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 When violence causes silence [Lib, Pan, Gil]

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MessageSujet: Re: When violence causes silence [Lib, Pan, Gil]   When violence causes silence [Lib, Pan, Gil] - Page 2 Icon_minitimeLun 26 Jan 2015, 03:03

≈≈≈ Naïs ≈≈≈

Alors que je retrouve peu à peu une respiration normale, tout se déroule très vite. La question de Seth reste encore en suspens dans l’air quelques secondes. Miin, apparemment inquiet, glisse une mèche derrière mon oreille d’une main tandis qu’il pose l’autre sur mon ventre encore plat. Et meeeerrrde ! Il venait de comprendre et un simple regard échangé avec Libertée – sa fille, ma demie sœur – suffit pour que la marchombre réalise à son tour la situation. Et évidemment, il fallait qu’elle ramène son grain de sel ! Je soupire d’exaspération la voix de de la jeune femme s’élève joyeusement pour annoncer que je suis enceinte, ce à quoi l’exclamation de Pan se teinte à la fois de surprise, d’inquiétude et de colère. Merveilleux ! Cette fille est vraiment incapable de réfléchir plus loin que le bout de son nez ! Une envie de meurtre brûle doucement au fond de moi, mais le silence tendu me ramène très vite à la réalité.  

- « Je le suis » murmurais-je en passant une main dans mes cheveux « Je suis enceinte »

En s’asseyant un peu trop brutalement sur la table sous l’effet de la surprise Seth manque de renverser toutes les assiettes. Rien que d’imaginer le petit sourire triomphant sur les lèvres de la marchombre, j’ai soudain très envie de lui tordre le cou. Si je n’avais rien dis, rien avoué à personne – pas même à Pan, pourtant le principal concerné – c’était parce que j’avais mes raisons ! Déjà, cette grossesse avait en quelque sorte accélérée l’apparition des symptômes – comme elle les avait aggravés pour Imaëlle. Ensuite, alors que la maladie commence à me ronger de l’intérieur, je ne suis même pas certaine de mener cet enfant à terme. Enfin, avoir ce bébé pouvait tout aussi bien me tuer, exactement comme ma mère. Si mes yeux avaient pu lancer des éclairs, il y a longtemps que Libertée aurait fini en petit tas de cendres insignifiant.

- « Hein ? C’est une blague là Naïs ? » intervint Atal avec une once de colère dans la voix « Non seulement tu risques ta vie, mais en plus celle de l’enfant que tu portes ! » s’emporte-t-il, coupant littéralement l’herbe sous le pied de Pan « Mais à quoi tu penses, merde ?! »

Pinçant les lèvres, je fronce un instant les sourcils, surprise que mon frère se mette à crier de la sorte. Aussi loin que remontent mes souvenirs, il ne s’était jamais mis en colère de la sorte, gardant un sang-froid que j’avais toujours admiré chez lui. Secouant toute seule la tête, je relève le menton.

- « Cet enfant, Atal, il peut aussi bien me tuer, comme Imaëlle » répliquais-je avec amertume en pesant chacun de mes mots.
- « Arrêtes, t’es plus forte que ça ! » rétorque aussitôt Atal d’un ton dur.
- « Je n’en sais rien » soupirais-je en me mordant la lèvre inférieure presque jusqu’au sang.

Parce qu’il n’y a rien de plus vrai. J’ignore totalement ce qui allait se passer, ni ce que j’allais devenir. Je sais juste que je meurs lentement et qu’il n’y rien que personne puisse faire contre cette fatalité. L’idée est insupportable que j’allais inévitablement devenir l’ombre de ce que j’avais été. C’est fou comme une foule de sentiments contradictoire lutte au fond de moi : d’un côté, je flippe à mort de finir seule et misérable tandis que de l’autre je ne veux pour rien au monde qu’ils me voient tous dépérir. Une boule se forme dans ma gorge tandis que Pan bout littéralement, tout prêt à exploser. Depuis que je le connais, lui non plus ne s’était jamais mis en colère. Et pourtant, aujourd’hui, tout vacille.

- « Et maintenant ? » lui demandais-je à Pan, en me tournant à peine vers lui « Tu vas faire quoi ? Me secouer ? Te mettre en colère pour avoir risqué ma vie et celle de notre enfant ? » questionnais-je avec une pointe d’appréhension « Ou alors tu vas partir, toi aussi ? Peut-être que c’est tout ce que je mérite au fond, non ? Quand on y réfléchit, à chaque fois que je me suis attachée à un homme, au point parfois d’en tomber amoureuse, c’est exactement comme ça que ça s’est terminé » ajoutais-je d’une voix vide, presque terrifiante.

Une vague d’émotions me tord les boyaux, m’englobant toute entière dans une bulle fragile au bord de l’explosion. J’avais oublié qu’être sans arrêt à fleur de peau fait partie intégrantes des joies de la grossesse – et ça ne m’avait pas trop manqué à vrai dire ! Quatre mois et demi que les hormones jouent avec mes nerfs, jour après jour, et le pire, c’est que c’est loin d’être fini ! Fermant un instant les yeux pour juguler les émotions qui menacent de me submerger, je déglutis avec difficulté.

- « Je ne sais pas ce que j’ai fait, je me le demande tous les jours. Surtout qu’apparemment je ne mérite ni respect » continuais-je en songeant un instant à Samoan « Ni honnêteté » achevais-je en tournant la tête vers Gil assez longtemps pour qu’il comprenne.
- « Naïs… » soupira Atal.

La voix vibrante et presque compatissante de mon frère fait remonter de nombreux souvenirs que j’aurais voulu garder enfouis pour l’éternité. Inspirant avec difficulté, je me lève brusquement et me précipite à la fenêtre pour laisser la brise d’hiver, fraîche et légère, effleurer mon visage.

- « Non, Atal, tais-toi ! » répliquais-je d’une voix rauque « Tu es toujours le premier à dire que je suis compliquée, mais tu devrais aussi te souvenir que J’AI enterré ceux qui m’ont élevé et aimé ainsi que mon fils. Morgan est mort parce que son père avait simplement décidé qu’un enfant de cinq mettait en danger sa réputation. Je peux encore sentir leur sang sur mes doigts » m’exclamais-je tandis que de chaudes larmes coulent désormais sur mon visage « Et Makeno ? » trouvais-je la force de demander à Gil en me tournant vers lui, toujours appuyé sur le rebord de la fenêtre « Qu’est-ce qu’il a de moins que le gosse de Lib ? Je ne voulais pas d'un autre gosse, pas plus que toi ! Je ne te demandais pas la lune, juste d’être présent pour lui. Parce que c’est qu’aurait fait un adulte responsable ! »

M’essuyant les yeux d’un revers de bras rageur, je relève le menton tandis que Miin s’approche doucement d’un pas hésitant. Sa main tendue, presque rassurante, achève de faire s’écrouler toutes mes murailles. Je recule, me dérobant à son contact.  

- « Mais par la sainte culotte de l’Empereur, arrêtez un peu d’essayer d’être compréhensifs ! Vous ne savez pas ce que ça fait de sentir son monde s’écrouler. Vous ne savez pas ce que ça fait d’être détruit de l’intérieur quand une partie de vous vole en éclats ! Vous ne savez pas l’effet que ça fait de perdre toute confiance en soi, ni à quel point ça fait mal de réapprendre à faire confiance, à aimer » hurlais-je presque « C’est moi qui suis condamnée à mourir lentement ! Pas vous ! »

Avec toutes ses larmes, j’ai presque du mal à respirer. Incapable de soutenir tous ces regards partagés entre l’inquiétude, la colère et la compassion, je m’engouffre par la fenêtre et me hisse sur le toit pour partir en courant, en laissant mes pas me guider instinctivement. Seule, j’avais besoin d’être seule un moment. Fichues hormones !



Etrange comme cette maison, qui avait hanté mes cauchemars durant de longues années, m’apaisait désormais. A peine arrivée, je m’étais affalée dans l’escalier de bois dont le grincement sonore m’était si familier. J’avais pleuré, longtemps. C’était sûrement mérité, ces saletés d’hormones me rendent vraiment odieuse ! Epuisée et entourée par la présence invisible et rassurante de Thiméo, Louanne et Morgan, à l’endroit même où je les avais trouvés gisants dans leur sang, je m’étais probablement assoupie car la nuit avait déjà étendu son voile sombre sur la ville. Dehors, les rues sont silencieuses, d’un calme parfaitement serein. Fermant les yeux un instant, je replie mes jambes sur moi-même. Un formidable mal de crâne bat mes tempes à force d’avoir trop pleuré. Génial ! Passant une main sur mon front, je relève soudain la tête alors qu’un bruit de pas s’approche tranquillement. Une démarche que je reconnais entre mille.





[Viveuuuuh les hormones xD Moi je dis, pour la peine, débrouillez-vous avec ça   ]
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MessageSujet: Re: When violence causes silence [Lib, Pan, Gil]   When violence causes silence [Lib, Pan, Gil] - Page 2 Icon_minitimeLun 26 Jan 2015, 20:07

[ Tadaaaaaammm ! Bonne chance pour la suite xD ]


Elle l’était.
Naïs était enceinte. Et apparemment, de lui, cette fois-ci.
Cette nouvelle laissa Pan sans voix, et totalement ahuri. Incapable de faire quoi que ce soit, incapable de ne serait-ce que dire un seul mot. Il ne pouvait que se contenter de fixer Naïs.

Est-ce que ses neurones s’étaient déconnectés ?
Ou bien son cerveau avait peut-être explosé sous la  pression sanguine ? Ou alors il s’était gelé lui-même. Il ne savait même plus, impossible de faire un seul geste.
Ce fut un ultime réflexe qui le tira de ce mauvais pas. Un réflexe qui l’obligea à respirer.

- Cet enfant, Atal, il peut aussi bien me tuer, comme Imaëlle.
- Arrêtes, t’es plus forte que ça !


Je ne sais pas.
C’était tout ce qu’elle avait été capable de répondre. C’était tout ce qu’il était capable de penser.
Envolée, sa colère. Envolé, sa rage. Envolé, sa frustration.
Il allait peut-être être papa. Non. Il voulait être père ! Il le lui avait déjà dit, ils avaient déjà eu cette conversation ; et il n’avait jamais espéré que finalement elle tombe enceinte.

Surtout pas dans ces conditions.

Et maintenant ? demanda Naïs en se tourna à demi vers lui, sans vraiment le regarder, sans vraiment lui parler mais en s’adressant directement à lui. Tu vas faire quoi ? Me secouer ? Te mettre en colère pour avoir risqué ma vie et celle de notre enfant ?

Non.
Il en était tout simplement incapable.
Il en avait envie pourtant. Il n’aspirait qu’à se mettre en colère, qu’à sortir ce qu’il avait sur le cœur ; il n’aspirait qu’à communiquer enfin, vraiment, avec l’Envoleuse !

- Ou alors tu vas partir, toi aussi ? Peut-être que c’est tout ce que je mérite au fond, non ? Quand on y réfléchit, à chaque fois que je me suis attachée à un homme, au point parfois d’en tomber amoureuse, c’est exactement comme ça que ça s’est terminé.

Oui, ça, c’était un fait. Libertée le lui avait même reproché juste avant qu’ils ne se lancent à l’assaut de la maison pour retrouver Makeno. Mais lui, il n’avait rien à voir avec ces humains ! Comment pouvait-elle le comparer à ces monstres ? Ne lui faisait-elle donc pas confiance ? N’avait-il pas suffisamment vécu avec elle, avec ses enfants, sa famille même pour s’en apercevoir ?
Il pouvait bien comprendre qu’elle se méfie, évidemment, avec tout ce qu’elle avait vécu ! Mais de là, après plus de deux ans à être à ses côtés, à ne toujours pas lui faire confiance… En même temps il la comprenait, et en même temps il était profondément frustré.


- Mais par la sainte culotte de l’Empereur, arrêtez un peu d’essayer d’être compréhensifs ! Vous ne savez pas ce que ça fait de sentir son monde s’écrouler. Vous ne savez pas ce que ça fait d’être détruit de l’intérieur quand une partie de vous vole en éclats ! Vous ne savez pas l’effet que ça fait de perdre toute confiance en soi, ni à quel point ça fait mal de réapprendre à faire confiance, à aimer.

Là, on en arrivait carrément à un point ou clairement, Pan avait l’impression que Naïs délirait totalement : son discours était totalement incohérent. Elle leur demandait de ne pas être compréhensifs, et leur reprochait à la fois de ne pas la comprendre…
Il fronça les sourcils alors que l’Envoleuse s’échappait par la fenêtre. Cependant, il bloqua de son large bras et de sa main ouverte le passage de ceux qui auraient voulu la suivre.

- Non ! Aucun de vous ne bougera d’ici tant que je ne serai pas revenu avec Naïs, c’est bien clair ? tonitrua-t-il puissamment. Et si je vois l’un d’entre vous débarquer, je lui arrange le portrait !


§§


Il n’avait pas l’intention de rejoindre Naïs tout de suite, car il savait qu’il avait besoin de réfléchir d’abord.
Il savait aussi où elle se rendait ; cela lui paraissait même évident. Il prit donc la direction de la maison d’un pas, qui s’il n’était pas tranquille, avait au moins le mérite d’être lent.
S’asseyant contre un mur proche de la cour de la maison, il la détailla un long moment.

