Watch me burn like a shooting star ! [Syndrell + Libre]

Pause.

- C'est mon élève et, pour ce seul fait, je peux t'assurer que je le connais bien.

Pause.
Kaünis se fige soudain, sa respiration se bloque dans son torse, son cœur s’emballe brusquement. Son cerveau finit par reprendre le dessus et lui faire savoir qu’elle manque d’air, mais elle n’a pas bougé. Toujours assise, les jambes remontées contre elle, le menton sur les genoux.
Déglutissant péniblement, la bouche toute asséchée, elle parvient à prendre une petite inspiration.

Elle est avec le Maître de Darwen.
Cette fille – qui doit avoir l’âge du garçon, et donc plus jeune qu’elle – est Maître Marchombre.
Finalement, la surprise prend le dessus sur toutes les émotions qui se battent dans son crâne, et elle lève les yeux vers Syndrell.
C’est elle qui guide Darwen sur sa propre voie. Elle pourrait donc la réduire en miettes malgré son âge plutôt jeune : après tout, cela ne voulait absolument rien dire, au fond. Mais c’était quand même surprenant.

- Ça pourrait sonner que tu es sa maîtresse, vous avez le même âge.

Aucune colère, aucun ressentiment dans cette constatation.
Pas même une pointe de jalousie.
Pourtant, ce sentiment diffus dans sa poitrine pourrait y ressembler, non ? Elle sait très bien qu’elle a des sentiments – ou en tout cas un début de sentiments – pour Darwen. Les gens qui s’aiment sont presque toujours jaloux non ?
En tout cas, Syndrell a donc de quoi vraiment bien connaître l’apprenti Marchombre, pour le coup. Elle l’a sans doute déjà vu nu également, enfin si les entrainements sont plus ou moins les mêmes dans la forme entre Envoleurs et Marchombres.
Kaünis ne parvient pas à ranger et ordonner ce qu’il se passe en elle, mais finalement qu’est-ce qu’un corps ? La sexualité ? Tout cela est parfaitement naturel, normal même. Elle n’est même pas gênée de ce qu’il s’est passé quelques heures plus tôt avec Maïeul. En fait, Darwen pourrait avoir couché avec Syndrell, cela ne lui aurait fait ni chaud ni froid. Des corps, ce sont des corps. Des besoins, ce sont des besoins.

Par contre, la question qui en ressortit beaucoup plus clairement, était beaucoup plus d’ordre intime pour elle : est-ce que Syndrell connaissait l’existence du loup ?

Finalement, elle haussa les épaules. Essayant de se débarrasser de ces pensées sans y parvenir.
Après tout, concrètement, dans la réalité cela ne changeait rien qu’il se soit montré en loup à Syndrell, s’il l’avait fait : quoi, mais c’était vrai, elle n’avait aucun droit de possessivité ni d’exclusivité sur quoi que ce soit, et de personne. Surtout pas d’un Marchombre.
Liberté, liberté hein ?
Et puis, elle n’aimait pas que quiconque puisse être comme ça avec elle. Quand cela lui arrivait, elle pestait voir elle en devenait agressive : C’était sa vie à elle, et elle en faisait ce qu’elle voulait, en prenant en compte les gens qu’elle voulait, elle, pas ceux qui s’imposaient.
Exemple très concret : Darwen n’avait pas intérêt à émettre un quelconque jugement sur ce qu’elle faisait. Qu’il ne s’attende pas à l’entraver de ses envies et de ce qu’elle décidait d’en faire. Point. Ceci dit, souvent elle ne se comprenait pas elle-même, donc qu’on la laisse tranquille avec ses folies.

Cherchant soudain le regard de Syndrell, Kaünis ne put s’empêcher de sourire, avant de lancer :

- Ça doit être drôle, comme apprentissage.

