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 J'aime pas la neige... Et les Raï non plus d'ailleurs [Syndrell] - ABANDONNE

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MessageSujet: J'aime pas la neige... Et les Raï non plus d'ailleurs [Syndrell] - ABANDONNE   J'aime pas la neige... Et les Raï non plus d'ailleurs [Syndrell] - ABANDONNE Icon_minitimeLun 28 Jan 2013, 18:07

Un nuage de buée se forma autour de la bouche de la jeune femme qui se frotta les mains l’une contre l’autre pour les réchauffer. Un vent froid balayait impitoyablement la cime des montagnes. Un brouillard de mauvaise augure s’était littéralement abattu sur la petite caravane qu’Elya suivait dans le plus grand silence. La faible luminosité qui régnait, la pluie mêlé à de fins flocons de neige ainsi que le vent glacial ruinait le moral de toute la petite troupe. La rouquine, tous les sens en alerte, restait songeuse malgré tout. Libre. Elle était libre. Elle avait bien du mal à se faire à l’idée qu’il n’y aurait plus de cours avec Dolce et Papillon. Plus de maître. Plus d’apprentie. Elle était Envoleuse et elle était libre. Le regard émeraude de la jeune femme glissa au loin dans le paysage. Elle apercevait seulement les silhouettes vacillantes des chariots et des chevaux qui les tiraient. La caravane avançait difficilement ces derniers jours. Et elle savait pertinemment qu’à tout moment une horde de Raï pouvait très bien leur tomber dessus à bras raccourcis.

Une nouvelle bourrasque tenta en vain de la déstabiliser. Elya restait imperturbable sur son perchoir. Elle avançait en tête du groupe, prête à toute éventualité. Son épaisse cape sombre couvrait à peine ses épaules. Elle n’avait même pas rabattu sa capuche sur ses cheveux rebelles, qui malgré le temps qui demeurait maussade gardaient une couleur absolument flamboyante. Elle détonait totalement et incroyablement au milieu de ces hommes et femme itinérants. La jeune femme semblait presque irréelle. Déjà, elle était particulièrement grande, pour une femme. Elle se mouvait avec fluidité et souplesse. Il se murmurait souvent qu’elle ressemblait littéralement à un félin. Son corset de cuir mettait agréablement en valeur sa taille fine tandis qu’un short court laissait apparaître ses longues jambes. C’était à se demander d’où elle venait, ainsi accoutrée en plein hiver ! N’avait-elle pas froid ? Ni chaud. Ni froid. Aucune douleur. La rouquine était complètement insensible aux variations de températures extrêmes aussi bien qu’à la morsure de l’acier. Elya était spéciale. Très spéciale.

♠♠♠

Les histoires autour d’un bon feu crépitant constituaient le seul plaisir de la journée. Et même si Elya voyait cela d’un mauvais œil – autant dire aux ennemis éventuels « eh, oh ! On est là ! » – une véritable invitation en somme. Les Raï devaient avoir repéré la caravane il y bien longtemps, la rouquine en était intimement persuadée. Les guerriers cochons étaient là, quelque part, cachés dans les fourrés et attendaient le moment propice pour attaquer. Bram s’approcha d’elle discrètement et la sortit de ses sombres pensées. L’homme était de stature indéniablement imposante. Ses cheveux coupés très courts lui donnaient un air relativement sévère, ce qu’accentuaient ses épais sourcils broussailleux. Seuls ses yeux, d’un bleu marine profond, amenaient un peu de douceur sur ce visage buriné et marqué par l’âge et le travail.

- « Tu n’as rien vu de suspect ? »
- « Rien vu, rien entendu, mais ne t’y trompe pas ! Ils sont là… »

Le regard qu’il lui lança reflétait clairement son inquiétude. Et pour cause, tout ces gens étaient sous sa protection. Il guidait la caravane depuis plusieurs années déjà et tous lui faisaient confiance, notamment pour choisir les routes les plus sûres. Il était également connu pour savoir s’entourer. La présence d’Elya, bien que particulièrement discrète, en était une preuve de plus.

- « Maudite tempête ! » grogna-t-il dans sa barbe avant de s’éloigner à grands pas.

Elya hocha la tête imperceptiblement avant de rejoindre les autres autour du feu de camp. Elle ne le sentait peut-être pas, mais sa peau bleuissait presque au contact du froid mordant. Et puis, un peu de légèreté lui changerait les idées.

♠♠♠

La neige était tombée à gros flocons cette nuit-là. Elle accrochait littéralement le sol, impitoyablement glissante. Aussi, la rouquine redoubla-t-elle d’attention. Les Raï pouvaient surgir de nul part à n’importe quel moment. Elle préférait ne pas imaginer le vent de panique que cela génèrerait. Des cris derrières elle, retinrent son attention. Un chariot venait de s’enliser profondément dans la neige. Elya soupira et leva les yeux aux ciel. Avant de se figer et de lâcher un juron coloré. Les Raï ! Ah ! On pouvait dire qu’ils avaient admirablement bien choisi leurs moment pour intervenir eux ! La voix de la jeune femme s’éleva dans l’air en avertissement tandis qu’elle bandait déjà son arc.

Les hommes formaient un cercle protecteur autour des femmes et des enfants. Seuls quelques farouches guerriers se précipitèrent au devant des Raï. Avant même que quiconque ne le réalise, la première flèche avait fusé. Et avait fait mouche. Mais la vague déferla, terrible. Rapide. La rouquine le fut plus encore. Et mortelle avec cela. Et le nombre imposant de guerriers cochons ne l’impressionnait nullement. Plusieurs corps gisaient déjà au sol. Elya dansait au milieu de la bataille qui faisait rage. Elle anticipait le moindre mouvement. Une pirouette à droite, une pirouette à gauche et une tête hideuse volait à terre sans plus de formalités.

Elle jura intérieurement lorsqu’elle vit qu’un gamin avait échappé à la vigilance de sa mère. Elya bondit. Courut. Fondit d’une vitesse absolument incroyable et s’interposa entre le gamin terrifié et le Raï qui menaçait de le découper littéralement en deux. Malgré sa parade fulgurante, l’acier mordit dangereusement sa chair, mais elle repoussa le guerrier cochon d’un puissant coup de pied. Il bascula dans le vide. Elle porta distraitement sa main à son flanc, évaluant les dégâts avant de hausser les épaules. Elle souleva le gamin de son autre bras et lorsqu’elle releva la tête, les hommes encore debout avait fini par mettre en fuite leurs ennemis. Se frayant un chemin entre les corps inanimés, elle n’en revenait pas. Elle rendit le gamin à sa mère qui était en larmes avant de s’éloigner à grands pas.  

Décidément, elle n’aimait pas la neige, et encore moins les Raï…
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MessageSujet: Re: J'aime pas la neige... Et les Raï non plus d'ailleurs [Syndrell] - ABANDONNE   J'aime pas la neige... Et les Raï non plus d'ailleurs [Syndrell] - ABANDONNE Icon_minitimeMar 29 Jan 2013, 20:17

La porte s’ouvrit en grinçant sinistrement sur ses gonds et buta contre le mur, générant un choc qui fit tomber de la neige sur le seuil. A l’intérieur du chalet, rien ne bougeait. Normal, puisqu’il n’y avait personne, mais les meubles, les objets qui reposaient sur les étagères, livres, babioles et autres ustensiles semblaient figés depuis une éternité. L’épaisse couche de poussière qui les recouvrait accentuait cette impression.