Il essayait de réaliser.
Naïs était enceinte. Naïs était malade.
Ces deux choses, déjà, l’une dans l’autre, n’étaient pas faciles à avaler. Que Naïs soit enceinte le ravissait, il avait cette chaleur douce dans son ventre qui était la preuve qu’il se réjouissait à ce propos. Cependant, l’attitude de cette dernière l’inquiétait : Pourquoi prenait-elle autant de risques alors qu’elle devait déjà l’apprécier, elle aussi, ce bébé ?
Était-ce pour se sentir vivante une dernière fois ? Parce qu’elle ne cessait d’envisager le pire ? Parce qu’elle avait envie de profiter de ses derniers instants – mais non, ce n’étaient pas ses derniers instants ! Il devait bien y avoir un moyen de faire quelque chose contre cette fichue maladie !

Dans son monde, chaque maladie était traitée par la nourriture. Tu es ce que tu manges, voilà l’adage de son peuple. Si quelqu’un tombait malade, même d’une maladie incurable en apparence, changer son régime alimentaire réduisait les symptômes, et même parfois les faisait disparaître. Si une grossesse augmentait les symptômes, ce qui donnait l’impression – et peut-être que c’était vrai – que la maladie progressait, cela devait être une histoire d’hormones dans la viande, non ? Dans ce cas, il savait que sa mère aurait préconisé de ne plus manger de viande.

A demi effondré contre le mur, les épaules voûtées, Pan ne cessait d’osciller entre l’espoir et la colère. Espoir que Naïs puisse aller mieux, quoi qu’elle en dise, et colère qu’elle lui cache toujours autant de choses. Au sujet des autres, peu importait. Mais au sujet d’eux deux ! C’était son enfant aussi, a priori, il avait autant de responsabilités qu’elle !

Soudain, l’Envoleur se redressa.
Il faisait presque nuit, et il n’avait pas vu les heures passer. Prenant une grande inspiration, il haussa les épaules : il se fichait bien que Gil ou Atal s’inquiète. Par contre, moins pour Seth et Makeno, et il devait aussi retrouver Naïs pour eux. Il les aimait, ces bonhommes. Il ne pouvait pas être un père pour Seth, mais il s’était rapproché du jeune homme ; et il considérait Makeno comme son fils.
Il voulait penser à eux aussi. A lui-même. A Naïs. A lui et Naïs.

Époussetant rapidement son pantalon, l’Envoleur serra les poings dans sa nouvelle résolution, et entra dans la cour de la maison pour passer finalement par la porte d’entrée en la poussant doucement.

Il fut soulagé de voir Naïs à l’intérieur. Il avait été presque certain qu’elle serait là, et il avait eu raison, c’était déjà cela. Même si elle était imprévisible, il la connaissait un peu malgré tout.
Assise sur l’escalier, elle avait les joues roses et les yeux rouges, le nez plus foncé qu’à l’accoutumée. Elle avait pleuré, et sans doute longtemps.
Un soupir franchit les lèvres de l’Envoleur, qui la rejoignit en quelques enjambées, pour s’asseoir à côté d’elle.

Il voulait être en colère. Il voulait lui montrer.
Mais devant elle, recroquevillée sur elle-même, tremblante des larmes qu’elle avait versées, il en fut incapable. Fermant les paupières, Pan prit une inspiration, avant de passer son bras autour des épaules de Naïs pour venir la blottir contre lui.

- Naïs… soupira-t-il. - Ecoute-moi bien, dit-il dans un murmure en saisissant son menton entre son majeur et son index pour tourner sa tête vers lui. Je t’aime, lâcha-t-il d’un voix tendre et vibrante. Je t’aime, j’aime Seth, et j’aime Makeno. J’ai élevé avec toi Makeno ; cela fait plus de deux ans que l’on se connaît.

Il hésita. Pour continuer, finalement, d’une voix grave, en lâchant son menton.

- Je peux comprendre que tu ne me dises pas tout. Mais ce qui me concerne ? Cet enfant, tu l’as dit, c’est le nôtre. Tu n’as pas besoin de le mettre en danger, de te mettre en danger, de vous mettre en danger pour être vivante, tu sais ? d’un geste, il la coupa avant qu’elle ne réplique. Non, laisse-moi finir ! Tu veux qu’on arrête d’être compréhensifs, et en même temps tu es terrifiée de savoir que l’on pourrait d’abandonner, si l’on ne va pas dans ton sens…

Un petit sourire en coin étira ses lèvres, mais il était à moitié triste.

- Tu sais, y’a un truc qu’on appelle la communication. Ma mère m’a toujours dit que les traumatismes, ça se surmontait en parlant. Il ne faut pas garder les choses pour soi ; et en ça je suis heureux que tu aies enfin lâché tout ce que tu avais sur le cœur.

Il déposa un baiser sur son front, avant de continuer.

- Alors, maintenant, tu vas aussi te mettre à notre place : comment aurais-tu réagi si Seth ou Makeno avait été atteint d’une maladie telle que tu m’as décrite la tienne ? Est-ce que tu les aurais aimé moins ? Aimé autrement ? S’ils l’avaient su, s’ils avaient mis leur propre vie en danger, et celle des gens qu’ils aimaient, comment aurais-tu réagi ?

Tu te rends compte qu’on t’aime ? On t’aime, bon sang ! Ca ne se voit pas assez ? Chacun avec son caractère et son vécu ! Parce que nous non plus, on n’a pas eu une vie toute rose, chacun a dû surmonter ses propres difficultés, ses propres démons, et justement, mon amour, leur amitié à tous, passe bien au dessus de tout ça. Et toi, tu ferais quoi pour nous, finalement ? Pose-toi la question.

Je trouve injuste que tu en veuilles autant à Gil, d’ailleurs. Vous avez eu Makeno, c’est un fait, mais il n’en a jamais voulu. Et il aurait été là, ça aurait certainement été pire ; vous n’êtes pas fait l’un pour l’autre à long terme, vous êtes trop passionnels. Ce n’est pas que sa faute à lui, c’est aussi la tienne. Est-ce que pour autant il faut que tu sois fâchée ? Regarde, il a évolué, il souhaite toujours t’aider et t’apporter ton soutien, comme un ami. Tous les hommes ne peuvent pas être à tes pieds, Naïs. Accepte que parfois, l’amitié est le meilleur des remèdes. Moi je trouve ça déjà très surprenant qu’il fasse encore attention à toi, qu’il s’inquiète toujours autant pour toi, en toute connaissance de cause. Il a l’air heureux avec Libertée, pourquoi ne te réjouis-tu pas pour eux ? Tu ne peux donc pas te contenter d’une amitié sincère ? Il t’as fait des mauvais coups, mais toi aussi tu lui en as fait des vertes et des pas mûres !


Il s’était redressé et sa voix était montée doucement, et pourtant il tenait toujours fermement Naïs par les épaules. Oh, il était conscient que si elle voulait vraiment s’enfuir, elle le ferait sans mal, mais c’était à lui de lui dire ce qu’il avait sur le cœur, maintenant.

- J’ai réfléchi à cette maladie dont tu as parlé. Dans mon monde, on  soigne les symptômes et les syndromes grâce à la nourriture. Tu as dit que ton état avait empiré la maladie, ça doit donc sans doute être lié aux hormones. Et la seule nourriture liée aux hormones, c’est la viande… et certaines algues. Je pense que tu devrais essayer d’arrêter de manger de la viande. Parce que je n’ai aucune intention que tu meures de maladie ! Ni que tu meures tout court d’ailleurs.

Il la serra plus fort contre lui, en fermant les yeux.

- Voilà, je crois que j’ai fini, finit-il pas murmurer dans ses cheveux.
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MessageSujet: Re: When violence causes silence [Lib, Pan, Gil]   When violence causes silence [Lib, Pan, Gil] - Page 2 Icon_minitimeMar 27 Jan 2015, 16:13

≈≈≈ Naïs ≈≈≈

Pan. Cette démarche si familière, ce ne pouvait être que lui, Pan. D’un côté, je suis profondément soulagée qu’il soit là, m’entourant de sa présence apaisante. Mais de l’autre, ça m’aurait fait du bien de rester seule un peu plus longtemps. Parce qu’au fond de mon ventre je peux toujours sentir cette boule d’émotions et de sentiments profondément contradictoires. Sans queue ni tête. Insensé. Et surtout décuplé par les hormones. Aussi loin que je me souvienne, lorsque j’étais enceinte de Seth et Morgan, je m’emportais également pour n’importe quoi. J’avais été invivable ; surtout que j’avais une bonne raison pour le coup ! Une raison qui m’avait rongée de l’intérieur – comme cette maladie – et qui avait achevé de me détruire complètement, totalement, lorsque Morgan et mes parents furent tués.

Tandis que l’Envoleur s’approche lentement, je relève le menton comme pour le suivre du regard. Un vieux réflexe alors que j’avais perdu la vue longtemps auparavant. Dans le silence de la nuit, il s’installe sur une marche de l’escalier, juste à côté de moi. Si proche. Me recroquevillant un peu plus sur moi-même, je garde les yeux clos durant de longues secondes. Jusqu’à ce que les doigts de l’homme me forcent doucement à lui faire face. Un incroyable mal de crâne bat mes tempes et je ne suis pas certaine d’avoir vraiment envie d’entendre des reproches que je m’infligeais bien assez à moi-même. Toutefois, lorsque la voix de Pan s’élève, chaude et vibrante, je hoche imperceptiblement la tête.

Je t’aime.
Je t’aime aussi.

Ses premiers me frappent pleine poitrine tandis que je déglutis avec difficultés. Il parlait sans agressivité, ni même une once de colère dans la voix alors qu’il aurait dû s’énerver – c’est même probablement ce que j’aurais fait à sa place. J’ouvre un instant la bouche pour répliquer. Oui, j’avais risqué ma vie aujourd’hui. Oui, j’avais voulu croiser la mort. Et ce malgré la vie qui se développe en moi, déréglant mon organisme tout entier. Est-ce que je le regrette ? Je n’en suis pas certaine. Depuis toujours, j’ai l’habitude de me frotter à des ennuis plus énormes qu’il est possible d’imaginer, mais contre une maladie qui me tue lentement ? Clairement, ça me fiche la trouille en plus de me laisser complètement perdue. Mais d’un simple geste, un doigt léger posé sur mes lèvres, l’Envoleur me coupe dans mon élan et je referme la bouche.

Ah la communication ! Je n’avais jamais été une grande bavarde, surtout en ce qui concernait ce passé qui me hante encore aujourd’hui. Difficile de se refaire quand son entourage n’est pas du genre non plus à s’étendre sur ses douleurs ! Plus dur encore, rien que d’y penser, de l’évoquer, ça fait mal au fond. Tout au fond.  

Alors, maintenant, tu vas aussi te mettre à notre place : comment aurais-tu réagi ?
Probablement très mal…

Les mots de Pan, bien que prononcé avec une extrême douceur, se fraient lentement un chemin dans mon esprit, m’empêchant de parler plus sûrement que si j’avais été bâillonnée. Profondément déstabilisé, je cligne plusieurs fois des yeux. La voix de l’Envoleur, étrangement proche et lointaine à la fois, résonne encore et encore. A l’infini. Comme sous l’impact d’une véritable tempête, je sens mes dernières défenses qui s’effondre une à une. Chaque phrase, chaque mot provoque un vrai tremblement de terre en moi.

Tu te rends compte qu’on t’aime ?
Oui… Fin non… Je ne sais pas… Je n’en sais rien… J'ai peur, c'est tout
Et toi, tu ferais quoi pour nous, finalement ?
Arrêtes ! Je donnerais ma vie !

Nouvelle secousse, plus forte que les autres. J’en presque le souffle coupé cette fois. Mes pensées perdent toute cohérence. Je ferme les yeux, luttant contre une sorte de force invisible mais puissante. De nouveau, je sens cette boule d’émotions me titiller mais je crois bien avoir épuisé toutes mes larmes. Seules les mains de Pan, qui maintiennent fermement mes épaules comme pour m’empêcher de fuir, m’ancrent désormais dans la réalité tandis que je mène un combat invisible. Intérieur.  

Vous n’êtes pas fait l’un pour l’autre à long terme, vous êtes trop passionnels.
Tous les hommes ne peuvent pas être à tes pieds.

Je le sais. Depuis longtemps je le sais. Nous deux, c’est aussi mystérieux que le secret de l’œil d’Otolep avait dit Gil une fois. Et bien que j’ai voulu faire la différence, ma relation avec Samoan avait été exactement la même autrefois. A bien y réfléchir, c’est sans doute pour cette raison que j’ai tant de mal à laisser Gil vivre sa vie pour mieux vivre la mienne ; en fait c’est même certain. Marquée au fer rouge par un passé impossible à oublier, cette peur latente subsiste que l’histoire se répète. Encore et encore. Comme dans un cauchemar dont il serait impossible de se réveiller. Mais ça, si je ne le disais pas, personne ne pouvait le deviner. Soufflée par les vents violents qui hurlent en moi, je me sens comme une insignifiante petite coquille vide. Complètement vide.

Je n’ai aucune intention que tu meures de maladie ! Ni que tu meures tout court d’ailleurs.



