Groupe Manz - Cours n°1

Le soleil se levait doucement sur l’académie, illuminant le ciel d’une douce lueur rosée. C’est en grignotant un croissant que je regardai le soleil se lever du toit de l’habitation. Soupirant, je regardai autour de moi. Un bois, semblable à celui dans lequel je m’aventurais si souvent avec mon meilleur ami, bordait presque tous les côtés de l’académie, bien que j’aperçoive également un petit lac, pas très gros, mais tout de même, et également une grande plaine, qui faisait un contraste étonnant avec le relief des arbres. Je me dirigeai vers la porte donnant accès aux toits et je m’y engouffrai, descendant rapidement au premier étage, puis au rez-de-chaussée. Je n’avais pas dormi, cette nuit. Encore une fois.

Suite à ma rencontre pour le moins étonnante avec Syndrell, cette jeune femme aux cheveux bleus connu sur un toit d’Al-Chen, je m’étais rendu à l’Académie. Cet endroit, calme et serein, était ennuyeux à mourir, particulièrement les jours de pluie, et il était bien évident que dans une saison comme l’automne, la pluie n’était pas rare. Et il n’était certainement pas question que je sorte lorsque la pluie s’abattait sur l’académie. Par contre, lorsqu’il faisait beau, je me rendais à un endroit près de la forêt, une sorte de camp d’entrainement, et je lançais mes couteaux sur une cible jusqu’à être épuisé. Je pouvais ensuite courir, grimper dans les arbres ou sur les parcours de bois du camp, mais après quelques jours, c’était rapidement devenu ennuyeux, surtout avec la semaine complète de pluie diluvienne qui s’était abattu sur l’endroit, me confinant contre mon gré à l’intérieur.

J’avais alors convenu de visiter l’établissement, ce que je n’avais pas encore fait. Je n’étais pas quelqu’un de particulièrement curieux et savoir ou était le dortoir et le réfectoire m’avait amplement suffit dans la semaine que je venais de passer ici. L’endroit n’avait rien d’extraordinaire et tout les étages se ressemblant : ils étaient vides et mornes.  Bien que plusieurs personnes habitent l’académie, la plupart ne restait pas à temps plein ici, que ce soit pour des cours ou pour une simple envi de voyager.  Pour ma part, j’avais décidé de rester jusqu’à ce que mon premier cours commence, mais le temps devenait long.

J’avais découvert, au fond d’un couloir, une pièce assez grande qui m’avait surpris. Une bibliothèque. Malgré mon éducation sommaire, je savais lire et plus encore, j’aimais lire! Cela pouvais sembler surprenant, mais je passai pourtant le reste de la semaine à lire, enfermé dans cette grande pièce jusqu’à ce que le soleil perce les nuages et vienne troubler ma lecture. A partir de ce moment, j’eu toujours un livre sur ma table de chevet, près de mes vêtements et de mes affaires personnelles. Comme à tous les matins, je me rendis à l’écurie. Je ne l’ai pas mentionné avant, mais je n’avais jamais oublié Génocide, le cheval de mon oncle. L’hongre m’accueilli avec un hennissement et je lui donnais la carotte que j’étais passé chercher au réfectoire. J’aimais bien la compagnie rustique de mon compagnon de voyage et je commençai à m’attacher à cette bête au fort caractère.

Entrant à l’intérieur de l’académie, je me dirigeai vers le panneau d’affichage. Un  jeune homme, de quelques années plus jeunes que moi, consultait le tableau. En me voyant, son sourire s’agrandit. Je lui avais parlé a quelques reprises. Lui en était a son deuxième cours, m’avait-il dit. Sympathique, il était d’une innocence toute enfantine qui m’exaspérait parfois, mais la plupart du temps, il faisait preuve d’une étonnante maturité d’esprit pour son âge. Étant sociable de nature, j’avais passé beaucoup de temps avec lui depuis mon arrivé à l’académie, bien que celui-ci était parti, ces derniers jours, s’acheter de nouveaux vêtements a Al-Chen.

- Salut Notch! Tu fais bien de venir voir, regarde!

Suivant son conseil, je regardai ce qu’il me pointait et un sourire dansa sur mes lèvres. Un post-It était affiché au dessus de l’affiche de mon groupe. Celui-ci fixa le rendez-vous du premier cours, près d’une grande pierre supposément immanquable près du petit lac bordant l’académie. Le rendez-vous était pour bientôt et c’est avec un bonheur nouveau que je montai au dortoir, enfilant des vêtements plus appropriés que mon pantalon raide pour faire de l’activité physique. Lorsque j’arrivai finalement à l’endroit qui, comme mon maître l’avait écrit, était immanquable, une petite fille s’y tenait. Elle devait avoir environ douze ans. Pouvait-on suivre une formation de marchombre à cet âge? Je lui souris, sachant pertinemment que l’âge ne voulait souvent rien dire, et l’apparence encore moins.

- Salut! Je cherche Pa... eu… Pastilia? Enfin, je ne sais plus trop, quelqu’un dont le nom ressemble à ça!

Je ris, me sentant légèrement stupide de ne pas avoir mémorisé le nom d’une longueur impressionnante de mon maître.

- Je m’appelle Notch, et toi?

La petite n’eu pas le temps de répondre, car quelqu’un d’autre arriva derrière moi. Je me retournai, lui souriant. Cette personne venait probablement elle aussi pour le cours!

Exaspérant. Voilà le mot. Comment cela se peut il que dans un hall bondé comme ça, il n'y ait personne pour aider un nouveau? D'un autre côté, c'est vrai que je n'ai pas fait grand chose pour aider. Mais bon, ça ce remarque un nouveau, quand on est marchombre!