Dans la pièce de vie, un carreau cassé laissait entrer un courant d’air glacial. A en juger par le désordre qui régnait sur le parquet, un visiteur opportun s’était introduit par l’ouverture et avait semé la pagaille. Sans doute une belette. Un large fauteuil était dressé devant la cheminée. Animée par aucun feu depuis si longtemps, celle-ci semblait morte, comme tout ce qui se trouvait là. Il suffisait pourtant d’une étincelle pour raviver les flammes du passé…

Syndrell s’accroupit et rabattit son capuchon de fourrure en arrière, libérant ses courts cheveux bleus scintillant de givre. Détachant son sac de son épaule, elle sortit les quelques branches ramassées en chemin et y ajouta du papier pour nourrir la tourbe. A force de fouiller dans sa besace, elle finit par mettre la main sur son briquet, qu’elle frappa jusqu’à ce qu’une pluie d’étincelles jaillisse sur le bois.

Le feu mit un certain temps à prendre et, lorsqu’elles grandirent enfin, un nuage de fumée envahit la pièce. Il y avait trop longtemps que la cheminée n’avait plus servi et le conduit devait être encrassé. En toussant, la marchombre se dirigea vers la fenêtre cassée et l’ouvrit en grand, sacrifiant le peu de chaleur qui commençait à naître pour dissiper la fumée nauséabonde.


- Reuh ! Reuh ! Nom d’une… Reuh ! … chiure de mouche ! Tu as … Reuh ! … vraiment habité ici ?!

Son avant-bras plaqué devant sa bouche pour éviter d’inhaler trop de fumée, Syndrell se tourna vers Lyke et l’observa un court instant. Elle n’avait pas pu l’empêcher de l’accompagner. Pas cette fois…

- Cette maison a vieilli, dit-elle d’une voix rauque. Elle n’a plus l’habitude de recevoir du monde.
- Depuis combien de temps personne n’est venu ici ?
- Neuf ans.
- Wahou !


Déjà, Lyke furetait d’un coin à l’autre, balayant la pièce de ses grands yeux gris avec cette curiosité enfantine dont il ne se séparait jamais. Tout l’intéressait, depuis les plaines gelées qu’ils avaient traversées jusqu’aux immenses pins recouverts de neige, en passant par les légendes des montagnes du Poll dont elle avait le secret et le chant des loups qu’ils avaient surpris la veille au soir.

Le regard de Syndrell s’attendrit en s’attardant sur le petit homme encapuchonné qui s’extasiait sur une pipe sculptée dans le bois qu’il venait de trouver. Il n’avait même pas pris le temps de se débarrasser de la neige qui recouvrait encore ses épaules et son dos. A dix ans, Lyke découvrait le monde de la même façon qu’elle-même l’avait découvert à son âge : tenaillé par une soif d’aventure que seule l’aventure pouvait étancher, curieux et insouciant, il ignorait encore que voyager aussi loin en étant aussi jeune était une vraie chance.

Tous n’étaient pas de cet avis. Syndrell avait encore dans la tête les sermons de Ciel alors que dix jours s’étaient écoulés depuis qu’ils avaient passé la nuit chez le Dessinateur. Celui-ci avait été ravi de les retrouver et n’avait pas cessé d’être aux petits soins pour eux, jusqu’à ce que la marchombre le somme de se détendre en le menaçant de l’assommer.

Ils avaient passé une excellente soirée. Puisque les nouvelles se dissipaient plus rapidement qu’une traînée de poudre dans la famille Kern, les frères et sœurs de Ciel s’étaient empressés de les rejoindre, relevant le défi de s’entasser à dix dans l’appartement du Dessinateur. Tous avaient eu envie de connaître le petit garçon dont il leur avait parlé et Lyke s’était fait une joie de leur plaire en leur posant mille questions.

Azur, le plus jeune frère de Ciel, en avait profité pour s’approcher de Syndrell et lui glisser à l’oreille une nouvelle qui avait dessiné un sourire radieux sur ses lèvres : il était enfin entré à l’Académie et s’apprêtait à entamer son premier cours ! A en juger par la fierté qui étincelait dans les yeux de Ciel, rien n’aurait pu lui faire davantage plaisir, et Syndrell partageait volontiers son sentiment.


- Qu’est-ce c’est ?
- Une canne, celle dont on se sert pour cueiller le verre.
- "Cueiller" ?
- C’est un terme particulier. Il désigne la façon dont le souffleur récupère le cristal fondu au four.


Déjà, les pensées de Syndrell vagabondaient dans le passé. Tandis que Lyke examinait la canne avec perplexité, la jeune femme ferma les yeux et, l’espace d’un instant, se retrouva neuf ans et demi en arrière. Elle était assise devant la cheminée, son endroit préféré, et regardait son vieil ami s’affairer dans la pièce en chantonnant un air léger, sa voix chaude et grave recouvrant sans peine les hurlements du vent dont les bourrasques se fracassaient sur la porte et les volets clos.

Et puis, la voix du vieil homme se modula dans son esprit pour devenir celle, douce et légère, de Dolce ; elle le vit debout près d’une fenêtre qui donnait sur l’océan, l’entendit entonner un chant marin qui jouait avec les souvenirs oubliés de son passé…

La marchombre revint brutalement à la réalité lorsqu’un cri, à la fois proche et lointain, retentit à l’extérieur. Lyke tourna vers elle des yeux écarquillés.


- Tu as entendu ?

Elle hocha la tête tout en se coulant vers la fenêtre ouverte. Plaquée contre le mur, elle risqua un coup d’œil à la ronde, observant la silhouette fantomatique des arbres dans le brouillard neigeux. Un autre cri déchira la sérénité de l’endroit et cette fois, Syndrell laissa échapper un juron.

- Des Raïs !
- Où ça ?!
s’exclama Lyke en se précipitant vers la fenêtre dans l’espoir d’apercevoir les guerriers cochons.

Syndrell posa la main sur son épaule et il s’arrêta aussitôt.

- Je vais aller inspecter les environs, dit-elle en plantant son regard doré dans celui, infiniment gris, du jeune garçon.
- Je peux venir avec toi ?
- Non.


Il n’y avait aucune brusquerie dans le ton de Syndrell, aucune nuance qui ressemblerait même vaguement à une injonction. Elle savait néanmoins que Lyke l’écoutait attentivement et attendait qu’elle explicite son refus ; pour être de son avis, il devait d’abord comprendre…

- Il n’est pas habituel que des Raïs se baladent dans les parages, ils sont donc probablement plusieurs. C’est un peu trop dangereux pour un jeune futur novice comme toi.
- Et pour toi ?


Les yeux dorés clignèrent.
Une fois.


- C’est tout aussi dangereux ! Mais je te promets de faire très attention. Reste ici et veille à ce que le feu ne meure pas ; trouve de quoi boucher le trou de la fenêtre et toutes les autres ouvertures que tu dénicheras. Je n’ai pas l’intention d’attraper un rhume au cours de la nuit !

Mentir à Lyke était parfaitement inutile ; doté d’un sens de l’observation très fin, il savait lire sur le visage des gens et connaissait les signes des émotions les plus courantes : mensonge, ennui… Loin de l’empêcher d’avoir recours à ses capacités d’analyse, Syndrell l’encourageait tout en veillant à ce qu’il respecte les lois de la modestie, de la discrétion et de la politesse. Elle envisageait même de lui apprendre à lire sur les lèvres.

Lyke n’eut donc aucun mal à croire que Syndrell ne l’emmenait pas avec lui pour la raison proposée. Il avait beau rêver de se confronter aux ennemis qu’il ne connaissait que par le biais d’histoires racontées au coin du feu, il réprima son envie et entoura brièvement la taille menue de son amie de ses bras avant de filer. De tels élans de tendresse étaient plutôt rares chez lui et, lorsque Syndrell rabattit son capuchon sur sa tête, ses yeux flamboyaient.

Dehors, le brouillard s’était intensifié, rendant le froid humide. Habituée à ce climat, Syndrell se contenta de remonter le col de son épaisse cape avant de se frayer un chemin jusqu’à l’atelier qui jouxtait le chalet. Elle y avait installé Vagabond pour qu’il soit à l’abri du vent et de la neige qui lui arrivait aux genoux. Ouvrir l’immense porte de bois demandait donc une certaine force, mais il suffisait d’un petit interstice pour que la jeune femme se glisse à l’intérieur de la bâtisse de bois.