Comme si j’avais prévu d’être malade, de m’éteindre doucement. Pourtant la voix de Pan est empreinte d’une lueur d’espoir. De quoi avait-il parlé déjà ? De changer de régime alimentaire ? Croit-t-il vraiment que devenir végétarienne ferait disparaître les symptômes comme par magie ? Ma mère avait lutté quelques années, ma grand-mère plus longtemps encore, avant que la maladie ne les emportent finalement. Pourtant, ni l’une ni l’autre ne mangeait de viande. Sur l’île qui m’avait vu naître, les gens se nourrissent presque exclusivement de fruits et de poissons. Cependant, une petite voix me susurrent que je dois au moins essayer, ne serait-ce que pour rassurer l’Envoleur.

- « Comment tu peux être sûr que ça va marcher ? » murmurais-je toutefois en tournant la tête vers Pan.  

Soupirant imperceptiblement, je me relève doucement tandis que le vieil escalier grince sinistrement – émettant le même bruit qu’il y a des années. Glissant une mèche rebelle derrière mon oreille, je descends les quelques marches qui me séparent de la cuisine, imprégnée de poussière et de souvenirs. Je reste de longues secondes, immobile, au milieu de la pièce. Les yeux clos, les bras croisés sur ma poitrine, j’ai l’impression d’entendre la voix de Thiméo, grondant Seth et Morgan, tandis que Louanne riait toute seule en préparant un gâteau dont elle seule avait le secret. Secouant toute seule la tête, je me tourne finalement vers l’Envoleur, qui s’était redressé un peu plus dans l’escalier.

- « C’est étrange » soupirais-je « J’ai longtemps fui cet endroit, mais aujourd’hui je m’y réfugie… » murmurais-je quasiment pour moi-même « J’ai l’impression de les entendre rire, et parler » souris-je pensivement « Ils étaient là, dans cette pièce, lorsque je les ai trouvé » ajoutais-je en évoquant encore une fois la mort de Thiméo, Louanne et Morgan.  

Pan s’est relevé cette fois-ci, avançant d’un pas tandis que je m’assoie sur le rebord de la table en passant une main sur mon visage. Je ne sais plus quoi penser. Plus quoi dire. Plus quoi faire. Incapable d’aligner deux pensées cohérentes.  

- « Je n’avais prévu d’avoir des enfants, tu sais » remarquais-je toutefois à voix basse « Pas à vingt ans, du moins. Je n’avais pas envie d’avoir ni Seth et Morgan, ni Makeno. J’avais autant de raisons que Samoan et Gil de m’enfuir comme ils l’ont fait. Il m’a fallu du temps pour les accepter… » soupirais-je.

En évoquant pour la première fois ma relation à mes enfants, je m’ouvre un peu plus encore, cherchant à mettre des mots sur ce qui n’avait absolument rien de rationnel. Une toute autre personne que Pan aurait probablement ouvert des yeux ronds et aurait sûrement répliqué qu’une mère ne pouvait pas dire cela de ses enfants. Que je ne devais pas avoir une once d’instinct maternel pour dire une telle horreur. Et pourtant, je le sais, il comprendrait qu’au fond, je n’avais pas eu le choix.

- « Ça a été très passionnel aussi avec Samoan et au final, j’ai toujours eu peur que ça se reproduise » avouais-je à mi-voix « Ça me hante. Parfois, je n’en dors pas la nuit même » ajoutais-je, ce qui expliquait soudain que parfois je me relevais au beau milieu de la nuit, incapable de retrouver le sommeil « Ça m’empêche d’avancer pourtant, je le sais »

Me mordant la lèvre inférieure, presque jusqu’au sang, j’avance d’un pas à mon tour, vers Pan. Enroulant pensivement une mèche autour de mon doigt, je réfléchis encore durant de longues secondes pour exprimer ce que je ressens.  

- « Je ne sais pas ça passera un jour, je l’espère » repris-je d’une voix douce « Je ne sais pas non plus ce qu’il va se passer maintenant. Tout ce dont je suis certaine, c’est que j’ai besoin de toi, de vous tous. Et en même temps, c’est flippant, vraiment » ajoutais-je avant de préciser « De savoir que je m’éteins à petit feu. D’avoir un autre enfant. D’avancer. De vivre… »

Je ne suis pas du tout certaine de m’être bien faite comprise. A vrai dire, de parler ne rend pas les choses plus compréhensibles, sensées, ou rationnelles. Tout est compliqué, dans ma tête et dans mon corps, qui connait un véritable dérèglement. Ces derniers jours avaient été très éprouvants. Depuis que Moryqane m’avait annoncé que non seulement je suis malade, mais en plus que je suis enceinte, je ne parvenais plus à réfléchir de façon cohérente. Cela avait été trop d’un coup. L’idée de ne pas savoir quoi faire m’avait rendue incroyablement nerveuse. Soupirant, je ferme les yeux un instant avant de commencer à faire les cents pas.

- « Mais qu’est-ce que je raconte ? » m’agaçais-je toute seule « Dis, t’es sûr que t’as envie de supporter mes sautes d’humeur ? Je te jure, c’est pas du gâteau ! Je vais être insupportable ! » prévins-je Pan d’une voix presque aigüe « Je suis insupportable ! Quand je veux une chose, j’ai aussi très envie de son contraire. Je m’emporte pour un oui ou pour un non. Je ris et je pleure pour rien. En plus, les hormones, ça me fait vraiment dire et faire n’importe quoi ! Et je… » m’emballais-je.

Constatant que j’avais retenu ma respiration en parlant d’une telle rapidité, je m’autorise à reprendre mon souffle. Le haussement de sourcil de l’Envoleur me stoppe net et me fige sur place. Par la sainte culotte de l’Empereur, ça y est je me remets à délirer. Instinctivement, je baisse le menton d’un air penaud.

- « Okay, je me tais… »

Il valait sûrement mieux que je me taise d’ailleurs. J’avais fait assez conneries pour aujourd’hui pour ne pas en accumuler d’autres. Et puis avec ce petit alien qui grandit dans mon corps, commandant mes jours et mes nuits de l’intérieur, mon corps entier est en ébullition. Si les hommes pouvaient se douter une seule seconde de cette espèce d’éblouissement hormonal qui se produit chez une femme enceinte, ils nous regarderaient d’un autre œil. En plus d’être perturbée par une sensibilité à fleur de peau, complètement inhabituelle chez moi, j’ai les sens littéralement en feu – surtout le vagin en fait. Partout et à n’importe quelle heure j’en ai envie, de faire l’amour. Surtout maintenant. Même si j’avais volontairement croisé la mort. Même si j’avais agi comme une gamine toute la journée. Même si je mérite sans doute qu’on me déteste. J’en avais besoin. Un besoin impérieux. Urgent.


- « Je déteste cette manie de te sauver à chaque fois que tu as peur d’affronter les choses » soupire Atal en prenant mon visage entre ses grandes mains « Va vraiment falloir que tu arrêtes ça… » ajoute-t-il presque sur un ton de reproche avant de plaisanter « Et que tu utilises les portes d’entrée plus souvent aussi ! »
- « C’est vrai Man’, tu sais, on était morts d’inquiétude » renchérit Seth en s’approchant à son tour.

Un léger sourire effleure mes lèvres tandis que Seth dépose une bise sur ma joue.

- « J’avais besoin de rester seule » m’excusais-je.
- « Tu sais, rester seule ne résout pas tous les problèmes » s’impose soudain une voix pleine de douceur et de sagesse « En plus, t’énerver comme ça, ce n’est pas bon pour ton bébé »

Un instant je me demande qui cela pouvait bien être avant de rester muette de surprise – Miin, qui d’autre ? Les lumières du salon réchauffent agréablement ma peau. Tous étaient restés alors qu’ils auraient très bien pu en avoir marre de mes sautes d’humeur et de mes excentricités. Le marchombre n’avait pas pris la peine de se lever du fauteuil – et pour cause Makeno s’était littéralement endormi sur ses genoux. Silencieuse, je glisse ma main dans celle de Pan qui était entré à son tour dans l’appartement de la mère de Nwëlla. Des milliers de questions se bousculent encore dans ma tête. Même si je sais que trente-cinq ans ne peuvent pas se remplacer, au fond j’avais très envie de connaître un peu plus cet homme qui avait été lié à ma mère. J’ai encore plein de choses à dire, à demander. A avouer. A expliquer. Que j’avais été marqué au fer rouge par mon passé qui me faisait encore peur aujourd’hui. Mais je n’ai pas encore les mots.






[Tadaaamm ! La crise hormonal étant passée pour un moment, vous avez le droit de la taper xD]
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Giliwyn SangreLune
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MessageSujet: Re: When violence causes silence [Lib, Pan, Gil]   When violence causes silence [Lib, Pan, Gil] - Page 2 Icon_minitimeMar 27 Jan 2015, 21:48

[Si on se met à lui taper dessus quand "ça va à peu près" on n'est pas sortis de l'auberge je crois. Et puis nan, mon esprit de contraction trouve ça trop facile - et pas de chance : Gil possède le même... mrred]




Une bombe.

Voilà ce qu’il avait raté. Une véritable bombe qui, dans sa déflagration silencieuse, secoua tout le monde, hommes, femmes, petits et grands – même Makeno cessa de gigoter entre les bras de Gil. Et l’onde de choc qui se propagea ensuite dans la pièce fut tout aussi dévastatrice. Véritable cacophonie des sens et des mots alors que chacun cherchait à s’exprimer en même temps, à poser des questions, à répondre pour se justifier, pour fustiger. Et reprocher. Une fois encore, Gil sentit les dures paroles de Naïs s’enfoncer en lui comme de petites aiguilles tranchantes. Makeno avait-il moins d’importance à ces yeux que Suviyo ? N’aurait-il pas pu rester auprès d’eux et devenir le compagnon, le père de famille dont Naïs avait désespérément besoin à ses côtés ? Lorsqu’il entendit son prénom, Makeno tourna la tête vers sa mère et Gil eut un pincement au cœur en réalisant à quel point ils se ressemblaient tous les deux. Les mêmes cheveux, les mêmes yeux. Pourtant, l’expression que fit le petit garçon avec son visage n’était ni la sienne, ni celle de Naïs.
C’était celle de Pan.

Celui-ci avait l’air de s’être pris un mur en pleine figure. Non, une maison toute entière. Avait-il eut cette même tête ahurie lorsqu’il avait appris la naissance de Makeno ? Une pensée en entraînant une autre, Gil fronça les sourcils. Tout recommençait. Chaque fois que la situation était déjà assez dramatique comme ça, Naïs trouvait le moyen de prouver à tout le monde que non, ce n’était pas fini. Il y avait pire. Ou mieux ? Un regard en direction de Libertée, de son ventre qui s’arrondissait, suffit à rappeler en lui le souvenir de cette dispute entre eux, au cours de laquelle il avait appris l’existence de Suviyo. Son souvenir le plus heureux. Cette nouvelle était-elle nécessairement mauvaise ? Je ne voulais pas d’un autre gosse, avait dit Naïs. Fallait-il comprendre qu’elle ne désirait pas cet enfant non plus ? Merde, Naïs, mais qu’est-ce que tu veux, à la fin ?

Fuir, comme d’habitude… et cette fois ce ne fut pas Gil qui voulut la rattraper mais Atal. Le frère de Naïs n’eut toutefois pas le temps de faire plus de trois pas. D’une vivacité phénoménale compte tenu de son impressionnant physique l’Envoleur s’était retourné pour plaquer sa main sur le seuil de la porte et en bloquer l’accès. Irrémédiablement.

- Non ! Aucun de vous ne bougera d’ici tant que je ne serai pas revenu avec Naïs, c’est bien clair ? Et si je vois l’un d’entre vous débarquer, je lui arrange le portrait !

Personne n’aurait osé ignorer une menace prononcée d’un ton si dangereusement calme, mais encore fallait-il avoir déjà eu un aperçu des risques ; tous restèrent parfaitement immobile excepté Seth qui, poussé par la fougue de sa jeunesse et son amour pour sa mère, ne tint pas compte de l’avertissement. Gil le rattrapa par le col et regarda Pan disparaître à son tour. Une poignée de secondes s’envola durant lesquels nul ne prit la peine de rompre le silence pesant qui s’était installé dans le salon. Silence que Gil se fit un plaisir de briser d’un ton goguenard :

- Des sorbets de rougeoyeur, ça tente quelqu’un ?


*


Gil avait appris depuis très longtemps à masquer ses émotions. Il était même devenu un maître en la matière et Seren lui-même n’était plus disposé à deviner ce que l’expression de son ancien élève pouvait bien dissimuler. Armé de son sourire en coin, de sa vivacité coutumière et d’un brin d’humour qui n’avait pas eu le temps de s’empoussiérer, il parvint à faire retomber la tension qui avait succédé au départ de Naïs et Pan. Makeno était son meilleur public mais lorsque Seth finit par éclater de rire, même Atal ne put s’empêcher d’imiter son neveu. Ils ne savaient pas à quel point le ventre de Gil était noué alors qu’il enchaînait les plaisanteries. Ils ne savaient pas que cette histoire l’affectait beaucoup plus qu’il ne le laissait croire. Et en réalité, il était mort de peur.

