Groupe Dobu - Cours n°1

Les thrilles joyeuses d’un oiseau éveillèrent Ren, ce matin-là. Cela faisait quelques jours à peine qu’il était arrivé à l’Académie, mais déjà il avait adopté le grand bâtiment. Il pouvait semblait froid au premier abord, mais dansait dans ses entrailles la chaleur émouvante d’une grande famille autonome. Le garçon y était particulièrement sensible, et aimait déjà s’y glisser avec enthousiasme.
Il avait bien vite fait connaissance avec la cuisinière, une femme ronde et aussi énergique que rentre-dedans. Mettre les mains dans les plats, faire du pain ou des galettes de niams… Ren avait aidé le temps d’un service, et l’ambiance qui régnait derrière les fourneaux était encore plus bon enfant que dans les couloirs.

Étonnamment, il se sentait déjà un peu chez lui dans cette immense communauté.
Parce que la bonne humeur et les émotions sincères l’entouraient, il sentait quelque chose se plier doucement en lui. Il souriait plus, riait fort, et sentait les étoiles naître dans ses yeux à chaque nouvelle rencontre.
Le monde entier était mouvement, chaleur et famille. Une immense famille, qui ouvrait les bras, mais qui avait son petit carcan d’acier quelque part pour préserver le coeur.

C’était ce matin-là, pourtant, que Ren devait rejoindre son Maître. Kanaëkhian Kwaekoanok. Un nom si difficile à prononcer qu’il avait presque immédiatement décidé de le remplacer par un simple Kaë. Kaë, ça fonctionnait pour un homme ou une femme, et de toutes façons, cela serait un surnom qu’il n’utiliserait que dans sa tête, pour lui-même. Pas besoin de faire savoir à tout le monde comment son cerveau pouvait fonctionner, n’est-ce pas ?
S’étirant longuement dans le lit étroit du dortoir des garçons, Ren lâcha un long bâillement avant de se redresser sur les fesses et récupérer sa longue tresse qu’il passait par dessus le rebord du lit pendant la nuit pour éviter de la défaire et que ses cheveux deviennent impossibles à coiffer en moins de deux heures. Repoussant les draps, il capta un mouvement dans l’un des lits alentours, et un gloussement typiquement féminin s’éleva de sous une couette… Ce qui eut un effet immédiat sur l’enthousiasme matinal de Ren, qui lui brûla soudain plus fort. Poussant un soupir, il se leva très vite en tirant sur son pantalon pour tenter de dompter son inconfort, s’habilla sommairement de son marcel de fermier et attrapa son peigne en corne de siffleur sur sa table de chevet.
Il se glissa hors des dortoirs en essayant de ne pas jeter de coup d’oeil en arrière, alors que son esprit n’attendait qu’une chose, croiser un bout de fesse à l’air.

Se passant une main sur le visage, il se dirigea directement vers la cuisine alors que son érection matinale molissait, et quand il arriva dans la salle tout était rentré dans l’ordre. Il adressa un large sourire à la cuisinière.
- Tu ne viens pas nous aider ce matin Ren ?
Il sourit en secouant la tête.
- Non, pas ce matin. J’ai mon premier cours qui commence… Et puis, je ne suis pas très doué pour les viennoiseries !
La petite femme éclata de rire et lui souhaita bonne chance pour son cours, et il ne put s’empêcher de lui répondre par un sourire. Tout le monde ou presque était avenant, par ici, et c’était sans doute pour cela que cela faisait tellement écho en lui. Là, au fond du ventre.

