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 Cataclop, cataclop... [Syndrell]

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MessageSujet: Re: Cataclop, cataclop... [Syndrell]   Cataclop, cataclop... [Syndrell] - Page 2 Icon_minitimeMar 10 Mai 2011, 22:28

    Cataclop, cataclop. Il ne faisait qu'imaginer le bruit; dans l'herbe, il n'entendait pas grand chose du claquement des sabots épais de Nuance. Touchaient-ils le sol? Le léger mouvement, et son côté rationnel tendaient à affirmer que oui. Son côté rêveur et les embardées de son coeur tendaient à affirmer que non. A vrai dire, c'était tout juste s'il sentait les secousses: s'il y prêtait attention oui, mais sinon... C'était... Naturel. Oui c'était ça: c'était tellement naturel qu'il y ait des secousses, l'idée était ancrée dans son inconscient certainement, alors il ne le remarquait pas. Un peu comme les respirations.

    Sous le cri de Syndrell, il ferma ses yeux, trempés des larmes que lui tiraient l'air qui lui fouettait -non, glissait sur le visage, et peut-être aussi de larmes de joie. Laissant son immense sourire trôner sur sa figure -impossible de le retirer, de toute façon- il arrêta de penser.
    Juste se laisser porter.
    Juste se laisser envoler.
    Juste se laisser exploser.
    De joie.
    D'émotion.
    Se remplir.
    Ou se vider.
    On s'envole...
    Le firmament, au bout de mes doigts, des étoiles à cueillir.
    Puissance.
    C'est irréel.
    C'est un rêve.
    Unique.
    Incroyable.
    Incroyable.
    Plongé dans le noir, dans un tourbillon de couleurs.
    Impalpables couleurs, invisibles.
    Couleurs de sentiments.
    Joie du coeur qui s'envole.
    A toute allure, qui se décroche.

    Accroc.

    Ciel sursauta, se sentit glisser sur la selle, happé par la vitesse, se raccrocha à ses rênes, donna un coup de rein pour se replacer; Nuance ralentit un peu, intriguée sans doute par ce mouvement. Un maudit insecte qui avait eu la malheureuse idée de percuter sa joue. Le galop rallenti, il enleva l'imposteur d'une pichenette, le maudissant intérieurement.
    Et là seulement, il prit conscience que son coeur battait vraiment une chamade endiablée. Que ça lui faisait presque mal; et que même, ça lui tournait la tête. Peut-être finalement que cet insecte lui avait évité un sale accident... Il fit encore un peu rallentir Nuance, et rapidemment, constata qu'elle avait dû accélérer sans qu'il ne s'en rende compte. Parce que jamais ça lui avait fait de l'effet à ce point-là.
    C'était comparable à ce qu'il ressentait quand il s'aventurait en compagnie d'autres personnes dans les très hautes Spires, innaccessibles s'il n'associait pas son pouvoir à d'autres excellents Dessinateurs.
    C'était comparable à certaines herbes particulières, aussi.

    Il laissait Nuance continuer dans un petit galop, en surveillant son allure. Il devait calmer son coeur, là. Elle devait être allée vraiment vite quand même... C'était peut-être grâce à Syndrell aussi tout ça: la jeune femme dégageait une telle aura... Et puis il était déjà dans des dispositions particulières à la base: transporté de joie par la compagnie du Chat. Enfin appaisé. Ce devaient être des facteurs qui avaient favorisé tout ça...

    Il soupira d'aise, et le sourire revint sur son visage. Il s'était habitué au vent, son coeur s'était calmé, et ça lui chatouillait moins l'estomac. Mais c'était toujours follement bon. Comme Ciel vit qu'ils s'approchaient du bois, il fit encore rallentir Nuance, et chercha Syndrell du regard pour savoir si elle comptait s'engager entre les troncs, ou biffurquer et continuer dans la plaine.


[C'est beau. Pas long non plus pour ma part...]
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MessageSujet: Re: Cataclop, cataclop... [Syndrell]   Cataclop, cataclop... [Syndrell] - Page 2 Icon_minitimeMer 11 Mai 2011, 23:01

[Oh que oui, c'est beau. J'aime toujours autant.Vive nous !]

Syndrell sentit plus qu’elle ne vit Ciel ralentir l’allure. Aussitôt, elle se redressa et brida Luli, de manière à rester à la hauteur de son ami. Il donnait l’impression de s’être brutalement réveillé et ses yeux encore tout brillant de larmes de joie lui tirèrent un sourire entendu. Le galop était un rêve, mais il fallait avoir l’âme d’un vrai cavalier pour en ressentir toute l’émotion.

- Pas mal, pas mal du tout même ! J’ai fait mes débuts sur le dos d’un cheval avec moins d’élégance…

Clin d’œil complice, et Syndrell soupira d’aise, sans se douter qu’elle imitait Ciel à quelques secondes près. Luli en profita pour tenter de repasser au trot, et elle claqua de la langue pour lui redonner un élan de motivation. Au galop, elle était plus rapide que Nuance, mais moins endurante, et elle comprenait où Eli avait voulu en venir en lui précisant que la jument avait besoin d’être poussée.

Il y avait un bois, droit devant eux. Le premier réflexe de la marchombre fut de le contourner, afin de couper par la plaine pour atteindre la prochaine bourgade avant la tombée de la nuit. Puis elle se souvint qu’elle était simplement en balade avec un ami. La vitesse à laquelle ils venaient de pousser leur monture nécessitait une halte, et par une telle chaleur, un endroit ombragé conviendrait parfaitement. Elle bifurqua donc, laissant Nuance suivre sa direction, puis rassembla les guides de Luli et ramena la jument au trot, puis au pas pour dépasser les premiers arbres. Une fraîcheur bienfaisante l’enveloppa presque immédiatement et elle apprécia d’échapper au soleil écrasant. Quelques uns de ses rayons perçaient audacieusement le toit de feuille et diffusaient une lumière presque irréelle dans le sous-bois.

Ayant bénéficié d’autant d’ombre que de pluie et de chaleur, l’herbe était plus verte ici que dans la plaine, dont les teintes pâles prenaient déjà les traits de la sécheresse. Mais sous la protection de la ramure fournie des arbres, le sentier que les deux cavaliers empruntèrent était bordé de fleurs aux couleurs d’un printemps encore à ses débuts : le rose des plus sauvages rivalisait avec le ton plus foncé des violettes et le fushia vif des digitales, et le blanc des pâquerettes abondait en masse au pied des troncs clairs des bouleaux. Certains endroits étaient tellement protégés par le feuillage des plus hauts arbres que l’eau de la dernière averse emplissait encore les ornières.

Syndrell mit pied à terre entre deux flaques et flatta un instant l’encolure de Luli avant de poursuivre la route à pied, laissant Ciel libre de l’imiter ou non. En réalité, elle aimait bien marcher en forêt, sentir les brindilles craquer doucement sous son pas, chercher les traces du passage d’éventuels rongeurs – et des traces, il y en avait. Aux endroits les plus ombragés, la terre encore meuble avait conservé les empreintes du gibier qui était passé par là. Si Syndrell n’avait pas été certaine de dîner en ville, elle aurait assemblé son arc et se serait mise en chasse, profitant d’une heure où les petits animaux tels que les lapins sont de sortis et relativement peu méfiants.

Jetant un coup d’œil à son ami, la jeune femme se demanda si sa vie de marchombre se lisait sur ses traits ou dans son attitude. C’était une coureuse des bois et des montagnes ; fille du vent, sœur de l’eau, elle allait à sa guise, pouvait passer plusieurs semaines à se nourrir de sa chasse et dormir à la belle étoile. Elle n’avait aucun moyen, ni aucune envie de savoir de quoi demain serait fait. Une enfance passée à être constamment rejetée avait forgé son caractère méfiant et solitaire, elle évitait les grandes villes autant que possible et pouvait compter ses vrais amis sur les doigts d’une main. Pourtant, petit à petit, elle se découvrait un certain intérêt, encore timide, pour les relations humaines. Si elle croisait rarement les membres de l’Académie, elle ne rechignait plus désormais à échanger quelques mots avec un pêcheur rencontré dans un port, la tenancière d’un établissement dans lequel elle passait la nuit, au commerçant lui vendant des fèves pour un bon prix. Alors, forcément, elle craignait que les gens, s’ils ne la fuyaient plus à cause de ses cheveux ou de ses yeux, ressentent en elle cette force brute et sauvage qui faisait d’elle ce qu’elle était.

Elle avait décidé d’en parler à Miss, la prochaine fois que leurs chemins se croiseraient. Elle ne comptait pas revoir la jeune maman avant un petit moment, persuadée que cette dernière reprendrait le large dès lors que ses forces le lui permettraient. Sans doute était-elle déjà partie se reposer dans un endroit calme, profitant du voyage pour explorer des recoins insoupçonnés de l’Empire et pour faire découvrir le monde à Ylléna. A coup sûr, celle qui était encore son maître il y a peu saurait répondre à des questions qui ne prenaient même pas la forme de phrases concrètes dans son esprit.

Dénichant un minuscule ruisseau qui cascadait le long de rochers étrangement amassés comme un gros tas de cailloux, Syndrell décréta l’endroit idéal pour faire une pause. Elle attacha Luli à un arbre, détacha de sa selle la gourde qu’elle avait pris soin d’emporter et s’accroupit au bord de l’eau. Froide et claire, elle serpentait entre la roche et faisait sourire par son apparence aussi frêle ; mais pour ridicule qu’il soit, ce mince filet d’eau devait tout droit se jeter dans une rivière, quelque part dans ce bois. En tendant l’oreille et en isolant les bruits des deux chevaux, Syndrell pouvait percevoir le vague ronronnement d’un court d’eau plus conséquent.

Souriant à Ciel, qu’elle n’avait jamais vu aussi ravi – sauf, peut-être, lorsqu’il l’avait serrée à l’en étouffer dans ses bras – Syndrell remplit la gourde et la tendit au dessinateur. Lorsqu’il la lui rendit, elle savoura quelques gorgées, humectant avec délice ses lèvres que le vent avait asséché dans leur course effrénée, puis elle laissa boire Nuance et Luli, humectant leurs naseaux à elles aussi. Ensuite, elle montra à Ciel comment relâcher les sangles et réajuster les selles des juments, avant de se laisser tomber dans l’herbe fraîche, le dos contre le tronc noueux d’un noisetier.

Laissant aller sa tête en arrière, elle ferma les yeux, savourant cet instant de bonheur partagé comme s’il s’agissait du dernier. Ça aussi, c’était un réflexe tenace ; tous les êtres qui lui étaient chers avaient disparu le temps d’un souffle, d’un battement de cœur, lui laissant l’amer regret de tout ce qu’elle n’avait pas eu le temps de faire ou de vivre avec eux. Ce n’était que la deuxième fois qu’elle voyait Ciel. Ensemble, ils donnaient l’impression de se connaître depuis des années, mais même si cela était vraiment le cas, ce serait pourtant trop court.

Rouvrant les paupières, Syndrell posa les yeux sur son compagnon. D’un commun accord, ils avaient inversé les rôles ; après lui avoir fait découvrir sa vie de citadin endurci, elle lui montrait son quotidien de bohème. Repoussant d’un geste doux mais ferme la tête inquisitrice de Nuance, elle pencha la tête sur le côté, comme à son habitude lorsqu’elle réfléchissait.


- Dis-moi, Prof… quand as-tu compris que tu serais dessinateur ? Enfin, que tu enseignerais le Dessin ?

Elle ne cherchait pas à entamer la conversation, pas plus qu’elle ne songeait à la mettre en rapport avec l’enchantement du lieu dans lequel ils se trouvaient. La question avait traversé son esprit comme un éclair, elle l’avait interceptée au passage et à présent, elle attendait, les genoux repliés contre la poitrine et enserrés de ses bras, comme si elle était encore une enfant. Elle n’attendait pas de réponse particulière. Une idée-éclair de Ciel, une autre question sans rapport, quelle importance ?
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MessageSujet: Re: Cataclop, cataclop... [Syndrell]   Cataclop, cataclop... [Syndrell] - Page 2 Icon_minitimeLun 16 Mai 2011, 22:19

    Ciel éclata d'un rire léger. Léger comme l'air, qui s'en alla tourbillonner entre les branches entrelacées des quelques arbres, se perdre dans le doux frétillement du ruisseau vivace qui coulait à côté de lui. Il laissa ses doigts en percer la surface. C'était vraiment frais, et agréable. A nouveau, il en porta à sa figure. Il faisait bon, le parterre de verdure était moelleux, il était bien.

    "Ma mère est Dessinatrice, tu le sais, alors depuis tout petit, je baigne là-dedans. Ca m'a toujours attiré, fait rêver... Alors j'ai vite décidé que moi aussi je serais Dessinateur! Toute mon enfance j'ai attendu que le Don se présente... T'imagines la catastrophe si je l'avais pas eu? Je pense que c'est quand j'ai commencé à étudier le Dessin que j'ai compris, comme tu dis. Je me sentais vraiment... Intègre, dans les Spires. Et je m'y sens toujours! Et quand à la fibre enseignante... J'ai toujours aimé apprendre aux autres, leur permettre d'ouvrir leurs horizons, d'accéder à des pans de savoir qu'ils ignoraient jusqu'alors... Cette débouchée m'a vite paru évidente. Mais ça ne s'est pas passé comme prévu, et ça ne fait que depuis quelques mois que j'enseigne -même si j'avais déjà fait six mois auparavant; avant, je vivais de petits boulots par-ci par-là, qui me permettaient d'exploiter mes capacités de Dessinateur parfois... Et parfois non."