Ceci dit, elle avait pourri un nombre de fois incalculable Gil durant le sien, d’apprentissage. Est-ce que cela pouvait être fait sans accroc ?  Sans désaccord ? Elle ne le pensait pas, parce que chacun était différent. Ou alors, c’était que l’apprenti avait raté quelque chose, non ?

Et elle, elle serait capable d’enseigner ?
Chassant cette pensée, Kaünis s’invectiva mentalement : avant de penser pouvoir transmettre, il fallait qu’elle se maîtrise et qu’elle ait une meilleure maîtrise en général.

- Tu le connais bien et pourtant, tu ne l’as pas tué. Curieux de la part d’un chasseur de marchombre, non ?

Kaünis détailla quelques secondes la jeune femme aux cheveux bleus. Dans la pénombre et la lueur diffuse du feu, son regard doré devenait presque marron et ses cheveux noirs. Pourtant, l’Envoleuse ne se laissa pas duper, et elle se redressa pour s’appuyer sur ses paumes de main.

- Je le connais pas bien, non.

Et… ?
Que pouvait-elle répondre à la femme ? Ou plutôt : que voulait-elle répondre ? Après tout, elle avait ses raisons, et cela ne regardait qu’elle. D’ailleurs, elle n’allait pas non plus se débarrasser de Syndrell, à quoi bon ? Elle était une chasseuse de Marchombres, certes. Mais elle avait été finalement à la mauvaise école, en sachant que son couillon de Maître s’était entiché d’une Marchombre au point de lui faire un gosse et d’en revendiquer la légitimité.

Haussant les épaules, Kaünis chercha donc le regard de Syndrell avec un sourire alambiqué dépeint sur les lèvres.

- Un bon chasseur sait attendre le moment propice pour tuer sa proie, non ?

Ce n’était d’une menace subtile mais complètement en l’air, car elle n’avait aucune raison rationnelle de tuer Syndrell ou Darwen. Et puis elle n’avait aussi aucune chance contre la Marchombre, elle le savait bien, autant éviter un affrontement dans ce cas : elle n’était pas du genre à risquer son sang pour rien.

Se redressant brusquement pour s’installer en tailleur, l’Envoleuse prit une inspiration. Expira longuement.
Elle avait sans doute une chance grâce à sa Greffe, mais il n’y avait cependant pas de raison non plus de considérer que Syndrell en était exempte. Donc elle restait en désavantage.

Elle savait que la question de Syndrell était sincèrement intéressée, mais elle n’avait pas de réponse à apporter : elle ne le savait pas elle-même, à vrai dire.
Ou alors, comme l’avait dit son père, elle n’était pas un monstre.

Ceci dit, cette certitude n’existait plus : Elle n’était plus qu’une idée branlante au bout d’une liane usée.
Elle était un monstre. L’acceptation en était à sa première étape, mais finalement, avait-elle vraiment un problème avec ça ? Même les monstres ont des limites. Même les monstres ont des rêves. Même les monstres ont des idéaux. Même les monstres évoluent.
Le meilleur de soi, c’était un peu ça au fond. Donner et être le meilleur de soi-même, remise en question perpétuelle.

[t’en ficherai moi, des « couillons » de maître… XD (même si bon, d’accord, c’est un petit peu vrai sur les bords…)]



- Un bon chasseur sait attendre le moment propice pour tuer sa proie, non ?
- C’est vrai, sourit Syndrell. Et une proie digne de ce nom sait se faire discrète lorsque le danger rôde…

Elle soupira, puis jeta son bâton dans le feu pour raviver les flammes. Le lapin qui grillait sur sa broche n’était pas bien gros mais elle l’avait saupoudré d’herbes qui dégageaient un fumet délicat et appétissant. Saisissant la pique par son extrémité, elle souffla sur la viande avant de mordre dedans. Le morceau qu’elle déchira tomba dans la gamelle qu’elle avait placée juste en-dessous.

La marchombre considéra un bref instant Kaünis avant de lui tendre, par-dessus les flammes, la broche avec la moitié de lapin restée dessus.