Ça fait cinq minutes que je suis arrivé, et je suis déjà perdu. Je cherche un point de repère. Là, un immense tableau d'affichage. Je rase les murs pour le rejoindre, en espérant très fort ne pas me faire remarquer.
Heureusement (ou pas) personne n'à l'air de s'intéresser a moi. J'arrive enfin au tableau... Et pousse un soupir de découragement. Je n'y comprend absolument rien. Je m'acharnes. Il doit au moins y avoir un plan!
Même pas. Je regarde autour de moi. Je ne me sent vraiment pas de pénétrer dans ce qui semble être un labyrinthe d'immenses couloirs de pierre.
Soudain, quelque chose attire mon attention. Mon nom est écris quelque part! Sur un petit post-it, il y a écris une heure, une date, un lieu et des noms.
Donc mon maitre seras... Quoi? C'est quoi ce nom? Pa... Pasitilipia? C'est quoi ce nom? C'est humain?
Bizarre.
Ensuite, la date... Mince! C'est aujourd'hui! Incroyable... Ménawël ne s'est pas moqué de moi! A peine j'arrive et déjà j'ai mon premier cours... Ça se passe au Lac près d'ici, j'ai juste le temps d'y aller, si je cours.

J'y suis. Je suis a l'orée de la forêt, juste a coté du lac. Apparemment je ne suis pas le dernier. Tant mieux, je me ferais moins remarquer.
Il y a deux personnes : un garçon assez grand, brun, vêtu d'habits simples mais déchirés, et surtout une fille étrange. Au premier coup d'œil, elle parait avoir une dizaine d'années, mais après un examen plus approfondi, on s'aperçoit que c'est une jeune femme d'une taille minuscule. Une élève, comme moi? Non. Elle est beaucoup trop en harmonie pour une simple apprentie. C'est donc elle mon maitre? Je retiens un sourire. Elle est accordée a son nom. Le garçon commence a lui parler.

"- Salut! Je cherche Pa... eu… Pastilia? Enfin, je ne sais plus trop, quelqu’un dont le nom ressemble à ça!"

De toute évidence il n'a pas compris qui elle était.

"- Je m’appelle Notch, et toi?"

Notch? Donc c'est bien un autre apprenti. Il m'as l'air sympathique.
Soudain, je sens un regard sur moi. Elle m'a vu? Dans le doute, je m'avance: il ne me sert plus a rien de me cacher.
Notch se retourne et me souris. Je lui rend son sourire.
Je me retourne vers la minuscule femme.

"Je m'appelle Acqua Nalios, enchanté de vous rencontrer, maitre Pasitilipia, et toi aussi."

Ouf. J'ai failli buter sur le nom a rallonge de la femme. Je n'ai pas jugé utile de dire que je connaissais son nom a Notch. J'aurais vraiment eu l'air de me vanter, et ce n'étais vraiment pas le but recherché.
J'attends une réaction.

Le garçon qui arrivait était plutôt grand et avec une belle carrure, mais son visage était encore marqué par la jeunesse. Il n'était plus un enfant, mais pas tout à fait un homme non plus. Je lui donnais maximum dix-huit ans et son regard et le sourire qu'il me rendit me donna une bonne idée de sa personnalité. Il semblait sympathique, mais fier. Il semblait bien avec lui-même et plutôt têtu. Peut-être avais-je tord, mais je n'avais habituellement pas l'habitude de me tromper sur mes premières impressions sur le caractère d'une personne. Il salua la jeune fille par ce nom imprononçable et j'ouvris les yeux, surpris. Un air satisfait s'afficha sur le visage que cette fille alors qu'Acqua semblait plutôt content d'avoir réussis à dire ce pseudonyme étrange en entier. Celle que j'avais d'abord pris pour une fillette me sembla soudainement plut vieille alors que mon regard s'attardait sur ses grandes pupilles profonde et les rides de la vingtaine. Cependant, même en regardant attentivement, je n'arrivais pas à estimer son âge avec précision. Il me semblait pourtant évident, après quelque seconde d'observation, que c'était véritablement celle que j'étais venu rejoindre et que j'avais commis une petite bévue en la prenant pour une simple enfant.

Cela ne me gênait pas outre sur mesure, mais je veillerais à être plus attentif dans le futur. Quoi qu'il en soit, je n'avais jamais vu une femme aussi étrange et ce petit côté exotique me plaisait bien. Avant que je ne puisse ouvrir la bouche pour réparer mon erreur, un autre jeune homme sorti de l'ombre. Un corbeau sur l’épaule, il avait le corps plein de cicatrice dont il ne semblait pas avoir honte et ses cheveux, long, était d’un blanc étrange et se terminait par des pointes noires. Les traits de son visage me firent croire qu’il n’était pas plus vieux que moi, ou si c’était le cas, d’à peine un an ou deux. Il semblait heureux d’être là et se présenta comme Lumytros. Il présenta également son corbeau, animal dont il semblait plutôt proche. Il semblait lui aussi sympathique, bien que son regard trahissait, d’une manière différente du mien, la douleur de son passé.

- Salut à vous. En effet, Notch, je suis votre Maître, Pasitilipia. Vous pouvez m’appeler Pia.

- Oui, je crois que je te dois des excuses! Cependant, si ça ne te dérange pas, je vais m’en tenir à Pia!