Sirotant son verre de lait de siffleur doucement, il défit la tresse dans ses cheveux, les peignant après avoir défait deux ou trois entremêlements à chaque fois et éviter les petits noeuds d’électricité statique. Quand il eut terminé, et que ses longs cheveux tombaient en une cascade de feu jusqu’au sol, une fille passa à côté de lui en écarquillant les yeux.
- Ils sont dingues tes cheveux ! Ils ont l’air tout doux…
Ren ne s’offusqua pas de cette spontannéité. Il n’en avait pas l’habitude, mais c’était un vrai vent de fraicheur pour lui qui réfléchissait toujours beaucoup trop avant de faire quoi que ce soit.
- Tu veux toucher ?
- Wahou, ils sont vraiment super doux… Ça doit demander un paquet d’entretien !
Ils discutèrent quelques instants, avant qu’elle ne s’en aille après lui avoir donné son prénom : une certaine Ylianne. Il continua en se faisant une tresse à six brins pour que la longueur de ses cheveux soit un peu plus courte et ne le gêne pas pendant cette première journée de cours. Ainsi, quand il eut terminé, sa tresse lui tombait en dessous des fesses, ce qui était pas mal comparé aux chevilles ou aux genoux avec une tresse classique.

Se levant, il avala un dernier quartier d’orange avant de se diriger vers l’entrée de l’Académie, où son Maître leur avait donné rendez-vous, à lui et Elke.
Passant la porte, il regarda autour de lui, mais personne ne semblait l’attendre… Il fut bientôt rejoint par la jeune fille, à qui il adressa un sourire de bienvenue.

- Salut Elke.

Il avait envie de demander si ça allait, comment elle vivait ses premiers jours à l’Académie comme lui, mais se contenta de sourire et de détacher avec difficulté ses yeux de la jeune fille pour chercher aux alentours une silhouette… Dans un arbre, peut-être ?

J'étais en train de me coiffer dans le dortoir, et je pensais à cette nouvelle vie. Ce que j'aimais par dessus tout dans cette académie, c'était le bonheur qui y régnait. Tout le monde avait l'air sympa mais je n'avais encore fait connaissance avec personne. La veille, une jeune femme m'avait trouvé dans le dortoir et m'avait dit qui était mon maitre, puis elle était aussitôt repartie. Mon maitre, donc, avait un joli nom, mais il était long : Kanaëkhian Kwaekoanok. J'avais hâte de voir à quoi il ou elle ressemblait et comment il était.  Après avoir appris le nom de mon maitre, j'étais allée chercher dans le grand bâtiment une information concernant le premier cour de mon maitre. Et je l'avais trouvé ! Sur le panneau d'affichage, il y avait un mot, disant de se retrouver à l'entrée de l'académie, mais le mot était destiné à Ren et Elke. Le maitre marchombre n'était peut être pas au courant de ma présence dans le groupe ? Tant pis, j'allais quand même aller à ce premier cour. Et puis je pensais à Sidko, mon loup. Il n'était pas venu avec moi dans l'académie, il y avait trop de gens pour lui. Alors il s'était installé dans un coin dans l'écurie. Je me demandais si il avait le droit de venir à mon premier cour, sinon je lui dirais d'aller se gambader dans la forêt. Il me semblait en avoir vu une justement.
 
 Je repris mes esprits, après avoir coiffer mes cheveux rouges, j'enfilai un pantalon simple noir et un haut à manches courtes, lui aussi noir. Puis je sortis du dortoir et allai dans l'écurie. Je ne trouvais pas Sidko, il était surement parti pour explorer ce qui entourait l'académie. Je retournai alors à l'entrée de l'académie, je vis deux jeunes gens : un jeune homme grand au cheveux roux et longs (plus long que moi !) et une fille qui devait faire à peu près ma taille et qui avait les cheveux blonds. Ils avaient tous les deux le regard dirigé vers un arbre. En fait c'était certainement Kanaëkhian qui avait grimpé dedans. Je m'approchais d'eux. Et puis je fis un extrême effort pour leur lancer d'un air timide :

-Euh, salut !