- Tiens, chasseur. En attendant d’attraper ta prochaine proie.

Syndrell dévora sa part et se lécha les doigts avec gourmandise. Attrapant sa gourde, elle la déboucha et l’approcha de ses lèvres avant d’hésiter.

- Tu n’aurais pas quelque chose de plus fort que ça, par hasard ? lança-t-elle à la jeune femme qui lui faisait face.

Etait-ce parce que la soirée semblait propice aux confidences ? Ou bien parce qu’elle aimait jouer avec le feu, et parce que de toute évidence, Kaünis aussi ? Le regard de Syndrell brillait à la lueur des flammes.

- Parce que, pour continuer notre conversation, il me faudra un peu d’audace.

Boutade.
Une de plus.
L’audace était ce qui avait rapproché ces deux femmes ; ni l’une, ni l’autre n’en manquait.








- Alors… Maïeul ?

Syndrell essuya ses lèvres et s’adossa plus confortablement contre son arbre. Elle avait calé son sac en guise de coussin, mais elle ne parvenait pas à trouver… voilà. Satisfaite de sa position, légèrement ivre, la jeune femme posa les yeux sur Kaünis.



[Et du coup, je suis partie du principe que Kaünis trimballait un peu d'alcool avec elle. J'espère que tu n'es pas contre cette idée dans la mesure où nous gardons à l'esprit que l'abus d'alcool est dangereux pour la santé - à consommer avec modération - voir modalités dans les magasins participants !)

Kaünis avait gardé le regard fixé sur le lapin qui cuisait au dessus des flammes, alors que Syndrell tentait plus ou moins de lui répondre. Plutôt moins que plus, d'ailleurs, mais c'était sans doute pour combler la conversation. L'Envoleuse n'avait jamais été très prolixe naturellement, et le silence ne la dérangeait pas, même quand il était gêné. Enfin, ça dépendait sans doute du contexte, mais globalement elle n'avait aucun problème avec l'absence de conversation.

Elle fut donc surprise par le fait que la Marchombre lui offre un bout de son lièvre, mais accepta finalement la pitance avec enthousiasme, car elle avait faim. La chair était tout juste tendre et la peau croustillante pile comme elle aimait cela, et elle se régala en un temps record.

- Tu n’aurais pas quelque chose de plus fort que ça, par hasard ?  

La jeune femme haussa un sourcil étonné, et quelques secondes passèrent tandis que l'Envoleuse réfléchissait à ce qu'elle avait dans son sac, mais surtout au fait qu'une Marchombre veuille se saouler – ou en tout cas minimiser ses réflexes : elle ne se méfiait donc pas d'elle ou alors elle avait toute confiance en ses capacités ?

- En même temps même un jus de fruit serait plus fort que de l'eau !

Mais cela séduisit Kaünis malgré elle : elle ne buvait jamais beaucoup, et très occasionnellement, mais elle avait un vin de noix dans son sac qui était absolument délicieux, sucré et fruité pile comme il le fallait. Il n'en fallut pas plus pour qu'elle le sorte et qu'elles se servent un verre chacune.

Enfin, un peu plus d'un verre chacune.
La soirée était agréable, finalement. L'air pas trop frais, juste assez pour qu'on puisse avoir un doute sur l'origine de la rougeur de leurs joues.

Cependant, la question que Syndrell finit par poser ne la choqua même pas. Enfin, si, mais dans le sens qu'elle la surprit : elle ne s'y attendait pas vraiment.

Mais en même temps, elle ne comprenait pas exactement ce que demandait la Marchombre : des renseignements ? S'il s'était passé quelque chose entre eux ? Et puis quoi, elle faisait, ils faisaient, ce qu'ils voulaient non ?
Mais l'Envoleuse était quand même bien joyeuse et le goût du vin fruité ne quittait pas sa langue, alors elle ne put s'empêcher de glousser.