    Ah oui, ça, pour ne pas s'être passé comme prévu, ça ne s'était pas passé comme prévu... Mais heureusement, Ciel avait constaté que malgré ces dix années passées à l'écart de l'enseignement, il se sentait toujours bien avec les élèves. Tendu parfois, surtout au début des heures; angoissé, stressé, mais généralement, au contact des Spires, il se détendait rapidement et il n'avait jamais eu de problèmes. Il se sentait utile, à faire découvrir son art à tous ces jeunes gens; et ça faisait du bien.
    Il s'était déjà demandé si, sans don, il aurait quand même eu enfant l'envie de créer des objets comme sa mère. Peut-être était-ce une fibre, quelque chose qui vibrait en lui depuis sa naissance et qui était lié à la présence de son Don puissant? Tous les enfants Kern avaient manifesté l'envie de Dessiner. Tous avaient rêvé, les yeux suspendus aux créations fantastiques de leur maman. Certains avaient entretenu cette passion, et elle avait grandi en eux, à l'instar de Ciel. A d'autres, l'envie leur était passée rapidement; mais tous avaient un Don. Pas tous aussi important que ceux de Ciel, Zéphyr, Zénith et maman, mais aucun n'avait été lésé par le Dessin. Chacun y entrenait un rapport différent, nuancé; chacun se l'était approprié d'une manière différente, chacun l'avait travaillé plus ou moins. C'était Nuée et Azur qui se sentaient les moins concernés: ils ne cherchaient pas à découvrir la nature de ce Don, ne cherchaient pas à l'apprivoiser, ne ressentaient pas l'envie de Dessiner, ne s'en servaient pas, ou peu. Ciel avait du mal à comprendre cette attitude, lui qui trouvait cela si merveilleux.


    "Et toi? Marchombre, c'est inscrit en toi dès la naissance?"

    C'était une question qui le taraudait. Comment devenait-on Marchombre? Lorsque l'on voyait l'un d'entre eux, il semblait qu'ils l'avaient toujours été. Pourtant, Syndrell lui avait dit que l'on suivait un apprentissage... Marchombre, était-ce un choix ou une identité? Les deux? Il guettait, à l'afus de la réponse de la jeune femme. Il ignorait d'ailleurs si, oui ou non, elle voudrait bien lui répondre. Cette guilde était si secrète... Et sans doute ce mystère pouvait-il séduire bon nombre d'Alaviriens.

    Elle l'emmenait d'ailleurs dans une promenade aux allures de conte de fée. Une chevauchée extraordinaire, dans laquelle elle s'affirmait comme une cavalière hors-pair, proche des bêtes, légère, qui semblait ne faire qu'un avec sa monture. Une balade dans un bois où dansaient les particules de poussière dorée dans les rayons de soleil, qui perçaient la voûte des arbres majestueux, et paraient la forêt de toutes les nuances de vert. Ces fleurs, branches, feuilles qui parsemaient le sol; ce goût de printemps dans les bourgeon, dans la fraîcheur d'un ruisseau limpide et scintillant.
    Cet univers féérique, Syndrell le connaissait. Sur le bout des doigts. Alors qu'elle marchait et qu'il chevauchait près d'elle, il avait bien remarqué ses regards scrutateurs -un oeil aiguisé- et... Cet air d'habituée. Elle avait l'air de retrouver de vieux amis, de constater la présence, l'absence d'un tel. Plus encore: elle se déplaçait sans bruit, sur ce parterre-puzzle qui pourtant aurait dû craquer de partout. Certes, les sabots des chevaux couvraient le bruit de potentiels pas humains; mais elle se déplaçait avec autant de fluidité qu'en ville, et le sol était à peine dérangé derrière elle.
    Elle semblait vraiment dans son élément; la nature. N'importe qui aurait eu envie de lui ressembler, de respirer la liberté et le bonheur à ce point, de devenir Marchombre.

    Pas lui, pourtant. C'était superbe, il n'y avait pas à dire; Syndrell était époustouflante, c'était évident; mais il avait sa vie, et elle lui convenait. Lui, citadin aguerri, savourait d'autant plus cette escapade qu'il sortait très peu souvent de la ville. Il n'aimait pas trop d'habitude, ce que pouvait cacher un bois; il avait un peu peur des bêtes sauvages, et craignait, malgré les sentiers, de se perdre. Mais en compagnie de sa petite Marchombre, il savait qu'il ne risquait rien. Elle savait se débrouiller. Si ça se trouve même, elle chassait pour se nourrir. Il aurait presque été près à partir en montagne avec elle, dans les sentiers arides et escarpés, au bord de gouffres sans noms, des orages de neige menaçants au dessus de sa tête. Il avait confiance en elle. Autant à Al-Chen il était le guide; ici, il avait tout à apprendre.

    Ciel poussa encore un soupir d'aise, et se laissa tomber sur le dos, ses cheveux fins et en bataille éparpillés dans l'herbe -pour une fois, il se foutait totalement d'être coiffé n'importe comment-, le bras traînant dans l'eau douce. Les papillons n'étaient pas encore de sortie. Ca devait regorger de petites bêtes, mais il ne les voyait pas. Syndrell était sans doute capable de les repérer... Et des insectes, aussi. Ils pouvaient lui grimper dessus; eux, il ne les craignait pas. Tous petits, ils ne pouvaient pas lui faire de mal. Même les araignées. Il n'aimait pas faire de mal aux animaux, n'aimait pas les tuer, et serait bien incapable de mettre fin à la vie d'un mammifère ou d'un volatile. Les insectes, il n'aimait pas non plus, mais savait qu'il en tuait tout un tas inconsciemment, et qu'il n'y pouvait pas grand chose. Ca ne l'empêchait Il tourna un peu la tête, cherchant les jolis yeux dorés du Chat, pour guetter sa réponse.

    Maisil se redressa sur un coude, une mine d'enfant curieux mais un peu inquiet. Le professeur était resté en ville.


    "Tu chasses, toi?"
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MessageSujet: Re: Cataclop, cataclop... [Syndrell]   Cataclop, cataclop... [Syndrell] - Page 2 Icon_minitimeMer 18 Mai 2011, 16:49

Elle ne répondit pas tout de suite, laissant l’or en fusion de son regard glisser lentement du visage de Ciel aux herbes hautes qui bordaient le petit cours d’eau. Son esprit s’égara, quittant peu à peu la sérénité du sous-bois pour l’agitation enfumée d’une taverne. Comme lisant un livre d’images, elle se vit accoudée au comptoir, capuche rabattue sur le visage, parfaitement invisible au milieu d’une poignée d’hommes plus ou moins envinés. Il y avait déjà plusieurs lunes qu’elle était devenue une Ombre et sa mission, ce soir-là, était de remettre à un certain Velchan un document secret.

En attendant son homme, elle sirotait un fond d’alcool d’abricot, plus pour tuer le temps que par réelle envie, lorsqu’une main se posa doucement sur son épaule.


- Louve ?

Syndrell pivota légèrement ; dans l’ombre de la capuche, ses yeux étaient deux lanternes qui croisèrent ceux de l’homme, pareils à deux ambres claires qui reflétaient vivement les flammes des torches accrochées aux colonnades de l’établissement. L’on ne pouvait dire qu’ils étaient dorés mais leur couleur tira un léger haussement de sourcil à la jeune fille et l’inconnu se crut obligé de poursuivre :

- Je suis Velchan. Je crois que vous avez quelque chose pour moi.
- Je sais qui vous êtes.
- Voulez-vous que l’on se trouve un endroit plus… tranquille ?
- Celui-ci me convient.

Elle avait reposé les yeux sur son verre mais elle devina le sourire de l’homme dans son dos. A son tour, il s’appuya contre le comptoir et commanda la même boisson qu’elle.

- Du bruit, du monde, de la lumière. Idéal pour une sortie discrète en cas de pépin.
- Exactement.
- Je suis un homme honnête. Velchan est mon nom et mon seul but, ici, est de récupérer ce qui m’est destiné. Laissez donc votre dague tranquille et trinquons, voulez-vous ?

La surprise de peignit un instant sur les traits de Syndrell avant qu’elle ne se recompose une expression parfaitement neutre. Lorsque Velchan avait posé la main sur son épaule, elle avait aussitôt glissé les doigts sur sa cuisse, effleurant le fourreau de l’arme qui y était placée. Comment pouvait-il savoir… ? Perplexe, elle jeta un coup d’œil à son interlocuteur. Nul mensonge ne perçait le ton de sa voix et il avait levé son verre, figé dans l’attente qu’elle réponde à son offre. Sortant la main de sous sa cape, Syndrell s’empara de son propre verre et l’entrechoqua au sien avant de boire une gorgée du liquide qui, elle le sentit, donna des couleurs à ses joues. Puis elle replongea les doigts dans les replis de son vêtement, mais pour les ressortir aussitôt, tenant un papier roulé et cerclé.

- Il y a un message, avec ceci. De la part de Grand Chef : une autre cargaison suspecte est attendue sur la rive sud du Loutoubre, d’ici trois jours. Celui que vous cherchez se trouvera probablement là-bas.
- Merci.


Syndrell hocha la tête et se détourna pour s’en aller, puisque sa mission était terminée, mais Velchan lui saisit soudain le coude, doucement mais fermement.

- Dis-moi, Louve, as-tu jamais entendu parler des Marchombres ?
- Guère plus que du dernier repas de l’Empereur. Pourquoi ?
- S’il te plait, finis ton verre avec moi.


Ce n’était ni une question, ni un ordre, encore moins une supplication, pourtant Syndrell revint s’accouder au comptoir. Ce que Velchan lui dit ensuite, elle ne devait jamais l’oublier – et c’est peut-être ce qui guida ses pas lorsque, trois mois plus tard, elle s’enfuit d’Al-Jeit pour trouver refuge à l’Académie. Une phrase en particulier, prononcée par l’homme aux yeux d’ambre, restait gravée dans sa mémoire :

On ne nait pas Marchombre, on le devient. Mais il faut avoir en soi quelque chose que peu de gens possèdent, une flamme qui illumine chaque pas, chaque geste, chaque pensée. As-tu cette flamme, Louve ? Non, ne répond pas. De la direction que tu vas prendre dépendra ta réponse.

Le souffle de Nuance dans ses cheveux tira un sourire un Syndrell. A moins que ce ne soit le souvenir de sa toute première rencontre avec un marchombre ?


- Non, Ciel. Un marchombre ne nait pas marchombre. Ce n’est pas une nature, c’est un choix ; il arrive que certaines personnes ne fassent pas le bon, tout comme il arrive que d’autre ne se prononcent jamais.

La jeune femme caressait pensivement son avant-bras. Tout comme Velchan ce soir-là, elle avait perçu chez Azur Kern cette flamme dont seuls les marchombres connaissent l’origine et la véritable teneur. Le frère de Ciel savait peut-être déjà quel choix se présentait à lui, mais ce que Ciel ignorait sans doute, c’est qu’il y avait autant de chance que le jeune homme ne devienne pas marchombre. Tout dépendait de lui, non pas de sa naissance. S’il choisissait d’arpenter la Voie, Syndrell ne doutait pas qu’il y trouve son compte. Mais s’il devenait boulanger ou potier, quelle différence ?

- Si nous n’étions pas ce que nous sommes - toi un dessinateur, moi une marchombre -, nous ne nous serions probablement pas rencontrés sur ce toit, cette nuit-là. Mais qui sait ? Peut-être bien qu’un simple « bonjour » aurait suffi à nouer ce lien d’amitié qui nous unit aujourd’hui…

Un Dessinateur, une Marchombre, et au fond, rien de très important dans leur histoire. Syndrell comprit, à cet instant-là, que leur amitié se situait bien au-delà de leur condition. L’aura de mystère qu’entretenaient les marchombres avaient tendance à l’isoler. Elle ne se croyait pas supérieure à quiconque, bien sûr, mais elle avait conscience qu’une vie de secrets et d’harmonie l’avait coupée d’êtres sûrement formidables. Pas autant que Ciel, selon elle, mais il était évident qu’elle se leurrait à propos de bien des gens. Peut-être était-il temps que la louve quitte sa solitude et ouvre son attention au monde qui l’entoure…


- Tu chasses, toi ?

- Si je chasse ?

Syndrell éclata de rire. L’idée-éclair de Ciel lui plaisait au moins autant que tout le reste.

- A quoi penses-tu que me sert mon arc, dis-moi ?

Elle avait désigné d’un geste du menton l’arc et le carquois attachés à la selle de Luli. Elle les avait changé de monture, afin qu’ils ne gênent pas Ciel dans sa chevauchée.

- Est-ce que ça te choque ?