Elke semblait déborder d’énergie, elle ne cessait de sautiller dans tous les sens, ce qui tira un sourire à Ren. Il ne savait jamais vraiment comment réagir avec les gens comme la jeune femme, parce que lui était toujours dans la retenue, et qu’il ne pouvait pas s’imaginer se laisser aller de cette manière. Et encore, qu’avec ces derniers jours, il comprenait le besoin de s’exprimer, que ce soit par des paroles ou par une présence spéciale. Les Marchombres semblaient très spontannés et naturels, ils ne s’encombraient généralement pas de simagrées pour parler, s’exprimer, communiquer. Ils pouvaient faire preuve de tact, mais pas nécessairement. C’était une attitude que Ren admirait beaucoup, et qu’il se sentait incapable d’avoir de lui-même. Ou en tout cas, pas encore, même s’il essayait de ne plus être aussi rigide dans son attitude.

Quand sa camarade leva un index vers un arbre non loin de là, Ren leva les yeux un instant pour tenter de repérer de quoi elle parlait. Mais une autre jeune fille arriva à ce moment-là, et son attention descendit sur terre pour détailler la nouvelle venue à son tour. Elle était aussi grande que Elke, mais sa chevelure longue et d’une rougeur éclatante, attira le regard de Ren, qui lui sourit de manière rassurante.
Quelque chose d’adorable, de mignon, émanait d’elle. Peut-être à cause de son langage corporel qui criait sa timidité et sa réserve ? En tout cas, cela donnait envie de l’entourer d’un cocon pour la rassurer, et lui montrer que le monde extérieur n’était pas si terrible que ça. Ça donnait envie d’en savoir plus sur elle, de la protéger, de l’apaiser. Un instinct protecteur naissait dans le ventre de Ren. Il fallait dire qu’elle était bien plus jeune que lui, et qu’elle aurait facilement pu être sa petite soeur.

- Salut, tu t’appelles comment ? demanda-t-il avec un sourire apaisant sur les lèvres, une étoile d’intérêt dans le regard. Après tout, ils allaient partager bien des voyages, tous les trois, autant bien s’entendre avec tout le monde.

Ce fut à ce moment-là qu’il y eut du mouvement dans l’arbre, et Ren leva la tête juste à temps pour voir un bout de femme faire une pirouette improbable depuis une branche haute, et atterrir souplement sur ses deux pieds devant eux.
Elle était grande pour une femme – un tout petit peu plus que lui – fine mais aux muscles déliés qui se mouvaient sous sa peau claire, alors que ses cheveux, comme une cascade d’or, ondulaient autour de son visage le rendant très lumineux, alors qu’il était déjà éclairé par deux yeux d’un bleu acier impressionnant.

- He dààj ! Ren fronça légèrement les sourcils, creusant des sillons sur son front, devant cette salutation qu’il ne comprenait pas et qu’il ne connaissait pas. Surpris, il sourit timidement, et dut se concentrer pour réussir à comprendre la suite des paroles de la Marchombre, car un fort accent embellissait la langue Alavirienne, dans sa bouche. C’était à la fois surprenant et génial. Il n’avait jamais vraiment rencontré de personnes étrangères et qui avaient un tel accent comme ça ! Il allait falloir qu’il s’y fasse, mais cela lui plut immédiatement.
Les questions de la femme – Kanaëkhian… Kaë. Oui c’était bien Kaë – étaient légitimes, et si Ren comprenait qu’elle les pose, il n’était pas certain de la manière dont il voulait y répondre.
Mais comme les deux filles semblaient chercher leurs mots elles aussi, il se lança.
Il n’avait en effet pas envie de s’étaler sur sa vie, donc il allait passer tout ça très vite. En venir à l’essentiel. Une habitude qu’il avait acquise depuis un moment, maintenant.