- J'avais une sorte de principe avant : ne coucher qu'avec les hommes qui peuvent me mettre hors combat de manière loyale. Comme les animaux tu sais ! Bref, Darwen a été la seule exception. Ceci dit, c’était pas gagné. Ça l’est toujours pas cette histoire. Enfin…

Elle lève les yeux vers Syndrell et la détaille brusquement comme si elle ne l’avait jamais vue. Elle était la Maître de Darwen, Marchombre, et savait qu’elle était une Envoleuse : alors, qu’allait-il se passer maintenant ? Comment allait-elle réagir : son apprentie copulait avec l’ennemi, ce n’était pas très follichon tout ça.

- Tu vas pas lui casser la gueule hein ? Je préfèrerai le faire moi-même tu vois ! lança-t-elle dans une grimace.

- On peut peut-être résumer ça en : l'amour est un combat. Ou pas.


[ part dans ses pensées ]

- Un combat qu'on ne pas toujours gagner...

Soupir entendu.

- Kaünis ? Pourquoi es-tu venue à l'Académie, cette fois-là ? Pour nous espionner ou bien parce que tu envisageais la possibilité d'y rester un petit peu ? ...

... et puis d'abord, comment as-tu fait pour la trouver ?


[Hahaha... XD]

- C'était pas prévu. J'voulais pas rester de toutes façons. Mais j'étais curieuse. J'ai voulu retenir des trucs, mais dès que je suis partie impossible de mettre le doigt sur des souvenirs précis.

En quoi ça t'intéresse ? J'croyais que les Marchombres étaient individualistes, moi. Pas à chercher la bagarre ni la provoquer, juste se défendre. Enfin, c'est vrai qu'on est tous humains, au fond. Rah !





[ Je crois que tu me l'as bien saoulée ma Kaünis xP ]

- Hé là, du calme ! T'es pas la seule personne dotée d'une sacrée curiosité, tu sais !

Boit une gorgée de vin de noix, puis sourit.

- Je suis allée me balader dans le Domaine, une fois. Quand j'étais apprentie. Bon... "me balader" n'est pas tout à fait juste. J'avais envie de voir, moi aussi... Et de mettre la pagaille. Haha ! Quand j'y repense, c'était une sacrément belle aventure !


[Héhé. Pourquoi crois-tu que j'ai lancé ce sujet ? ]

- Ah. Moi je risquais pas de compter sur le mien, de Maître...
Par contre j'en connais qui auraient été ravis d'en savoir plus.





[ c'est pas moi qui l'ait dit ]

- Ah bon ? Qui ?



[Haan ! Tu crois que Gil ne se serait pas mouillé pour récupérer Kaünis ? ... Ouais. Oublie ma question ><"]

[ Hum justement, pas sure ]

- Les Mentaïs, tout ça...

[Moi non plus... ]


- J'imagine... Pourtant, même si je décidais de partager certaines informations avec eux, ils seraient fort déçus : je suis incapable de me rappeler dans les détails de cette incroyable journée. Comme toi...

Petit rire.

- Quelque chose me dit que nos bases sont très bien protégées. Tant mieux, je suppose... Sinon, on passerait notre temps à se taper dessus. Ou à mener d'autres genres de combat...

Glisse un regard évocateur en direction de Kaünis.

- Hum. Je pense plutôt que les Mercenaires passeraient leur temps à tenter de vous traquer. Ça m'étonnerait qu'il y ai beaucoup d'entre nous qui fricottent avec l'ennemi...


[ grimace ]

- Je ne sais pas…

Syndrell se laissa aller en arrière et appuya sa tête contre l’arbre qui la soutenait. Son regard se perdit dans les branches sinueuses qui formaient un toit végétal. Blood Light, Faldor, Owen, Dolce, et maintenant Kaünis… elle avait pourtant l’étrange impression que, depuis qu’elle connaissait leur existence, sa route croisait souvent celle des Envoleurs.