- Oui, on va attendre encore un peu Lys. J’espère qu’elle viendra… En attendant, vous devriez vous échauffer comme vous en avez l’habitude. Ou comme vous pensez que c’est le mieux.

Hochant la tête, je m’échauffai. Ignorant ce que nous allions faire mais ayant en tête qu’elle voudrait très probablement nous tester, je mis le temps pour bien m’échauffer et étirer convenablement tous les muscles de mon corps, terminant par une série de pompe et d’abdominaux qui conclurent mon échauffement. Je m’assis ensuite en indien sur le sol froid, laissant la pression de mon corps redescendre lentement alors que nous attendions Lys, qui était plutôt en retard. Pia nous regardait, son œil bienveillant se promenant sur nous. Je n’avais pas l’impression qu’elle se croyait supérieure à nous, et j’en étais soulagé. Effectivement, j’avais eu peur d’avoir affaire à un professeur prétentieux pour qui les élèves ne valaient rien. De plus, si Pia m’était supérieur en bien des domaines, je ne la considérais pas comme étant meilleure que moi. Je la respecterais, certes, mais sans plus. Les deux autres garçons avaient naturellement vouvoyé le maître, alors que pour moi, le tutoiement n’avait même pas été une question.

- Bon, Lys n’arrive pas, nous ne pouvons pas non plus l’attendre éternellement. Tout le monde sait nager ici ?

- Nager? Je sais nager, mais il fait beaucoup trop froid !

Je grimaçai. L'idée d'enlever mes vêtements me répugnaient peut-être, mais l'idée d'entrer dans l'eau glacée me semblait encore pire. J'avais une certaine dose d'orgueil et je ne souhaitais pas nécessairement me mettre à paniquer au milieu du lac près duquel nous étions. Je n'aimais pas l'eau froide. Je détestai l'eau froide, plus encore, je vouais une haine profonde à cette étendue d'eau qui avait failli me tuer dans le passé. Je détestais l'eau froide au moins autant que je détestais le père de mes sœurs ou mon propre père. Et il n'était pas question que je nage aujourd'hui. Je ne rentrerais pas dans l'eau par un temps aussi froid. Croisant les bras, je lançai un regard de feu à Pia, espérant qu'elle comprenne que je ne réaliserais pas un exercice aussi idiot et dangereux que d'entrer dans cette étendue d'eau froide.

Notch ne semble pas gêné de sa méprise. Le maître ne dit toujours rien.
Après quelques instants, le troisième apprenti se présente. Il est plus vieux que moi de quelque années et plus grand que moi. Ses yeux sont presque aussi étranges que les miens: ils sont dorés, et ses cheveux sont blancs, mais les pointes sont noires. Pourquoi pas.

"-Bonjour messieurs dames! Ou devrais-je dire: bonjour, maitre Pasitipilia, et bonjour a vous, Notch et Acqua. Je suis Lumytros, et voici Névéra"

Il ne manque plus qu'une apprentie. C'est d'ailleurs la remarque que fait Lumytros avec un sourire:

"-Je suppose qu'il ne manque plus que Lys. J'avais peur d'être en retard après mes détours, mais je vois qu'il y a pire!"

Sa remarque me tire un sourire. Il a l'air d'être jovial, ou alors il est d'excellente humeur aujourd'hui.

"-Salut a vous. En effet, Notch, je suis votre maître, Pasitipilia. Vous pouvez m'appeler Pia."

Elle a une petite voix flutée, qui colle bien avec son apparence. Elle n'a pas l'air de tenir rigueur a Notch.

"-Oui, je crois que je te dois des excuses. Cependant, se ça ne te dérange pas, je crois que je vais m'en tenir a Pia!

Il continue donc a la tutoyer, ce qui n'a pas l'air de la gêner outre mesure.

Elle se tourne ensuite vers Lumytros:

"-Oui, on va attendre un peu Lys. J'espère qu'elle viendra... En attendant, vous devriez vous échauffer comme vous en avez l'habitude. Ou comme vous pensez que c'est le mieux."

Je m'échauffe donc, tranquillement. Je pratique les exercices musculaires que je devais faire avant chaque chasse, je fais quelques tractions, puis un quart d'heure plus tard je m'assois pour observer les autres.
Notch observe un échauffement plutôt classique, pompes, abdomineaux... Lumytros lui, semble ménager le haut de son corps. Une blessure? Pia nous observe d'un air bienveillant. De ce que j'ai vu pour l'instant, elle me plaît bien.

Au bout d'un moment, elle décide que l'attente a assez durée.

"-Bon, Lys n'arrive pas, nous ne pouvons pas non plus l'attendre éternellement. Tous le monde sait nager ici?"

Avant que je puisse répondre, Notch réagit au quart de tour.

"-Nager? Je sais nager, mais il fait beaucoup trop froid!"

Trop froid? C'est quoi cette excuse? Je trempe mon doigt dans l'eau. Évidemment, elle me parait tiède. Si on compare a la température du nord, elle est presque chaude.
Notch jette un regard brûlant au maître. Il n'a vraiment pas envie d'une baignade...

Du coup je réponds.

"-Je sais nager, et l'eau a l'air bonne. Pas de problème pour moi donc."

Lumytros quand a lui ne s'embarrasse pas de mots: il est déjà parti a l'écart pour se déshabiller. Je remarque une assez grosse coupure. Donc il est bien blessé.
Je m'assois par terre et je reporte mon regard sur Notch.