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MessageSujet: Re: Cataclop, cataclop... [Syndrell]   Cataclop, cataclop... [Syndrell] - Page 2 Icon_minitimeSam 21 Mai 2011, 00:55

    Pour une fois, Syndrell lui expliquait quelque chose qui touchait de près les Marchombres, sans que ce soit trop évasif ou compliqué. Il comprenait parfaitement ce qu'elle voulait dire par l'idée de choix, de nature.
    Mais il s'était souvent demandé si une sorte de Destin n'inscrivait pas en les hommes leur route dès la naissance. Une chose profonde, un caractère, un milieu social, des valeurs incluquées qui feraient que, inévitablement, une personne choisirait une telle voie plutôt qu'une autre. Et si le monde était programmé à l'avance? Chaque souffle de vent, chaque objet qui tombe, chaque geste de chacun calculable si on prenait en compte un nombre incroyable de données inconnaissables de l'être humain. L'effet Papillon. Parce qu'un tel serait un enfant difficile, sa mère excédée le battrait, sombrerait dans l'alcool, le tenancier maladroit qui la servirait, fort de toutes les valeurs de charité et de bonté que lui ont inculqués ses parents, aurait envie de l'aider, sa femme jalouse le quitterait, il se suiciderait en se jetant d'une falaise, provoquant la chute d'une pierre qui, tout en bas, tuerait un enfant, une mère folle de douleur déciderait alors de vivre recluse dans la nature... Et ainsi de suite.

    Cette théorie était effrayante tellement elle était immense, incroyable. Se dire que l'on pouvait connaître l'avenir du monde entier, que notre devenir était inscrit dans le grand livre du futur dès la naissance, que nous ne faisions que se faire emporter par le courant des choses pouvait être très déstabilisant et désagréable. Il avait appris, durant ses études, à ne pas trop y penser. Vivre sa vie, et de temps à autres, considérer ces questions existencielles, s'accorder du temps pour y réfléchir, pour toucher du doigt les possibles, même les plus dérangeants. Celui-ci l'était particulièrement...
    Pouvait-on alors dire que l'on faisait des choix? A cette question, il séchait. Si nos actions étaient prévus, elles découlaient tout de même d'une pensée, de désirs, d'intérêts... Les choix pouvaient être alors considérés comme tels. Mais si avant qu'il ne soit fait, il était déjà décidé et qu'il n'y avait aucune possibilité, cela ne changeait-il pas la donne?

    Il n'était pas sur que le Chat, et les Marchombres en général, d'après ce qu'il avait compris d'eux, apprécient grandement cette théorie. Peut-être qu'il lui en parlerait un jour, mais pas maintenant. C'était assez flou dans sa tête, un peu compliqué, et il devait bien avouer qu'en ce lieu et en cet instant, il n'avait pas tellement envie de se prendre la tête avec toutes ces questions en suspens. Il préférait s'intéresser à celles de son amie.

    Lorsqu'elle lui fit remarquer sa méprise, il rougit un peu. L'arc ne l'avait pas marqué, tant il s'accordait bien à la Marchombre. Peut-être qu'inconsciemment la présence de cet objet lui avait soufflé la réponse affirmative de Syndrell, qui ne le surprit guère... Mais il choisit de se défendre un minimum: un peu de dignité, non mais!


    "Mademoiselle, je vous prie de ne pas vous esclaffer de la sorte, car il me semble qu'un arc peut aussi être une arme de combat... Ou du moins, de chasse à l'homme."

    Ce terme le fit frissonner. Il se redressa, à nouveau sérieux. Elle lui avait dit avoir déjà tué des hommes, mais, il en était certain, pas de cette manière. Pas traquer un homme et le tirer comme une proie, dans le but unique de parvenir à le tuer. Elle s'était battue, défendue, avait peut-être tué par accident. Mais pas de cruelle chasse à l'homme, où l'être humain est ramené au rang de simple chose qu'il faut éliminer pour des raisons toujours mauvaises.
    Contemplant l'eau claire du ruisseau, il poussa un soupir imperceptible face à l'horreur humaine. Ils finiraient par tous s'entretuer... Lui y compris. Il était humain. Sauf qu'il serait peut-être l'un des premiers à mourir...
    Frissonant encore, il releva la tête et s'ébroua, accrochant du regard des tâches de couleurs et de lumières pour s'évader de ces bien trop sombres pensées. S'arrima finalement aux yeux dorés de la jeune Marchombre.


    "Ca ne me choque pas du tout, je m'en doutais un peu. Je n'aime pas l'idée de tuer les animaux, et je ne pourrais jamais me résoudre à le faire moi-même! Mais je raffole de ragoûts de siffleurs et autres délices de ce genre..."

    Il afficha un petit sourire penaud. Il n'était pas très très admirable, sur ces choses-là. Une sorte de militant en apparence... "J'aime pas tuer les animaux, car c'est considéré comme mal". Doublement faux: il n'aimait réellement pas donner la mort, ce n'était pas une façace, une conviction qu'on adopte parce que ça fait bien. Et ensuite...

    "Mais je sais très bien que la chasse est nécessaire, pour équilibrer la faune. Et pour des gens qui voyagent, comme toi, je pense que c'est une très bonne chose. Tant que l'on respecte la bête... Et je pense bien que tu le fais!"

    La gratifiant d'un sourire éclatant, il pivota, enleva ses chaussures et glissa ses pieds dans l'eau claire. Il se raidit sous la morsure du froid, entendit un chant d'oiseau, sourit encore à ce son. Il s'étala à nouveau dans l'herbe grasse, arracha délicatement un long brin qu'il commença à machouiller, les yeux perdus dans tout ce vert lumineux qui le surplombait.

    "Si j'aimais pas les hommes, je serais dingue de toi."

    Il pencha la tête sur le côté pour la regarder à nouveau, un adorable sourire innocent posé sur le visage.

    "Je veux dire, pas de la même façon que je le suis maintenant!"
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MessageSujet: Re: Cataclop, cataclop... [Syndrell]   Cataclop, cataclop... [Syndrell] - Page 2 Icon_minitimeSam 21 Mai 2011, 02:21

- Mademoiselle ? Tu m'as déjà appelé de cette façon, une fois. Après, tu m'as offert une fleur. Si je n'étais pas dingue de toi, moi aussi, il y a longtemps que tu n'aurais plus dents... Allons, ne fais pas cette tête, Prof ! Je plaisante, comme toujours. Tu sais, j'aime ta franchise. Avec toi, les choses les plus compliquées deviennent si simples... Je n'aime pas plus que toi l'idée de tuer un animal. J'applique, comme tu dis, un rituel de survie dans un rituel d'équilibre, sans me poser de questions.

Cet arc est un outil. Il ne m'a pas servi qu'à tuer des lapins, mais à sauver des vies. En tuant des êtres humains...
Et là encore, je ne me suis pas posé de questions. Rituel, équilibre... Survie.

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MessageSujet: Re: Cataclop, cataclop... [Syndrell]   Cataclop, cataclop... [Syndrell] - Page 2 Icon_minitimeDim 22 Mai 2011, 21:43

    Ciel poussa un léger soupir en considérant les paroles de la jeune Marchombre. C'est fou ce qu'elle était mature, tout de même. Il avait même l'impression qu'elle était plus vieille que lui. Ou alors au final, c'était peut-être lui, le gamin attardé, dans l'histoire? Il fronça les sourcils. S'il était véritablement en retard sur son âge, l'administration du Dôme ne l'aurait pas engagé comme professeur. C'était un métier à responsabilité, ça. Il était tenu d'apprendre une discipline à plusieurs jeunes gens, de répondre à leurs questions, et de former des potentiels futures personnalité, des Dessinateurs aguerris qui consolideraient les cités, défendraient Gwendalavir des Raïs et des Ts'Liches, feraient fonctionner le système de courrier de tous les Alaviriens... Oh non, ce n'était pas une mince affaire. On ne confiait pas à n'importe qui le rôle de professeur dans une Académie de Dessin.
    Rassuré par cette pensée, il continua en pensant à Syndrell. Marchombre, qui connaissait la vie, les bassesses de l'être humain, une voyageuse, elle avait déjà cotoyé la mort et les difficultés. Elle était pleine de sagesse et de paix... Et donc bien plus avancée que de nombreux Alaviriens de son âge. Sans doute même plus qu'Azur, qui pourtant avait deux ans de plus que la jeune fille. Azur avait toujours vécu entouré d'une famille nombreuse, dans le confort, l'avenir clair, un tas de choix s'offrant à lui. Il avait appris à connaître la vie à un rythme certainement moins trépidant que Syndrell. Il était léger, il avait tout son temps, il pouvait entreprendre toutes les études qu'il voulait. Il n'en restait pas moins un adulte en devenir, qui pouvait observer les difficultés de la vie de tous les jours, comprendre ce que c'était de travailler, comprendre ce qu'était la cruauté. Azur grandissait et vieillissait doucement, mais surement.
    Ciel poussa encore un soupir. Si Azur suivait Syndrell, saurait-il se plier à l'existence Marchombre? Ce n'était sans doute pas le bon lit douillet au chaud tous les soirs, le bain agréable tous les matins, les petits commerces à deux pas de chez soi... Mais si le jeune homme sentait la lumière, sentait la beauté de la Voie du Marchombre, sans doute serait-il prêt à faire des efforts. Du moins Ciel l'espérait-il.

    Il se redressa encore une fois, les yeux perdu dans les reflets de l'eau.

    Syndrell avait une façon de dire les choses... De parler de la mort... Ca devenait... Cela semblait couler de source. Si d'autres qu'elle lui avaient dit "Je ne me pose pas de questions en tuant des gens: c'est une question d'équilibre, de survie." il aurait été écoeuré. Du moins, il aurait eu besoin d'un temps de méditation plus long.
    Tuer les autres, était-ce si naturel? Mettre fin à une vie pour en sauver une autre, pour conserver un équilibre... Il grimaça. Peut-être, mais il était persuadé que beaucoup, beaucoup de personnes ignoraient cet équilibre. Tuaient, tuaient et tuaient encore pour des raisons futiles, ou même, sans raison aucune. D'autres personnes refuseraient de tuer quiconque, n'auraient pas le courage. Faisait-il partie de ces gens? S'il devait tuer quelqu'un pour la survie d'un membre de sa famille, y parviendrait-il? On a beau dire que l'on serait capable de tout pour une cause, certaines choses sont plus difficiles à dire qu'à faire.
    Arriverait-il à planter une lame dans le cou d'un inconnu pour sauver quelqu'un qui lui était cher? Parviendrait-il à accomplir le geste décisif, lui le philantrope? Lui qui, en tout humain, voyait une enfance, des rires, des pleurs, de l'émotion, des enfants, une famille, des parents qui le chérissaient, des souvenirs heureux, pourrait-il délibérément mettre fin à tout cela? Et surtout, s'il le faisait... Quelles en seraient les conséquences?

    C'était un acte qui devait vous bouleverser toute une vie, de tuer. Parce que réduire à néant la vie d'un semblable, ce n'était quand même pas rien! Il n'avait aucune envie d'essayer. Il ne voulait pas tuer. Il avait peur de ce que cela pourrait engendrer. Dépression, dégoût de lui-même... Auto-punition, sentiment de culpabilité atroce et permanent. Se connaissant, il ne serait plus capable de marcher dans la rue sans se demander si untel était un ami du défunt, si cette femme à l'air affligé n'avait pas été sa femme. Il se remettrait en question, et se trouverait abject. Les remords l'auraient envahi. Ou peut-être cet acte l'aurait-il fait grandir? Comprendre une réalité nouvelle? Il ne voulait pas prendre le risque de savoir. Il espérait bien ne jamais avoir à tuer. Un frisson le parcourut. Il posa à nouveau ses yeux sur Syndrell.


    "C'était quand, la... La première fois que tu as tué?"

    Il se demandait si c'était un souvenir douloureux, pour elle, ou si elle le considérait aussi comme un équilibre. Il ne la lâchait pas des yeux, prêt à déceler le moindre affaissement de la bouche, la moindre douleur du regard, afin de se précipiter à son secours, de lui dire de ne pas aller plus loin, de lui changer les idées. Il ne la lâchait pas des yeux pour la soutenir, pour lui dire je ne te juge pas, je t'écoute, tu peux parler.
    Un regard noisette, sérieux, curieux et encourageant. Un regard d'enfant attentif, d'adolescent intéressé, d'adulte à l'écoute.

    Vite teinté d'une nuance d'angoisse. Il se demandait déjà s'il n'aurait pas mieux dû tenir sa langue...
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MessageSujet: Re: Cataclop, cataclop... [Syndrell]   Cataclop, cataclop... [Syndrell] - Page 2 Icon_minitimeMer 25 Mai 2011, 20:53

Syndrell posa son regard d’or sur Ciel.

Enfin, il avait osé poser la question qui lui brûlait les lèvres ! Depuis quelques minutes déjà, elle l’avait senti fébrile, hésitant, tourmenté par quelque chose. La mort… Il voulait savoir, et il en avait parfaitement le droit, bien sûr. D’autant qu’elle lui avait tendu la main sur le sujet. Mais la simplicité avec laquelle il s’était exprimé, allant droit au but, la touchait ; il avait préféré prendre le risque de la blesser, malgré lui, plutôt que de tourner autour du pot et de la vexer. Cette sincérité brillait jusque dans ses yeux, avec cette étincelle d’inquiétude qui devint brasier hurlant lorsqu’il se rendit compte, peut-être, qu’il était allé trop loin.
Ce n’était pas le cas.


- C’était il y a longtemps… je n’étais pas une marchombre, à l’époque.

Elle avait ajouté cette précision dans un bref coup d’œil jeté au dessinateur. Elle ne voulait pas qu’il s’imagine la mort comme associée à l’ombre du marchombre ; or sa question n’était pas sans rapport avec cette idée.

- Je n’ai pas toujours tué pour sauver des vies. Parfois, ce fut pour sauver la mienne, de façon sans doute égoïste mais sans laquelle je ne serais pas là aujourd’hui. La première fois…

Un chuintement léger dans sa mémoire.
Un cri de surprise, des corps qui se heurtent, des sons étouffés.
Syndrell battit des paupières pour lutter contre la vague du souvenir.


