Reflet de beauté sur un miroir de neige [PV Tynsvan]

Ellenya ouvrit les yeux. Elle s'était assoupi pendant un moment, adossé à un arbre. Celle-ci se leva, s'étira et s'offrit à la vue. Le Lac Chen n'était pas très loin, peut-être à une centaines de mètres. Mais qu'importait. Le paysage offrait une vue splendide. Le sentier était recouvert de neige. Ellenya fit quelques pas et sentit ses pieds s'enfoncer dans la poudreuse. Elle s'accroupit, et effleura du doigt la neige qui fondit quelques secondes après. Puis elle se releva, le regard plongé dans la vue et dans la beauté du lieu qui s'offrait à elle. La neige recouvrait l'herbe comme les arbres, se glissait dans les chemins et parcourait l'horizon plongeant. Le paysage qui semblait être infini, ce paysage qui ne pouvait être troublé. Ellenya sourit. Elle sourit au vent, à la neige, au ciel. Elle sourit à l'infini. Elle sourit à la liberté.

Ellenya parvint bientôt au Lac Chen, immense étendue d'eau dont le fond semblait ne pas exister. Il s'étendait à plusieurs mètres, même kilomètres, si Ellenya ne se trompait pas. C'était presque une mer intérieure. Son fond semblait être infini, et Ellenya se demandait si en plongeant, elle arriverait à le toucher. Bien sûr, elle n'allait pas sauter, surtout que l'eau du Lac devait être d'un froid intense. Puis, plus loin, le Pollimage.

Ellenya savourait sa liberté avec tranquillité. Elle était partie tôt de l'Académie, afin d'observer les premiers rayons du soleil se levant sur le Lac Chen. Elle n'avait pas beaucoup prévu. Ou juste un poignard ajusté à sa ceinture, au cas ou elle ferait de mauvaises rencontres. Elle s'y était pourtant attendue, mais aucune de ces rencontres n'étaient arrivé. Elle pouvait s'en réjouir. Non pas parce qu'elle se sentait en danger et qu'elle avait peur dans ce genre de situations, mais parce qu'elle n'avait pas vraiment envie de gâcher son temps à combattre des brutes qui passent leur temps à piller les autres personnes. Ellenya n'avait jamais compris l'intérêt, mais, après tout, s'ils n'avaient que ça à faire, c'était leur problème...

Ellenya s'approcha à pas lents du Lac Chen. Son regard fixait l'étendue d'eau et sa profondeur qui semblait être infini. Sous le ciel de l'hiver, le dessus de l'eau s'était tinté d'une couleur cristallisé. Quelques vaguelettes ondulait, reflétant encore un peu plus le tintement du soleil. Ellenya s'accroupit, les yeux toujours rivés sur le lac. Il diffusait une aura apaisante. Et elle se laissa bercer par la douce mélodie qui vint se glisser à ses oreilles.

Ellenya trempa le doigt dans l'eau, la faisant remuer sous le mouvement. L'eau était froide. Mais Ellenya ne s'en aperçu pas. Elle avait trouver cette force, la force dans les éléments, et dans la nature. Une force harmonieuse, souple et gracieuse en même temps. La liberté et l'harmonie réunis. Ellenya ferma les yeux. Elle huma l'air silencieusement. Elle goutait à la vie.

La première fois, Ellenya n'avait pas ciller. Elle avait entendu un bruit, un crissement de branches, une respiration. Mais elle s'était dit qu'elle avait peut-être imaginer, et avait repris la contemplation du lac. La deuxième fois qu'un bruit s'était fait entendre, Ellenya avait commencé à se demander s'il n'y avait pas quelqu'un. Ce qui était peu probable, c'était que ça soit un pilleur ou autre. Déjà parce qu'il n'allaient pas trop dans ce genre d'endroit, et qu'ils n'étaient pas prêt de trouver beaucoup de personnes. Enfin, il fallait du moins espérer. Ou, au pire, elle pouvait se dire qu'elle n'avait jamais essayer les combats dans la neige.

-Bonjour.

Il y avait donc quelqu'un. Elle se retourna et dévisagea le garçon qui se tenait devant elle. De taille moyenne, il se tenait debout, portant des vêtements de cuir. Son visage, encadré par de longues mèches brunes, reflétait une certaine timidité. Ses yeux, d'un bleu azur profond, transmettait un sentiment de liberté semblable à celui d'un marchombre. Ou d'un apprenti marchombre. S'il en était un, était-il avancé sur la Voie ou venait-il de débuter, même à peine? Il semblait avoir, à peu près, le même age qu'Ellenya. Peut-être un an de plus ou de moins, mais qu'importait. Il eu l'air timide, presque gêné.