Les vestiges de l’atelier de soufflerie qu’elle avait bien connu demeuraient intacts. Ils étaient simplement recouverts d’une épaisse couche de neige mais, neuf ans plus tôt, Syndrell avait pris soin de les protéger avec de grands draps. Il lui suffisait de les ôter pour retrouver les fioles, les canes, les perches et les grattoirs dont elle avait appris à se servir ; elle se sentait prête à le faire, ne serait-ce que pour montrer à Lyke un artisanat des plus précieux, mais ce n’était pas pour tout de suite.

Vagabond piaffa joyeusement dès qu’il aperçut sa cavalière. Elle fit glisser sa main sur son encolure mais ne s’attarda pas en caresses, passant sous la tête de l’étalon pour aller s’accroupir auprès des sacs fraîchement déchargés. Elle était en train d’ajuster son carquois empli de flèches sur son épaule lorsqu’un nouveau cri, indéniablement plus proche que les précédents, lui fit brusquement lever la tête.

Vite, elle saisit son arc et quitta l’atelier, s’enfonçant dans l’épais brouillard gris et froid que le soleil de midi ne parvenait pas à percer. Ce brouillard était extrêmement dangereux pour les étrangers qui se lançaient dans l’exploration de la chaîne du Poll. Traître, il prenait les voyageurs par surprise et les égaraient de leur piste ou de leur campement pour les faire basculer dans des ravines au fond desquelles ils se brisaient les os, ou bien pour les perdre en pleine forêt.

A pas rapides et sûrs, Syndrell s’éloigna du chalet. Elle savait parfaitement où elle allait parce qu’elle connaissait chaque recoin de cette partie de la forêt ; au fil du temps, ce dangereux brouillard était devenu non pas un ami, comme l’était le vent qui chantait à ses oreilles alors qu’elle filait comme une flèche, mais comme un atout. Un élément dont elle savait tirer profit dans des situations comme celle-ci.

Il y eut un mouvement sur sa gauche, accompagné d’un léger bruit de course. Attrapant une flèche, Syndrell se figea le temps d’armer son bras et de tirer, soit une seconde et des poussières, à peu près. La seconde suivante, la marchombre courait à nouveau, une flèche encochée dans son arc, et visait la silhouette qui se découpait dans le brouillard, un peu plus haut sur sa gauche. Elle laissa partir son trait et en tira un autre, sans prendre la peine de vérifier que le premier avait atteint sa cible.

Le brouillard jouait en sa faveur uniquement si elle restait mobile. A présent que les Raïs se savaient pris en filature, ils allaient tenter de lui tomber dessus, mais si elle restait perpétuellement en mouvement, courait à droite et à gauche entre les arbres, elle pouvait les cueillir un à un. Ce qu’elle fit jusqu’à ce qu’elle bute sur quelque chose et manque de se retrouver les quatre fers en l’air.

C’était le cadavre d’un raï, mais celui-ci était mort fauché par une lame puissante. Percevant le sifflement d’une flèche, Syndrell bondit en avant et se remit en mouvement, rangeant cette découverte dans un recoin de son esprit. Ce faisant, elle balaya les alentours du regard, guettant la personne qui était l’auteur de ce joli coup ; il ne fallait pas être un très bon combattant pour tuer un guerrier cochon, cependant il fallait avoir de bons yeux pour trouver le point faible de leur armure, au niveau du cou. Une raison suffisante pour que la jeune marchombre reste sur ses gardes.

Bientôt pourtant, il n’y eut plus de Raïs. S’arrêtant au détour d’un chemin, Syndrell fit un rapide décompte. Elle en avait épinglé sept avec ses flèches et découvert le cadavre encore chaud d’un huitième ; c’était trop peu pour parler de horde, mais suffisant pour avancer l’hypothèse qu’il y en avait eu une. Et que celle-ci s’était cassée les dents sur son adversaire, quel qu’il soit.

Immobile, Syndrell marqua un temps d’hésitation. Lyke l’attendait au chalet, elle imaginait sans peine son visage mi-anxieux, mi-curieux collé au carreau d’une fenêtre, mais elle avait envie d’aller voir plus loin : la présence des Raïs avait éveillé son attention. Finalement, elle encocha une nouvelle flèche dans son arc et se remit silencieusement en route. Tous ses sens étaient en alerte.

Un peu de neige s’était mise à tomber. Sortant du brouillard par une trouée, Syndrell reconnut la prairie au beau milieu de laquelle le vieux souffleur de verre l’avait trouvée à moitié morte. Ils y étaient retournés plus d’une fois ensemble, son ami se plaisant à lui raconter toutes sortes de légendes que l’on prêtait à ces montagnes. La veille de sa mort, ils avaient pique-niqué en profitant de la vue incroyable qu’offrait cet endroit.

Incapable de résister à la force de son souvenir, Syndrell coinça sa flèche entre ses dents pour escalader l’un des rochers qui délimitait le bord du précipice ; il semblait qu’un morceau de montagne manquait à cet endroit, comme si un géant était venu en découper un morceau à la manière d’une part de gâteau : le palier d’arbres le plus accessible se situait trente mètres en dessous et promettait la mort à quiconque perdait l’équilibre.

Debout face au vide, Syndrell observa monde brumeux qui s’étendait à ses pieds. Les rayons du soleil se reflétaient sur les nuages qui les filtraient en quelques rais de lumière, laissant la vallée en proie au brouillard, couverture grise et paresseuse flottant à ses pieds. Les montagnes se dressaient tout autour d’elle, ombres imposantes et arrondies. Un fin sourire étira les lèvres de la marchombre. Elle était de retour dans ses montagnes…

C’était imperceptible, à tel point que, sans le craquement soudain d’une brindille, Syndrell se serait laissée surprendre. Un bruissement plus léger qu'un souffle, une présence invisible et pourtant indéniable... Tout à sa contemplation, elle n’aurait pas réagi à temps, commettant une énorme erreur qui aurait tiré une affreuse grimace à Miss.

Elle réagit.
Se retourna vivement pour se figer, une flèche pointée sur la silhouette qui venait d’émerger du brouillard, en contrebas du rocher. La raison pour laquelle la flèche resta en suspend au lieu de traverser la courte distance qui les séparait se résumait en une couleur : le roux.

Celui d’une imposante chevelure de feu.





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MessageSujet: Re: J'aime pas la neige... Et les Raï non plus d'ailleurs [Syndrell] - ABANDONNE   J'aime pas la neige... Et les Raï non plus d'ailleurs [Syndrell] - ABANDONNE Icon_minitimeMar 05 Fév 2013, 20:29

Bon. Alors il fallait trouver un endroit où passer la nuit. Au calme, de préférence, et facilement défendable juste au cas où ces saletés de guerriers cochons avaient dans l’idée de revenir – et il l’aurait, Elya en était profondément persuadée. Il n’y avait qu’un seul mort à déplorer – si la jeune femme était plutôt pour abandonner le cadavre sur le bord de la route, les itinérants insistèrent et rassemblèrent leurs maigres forces pour enterrer leur ami. En revanche, les blessés étaient vraiment plus nombreux et c’était pour cela que la rouquine ne tenait pas à traîner sur les lieux. Il fallait trouver rapidement un lieu abrité où soigner tout ce monde. Les cris de douleurs déchiraient l’atmosphère et Elya frissonna un instant. Finalement, elle était plutôt contente d’ignorer ce genre de chose. Surtout que l’acier avait méchamment mordu son flanc. Il faudrait qu’elle pense à désinfecter cela, mais elle en serait quitte pour une nouvelle cicatrice – et pas des moindres.