- La première fois, j’ai tué pour abréger les souffrances d’un homme à l’agonie. C’est plus difficile que de tuer sous le coup de la colère, ou par volonté de survie… C’est pire.

Leif…

- On ne peut pas l’oublier. La première fois qu’on ôte la vie, c’est une marque indélébile pour la mémoire. On s’en souvient, on en rêve, parfois… Et ça fait partie de nous.

Elle ignorait si elle s’exprimait suffisamment clairement, mais elle laisser filer les mots tels qu’ils lui venaient. Un pâle sourire flotta un instant sur ses lèvres tandis qu’elle songeait à cette discussion. Quelle ironie ! Se poser dans un lieu aussi enchanteur, et parler de la mort… Pourtant, la jeune femme devait reconnaître que c’était une bonne chose. Ciel était son ami, il y avait des choses sur sa vie qu’il était en droit de savoir, même si le secret marchombre devait être préservé – et il le serait ; mais cela faisait également du bien à Syndrell de parler de ces pans de sa vie qu’elle avait appris à mettre de côté.

Avec Miss, elle était parvenue à vaincre ses démons, à comprendre son passé, et notamment celui qui concernait les Ombres et Al-Jeit. Elle ne faisait plus de cauchemars, ne rêvait plus de Leif la nuit, ne s’éveillait plus en larmes, avec cette terrible sensation d’avoir fait quelque chose de mal, mais quelque chose de fondamentalement nécessaire.

Laissant les murmures sylvestres emporter ses dernières paroles, la marchombre renversa la tête en arrière, cognant doucement le tronc. Peut-être que son amitié avec Ciel tenait du fait que cette nuit-là, sur le toit d’Al-Chen, ils avaient été tous les deux confrontés à son propre passé. Cette femme, cette espionne qui avait pris en otage Zéphyr et Zénith, puis qui s’en était directement pris à Ciel et sa famille, n’était en fait là que pour elle. Et une fois de plus, elle avait bien failli emporter dans sa colère des êtres qui lui étaient chers.

Frissonnant soudain, Syndrell se redressa souplement sur ses jambes – un peu trop vite, toutefois, pour que son geste paraisse naturel.


- Fin de la pause ! Les arcs-en-ciel ne se chassent pas en restant assis au pied d’un arbre…

Souriant à nouveau, elle tendit la main à Ciel et l’aida à se redresser. Puis elle déposa un baiser sur les naseaux frémissants de Nuance et détacha Luli. Elle se remit en selle sans prendre la peine de poser le pied à l’étrier, s’aidant simplement de ses mains. Claquant de la langue, après avoir attendu que Ciel se soit installé et prêt à partir, elle laissa avancer Luli dans un pas tranquille tout en se demandant si elle ne prenait pas un peu la fuite. Syndrell fronça les sourcils. Oui, c’était ça : elle contournait la difficulté que le dessinateur avait posé devant elle, au lieu de la franchir. Et c’était idiot.

- Je n’aime pas particulièrement parler de cette période de ma vie, reconnut-elle, mais tes questions sont les bienvenues. Et bénéfiques, je crois.

Elle lâcha ses guides et s’étira comme un chat sur sa selle. Des questions, Ciel en avait sans doute des millions. Mais le soleil était encore haut ; ils avaient tout leur temps…


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MessageSujet: Re: Cataclop, cataclop... [Syndrell]   Cataclop, cataclop... [Syndrell] - Page 2 Icon_minitimeMar 31 Mai 2011, 20:22

    Ciel poussa un léger soupir. Il était rassuré: son amie n'avait pas mal pris sa question. Mieux, elle y avait répondu; et avec des détails, bien clairement, sans mystères. Il l'écouta attentivement quand elle tenta de lui expliquer, sentant son coeur se pincer lorsque son regard se fit absent. Il avait sans doute remué là de douloureux souvenirs... Mais ne les avait-elle pas effleurés un peu plus tôt, en parlant de la mort? Sans doute... Il essayait d'imaginer ce qu'elle lui raconter, d'imaginer la douleur, l'horreur de mettre fin aux jours de quelqu'un. Peut-être que ç'avait été quelqu'un qu'elle avait aimé... Enfoncer un poignard dans le corps démembré de maman qui crache du sang? Il ferma les yeux. Il ne voulait pas imaginer, pas voir, pas sentir ce que ça pourrait faire.

    Une autre pensée le frappa de plein fouet. Syndrell avait dix-huit ans à peine. Elle parlait de la mort comme si... Comme si elle était loin derrière elle, comme si elle avait pris le recul nécessaire. Elle avait tué plusieurs fois, elle connaissait suffisamment cet acte pour en parler, et exposer limpidement ce qu'elle ressentait, pour arriver à lui faire un peu comprendre à lui, qui n'avait aucune expérience en la matière. Alors... A quel âge avait-elle accompli ce premier acte meurtrier?
    Il ne put empêcher l'image de ses neuveux et nièces enfonçant une lame dans un coeur inconnu. Il ferma une autre fois les yeux. Les rouvrit rapidemment, pour contempler Syndrell, la paix qui se dégageait d'elle, son regard doré songeur, repensa à son rire, à son aisance, à la façon dont elle se mouvait, à cette impression diffuse qui nous soufflait qu'elle avait trouvé sa place, trouvé sa Voie. Il repensa à ses mots qui prouvaient que oui, elle s'était trouvée.

    Mais comment...
    Combien de jeunes peuvent se construirent si vite après avoir tué si jeunes? Combien de jeunes peuvent affronter de telles épreuves et en ressortir avec autant de brio? Combien de fois encore serait-il frappé par cette fille exceptionnelle?
    C'était pour ça peut-être qu'elle était si mature... Parce qu'elle avait déjà beaucoup vécu, des choses difficiles, des combats sanglants, des doutes déchirants surement, des... Des proches, des amours, des amis morts. Elle le lui avait dit. Ciel était à peu près persuadé qu'on aurait pu écrire un livre palpitant sur la vie du Chat.

    Chat qui se levait souplement et lui tendait déjà la main, qu'il attrappa, étonné, lui jetant un petit coup d'oeil significatif. L'ombre qui traînait dans l'iris, la rapidité du geste ne lui avaient pas échappé. Mais par respect pour elle, pour ces souvenirs certainement douloureux qu'il avait remués, il ne releva pas, et se remit en selle, avec bien moins de dextérité que sa compagne.

    Nuance piaffa, Ciel éclata de rire en lui flattant l'encolure.


    "T'as déjà goûté de l'arc-en-ciel toi, ma jolie?"

    Nuance hennit en tirant sur ses rênes, arrachant un nouvel éclat de rire à son cavalier, qui la mit au pas à la suite de Lulli. Il aimait autant que la jument alezane reste derrière l'autre; il craignait moins qu'elle ne s'emballe, ainsi. Syndrell reprit la parole, et pour bien entendre ce qu'elle disait, il fit se placer aux côtés de Lulli, écartant les branches qui venaient s'accrocher dans ses cheveux et lui embrasser les joues. Il prit garde à tenir Nuance, qui, il le sentait bien, rêvait d'aller attrapper des arc-en-ciel plus vite que ça.

    Il ne fut pas surpris d'entendre Syndrell expliquer son animation soudaine, et l'écouta un sourire bienveillant sur les lèvres. Il se dit qu'un jour, il faudrait qu'il lui demande quand avait été cette fameuse première fois. Quatorze, quinze, seize ans? Dix-sept ans, cela lui semblait un peu récent... Mais ce n'était pas le moment. Il ne fallait pas abuser de ces questions, même si elle les jugeait bénéfiques; ce n'était pas pour rien qu'elle avait brusquement mis fin à la conversation en proposant (incitant, même) de reprendre la chevauchée. Il se devait donc aussi de suivre et de respecter le choix du Chat. Et de lui faire passer un bon moment.

    Il l'observa s'étirer, et se dit que s'il faisait de même, Nuance ne resterait sans doute pas impassible, au pas toute tranquille. Il allait d'ailleurs retourner derrière, parce que le sentier était un peu étroit et qu'il n'arrêtait pas de se prendre des branches dans la figure, et il devait bien avouer que repousser ces branches, sans faire de mouvements trop brusques et en prenant garde à ne pas serrer les cuisses était un peu délicat. Hélas, une branche plus épaisse que les autres le tira en arrière; déséquilibré, il fut contraint de lâcher les reines pour l'écarter, et pour ne pas perdre l'équilibre de... Serrer les cuisses. Un tout petit peu. Il se sentit glisser en arrière, un tas de branche lui fouetter les joues le temps que Nuance ne se replace au milieu du sentier, tenta d'attrapper les rênes, de se baisser en même temps pour éviter une nouvelle branche qu'il voyait approcher dangereusement, sentit un pied s'échapper de l'étrier, le cuir glissant de la selle, la glissade qui semble durer mille ans et puis...

    Il mordit la poussière, les yeux fermés, ne sentit que le dur partout, au dessus, en dessous, la tête qui tourne et qui cogne, le goût de la terre sur les lèvres, dans la bouche, qui s'infiltre dans le nez... Et puis d'un coup, plus rien. Cherchant la douleur, la sentant dans le dos, un bras, un genou, il prend une grande inspiration, ouvre les yeux...
    C'est tout vert au dessus de lui. Vert et or. Le soleil traverse la voûte des arbres, un rayon l'ébloui un peu. C'est joli, le gazouilli des oiseaux aussi. Il n'a pas tellement envie de se lever. La tête lui tourne encore un peu aussi, il a des paillettes dans les yeux. Le bleu du ciel. Ca papillonne un peu.


    "Syndrell? J'ai trouvé des arc-en-ciel..."



[Excuse pour le retard x_x
Et n'hésite pas à me dire si je me suis plantée au sujet de Nuance! =) ]
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MessageSujet: Re: Cataclop, cataclop... [Syndrell]   Cataclop, cataclop... [Syndrell] - Page 2 Icon_minitimeJeu 02 Juin 2011, 16:15

Ses pensées étaient encore tournées vers Leif, c’est pour ça que Syndrell ne vit pas son ami choir de sa selle. Son Dessinateur avait éveillé en elle l’écho poignant, trop longtemps mis de côté pour qu’elle se contente de hausser les épaules afin de passer à autre chose ; elle ne l’avait pas oublié – jamais elle ne le pourrait – mais depuis qu’elle avait vaincu les démons de son passé en laissant Miss la faire entrer dans les murs d’Al-Jeit, elle s’était détachée, tout doucement, de ce souvenir.

Evitant distraitement les branches audacieuses qui tentaient d’accrocher sa combinaison et ses cheveux, la jeune femme laissait son esprit vagabonder hors du temps, là où demeurait sans doute le vieux souffleur de verre. Elle ne voyait pas son vieil ami mais sentait sa présence comme une brise légère ; Leif était là, lui aussi.

Diffus, infime, toujours enveloppé de son voile de mystère qui masquait jusqu’à son vrai nom, mais pas ses sentiments : il l’avait aimé. Oh oui, il avait aimé cette gamine aux cheveux bleus et aux yeux d’or ! Il ne l’avait pas montré, de peur que son image de meneur ne soit ternie par les rumeurs des plus jaloux, mais l’enfant triste, sortie d’on ne savait trop où, l’avait ému, lui qui croyait être à l’abri de toute forme de surprise. Elle l’avait attendrie, puis bluffé lorsqu’il avait pensé devoir lui apprendre à se battre ou à se servir de sa mémoire. Lui avait-il réellement appris à lire sur les lèvres ? Même mort, il en doutait encore.


Qu’est-ce que tu fais, gamine ?

Syndrell sursauta, au moment même où Ciel glissait de sa selle. Surprise, Nuance heurta Lulli qui fit un brusque écart et esquissa le geste de s’élancer sur la piste. C’était sans compter la poigne de la marchombre. Douce, mais ferme, elle obligea la jument à faire demi-tour, puis elle mit pied à terre et attacha rapidement ses guides à la première branche qu’elle trouva. Sans s’occuper de Nuance, qui s’éloigna de quelques pas, elle s’accroupit près de Ciel. Il était tombé de toute la hauteur de Nuance et le choc l’avait étourdi, mais en tâtant ses membres, Syndrell écarta toute gravité de la chute.

Les yeux dans le vague, Ciel marmonna quelque chose et elle sourit. Des arcs-en-ciel ! Oui, c’était bien l’impression que pouvait donner un bon coup sur le crâne, elle le concevait. Posant une main fraîche sur son front, Syndrell dégagea doucement quelques mèches rebelles et son sourire s’élargit.


- Je sais, veinard ! Tu as gagné cette partie de chasse, mais je m’engage à remporter la prochaine, tu peux me croire !

Le temps qu’il retrouve pleinement ses esprits, elle l’obligea à rester allonger. La chute avait été bénigne et Ciel avait la tête dure ; il en serait quitte pour une belle bosse et un bon souvenir à revisiter au coin du feu, mais par mesure de précaution, Syndrell préféra attendre un peu. Après s’être assurée qu’il ne chercherait pas à se relever, elle siffla Nuance puis détacha la gourde de sa selle, avant de revenir s’agenouiller près de son ami.

