’assommer ses assaillants à coups de planche à découper. Celui-là, au moins, n’avait aucune chance de l’éviter. Le pillard mourut avec cette certitude, frappé par une flèche de la fille aux cheveux bleus. Il ne vit donc pas la masse de muscle et d’armure qui s’interposa entre le trait et sa cible.

- Enna !

Le ventre noué par l’angoisse, Syndrell bondit du dos de Nuance et se précipita vers la vaillante guerrière. Celle-ci brisa la flèche qui avait transpercé son épaule, s’enfonçant dans le défaut de l’armure, à la jointure du plastron et de l’épaulière, puis elle se tourna vers son amie.

- Nom d’un pet de Raïs malade, ça pique ! Syn’, aide-moi, tu veux ?

N’importe qui d’autre aurait pu s’effondrer, terrassé par la douleur. Pas Enna. Pour elle, il ne s’agissait que d’une simple peccadille parmi tant d’autres, et le combat n’était pas terminé. Un sourire soulagée accroché aux lèvres, Syndrell retira rapidement le reste de la flèche et immobilisa encore quelque secondes le chevalier pour coincer un pan de sa cape dans l’interstice de l’armure afin d’endiguer le flot de sang. Sitôt fait, Enna repartit dans la mêlée, agitant Bébé comme si rien ne s’était passé.

Plus de la moitié des pillards étaient à terre. Les combattants de la caravane faisaient des ravages. Syndrell vit Hunaïs dessiner une pierre qui assomma un voleur. Naël dévoilait soudain un étonnant potentiel, une flamme qui ne laissa pas Syndrell indifférente. Tout en parant habilement un coup, elle se demanda s’il était vraiment fait pour être bouvier. Ses gestes étaient empreints de la maladresse du débutant mais il ne faisait aucun doute que ses coups portaient avec efficacité. Enna s’était mise à chanter pour donner du rythme à son épée. Naagrarh et Gareth avaient de toute évidence suivi un entraînement militaire et faisaient des merveilles ; l’intendant avait un style bien particulier qui se remarquait parmi celui des autres combattants.

Au bout de quelques minutes, les derniers pillards encore en vie abandonnèrent la partie. Ils avaient perdu la quasi-totalité de leur horde, aussi préférèrent-ils s’avouer vaincus et tourner les talons. Naargrarh refusa de les prendre en chasse. Un chariot était complètement éventré, il fallait faire un rapide état de lieux avant de s’éloigner des collines ; une nouvelle attaque de pillards, qu’ils soient nombreux ou non, aurait raison de leurs forces. Epuisés mais galvanisés par l’issue de la bataille, les membres du groupe commencèrent par se serrer dans les bras ou s’envoyer des accolades fraternelles, heureux de s’en être tirés. Gildas s’approcha d’Enna, soucieux, mais elle le repoussa en grognant, refusant qu’on l’aide à se débarrasser de sa cuirasse toute cabossée. Aucunement essoufflée par le combat qu’elle venait de mener, Syndrell s’approcha de Naël, tout sourire.


- Tu as été magnifique, grand frère. Un vrai fauve, rien de moins !

Elle s’attendait à ce qu’il rougisse de plaisir ou se rengorge fièrement mais il n’en fit rien. Pâle, les traits tirés, Naël se contenta d’un demi-sourire crispé puis vacilla. Alarmée, Syndrell l’attrapa par le bras.

- Naël, est-ce que ça va ? Tu n’as…

Elle s’interrompit. Son regard venait de tomber sur le manche du poignard qui ressortait du dos de son ami, à la hauteur de l’omoplate. Vidé de ses forces, Naël s’écroula alors dans ses bras.

- Naël !
- Il nous faut de l’eau ! Un feu, de l’eau, des linges propres, allez !
- Ça va aller, petit…

Des cris, des ordres, du mouvement. Naël tremblait dans les bras de Syndrell. Il n’avait d’yeux que pour elle. Sa respiration était effroyablement sifflante et la douleur qu’elle provoquait chaque fois qu’il inspirait ou expirait était atroce, le poumon était touché. Il sourit.

- C’est dommage, pas vrai ?

Une rose de sang fleurit au coin de ses lèvres.

- Ne dis rien. Naël, je te jure que je vais te sortir de là. Je te le jure.
- Non, demoiselle. Pas ça. Je… Je préfère que tu me promettes autre chose…
- Dis-moi.
- Ne m’oublie pas. Garde… un petit souvenir de moi, d’accord ? Le… lac gelé et la lune… Nuit d’un frère et d’une sœur…
- C’est promis, Naël.

Les yeux du jeune homme s’emplirent de larmes. Des larmes de regret, et non de douleur. Celle-ci s’envolait déjà, en même temps que s’enfuyait sa vie. Il y avait des larmes aussi dans l’or pur des yeux de Syndrell. Roulaient sur ses joues sans qu’elle ne songe à les essuyer. Naël frémit dans ses bras. Elle se pencha vers son visage, déposa ses lèvres sur les siennes, lui offrit son souffle.
Il mourut sur ce baiser.



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Syndrell Ellasian
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Syndrell Ellasian


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MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°3   Groupe Leenio - Cours n°3 - Page 2 Icon_minitimeLun 29 Nov 2010, 12:48

Syndrell avançait doucement. De légers flocons de neige parsemaient sa chevelure azure ; elle n’avait pas envie de rabattre sa capuche. Le chariot de Naël bringuebalait à sa gauche. C’est Enna qui avait repris l’attelage. De temps à autre, elle jetait un coup d’œil à la marchombre mais n’osait pas émettre une parole ; la mort de leur compagnon avait laissé un vide énorme, et le silence qui pesait désormais sur la caravane était moins une marque de respect envers un ami tombé au combat qu’une impossibilité à le rompre, comme il l’aurait fait s’il était encore en vie.