Marchant d’un pas décidé, d’un bref signe de tête échangé avec l’un des guerriers, elle partait en éclaireur. La neige crissait légèrement sous ses pas, et ce malgré sa démarche aérienne. Le froid s’était installé depuis quelques semaines : presque tout l’Empire était désormais recouvert d’un manteau neigeux comme celui-ci. Et le brouillard persistait toujours, lui aussi, projetant parfois dans le paysage des ombres inquiétantes entre les rares trouées par lesquelles pénétraient de timides rayons de soleil. Quelle idée avait-elle eu de se lancer dans un voyage comme celui-là ? Bah, pour l’argent ! Enfin, c’était la raison qu’Elya voulait bien se donner, car en vérité, maintenant qu’elle était libre de ses gestes, d’aller et venir comme bon lui semblait, elle avait terriblement besoin de s’occuper pour ne pas penser justement qu’elle ne reverrait plus ni Dolce, ni Papillon avant un sacré bout de temps. Car chacun vivait leur vie après tout. Alors elle vivait la sienne comme elle pouvait.

Quand elle y songeait, c’était fou à quel point elle avait changé en trois ans. Physiquement, déjà : certes, elle était toujours aussi grande du haut de son mètre quatre-vingt, mais elle était finement musclée. Non seulement, elle en paraissait d’autant plus élancée, mais elle se mouvait un peu à la manière des félins. Discrète. Silencieuse. Remarquable dans la lumière. Invisible dans l’ombre. Et puis, depuis que Noah avait bien failli la tuer, ces brûlures qui marquaient son visage avait disparues, soignées grâce à l’intervention des Rêveurs à Tintiane. Si seulement elle l’avait su, elle aurait été les trouver bien plus tôt. Et, cette fois-là, d’ailleurs, elle avait perdu son masque. Celui qui ne la quittait jamais autrefois. Aujourd’hui, elle n’en portait plus. Sauf lorsqu’elle était en mission pour un quelconque noble ou bourgeois – cela lui permettait de garder secret une partie de son identité. De conserver un brin de mystère.

Un léger bruit attira l’attention de la rouquine. Un bruit ? Même pas. Un son, peut-être. Comme celui d’une corde tendue. La corde tendue d’un arc. D’un arc ? Elya jura intérieurement. Levant les yeux, la jeune femme se tint prête à esquiver le trait qui ne partit jamais. Car l’archère l’avait retenu in extremis. L’émeraude croisa alors l’or en fusion. Mais plus étonnant encore, il se posa sur du bleu. Bleu comme un ciel d’été sans nuages. La fille avait des cheveux bleus. Et Elya cligna deux fois très fort des paupières pour être bien certaine qu’elle ne délirait pas. Après tout, son flanc entaillé continuait de saigner : peut-être avait-elle perdu un peu trop de sang sans s’en rendre compte ? Peu probable. La jeune femme porta la main à son front. Pourtant, elle ne semblait pas fiévreuse – pas encore du moins. Bon, il fallait croire qu’elle était parfaitement lucide. Et que la fille aux cheveux bleus était bien réelle.

C’était bien tout ça, mais elles n’allaient pas se regarder ainsi dans le blanc des yeux indéfiniment ! Et puis, elle avait un passage à ouvrir pour la caravane que l’on entendait d’ailleurs arriver doucement mais sûrement à quelques centaines de mètres. Elya allait continuer son chemin sans plus tergiverser, mais seule une idée qui traversa ses pensées à la vitesse d’un éclair l’arrêta dans son mouvement. Minute ! Elle a dû croiser les Raï, elle aussi. Et si elle était du coin ? Elle connaissait peut-être un endroit protégé ? Durant de longues secondes, la rouquine pesa le pour et le contre. Avant finalement de se décider à aborder cette drôle de fille qui continuait de la dévisager.

- « J’imagine que les bruits du combat ont dû t’alerter » lança Elya en adoptant immédiatement le tutoiement – à vrai dire, elle avait horreur de vouvoyer les gens. « Il y a quelques blessés, alors nous faudrait un endroit pour la nuit. T’en connaîtrais pas un par hasard ? »

Après tout, qui ne tentait rien n’avait rien. Et puis, il fallait bien avouer que cette fille l’intriguait. Elle ne pouvait s’empêcher de penser à Dolce, qui lui, avait les cheveux d’un vert soutenu. Un rayon de soleil réussi à ce moment à percer l’épais manteau de nuage et Elya se détendit un peu. Etait-ce un signe que la chance serait un peu de son côté cette fois-ci ?

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MessageSujet: Re: J'aime pas la neige... Et les Raï non plus d'ailleurs [Syndrell] - ABANDONNE   J'aime pas la neige... Et les Raï non plus d'ailleurs [Syndrell] - ABANDONNE Icon_minitimeMar 05 Fév 2013, 22:33

Syndrell ne baissa pas immédiatement son arc et continua de viser le cœur de la femme qui venait de surgir du brouillard. Elle avait depuis longtemps appris à se méfier des gens apparemment ordinaires et bienveillants et préférait conserver sa garde relevée tant que son instinct lui murmurait d’être prudente.

Il ne lui fallut guère plus d’une poignée de seconde pour comprendre que cette fille-là était une étrangère : elle ne portait pas les fourrures habituelles des montagnards et n’en portait pas le rude accent. C’était une voyageuse et elle n’était pas seule ; des éclats de voix parvenaient à Syndrell et l’emploi du « nous », dans la bouche de la rouquine confirma son hypothèse.

Celle-ci lui apprenait également qu’elle et ses compagnons étaient les responsables des cadavres de Raïs qui gisaient un peu partout dans le sous-bois. Sans doute avaient-ils été surpris par ces derniers. Syndrell dévisagea un instant la femme qui soutenait son regard. Elle attendait une réponse mais semblait prête à s’en aller sans, et c’est ce qui décida la marchombre.

Lentement, elle rangea la flèche dans son carquois mais ne lâcha pas son arc et se contenta de s’accroupir, comme elle en avait l’habitude, afin de détailler plus longuement son interlocutrice. La couleur de ses cheveux tranchait avec le blanc dominant du paysage qui les entourait mais la pâleur de sa peau y faisait écho ; elle était grande et plutôt mince, étrangement vêtue et un brin mystérieuse. Syndrell cligna des yeux.


- Je peux vous guider quelque part où vous serez à l’abri.

Elle avait parlé d’un ton léger et dans son dos, l’éclat du soleil illumina son promontoire, éclairant son air mutin et allumant des étoiles dans son regard doré. Elle était ici chez elle et n’envisageait pas un seul instant de ne pas tendre la main à quiconque avait besoin d’aide. Le brouillard s’intensifiait et le vent se levait tandis que d’autres nuages, plus gros et plus lourds, venaient masquer le soleil ; autant de signes qu’une tempête s’annonçait. Il ne fallait pas traîner.

Son arc à la main, Syndrell se redressa et bondit de son perchoir pour atterrir devant la rouquine. Vint bons centimètres les séparaient et la marchombre dut lever la tête pour croiser le regard intensément vert de la jeune femme. Elle fit passer son arme dans sa main gauche pour tendre la droite et échange une poignée de main amicale. Elle ouvrait déjà la bouche pour se présenter lorsqu’une sorte d’étrange courant invisible glissa sur sa peau et lui tira un long frisson. Et elle rectifia instantanément ses paroles.


- Je m’appelle… Louve.

Lâchant la main de la rouquine, Syndrell expira doucement. Si elle ignorait ce qu’il venait de se produire, elle savait en revanche que cette femme n’était pas ce qu’elle semblait ; elle avait beau sourire et répondre à son salut, il émanait de cette personne quelque chose qui dérangeait Syndrell. Mais il était trop tôt pour tirer des conclusions hâtives et puisque tel n’était pas dans ses habitudes, elle se contenta de sourire à son tour, choisissant de dissimuler sa méfiance.

Néanmoins, elle passa son arc en bandoulière afin de libérer ses deux mains, qu’elle laissa pendre le long de ses hanches – près des deux poignards qui se trouvaient cachés sous son manteau.


