Soroïl Fiseyrrah

Nom : Fiseyrrah
Prénom : Soroïl
Age : 24 ans
Camps: Chaos
Particularités :Il Se métamorphose en ours brun
Lieu de naissance : Un village pas loin d’Al-Jeit


Famille :
Les deux parents de Soroïl sont morts alors qu’il avait vingt-deux ans, et cela l’a profondément affecté.
En effet, il s’entendait très bien avec les deux, mais était plus proche de sa mère. Maren était une fée délicate, pleine de tendresse et d’affection. Elle entourait ses deux enfants d’amour et de félicité, totalement dévouée à ses progénitures. C’était cependant une femme forte, avec du caractère, qui ne se laissait pas marcher sur les pieds. Elle était très douée de ses mains, aimait la chasse et la couture, ainsi que la cuisine.
Elle est décédée d’un accident durant une chasse avec son mari, éventrée par un cerf.

Le père de Soroïl était un homme bon et droit. Doté d’une grande sensibilité, il était cependant un peu trop émotif et se laissait un peu trop guidé par ses sentiments et instincts. Les émotions gouvernaient sa vie, et s’il adorait ses enfants et passait beaucoup de temps avec eux, il n’eut jamais la connivence profonde de sa femme avec eux. C’était un bon père, un mari aimant, mais Soroïl avait eu des altercations verbales violentes avec lui durant son adolescence justement à cause de son penchant à tout dramatiser… C’est sans doute pour cela que, dans la culpabilité d’avoir vu sa femme se faire éventrer par le cerf, il a fait sortir l’ours qui vivait en Soroïl et est mort sous son archarnement animal.

Le jeune homme a également un grand frère duquel il était très proche étant jeune. La vie étant cependant ce qu’elle est, ils se sont éloignés à la fin de leur adolescence, quand Tebi est parti travailler de son côté à la ville. Ils se voyaient régulièrement jusqu’à l’année où leurs parents sont morts… Depuis Soroïl ne veut pas croiser son grand frère : il sait qu’il devrait alors lui avouer ce qu’il s’est réellement passé… mais il est totalement incapable d’en parler. Il n’a surtout aucune idée de ce que Tebi est capable de faire, de la manière dont il pourrait réagir, et cela l’effraye énormément.


Caractère :
Soroïl est un garçon qui semble toujours de bonne humeur, un sourire radieux accroché aux lèvres et les yeux brillants de blagues en formation. Il pense réellement que la vie est faite pour être vécue, et que l’humour la rend toujours plus colorée et brillante. Blaguer sur tout et rien est une seconde nature chez lui, même si depuis quelques années parfois son humour vire au jaune ou au noir. Des petites piques pour voir comment les gens réagissent à des idées qui peuvent leur sembler saugrenues, pour s’amuser surtout, toujours sur un ton très joueur. Si en plus il fait face à quelqu’un qui a de la répartie, le jeune homme se lance tête baissée sur le jeu des plus mauvaises blagues et peut facilement tomber dans l’indescence ou l’humour plus lourd qu’un éléphant.
De cela, il en a tissé une personnalité bavarde, ouverte et très sociable. Réellement, il aime faire de nouvelles rencontres, discuter de tout et de rien avec des inconnus. Il a la parole facile, les mots qui viennent seuls, et il ne connait pas l’angoisse de parler devant une assemblée, ni la timidité.

Il a d’ailleurs développé un sacré culot, couplé à un manque de tact évident. Cependant, il arrive à peu près à gérer son aversion pour le mensonge en utilisant l’humour pour détourner les faux-semblants de ses interlocuteurs quand il sent qu’ils ne sont pas réglos ou pas honnêtes. Soroïl possède des convictions profondément ancrées en lui, bien du courage à celui qui tentera de le faire changer d’avis.