La peur de perdre Naïs, bien sûr. Il pouvait très bien vivre des mois sans la voir, simplement rassuré par le fait de la savoir quelque part, probablement en train de chercher la meilleure façon de plonger dans les ennuis tête la première, mais saine et sauve… La peur qu’elle s’en aille en laissant derrière elle Seth, Makeno et, peut-être, ce bébé qui grandissait désormais en elle. L’idée que celui-ci puisse hériter des cornes de son père ne parvenait pas à apaiser son inquiétude. Parce que sa peur la plus grande, en fin de compte, c’était que Naïs le quitte sans qu’ils se soient réconciliés. Voilà ce que Gil redoutait le plus, ce qui le rongeait de l’intérieur depuis que l’Envoleuse avait mentionné sa maladie. Il ne voulait pas qu’elle meure, c’était un fait, mais ils tutoyaient le danger jour après jours et avaient pris l’habitude d’admettre son éventualité. Il ne voulait juste pas qu’elle meure en emportant avec elle les restes brisés d’une très belle amitié. Et l’abandonne avec pour seul souvenir d’amères paroles…

Un subtil parfum de pêche envahit ses narines et tira Gil de ses sombres pensées. Il venait de s’éloigner pour s’adosser contre un mur et surveiller d’un regard absent l’animation qui régnait dans le salon et, naturellement, Libertée l’avait suivi. Il glissa un bras autour de sa taille et l’attira contre lui pour caler son menton sur le sommet de son crâne et fermer les yeux. Elle avait autant besoin de réconfort que lui, réalisa-t-il en l’étreignant davantage ; apprendre que la fille que l’on ne peut pas voir est sa demi-sœur, il y avait de quoi en vouloir à ce fils de Raï qu’on appelait le destin ! Cette pensée lui tira un petit gloussement amusé.

- Je suis le père biologique de Makeno et son oncle tout à la fois… bizarre, n’est-ce pas ?

Gil recula juste assez pour pouvoir appuyer son front contre celui de la marchombre.

- Il semble que la folie soit un trait de famille, murmura-t-il. Suviyo ne sait pas dans quelle aventure elle s’embarque en s’apprêtant à naître dans la nôtre.

Tout contre sa paume, bien à l’abri dans le ventre de Libertée, sa fille bougea légèrement, frémissement à peine perceptible qui secoua tout son être et fit trembler son âme d’émotion.
En lui, la peur recula d’un pas.


*


La nuit était tombée depuis longtemps sur la ville et avec elle, un calme bienfaiteur. Après toutes ces émotions, les compagnons luttaient contre l’épuisement, fermement décidés à attendre le retour de leurs amis. Certains s’étaient déjà avoués vaincus, comme Makeno qui dormait à poings fermés sur les genoux de Mïin ; Seth somnolait sans parvenir à s’endormir tout à fait. Atal avait cessé de faire les cent pas lorsque Voëlle lui avait ordonné d’arrêter et pianotait désormais fébrilement sue l’accoudoir de son fauteuil en fixant la porte. Enfoncé dans le canapé, la tête renversée sur le dossier, Gil comptait les lattes du plafond tout en caressant distraitement les cheveux de Libertée. Une pendule égrainait les secondes, quelques part dans la maison, et Gil savait qu’il n’allait pas falloir plus de dix minutes pour que l’un d’entre eux s’en aille la ratatiner cordialement. Et définitivement. Il était en train de se demander s’il n’allait pas s’en charger lorsqu’un imperceptible bruit fit sursauter tous ceux qui, dans cette pièce, avaient une ouïe particulièrement fine.

L’instant d’après Naïs et Pan pénétraient tous deux dans le salon. Atal et Seth furent les premiers à les rejoindre, visiblement rassurés de retrouver Naïs en un seul morceau… et relativement calme. Son expression en disait long sur le nombre d’heures qu’elle avait passées à pleurer et dire qu’elle avait l’air en forme aurait été un mensonge, mais ses joues avaient repris un peu de couleur et elle accueillit les hommes de sa vie avec émotion. Gil se redressa légèrement sur le canapé mais il resta assis, un bras passé autour des épaules de Libertée, et pour la première fois, il s’abstint de tout commentaire. C’était peut-être lâche, probablement même, mais il estimait qu’il avait assez donné pour une seule journée. Et reçu assez de coups. Quelques hématomes avaient fleuri sur sa peau, là où le colosse l’avait chatouillé d’un peu trop près, et pourtant les blessures les plus douloureuses étaient celles ouvertes par les mots de Naïs. Les lèvres closes, le visage impassible, Gil regarda la jeune femme réintégrer son petit monde. De loin parce qu’il avait mal, mais d’asse près pour qu’on ne puisse pas douter de ses sentiments. Il avait toujours été, était et resterait toujours son ami, quoi qu’il advienne et quoi qu’elle puisse en penser.

Et toi, Princesse ?
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Libertée Iuaskallaphun
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MessageSujet: Re: When violence causes silence [Lib, Pan, Gil]   When violence causes silence [Lib, Pan, Gil] - Page 2 Icon_minitimeMer 28 Jan 2015, 07:22

Un sourire en coin étira les lèvres de Libertée quand elle vit que Naïs lançait un regard noir dans sa direction, mais elle ne pouvait pas s’empêcher d’être fière d’elle-même. Parce qu’elle avait raison, et parce que finalement, elle pouvait bien dire que Naïs était autant en proie aux hormones qu’elle, donc qu’elle n’avait pas beaucoup plus de rationalité à cet instant précis.
En même temps, à chaque fois qu’elle avait croisé l’envoleuse, elle était enceinte, alors peut-être qu’elle était un peu moins insupportable quand elle ne l’était pas, mais ça elle ne pouvait pas l’inventer ! Elle aussi se rendait très bien compte qu’elle était imprévisible, et encore plus maintenant qu’elle avait un bébé dans le ventre, mais elle avait quand même la sensation prenante d’être moins prise de tête que l’envoleuse. Non pas moins compliquée, simplement plus tolérante et ouverte aux autres.
Mais ça, ce n’était que son avis.

Surtout que bon, ce n’était pas comme si elle n’avait pas compris que la femme était en réalité sa demi-sœur. Comme ça, on pouvait dire que Gil avait presque fait le tour de la famille ! Cette pensée tira une grimace à la marchombre qui se mit une baffe mentalement.

Revenant à la réalité alors que Naïs se remet à s’énerver, Libertée poussa un petit soupir, se calant un peu plus dans le fauteuil dans lequel elle était installée, une main sur le ventre.
Il fallait dire qu’elle suivait le spectacle avec intérêt.

- Je ne sais pas ce que j’ai fait, je me le demande tous les jours. Surtout qu’apparemment je ne mérite ni respect, ni honnêteté.

En même temps, elle le cherchait ! A se mettre la tête la première dans les ennuis, à chercher toujours la petite bête, à vouloir tout contrôler autour d’elle, et à faire comme si elle maîtrisait tout alors que ce n’était pas le cas. Elle voulait se faire passer pour une sur-femme, pour quelqu’un que rien n’atteignait, et malheureusement la nature humaine faisait que ce n’était pas possible, et surtout que les gens en veulent toujours plus à ceux qui font croire qu’ils contrôlent beaucoup mieux leur vie que tous les autres.

- Et Makeno ? Qu’est-ce qu’il a de moins que le gosse de Lib ? Je ne voulais pas d'un autre gosse, pas plus que toi ! Je ne te demandais pas la lune, juste d’être présent pour lui. Parce que c’est qu’aurait fait un adulte responsable !

Libertée ne put s’empêcher de faire un bruit de langue désapprobateur.
Elle ne comprenait donc pas que Gil ne l’aimait pas de la même manière qu’il l’aimait elle ? Elle ne comprenait pas que ce n’était pas arrivé au bon moment, ou peut-être que simplement c’était elle et elle seule qui avait poussé Gil à fuir comme il l’avait fait ! En connaissant l’envoleur, et son esprit de contradiction si fort, Libertée se dit que même si elle avait pété un câble quand elle avait appris qu’il avait couché avec Naïs alors qu’elle se réjouissait d’avoir un enfant de lui – à cause de sa promesse… - peut-être qu’il n’aurait pas voulu aussi fort la petite Suviyo ? Elle ne savait pas, et ne voulait pas vraiment le savoir ; désormais rien que le fait de savoir qu’ils l’attendaient tous les deux si fort lui suffisait.

La suite des paroles de Naïs tira un sourire à Libertée, qui dût s’obliger à ne pas éclater de rire face à la situation cocasse : en effet, l’envoleuse s’était perdue toute seule dans ses mots, et ce qu’elle débitait ne voulait plus rien dire. Bon, sans doute les hormones, elle avait fait pareil quelques heures plus tôt, mais maintenant ces mêmes hormones la plongeaient dans une sorte de bulle joyeuse.

Alors, quand Naïs sortit précipitamment par la fenêtre, suivie par Pan, et que Gil essaya de détendre l’atmosphère, Libertée gloussa.

- Oh oui, moi j’ai faim !


♥ ♥ ♥


Suviyo ne sait pas dans quelle aventure elle s’embarque en s’apprêtant à naître dans la nôtre.

Libertée hocha la tête doucement, respirant profondément l’odeur de Gil, blottie contre lui. Mais quand il posa sa main sur son ventre rebondi, et que le bébé réagit à ce contact à la fois infiniment doux et pourtant tellement puissant, dans sa gorge et dans sa tête un soleil explosa.
Fourrant son nez dans le cou de l’envoleur, elle laissa quelques larmes glisser sur ses joues et sur son épaule.

- Oh, Gil... Je pense qu’elle en a de bons aperçus pour l’instant ! finit-elle en riant, alors que les cristaux d’eau brillaient sur ses joues.


♥ ♥ ♥


Libertée ouvrit brusquement les yeux dans dans la pièce, des bruits de chaise retentirent.
Elle s’était endormie sur son fauteuil, contre Gil, et eut du mal à émerger, malgré l’effervescence qui régnait. Fronçant les sourcils pour essayer de se réveiller plus vite, elle prit une grande inspiration et se redressa lentement.

- Tu sais, rester seule ne résout pas tous les problèmes. En plus, t’énerver comme ça, ce n’est pas bon pour ton bébé.

Libertée cligna plusieurs fois des yeux, essayant de comprendre ce qu’il se passait.
Naïs venait de rentrer, accompagnée de Pan, c’était donc ça toute cette agitation ! Makeno s’était endormi sur les genoux de son… grand père !
Son père était grand père avant même qu’elle ait accouché de Suviyo ! Un pic de colère tranversa l’esprit de Libertée, qui eut un petit sursaut pour se décoller complètement de Gil.

Ce dernier n’avait pas pipé mot, et la marchombre ne put s’empêcher de lever le visage vers lui. Le visage fermé, la mine contrite, l’envoleur dissimulait ses émotions, mais rien qu’à sentir ses muscles raides elle comprit qu’il n’était pas à l’aise non plus, et que quelque chose ne lui allait pas.
Pff, elle en avait marre de ces histoires ! Franchement, il allait falloir qu’elle arrête, Naïs, à emporter tout le monde dans son sillage. Et pourquoi ils la suivaient tous, hein ? Parce que c’est gratifiant d’essayer de comprendre les choses trop compliquées ? Haussant les épaules toute seule, la marchombre poussa un soupir.

Ce fut à cet instant précis que Voëlle se leva de l’accoudoir du fauteuil sur lequel Miïn était assis avec Makeno endormi.

- T’énerver comme ça n’est bon ni pour le bébé, ni pour personne, et surtout pas pour toi. Et je tiens à faire une annonce.

Elle tourna le visage vers Miïn, qui poussa un long soupir mais s’abstint de tout commentaire, acquiesçant même très légèrement du menton.

- Si l’un de vous nous mentionne, Miïn et moi, nous sommes morts. D’aucune manière quelqu’un doit être mis au courant de notre… visite ici. On nous pourchasse depuis les sept ans de Libertée, et les Mentaïs ont déjà réussi à nous tromper. C’est hors de question que ça recommence, c’est bien clair ?

- Doucement ma chérie…

- Non
, le coupa-t-elle, Ce n’est pas parce qu’une fille sortie de nulle part débarque soudain, ou plutôt que tu la trouves, que ça change notre situation, surtout au vu de ce qu’elle est ! Il n’y a vraiment que toi pour avoir un esprit de contradiction aussi fort… dit-elle, en finissant par sourire. Avoir une fille envoleuse et une fille marchombre ! Comme si ce n’était déjà pas assez compliqué pour nous, et pour Libertée et Gil ! Enfin, je suppose que ça doit être génétique du coup, finit-elle en lançant un clin d’œil à Libertée, qui ne put s’empêcher de se renfrogner.

- Tu vas me dire que pas étonnant que Gil ait craqué pour nous deux, c’est ça ? lança la petite marchombre en tirant la langue.

- Pour être plus sérieux, Naïs, j’aimerais que l’on apprenne à se connaître…. Mais comme tu vois, j’ai déjà pas mal de femmes compliquées dans ma vie ! ajouta-t-il. Cependant, ne te leurre pas, si je suis fin psychologue, cette envoleuse l’est encore plus ! lança-t-il en claquant la fesse droit de sa femme, qui sursauta en protestant.
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MessageSujet: Re: When violence causes silence [Lib, Pan, Gil]   When violence causes silence [Lib, Pan, Gil] - Page 2 Icon_minitimeMer 28 Jan 2015, 22:54

Comment il pouvait être sûr que ça allait marcher ?
A vrai dire, il n’en était pas sûr. Mais il y avait un moment où essayer tout ce que l’on pouvait était la seule chose à faire, et la seule chose acceptable pour laquelle agir.  Il n’était pas certain qu’un régime sans viande et sans poisson pourrait aider Naïs, néanmoins c’était la seule idée qu’il avait pour l’instant, et cela valait le coup d’essayer, non ? Qu’est-ce que ne pas manger de viande ou de poisson contre des années de vie ?