- Nous allons devoir marcher une bonne demi-heure et à bonne allure si nous voulons éviter la tempête qui se prépare. Combien d’hommes sont blessés ?

Les derniers rayons du soleil s’attardèrent dans les cheveux roux de la jeune femme et Syndrell plissa les yeux. Qui était-elle pour que son instinct lui souffle de ne surtout pas baisser sa garde ?
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MessageSujet: Re: J'aime pas la neige... Et les Raï non plus d'ailleurs [Syndrell] - ABANDONNE   J'aime pas la neige... Et les Raï non plus d'ailleurs [Syndrell] - ABANDONNE Icon_minitimeMer 06 Fév 2013, 01:50

La fille, elle, ne se détendit pas pour autant. Elya soupira longuement. Elle n’avait aucune de s’en faire – sauf en ce qui concernait les Raï peut-être – car la rouquine ne comptait pas lui sauter à la gorge. Enfin, cela ne l’empêcha pas de répondre à la jeune femme par la positive et d’accepter d’aider la caravane qui avait sérieusement besoin d’un bon abris non seulement en prévision d’une seconde attaque mais aussi de la tempête qui s’annonçait. Elya grimaça à cette seule idée. Une tempête ! Génial ! Il ne manquait décidément plus que cela. Personnellement, elle ne craignait pas le froid plus que la douleur. Mais elle entrevoyait déjà les longues heures de voyage en plus jusqu’à Al Poll. Les chariots coincés par la neige. Pire encore, la longue attente qui se dessinait ne lui disait rien qui vaille. Hélas, elle ne pouvait plus reculer. Et puis, ces gens avaient besoin de son aide. Elle prenait donc son mal en patience.

La fille aux cheveux bleus se décida enfin de descendre de son perchoir et Elya la détailla soigneusement. Lorsqu’elles furent tout à fait face à face, la rouquine passait presque pour une géante. Hésitant un instant, elle ne tarda pas à répondre à la poignée de main amicale que lui proposait la fille aux cheveux bleus. Petite et vive, elle ne semblait pas manquer de légèreté, ni de force en fait comme en témoignaient chaque muscle de son corps sculptés au millimètre près. Louve. Elya la gratifia d’un sourire. Evidemment, cela ne pouvait pas être autre chose qu’un surnom, un pseudonyme. La fille ne semblait pas lui faire confiance. La rouquine haussa les épaules. Tant pis !

- « Moi c’est Elya » et, en principe, je n’ai jamais mangé personne – enfin, jusqu’à preuve du contraire – songea-t-elle pour elle même.

Elya jeta un bref regard en arrière. Elle réfléchissait, car à vrai dire elle n’avait pas réellement compté le nombre de blessés. Il lui avait semblé toutefois apercevoir au moins sept blessés, dont trois graves. Et un seul mort à déplorer pour l’instant ce qui relevait du miracle. Evidemment, elle oubliait de s’inclure dans les blessés alors que n’importe qui grimacerait de douleur rien qu’à voir l’entaille qui barrait son flanc. Mais au moins, elle savait que pour le coup, cela ne l’empêcherait pas d’avancer à bon rythme. Tandis que d’autres, en revanche, étaient déjà terrassés par la douleur, la fièvre et le délire.

- « Si j’ai bien compté, ils sont sept… »

Elya resta songeuse quelques secondes.

- « Une demie heure ? C’est jouable, oui. »

Opinant de la tête, la jeune femme se retourna juste à temps pour voir Bram arriver vers elle à grands pas mal assurés. Il portait dans ses bras une gamine encore largement sous le choc de la bataille et dont la mère comptait parmi les blessés. L’homme dévisagea Louve durant de longues secondes avant d’interroger l’Envoleuse du regard. Ses yeux semblaient littéralement la supplier de lui annoncer une bonne nouvelle. Qu’ils trouveraient un abri avant la nuit. Qu’ils survivraient tous à ce cauchemar. Qu’ils rallieraient Al Poll très vite désormais. Hélas, il sentait très bien la tempête qui se préparait, puissante et impitoyable. L’émeraude glissa alors de Bram à Louve, puis de Louve à Bram. Elle prit alors une inspiration.

- « Bram, voici Louve » dit-elle en adressant un bref regard à cette dernière « Elle connaît un endroit abrité à une grosse demie heure d’ici »
- « La Dame soit louée ! Ne traînons pas alors ! Je vais prévenir les autres, quant à toi, tu veux bien prendre la gamine ? Elle est terrifiée et je dois m’occuper de sa mère qui est bigrement mal en point »

La rouquine opina derechef, dans le plus grand silence. La petite fille sanglotait en silence et aussitôt elle accrocha ses petites mains autour du cou d’Elya. Elle ne pesait presque rien et caressant un instant les longs cheveux blonds de la fillette pour tenter de la rassurer, l’Envoleuse emboîta aussitôt le pas de la fille aux cheveux bleus qui l’intriguait toujours autant.

♠♠♠

Le vent commençait à se lever sérieusement. Et ils n’étaient toujours pas arrivés. Enfin, en même temps, la caravane avançait lentement car les roues des chariots s’enfonçaient difficilement dans la neige. La fillette grelottait dans ses bras. Elya l’avait pourtant enroulée dans cape pour lui tenir chaud, mais rien n’y faisait. Le froid semblait glacial et même sa peau commençait à bleuir légèrement. La nuit commençait à tomber petit à petit tandis que la rouquine désespérait sérieusement de ne jamais arriver avec une lenteur pareille. Ils n’allaient pas tarder à être coincés par le blizzard. Mais, elle cru distinguer au loin les silhouettes vacillantes de bâtiments. Le regard d’Elya s’alluma alors qu’elle suivait toujours Louve sans un mot.
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MessageSujet: Re: J'aime pas la neige... Et les Raï non plus d'ailleurs [Syndrell] - ABANDONNE   J'aime pas la neige... Et les Raï non plus d'ailleurs [Syndrell] - ABANDONNE Icon_minitimeJeu 07 Fév 2013, 14:19

Syndrell s’arrêta au sommet d’une butte et se retourna pour regarder le groupe avancer dans la neige. Il progressait lentement. Quinze itinérants et leurs familles luttaient contre le blizzard qui commençait à se lever, aidés par les quelques soldats qui accompagnaient la caravane ; les blessés étaient dans les chariots, ceux qui pouvaient se tenir debout marchaient au ralenti, épuisés mais déterminés à atteindre leur destination avant la tempête.

Celle-ci n’était plus très loin. Si elle tendait l’oreille, Syndrell pouvait percevoir un léger grondement derrière les hurlements du vent. Des avalanches. Réprimant un frisson, la marchombre rentra les quelques cheveux bleus qui s’échappaient de sa capuche pour ne pas les laisser geler. Son regard s’arrêta sur Elya.

La rouquine encourageait les voyageurs et rassurait les plus inquiets. Une gamine s’accrochait à son cou depuis qu’ils s’étaient mis en route. L’hésitation scintilla à nouveau dans les yeux dorés. Cette femme était décidemment très étrange. Elle ne faisait pas partie de la division armée qui était chargée de protéger la caravane mais Bram, ainsi que tous les membres du groupe, se rangeait à son avis ; ils dépendaient d’elle. Etaient-ils liés par un contrat ou par autre chose ?


- Courage ! lança Syndrell tandis qu’Elya passait devant elle. Nous sommes presque arrivés.

Il n’avait guère fallu plus d’une minute à Syndrell pour comprendre, en découvrant l’ampleur des dégâts commis par les Raïs, que ces gens-là avaient besoin d’aide. La tempête imminente les poussaient à l’urgence mais, même si le temps avait été des plus radieux, Syndrell aurait pris cette décision : les conduire à l’abri le plus proche.