- En partant de chez moi, j’étais sans but, et un homme m’a parlé des Marchombres pour me désigner l’Académie. Je ne sais pas exactement ce qui me pousse à devenir Marchombre, c’est quelque chose d’aussi inconscistenciel que l’inconscience ou l’instinct, je crois. Et pour la signification... Il se tut un instant, cherchant à mettre de l’ordre dans ses pensées. Sa conversation à moitié philosophique avec Narek – de laquelle il était sorti plus frustré qu’avant, car aucune réponse n’en était sortie – lui revint en mémoire, et il se retint de hausser les épaules. Un sourire étira ses lèvres, mais son regard devint mortellement sérieux. Je me pose beaucoup de questions sur la liberté en général. Il me semble que c’est un concept qui pousse les Marchombres. Je suis curieux de voir à quel point, et s’il y a des vraies réponses à mes questions.

Il passa sa langue sur l’arrière de ses dents, masquant son trouble par rapport aux questions en question. Il n’avait pas envie d’en parler tout de suite, de les mettre sur le tapis. D’abord, il voulait éprouver ce que pouvait être un Marchombre ; ce que l’on pouvait attendre de lui ; ce qu’il s’autorisait à attendre de cette qui était désormais son guide. Pas mal de choses à considérer avant de s’ouvrir, finalement.

Mes deux camarades m'acquellirent tous les deux chaleureusement : le jeune homme roux m'offrit un grand sourire, ce qui me rassura, mais je me sentais très petite à côté de lui. J'avais l'impression qu'il agissait comme un grand frère. Et bien pourquoi pas ? Après tout j'étais venue ici pour avoir enfin une famille, des proches qui tiennent à moi. Et puis il me demanda gentillement mon nom, j'eus à peine le temps de le prononcé que la fille qui gesticulait de joie à côté s'approcha de moi en dansant, m'attrapa les mains et dit d'un air joyeux :

-Salut ! Moi c'est Elke !

Je ne savais pas comment réagir, alors je lui souris tout simplement. Je la détaillai : ses yeux étaient très joli, d'un beau vert, ses cheveux aussi, ils étaient blonds éclatant. Son visage reflétait sa joie et son excitation. Elle avait l'air amusé de me voir presque génée. C'est alors qu'elle dansa, tourna, en m'entraînant avec elle. J'avais envi de rire, j'avais l'impression qu'on était deux amies en train de faire les folles. La bonne humeur de Elke atteignait tout le monde. Mais je pensais que je devais encore avoir l'air timide. 

Et puis la silhouette qui attendait dans les arbres descendit en faisant je ne sais quelles figures. Notre maître marchombre approchait. Et on découvrit tous les trois une ravissante jeune femme. Ses cheveux d'un blond clair brillait dans le soleil, sa peau clair faisait ressortir ses yeux d'un bleu glacier. Mais elle ne faisait pas ressentir de la peur, ni de la méchanceté bien au contraire, elle avait l'air... Je ne trouvais pas les mots pour la décrire... Pure, authentique, forte, sereine. Elle avait une certaine assurance et avait l'air elle aussi heureuse de nous rencontrer. Elle se présenta alors, Khia ou Naë, on pouvait l'appelé ainsi. J'aimais bien Khia. J'aimais bien sa manière directe de parler, j'aimais bien la personne qui était notre maître, j'aimais bien les deux camarades à côté de moi. Bref j'étais décidément très heureuse. Puis elle nous demanda pourquoi on était là, pourquoi on voulait devenir marchombre, et ce que cela signifiait pour nous. Elle nous regarda, attendant une réponse. C'est le jeune homme qui prit la parole. Il répondit clairement. Puis Elke parla à son tour. Et enfin, c'était à moi de m'exprimer. 


En fait, je suis ici pour rencontrer des gens, devenir proche et vivre en harmonie avec eux. Je n'ai pas de famille, pas d'amis. Alors ici je cherche quelque chose pour enfin vivre heureuse et pour de vrai. 

Ces mots étaient sortis tout seuls, et j'avais du mal à parler, je respirai et ajoutai :


Les marchombres ont l'air libres, heureux, et sereins, j'ai envi de voir si je peux l'être moi aussi. 