Mais il ne répondit pas, tout simplement parce qu’il ne voulait pas briser cet espoir dans sa poitrine, et peut-être dans celle de Naïs. Elle pouvait essayer, elle n’y perdrait de toutes façons rien, c’était un fait.
Il la suivit des yeux quand elle se leva pour avancer dans la pièce principale.

- J’ai longtemps fui cet endroit, mais aujourd’hui je m’y réfugie… J’ai l’impression de les entendre rire, et parler.  Ils étaient là, dans cette pièce, lorsque je les ai trouvés.

Pan hocha doucement la tête.
Elle ne parlait jamais de ces évènements qui avaient bouleversé sa vie et qui elle était. Il avait l’occasion de l’aider à vider un peu de son sac, et il ne la perdrait pas, aussi continua-t-il à rester silencieux, juste présent pour écouter.
Totalement.

-  Je n’avais prévu d’avoir des enfants, tu sais. Pas à vingt ans, du moins. Je n’avais pas envie d’avoir ni Seth et Morgan, ni Makeno. J’avais autant de raisons que Samoan et Gil de m’enfuir comme ils l’ont fait. Il m’a fallu du temps pour les accepter…

Non, il ne le savait pas, mais par contre il l’entendait totalement. Avoir des enfants jeune, c’était plutôt pour les personnes qui ne menaient pas une vie d’aventurier, c’était un fait ; et on ne pouvait nier que Naïs était plus qu’une aventurière dans l’âme ! Il n’était pas non plus un enfant désiré, et pourtant sa mère l’avait toujours couvé et couvert d’amour. Il pouvait comprendre que c’était difficile à accepter ; et c’était d’ailleurs pour ça que les futures mères avaient aussi un certain temps de gestation : pour que l’idée qu’elle allait perpétuer son sang puisse grandir en elles, dans leur tête comme dans leur ventre.

Il ne cessait de l’écouter. Peu importait si ce qu’elle disait avait du sens, ou pas ; parce qu’à travers les mots, il pouvait sentir et ressentir les émotions de l’envoleuse, parce qu’à travers les mots et les phrases, elle se confiait à lui telle qu’elle était, sans raffinage, brute et brillante.

- Dis, t’es sûr que t’as envie de supporter mes sautes d’humeur ? Je te jure, c’est pas du gâteau ! Je vais être insupportable ! Je suis insupportable ! Quand je veux une chose, j’ai aussi très envie de son contraire. Je m’emporte pour un oui ou pour un non. Je ris et je pleure pour rien. En plus, les hormones, ça me fait vraiment dire et faire n’importe quoi ! Et je…

Il s’était levé pour s’approcher d’elle et la prendre dans ses bras. Un sourire étirait ses lèvres.

- Okay, je me tais…

- Non, Naïs. Ne te tais plus jamais. Je te rappelle que même si tu ne le savais pas, je t’ai connue quand tu étais enceinte ; et je pensais que c’était la vraie toi. Insupportable ? Peut-être, mais c’est comme ça que je t’aime.


Il déposa un baiser dans son cou, et en sentant le frisson qui partit de ses lèvres pour s’enfoncer dans le cuir chevelu de Naïs, il comprit qu’elle avait besoin de plus que ça.
Ça tombait bien, lui aussi.


§§


Quand ils revinrent enfin dans la maison de la mère de Nwëlla, Pan se sentait plus apaisé. Tenant la main de Naïs dans la sienne, il était même prêt à affronter les tempêtes qui risquaient de s’annoncer quand ils passeraient la porte.
Pourtant, ou plutôt heureusement, tous semblèrent plus ou moins contents de les voir. Enfin, surtout de revoir l’Envoleuse.

- En plus, t’énerver comme ça, ce n’est pas bon pour ton bébé

Pan leva la tête vers Miïn qui venait de parler, sentant Naïs se tendre contre son bras. Cependant, cette tension se dissipa assez rapidement, et il poussa un soupir de soulagement.
Avant que Voëlle ne se lève, et qu’il prenne une inspiration.

- T’énerver comme ça n’est bon ni pour le bébé, ni pour personne, et surtout pas pour toi. Et je tiens à faire une annonce.

Bon, l’annonce en elle-même, il pouvait absolument la comprendre, même si cela ne lui aurait jamais effleuré l’esprit d’en parler à qui que ce soit : en effet, il savait que Libertée n’était pas une Envoleuse, mais plutôt une Marchombres ; et apparemment Miïn également. Que de tels couples se forment soulevait des questions dans la tête du colosse, à savoir ce qui les séparait vraiment, en réalité.
Les Envoleurs avaient été une unité créée pour tuer les Marchombre, à la base.
Il fallait croire que finalement, il n’y avait pas tellement de lavage de cerveau. Et c’était tant mieux.

Pan avait décroché de la conversation jusqu’à ce que Miïn intervienne.

- - Pour être plus sérieux, Naïs, j’aimerais que l’on apprenne à se connaître…. Mais comme tu vois, j’ai déjà pas mal de femmes compliquées dans ma vie !

Ah, ça, c’était certain. Libertée ne semblait pas être du gâteau non plus, mais Naïs était aussi un cas à part, c’était un fait.

- Cependant, ne te leurre pas, si je suis fin psychologue, cette envoleuse l’est encore plus !

Le colosse hocha doucement la tête à cette remarque : il avait parfaitement conscience que Naïs avait aussi beaucoup de choses à dire à Miïn, et qu’elle allait sans doute avoir besoin de temps seule à seule avec lui. Tournant la tête vers l’Envoleuse, Pan lui sourit doucement, pressant sa main dans la sienne tendrement.
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MessageSujet: Re: When violence causes silence [Lib, Pan, Gil]   When violence causes silence [Lib, Pan, Gil] - Page 2 Icon_minitimeSam 31 Jan 2015, 00:56

≈≈≈ Naïs ≈≈≈

Malgré mon retour dans l’appartement, une certaine tension subsiste dans l’air, clairement palpable. Déjà, Gil s’abstient littéralement de prononcer un seul mot, et ce soudain mutisme ne lui ressemble pas vraiment. Ensuite, tout dans l’attitude de Voëlle – la femme de Miin et mère de Libertée – indique qu’elle ne semble pas tranquille. Pas rassurée. Mais même lorsque l’Envoleuse explique les raisons de son malaise, je hausse les épaules en silence autant pour signifier qu’elle n’avait aucun soucis à se faire que pour montrer que tous dans cette pièce avait assez problèmes comme cela pour ne pas s’en créer d’autres. En plus, je doute fortement que personne ici ne porte les Mentaïs en suffisamment grande estime pour aller s’aplatir devant eux en caftant quelques secrets dangereux.

- « Tiens Man’ » intervient Seth tandis que je m’assoie sur l’accoudoir d’un fauteuil « C’est du sorbet de rougeoyeur, Makeno n’a pas voulu le finir… »

Alors que mon estomac grogne férocement, j’accepte le bol que me tend Seth avec une ombre de demi-sourire. Est-ce tellement évidement que je crève la dalle vingt-quatre heures sur vingt-quatre ? Franchement, je n’arriverai jamais à comprendre ces filles qui n’étaient complètement heureuse que lorsqu’elles étaient enceintes, qu’elles savaient qu’elles allaient donner la vie, qu’il y avait une petite chose qui grandissaient en elles ! Ou alors c’étaient qu’elles vivaient plutôt bien tous ces dérèglements qui se produisaient à l’intérieur de leur corps et qui commandaient le moindre de leurs gestes. Personnellement, je garde un très mauvais souvenir de ces neuf mois où j’attendais Seth et Morgan, mais ces longs mois m’avaient au moins laissé un peu de temps pour me faire à l’idée que j’allais avoir non pas un, mais deux gosses d’un seul coup. A vingt ans ! Pour Makeno, j’avais eu à peine trente secondes pour réaliser ce qu’il m’arrivait.

Perdue dans mes pensées – et un peu épuisée, il faut bien le dire – je prête une oreille distraite aux protestations de la marchombre en réaction aux dernières paroles de sa mère, évoquant une certaine histoire de génétique qui me fait hausser un sourcil. Et j’avoue que pour une fois, je suis assez d’accord avec Libertée ; en quoi la génétique expliquerait-elle nos histoires compliquées ? Mis à part que nous ayons le même père – ce qui est déjà à la limite du supportable – nous ne nous ressemblons pas du tout l’une et l’autre. Enfin, je l’espère vraiment car je ne tiens pour rien au monde à avoir de point commun avec cette fille. En plus, Gil n’avait jamais craqué que pour cette fille non ? Il est tout à fait possible de s’envoyer en l’air sans forcément aimer quelqu’un non ? Je le sais, je le faisais encore jusqu’il y a encore quelques années. Raclant le fond du bol, j’affiche une légère moue bougonne avant de renchérir juste après Libertée.

- « Génétique, c’est vite dit ! » soupirais-je d'un air bougon « On se ressemble même pas ! » ajoutais-je avec un sourire en coin à l’attention de Libertée.

Bien calé dans le canapé, Seth ricane quelques secondes mais s’abstient de tout commentaires – mieux valait pour lui car je ne suis pas certaine d’apprécier le fond de sa pensée actuellement, bien trop équivoque à mon goût. Mais à présent même Atal se marre, administrant une tape amicale sur l’épaule de Seth. Vexée que mon propre frère et mon fils me trouve des ressemblances avec une fille qui me sort par les yeux, je m’apprêtais à lancer une remarque acide lorsque Miin refroidit mes ardeurs de son éternelle voix calme. Ah ? Il a envie de me connaître ? Mais et sa famille alors ? Je doute fort que Voëlle et Libertée voient cela d’un bon œil. Après, étant la fille d’une autre femme, je dois apparaître comme une ombre dérangeante à un tableau parfait non ? Et puis pourquoi aurait-t-il besoin d’une troisième femme dans sa vie, au moins aussi compliquée – si ce n’est plus – que les deux autres ? Peut-être pour la même raison pour laquelle je me disais depuis un an et demi que le rencontrer ne me ferait ni chaud ni froid alors qu’en vérité, j’ai très envie d’apprendre à connaître un peu plus cet homme. Mon père. Enfin, celui qui aurait dû l’être.

- « C’est très bizarre » avouais-je alors « Ca fait un an et demi que je tente de me convaincre que te rencontrer n’aurait rien changé à ma vie. Je ne me suis jamais autant trompée… »

Plus que bizarre même, c’est un sentiment troublant ; Thiméo avait été mon père pendant de longues années, il m’avait aimée et élevée comme sa fille sans que je ne me doute jamais de rien. Exactement comme Pan avec Makeno. Mais aujourd’hui, de rencontrer cet homme ébranle toutes les certitudes avec lesquelles j’avais grandi, qui m’avaient construites. Si je ne remettrais jamais en question l’amour et le respect que je porte à Thiméo – comme celui d’une fille envers son père – une étrange sensation pulse dans mes veines, plus forte et plus puissante à chaque minute qui passe. D’un côté Miin m’apparaît comme un parfait étranger mais d’un autre, j’ai l’impression de le connaître depuis toujours. Réfléchissant à toute vitesse, je me demande un instant comment Makeno le ressentirait lorsqu’il comprendrait que Gil est en réalité son père biologique. Et Miin ? Et Gil ? Comment le perçoivent-ils, de savoir que leur propre sang, leur enfant, fut élevé loin d’eux et par un autre ?

- « Apprendre à me connaître hein ? » finis-je par soupirer « Pas sûre que ce soit bien raisonnable… » ajoutais-je sans grande conviction.
- « Qui a dit que j’étais raisonnable ? » plaisante le marchombre « Et je crois que Makeno m’a déjà adopté ! » renchérit-il, d’un ton léger qui je soupçonne, vise gentiment à faire bondir sa femme et sa fille.
- « Et ça veut dire que je vais pouvoir vous appeler tonton Gil et tata Lib ! » s’esclaffe Seth sous les protestations des deux concernés.

Cette légèreté et cette simplicité qui le caractérise me fascine chez lui, alors que Libertée, elle, possède un don tout particulier pour mettre mes nerfs à rude épreuve. C’en est vraiment déstabilisant et pourtant chacun de ses mots semble sincère, comme s’il aspirait réellement à me connaître, moi, la fille sortie de nulle part comme l’avait si bien remarqué Voëlle.

- « Je suis sérieux, tu sais » ajoute Miin dans un murmure profondément doux et bienveillant.

Mon cœur rate un battement. Dans un soupir, je passe une main dans mes cheveux rebelles en me relevant du fauteuil d’un calme qui me surprend moi-même. D’un pas lent et tranquille je quitte le salon pour me réfugier dans la pénombre de la cuisine, plongée dans le silence. Et maintenant ? Nerveuse et incapable de prendre une décision – ou plutôt de m’habituer à une nouvelle réalité – je commence à faire les cents pas. Trente-cinq ans de vie ne se rattrapent pas en un claquement de doigts. Et maintenant ? Aucune réponse ne me vient à l’esprit. Au bout de longues secondes, je me rends compte de ce regard posé sur moi. Instantanément, je me fige et presque tremblante, je pose mes deux mains sur le rebord de l’évier.