Il s’agissait de la maison de son vieil ami. Bien que solitaire, il avait bâti son domaine en contrepieds d’une falaise, dans un espace protégé du vent et des avalanches ; de ses mains, il avait d’abord édifié sa maison, puis l’atelier dans lequel il avait passé la fin de sa vie à souffler le verre. Celui-ci était suffisamment spacieux pour accueillir tout ce petit monde, bêtes comprises.

Syndrell avait encoché une flèche dans son arc et servait à la fois d’éclaireur et de guide au groupe qui la suivait. Elle ne s’attendait pas à voir les Raïs rappliquer tout de suite, étant donné la riposte de la caravane, mais elle préférait ne prendre aucun risque. Toutefois, aucune attaque n’eut lieu avant qu’ils atteignent leur destination ; en apercevant le vieux chalet de bois, Syndrell soupira de soulagement puis, sans attendre qu’on l’y invite, pris les directives du groupe :


- Dételez les chariots et emmenez les chevaux à l’intérieur de l’atelier. Prenez tout ce que vous pouvez, couvertures, nourriture, puis enfermez-vous. Ne sortez sous aucun prétexte. Vite, vite !

La porte du chalet s’ouvrait déjà sur Lyke. Il avait reconnu Syndrell et se demandait qui étaient toutes ces personnes autour d’elle.

- Aide-moi à trouver des linges propres et une bassine, ordonna-t-elle en rentrant dans la maison à toute allure.

Le vent faisait claquer les volets. Il redoublait déjà de violence. Pendant que les caravaniers s’activaient à l’extérieur, Syndrell et Lyke dénichèrent des bâches et des couvertures, ainsi que de l’eau de vie dont la bouteille étaient recouverte d’une épaisse couche de poussière et des herbes médicinales.

La neige leur cingla le visage lorsqu’ils rejoignirent l’atelier, et il fallut la force de deux hommes pour refermer la porte dans leur dos. Efficaces, les itinérants avaient déjà allumés leurs lampes à huile et installé les chevaux près de Vagabond. Ce dernier avait rabattu ses oreilles en arrière et encensait d’une façon qui ne disait rien de bon.


- Du calme, bonhomme, souffla Syndrell en s’empressant de le rejoindre. Tout doux. Je sais très bien ce que tu penses, je le pense aussi, mais comme moi, tu vas devoir prendre sur toi et faire contre mauvaise fortune bon cœur, d’accord ?

Quelques caresses et une carotte parvinrent à le tranquilliser. Une main sur le flanc de Vagabond, Syndrell regarda quelques hommes s’occuper de leurs propres montures ; certains n’avaient pas pris le temps de faire tomber leur capuche pleine de neige et de glace. Tournant la tête, elle vit que Lyke ne l’avait pas attendue pour se rendre utile ; il charriait des sacs et aidaient les familles à s’installer.

On avait installé les blessés sur des couvertures, au centre de la pièce. Syndrell s’agenouilla près d’un homme dont la cuisse était salement amochée et entreprit de découper le tissu gelé de son pantalon.


- Vous avez eu de la chance, dit-elle en nettoyant la plaie avec des gestes sûrs.
- Je n’en suis pas sûr, grogna-t-il en serrant les poings de colère. Ces Raïs…! Ils nous sont tombés dessus sans prévenir.
- Vous avez su les accueillir comme il se devait ! Je pense qu’ils ne s’attendaient pas à être repoussés de la sorte.

Tout en parlant, Syndrell avait levé la tête, croisant le regard émeraude d’Elya qui se trouvait de l’autre côté de l’atelier.

- C’est une itinérante ?
- Elle nous accompagne, intervint Bram en s’asseyant près du blessé. Ça va, Rekim ?
- Je vais survivre…
- Bien sûr, affirma Syndrell en terminant son bandage. Mangez quelque chose et reposez-vous !

Elle se leva au moment où un brusque coup de vent faisait grincer la bâtisse toute entière. Quelques regards inquiets convergèrent vers la marchombre, qui se contenta de sourire tout en croisant les doigts dans son dos. L’atelier était encore debout après des toutes ces années. Pourquoi lâcherait-il maintenant ?

- Qu’est-ce que c’est ? Est-ce que ce sont… des loups ?

Syndrell baissa la tête et croisa le regard effrayé d’une petite fille de huit ou neuf ans. Dans un sourire, elle s’accroupit pour placer son visage à la hauteur du sien.

- C’est le vent que tu entends hurler, pas les loups. Ils sont comme nous, ils se cachent dans leurs tanières et attendent la fin de la tempête…

Dans les yeux clairs de la petite, l’angoisse laissa place à la curiosité.

- T’en as déjà vu ?
- Une fois, oui. J’étais un peu plus grande que toi à l’époque et je ramassais des fleurs pour faire un bouquet. Il y avait ce loup, près de ruisseau : immense, avec une belle fourrure grise et blanche.
- Wahou ! Et t’as eu peur ?
- Un peu, au début. Je ne savais pas ce que je devais faire. Mais tu vois, ce loup n’était pas là pour me faire du mal ; il était simplement venu boire, et une fois désaltéré, il est parti sans demander son reste !


Syndrell ponctua son anecdote d’un clin d’œil doré et se releva pour traverser l’atelier. Dehors, la tempête faisait rage mais les itinérants étaient désormais en sécurité ; habitués à voyager dans les pires conditions qui soient, ils avaient rapidement trouvé une organisation efficace et à présent, hommes et femmes s’activaient, distribuant de quoi boire et de quoi manger. Les discussions naissaient à nouveau, quelques rires fusaient à droite et à gauche.

Syndrell se planta devant Elya. Elle passa la main dans ses cheveux humides pour se donner bonne contenance, puis désigna l’atelier d’un grand geste du bras.


- C’est pas le meilleur hôtel du coin, dit-elle d’un ton enjoué, mais au moins, vous avez un toit et un plancher pour rien ! Ici, les tempêtes sont tenaces ; au mieux, elle sera terminée demain, dans la matinée. Mais vous pouvez rester aussi longtemps que vous le souhaitez.

Le rire de Lyke distilla une note de chaleur dans l’atmosphère. Il était en train de faire le pitre pour égayer un petit bout de choux que le bruit du dehors effrayait. Fière de lui, Syndrell leva le pouce en signe de victoire à son attention puis reporta son attention sur Elya. Son regard fut soudain attiré par la tâche sombre qui marquait son flanc.

- Tu es blessée ?

Sans attendre de réponse, elle s’agenouilla devant elle pour écarter les pans du manteau, raidis par le froid. Une entaille courait le long de la hanche de la jeune femme, conséquence d’un coup de lame bien placé.

- Je vais m’occuper de ça.

Sourcils froncés, Syndrell partit en quête d’une bassine et d’un linge propre ; lorsqu’elle revint près d’Elya, celle-ci avait relevé son vêtement, dévoilant la blessure. Large et profonde, celle-ci s’était remise à saigner, probablement lorsque la jeune femme avait aidé à transporter des sacs depuis les chariots jusque dans l’atelier.

- Nom d’une chiure de mouche, belle entaille ! Je ne sais même pas comment tu as fais pour marcher une petite heure et être encore debout après ça !

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MessageSujet: Re: J'aime pas la neige... Et les Raï non plus d'ailleurs [Syndrell] - ABANDONNE   J'aime pas la neige... Et les Raï non plus d'ailleurs [Syndrell] - ABANDONNE Icon_minitimeMar 05 Mar 2013, 11:37

Cette vieille bâtisse ne payait pas de mine, c’était certain. Le vent froid qui descendait du nord faisait craquer le bois d’une bien sinistre manière. Mais au moins, la température y était assez agréable et il semblait à Elya qu’ils y seraient tous en sécurité. D’ailleurs, c’est avec un immense sourire qu’elle avait aperçu cette drôle de silhouette qui se dressait dans la neige. A ce moment là, la jeune femme avait pu lire un intense soulagement dans les yeux gris de Bram. Quand le regard émeraude de la rouquine revint se poser sur la fille aux cheveux bleus, il lui sembla évident qu’elle devait connaître l’endroit depuis longtemps. S’il semblait aujourd’hui abandonné, cette maison perdue au milieu de nulle part avait dû être habitée il n’y a pas si longtemps. Préférant ne pas s’interroger davantage, Elya ancra ses pas dans ceux de Louve. Elle portait toujours la petite fille qui s’accrochait à son cou désespérément et dont la mère était entre la vie et la mort.