Pia me fixai quelque seconde, comme si elle m’analysait, et son regard profond me fit frissonner. Pourtant, je restai d’une raideur, les bras croisés, à attendre la suite. Ce bout de femme avait beau être plutôt impressionnant, je restais tel que j’étais. Mon regard ne silla pas alors que Lumytros s’éloignait et qu’Acqua lança un commentaire qui me fit grimacer. Bonne, l’eau? Nous n’en avions certainement pas la même définition.

- J’ai demandé si vous saviez nager, je ne vous ai pas demandé si vous aviez envie de le faire… ni la température de l’eau. C’est complètement secondaire.

Les paroles de Pia me firent grogner alors que Lumytros revenait vers nous, torse nu et mettant en évidence une coupure plutôt impressionnante qui ne semblait pas le gêner outre sur mesure. J’haussai les épaules. J’avais toujours su que j’étais plutôt marginal, et les réactions des deux autres garçons me le confirmaient. Je n’étais pas du genre à être torse nu en public et le calme visible d’Acqua ne faisait certainement pas parti de ma personnalité.

- De toutes façons, ce n’est pas pour tout de suite, car vous n’êtes pas suffisamment échauffés. Ce n’était pas très efficace tout cela. On va commencer par cela. Donc une petite course ne vous fera pas de mal. Pas besoin d’aller vite, juste de trottiner. Lumytros, tu peux le faire doucement, sans te faire mal.

Pia nous fit courir une petite quinzaine de minute et je la suivis sans rouspéter, plutôt content que la baignade soit retardé. Bien que la course augmenta mon rythme cardiaque, je n’étais pas particulièrement essoufflé, étant habitué à de longues poursuites sur les toits d’Al-Far. Et lorsqu’on court pour sa vie, il n’y a pas meilleur adrénaline. C’était courir ou mourir et dans des cas comme cela, il semblait impossible de s’arrêter avant d’atteindre son but, en sécurité.

Elle compléta ensuite notre étirement, corrigeant nos mouvements en frôlant notre corps de ses petites mains. Heureusement, elle ne commit pas la désagréable erreur de toucher mon dos et les exercices se passèrent sans encombre, l’idée de plonger dans le lac ayant même disparu de mon esprit. Pia était une jeune femme douce, mais ferme, et sa manière de nous montrer, d’un calme étonnant, me plaisait bien. Cela était bien différent de ce à quoi j’étais habitué, mais ce n’étais pas désagréable. Lorsque son regard se posa sur moi, sa première question me revint en tête et je frémis.

- As-tu peur de l’eau ? Parce qu’il ne fait pas froid tu sais.

Je senti la colère monter en moi. Non seulement elle revenait sur ce sujet, que je croyais clôt et surtout, sur lequel je ne souhaitais pas particulièrement revenir, mais en plus, faisant fit de l’orgueil masculin, elle me demandait ouvertement, devant les deux autres, si j’avais peur. Je m’emportai donc, sans même me rendre compte que le ton de ma voix devenait excessivement fort.

- Suis-je le seul à remarquer que la température extérieur se réchauffe à peine et que l’hiver est encore à nos portes? Les pluies froides des derniers jours n’en témoignent donc pas? Si l’air parvient à se réchauffer, ce ne sera certainement pas le cas de l’eau, qui doit être encore bien froide en cette période de l’année. Elle ne sera peut-être pas glaciale, mais je suis certain qu’elle sera bien loin d’être confortable!

Je soupirai, sentant le rouge monter à mon visage par la colère subite qui me prenait. Je me calmai un peu avant de continuer, remarquant ma colère inutile et parvenant à la réprimer.

- Cela dit, je m’emporte peut-être un peu vite, c’est vrai. Je viens d’une région plus froide et je ne suis pas ici depuis assez longtemps pour en connaître le climat, ce qui fait que l’eau est certainement plus chaude que ce que je peux m’imaginer. Pour répondre à ta question, Pia, je n’ai pas peur de l’eau. Comme je l’ai dit, je sais nager, je dois même dire que j’aime ça. Mais je déteste l’eau froide, voilà tout.

- De toutes façons, ce n’est pas pour tout de suite, car vous n’êtes pas suffisamment échauffés. Ce n’était pas très efficace tout cela.

*Bien assez pour combattre en tout cas ...*

On va commencer par cela. Donc une petite course ne vous fera pas de mal. Pas besoin d’aller vite, juste de trottiner. Lumytros, tu peux le faire doucement, sans te faire mal.

Ainsi commença un petite trotte. Mais après quelques minutes, je commençais à me sentir le souffle plus court que d'accoutumée. La course pour rattraper les siffleurs était quand même bien plus épuisante que ça, et pourtant. Je commençais à sentir la plaie qui s’étirait, me lançant en même temps. Peu avant la fin, je senti une chaleur se diffuser doucement le long de mon flanc. La plaie avait dû se rouvrir légèrement. Rien de bien grave, du moins je l’espérait.

Je pris un instant pour passer un peu d'eau fraîche sous les bandages avant de rejoindre les autres à leurs séance d'étirement. Pia passait d'un élève à l'autre, corrigeant d'abords les plus gros défaut, allant en affinant les correction. Ces mains, qui lui était proportionnelle, semblait s'adapter à se qu'elle avait perçu de nous. C'est du moins ce qui me semblait. Elle prit soin de ne pas passer sur la plaie, et je m'étirait le plus progressivement et le plus doucement possible afin de ne pas déchirer de muscle, ni de trop étendre la peau...

Après une vingtaine de minute, Pia déclara la fin des étirements, planta son regard dans celui de Notch. Je pressenti alors la question qui allait venir :

- As-tu peur de l’eau ? Parce qu’il ne fait pas froid tu sais.