Je baissai les yeux aussitôt ma phrase fini, attendant la suite.

[ J'ai finalement réussi à écrire quelque chose avec Ren ! Whouou, vive moi ! ]




Après lui, Elke s’était exprimée, suivie de Skayla. Si la première était spontannée et irradiait de bonne humeur et d’une énergie sidérante, la seconde était vraiment plus dans la retenue… Dans la timidité. Et cela mis encore plus en exergue le sentiment de devoir la protéger qu’avait éprouvé Ren quelques instants plus tôt, quand elle s’était présentée.
Il ne put s’empêcher de penser aux paroles de Narek, alors qu’il détaillait les trois femmes devant lui. Parce que finalement, il était le seul représentant de la race masculine dans ce groupe, dans ce cours… Il allait devoir se mettre nu devant ces dames, sans aucun doute, à un moment ou à un autre… Hors de question ! Son refus intérieur n’empêcha cependant pas un léger fard de colorer ses joues l’espace d’un instant.

Il fut cependant bien rapidement ramené à la réalité alors que Kaë prenait la parole pour les encourager de vive voix.
- Allons goûter à la liberté absolue !
Ren ne put s’empêcher de froncer les sourcils. Ah, finalement on parlait de liberté absolue ? Ça existait vraiment, ou alors c’était une manière de s’exprimer ? Pouvait-on être libre dans l’absolu, absolument libre ? Est-ce que cela voulait dire ne pas prendre compte les contraintes ou les surpasser ?
Mais le jeune homme n’eut pas le temps d’ouvrir la bouche pour tenter de poser ses questions que déjà la Maître Marchombre les invitait à s’échauffer en leur indiquant les mouvements les plus efficaces à faire, à suivre, pour ne pas se faire mal d’une quelconque façon à cause d’une simple erreur physique.

L’apprenti suivit méthodiquement chacun des exercices demandés par la femme. D’abord, le haut du corps ne lui posa aucun soucis. Il avait l’habitude de s’en servir, à la ferme, bien plus que du reste, au fond. Il tenta de mémoriser chaque mouvement, sachant pertinemment qu’il lui faudrait les répéter au moins une dizaine de fois pour pouvoir les graver réellement dans sa mémoire.
Et dans son corps.
Parce qu’il faisait apparemment aussi des erreurs de positionnement que Kanaëkhian venait corriger de temps en temps, lui redressant la colonne vertébrale de ci, appuyant sur ses épaules pour chercher une meilleure détente de là… Il découvrit même l’existence de tous petits muscles, sur la taille, qu’il ne connaissait pas jusqu’alors, tout comme ceux sur le pied en lui-même… Il aurait sans doute un mal de chien partout le lendemain.

Quand enfin ça s’arrêta, Ren ne put retenir le soupir de soulagement qui franchit ses lèvres. Passant quelques petits cheveux rebelles  échappés de sa longue tresse derrière ses oreilles, le jeune homme eut un petit sourire quand la femme dit qu’ils partaient en voyage. Ravi de cette bonne nouvelle – il avait tellement envie de parcourir l’Empire ! - Ren passa à l’intérieur de l’Académie pour aller chercher quelques affaires. Il récupéra son petit sac, dans lequel il glissa son peigne en corne et un bout de tissus qui ferait office de veste contre le froid si nécessaire, ainsi que son couteau de cuisine – ça n’allait sûrement pas vraiment lui servir, mais on ne sait jamais – et dévala les escaliers à toute vitesse pour ne pas arriver dernier…
Il détestait les tours de garde. Ceci dit, finalement, il préférait être le premier ou le dernier s’il y avait une relève, ça évitait de devoir découper sa nuit.. Il dormait tellement comme une buche qu’une fois qu’il avait fermé les yeux, c’était un vrai défi de le réveiller pour le tirer du sommeil.