Ils l’avaient enterré au sommet de la colline. Ouvrir la terre gelée avait demandé une certaine dose de volonté que tous avaient eue. Puis Hunaïs avait dessiné. Des fleurs, beautés colorées et éphémères, avait poussé dans la neige, défiant l’hiver et la mort. Syndrell avait veillé jusqu’à ce qu’elles fanent et disparaissent.
Elle avait veillé jusqu’à l’aube. Jusqu’à ce que Naagrarh, les yeux voilés par le chagrin, n’ordonne le départ. Jusqu’à ce que la caravane ne soit plus qu’un petit point dans le lointain. Alors seulement, elle s’était redressée pour siffler Nuance et rejoindre le groupe.

Ce soir-là, Enna anima le repas. Une chape de tristesse voilait encore son regard mais ses pitreries, qu’elles soient volontaires ou non, suffirent à redonner le sourire à la troupe. Les événements récents les avaient laissés épuisés mais ils avaient besoin de rire, comprit Syndrell en regardant son amie tenter de jongler avec des pommes. Le lendemain, ils atteindraient Al-Chen ; c’était les derniers moments qu’ils passaient ensemble et aucun n’avait envie de gâcher pareils instants.

La jeune marchombre montait la garde. Assise sur la première branche d’un arbre, elle avait piqué une pomme au bout de l’une de ses lames et la savourait tout en veillant sur le camp endormi. Elle était plongée dans ses pensées mais se figea dès qu’elle perçu le bruit de pas dans la neige. Plissant les yeux, elle reconnu la silhouette de Naagrarh. Elle délogea la pomme de son poignard, essuya la lame et la rengaina d’un geste fluide avant de se laisser tomber de son perchoir. Elle n’avait pas fait le moindre bruit et suivit le maître-caravanier jusqu’à un petit promontoire, en haut duquel il se tint droit et immobile, le regard perdu sur les lumières d’Al-Chen qui brillaient dans la nuit. Il sursauta à peine lorsque Syndrell se glissa près de lui. Un long moment, ils observèrent un silence paisible, puis Naagrarh prit une inspiration.

- J’ai commencé à arpenter Gwendalavir très jeune. Je n’ai jamais su rester en place bien longtemps… Mon père était itinérant, j’ai hérité de lui cette soif d’aventure et je l’ai suivi dans une vie de nomade, une vie sans attache. J’ai très vite compris quels étaient les dangers qui jalonnaient chacun des périples que j’avais à faire et je me suis promis de ne jamais me lier avec aucun des membres de ma caravane.

Syndrell ne dit rien. Elle était écoute.

- Je n’ai pas réussi à tenir cette promesse. Mais il m’a fallu du temps pour comprendre qu’il ne s’agissait pas là d’une faiblesse. Refuser de créer des liens avec l’autre, c’est refuser de vivre, tout simplement. Ma vie n’a un sens que depuis que je côtoie tous ces gens à la fois comme étant leur chef et un ami.
- Tu connaissais Naël depuis longtemps ?
- Trois ans. Ce petit n’était pas fait pour être bouvier. Cette aventure ne devait constituer qu’un jalon de sa vie…

Il aurait pu être marchombre. Syndrell l’avait ressenti dans chaque fibre de son être. La flamme qu’elle avait décelée en lui n’avait pas échappé au maître-caravanier… Ce dernier tendit une main vers la cité de lumière.

- Nous sommes arrivés au terme de notre périple, jeune Syndrell. Que retiens-tu de cet épisode de ta vie partagé avec nous ?

Elle ne répondit pas immédiatement. Laissa les sensations devenir des mots. Source vive et sincère qu’elle offrit à Naagrarh.

- Respect mutuel et formidable leçon de vie. Nouveaux liens, nouvelle perception des choses. C’est ce que je retiens de ce voyage, ce que je n’oublierai jamais et j’espère sincèrement qu’un jour, nos chemins se croiseront à nouveau.
- Je n’en doute pas un seul instant. Ton maître a prononcé les mêmes paroles, à peu de choses près, lorsque je lui ai posé cette question. J’imagine qu’un jour prochain, tu réapparaitras à l’improviste pour laisser à ma charge une jeune recrue. Ton élève…

Syndrell cilla. Son élève. Une éventualité qui, peu à peu, prenait les traits d’une possible réalité. Devant elle se dressait l’Oulan-Kil, mais ce n’était pas un obstacle à franchir ; c’était une porte à ouvrir. Ce voyage avait éveillé en elle l’improbable certitude qu’elle avait l’étoffe d’un guide et qu’elle avait envie de se battre pour revendiquer ce droit auprès de ses pairs.

- Merci, Naahrarh. Pour tout ça.
- Je t’en prie. Adresse mon bon sentiment à Miss lorsque tu la retrouveras.

Elle acquiesça en silence.
Il retourna se coucher, elle resta là jusqu’à ce qu’Enna ne vienne la remplacer.
Alors, elle resta aux côtés de la guerrière pour regarder le soleil se lever. Une veillée de silence qui remplaça toutes les paroles inutiles ; Syndrell n’était pas douée pour dire au revoir.



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