Ah ! Par la sainte culotte de l’Empereur, non ! Hors de question que je m’excuse ! De toute façon, de quoi pourrais-je bien m’excuser ? D’être moi-même, pleinement et entièrement ? D’être entière, passionnée, capricieuse, gamine, incompréhensive, insupportable, casse-cou, secrète ? Ce serait renier ce que j’ai vécu au fond non ? Par contre, j’ai pas mal de choses à réparer car j’avais agi de façon complètement irrationnelle – par peur en fait. Mais je suis comme ça, difficile de se refaire quand les vieux démons me tourmentent encore. Au fond, je suis encore cette gamine de vingt ans blessée, puis détruite, qui a juste besoin de se sentir rassurée, entourée, aimée. Qui a juste besoin de faire savoir qu’elle existe, par n’importe quel moyen. Alors non, je ne m’excuserai pas. Et maintenant ?
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Giliwyn SangreLune
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MessageSujet: Re: When violence causes silence [Lib, Pan, Gil]   When violence causes silence [Lib, Pan, Gil] - Page 2 Icon_minitimeDim 01 Fév 2015, 11:07

S’avisant que Libertée était réveillée, Gil en profita pour dégager son bras qui s’était engourdi en restant immobile aussi longtemps dans cette position. Il remua machinalement son bras pour dénouer ses muscles endoloris et rétablir la circulation du sang.

- T’énerver comme ça n’est pas bon pour ton bébé, commença Miïn en dévisageant Naïs.
- T’énerver comme ça n’est ni bon pour le bébé, reprit aussitôt Voëlle, ni pour personne et surtout pas pour toi. Et je tiens à faire une annonce.

Chacun porta son attention sur la mère de Libertée, qui s’était levée et se tenait à présent au milieu du salon. Elle était belle, aérienne et n’eut pas besoin d’hausser le ton pour être entendue de tous.

- Si l’un de vous nous mentionne, Miïn et moi, nous sommes morts. D’aucune manière quelqu’un doit être mis au courant de notre… visite ici. On nous pourchasse depuis les sept ans de Libertée, et les Mentaïs ont déjà réussi à nous tromper. C’est hors de question que ça recommence, c’est bien clair ?

Le regard particulier de l’Envoleuse s’était arrêté sur Gil, qui répondit à la sollicitation implicite en inclinant légèrement la tête. Il était sans doute le mieux placé dans cette pièce pour connaître les risques d’une telle complicité au sein d’un groupe aussi disparate ! Sa propre histoire ne lui permettait pas, ne lui permettrait jamais de mettre sa famille en danger. Mais l’éclat qui scintillait dans les yeux de Voëlle ne trompait pas : elle ne cherchait pas uniquement à préserver la sécurité de son couple et, si elle acceptait sans la moindre hésitation l’amour qui unissait Gil et Libertée, elle était déterminée à les protéger coûte que coûte.

Certaine que le message était passé, elle poursuivit sur une note plus légère et se risqua à aborder un sujet forcément sensible au vu des circonstances : la génétique. Gil haussa un sourcil amusé, séduit par son audace, et elle lui répondit par un clin d’œil discret avant de regarder Naïs et Libertée se rebeller contre cette idée absurde. Non, pas si absurde que ça, songea Gil en les observant l’une après l’autre. D’accord, elles étaient physiquement aussi différentes que la nuit pouvait l’être du jour, et pourtant il était difficile de ne pas remarquer à quel point leur fichu caractère les rapprochait. Elles étaient fougueuses, impulsives et parfois – souvent même – d’une sauvagerie qui leur faisait sortir les griffes… Il avait souffert avec elles, souffert pour elles, sans jamais envisager qu’elles puissent avoir un quelconque lien de parenté. Au fond, cela ne changeait pas grand-chose… Seth s’empressa de le faire changer d’avis en l’appelant tonton.

- Certains mots éveillent en moi d’anciennes pulsions meurtrières, dit-il au garçon en plissant ses yeux vairons pour donner plus de poids à sa menace.

Menaces que le creux de sourire dans sa joue anéantissait complètement.

- Ton oncle c’est moi, renchérit Atal en attrapant son neveu par le cou.Et je ne me laisserai pas remplacer aussi facilement !

Tout en luttant avec Seth, Atal croisa brièvement le regard de Gil et celui-ci sentit son cœur se réchauffer d’une drôle de manière. D’une certaine façon, le frère de Naïs était devenu le sien ; amis depuis quelques années déjà ils n’avaient pas besoin de ce genre de chose pour s’apprécier, mais cette prise de conscience semblait avoir entériné cette réalité et Gil se rendit compte, en contemplant tout ce petit monde, qu’il avait bel et bien trouvé sa place. Ne manquait plus qu’une chose pour qu’il puisse retrouver sa complète sérénité. Lorsque Naïs quitta la pièce pour s’isoler – encore – Gil la suivit des yeux, puis tourna la tête vers Libertée et l’interrogea du regard. Elle était la seule personne désormais dont l’avis comptait plus encore que le sien. Son accord silencieux lui tira un sourire et il se pencha pour capturer ses lèvres avec tendresse. Alors seulement il se leva et dirigea ses pas vers la cuisine.

Son tour était venu.



*



Les mains appuyées contre l’évier, le dos courbé, Naïs semblait plongée dans ses pensées. Si elle perçut sa présence – comment en aurait-il pu être autrement ? – elle ne bougea pas et Gil choisit de s’accorder  son silence. Il s’adossa au plan de travail, croisa les bras sur la poitrine et laissa les secondes, puis les minutes filer dans un calme absolu. Oui, il avait aimé cette femme, et c’était avec la demi-sœur de celle-ci qu’il comptait désormais passer le reste de sa vie, alors il les connaissait assez pour savoir qu’une entrée en matière trop brutale ne mènerait à rien d’autre qu’un esclandre. Pas exactement le genre de chose dont ils avaient besoin pour faire la paix.

- Une question, dit-il enfin d’une voix très douce, à peine plus élevée qu’un murmure. Tu m’avais demandé de t’en poser une, et une seule, lorsque nous avons fait connaissance pour la première fois. Tu t’en souviens ?

Est-ce que tu te souviens de cette nuit-là, Naïs ? De la musique qui animait ce petit bourg complètement paumé ? De notre course ?

Est-ce que tu te souviens de ma question ?




*


- Tu m’accordes une danse ?

Sourire lumineux.
Réponse silencieuse.

Il ne s’était pas attendu à ce qu’elle accepte.
Encore moins à ce qu’elle l’entraîne dans une danse endiablée, si près du feu que la chaleur de la flambée faisait bouillir son sang dans ses veines et rosir ses pommettes. Ou peut-être que si. Si, il avait espéré ce genre de réponse – en parfait désaccord avec lui-même ; une réponse à laquelle il acceptait de se soumettre par punition, au nom de ce parjure avec lequel il vivait depuis si longtemps. Telle était le lot de Giliwyn SangreLune, sa malédiction : vivre, mais vivre un enfer, vivre parce qu’il n’avait pas le choix – non, parce qu’il n’aimait pas les choix –, vivre dans un univers de contradictions formelles et douloureuses, simplement parce que de cette manière, il se sentait… vivant. Franchement idiot, mais franchement vivant.
Douloureusement vivant…




*



Sans attendre la réponse de Naïs, parce qu’il savait qu’elle la possédait, il se glissa derrière elle et, tout doucement, la fit pivoter vers lui. Ses mains dans les siennes, il l’entraîna au centre de la pièce, puis il l’attira contre sa poitrine et l’enveloppa dans ses bras.

Se mit à tourner, lentement.

A danser, comme cette nuit-là, lorsqu’une évidence avait scellé leurs destins pour toujours ; ils avaient cru qu’il s’agissait d’un coup de foudre alors qu’en fait, c’était moins que cela. Et bien plus à la fois. Une complicité nouvelle et unique, plus belle encore que tout ce dont ils avaient pu imaginer, plus puissante qu’ils ne l’auraient envisagé. Cette danse, c’était la clé d’une amitié profonde et sincère, son symbole le plus fort et, sans qu’il ne sache vraiment pourquoi, Gil sentait que c’était le seul geste qui pouvait faire entendre raison à Naïs. Alors il dansa, sans musique, au beau milieu de la cuisine, bercé par les voix qui leur parvenaient du salon, par le souffle de Naïs contre sa peau ; il dansa, ne sachant pas comment lui prouver qu’il tenait à elle et comprenant qu’au bout du compte,  les mots n’avaient ni pouvoir ni importance ; il dansa et il mit tout son cœur.

Quelques minutes plus tard, il acheva leur chorégraphie silencieuse en faisant tourner la jeune femme sur elle-même, puis en déposant un baiser sur son front. Un sourire se dessina sur ses lèvres lorsqu’il la dévisagea, troublée, éperdue même, et il glissa affectueusement une mèche derrière son oreille.

- J’ai besoin de toi. C’est ce que je voulais te dire tout à l’heure, tu sais ? Quand tu faisais semblant de dormir dans mes bras…

Petit rire amusé.

- C’est un secret qui n’en est pas vraiment un, en fait. J’ai besoin de toi, Princesse. Et je ne suis pas le seul : là-bas, dans le salon, il y a des gens qui tiennent à toi. Tes enfants, pour commencer : Seth traverserait l’Empire et irait affronter le roi des Raïs pour te prouver son amour. Makeno se contentera de te demander de l’accompagner aux toilettes. Il y a Pan. Ce type est fou amoureux de toi. Et ça…

Du bout des doigts, Gil effleura le ventre encore parfaitement plat de l’Envoleuse.

- C’est sa plus belle façon de te le montrer. Et ce n’est pas tout ! Tu as retrouvé un père, Naïs. Un père qui t’aime et ne demande qu’à être aimé en retour. Une belle-mère qu’il vaut mieux ne pas contrarier mais qui t’apprécie déjà. Et Lib…

Il soupira.

- Bon, d’accord, avec elle ce n’est pas gagné mais je te garantis qu’essayer de t’entendre avec elle est un sacré beau défi !

Ou du suicide, pensa-t-il brièvement avant que son visage ne redevienne grave.

- Ils sont ta famille et ils vont se battre avec toi, que tu le veuilles ou non. Ne refuse pas leur aide, laisse-les affronter cette maladie qui les atteint eux aussi… C’est un combat que tu ne peux pas mener seule, Princesse. Et puis…

Il soupira de nouveau, chercha ses mots, appuya son front contre celui de la jeune femme. Ferma les yeux.

- Tu es ma meilleure amie. Ma seule et unique meilleure amie.

Murmure à peine audible.
Ancré en eux pour l’éternité.

Rouvrant les yeux, Gil vit que Naïs était sur le point de dire quelque chose ; il l’en empêcha en pressant un doigt contre ses lèvres.

- C’est bon, dit-il en souriant. Je sais, j’ai entendu ta réponse grâce à…

Il lui tapota la poitrine, à l’endroit où se trouvait son cœur.

- Et ça me suffit. Je vais rentrer, à présent, et tu vas en faire de même, moi dans ma famille, toi dans la tienne ; et on se reverra bientôt puisque cette famille, c’est la même !

Gil la serra encore une fois contre lui.
Et quitta la cuisine.

Il souriait.



*


Cette maison était spacieuse et accueillante, mais ce n’était pas leur maison. Gil entra dans le salon et se dirigea vers Libertée ; lui attrapant les mains il la releva et planta un baiser sur ses lèvres.

- Rentrons chez nous, chuchota-t-il au creux de son oreille, puis plus fort, à l’attention de leurs compagnons : pas d’autres folies, d’accord ? Et par pitié, que personne ne sorte un nouveau frère ou une nouvelle sœur de sa poche…

D’abord inquiet par ce départ soudain, Seth secoua la tête en souriant.

- J’ai comme l’impression que Pan va nous annoncer quelque chose, plaisanta-t-il avant de d’agiter la main dans leur direction : salut, tonton Gil, salut, tata Lib !
- Espèce de…
- Soyez prudents, vous deux ! Et si vous pouviez rester tranquilles jusqu’à l’accouchement, ce serait une très bonne chose…
- C’est un ordre déguisé en conseil, mais pour une fois je suis entièrement d’accord avec Voëlle !


Message reçu. Plus question de mettre Libertée et Suviyo en danger en les exposant à des risques comme aujourd’hui. Gil hocha la tête, puis s’approcha de Miïn et se pencha pour passer la main dans les cheveux de Makeno. Le petit garçon remua à peine dans son sommeil, exténué par une journée aussi riche en émotions.

La main de Libertée toujours dans la sienne, Gil se dirigea vers la porte, mais au moment de l’ouvrir, il s’immobilisa un instant. Hésita. Se retourna. Pan était là, comme s’il avait compris qu’il y avait encore quelque chose à dire.

- Elle ne doit pas baisser les bras, souffla-t-il à l’Envoleur. On va trouver un moyen… Elle ne mourra pas. Je veux voir les cornes de ce petit bonhomme !

Enfin, si cet héritage perdurait. Gil sourit, serra la main de Pan et sortit dans la nuit fraîche, entraînant Libertée à sa suite. Après quelques pas seulement il la poussa contre un mur et l’embrassa passionnément.

- Je t’aime. Tu as une famille vraiment bizarre mais le bilan de cette journée est le même que d’habitude : je t’aime !