A l'instant où la question fusa, une montée de rage fit parler notch de manière quasi-belliqueuse :

- Suis-je le seul à remarquer que la température extérieur se réchauffe à peine et que l’hiver est encore à nos portes? Les pluies froides des derniers jours n’en témoignent donc pas? Si l’air parvient à se réchauffer, ce ne sera certainement pas le cas de l’eau, qui doit être encore bien froide en cette période de l’année. Elle ne sera peut-être pas glaciale, mais je suis certain qu’elle sera bien loin d’être confortable !

*Confortable ? C'est une histoire de confort ?...*

Las de ce qui ressemblait de plus en plus à un caprice, je ne put retenir une remarque à mi-voix :

- Va donc plonger dans un des torrent de la chaine du Poll. En reparlera de la température de l'eau après.

Le visage rougeoyant, Notch pris un instant pour calmer quelque peu ces hardeurs. Une fois plus détendu, il repris :

- Cela dit, je m’emporte peut-être un peu vite, c’est vrai. Je viens d’une région plus froide et je ne suis pas ici depuis assez longtemps pour en connaître le climat,

*Viendrait-il du nord ?...*

Ce qui fait que l’eau est certainement plus chaude que ce que je peux m’imaginer. Pour répondre à ta question, Pia, je n’ai pas peur de l’eau. Comme je l’ai dit, je sais nager, je dois même dire que j’aime ça. Mais je déteste l’eau froide, voilà tout.

Fatigué par ce refus fantasque, je posa un regard quelque peu hautain et dur sur Notch avant de me saisir de la parole. Mes mots sonnait avec un ton tant exaspéré qu'expéditif :

- Si l'eau est trop froide pour toi, tu peut toujours rentrer à l'académie prendre un bain chaud. Pour ma part, je plonge.

Sur quoi je fit quelques mouvements pour garder mes muscles au chaud, ne souhaitant pas recommencer la série d'exercices qui m'avait tant tiraillé les côtes. L'objectif était aussi de me vider l'esprit de ces enfantillages que même Julie ne faisait plus ...

Si la première remarque de Lumytros avait passé comme du beurre dans mon esprit, ne m'affectant pas du tout, la deuxième me donna l'envie de le frapper. Personne n'avait le droit de me parler comme ça. Et si Pia n'avait pas répliqué immédiatement, je lui aurais probablement sauté dessus, aveuglé par ma colère. Je m'étais juré que plus personne ne me parlerait de ce ton il y avait quelques années. Et si je renonçai à l'idée de le frapper, par respect pour Pia, surtout, je ne me laissai pas marcher sur le corps. Je ne pus m'empêcher de lui répondre d'un ton sec, avant de tourner mon regard vers Pia pour répondre à son commentaire.

— Je ne permettrais à personne, personne, entends-tu, dis-je en me rapprochant de Lumytros, de me parler comme tu l'as fait. J'ai du respect pour Pia, mais j'avoue que tu viens de perdre l'ombre de l'estime que j'avais pour toi. Tu ne sais pas qui je suis, tu ne connais pas mon histoire et je dénie à quiconque le droit de me juger. Toi le premier.

J'avais parlé d'un ton calme, mais inflexible. Dans mes yeux, une lueur mauvaise s'était mise à flamboyer et m'en rendant compte, je me retournai vivement. Contenant ma colère avec difficulté, je m'assis sur le sol pendant une minute. J'avais toujours eu des problèmes à contrôler ma colère, celle-ci me plongeant dans des crises impossibles à surmonter qui me rendaient aveugle au monde et me plongeaient dans un état de folie qui me faisait faire et dire des choses que je n'aurais jamais faites en temps normal. Comme mon père. Faisant une grimace à l'idée que mon perfide père avait le même problème que moi, je fermai les yeux, laissant le calme de l'endroit et la douce caresse du vent m'apaiser. Contrôler ma colère. Avant qu'elle ne m'envahisse, insurmontable. Avant de devenir l'ombre de moi-même, avant d'être tellement plongé dans ma folie que je pourrais tuer quelqu'un que j'aime à main nue. Après une minute, je me relevai doucement, plus calme, prêt à répondre à Pia.

— L'eau froide, glacée, peut tuer, même si l'on sait nager. J'en ai déjà eu l'expérience.

Je n'en dis pas plus. Je n'avais pas envie que personne ici, même pas Pia, qui n'avais pas semblé essayer de me comprendre, ne sache mon histoire. Elle avait essayé de comprendre le pourquoi du comment, oui. Mais elle n'avait pas essayé de me comprendre, je n'avais pas lu de compréhension dans ses yeux, ou rien qui pourrait y ressembler. J'avais vécu des choses dans mon passé qui dépassait l'entendement des deux personnes devant moi. Si, au premier abord, ces choses pouvaient sembler banales, la manière dont tout cela était arrivé, liée à mon histoire, avait eu des conséquences épouvantables sur moi. Ainsi, je paniquais dans une grosse foule et j'étais un peu claustrophobe. Je dédaignais à l'idée qu'on me touche sans mon consentement et pire, mon dos était une zone interdite à cent pour cent. J'avais de vieilles blessures qui me clouaient encore sur place, faute de ne jamais avoir pu avoir de convalescence pour m'en remettre convenablement, le milieu dans le lequel j'étais ne le permettais pas. Et, naturellement, j'avais peur de l'eau froide, sous toutes ses formes. À cela s'ajouta une colère noire héréditaire, une confiance en moi plus que minable camouflée derrière un franc parlé presque désagréable.