- C’est en tombant qu’on apprend le mieux à rester en selle, dit-elle joyeusement tout en humidifiant le front et les tempes du Dessinateur. Paradoxal, je te l’accorde, mais pourtant vrai ; tu vas voir, lorsque tu vas remonter sur Nuance…

Souriant toujours, elle l’aida à s’asseoir et ses doigts palpèrent délicatement l’arrière de son crâne. Il ne saignait déjà plus et une jolie bosse gonflait déjà ; pour éviter une tuméfaction trop importante, elle roula le mouchoir dont elle s’était servie pour mouiller son visage et l’appliqua contre ses cheveux emmêlés. En même temps, elle lui prit la main et la posa sur le mouchoir, lui ordonnant de le maintenir ainsi pressé pendant encore quelques minutes. Puis elle se redressa, les mains sur les hanches, et hocha la tête.

- Il y a une tradition, chez les cavaliers : qui tombe de sa selle doit une faveur à qui le remet en selle.

Elle laissa volontairement filer quelques secondes, à la manière du conteur lorsqu’il tient en haleine son auditoire, puis, exactement comme elle l’avait fait quelques minutes auparavant, elle lui tendit la main. Et lorsqu’il se fut remit debout, elle garda sa main dans la sienne, mais moins pour l’aider à retrouver son équilibre que pour renforcer les paroles qui franchirent alors ses lèvres :

- Une fleur, comme celle que tu avais dessinée pour moi lors de notre première rencontre. J’aimerai qu’elle soit le symbole de notre amitié, le signe de notre entente ; qu’elle serve de signature à l’un comme à l’autre si nous devons nous faire parvenir un message. Qu’elle nous protège autant qu’elle nous nomme, toi et moi. Tu veux bien ?

C’était une curieuse faveur, à vrai dire, qu’elle lui demandait-là. Mais l’idée avait germé bien avant la chute de Ciel, et elle la devait à un jeune espion d’Al-Jeit, qui la lui avait soufflée juste avant que le vieux souffleur de verre ne s’étonne de la présence de Syndrell dans son « monde ». Un emblème, un code, comme ceux dont elle se servait dans le réseau des Ombres. Qu’ils s’en servent pour parler d’arcs-en-ciel ne rendait pas l’idée d’une telle signature ridicule, bien au contraire ; dans l’esprit de Syndrell, c’était une façon de souligner une complicité déjà bien réelle. Mais devant l’incongruité de sa demande, elle se crut obliger d’ajouter :

- En fait, ce n’est pas tellement une faveur que je veux, mais une réponse. Si tu acceptes, la rose sera notre symbole à nous. C’est tout.

Paradoxalement, il y avait quelque chose de très enfantin dans cette requête, et le plus étonnant était qu’elle s’en rendit compte. Saisissant les guides de Nuance, elle observa Ciel en songeant qu’il devait souvent la trouver étrange, à osciller à ce point entre femme et enfant. Mais le Dessinateur aussi avait ses instants de caprice, et elle ne doutait pas un seul instant qu’il refuse celui-là. Elle lui remit impérieusement les rênes de Nuance entre les mains et posa un instant la main sur son bras pour lui redonner courage.

- Allons-y, Prof ! Le lac n’est pas loin, et j’ai bien envie d’aller m’y promener un moment. Nuance aussi, alors elle ne te laissera plus tomber de son dos. N’est-ce pas, vieille bourrique ?

L’intéressée prit un air parfaitement détaché, tirant un éclat de rire à Syndrell, et ils se remirent en route.
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MessageSujet: Re: Cataclop, cataclop... [Syndrell]   Cataclop, cataclop... [Syndrell] - Page 2 Icon_minitimeMer 08 Juin 2011, 20:59

    Ciel réfléchissait, encore un peu étourdi, pendant que Syndrell parlait tout en l'aidant à se relever. Un symbole... Oui, oui bien sur qu'il accepterait, pourquoi dirait-il non? C'était rigolo comme idée... Enfantin. N'était-ce pas les bambins qui faisaient ça, pour se faire parvenir des messages secrets? Ou les adolescents hésitants qui cherchaient à s'ancrer à quelque chose, quelqu'un? A se prouver oui, on est ami, on partage le même signe, symbole de nous deux, à la vie à la mort... Syndrell parlait de ce symbole, de cette rose avec tant de sérieux! Tant de sérieux et de sincérité qu'il ne trouvait même pas ça ridicule. Enfantin, certes, mais du coup, touchant. Et puis ça le rassurait. Si elle s'attachait encore à de petites choses comme ça, c'est qu'elle avait encore une âme d'enfant, derrière ses apparences si mûres. Il sourit largement. Ouf alors. Ca lui faisait plaisir de savoir ça.

    Il se secoua la tête pour remonter en selle, passant une main dans ses cheveux pour les ordonner, palpa l'arrière de son crâne en grimaçant légèrement. Des idées flottaient dans sa tête, l'étourdissaient un peu, mais il s'efforça de les mettre de côté. Au moins le temps de remonter sur Nuance. Il ne pouvait pas se permettre d'être totalement déconnecté. Il passa sa main sur son encolure, lui tapotta l'épaule.


    "Tout doux maintenant, hein?"

    Elle hennit vigoureusement, et il éclata de rire en se demandant, un brin anxieux, si elle acquiescait ou plutôt, se moquait de lui avec espièglerie. Il remonta en selle, prenant garde à chacun de ses gestes. Il la remit en route, sans perdre une miette des paroles de Syndrell, mais décidant de se concentrer un peu sur sa monture, qui sans doute n'apprécierait pas qu'il ait la tête ailleurs. Il s'appliqua à s'adapter à son pas, à faire attention à là où elle allait, à être paré à prévenir à une quelconque contrariété. Tout se déroulait bien, Nuance semblait être calmée. Le sentier en direction du lac était plus large. Ciel l'autorisa à partir au trot, ce que la jument fit sans se faire prier, et là encore s'adapta au mieux à l'allure du cheval.

    "Voilà, c'est déjà mieux comme ça..."

    Il s'autorisa même à lâcher un peu les rennes; Nuance ne modifia pas son allure. Satisfait et rassuré, Ciel s'autorisa enfin à réfléchir plus en détails aux paroles de Syndrell.
    Oui, il était tout-à-fait d'accord pour créer cette rose symbolique. C'était une forme qu'il connaissait bien et qui, pour lui, ne présentait pas de difficultés particulière: la rose était, effectivement, un Dessin que privilégiaient les Maîtres lors des exercices. Fleur délicate, subtile, pétales emboîtées d'une manière assez complexe, ce dessin présentait une difficulté assez intéressante. Alors des roses, Ciel en avait Dessinées, et beaucoup. Pas de soucis, donc; et puis niveau symbolique, il était tout-à-fait d'accord. C'était la fleur qu'il avait offerte à Syndrell en gage de leur amitié; celle qu'elle avait choisie parmie tant d'autre, et piquée dans ses cheveux.

    C'était un autre détail qui le chiffonait. Aussi de l'ordre du Dessin, à vrai dire. D'accord, Syndrell avait demandé une signature. Mais elle avait parlé de la fleur en elle-même, aussi. Et puis même, il lui devait bien ça... Oui mais... La rose qu'il avait crée, ce jour-là, avait dû bien vite s'évaporer. Comme tout Dessin. Ou plutôt, comme tous ses Dessins. Le Dessin éternel... Reve de tout arpenteur des Spires, chimère atteignable par une élite restreinte. Le Dessin éternel... Les plus hautes Spires, les plus immenses Spires. Un rêve accessible en compagnie de quelqu'un d'autre. Quelqu'un que l'on connaisse à merveille, quelqu'un avec qui on arrive à former une vraie flèche qui grimpe, qui grimpe, et qui créer l'éternel. L'éternel, ce gros boum dans les Spires, ce gros boum dans la réalité. Ce gros chamboulement, qui fait miroiter l'air et qui est irréversible. Le Dessin éternel ne se faisait pas à la légère. On ne créait pas comme ça un éternel juste pour s'amuser, juste pour dire je l'ai fait. Ca ne lui serait pas venu à l'idée... On créait un éternel en guise de cadeau, d'offre amoureuse, de gage d'amitié. Un Dessinateur, de toute façon, avait cette intuition, ce sens de la valeur. Et là en l'occurence, il sentait qu'il pouvait la créer, cette rose, cette magnifique rose. Ce n'était pas un objet pour rien, ce ne serait pas un objet dépourvu de toute valeur symbolique. Non, le problème était ailleurs.

    Plutôt d'ordre technique.
    Il aurait été capable de créer un Dessin éternel avec sa mère, Zéphyr et Zénith. Peut-être même juste avec sa mère. Au prix de beaucoup de concentration, de préparation, de pas mal de repos, d'un effort très conséquent. Ils ne l'avaient jamais fait; pas comme ça, juste pour s'amuser.
    Mais lui seul en était incapable. Il n'avait pas assez de pouvoir, pas assez d'entraînement, c'était trop... C'était irréalisable. Il secoua la tête.

    Le lac.
    Là, en face de lui. Il sursauta, légèrement surpris devant cette immensité, et remis Nuance au pas. Il pouvait la contempler du haut de certaines constructions d'Al-Chen, il avait déjà participé à quelques pique-niques ou promenades sur ses berges, mais cette grandeur le frappait toujours. Comme celle du Pollimage, d'ailleurs. Deux monstres d'eau, deux puissances hors du commun. Ce lac, en plus d'être gigantesque, était beau. Il scintillait à la lueur du soleil qui lentement descendait vers l'horizon, calme ce jour-là, avec ses rochers qui le parsemaient ici et là, les quelques volatiles qui nageaient à sa surface... Nuance continuait d'avancer, lui de regarder.


    "T'as l'habitude de voir des beaux paysages comme ça toi, hein Nuance?"

    Il avait murmuré. Il baissa les yeux sur l'encolure alezane de la petite jument. Elle avait beaucoup de chance d'avoir Syndrell pour cavalière, à son goût... Une Marchombre en or, aventurière intrépide qui lui en faisait voir de toutes les couleurs et lui laissait le loisir de galoper à bride abattue dans des immensités vertes. Syndrell, Syndrell et la rose...

    Il fronça les sourcils. Il était déjà monté très haut des les Spires. Pour un examen. Cinq Pas sur le Côté d'affilé, sans interruption. C'était son record; il avait toujours eu un peu de mal avec cette pratique du Dessin. Il était resté épuisé pendant deux jours, et avait beaucoup dormi les nuits suivantes. Fort heureusement, cet exercice avait été le dernier de l'examen; il avait eu, les jours d'après, beaucoup de mal à Dessiner convenablement. Il avait expérimenté ainsi, surtout dans ses études, plusieurs fois la fatigue extrème après un Dessin d'envergure. Il savait monté. Ca prenait du temps, de l'énergie, mais il savait. Il avait déjà tenté de toucher l'Eternel, mais n'avait jamais trop osé, à vrai dire: peur de se fatiguer, peur de rester bloquer là-haut, peur de se mettre en trop grand danger.

    Ne pourrait-il pas essayer pour Syndrell?


    "C'est d'accord pour le symbole. La fleur... Je te ferais un cadeau, mais seulement une fois que tu seras partie. Tu comprendras pour quoi quand tu l'auras."

    Il lui adressa un clin d'oeil, enfin libéré de toutes ces pensées, à nouveau réceptif à ce qui l'entourait. Tout frissonant de l'intérieur aussi, profondément ému, troublé, chamboulé de son audace. Il allait tenter l'impossible... Lui, Ciel Kern, humble professeur de Créativité à l'Académie... Il songea un instant aux problèmes administratifs. Il lui faudrait attendre les vacances scolaires, qui n'allaient, heureusement, pas tarder à arriver, mais il balaya cela bien vite de ses pensées. Aucune importance! Il allait tenter l'impossible, pour sa petite Syndrell.

    "Alors, par où on va maintenant? J'ai beau habiter pas loin, tu sais que je ne connais pas très bien les sentiers!"
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MessageSujet: Re: Cataclop, cataclop... [Syndrell]   Cataclop, cataclop... [Syndrell] - Page 2 Icon_minitimeJeu 09 Juin 2011, 14:28

[Niaaaaaaaaaw *des images plein l'esprit et des étoiles plein les yeux* ]

Jetant un coup d’œil par-dessus son épaule, Syndrell sourit en découvrant la mine fascinée de Ciel. Oui, le lac Chen avait souvent cet effet-là : un léger coup au cœur, un instant d’éblouissement et puis, l’abandon du regard sur la surface miroitante de ses eaux calmes… Les rumeurs lui accordaient moins d’attraits que l’œil d’Otolep, mais tant qu’elle n’avait pas vu ce dernier de ses propres yeux, la marchombre réservait sa propre opinion et se contentait d’admirer avec toujours autant de chaleur ce lac au bord duquel elle avait déjà vécu tant de choses.

Le regard accroché aux mille reflets scintillants qui étaient comme un appel silencieux à leur attention, Syndrell fit ralentir Lulli et laissa Nuance et Ciel se placer à leur hauteur. Ensemble, ils quittèrent le bois pour avancer tranquillement dans la verte plaine qui bordait la cité. L’herbe était haute et une myriade de sauterelles colorées bondissait gaiement autour des sabots des deux juments tandis qu’au-dessus de leurs têtes, des canards rejoignaient le lac, formant un V entre les nuages orangés.

D’un geste, la jeune marchombre remonta la fermeture éclair de sa combinaison jusqu’à son menton. Le soleil avait chauffé le bois toute la journée et ils y avaient été protégés du vent, mais à présent qu’ils se retrouvaient dans la plaine rase, quelques bourrasques venaient les frapper avec douceur mais fermeté, déjà fraîches de la nuit qui s’annonçait ; elles dessinaient comme des vagues dans l’herbe et faisait voler les cheveux de Syndrell autour de son visage. Lâchant les guides de Lulli, elle ne la dirigea plus qu’avec les genoux tandis que ses doigts fins ramenaient les mèches bleues en arrière pour les tresser rapidement. Ce faisant, elle jeta un nouveau coup d’œil à son Dessinateur.