- Parfois, je me dis qu’il y a des choses qui dépassent la simple idée de Mercenaire et de Marchombre : les sentiments, les actes, certaines valeurs… un fameux vin de noix…

Un léger sourire flottant sur ses lèvres, Syndrell laissa vagabonder ses pensées un instant. Tout se jouait finalement à peu de choses, mais des choses essentielles et qui les définissaient d’abord comme des êtres humaines. Bien sûr, elle n’ignorait pas que, parmi les Envoleurs, il y avait des assassins, des hommes et des femmes qui tuaient pour le plaisir – elle les avait vus. Mais pouvait-elle affirmer que tous les Marchombres avaient des scrupules ?

La jeune femme se passa la langue sur les lèvres, cueillant le goût sucré et capiteux du vin de Kaünis. C’était la saveur qui lui reviendrait en mémoire lorsqu’elle se rappellerait cette nuit particulière, nuit pendant laquelle, sous le scintillement amusé des étoiles, une marchombre et une mercenaire du Chaos avaient échangé des paroles plutôt que des coups.

- Rien ne dit que nous ne nous affronterons pas la prochaine fois que nous nous croiserons, dit-elle d’un ton dénué de toute menace. Je dirais même que ce serait une expérience enrichissante, d’après ce que j’ai pu voir aujourd’hui !

C’était sincère : Syndrell avait vu Kaünis à l’œuvre, elle était certaine d’apprécier se mesurer à elle ; encore fallait-il que leurs routes se croisent à nouveau, ce dont on pouvait aisément douter. Gwendalavir était si grand…

L’aube s’installa doucement. Les étoiles pâlirent mais s’attardèrent dans le ciel tandis qu’un brouillard matinal se glissait sous les arbres. Syndrell finit par se lever doucement. Elle s’étira et se frotta les yeux, surprise de ne ressentir aucune fatigue alors qu’elle venait de passer une nuit complète à discuter et à déguster un vin délicieux.

Il était temps d’aller chercher Vagabond et de poursuivre sa route.

- Je profite du fait que le vin ne s’est pas encore complètement distillé dans tes veines pour prendre un peu d’avance sur toi, lança-t-elle, gouailleuse, en passant sa besace en bandoulière.

Une simple boutade. Si Kaünis voulait la retenir, elle pouvait le faire en une poignée de secondes seulement. Et Syndrell pouvait s’éclipser plus rapidement encore. Mais elle s’attarda un instant, son regard doré détaillant la jeune femme avec attention.

- C’est drôle, et ne le prend surtout pas mal, mais je crois bien que, dans une autre vie, nous aurions pu devenir très bonnes amies toi et moi. Différentes jusqu’au bout des ongles, et capable de refaire le monde en une nuit !

Jusqu’ici le terme de « meilleur ami » s’appliquait uniquement à Ciel, à la relation particulière qu’ils avaient tous les deux ; solitaire dans l’âme, Syndrell n’avait pas eu de « meilleure amie » avec qui partager des secrets ou se disputer pour un rien. C’était inconnu pour elle. Toutefois, au cours de cette nuit, elle avait plusieurs fois ressenti comme une connivence implicite, lien invisible mais néanmoins présent, quelque part, entre cette drôle de fille et elle…

Elle ne lui dit pas au revoir. Ce serait trop « fricoter », songea-t-elle avec malice, adoptant ce terme dans toute sa spontanéité. Mais avant de disparaître dans le brouillard qui s’épaississait, elle se retourna et leva deux doigts en guise de salut.

Elle resta sur ses gardes jusqu’à s’être suffisamment éloignée, au cas où Kaünis aurait décidé de se mettre en chasse, parce qu’elle ne la sous-estimait pas ; cependant, elle regagna sans encombres le village où elle avait laissé Vagabond. L’étalon lui fit comprendre qu’il n’avait pas apprécié d’être laissé pour compte, et il fallut à Syndrell un trésor de patience pour mettre fin à sa bouderie.