Contre toute attendre, je ne cherchais pas à me le camoufler. Je savais qui j'étais. La question qui avait suivi, juste avant ma réponse, resurgit dans ma tête. Claire et limpide. Harmonie, plénitude, paix intérieure et extérieure. Confiance en-soi. Liberté de corps et d'esprit. La question de Pia me ramena au fondement même des raisons pour lesquelles j'étais à l'académie et les derniers soupçons de ma colère s'évanouirent dans un soupir. Peu importe que Lumytros n'ait rien compris de l'idée du respect ou qu'il ne veuille rien savoir de mes difficultés. Je n'étais pas ici pour lui. Marchombre. En regardant Pia, la fluidité de ses mouvements et sa tranquille assurance, je me mis à l'envier. Peu importe les fantômes de son passé, peu importe ce qu'elle avait pu vivre, elle l'avait surmonté. Marchombre, elle était libre au-delà des mots et la simple idée de pouvoir, moi aussi, y arriver m'apaisa. Je serais marchombre. Une autre question suivit et avec un sourire calme, mes yeux ne déviant plus des pupilles turquoise de la jeune femme, je répondis avec un calme nouveau.

— Je suis ici pour me retrouver, pour vaincre mon passé et pour devenir celui que j'aurais dû être. Je suis ici pour la confiance, la liberté et la plénitude. Je suis ici pour me reconstruire. Je suis ici pour devenir moi.

Je n'avais pas répondu à sa première question, mais je ne l'oubliais pas pour autant.

— Un marchombre est un être libre, en harmonie avec le monde, mais surtout envers lui-même. C'est quelqu'un qui, au-delà de prouesses physiques incroyables, a appris à vivre en paix avec lui-même. Et c'est ce que je désire par-dessus tout.

Harmonie. Envers le monde et envers soi.

Je cessa rapidement les mouvement de chauffe quand le regard de Pia se fit dur à mon égard. Non que je ne m'y attendait point-bien au contraire- mais il aurait été mal venue de ne pas prêter attention au maitre. Le ton fut sec et n'autorisais nulle explications :

- Lumytros, je t'ai demandé ton avis ?

*Non, malgré son intérêt potentiel*

-Notch, ça veut dire quoi froide ? Dans tout Gwendalavir, à part dans les appartements des dessinateurs, tu ne trouveras jamais d'eau à la température de ton corps. Et puis, quelle importance ? Pourquoi le froid ? Je veux dire, c'est de l'eau. Froide ou chaude, ou tiède, elle réagit de la même manière.

Quand allions nous connaître le fin mot de cette histoire ? Alors que je m'apprêtait à méditer à la questions, trois autres la remplacèrent :

- Qu'est-ce qu'un Marchombre, selon vous ? Quelle est votre perception ? Pourquoi êtes-vous ici ?


Mais plutôt que de me focaliser sur ces questions- importante s'il en est-, j'attendais le retour de flamme qui viendrait de Notch. S'il avait tenté de faire renoncer Pia, nul doute que je n'avait, à ces yeux, pas mon mot à dire.
Le ton sec qu'il employa dissimulait mal la colère qui bouillait en lui, et que ces yeux tendait à confirmer :

— Je ne permettrais à personne, personne, entends-tu, de me parler comme tu l'as fait.

Il était arrivé à portée de frappe, ce qui me mit naturellement sur la défensive. Je faisait preuve de concentration, et à cet instant, seul ce périmètre d'à peine un mètre ou deux existait autour de moi. Mon regard n'exprimait plus l'ombre d'un sentiment.

- J'ai du respect pour Pia, mais j'avoue que tu viens de perdre l'ombre de l'estime que j'avais pour toi. Tu ne sais pas qui je suis, tu ne connais pas mon histoire et je dénie à quiconque le droit de me juger. Toi le premier.

*La réaction classique.*

Il se retourna et alla s’asseoir au sol quelques instant. Il semblais peu a peu se calmer. Je retrouvait alors enfin la conscience de mon environnement, mon regard repris alors sa lassitude et sa réflexion habituelle. D’instinct, je sifflait Névéra, qui arriva quelques instant après. Je m'installait calmement sur place, en tailleur, caressant doucement le corbeau qui se trouvait là.
A cet instant, Notch se releva, se tourna vers Pia et dit :

— L'eau froide, glacée, peut tuer, même si l'on sait nager. J'en ai déjà eu l'expérience.

Enfin une réponse. Un mystère de résolu. Il en restait encore bien d'autres, mais cela viendrait en temps voulu. Il semblait s'apaiser a vue d'oeil face a Pia, et sembla prêt à prendre la parole, afin de répondre aux questions posées plus tôt.

J'écoutais d'une oreille distraite. Il avait ces raisons d'être là, et celle-ci ne me concernait pas outre mesure. J'étais heureux de sa réaction, qui était celle d'aller de l'avant, et de faire confiance au maître. Avouer une phobie n'était jamais chose aisée.
Je me penchait ensuite sur un autre axe de pensé, celui demandé par Pia. Me plongeant dans une profonde réflexion, caressant Névéra, je m'attendait presque à ce que Julie ou Amy -voir même les deux de concerts- viennent me tirer de mes réflexions pour que je joue avec elles.
A la pensée de mes sœurs, je sentit malgré moi un sourire de dessiner au coin de mes lèvres, et mes yeux choisir de prendre leurs rare mais non moins chaleureuses couleurs de l'or vieillit.
je me ressaisit sur l'instant, et, prenant soin de choisir mes mots, me cantonna au minimum, afin d'éviter de trop imposer ma présence.