Elle ne lui avait pas menti ; il était beaucoup moins tendu sur sa selle et ses gestes semblaient plus assurés qu’avant sa chute. Nuance avançait docilement, les oreilles vaguement agités, et Syndrell se demanda si l’espiègle petite jument n’avait pas fait exprès de se dérober brusquement sur le sentier. Mais Ciel ne lui avait pas reproché cet écart, et de temps en temps, il glissait ses mains sur sa belle encolure en une caresse qui plaisait énormément à Nuance. Les voir s’apprécier mutuellement gonflait le cœur de Syndrell d’une joie sans limite, et elle sourit à nouveau, simplement heureuse d’être là, en leur compagnie, et dans un lieu aussi beau.

Une étoile était née dans l’or de ses yeux lorsque Ciel avait accepté sa requête ; elle brillait toujours, intensément, alors que la curiosité grandissait en elle. Un cadeau ? Pour elle ? Syndrell n’avait pas osé lui en demander la raison. Il l’avait impressionné, la première fois, lorsqu’il lui avait demandé si elle comptait accepter son bouquet arc-en-ciel. A l’époque, elle n’avait pas compris qu’on puisse lui offrir quelque chose sans rien lui demander en retour. Et puis elle avait réalisé, lorsqu’elle avait donné un petit chat de verre à Ciel. Réalisé qu’il suffisait d’un regard, d’un sourire, d’une main tendue pour que le moindre petit objet prenne une valeur considérable aux yeux d’un ami. La rose qu’elle avait piqué dans ses cheveux avait eu cette valeur-là. Elle savait qu’il avait gardé son petit chat.

Alors, une rose pour signature…


- Tu habites dans une région fabuleuse, tu sais ? Mais je vais te faire découvrir quelque chose que tu ne connais pas encore… Suis-moi !

D’une pression des genoux, Syndrell fit passer Lulli au trot, puis au petit galop dans la plaine. Du coin de l’œil, elle vit que Nuance attendait l’ordre de Ciel pour s’élancer à leur suite, mais l’allure de la petite jument prouvait largement ce qu’elle pensait d’une nouvelle pointe de vitesse ; elle avait assez trottiné dans le bois pour la journée ! Ciel aussi semblait prêt à se lancer dans une nouvelle course, et alors qu’elle croisait son regard, Syndrell se rendit compte que c’était vrai : il était prêt à la suivre partout. Où qu’elle aille, où qu’ils soient. Il la suivait sans poser de questions, parce qu’il avait confiance en elle.

Emue, la jeune femme se contenta d’un hochement de tête encourageant, puis elle reporta son regard droit devant elle et talonna franchement Lulli. La jument bondit et fila comme une flèche dans les hautes herbes, suivie de près par Nuance, qui se gardait de les dépasser malgré ses capacités pour ne plus faire défaut à son cavalier, et c’est à une vitesse folle qu’ils atteignirent le lac endormi. Canards, cygnes, poules d’eau et autres oiseaux palmés roupillaient déjà sur la rive, sur une patte ou bien roulés en boule au bord de l’eau tandis que le soleil s’apprêtait à plonger à l’horizon.

Loin de ralentir l’allure, Syndrell se pencha sur l’encolure de Lulli et cria à Ciel de l’imiter ; ils se dirigeaient droit vers l’eau, et un passant qui assisterait à la scène croirait très certainement qu’ils allaient terminer leur course effrénée dans le lac. Mais au dernier moment, la marchombre tira sur les rênes de Lulli et vira sur la droite, longeant les eaux miroitantes pour cavaler à bride abattue sur la berge sablonneuse. Brutalement tirés de leur somnolence sous les derniers rayons du soleil, canards et cygnes s’envolèrent tous ensemble dans un nuage de plumes et de battements d’ailes ; Syndrell et Ciel le traversèrent à pleine vitesse alors que les sabots de Lulli et de Nuance soulevaient une gerbe de sable et d’eau à leur passage.

Eclatant de rire, Syndrell tourna la tête pour s’assurer que son Dessinateur tenait toujours bien en selle. Devant son expression, elle se sentit plus proche de lui qu’elle ne l’avait jamais été.


- Allez, Ciel, vas-y ! cria-t-elle, la bouche dans la crinière de Lulli. Envole-toi avec moi !

Ce fut comme une porte qui s’ouvre sur un autre monde, comme une serrure qui se déverrouille sur un mystère insondable. Nuance dépassa Lulli. Mille oiseaux de couleur tourbillonnèrent autour d’eux, devenant cet arc-en-ciel qu’une marchombre et un Dessinateur étaient venus chasser. Un arc-en-ciel de plumes dans les lueurs changeantes du couchant. Et un deuxième arc-en-ciel, reflet du premier, dans les eaux scintillantes du lac.
Leur arc-en-ciel.

Ils l’avaient trouvé !

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MessageSujet: Re: Cataclop, cataclop... [Syndrell]   Cataclop, cataclop... [Syndrell] - Page 2 Icon_minitimeMer 15 Juin 2011, 21:03

    Ciel sentit de nouveau son coeur se décrocher au fur et à mesure que Nuance accélérait. Il se pencha sur l'encolure, comme Syndrell, et la laissa mener l'étrange couple qu'il formait avec la Marchombre. Son coeur était tellement gonflé et agité qu'il n'avait même pas la place de penser à ce qu'elle allait bien pouvoir lui faire encore découvrir. A nouveau le rire irrépressible, les larmes, les cheveux en arrière, les vagues de sa monture sous lui, la vitesse, la vitesse qu'il n'arrive même pas à jauger, est-ce qu'on accélère encore ou alors on a atteint le maximum? Tout est flou autour, son champ de vision réduit à ce qu'il y a devant lui, à la grande jument qui galope, galope, les cheveux bleus qui volent au bonheur, la brillance du... Lac! Tout se mélange, il ne sait plus ou donner de la tête, ou du coeur, un peu perdu, on va où, là? Dans l'eau? Mais ça va être terrible! Ou alors non? Ca va éclabousser, ça m'éclabousse de l'intérieur, je vais mourir...

    Mourir...

    Syndrell vire à droite, d'un coup. Le temps que ça vienne au cerveau embrouillé, le temps qu'il comprenne ce qu'il faut faire, ce qu'il doit faire, que c'est pas l'eau, il est un peu tard, et les sabots de Nuances claque dans les cinq premiers centimètres d'eau tandis qu'elle amorce son virage, et tourne, d'un coup elle aussi...
    Crainte fugace que, rattrappée par la gravité, la jument ne bascule sur le côté.
    Etonnement devant sa réactivité; et puis il se dit qu'elle a dû suivre Syndrell, aussi. Nuance continue de galoper dans cette infime pellicule d'eau claire, les gouttes obscurcissent son pantalon, il en sent quelques unes, fraîches, se mêler à ses larmes sur ses joues... Larmes dûes moitié au vent, moitié au bonheur, et puis d'un coup, c'est l'explosion.

    L'explosion de couleurs, de sensation, de magie, d'émotion, d'arc-en-ciel, l'explosion de vie. Il se dit: un Dessinateur talentueux fait des siennes.
    Mais non, Syndrell a parlé d'une merveille de la nature.
    Alors, on a trouvé le pied d'un arc-en-ciel, elle connaît le secret de ces miracles colorés, elle est la seule au monde à avoir dépassé ce mystère qui fascine tant, et elle me le fait partager.

    Cela dura... Une éternité. Deux ou trois secondes d'éternité. Un instant tellement... Tellement et pas de mots pour dire la suite. Si... Si prenant, si... Qu'on a l'impression qu'il dure pour toujours. Qu'il ne s'arrêtera jamais. Ces instants d'éternité, ou le présent se prolonge au futur, au passé, à l'infini, ou le présent devient le Tout, où l'âme s'envole et le corps fusionne avec l'autour, où tout ne fait qu'un...

    Etonné, il sent l'allure rallentir un peu. Ou alors c'est lui qui perd la notion d'espace-temps et ses sensations qui se trompent. Il se relève un peu, lève les yeux, voie de derniers éclats de couleur s'évaporer. Des éclats de plume. Il sourit, se retourne sur sa selle, précautionneusement, et constate que des miriades de bouts de plumes douces, légères, multicolores flottent dans l'air et retombent déjà, qui sur la plage, qui sur la surface limpide du lac Chen. Il lève la tête, et les voit tous s'éparpillés.

    Ciel éclate de rire. Il se tourne vers Syndrell, qui a quelques plumes duveteuses accrochées à sa chevelure bleue. Sa chevelure... Un reste de l'explosion de couleur qu'elle lui a servi. L'explosion éternelle.


    "Eh ben dis-donc, ça pour de l'arc-en-ciel, c'était de l'arc-en-ciel!"

    Ainsi c'était ça, la merveille... Ainsi elle savait toutes ces beautés naturelles qui ne demandent qu'à être dénichée et qui régalent les yeux. Lui qui habitait juste à côté, il ignorait tout ça... Comme bon nombre d'habitants d'Al-Chen, pensa-t-il. Comme bon nombre de ces citadins guindés, effrayés par un buisson qui frémit, se reposant dans la tranquillité relative des murs d'Al-Chen.
    Les juments ralentissaient, désormais, il en était certain. L'horizon commençait à se teinter de couleur chaudes. D'ici une heure ou deux, le ciel serait absolument flamboyant. Rouge, orange, qui tire sur le bleu profond du crépuscule, innimitable, quelques nuages rosés, des reflets de feu dans l'eau du lac calme. Il avait déjà vu des couchers de soleil, et même si, des rues, il ne voyait pas l'étendue d'eau, il apercevait quasiment tous les soirs les couleurs du ciel, et la naissance des étoiles.
    Les lumières de la forêt, les oiseaux, la chevelure de Syndrell, le coucher de soleil, le bleu argenté de la nuit, les pastels de l'aurore, la pierre blonde au soleil, le rouge d'un manteau qui résiste au gris de la pluie... Ciel, en cet instant, se rendit compte que la vie toute entière était un arc-en-ciel.
    Eternel.
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MessageSujet: Re: Cataclop, cataclop... [Syndrell]   Cataclop, cataclop... [Syndrell] - Page 2 Icon_minitimeVen 24 Juin 2011, 11:35

Eternel.
Cet instant de bonheur partagé l’était, dans le cœur et la mémoire de Syndrell, même si l’on dit d’un arc-en-ciel qu’il est éphémère ; celui-là devait vivre pour toujours dans les souvenirs de Ciel et les siens, ponctués d’éclats de rire et mouchetés de plumes colorées. Une seconde-éternité vécue comme un souffle mais revisitée des millions de fois en songe.

Indubitablement heureuse, la marchombre avait un sourire accroché aux lèvres. Il ne s’agissait pas de son sourire « mystère », comme se plaisait à l’appeler Enna, et selon la guerrière rousse, qui lui donnait un air « terriblement marchombre » ; il ne s’agissait pas non plus d’un sourire moqueur, de ceux qu’elle avait appris de Miss et qui allumait une étincelle matoise dans son regard. Ce sourire-là, elle ne le faisait que très rarement et il valait sans doute son pesant d’or, parce que c’était son vrai sourire, le sourire sincère et apaisé, le sourire du bonheur ; petite, elle l’avait offert à ses parents adoptifs, à un vieil homme plein de douceur et à un jeune espion bourré de charme. Autrement dit, aux personnes qui avaient compté le plus pour elle.

Peut-être Miss avait-elle déjà entr’aperçu ce sourire – parce que c’était Miss – mais Syndrell n’avait pas sourit de cette manière ni à Blood, ni à Owen, ni à Tanank. Non pas qu’elle se soit refusé ce geste, si précieux venant d’elle, mais parce qu’elle n’avait tout simplement pas réussi à le faire ! Il fallait vraiment que son bonheur se trouve au paroxysme, qu’elle sente son cœur prêt à exploser en poussière d’étoiles pour que ce sourire-là existe.

Ce soir-là, il existait.
Pour Ciel.

Nuance et Lulli avaient ralenti l’allure pour revenir au pas tandis qu’une étonnante pluie de plumes retombait lentement au sol, s’accrochant dans les cheveux et dans les crinières. Les deux cavaliers avançaient désormais tranquillement, les yeux encore brillants et le souffle court d’avoir traversé leur arc-en-ciel ensemble ; le genou de Syndrell touchait presque celui de Ciel. Derrière eux, le lac retrouvait son calme et quelques oiseaux revenaient prudemment. Les plus farouches d’entre eux attendraient cependant que les deux intrus aient véritablement disparu pour retrouver leur berge.

Syndrell secoua la tête pour faire tomber les plumes qui se mêlaient à ses mèches et, dans un léger rire qui sonnait aussi joyeusement que des clochettes, tendit la main pour débarrasser Ciel des siennes. Il avait encore les joues rouges et son visage exprimait une telle béatitude qu’elle sentit son cœur se gonfler de fierté. Peu de gens savaient explorer les trésors les plus enfouis de ce monde, ceux que la simplicité rend merveilleux ; son Dessinateur était de ceux-là. Elle n’en était pas surprise, c’était justement la raison pour laquelle, lorsqu’il lui avait proposé de tenir sa promesse, elle avait immédiatement songé au lac ; mais elle était fière de lui, qui avait osé quitter sa ville et ses repères pour s’imprégner sans hésitation de son univers à elle, et qui avait su en tirer les meilleurs choses.