Le soleil dispersa le brouillard en fin de matinée, alors qu’elle contournait la Citadelle par l’est. Juchée sur Vagabond, Syndrell soupira d’aise.
Heureuse.




[Vala valaa, je m'arrête là ! J'ai bien apprécié ce petit Rp, j'étais loin d'imaginer une "rencontre" (oui, on peut dire que c'est ça, après tout la première fois Kaünis jouait la moucharde, c'était un peu de la triche ^^) aussi chouette entre ces deux-là ! A refaire, hein ! ]

Ouais. En fait, Kaünis ne savait pas elle non plus, à vrai dire, si beaucoup fricottaient avec le camp ennemi. Cela lui semblait juste absolument invraisemblable quoi, déjà qu'elle elle avait du mal à supporter cette idée… Certes, Gil avait un gosse avec une Marchombre, mais pour l'Envoleuse cela ne comptait pas : Gil, c'était Gil, et il n'entrait dans aucune catégorie – à part les couillons. En tou cas, si on avait demandé à la jeune femme, cela aurait été le tout dernier de la liste à fricotter avec les Marchombres, c'est clair.

Haussant les épaules, l'Envoleuse ne répondit pas à Syndrell. Tous humains hein ? Des fois, elle se demandait. Mais c'était vrai qu'au fond, ils étaient tous plus ou moins pareils – du moins dans la généralité physique, merci le spécisme.

- Rien ne dit que nous ne nous affronterons pas la prochaine fois que nous nous croiserons. Je dirais même que ce serait une expérience enrichissante, d’après ce que j’ai pu voir aujourd’hui ! 

Kaünis leva les yeux vers la Marchombre et ne put s'empêcher d'incliner la tête légèrement sur le côté en la fixant.

- Non, j'aurais aucune chance.

Parce que même si elle s'améliorait d'ici-là, Syndrell aussi évoluerait. Alors à part si la Marchombre tombait dans la pédanterie – ce qui semblait toujours possible, mais pas vraiment probable – elle savait parfaitement qu'elle ne pourrait pas la vaincre, même lors d'un combat amical.
Si sa vie en dépendait, elle vendrait chèrement sa peau, en tout cas.

Elle la regarda se lever en haussant un sourcil : elles étaient aussi rondes l'une que l'autre, mais pas assez encore pour perdre toute notion de rationnalité. Parce que Marchombre ou Envoleur, il faut toujours s'attendre à tout, et n'importe quoi pouvait arriver d'un moment à l'autre, non ?
Alors bon, oui, l'Envoleuse n'avait pas du tout l'habitude de l'alcool et le réveil le lendemain matin promettait d'être difficile, mais elle avait encore les idées assez claires pour comprendre que Syndrell plaisantait.

- C’est drôle, et ne le prend surtout pas mal, mais je crois bien que, dans une autre vie, nous aurions pu devenir très bonnes amies toi et moi. Différentes jusqu’au bout des ongles, et capable de refaire le monde en une nuit !

Haussant à nouveau les sourcils, Kaünis cligna des paupières avant de finalement sourire presque timidement à la Marchombre.

- Dans une autre vie peut-être ! finit- elle par railler pour cacher sa gêne que de toutes façons Syndrell avait dû sentir.

Elle regarda la Marchombre s'éloigner tranquillement, un peu titubante mais pas assez pour que d'autres croient qu'elle était saoûle. Simplement sa démarche n'était pas aussi féline et grâcieuse qu'elle aurait dû l'être. S'appuyant sur le tronc d'arbre derrière elle, Kaünis poussa un long soupir lorsque la silhouette aux cheveux bleus disparut dans la nuit.
Allez, elle allait fermer les yeux quelques secondes.
Juste quelques secondes…






[ Oui, c'était vraiment très sympa comme RP, et j'avoue que je ne m'attendais pas à ça non plus vu le carafond de Kaünis x) A refaire, totalement d'accord ! ]