Alors que je sortait de mon isolement méditatif, je me rendit compte que Notch avait fini depuis un petit moment, et que Pia semblait attendre ma réponse. Parlant d'une voix calme, je continuait de caresser Névéra, tourna mon regard vers le maître, et commença à répondre.

- Machombre. Un mot, un être et une philosophie. Libres, harmonieux, accomplis. Voilà ce qu'ils sont pour moi.

Mon regard se planta dans celui de celle qui m'écoutait. Une volonté digne et féroce m'habitait. Nul n'aurait alors sut me faire taire ou m'arrêter. Je poursuivit alors sur le même ton :

- Je suis ici pour m'accomplir, apprendre, être libre. Mais aussi pour retrouver la douceur de mes yeux et mon sourire fraternel.

Il n'y avait rien à ajouter selon moi. Qu'importe ce qui se passerais ensuite, j'étais sûr d'une chose. Malgré les foudres que je m'était attiré, et quoi qu'il puisse se passer ensuite, je me sentait à ma place.

Bon, et bien Notch n'a vraiment pas l'air d'aimer l'eau. Si Pia n'avait pas calmé le jeu, il se serait vraiment énervé. Mais apparemment, nous ne nous sommes pas échauffés correctement. La baignade n'est donc pas prévue pour tout de suite.
Nous courons donc pendant une quinzaine de minutes, puis nous nous échauffons une deuxième fois. Cette fois, le maître passe entre nous pour nous corriger quand nous faisons des erreurs. Ses mains minuscules me guident dès que je fais une erreur. Au bout d'une vingtaine de minutes, Pia s'adresse de nouveau a Notch:
"As-tu peur de l'eau? Parce qu'il ne fait pas froid tu sais."
Je me raidis légèrement. La, elle a fait une erreur de tact. Et ça ne manque pas: Notch rougit, s'énerve et fait un monologue sur la température de l'eau. Lumytros fait une remarque qui me fait de nouveau grimacer. Suis-je la seule personne dotée de la plus élémentaire notion de la diplomatie ici? Soudain, Notch s'arrête, respire et semble se calmer. Il dit qu'il aime nager, mais qu'il déteste l'eau froide. Je me demande quel genre de mauvaise expérience il a eu avec l'eau froide par le passé.
Lumytros lance un nouveau commentaire railleur:
"Si l'eau est trop froide pour toi, tu peux toujours rentrer a l'Académie prendre un bain chaud. Pour ma part je plonge."
Je pousse un soupir. Décidément...
Ça ne semble pas plaire a Pia qui le remet sèchement a sa place. Et encore moins a Notch, qui s'approche de Lumytros l'air menaçant. Bon, et bien ces deux là ne vont pas s'entendre. Pas du tout. Après s'être défiés du regard, Notch regagne sa place, se contenant. Soudain, Pia change  radicalement de sujet:
"Qu'est ce qu'un marchombre selon vous? Quelle est votre perception? Pourquoi êtes vous ici?"
Notch répond en premier. Puis viens le tour de Lumytros.
A moi de prendre la parole. Ils m'ont sûrement presque oublié, occupés qu'ils étaient à se disputer. C'est toujours comme ça.
"Ah la la, a peine une heure que vous vous connaissez, et déjà c'est le chaos. Super!" dis-je ironiquement.
"Pour ma part, marchombre est synonyme d'harmonie. Harmonie du corps, Harmonie de l'esprit, Harmonie avec la Nature. Je suis ici en quête de cette Harmonie qu'ont perdu les hommes, et on m'a dit que c'était ici que j'avais le plus de chance de la trouver."
D'un coup, j'ai l'impression que tous les regards sont braqués sur moi. J'espère que je n'ai pas rougit.

P.S.
Désolé pour la faible longueur et qualité, mais j'ai écris ça a deux heures du mat sur mon portable ^^

Si je ne portai aucune attention a la réponse de Lumytros, cette d’Acqua me fis sourire. Je n’avais pas cherché à ce que ma relation s’envenime avec Lumytros, mais je n’étais pas du genre a accepter de me faire insulter comme ça sans rien dire, et ce ne serait probablement jamais le cas. C’était dans ma nature, et de toute façon, j’avais la profonde conviction qu’on ne pouvait pas aimer tout le monde dans la vie, même si ces gens étaient comme nous. Marchombre. Ma relation avec Lumytros pouvait encore s’améliorer, et je ne demandais que cela, mais jusqu’à maintenant, il n’avait absolument rien fait pour mériter mon pardon et l’air supérieur qu’il présentait était loin de me plaire. Je ne souhaitais pas créer une compétition avec lui. Ce n’était pas mon but, au contraire, je souhaitais seulement l’oublier, au moins pour le cours.

La question de Pia me tira un petit sourire. Visiblement, elle ne se contrerait pas du minimum concernant nos réponses et c’est avec cette idée en tête que je plongeai dans mes pensé, incertain de la réponse à lui donner qui, cette fois, me vint beaucoup moins instinctivement. La liberté était un concept abstrait et pourtant, ce concept existait, était réel. Il pouvait se traduire par l’autonomie, l’indépendance, mais pour moi, ce n’était pas seulement cela. Je soupirai, incertain de savoir comment m’exprimer. Et soudain, c’est justement cette incertitude qui se transforma en réponse dans ma tête.

- Je ne sais pas, en général, ce qu’est la liberté. Je sais en revanche ce qu’est la liberté pour moi.

Sachant pertinemment que c’était la question même que Pia avait posé, je souris, continuant.