Revenu en bas, un peu essoufflé, Ren n’eut pas vraiment le temps de reprendre sa respiration que Khia les emmenait déjà dans un trottinement dynamique bien que pas spécialement rapide.
Le garçon n’avait clairement pas un bon cardio, et ses capacités pulmonaires frisaient le zéro pointé. Cependant, il s’attela à tenter de ne pas s’arrêter tous les dix mètres tant ses poumons voulaient passer par sa trachée, pour qu’il s’étouffe avec. Il était bien plus grand que Skayla ou Elke, et pourtant c’était lui qui galérait le plus, en tout cas il en avait la forte impression.
Au bout de cinq minutes, chaque foulée était devenue un calvaire. Il avait un point de côté à droite, ainsi qu’un point affreusement douloureux sous sa clavicule gauche, comme si son coeur tentait de lancer plus de sang vers son cerveau mais que ce dernier était totalement déserté par le fluide vital.
Il n’arrivait déjà plus à respirer, trébuchait tous les cinq mètres..

Une catastrophe.
Il était une catastrophe.
Pourtant, hors de question d’avouer à voix haute qu’il n’en pouvait plus. Il ne voulait pas empêcher ses camarades de courir, de s’améliorer. Elles n’avaient pas besoin d’un boulet intersidéral avec elles.

Citation :

Pardon pour tout ce temps de réponse, en plus c'est court, je suis désolée !

Elke regardait un vol de trois oiseaux, dans le ciel, quand Skayla répondit à son tour. Elle l’écouta d’un oreille distraite, alors que sa camarade expliquait qu’elle était là un peu pour se découvrir elle-même, finalement. Elle ne put s’empêcher de sourire quand la jeune fille dit que les marchombres avaient l’air libres et heureux, et sereins. C’était vrai ! Elke était d’accord, complètement, avec ça.
Est-ce que tout le monde pouvait être libre, heureux et serein ?
Elle avait envie de le croire, oui ! Chacun avait sa zone de confort et tout le monde ne considérait pas la liberté de la même manière, alors… Et bien, Elke restait persuadée qu’il y avait autant de libertés que d’individus.

La jeune fille blonde ne put s’empêcher de frapper avec enthousiasme dans ses mains quand Kanaëkhian leur annoncer qu’ils partaient pour goûter la liberté absolue. Oh, Elke avait même envie de dire qu’ils partaient à la chasse à la liberté, finalement ! Non ? Ça fonctionnait pourtant bien !
Apparemment ça commençait par un échauffement, et l’ancienne nôble s’y prêta avec délice. Parce que cela lui rappelait ses entrainements avec Keyin et Silgrid. Surtout Silgrid.

Les mouvements lui étaient presque familiers désormais, même si Kana la corrigea quelques fois. Elle mémorisa d’autres mouvements pour pouvoir les reproduire par la suite, car c’était ce que semblait vouloir la marchombre.

Elke fila comme une flèche jusqu’à sa chambre pour récupérer sa bourse de cuir qu’elle fit pendre sur son épaule droite, et redescendit directement où Kanaëkhian les avait laissés. Elle avait toujours tout dans cette bourse, des vêtements de rechange, de quoi se coiffer, et un peu de nourriture – des sortes de biscuits secs tout comme des fruits à coque qu’elle adorait croquer à n’importe quelle heure de la journée.

Elle n’arriva pas la dernière, et même la première, du coup. Souriante, elle dansa des épaules un instant, le temps que Ren et Skayla arrivent eux aussi.

La marchombre se lança dans un petit trottinement, tira un soupir ravi à Elke qui prit immédiatement sa suite. Elle courait régulièrement, mais ce n’était pas folichon car avant de partir, elle n’avait pas beaucoup de temps pour ça. Elle tenait facilement entre vingt et trente minute à bonne allure, mais elle ne savait pas après comment elle réagirait, si ça durait plus longtemps.
Elle resserra rapidement son chignon sur sa tête en faisant faire un tour de plus à son morceau de cuir pour ne pas que ce dernier se défasse à cause des chocs répétés, avant de se concentrer sur sa course.