Il l’embrassa encore.
Et encore.
Et…



[Je sais, je sais, c'est une fin un peu... soudaine, mais je ne voyais pas tellement quoi rajouter de plus et je trouvais que la meilleure façon pour Gil de partir, c'était d'une aussi belle façon ! J'ai toutefois convoqué vos personnages un peu "librement" donc si quelque chose vous gêne, MP !! Sinon, cette fin annonce indéniablement une suite puisque Naïs va bien trouver le moyen de s'en sortir...

... n'est-ce pas ?]
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Libertée Iuaskallaphun
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MessageSujet: Re: When violence causes silence [Lib, Pan, Gil]   When violence causes silence [Lib, Pan, Gil] - Page 2 Icon_minitimeLun 02 Fév 2015, 20:50

[ Bon ben finalement Libertée fait sa crise à la toute fin... Rolling Eyes Quelle emmerdeuse celle-là Razz ]



Oui oui oui, c’était vite dit que c’était génétique ! Et Libertée était d’accord avec Naïs, pour ça, c’était clair ! Elles ne se ressemblaient pas du tout, en tout cas physiquement ! Bon, après, pour ce qui était de chercher les ennuis, sans doute, mais il paraissait clair à la marchombre qu’elle avait une conscience aigüe, qui manquait apparemment à Naïs ! Cette fille n’avait pas un sou de jugeote ou de bon sens ! Elle entraînait les gens qu’elle aimait dans son sillage en faisant comme si elle n’en avait rien à faire, comme si elle se débrouillait toute seule, pour finalement ne pas pouvoir être stable sans eux et se plaindre dès que c’était possible !

Se renfrognant, Libertée poussa un soupir en fourrant son nez contre l’épaule de Gil.
Elle entendait bien que son père veuille connaître cette fille qui était la sienne et qui pourtant était une inconnue. Mais pourquoi fallait-il que ça tombe sur Naïs bordel ?! Elle n’avait déjà pas assez de conflits d’intérêts avec elle ? Elle avait dit à Gil qu’elle avait besoin de la voir pour être certaine de ce qu’il lui avait raconté. Et même si elle lui avait pardonné – et même si elle ne lui avait pas fait part de ce petit détail – elle ne risquait pas d’avoir ne serait-ce qu’envie de pardonner quoi que ce soit à Naïs ! Pas même ses sautes d’humeur horribles et ses fuites qui ne servaient à rien sauf à mettre tout le monde dans des états de nerfs affreux, dont elle se serait bien passée. Ce n’était pas tant Naïs qui l’affectait, mais l’attitude de Gil par rapport à elle : elle avait l’impression qu’il était piégé dans une toile d’araignée, une veuve noire velue, même !

Mais en même temps, que pouvait-elle dire ? Elle savait que cette amitié comptait pour l’homme qui partageait sa vie et qui allait être le père de son bébé ; mais elle avait peur qu’il ne soit jamais vraiment heureux à cause de cela aussi. Que pouvait-elle faire, concrètement, à part continuer d’être là, et d’être elle-même ? Rien. Parce que si elle faisait quelque chose, ça le rendrait malheureux, comme lorsqu’elle avait voulu poser ses conditions et que finalement il s’était fait coconnisé dans un coït pour « se dire aurevoir ». Bref.


- Qui a dit que j’étais raisonnable ? Et je crois que Makeno m’a déjà adopté !
- Et ça veut dire que je vais pouvoir vous appeler tonton Gil et tata Lib !


Libertée protesta vivement, autant contre Seth que contre son père.
Ca la faisait enrager de voir qu’il avait déjà adopté le petit Makeno. Il pouvait pas attendre le sien de bébé, non ? C’était ça, un vrai grand père, non ? Il ne connaissait pas Naïs bon sang ! Les nerfs soudain en pelotte, Libertée sentit les larmes lui monter aux yeux.

Heureusement, Naïs s’éclipsa soudain dans la cuisine, et elle se détacha de Gil, comprenant bien qu’il voulait la rejoindre. Pour faire quoi ?! Serrant les dents et les poings, la petite marchombre essaya de calmer sa respiration, mais une énorme boule dans sa gorge menaçait d’exploser et de faire céder le peu de contrôle qu’elle avait actuellement sur ses émotions.

- Ma chérie ?
- Non, laisse-moi tranquille !
lança Libertée sur un ton suppliant à sa mère. Elle ne voulait pas parler. Elle ne voulait pas montrer à quel point elle était affectée, au fond, par tout ça.  Elle ne voulait pas gâcher la bonne humeur de son père de trouver une autre fille, même si cette fille en question était la pire qui soit !

Sauf que ce dernier ne l’entendait pas de cette manière. Il attrapa délicatement Makeno pour ne pas le réveiller et le donna à Pan, avant de se diriger vers Libertée, en jetant un coup d’œil circulaire. S’asseyant sur l’accoudoir du fauteuil dans lequel elle était installée, il passa l’une de ses mèches derrière son oreilles, et se pencha vers elle doucement.

- Ma chérie, je t’aime toujours autant, tu sais…
- C’est pas une question de ça !
lâcha-t-elle dans un sanglot incontrôlable. C’est juste que voilà, tu dis que Makeno t’a déjà adopté, comme si c’était ton premier petit fils. Je me fiche que ça soi vrai, tu ne connais pas vraiment Naïs ! C’est mon bébé, c’est notre fille, qui sera ton premier petit-enfant ! Je sais, c’est débile, je suis jalouse d’un gosse de deux ans et demi, ou je sais pas, mais tu te rends compte ?! C’est toi qui a senti pour le bébé ! C’est toi qui était si heureux le premier ! Et là, paf, tu changes tout, comme si ça n’avait plus aucune importance ! Tu as une autre fille, super ! Elle est grande, belle, elle ressemble à sa mère… Parfait ! Oh, mais elle a déjà deux enfants ! Trop bien ! Et en plus elle en attend un autre ?! Mais trop génialissime ! Sa voix était montée dans les aigüs, et elle commençait à hausser un peu trop le ton. Heureusement, sa mère entraîna tout le monde dans une autre pièce le temps que sa crise passe.

- Du coup, c’est comme si d’un coup je n’existais plus ! Comme si cette fille que tu n’as JAMAIS connue avait plus d’importance que MOI ! Je… C’est pas que je ne comprends pas, c’est juste que…

- C’est juste que tu baignes dans les hormones…
- Ah non, ne mets pas tout sur le compte des hormones ! Je pense ce que je dis !


Un sourire indulgent passa sur les lèvres de Miïn, ce qui fit bouillonner Libertée. Mais son père la saisit dans ses bras, et posa ses lèvres contre son front, doucement, et la câlina ainsi plusieurs minutes. Plusieurs minutes, durant lesquelles Libertée laissa les larmes couler et ses nerfs fondre. Parce que là, c’était beaucoup trop à encaisser ! Elle avait même attrapé son père par les vêtements pour se blottir contre son torse.

- C’est pas juste, murmura-t-elle quand les larmes se tarirent enfin. Les yeux encore boursoufflés par ses larmes, alors que tout le monde était revenu dans la pièce, Libertée renifla un grand coup pour empêcher son nez de couler.
C’est le moment que choisit Gil pour revenir dans la salle, suivi de près par Naïs.

Et les larmes remontèrent aux yeux de Libertée, alors que l’envoleur venait l’attraper pour lui dire qu’ils rentraient chez eux. Oui, elle voulait rentrer…


- C’est un ordre déguisé en conseil, mais pour une fois je suis entièrement d’accord avec Voëlle !

La marchombre leva les yeux vers son père, toujours assis sur l’accoudoir du fauteuil. Pinçant les lèvres pour contenir ses nouvelles larmes, elle planta un baiser sur sa joue, et il lui caressa doucement la sienne.


- On viendra d’ici quelques jours, d’accord ?

Libertée opina doucement, avant de saisir la main de Gil. Ils se dirigèrent vers la porte d’entrée pour enfin sortir de là. Elle n’écouta que d’une oreille distraite que ce disait Gil à Pan.


- On va trouver un moyen… Elle ne mourra pas. Je veux voir les cornes de ce petit bonhomme !

Elle ne pouvait s’empêcher de serrer les dents, et même de se dire que tout serait bien plus simple si Naïs mourrait. Sauf que ce n’était pas vrai, parce que maintenant que la vérité était découverte, ça compliquait encore plus les choses. Serrant les dents, Libertée prit une inspiration pour ne pas pleurer encore. Décidément, elle n’avait que des larmes dans les yeux !!

Enfin, ils partirent, et la marchombre s’autorisa un long soupir, qui desserra un peu la boule dans sa gorge. Jusqu’à ce que Gil s’arrête brusquement pour la pousser contre un mur, et l’embrasser passionnément. Là, la boule se dénoua encore un peu plus.


- Je t’aime. Tu as une famille vraiment bizarre mais le bilan de cette journée est le même que d’habitude : je t’aime !

Libertée réussit à sourire, et posa son menton dans le creux de l’épaule de l’envoleur.

- S’il te plait, ne dit pas que Naïs est ma famille. J’suis pas du tout prête. Et là, tout de suite, je déteste mon père et je l’aime tout à la fois… elle leva les yeux vers Gil, avant de pousser un soupir. Je t’aime, Gil.




[ Petite précision qui vaut que vous vous moquiez de moi : Oui, j'ai aussi pleuré en écrivant ce RP, en même temps que Lib Rolling Eyes

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MessageSujet: Re: When violence causes silence [Lib, Pan, Gil]   When violence causes silence [Lib, Pan, Gil] - Page 2 Icon_minitimeMar 03 Fév 2015, 23:59

Pan comprenait que Miïn veuille faire connaissance avec Naïs, et même il l’espérait. Parce que l’Envoleuse avait besoin de soutien, et surtout parce que finalement, elle était bien plus affectée par cette découverte que ce qu’elle voulait bien le laisser entendre. Il l’avait senti, ça, alors qu’ils étaient encore assis dans l’escalier de sa maison.

Et s’il comprenait le Marchombre, parce que sans doute que sa vie était déjà suffisamment compliquée – une femme Envoleuse, une fille Marchombre, un beau-fils Envoleur – il sentait bien qu’il se passait quelque chose.

Mais il était d’accord avec Voëlle : Malgré toutes leurs différences qui sautaient aux yeux, Libertée et Naïs se ressemblaient, au fond, dans leur caractère surtout. On disait que le caractère d’une personne est défini à 60% à sa naissance, et que le reste se modèle avec l’éducation et l’expérience.
Un sourire étira les lèvres de l’Envoleur face aux protestations des deux concernées, mais il ne fit aucun commentaire : après tout, il n’était pas le mieux placé pour faire une remarque… Mais était assez d’accord avec Seth et Atal, quand ces derniers s’esclaffèrent, et il sourit à son tour.

-  Ca fait un an et demi que je tente de me convaincre que te rencontrer n’aurait rien changé à ma vie. Je ne me suis jamais autant trompée…

Le colosse ne put s’empêcher de hocher doucement la tête.
Naïs était de ces femmes qui se persuadaient toujours de plein de choses, et qui avaient tendance à essayer que tout concorde à leurs plans ou réflexions. Il l’admirait pour cela, elle et son caractère si trempé et imprévisible. Lui était tellement souple et arrangeant que ça lui faisait du bien, au final, de pouvoir croire qu’on pouvait avoir un certain contrôle, même si la vie était toujours pleine de surprises.

- Je suis sérieux, tu sais.

Pan prit une grande inspiration, et sentit Naïs se tendre légèrement dans ses bras. Il la lâcha une demi-seconde avant qu’elle ne s’éloigne de lui pour aller dans la cuisine : mais au moins, elle n’était pas loin. Il la laissa partir, et laissa Gil la rejoindre dans la cuisine.

Se passant une main sur le visage, il attrapa une cuillère et avala une glace en entier.
Le poids d’une main se posa sur son épaule valide, et il tourna le regard vers Atal, qui venait de s’approcher de lui.

- Courage. Elle est pas facile à supporter, mais c’est pour ça qu’on l’aime, hein ? demanda-t-il dans un clin d’œil.
Pan opina.
- Oui, ça c’est sûr. Mais des fois, je rêve d’un peu de simplicité !

Le frère de Naïs éclata de rire, mais une voix aigü l’interrompit brusquement.

- C’est pas une question de ça !

Tournant la tête vers Libertée, surpris par son cri, Pan fronça les sourcils. Décidément, les femmes étaient vraiment compliquées… C’était sans doute pour ça qu’on les aimait tant. Mais quand même !
Echangeant un regard avec Atal, ils allaient faire volte-face pour s’éloigner un peu quand Voëlle les entraîna plus loin, poussant Seth au passage. Le garçon semblait vouloir rester, par pure curiosité.
Mais même éloignés, Pan entendait encore bien les paroles de Libertée. Et sa mère, consciente de ça, engage la conversation.

- Du coup, d’où vient Naïs ?
- Des Archipels Alines. Mais on a grandi ici, à Al-Jeit.
- Et ce bout de chou, du coup… ?
demanda-t-elle, hésitante, en désignant Makeno.
- Est le fils de Naïs et de Gil. Génétiquement parlant ! ajouta P an sans pouvoir s’en empêcher.

Makeno dormait à poings fermés dans ses bras, et il le berçait doucement.

- Tu es prêt à être un vrai père, alors ?