Laissant le silence les envelopper dans sa douce gangue feutrée, elle observa le ciel mener son combat quotidien. Jour, nuit ? Ils se trouvaient précisément entre les deux. C’était le moment fatidique, celui durant lequel le monde retient son souffle dans une ultime hésitation, alors que la voûte céleste se pare du feu du couchant et de l’encre de la nuit dans une étrange combinaison de teintes et de nuances. Et puis une brise fraîche vint lécher la plaine, et le soleil capitula, disparaissant derrière la ligne d’horizon et cédant son territoire à la lune que l’on devinait vaguement.

En cette saison, la nuit tombait encore rapidement. Claquant de la langue, Syndrell fit passer sa jument au trot et jeta un bref coup d’œil à Ciel, s’assurant qu’il la suivait toujours, et pas seulement dans le rythme ; de jour, l’Empire était plutôt agréable, mais la nuit, elle il avait tendance à devenir dangereux. Mais elle savait qu’ils ne risquaient pas grand-chose. Ensemble, ils étaient largement capable d’accueillir comme il se doit ceux qui auraient l’impunité de se frotter à eux. Marchombre et Dessinateur, et surtout amis ; il faudrait vraiment être fou pour oser rompre les instants de bonheur qu’ils étaient en train de vivre.

Syndrell n’avait d’ailleurs pas fini de lui en mettre plein la vue, à son Dessinateur. Alors que la lumière baissait et que l’air fraîchissait, elle reprit la route du bois plutôt que de couper par la plaine pour regagner Al-Chen. Il y avait encore quelque chose qu’elle voulait montrer à Ciel avant de rentrer.

Il faisait presque nuit lorsqu’ils franchirent les premières arbres. Syndrell passa devant, laissant Nuance suivre Lulli sur le sentier forestier ; elle n’était pas nyctalope, mais sa vue était quand même bien développée et surtout, elle avait l’habitude de voyager de nuit. Avec le temps, elle avait acquis des réflexes et une aisance qui donnait l’impression qu’elle voyait aussi bien dans le noir que le jour, alors qu’en réalité, c’était une affaire de concentration. Les bruits ne paraissent pas seulement plus fort, la nuit, ils le sont réellement, parce qu’ils sont différents ; les animaux diurnes dorment et les nocturnes prennent le relais, comme cette chouette qui glissa dans un feulement feutré au-dessus de leurs têtes.

La jeune femme n’eut pas besoin de se retourner pour deviner que Ciel était sur ses gardes. Il lui avait déjà prouvé qu’il était prêt à la suivre aveuglément, où qu’elle aille, quoi qu’il se passe, mais elle n’oubliait pas que cette vie-là lui était méconnue et que si elle était parfaitement à son aise en cet instant, lui l’était beaucoup moins. Aussi brisa-t-elle le silence, afin qu’il se laisse guider par ses paroles, et soit rassuré par le calme sincère de sa voix :


- Est-ce que tu savais que la nuit, une forêt est plus vivante que le jour, Prof ? Moi non. J’ai découvert cette réalité récemment, et au départ, j’en ai été un peu effrayée.

Syndrell fit une courte pause. Tout en parlant, elle se laissait guider par son ouïe et il lui semblait percevoir le chuchotement qu’elle souhaitait entendre.

- Petite, j’avais peur du noir. Il y avait cette femme, tenancière de son état, véritable harpie… Elle ne recueillait les orphelins que pour l’aider dans ses tâches quotidiennes, et en général, elle nous laissait les pires. Et lorsqu’elle n’était pas satisfaite de notre travail, elle nous enfermait dans la cave de son établissement, dans le noir complet, et ce le temps de nous rendre malade de peur…

Un sabot de Lulli dérapa légèrement sur la mousse du sentier. Avisant les lieux du regard, Syndrell décida de le quitter un moment et de couper à travers les arbres, là où les juments auraient moins de mal à passer. Ils étaient tout près, maintenant…

- J’ai nourri cette peur du noir pendant longtemps, après ça. J’avais peur des endroits sombres et confinés. La première fois que j’ai passé la nuit dans une forêt semblable à celle-ci, j’étais une fugitive et je n’avais pas le choix : il fallait que je la traverse, coûte que coûte. J’étais dans un état d’angoisse indescriptible. J’étais à pied, trop légèrement vêtue pour la saison et surtout, j’étais seule…

Tirant enfin sur les guides de Lulli pour la stopper, elle glissa à terre, enjoignant d’un signe de tête son ami de l’imiter. Saisissant la main de ce dernier, elle l’entraîna à sa suite, dépassant leurs montures pour s’avancer dans les ombres de la nuit.

- J’avais peur, je n’entendais que les battements de mon cœur qui cognait contre ma poitrine, le sang qui battait à mes tempes. Et puis, j’ai entendu autre chose.

Le chuchotement était bien plus fort, Ciel devait l’entendre désormais. C’était un chant léger et mélodieux, celui de l’eau dévalant une pente : la petite cascade était là, entre les arbres. Syndrell s’arrêta et laissa son Dessinateur découvrir ce qu’elle-même avait découvert trois ans plus tôt, par une nuit de pleine lune comme celle-ci.

L’eau ruisselait sur les rochers en de minces filets argentés. Frappée par l’éclat de la lune, elle scintillait comme si elle transportait des diamants dans sa course, et dessinait une joyeuse courbe aux formes épurées dans les ombres de la nuit. Ce n’était pas tout. De petites lueurs, aux teintes vertes cette fois, voletaient doucement dans l’air, bordant le ruisseau d’argent.

- Des lucioles, murmura Syndrell. Gardiennes de la nuit…

Saisie, la marchombre recula néanmoins d’un pas pour laisser Ciel s’imprégner de la merveille de l’endroit. Le vent chantait dans les feuilles et les lucioles dansaient à son rythme ; quelque part, un oiseau de nuit poussa son cri, comme une interrogation à la nuit. Un drôle de miaulement lui répondit. Derrière eux, Nuance piaffa doucement. Syndrell sourit.
Tel était son monde, la nuit…


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MessageSujet: Re: Cataclop, cataclop... [Syndrell]   Cataclop, cataclop... [Syndrell] - Page 2 Icon_minitimeMar 28 Juin 2011, 01:46

    Tout ce que Ciel savait sur la forêt, c'était ce qu'il avait appris lors de ses études. Qu'il y avait pas mal d'animaux nocturnes, des rapaces notamment, rongeurs, insectes... Mais il n'avait jamais expérimenté cela. La nuit était parfaitement tombée, maintenant. A travers la voûte des arbres, il ne distinguait aucune étoile. La lune nimbait le bois d'une pâle lueur entrecoupée de zones d'ombres et... de bruits inquiétants. Ciel se raidit légèrement sur sa selle. Il n'était quasiment jamais sorti de la ville la nuit. Encore moins dans la forêt...
    Il se rappela une fois où, losqu'il vivait dans la campagne d'Al-Jeit, il s'était perdu à la tombée du soleil. Le paysage était plat, entrecoupé de toutes sortes de chemins, l'herbe rase, la faune sauvage plutôt rare étant donné l'activité humaine de la région; mais il se rappelait avoir eu une sacrée frousse, ce soir là.
    Il se rappela aussi le terrible voyage d'Al-Jeit à Al-Chen et les nuits passées à la belle étoile -enfin, dans le chariot. Tous ces bruits, ces frémissements, ces gloussements, et parfois même de lointain hurlements de goules... Ces nuits-là, il avait mis longtemps, très longtemps à s'endormir.
    Et là, dans la forêt, la nuit tombée, ses vieilles angoisses le reprenaient. La peur de la bête sauvage tapis au coin du chemin, du bandit prêt à les détrousser, de la flèche bien ajustée, le sursaut au moindre frémissement de buisson... La voix de Syndrell. Douce, apaisante, la confidence de Syndrell. Qui le berçait, doucement, qui l'empêchait de se focaliser sur l'environnement. Il lui en était reconnaissant.

    Ciel eut une hésitation en voyant Syndrell bifurquer dans les bois, mais se dit qu'elle savait ce qu'elle faisait. Elle venait de lui prouver qu'elle connaissait la forêt, et lui avait déjà montré qu'elle savait se défendre. Et puis, n'était-il pas Dessinateur? Ne lui avait-on pas appris à réagir promptement face à toutes sortes de situations? Il se redressa un peu, continuant à écouter Syndrell, touché par la confiance que la jeune fille lui accordait, par la manière dont elle s'ouvrait à lui. Frappé encore une fois par la dureté du passé de la jeune Marchombre...

    Ils s'arrêtèrent, et il glissa à sa suite, remerciant d'une caresse Nuance qui était restée calme malgré son angoisse à lui. La main de son amie qui se glissa tout naturellement dans la sienne le réconforta encore. La caresse de maman sur son front trempé pour l'endormir, le doux murmure apaisant... Ciel respira à fond, et tendit l'oreille, attendant d'entendre ce que Syndrell venait d'annoncer implicitement. Il n'eut pas longtemps à patienter pour qu'un autre chuchotement ne se glisse à son oreille.

    Un chuchoti que, plongé dans un mélange hétéroclite de présent, souvenirs, pensées volantes, d'angoisses qui s'effilochaient et d'apaisement, il mis quelques secondes à identifier... Un chuchoti doux, apaisant, réconfortant, naturel. Le chuchoti de l'eau. L'eau qui, la nuit venue, chante en sourdine pour ne pas réveiller les diurnes et pour rassurer les âmes égarées. Alors, il vit l'eau.
    Le sombre, l'argent, le scintillant, le profond, le translucide, le mouvement qui chante, la danse liquide. Il serra plus fort la main de Syndrell.
    L'angoisse n'était plus.
    Juste l'Eau.
    Qui lui remplissait le crâne, submergeait la peur, faisait déborder le coeur.
    Il oubliait le noir. Il n'y avait plus de noir. Il n'y avait plus que les gardiennes de la nuit, comme Syndrell venait de les appeler. Clignotant tendrement, se mouvant avec douceur, en harmonie avec le chant de la cascade, illuminant le coeur du Dessinateur.

    Il ne dit rien. Il n'en était pas capable. Il n'y avait plus que les Lumières dansantes, et l'Eau. Doucement, Ciel revint à la réalité; la main humaine dans la sienne, la présence à ses côtés, le sol sous ses pieds, les arbres, désormais nettement moins menaçants tout autour de lui... Il détourna les yeux du spectacle féérique pour les poser sur sa petite Marchombre. Il lâcha sa main pour passer un bras autour de ses épaules et la serrer contre lui. Il déposa aussi un baiser dans ses cheveux, en murmurant un merci.
    Merci pour ces merveilles, merci pour cette découverte, merci d'être là, merci de faire attention à moi.
    Merci pour ton sourire du coeur de toute-à-l'heure.

    Il en était tout chamboulé. Tout apaisé. Lavé des tracas quotidiens, de la grisaille de l'argent, du rictus des passants, du dégoût d'un amant. Il se sentait comme purifié, comme débarqué dans un autre monde, au milieu de merveilles inconnues, entre deux arc-en-ciel, trois ou quatre tourbillons de couleurs et un spectacle continuel de la nature.

    Il resta silencieux encore un moment, le poids du corps de Syndrell contre le sien, des lumières vertes plein les yeux.
    Il recommença à parler, sans se poser de questions, sans savoir combien de temps s'était déroulé.


    "Il y a tout un tas d'insectes à Al-Chen, mais rarement des lucioles. Et puis, dans la lumière ambiante, on aurait du mal à les voir. Je ne connais de la nature que ce que j'ai appris à l'école, tu sais. Et on apprend pas les sentiments."

    Il laissa encore quelques secondes de blanc. Les lucioles qui s'étaient écartées lors de leur venue commençaient à revenir occuper l'espace autour du couple.

    "C'est... Merveilleux."

    Comme pour accompagner ce chuchotement qui s'envolait vers les étoiles, une luciole alla jusqu'à se poser sur une mèche de Syndrell, tout près de sa joue. Ciel se tourna vers la jeune femme avec un sourire radieux. Il distinguait l'éclat doré des yeux de la Marchombre dans la nuit. Celle-ci n'était plus noire et ténébreuse, mais présentait toute la palette des bleux les plus sublimes.