- Pour moi, la liberté vient de l’esprit. C’est le fait de ne pas se bloquer soi-même dans ses pensés et dans ses actions. C’est le fait d’être capable de prendre une décision sans s’en sentir coupable et d’avoir la liberté physique d’y parvenir, c’est-à-dire que ce n’est pas les limites du corps qui nous retiennent. La liberté commence par la confiance en soi et ne s’arrête jamais, car si on n’a pas confiance en soi et en ses capacités, je ne crois pas qu’il est possible d’être libre.

Je n’étais pas certain à cent pour cent de ma réponse, mais je ne croyais pas pouvoir être plus précis pour l’instant. Je touchais à peine à cette idée de liberté et je ne la connaissais pas assez pour m’étaler sur le sujet pendant des heures. Je savais que les idées de Lumytros et d’Acqua pourraient m’inspirer davantage, mais il semblerait que j’eu été le premier à être prêt a m’exprimer, ou ils avaient tout simplement attendu ma réponse, ou peu importe, cela n’importe pas vraiment. Beaucoup plus calme, ayant retrouvé ma sérénité, j’attendis d’entendre la suite, intéressé.

Les autres semblent avoir plutôt bien pris mon commentaire, puisqu'il leur tire à tous les deux un sourire. Je souris en retour. Après avoir entendu nos réponses à tous les trois, Pia nous pose une autre question:
"D'accord, mais du coup, encore une petite question: qu'est ce que la liberté, actuellement, pour vous? Vous dites libres... Libres de quoi? Libres comment?"
Ouh la... Je pense que je vais laisser les deux autres répondre avant moi. L'Harmonie, je connais, mais la liberté?
C'est Notch qui réponds en premier:
"Je ne sais pas, en général, ce qu’est la liberté. Je sais en revanche ce qu’est la liberté pour moi. Pour moi, la liberté vient de l’esprit. C’est le fait de ne pas se bloquer soi-même dans ses pensés et dans ses actions. C’est le fait d’être capable de prendre une décision sans s’en sentir coupable et d’avoir la liberté physique d’y parvenir, c’est-à-dire que ce n’est pas les limites du corps qui nous retiennent. La liberté commence par la confiance en soi et ne s’arrête jamais, car si on n’a pas confiance en soi et en ses capacités, je ne crois pas qu’il est possible d’être libre."
Je souris une fois de plus. Il dit ça pour moi? Je ne suis pas entièrement d'accord, mais c'est sa réponse, sa perception, sa liberté.
Cette réponse semble plaire a Lumytros, qui se lève brusquement :
"Belle réponse, du moins trouve-je"
Avant de tendre la main a Notch d'un geste de réconciliation. [Geste que Notch accepte?]
Sa réponse a lui est longue et compliquée. Il vient d'une famille de riche ou quoi? De par son physique, on ne dirait pas, mais être capable de tenir un discours comme ça... Il utilise des mots que je ne comprends pas! Peut-être que c'est moi qui manque de culture... Ce ne serait pas étonnant, quand on a passé son enfance en ermite.
D'un coup, je me rend compte que tout le monde attends ma réponse.
"Pour moi, la liberté est quelque chose qui diffère selon les personnes. Ma liberté, elle est de pouvoir faire usage de mon corps comme il me semble, et de vivre comme je le souhaite. Pour moi, les lois ne veulent pas dire grand-chose, ce sont juste des mots sur des feuilles que personne ne connait ni ne respecte, donc elles n'ont pas a interférer avec ma liberté. Voilà."
Je suis gêné. Je suppose que cette séance de questions-réponses est obligatoire pour permettre au maître de mieux nous connaître et nous comprendre, mais c'est pour moi assez désagréable de devoir parler devant tout le monde. Enfin... Ils ne sont heureusement que trois.

- Notch... Je comprends ta définition, et elle est très bien. Mais dans ce cas, est-ce que tu aspires vraiment à la liberté ? Car ce que tu as fait et ce que tu exiges par rapport à l'eau est complètement en opposition avec ton opinion...

Lumytros, simple question : tout le monde n'a pas les mêmes vertus morales. Comment définirais-tu, dans ce cas, qui est libre et qui ne l'est pas ? Pour une personne, l'autre peut être grossière tandis que pour elle, elle est simplement libre. Je ne comprends pas comment tu peux associer la moralité dans la liberté, tu crois que tu ariverais à développer ?

Acqua, quand à toi... Ta définition est claire et s'applique à toi. Tu ne crois pas que les lois ont un sens, qui est justement après plus de l'ordre du moral commun ? Du moral sociétal ? Est-ce que, du coup, tu parlais du moral sociétal, Lumytros ?




[ Désolée, pour encore ce mois de retard... Je promets que désormais, tous mes problèmes compliqués sont réglés ! ]

Je ne comprends même pas ce qu'elle veut dire. Le moral sociétal? Je répond prudemment.

"J'ai vécu a Al-Far. La ville est régie par des lois tacites, que tout le monde connait mais dont personne ne parle. La loi de l'empereur n'est pas respectée, et pourtant un certain ordre subsiste, la cité ne s'écroule pas. La Loi, dictée par des gens soi-disant important et respectable, je ne la reconnaîs pas, et si elle essaye d'interférer avec ma liberté je la méprise. L'homme n'a selon moi pas besoin de gens qui nous dictent ce que l'on n'as pas le droit de faire pour s'organiser."

[ Bon, et bien on continue sans les autres alors ! ;)J'espère qu'on va pouvoir avancer un peu mieux ]