Quand deux lourdes portes s’ouvrirent sur un petit garçon d’une dizaine d’années, la rouquine s’étonna. Un petit garçon ? Elya jeta un long regard intrigué à Louve. Elle lui avait semblé plutôt jeune pour… L’émeraude s’attarda alors sur le garçonnet et en vint finalement rapidement à la conclusion que, tout compte fait, il n’était pas son fils. Il ne lui ressemblait pas du tout. Et de toute façon, il aurait fallu qu’elle soit plutôt précoce car elle ne semblait pas avoir beaucoup plus que 20 ou 21 ans peut-être.

Une vaste cour flanquait la bâtisse et il était possible d’y abriter les chevaux. L’efficacité des Itinérants étonna Elya, comme souvent. Les tâches se répartissaient efficacement : les uns s’occupaient des chevaux, les autres des blessés, certains de décharger un peu quelques chariots. Quant à la rouquine, lorsqu’elle pénétra dans la maison, elle remarqua qu’un feu crépitait déjà dans l’âtre et propageait une chaleur agréable. Elya se résolu alors à poser la petite fille sur le sol. Son visage était baigné de larmes mais la rouquine les essuya avec une douceur insoupçonnée. Et planta son regard dans le sien.

- « Ta maman ira bien »

La petite poupée blonde renifla bruyamment pour toute réponse. Elya profita que le garçon qui avait ouvert les portes de la cours la fixait avec intérêt pour lui faire signe de s’approcher. Ce qu’il fit immédiatement d’un pas légèrement hésitant. La rouquine lui adressa un sourire complice. La petite ne lui avait pas lâché la main. Décidément, ce ne serait pas chose facile !

- « Tu t’appelles comment dis-moi ? »
- « Lyke »
- « Moi, c’est Elya. Est-ce que tu veux bien la surveiller, le temps que je revienne ? »
- « Euh… D’accord ! » hésita-il.
- « T’es un grand, je te fais confiance… » sourit Elya

Le gamin hocha la tête, visiblement ravi de s’entendre dire qu’il était grand et de se voir confier d’importantes responsabilités. Toutefois, avant de laisser les deux enfants, la rouquine se souvint que le cuisinier avait une caisse remplie de pâtisserie. Elle l’imaginait déjà tempêter contre les deux gamins.

- « Il me semble que le cuistot cache un fabuleux trésor dans sa carriole… » ajouta-t-elle avec un clin d’œil.

Avant de filer, la jeune femme remarqua aussitôt le regard brillant de Lyke et de la fillette dont le nom lui revint soudainement. Elle en profita alors pour aider les uns et les autres. Jeter un coup d’œil aux blessés. S’occuper des chevaux, et notamment de Feu qui se montrait particulièrement nerveux depuis que le brouillard s’était abattu dans la matinée. Lui prodiguant tous les soins nécessaires, elle guida son magnifique compagnon de route dans un box qui avoisinait celui d’un cheval qui lui ressemblait comme deux gouttes d’eau. Un frison noir, lui aussi. Elya resta un instant à admirer leur même crinière soyeuse et leur même impétuosité. Puis repartit. Elle courait à droite et à gauche, était partout à la fois. Aussi, lorsque Louve l’apostropha, elle accueillit cinq minutes de répit avec plaisir. Elya hocha la tête.

- « Merci ! Grâce à toi, on a un toit sur la tête et un endroit sûr pour s’occuper des blessés ! Ces saloperies de Raï, je suis certaine qu’ils nous suivaient depuis longtemps… »

La question de Louve qui se penchait soudain sur elle lui fit froncer les sourcils et elle faillit répondre un fabuleux Non, pourquoi ? Pourquoi ? Bah, elle avait oublié qu’elle n’avait pu éviter la trajectoire d’un sabre en sauvant un gamin d’une mort in extremis. Ah ! Ah ! Assurément, Louve l’aurait prise pour une folle. Et elle imaginait déjà le sourire dépité de Dolce.

- « Bah, ce n’est qu’une… » eut-elle à peine le temps de commencer avant que Louve ne file à l’autre bout de la pièce « égratignure »

Voyant qu’elle revenait avec un kit de soin, la rouquine se résigna et découvrit son flanc comme si de rien n’était. Effectivement, une belle entaille, plutôt profonde barrait sa hanche. Mais si elle tenait encore debout, c’est que cela n’était pas trop grave. Enfin, c’est ce qu’elle pensait, tandis que n’importe qui à sa place serait terrassé par la douleur. Oui, mais voilà, elle n’avait pas mal. Si certains pensaient qu’il s’agissait d’une supercherie et d’autres croyaient plutôt en la magie, en fait l’explication était bien simple mais néanmoins réelle. C’était une maladie. Elle avait ses bons côtés comme ses mauvais mais, ces derniers temps, elle avait souvent tendance se sentir embarrassé devant les regards particulièrement étonnés des gens.

- « Euh… » commença Elya alors que Louve se demandait comment elle pouvait tenir sur ses deux jambes « C’est pas grand chose… »

Lorsque Louve entreprit d’abord de désinfecter la plaie, elle ne broncha pas le moins du monde. Comme toujours. Et encore moins lorsqu’elle sortit du fil et une aiguille pour commencer à refermer la blessure qui s’était remise à saigner. Elya se souvint alors du trouble de Grincheux, qu’elle avait d’ailleurs croisé à nouveau lors de son Env-Kil. De Dolce lorsqu’il avait compris qu’elle était insensible à la douleur. Et maintenant Louve…




[Désolée pour le retard... ]
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MessageSujet: Re: J'aime pas la neige... Et les Raï non plus d'ailleurs [Syndrell] - ABANDONNE   J'aime pas la neige... Et les Raï non plus d'ailleurs [Syndrell] - ABANDONNE Icon_minitimeSam 09 Mar 2013, 15:53

Syndrell plissa les yeux et se pencha sur la plaie. Celle-ci n’était pas aussi grave qu’elle l’avait craint en découvrant la tunique imbibée de sang d’Elya, mais elle était profonde et il était urgent de stopper l’hémorragie rapidement.

- Assied-toi et garde ta tunique relevée.

La jeune femme s’exécuta et Syndrell en profita pour sélectionner ce dont elle avait besoin : du fil et une aiguille, dont elle brûla l’extrémité pour la désinfecter au mieux. Elle jeta un coup d’œil à sa patiente et grimaça en prévoyant la souffrance de celle-ci. Avisant les gants de cuir qu’elle avait fixés à sa ceinture, elle en attrapa un et le tendit à Elya.

- Mords ça. Je vais faire vite.

La marchombre versa alors un peu d’alcool sur la blessure et sentit la jeune femme tressaillir sous ses doigts. En réalité, Elya n’avait rien senti : seul son corps avait réagi, instinctivement, et les muscles de son ventre s’étaient brusquement contractés au contact de l’alcool. Mais ça, Syndrell n’avait aucun moyen de le savoir, aussi se mit-elle à l’œuvre rapidement ; elle rapprocha les lèvres de la plaie et commença à recoudre la chair avec des gestes sûrs et précis.

Elya ne lâcha pas un son au cours de l’opération et Syndrell, concentrée sur sa tâche, n’y prit pas garde ; elle acheva son travail, puis nettoya et pansa la blessure de l’itinérante avec soin avant de lever les yeux. Elya avait un air étrangement serein.