De plus, depuis l’accident, il a décidé de devenir vegan. Vegan, ce n’est pas juste refuser de manger de la viande sous sa forme humaine, c’est aussi décider de ne contribuer à absolument rien qui viserait à tuer ou exploiter des animaux. N’importe quel animal. S’il a appris à chasser alors qu’il avait à peine dix ans, il refuse désormais d’utiliser n’importe quelle arme contre un animal dans le but de le manger. Monter à cheval est devenu quelque chose d’inenvisageable pour le jeune homme, même si certains équidés aiment bouger ; c’est contre-nature pour eux quand même, et donc il ne veut pas participer à quelque chose comme cela.
Défendre sa vie, d’accord, si elle est menacée, mais faire du mal pour faire du mal… En tout cas, tant qu’il contrôle ses émotions, c’est hors de question.

Même si, évidemment, son homologue animal n’est pas de cet avis. Même si le régime alimentaire d’un ours est composé à 80% de plantes et fruits, il mange quelques fois des petits animaux, mamifères ou poissons, mais cela reste très occasionnel depuis que Soroïl a décidé de ne plus avoir d’impact sur les animaux.
En réalité, le jeune homme apprécie énormément sa part animale, ils se sont toujours bien entendus, mais les émotions fortes, surtout le désespoir et la colère, ont tendance à exciter son adrénaline et alors impossible de se contrôler, humain et animal se liguent dans une cacophonie de pensées chaotiques et qui ne peuvent être arrêtées que par l’évacuation physique de la dose d’hormones…


Physique :
Soroïl n’est pas un garçon particulièrement beau ou spécial et grand bien lui fasse ! Il ne serait pas sûr d’aimer attirer trop l’attention à cause de son physique, c’est un peu trop superficiel à son goût.
Quand il se mouve et parle, il dégage cependant un certain charisme, et sa bonne humeur transparait dans tout son corps, qui rayonne toujours de vitalité et d’énergie.
Il n’est pas large de carrure, au contraire, il a même une musculature plutôt ectomorphe c’est-à-dire qu’il possède peu de gras mais qu’il a du mal à se construire une masse musculaire imposante. En fait, il s’en fiche un peu, du volume de ses muscles, car ceux qu’il a, fins mais efficaces, lui conviennent parfaitement. Mais il sait qu’il se démuscle vite s’il cesse de faire des efforts.

Sa peau claire donne un écho à sa chevelure blonde. Il n’est pas d’un blond très clair, plutôt moyen et naturellement plein de nuances méchées plus claires ou plus foncées. Ses cheveux lui tombent au niveau des homoplates et il les porte le plus souvent en un mess bun à l’arrière de son crâne.
Par cette coiffure, il découvre la forme assez triangulaire de son visage, aux mâchoires saillantes et aux pommettes hautes, avec son nez droit et un peu long. Ses deux yeux, d’un vert d’eau impressionnants, sont rehaussés par des cils blonds mais des sourcils broussailleux et plus foncés, tandis que ses lèvres fines et claires sont toujours étirées dans un sourire qui creuse une fossette dans sa joue droite.

Géneralement, niveau vestimentaire, Soroïl évite donc tout ce qui est cuir et porte des pantalons en coton ou en toile noirs, ainsi que des tee-shirt au col en v en coton également, de couleur blanche ou orange claire selon son humeur. Et pas de chaussures, car ça l’agace de devoir toujours en racheter après s’être transformé, d’autant que c’est vraiment pas facile à trouver, des chaussures sans cuir !


Accessoires et Animaux Rien.







Hurlement.
Hurlement de vie, de libération, puissant. Qui fend l’air avec tant d’efficacité, déployant une énergie impressionnante, pour atteindre un petit garçon assis hors de la maison, sur l’herbe grasse, en train de contempler l’horizon…
Tebi prend une brusque inspiration, tourne son buste vivement vers la porte de la maison. Il se lève avec maladresse, époussette vite-fait son pantalon, avant de se précipiter vers l’entrée… S’arrête net alors que le bois de la porte se trouve à quelques centimètres de son nez.