-Je m'appelle Tynsvan, et vous?

Tynsvan... Un nom mystérieux, mais qu'Ellenya apprécia pour sa sonorité et pour autre chose qu'elle n'arriva pas à comprendre, ou plutôt à trouver. C'était bizarre qu'il la vouvoie. Ellenya n'était pas habitué, toutes les personnes, de son age à peu près, qu'elle avait rencontrés jusqu'ici la tutoyait et vice et versa. Mais lui, non. C'était aussi une marque de respect, le vouvoiement, et puis, au fond, ce n'était pas vraiment important, ça ne l'était pas, d'ailleurs. Enfin, chacun son avis.

Il prit un peu de neige dans ses mains, souples et fines. Il semblait embarrassé, presque perdu. Un sourire se dessina sur les lèvres d'Ellenya.

- Bonjour. Je suis Ellenya.

Elle se baissa, caressa de ses mains légères et élancés la neige, froide et pourtant si douce. La poudre blanche se déposa sur les mains d'Ellenya. La neige fondit quelques secondes après. Ellenya aimait la neige. Elle se souvenait que quand elle était petite, quand elle n'avait encore que 4 ou 5 ans, qu'elle était une petite fille curieuse, ignorant encore beaucoup de choses sur la vie. Elle se souvenait qu'elle se demandait pourquoi la neige était blanche et pourquoi elle fondait. Pourquoi elle fondait quand on la touchait. Elle se demandait si c'était parce que la neige voulait se cacher, ou fuir. C'est ce genre de pensées naïves qu'Ellenya se souvenait. Parce que c'était la plupart de ces questions qui marquait son enfance. Parce qu'elle avait voulu savoir tellement de chose, elle avait posé des questions qui n'avaient pas eu des réponses. On ne lui avait jamais donner la réponse et c'était pour cela qu'elle s'était engagé sur la Voie des marchombre. Pour comprendre et pour répondre à ses questions. C'était le but. Son but.
C'était son objectif. C'était sa vie.

Ellenya recula sans savoir ce qu'elle faisait, et elle eu juste le temps de s'apercevoir qu'elle tombait en arrière. Elle essaya de se rattraper, mais la chute se déroula trop vite. Elle tomba dans le Lac Chen.

Elle tomba dans le Lac Chen.

L'eau est froide. Pure et froide. Une vague de force et de légèreté. Ellenya s'engouffre. Qu'est-ce qu'elle fait là? Elle est tombé? Tout ce qu'elle sais, c'est qu'elle est toujours bien elle. C'est la seule certitude qu'elle peut avoir... Et elle s'enfonce encore plus, petit à petit. Elle s'enfonce et elle est trop loin pour pouvoir remonter. Maintenant il faut faire face au destin. L'eau est trop puissante. Le courant l'emmène. L'emporte. Toujours. Elle essaie de bouger, ses muscles, engourdi par le froid, refuse de lui obéir. Mais elle s'habitue peu à peu. Ça viendra. A un moment, elle n'aura plus froid. Mais quand? Le courant l'emporte. Toujours. Peu à peu, le murmure devient une mélodie, déformé par le coulis de l'eau. Tout est noir, tout est sombre. Ou bleu. Ou peut-être encore gris, ou blanc. Mais comment savoir? Le courant l'emporte. Toujours. Un bruit. Le clapotis de l'eau. Une silhouette. Mais comment en être sur? L'eau remue. Il y a quelqu'un. La silhouette s'approche. Ellenya bouge le bras. Le courant l'emporte. Toujours. Mais non, cette fois, il ne l'emportera pas. L'eau n'est pas son ennemie. L'eau est une force. Une force de la nature. Ellenya ne volera pas cette force. Elle fera d'elle son amie. Elle reprend contrôle de son corps, ses muscles, encore contractés par le froid, se détendent, et elle se déploie. Ellenya nage jusqu'à la surface.

Ellenya remonta à la surface, se tête décrivant une courbe montant au ciel. Ses cheveux, mouillés, se délectèrent un peu de l'eau, éclaboussant en une ligne droite. Ellenya rit. Elle rit de bonheur. De bonheur d'avoir fait de l'eau son ami, de bonheur d'être libre. Elle sourit à Tynsvan qui riait lui aussi. Ils commencèrent à nager longuement. Ellenya, nageant souplement avec des gestes précis et léger, commença à prendre un peu froid. Ils sortirent de l'eau, leur vêtements mouillés et un sourire aux lèvres. Le jeune homme la suivit, un éclat de bonheur dans ses yeux qu'Ellenya n'aperçut pas, trop occupé à essayer de sécher ses vêtements en les frottant, ce qui ne fit pas grand chose, mais, elle, la réchauffa un peu.