- Hé, ça va ? s’inquiéta Syndrell.

Elle chercha un verre des yeux, en dénicha un dans un sac de toile et le remplit d’eau fraîche puis le tendit à la jeune femme.

- Bois ça, tu te sentiras mieux.

Syndrell rinça ses mains couvertes de sang à l’eau claire et balaya l’atelier du regard. Hommes, femmes et enfants étaient bien installés à présent. Les blessés gémissaient moins fort, à moins que ce ne soit le vent qui, dehors, hurlait plus fort ; l’édifice tout entier tremblait sous ses assauts mais, Syndrell le savait, il allait tenir bon.

Laissant Elya récupérer, la jeune marchombre traversa l’atelier. Elle sentait une foule de regards curieux posés sur elle, ou plutôt sur les cheveux bleus qui retombaient sur ses épaules ; ils avaient poussé depuis qu’elle les avait coupés, avant son départ pour l’Ile des Femmes. A l’instant où cette pensée traversait son esprit, il en jaillit une autre, puissante et colorée, sous la forme d’un souvenir : celui d’un homme aux cheveux verts et au regard perçant. Son homme.

Dolce lui manquait beaucoup plus qu’auparavant, songea-t-elle en caressant une tête blonde à son passage. Mais son amour pour la liberté et l’indépendance était bien trop grand pour qu’elle résiste au besoin de se laisser porter par le vent, l’inconnu et le danger. Une fois de plus, elle l’avait quitté, poussée par ce désir fou, cette soif d’aventure qui ne se tarissait jamais complètement – et qu’il aimait chez elle, puisque jamais il ne cherchait à la retenir.


- C’est grave ?

La voix de Bram sortit Syndrell de ses pensées. Il se tenait assis sur un tabouret de traite, une tasse fumante à la main, et observait la jeune femme avec attention, la tête légèrement penchée sur le côté.

- La blessure d’Elya ? Non. Elle va devoir voyager sur un chariot pendant un jour ou deux, mais j’ai comme l’impression qu’il ne lui en faudra pas davantage…
- Les itinérants sont rompus à la résistance. La difficulté est notre quotidien, nous l’éprouvons différemment des autres.
- Les embuscades des Raïs sortent néanmoins de ce quotidien.
- En effet.


Lentement, Syndrell s’accroupit, une jambe tendue sur le côté, l’autre repliée sous elle. Sa position fétiche en toute circonstance. Bram ne la quittait pas du regard. Il lui parlait des itinérants comme s’il lui apprenait quelque chose, ignorant qu’elle avait suivi sa première caravane à l’aube de ses dix-huit ans ; et cette dureté quotidienne qu’il exprimait par la seule force de son regard, elle ne la connaissait que trop bien.

Voilà pourquoi, en dépit de sa méfiance instinctive à l’égard d’Elya, elle avait accepté de conduire ces étrangers à l’abri de la tempête. C’est en voyageant en compagnie de Naagrarh et de sa troupe qu’elle avait appris ce que « solidaire » voulait réellement dire.


- J’emprunte cette piste deux fois par ans, poursuivit pensivement Bram en posant ses yeux bleu nuit sur ses gens. Et ce depuis maintenant vingt-deux ans. La seule et unique fois où je suis tombée sur les Raïs, une ribambelle de Frontaliers m’accompagnaient : ils avaient flairé le danger et insisté pour nous escorter.
- Je connais bien ces montagnes, il est rare de croiser des guerriers cochons dans le coin ; nous sommes proches de la vallée…
- Sûr. Et la Citadelle est très occupée en ce moment, puisque les Frontaliers sillonnent toutes les Marches du Nord. Je savais bien que cette expédition était risquée.


Syndrell surprit le regard de Bram glisser furtivement vers Elya avant qu’il ne reporte son attention sur elle.

- Montagnarde ? s’enquit-il avant de porter sa tasse à ses lèvres.
- De cœur, oui.
- Vous nous avez sorti d’un sacré pétrin.


Le vent redoubla de violence et les réfugiés retinrent leur souffle un instant, alors que l’atelier grinçait tout autour d’eux. Syndrell posa une main rassurante sur l’avant-bras bandé d’un pansement de l’itinérant.

- Ici, les tempêtes sont virulentes mais peu endurantes ; le vent se calmera avant le lever du soleil.
- Merci.


Hochant du chef, Syndrell se redressa. Elle devait parler à Lyke. Mais Bram la retint par le poignet au moment où elle s’éclipsait.

- Sans Elya, nous serions tous morts. Nous avons une dette envers vous deux.
- Inutile de rembourser la mienne, vous savoir confortablement installés est la seule récompense que j’accepte.


Le sourire de Bram illumina son visage et en adoucit les traits durs. Il finit par lâcher Syndrell et elle s’empressa de rejoindre Lyke ; le garçon roulait des mécaniques sous les yeux écarquillés de la gamine qu’Elya avait porté jusqu’ici dans ses bras. L’un et l’autre grignotait de minuscules cuisses de volaille grillées, dénichées dans l’une des cocottes du cuisinier qui faisait mine de ne s’apercevoir de rien.

Lyke leva les yeux vers la marchombre et n’eut qu’à lire son regard pour comprendre ce qu’elle attendait de lui. Réajustant sa tunique, il subtilisa une nouvelle cuisse qu’il fourra dans la main de la fillette, tout en lui murmurant quelque chose à l’oreille, puis il contourna une pile de caisse et rejoignit Syndrell.


- Elle s’appelle Kalie. Sa maman est blessée et elle n’a personne d’autre… j’aimerai pouvoir faire quelque chose pour elle.
- Tu fais déjà beaucoup,
sourit Syndrell en ébouriffant tendrement la tignasse de Lyke.
- Beaucoup, c’est pas encore assez.
- Ecoute…


Le ton de la marchombre devint grave et Lyke se fit très attentif.

- Je veux que tu restes sur tes gardes. Ces gens ne sont pas tous des marchands ou des familles de marchands, il y a aussi des soldats.
- Ils sont là pour leur protection,
fit remarquer le garçon.
- Certes. Mais ce n’est pas nécessairement d’eux qu’il faut se méfier.

Lyke suivit le regard doré de son amie et découvrit Elya en train de soutenir un blessé pour lui faire boire de l’eau.

- Tu penses qu’elle est…
- Je ne suis sûre de rien, donc je me méfie. Et je te demande de faire de même.
- D’accord. Je peux retourner auprès de Kalie ?


Syndrell sourit et, sur cet accord, Lyke rejoignit rapidement la fillette ; elle le regarda un moment gesticuler pour épater celle-ci, puis elle consentit enfin à répondre à l’appel de Vagabond. L’étalon s’impatientait. Et il n’était pas le seul : un frison à l’allure noble et au regard vif frappait du pied sur le sol, non loin de là. Séduite, Syndrell s’approcha de lui.

- Et bien, mon grand, souffla-t-elle en le laissant sentir sa main ouverte. Toi aussi, tu t’ennuies ?

Jaloux, Vagabond hennit vigoureusement, tirant un sursaut à la plupart des gens présents dans l’atelier. Amusée, Syndrell s’en retourna vers lui. Dès qu’elle fut assez près, Vagabond posa sa grosse tête sur son épaule, comme pour signifier qu’elle lui appartenait. Touchée par ce geste, Syndrell noua ses bras autour de l’encolure de l’animal et se serra contre lui.

Vagabond hennit à nouveau. Mais cette fois, il ne s’agissait pas de revendiquer sa cavalière ; quelque chose avait attiré son attention. Quelqu’un. Syndrell se retourna vivement et son regard croisa celui, intensément vert, d’Elya. Soupirant doucement, la marchombre se détendit et sa main droite lâcha la garde de son poignard, sans pour autant s’en éloigner vraiment. Un détail que l’itinérante avait forcément remarqué…


… si, comme elle le pensait, il s’agissait de bien plus qu’une itinérante.
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