C’est le cri d’un bébé.
Un bébé nouveau-né. Celui ou celle qui serait son petit frère ou sa petite soeur !
Il a tellement hâte de voir à quoi ça ressemble, un bébé. Et puis de revoir sa mère aussi ! Ça fait plusieurs heures qu’elle ne cesse de grogner et de pousser des cris qui lui glacent le sang, pour pouvoir mettre au monde le bébé de dans son ventre.

Puis, la porte s’ouvre et son père apparait dans son embrasement. Un immense sourire béat et rayonnant sur le visage.

- C’est… Tebi, tu as un petit frère !

Le garçon de six ans cligne des yeux, plusieurs fois, avant de hurler de joie en sautant sur place, puis en se jetant dans les bras de son père, qui le fait tourbillonner sur lui-même longtemps en riant et pleurant en même temps.

Instant d’absolu.




- Le dernier qui touche le bout de bois mange un vers !
- Héééé mais c’est pas juuuste !

Soroïl se lance derrière son grand frère, mais le garçon de dix ans est beaucoup plus rapide que lui et il sait qu’il va perdre à cette course folle. Ça l’énerve, mais il court, il court le plus vite possible, ses pieds frappant le sol puissamment pour se lancer à pleine vitesse…

Tebi s’est arrêté à quelque centimètres du bout de bois en question, et le regard arriver en trombe… Touche le tronc mort juste quand le plus petit garçon arrive enfin à sa hauteur.

- Raah, tu m’énerves ! Tu sais que tu gagnes ! Je veux pas manger de vers moi !

Une main sur son crâne, qui ébourriffe ses cheveux blonds, souffle toute sa colère. Soroïl fronce le nez en soufflant par les narines pour montrer son mécontentement, mais comprend bien que son grand frère ne l’obligera pas à manger de larve ou de truc bizarre et pas bon.

- Tu devrais voir ta tête, ptit frère, c’est trop drôle !

Le garçon de quatre ans tire la langue à son ainé, qui éclate de rire. Mais le rire s’arrête soudain, alors qu’il fronce les sourcils, pour s’avancer soudainement vers l’arrière de la maison. Soroïl fronce les sourcils, mais suit son grand frère sans hésitation… Avant d’entendre les mêmes bruits bizarres que lui. Des bruits étouffés, comme des gémissements, qui viennent de la forêt.

- Tu crois que c’est quoi ?
- Je sais pas, mais ça a pas l’air bien. Viens, on va voir si on peut pas aider...

Les deux garçons s’enfoncent derrière les premières ramures des arbres, et les gémissements deviennent plus fort. C’est très bizarre, ce n’est pas quelque chose de continu, ça reste un peu… rythmé ?
Soudain, ils débouchent sur une clairière, où des vêtements sont dispercés un peu partout et… deux personnes, là-bas, au fond, font des trucs vraiment bizarres.
Soroïl fronce les sourcils et veut s’avancer : ils se battent c’est ça ?
Mais Tebi l’attrape par le bras et plaque sa main contre sa bouche pour l’empêcher de parler. Le cadet essaye de se débattre, mais le plus grand l’emporte avec lui, avant de le poser et de saisir sa main pour l’emmener en courant jusque chez eux.
Quand ils s’arrêtent enfin, exténués, se tenant sur leurs genoux pour reprendre leur souffle, Soroïl pose enfin la question qui lui brûle les lèvres.

- Dis, Tebi, ils faisaient quoi ? Ils se battaient ?
- Euh, je sais pas. C’est sans doute une sorte de combat, mais on appelle ça “faire l’amour”.

Soroïl fronça le nez.
Quoi, l’amour, c’était se battre ?




Le garçon de huit ans observe le groupe d’enfants, d’à peu près son âge, un peu plus loin.
Il a suivi son frère pour faire comme un grand, parce qu’il en a marre que ce dernier le traite toujours de bébé. Il veut montrer que lui aussi il sait faire des choses, la vie en groupe ça doit pas être compliqué hein ! Tebi dit toujours qu’il y arrivera jamais, que c’est difficile, qu’il faut faire ses preuves… et plein d’autres trucs compliqués. Ben il veut essayer quand même !