Le cœur de Pan s’arrêta dans sa poitrine.
C’était vrai qu’il n’avait pas pensé ça comme ça. Mais il était vrai aussi que ça le remplissait de joie. Une joie atténuée malgré tout par les paroles de Naïs : elle pouvait mourir à cause du bébé, à cause de l’accouchement. Mais bon sang, c’était leur bébé !

- Oui… dit il d’une voix émue.

Des bruits de pas attirèrent leur attention, et Pan sortit du couloir sans demander son avis à Voëlle, pour retrouver Naïs. Cette dernière était en effet sortie de la cuisine, suivie de Gil.
Ce dernier s’avança directement vers Libertée, et annonça qu’ils rentraient chez eux. Opinant du chef, Pan laissa son regard flotter entre la Marchombre et son père, sachant pertinemment qu’apparemment Miïn et Voëlle allaient rester encore un peu.

Poussant un soupir, Pan fit quelques pas, et son regard croisa celui de Gil qui allait passer la porte.

- - Elle ne doit pas baisser les bras. On va trouver un moyen… Elle ne mourra pas. Je veux voir les cornes de ce petit bonhomme !

Pan hocha la tête distraitement, et ne put s’empêcher de répondre.

- On trouvera un moyen, coûte que coûte. Et puis les cornes, c’est que pour les hommes.

Serrant la main de l’Envoleur, le colosse prit une grande inspiration. Il regarda le couple disparaître dans la nuit, avant de fermer la porte de la maison, et de se tourner vers Naïs, Atal, Miïn et Voëlle.

Il s'avança vers l'Envoleuse la prit dans ses bras, et respira l'odeur de ses cheveux. Souffla dans son cou.

- Naïs... Je veux cet enfant. Je l'aime déjà. Et toi ?

Question à peine murmurée, inaudible par un autre que Naïs.
Question vitale.
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MessageSujet: Re: When violence causes silence [Lib, Pan, Gil]   When violence causes silence [Lib, Pan, Gil] - Page 2 Icon_minitimeLun 09 Fév 2015, 23:21

≈≈≈ Naïs ≈≈≈

Les secondes d’égrainent dans le silence formant une presque une bulle protectrice et apaisante autour de moi. De Gil. De nous. Lorsque la voix de l’Envoleur s’élève dans l’atmosphère, calme et émue, je relève lentement le menton, comme pour fixer au loin par la fenêtre, sans toutefois me retourner pour faire face à Gil. Entre nous deux, tout avait commencé lors d’une fraîche nuit d’hiver comme celle-ci. Une question. Une simple question nous avait liés pour toujours, bien au-delà de ce que j’avais pu imaginer alors. Par la sainte culotte de l’empereur, si je m’en souviens ? Comme si c’était hier…


Une danse ? Il vient de me demander une danse. C’est simple comme question, pourtant je n’aurais jamais cru qu’elle me fasse l’effet d’un couteau que l’on remue dans une ancienne plaie. Il vient brusquement de me ramener dix ans en arrière avec une seule proposition. D’aussi loin que je me souvienne, ça s’est passé presque exactement de la même manière : une fête, un jeu, une danse. Et puis, plus rien. C’est fou comme certaines coïncidences peuvent à ce point faire mal. Un silence pèse un instant dans l’atmosphère, juste le temps pour qu’un nœud se forme dans ma gorge. Malgré le flot de sentiments dévastateurs qui se mêlent lentement en moi, je glisse délicatement ma main dans celle de Gil – il attend toujours une réponse – avant de l’entraîner. Vers la place. Vers le feu. Vers la musique. Vers la joie. Exactement comme…


Les doigts de Gil, effleurant délicatement ma taille, me ramènent d’autorité au présent. Durant un court instant, je n’ose reprendre ma respiration. Je cligne plusieurs des yeux, mon souffle bloqué dans ma gorge, incapable de réfléchir de façon cohérente. Pourtant, lorsqu’il me fait pivoter sur moi-même, mes mains dans les siennes. Douces. Rassurantes. Alors que mes poumons commencent à me brûler, je reprends instinctivement une longue inspiration tandis que l’Envoleur m’entraîne au centre de la pièce en tournant lentement, comme au rythme d’une mélodie inaudible. Qui n’existe que dans nos souvenirs désormais. Je ferme les yeux et me détends complètement. Doucement, je laisse dès à présent Gil guider mes pas.

Le temps s’arrête et les hurlements hystériques de Libertée me paraissent étrangement lointains. Me mordant la lèvre inférieure jusqu’au sang, je ne perçois plus que le souffle chaud de Gil sur ma nuque. Un sourire. Un léger sourire étire mes lèvres. Il n’est pas mauvais danseur – et se débrouille très bien même. Ces mouvements lents, mais rythmés, ravivent en moi des souvenirs chaleureux. Qui n’appartiennent qu’à nous. La nuit est fraîche, mais je n’ai pas froid. Ne pensant plus à rien, je me laisse aller à poser délicatement mon menton sur l’épaule de l’Envoleur. Ainsi enlacés, je suis bien. Juste bien. Et quand Gil me fait tourner doucement une dernière fois, je n’ai pas envie que la musique silencieuse s’arrête.

Mon cœur tambourine dans ma poitrine à un rythme fou et j’ai un nœud au fond de la gorge. Pinçant les lèvres, je ferme les yeux, très fort, pendant de longues secondes pour juguler l’émotion qui menace de me submerger à nouveau. Des larmes au bord des yeux – saletés d’hormones – je bois les paroles de Gil en silence.

J’ai besoin de toi.
S’il savait à quel point moi aussi !
*
Là-bas, dans le salon, il y a des gens qui tiennent à toi.
Ma famille...
*
C’est sa plus belle façon de te le montrer.
Une main posée sur mon ventre plat, alors même que cela déjà plus de quatre mois que la petite chose grandit doucement en moi, je me mords un instant la lèvre inférieure.
*
Tu es ma meilleure amie. Ma seule et unique meilleure amie.
C’est assez étrange. Est-ce que deux petits mots peuvent vraiment définir une relation avec autant de nuances et de contrastes ? Une relation qui nous unit pour l’éternité au-delà de ce qu’il est possible d’imaginer. A la fois aussi beau mais complètement différent de ce que je vis avec Pan.  
*
On se reverra bientôt puisque cette famille, c’est la même.
Il fait partie de ma famille depuis le jour où nous nous sommes rencontrés, une fraîche nuit d’hiver. Peu importe que sa copine soit ma demi-sœur.


Dans un au-revoir silencieux, pulsant simplement au rythme des battements de mon cœur, Gil quitte la pièce d’un pas tranquille. Apaisé. Serein. Le temps que mes idées retrouvent un minimum de cohérence et j’emboîte le pas de l’Envoleur déjà sur le seuil de la porte. Il hésite, quelques secondes à peine. Revient sur ses pas pour offrir une poignée de main chaleureuse à Pan, vibrante d’espoir. Je veux voir les cornes de ce petit bonhomme. La voix de l’Envoleur est profondément empreinte de sincérité. On trouvera un moyen, coûte que coûte. Et lorsque Pan acquiesce avant de refermer doucement la porte derrière Gil et Libertée, je secoue la tête toute seule en réalisant soudain que j’avais été franchement stupide aujourd’hui. J’ai le droit d’avoir peur ; après tout, j’ai l’habitude de me sortir d’ennuis plus énormes que moi mais la maladie, ça c’est nouveau. Et effrayant ! Mais ça ne me donne pas l’autorisation de flanquer la peur de leur vie à ceux qui m’entourent.

Pestant contre moi-même, je suis presque surprise du doux contact de Pan. Et lorsque son murmure, à peine audible et pourtant parfaitement clair se perd contre ma nuque, s’évaporant dans un souffle chaud, mon cœur rate un battement. Quoi ? Il veut cet enfant. Et moi ? Clignant plusieurs fois des yeux, je cherche à mettre des mots sur les émotions contradictoires qui bouillonnent en moi depuis que Moryqane m’avait appris que je suis enceinte d’un peu plus de quatre mois – encore une fois, je ne m’en étais même pas aperçue.

Je déteste être enceinte, ce n’est vraiment pas une partie de plaisir ! Mais oui, je le veux. Tant que tu es là, je pourrais bien aller au bout du monde ! Je flippe à mort, je ne sais pas comment tu fais. Mais oui. Oui, je le veux. Je te veux toi. Ne me laisse pas !

Incapable d’aligner deux pensées cohérentes, aucun son ne franchit mes lèvres. Impossible. Comme si ma voix m’avait soudain été arrachée. Emettant un bâillement sonore, Atal s’étire longuement avec la souplesse d’un félin.

- « Bon, ce n’est pas que je suis crevé mais presque ! » s’exclama-t-il « Cette journée m’a épuisé ! » ajouta-t-il « Il y a assez de place pour héberger tout le monde… » propose-t-il à Miin et Voëlle.
- « On ne tient pas à s’imposer » objecta toutefois l’Envoleuse.
- « Vous êtes chez vous ici… » fit mon frère en haussant les épaules.
- « Bon, va pour cette nuit alors » céda Voëlle, sans chercher plus d’excuses.


Un coup. Quasiment imperceptible et pourtant clairement palpable sous ma main. La nuit s’étire depuis de longues heures maintenant, mais roulant sur le dos j’ouvre soudain les yeux, une main posée sur mon ventre. Un autre petit coup survient. Là. Juste sous ma main. A l’intérieur de moi, bien au chaud, au creux de mon ventre. Un sourire amusé étire un instant mes lèvres alors qu’il me semble que la petite chose se retourne, encore et encore, dans sa bulle confortable et rassurante. On aurait presque dit qu’il est en train de jouer, sans même se soucier de perturber ainsi le sommeil de sa mère. Attrapant délicatement la grande main de Pan, profondément endormi, je la glisse lentement vers moi pour la poser exactement là où se trouvait la mienne quelques secondes auparavant. Sur mon ventre encore plat. Mes doigts entremêlés aux siens, je peux sentir les mouvements du fœtus même au travers de la main de l’Envoleur. Avec un sourire en coin, je ne peux m’empêcher de guetter la réaction de Pan, qui est d’ailleurs quasiment immédiate.

- « Tu le sens ? » murmurais-je.  
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MessageSujet: Re: When violence causes silence [Lib, Pan, Gil]   When violence causes silence [Lib, Pan, Gil] - Page 2 Icon_minitimeSam 16 Mai 2015, 22:56

[ Ouiii, je viens enfin clôturer ce RP !]




Question sans réponse.
Ou plutôt sans réponse audible.
Parce que Naïs a beau ne rien dire, il peut sentit son pouls, entendre sa respiration qui s’est arrêtée avant de reprendre en accéléré. Il l’a sentie se tendre dans ses bras, chercher des mots, trouver des émotions. C’était comme si l’Envoleuse n’avait plus de secrets et pourtant restait parfaitement mystérieuse pour lui.
Il aimait cette sensation.
Cette sensation que jamais rien n’est acquis, et encore moins avec Naïs. Cette sensation que quoi qu’il fasse, quoi qu’il puisse ressentir, quoi qu’il puisse lui dire, elle restait elle-même avant tout, et qu’elle pouvait toujours faire ce qu’elle souhaitait. Qu’elle ne se sentait pas prisonnière de leur relation.
Qu’elle restait libre, tout simplement.

Alors oui, il l’aimait déjà ce bébé. Ce futur bébé. Cette petite chose qui ne devait pas être grosse au vu du non-volume du ventre de Naïs. Mais au final, personne n’avait deviné qu’elle attendait Makeno...

Ce fut la voix d'Atal qui le tira de ses pensés.

- Bon, ce n’est pas que je suis crevé mais presque !

Il proposa à Mïin et Voëlle de rester la nuit, et ils finirent par accepter.
Pan ne put empêcher un sourire d'étirer ses lèvres, malgré la boule de contradictions qu'était devenu son estomac : il savait que Naïs voulait en apprendre plus sur son père génétique, et le fait que sa belle-mère était apparemment Envoleuse facilitait sans doute beaucoup les choses. Même si du coup l'homme aux yeux roses était un Marchombre…

Haussant les épaule tout seul, le colosse finit par hocher la tête doucement, et ils allèrent rapidement se coucher.
Il avait une envie lancinante de répéter sa question à Naïs, d'avoir une vraie réponse, car il ne savait pas sur quel pied danser. Il était à la fois tellement heureux de savoir qu'un petit être était le leur, dans le ventre de l'Envoleuse… Et à la fois, il y avait cette douleur sourde qui avait pris naissance quand Naïs lui avait annoncé qu'elle était malade…

Finalement, il s'endormit sans réponse, tiraillé entre ses émotions…
Et fut réveillé au milieu de la nuit alors que quelqu'un attrapait son bras. Emergeant difficilement, il eut le temps de réaliser que c'était l'Envoleuse aux yeux dorés qui venait de lui attraper la main, et elle la déposa sur son ventre. Pan fronça les sourcils, ne comprenant pas immédiatement…
Jusqu'à ce petit coup sous sa paume, comme un tremblement de terre. Un tremblement de terre qui le secoua encore plus fort qu'il ne l'aurait cru. La boule dans son ventre se dénoua suffisamment, et il sentit une émotion lui prendre la gorge et la serrer brusquement.

- Tu le sens ? 

Il hocha la tête, et posa sa seconde main sur le ventre plat de l'Envoleuse.
Alors seulement, il autorisa ses larmes à couler.
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