Elke vit que Ren galérait beaucoup à courir, il n’était pas régulier, plié en deux sans doute à cause d’un point de côté… Elle aurait bien voulu l’aider, mais il ne la regardait pas, et semblait concentré exclusivement sur un point devant lui. La jeune fille blonde eut une petite moue désaprobatrice, mais elle ne dit rien : s’il y avait quelque chose à dire, c’était à Khia de le faire, non ?

J'écoutais d'une oreille attentive tout ce que Kanaëkhian avait à nous dire, c'est à dire pas grand chose. Mais au moins c'était clair, net et précis. Je m'étais même demander ce qu'un maître marchombre pouvait bien raconter, ne serait-ce que les consignes. Après tout, c'était un cours. Kanaëkhian nous avait fait remarquer que tous les trois avions parler de « liberté », voilà un point commun. Et c'était en pensant à ce point commun que je me demandai si nous allions bien s'entendre. J'esquissai un sourire, dans ma tête j'avais envi de considérer mes deux camarades comme mes frères et sœurs et Khia comme quelqu'un de ma famille mais je ne savais pas qui.

Mais bon assez penser, maintenant il fallait s'échauffer. J'exécutais les mouvements donnés par la maître marchombre afin de réveiller les muscles. Je m'appliquai pour qu'il n'y en ait pas un qui reste endormi. Je faisais quelques fois mal un geste, Khia venait alors me corriger, sans commentaire vexant. Je l'appréciais beaucoup, elle avait l'air d'être une bonne personne. Mais peut être que je positivais trop, peut être que je me réjouissais intérieurement pour rien ? Mais au moins j'étais heureuse. Quand l'échauffement fut fini Kanaëkhian nous annonça qu'on allait voyager, et qu'il fallait bien évidemment préparer ses affaires en cinq minutes. Nous partîmes tous les trois au pas de course.

Une fois devant mes affaires, je rassemblais dans mon sac à dos mon couteau de chasse, ma carte de Gwendalavir (on ne savait jamais, même si je ne pensais pas en avoir besoin), quelques vêtements en plus (pull pour tenir chaud, pantalon de rechange), ma gourde remplie d'eau et c'était tout. Je ne m'inquiétais que d'une chose : Sidko, mon loup. Je n'avais parlé de lui à personne de peur de paraître étrange, folle, mais je ne voulais pas et je ne pouvais pas le laisser là ! En sortant de l'académie je le vis un peu plus loin, il avait compris, il allait nous suivre, du moins je l'espérais. Je devrais bien parler de Sidko un moment donné... Mais je n'espérais pas maintenant...

J'arrivais évidemment la dernière, je me faisais trop de souci pour Sidko.
Alors que le petit groupe fut au complet, Khia nous fit courir.

- « Allez, en route ! N'allez pas trop vite pour commencer, le but n'est pas de vous épuiser dès le départ ! »

Je ne pus m'empêcher de sourire, je me remémorai le jour où j'ai fugué pour aller vivre chez Grand-Pa, impatiente j'avais fait un sprint à peine sortie de chez moi, et je m'étais épuisée très rapidement, exactement ce qu'il ne fallait pas faire ! Non cette fois-ci j'allais à un rythme normale. En chassant chez Grand-Pa j'avais acquis de l'endurance, et en plus le fait de courir me plaisait. Je jetais un œil sur le côté et vis Sidko qui courrait aussi, discrètement, sans que personne le remarque. Je souris encore.

Bon, courir n'allait pas à tout le monde, Ren avait l'air d'en baver... Je ralentis peu à peu afin d'aider mon nouveau grand frère à reprendre son souffle, après tout s'il fallait s'améliorer autant le faire tous ensemble.

[Sorry pour tout ce retard, je me suis carrément laissée débordée par les événements de ces dernières semaines. Mais voilà, c'est repartiiii ]