Tynsvan enleva son haut et l'accrocha à un arbre. Il se mit aussi pied nus. Quand Ellenya s'approcha, leur tête se retrouvèrent instinctivement près l'une de l'autre. Le jeune homme joignit ses mains à celle d'Ellenya, et approcha son visage du sien. Celle-ci sentit son cœur se serrer. Une grosse boule lui monta à la gorge, et elle avala sa salive avec difficulté. Il avançait de plus en plus la tête, imperceptiblement. Son cœur battait de plus en plus vite. Ellenya voulu s'écarter, reprendre ses esprits, tout se passa trop vite. Il l'embrassa.

Ce baiser...

Son cœur battait de plus en plus vite, de plus en plus fort. Non. Tout se déroulait trop vite. Vraiment trop vite. Ellenya était perdue, elle le connaissait à peine, et là... Trop vite. Beaucoup trop vite. Ellenya plissa les yeux. Pourquoi? Pourquoi était-ce aussi rapide, aussi prématuré?

Ellenya recula son visage. Son cœur battait à tout rompre. Elle ne savait pas quoi dire. Pas quoi faire. C'était trop. Trop à la fois.

-Je...

Rien à faire. Les mots ne venait pas. Ellenya baissa la tête. Honte. Solitude.

Ellenya était perdue. Complètement perdue. C'était la première fois, et c'était allé si vite... Tynsvan, à côté, semblait réfléchir, emporté dans ses pensées. Et Ellenya qui ne savait pas quoi dire. Elle soupira longuement, doucement pour ne pas qu'on l'entende, et se passa une main sur son visage. Pourquoi n'arrivait-elle pas à accepter? Pourquoi autant de questions tournoyait dans sa tête? Elle ferma les yeux. Se plongea dans ses pensées. Dans ses souvenirs.



- Lan, c'est quoi, l'amour?

Il tourna vers Ellenya ses yeux émeraude qui le caractérisaient tant et lui fit un magnifique sourire, plus sincère que jamais. Cette petite le fascinait. En elle, il voyait tant de liberté, et elle posait toujours plein de questions. Des questions intéressantes, d'ailleurs, mais il n'avait jamais vu une petite fille de cinq ans les poser. Il essayait toujours de répondre à ses questions, plus ou moins complexes, et parfois, même, ils s'amusaient à lui montrer des choses, à faire des gestes ou à lui répondre par un simple mot, pour lui faire comprendre la réponse à ses questions. Elle comprenait ou elle ne comprenait pas, mais l'essentiel pour lui était qu'elle trouve un jour des réponses à ses questions. Quel que soit la Voie qu'elle choisirait.

- C'est quelque chose de si compliqué, Ellenya...

Il lui fit un sourire affirmatif avant de s'allonger, ses mains soutenant sa tête, et de se plonger dans le vaste ciel pour y contempler les étoiles.

- … Et si beau...

Elle se pencha sur lui, le regardant dans ses yeux, et Lan, pour une raison inconnue, faillit faire couler une larme de sa pupille. Elle pencha la tête, et lui fit un regard si ignorant qu'il redouta, à cet instant, le moment ou elle ne serait plus dans sa vie.

- C'est un sentiment ?

- A peu près...

- Comment un sentiment peut-il être beau ?

Il ria doucement et ironiquement. La petite le faisait souvent rire. Et il ne savait pas pourquoi. Était-ce ses yeux, ou ses paroles ? Il n'en avait aucune idée et il s'en moquait.

- Tu comprendra, plus tard, Ellenya...

La petite fille n'avait que cinq ans, et pourtant quand on lui disait qu'elle comprendrait plus tard elle acceptait. Il se sentait responsable d'elle. Comme si il était un grand frère qu'elle n'avait jamais eu. Peut-être parce qu'il était plus grand qu'elle et que dans ses yeux, il voyait son enfance à lui. Peut-être parce qu'il se voyait lui même, enfant...


Ellenya ouvrit les yeux et aperçu Tynsvan courir vers l'endroit ou il avait accrocher ses vêtements. Il les prit et les fit sauter sur son épaule. Il grimpa avec vivacité et gagna le sommet de l'arbre. Une fois presque en haut, il ouvrit son sac et en sortit un arc. Il encocha une flèche qui partit se planter dans un arbuste. Il en encocha une nouvelle, et d'après l'orientation de son arc, Ellenya devina la cible. Une rose. Mais pourquoi? Ellenya grimpa avec légèreté et aussi vite qu'elle le put à l'arbre et grimpa à la hauteur de Tynsvan. Elle se glissa imperceptiblement derrière lui. Elle posa ses mains sur les siennes et entraina l'arc vers une nouvelle cible. Le ciel.