    "On dort ici?"
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MessageSujet: Re: Cataclop, cataclop... [Syndrell]   Cataclop, cataclop... [Syndrell] - Page 2 Icon_minitimeMar 28 Juin 2011, 21:21

- Ici ? Tu veux dire, dans le bois ?
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MessageSujet: Re: Cataclop, cataclop... [Syndrell]   Cataclop, cataclop... [Syndrell] - Page 2 Icon_minitimeDim 03 Juil 2011, 13:39

    Ciel considéra l'air surpris de son amie, et s'il le fut lui aussi un moment (le tableau de ce couple enlacé qui se considérait avec la même surprise sur le visage, sourcils haussés et bouche en o devait, vu de l'extérieur, être plutôt comique), cela le fit rapidemment rigoler. Brièvement et pas trop fort, car il ne voulait pas briser la quiétude des lieux.
    Il comprenait qu'elle soit surprise.
    Elle devait se dire qu'en temps que citadin endurçi, il n'était pas à son aise dans la forêt. D'ailleurs, il venait bien de le montrer, tendu comme il était, et ignorant de la nature. Alors forcément, l'idée qu'il veuille dormir à la belle étoile devait lui paraître assez peu probable. Et elle avait raison. Ciel était mal-à-l'aise dans la forêt, Ciel ne connaissait pas la forêt, Ciel avait peur des bêtes et des brigands, surtout la nuit. la nuit menaçante ou chaque arbre se transforme en une menace potentiel, ou chaque chuchoti le fait frémir d'effroi... Il n'a pas beaucoup expérimenté la nuit en forêt, mais ça n'a jamais été avec plaisir. La plaine, passe encore: on voit les chemins, les gens arriver de loin, les grosses bêtes... Enfin, temps que la plaine reste une plaine fréquentée, évidemment. Comme celle des environs d'Al-Jeit. Parce qu'après, les plateaux d'Astariul par exemple... Ca le fait frissonner rien que d'y penser, et il est à peu près sur de ne pas tenir plus d'une nuit dans un univers pareil.
    Oh, certes, Ciel avait le Dessin pour lui, mais il savait pertinemment que lorsqu'on est apeuré, tendu, angoissé, la concentration est moindre, le pouvoir fluctuant, ce qui créer des erreurs, des méprises, des mauvais dosages, ou des ratés... Et tout cela pourrait lui être fatal.

    Mais, cette nuit-là, il était apaisé. Grace à Syndrell, aux lucioles, au murmure de la cascade. Sa peur s'était envolée, ou du moins tapie au fond de lui, sous la confiance. Oui, la confiance, qui n'était pas nouvelle, envers Syndrell. La jeune fille avait dû se tirer de situations autrement plus délicates qu'un brigand qui attaque la nuit. Et puis, il était Dessinateur tout de même!

    Alors oui, il voulait dormir, ici, dans le bois. Avec elle.

    Il voulait découvrir ce que c'était. S'ouvrir à une autre expérience. Ne pas rester bloquer sur une impression de mal-être terrible, du sueurs froides, d'angoisses et d'une nuit horrible. Il voulait découvrir l'autre côté: l'agréable, les étoiles que l'on aperçoit à travers la voûte des arbres, l'imagination galopante qui donne vie à toutes ces ombres féériques, être bercé par les frottements des feuilles et le chant de l'eau, s'endormir sous la lueur des gardiennes de la nuit. Il voulait trouver la quiétude, la sérennité, découvrir ce qu'il ne connaissait pas de la nature. Se réconcilier avec elle.

    Il voulait aussi être réveillé le matin en même temps que tout ce vivant qui pullule, se rincer le visage à l'eau fraîche de la petite cascade, découvrir, étonné, combien le paysage a changé, passant de la nuit noire au jour lumineux tandis qu'il dormait. Et aussi combien ce paysage est resté identique. Sentir la rosée du matin humidifer ses vêtements. Rentrer à la ville et pouvoir comprendre les différences avec la campagne mieux que jamais. S'enrichir d'une nouvelle expérience.


    "Tu m'as mis en confiance, tu sais. L'eau, les lucioles aussi... J'ai toujours un peu peur, et je crois que j'aurais toujours peur, parce que mon milieu, c'est plus la ville que la nature, mais j'aimerais bien passer la nuit ici. Oui, dans le bois. Je m'en sens capable, tu sais! Et j'en ai envie. Enfin, à condition que ça ne te dérange pas..."

    Si ça se trouve, elle ne pouvait pas. Si ça se trouve, elle avait prévu autre chose ce soir. Si ça se trouve, il manquerait quelque chose pour les chevaux, ou pour eux, ou c'était trop dangereux, ou elle était fatiguée et pensait que dormir à deux ici serait inconscient, ne se sentait pas en état de veiller sur lui, sur elle, sur Nuance et Lulli, de les défendre...
    Une lueur d'inquiétude traversa son regard.


    "Quelque chose ne va pas? On peut pas faire ça comme ça? Tu sais, je peux veiller pour surveiller hein! Je peux créer des alarmes aussi, mais peut-être que ce ne serait pas très judicieux dans un lieu pareil... D'introduire le Dessin... Mais ça ne me dérange pas de dormir par terre, hein! Mais si ça va pas... C'est trop dangereux, c'est ça? Trop risqué? Moi tu sais, à par ce qu'on entend à Al-Chen sur les brigands, les voyageurs détroussés, ou parfois même... Tués, j'y connais rien... Mais j'ai confiance en toi, hein! Je pense sincèrement que tu es capable de nous défendre! Et puis moi aussi je..."

    Il s'arrêta. Stoppa ce flot de paroles inquiètes, à moitié murmurées. Conscient qu'il en avait assez dit, qu'elle avait compris. Il avait peur qu'à force de parler, il ne fasse s'enfuir les jolies lucioles. Et, c'était stupide, certes, mais il craignait presque que la cascade ne cesse de chanter. Que le charme s'arrête.
    Il se résolut alors à chercher le regard de Syndrell du sien inquiet, pour quémander une réponse.
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MessageSujet: Re: Cataclop, cataclop... [Syndrell]   Cataclop, cataclop... [Syndrell] - Page 2 Icon_minitimeSam 09 Juil 2011, 22:24

Syndrell éclata de rire.
Elle adorait quand Ciel se mettait à balbutier de la sorte, à la fois pressé de lui faire comprendre ses intentions et gêné d’aller trop vite ; loin d’écorner son image, cela lui donnait un charme fou, un petit quelque chose en plus, celui qui avait eu raison de toute forme de méfiance en elle, là-haut, sur ce toit d’Al-Chen…


- Oh, Prof ! Rien ne pourrait me faire plus plaisir, je t’assure !

Elle ouvrit les bras, englobant les lieux dans un ensemble qui se transformait en scintillement dans ses yeux d’or.

- Dans un endroit pareil, on ne peut que faire de jolis rêves…

La marchombre rayonnait comme un soleil de nuit. Son Dessinateur l’avait encore surprise, lui rendant la pareille pour tout ce qu’elle lui avait fait découvrir au cours de cette folle journée. Toujours à l’aventure, Syndrell avait très vite perdu l’habitude de dormir dans un lit ; elle appréciait toujours de rentrer à l’Académie et de retrouver sa chambre, mais le silence d’une pièce fermée la réveillait plus facilement que le miaulement feutré des chouettes ou le craquement des arbres autours d’elle.

Elle était persuadée que Ciel en était capable. Tout le monde ne l’était pas, parce que dormir à la belle étoile, c’est accepter de se retrouver en territoire inconnu ; la nuit, la nature appartient aux animaux, au vent, au noir – et aux légendes. La peur, pourtant, est l’ingrédient essentiel de l’aventurier modèle : c’est elle qui lui permet de rester constamment sur ses gardes, de se surpasser pour survivre, de garder espoir. Aux côtés de Miss, Syndrell avait appris à contrôler cette peur. Elle ne craignait pas de passer la nuit seule, dans un bois – et elle en avait vécu tellement qu’elle ne les comptait même plus – mais la présence de Ciel lui prodiguait ce même sentiment de protection que lorsqu’elle se trouvait en compagnie de son maître.
Avec lui, elle ne risquait rien. Et le plus drôle, c’était qu’apparemment son ami pensait exactement la même chose !

Laissant Ciel s’occuper des juments, elle constitua rapidement une flambée puis détacha son arc de la selle de Lulli et l’assembla.


- A moins que tu ne nous dessines quelque chose à manger, je te propose de venir chasser avec moi.

Debout près du feu, le carquois à l’épaule et l’arc à la main, elle attendit qu’un sourire se dessine sur les lèvres de son Dessinateur pour l’entraîner dans une partie de chasse qui leur valut de nombreux fou-rires, et finalement un lapin qu’ils dégustèrent en bavardant joyeusement, comme s’ils étaient attablés dans une taverne et non assis sur des souches.

Il était tard lorsque Syndrell déploya sa cape sur un lit de feuilles qui sentaient bon le printemps et la forêt. Ils s’y installèrent, entre le feu et les chevaux, sous le feuillage d’un chêne qui laissait entrevoir un ciel moucheté d’étoiles. Les mains jointes derrière la nuque, Syndrell lui parla encore, et encore, de tout et de rien, jusqu’à ce qu’enfin elle s’endorme blottie contre Ciel.






[C'est court, c'est simple, c'est nul. Je te fais confiance pour me rattraper tout ça ^^]
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MessageSujet: Re: Cataclop, cataclop... [Syndrell]   Cataclop, cataclop... [Syndrell] - Page 2 Icon_minitimeMar 12 Juil 2011, 14:32

    [Arrêtera-t-on un jour de se dénigrer de la sorte quand pourtant ce qu'on a fait n'est pas si naze? x) ]

    Ciel observa, subjugué, Syndrell à la chasse. Elle se déplaçait dans un silence total et semblait plus que jamais fondue dans son environnement; il se dit même qu'elle aurait put aller caresser les lapins et les attrapper comme ça, ils n'y auraient vu que du feu. Lui à côté d'elle, faisait un boucan d'enfer. Il s'était senti affreusement gêné quand par son pas d'humain balourd il avait fait fuir un lapin que Syndrell visait; mais sa maladresse ne semblait pas irriter son amie, qui s'en amusait. Gentillement. Au final, malgré ce compagnon un peu encombrant, la jeune Marchombre réussi à avoir un lapin.
    Ciel frémit lorsqu'il vit le corps du rongueur s'arquer, et retomber au sol dans un bruit mou. C'était la première fois qu'il assistait à une scène du genre, et s'il mangeait de la viande sans problème, il devait bien avouer qu'il y avait toute une frontière entre consommer et préparer. Tuer, prendre la bête morte, la dépecer... Il laissa Syndrell s'en occuper. Peut-être qu'il était sorti de la ville, qu'il allait dormir à la belle étoile de sa propre volonté, qu'il l'avait accompagnée et regarder tuer le lapin, mais il ne fallait pas trop en demander pour une première fois.

    Pendant ce temps, il s'assura encore une fois que les chevaux avaient tout ce qu'il leur fallait, attisa le feu, chercha du bois pour ne pas qu'il meure, et trouva même quelques herbes qu'il reconnut comme des arômes utilisés en cuisine. Il trouva également des baies et des fruits qu'il savait commestible, et entreprit de laver tout cela. Il aida Syndrell lors de la cuisson, et, bien évidemment, lors de la dégustation. Le lapin avait un goût de braise, de naturel qui le surprit. Peut-être était-ce aussi le cadre... C'était très agréable en tout cas. Il profita du repas pour expliquer à Syndrell que la nourriture ne pouvait être Dessinée: puisqu'un Dessin finissait par disparaître, ce serait comme s'ils n'avaient rien mangé; et un Dessin éternel serait bien en peine de se fondre dans l'organisme... Il lui expliqua même qu'il était dangereux de manger un "Dessin", puisqu'il donnait l'impression d'être rassassié et que l'on ne se rendait pas compte de quand il disparaissait, s'il était déjà digéré...
    Il enchaînèrent sur la cuisine au feu de bois que Syndrell connaissait bien mieux que Ciel, puis sur celle des établissement spécialisée qu'ils avaient tous les deux eu l'occasion de goûter de nombreuses fois, et de maintes choses encore. Ciel se gava tant de framboises des bois qu'il en eu mal au ventre; mais ceci passa bien vite après que Syndrell lui eu donné quelques herbes qui l'apaisèrent.

    Il s'installa avec elle, sur une couverture, cherchant une position agréable, et constata, surpris, que si le sol était dur, ça ne le dérangeait pas plus que cela. Il rigolèrent encore, puis le ton glissa sur celui de la confidence, encouragée par l'intimité des deux amis seuls au milieu de la fort, par l'heure avancée, le scintillement des étoiles et des lucioles, le rougeoiment du petit feu, le murmure de la cascade... Ils parlèrent un long moment, dans une sorte de parfaite harmonie. Parfois, il s'agissait d'un vrai dialogue; d'autres fois, Syndrell parlait et Ciel écoutait, ou l'inverse... Les sujets passaient du coq-à-l'âne, du plus léger au plus sérieux, quelques rires étouffés encore; des silences... Enfin, silences de leurs voix, et pendant un instant, ils écoutaient le fourmillement de la vie nocturne qui les environnait. Et ils reprenaient... Ce ballet des mots s'endormit doucement avec Syndrell. Elle parlait, Ciel écoutait, ses yeux se fermaient; les phrases de Syndrell se firent de plus en plus décousues, jusqu'à s'éteindre totalement, ce qui sorti Ciel de sa somnolence. Il rouvrit les yeux, sourit, l'observa quelques secondes dormir, apaisée, tout près de lui, puis il plongea à son tour dans un doux sommeil.

    Court sommeil, puisqu'ils s'éveillèrent avec le lever du soleil. Encore endormis, il se débarbouillèrent puis mangèrent quelques fruits, avant de s'occuper des chevaux. Ciel se sentait en pleine forme, mais savait pertinemment que les retombées de sa fatigue feraient rapidemment effet. Il soupçonnait en revanche Syndrell d'avoir l'habitude d'être plus épuisée que ça, et d'avoir en l'occurence les pensées plus claires que lui.
    Ils se remirent en selle sous un soleil toujours aussi radieux que la veille; des cernes un peu plus profondes, des vêtements un peu plus sales, mais infiniment heureux.

    En route vers de nouveaux arc-en-ciel...


    [Encore un magnifique RP avec toi! J'aime ça <3 Vivement la suite =) ]
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