Il s’approche lentement, un pas après l’autre, du groupe d’enfants. Ils sont six en train de discuter, mais l’un d’entre eux le repère et fait un signe du menton, qui fait que tous les autres se retournent vers lui. Il voit une sorte de lueur bizarre dans le regard de celui qui l’a repéré, alors qu’il l’invective.

- Qu’est-ce que t’as, crâne de piaf ?

Soroïl fronce les sourcils, incertain de savoir ce que l’autre veut faire en lui balançant une insulte comme ça. Il lui adresse un sourire moqueur.

- Ben tu l’as dit, j’ai un crâne de piaf. C’est mieux qu’une tête de poule, quand même.

Le garçon fronce les sourcils, mais trois des enfants ont déjà éclaté de rire, et il se détend sensiblement. Fixant le nouveau venu, il demande :

- Tu t’appeles comment ?
- Soroïl et vous ?




- Tebi ? Tebi, t’es réveillé ?
- Grrrmmm… Quoi qu’est-ce qu’il y a encore ?
- J’ai encore rêvé que j’étais un ours. Tu as un peu de place dans ton lit ?

L’adolescent de seize ans grogna, mais se décala dans son lit pour faire de la place à son cadet, âgé de douze ans désormais.
Cela faisait des mois que régulièrement, au moins une fois par semaine, Soroïl rejoignait son grand frère dans son lit, malgré leur âge. Parce qu’il n’osait pas parler de ses rêves à ses parents. Cela lui paraissait beaucoup trop réel.
Les images, les sensations, les odeurs. Les perceptions.
Comment pouvait-il les imaginer à ce point ?

Et pourquoi, quand il se réveillait, c’était comme si tout ça était bien réel ? Il avait toujours l’impression de sentir plus de choses, de voir plus dans le noir. L’odeur du bois neuf l’assaillait, celle de son frère dans la chambre d’à côté aussi. Il pouvait même dire si ses parents avaient fait l’amour le soir d’avant rien qu’en inspirant l’air après ce genre de rêves.

Ça lui faisait peur.
C’était trop réel.




- Dis, Tiya, j’ai un truc à te demander, tu veux bien venir deux minutes ?

L’adolescent de quinze ans s’était penché sur l’épaule de la jeune femme de son âge, un sourire sur les lèvres. Elle lui répondit d’un sourire, et se leva doucement pour suivre son petit ami un peu plus loin. Elle avait dans le regard une lueur indéfinissable, que Soroïl était bien en peine d’interpréter mais il était déterminé à demander ce qui le tracassait depuis plusieurs semaines maintenant.
Ils passèrent l’angle d’une rue et le jeune homme s’arrêta pour se tourner vers Tiya… qui le prit de cours en l’embrassant vivement. Peinant à rassembler ses esprits alors que ses lèvres étaient au contact de celles de la jeune femme, il se pencha vers elle et glissa ses mains dans son dos pour la serrer contre lui, sentir la chaleur de son corps à travers leurs vêtements…
Désir contenu, contrôlé mais tendu.
Elle se détacha de lui, lui sourit doucement.
- Soroïl… Arrête, je n’aime que toi.
Réponse à la question qu’il n’avait pas posée. Qui diffusa une chaleur dans son torse, le faisant se plaquer contre le corps de la jeune femme encore plus. Il sentit la caresse de ses seins contre ses pectoraux, et dans sa tête, tout explosa.
Il la voulait. Il ne pourrait pas se retenir.
Malgré les protestations de la jeune femme, il sentit une énorme bête prendre le dessus sur sa rationalité, et lui vola sa première fois.

Trop de monde.
Trop de bruit.
Trop d’odeurs.
Les bipèdes étaient tous agglutinés autour de lui, et il hurla. Non, ce n’était pas un hurlement humain, et il était beaucoup plus grand qu’eux. Quelque chose céda en lui, et soudain il gronda. Un grondement puissant, vibrant, se dispersant en ondes serrées dans l’air.
Il retomba sur quatre pattes et se mit à courir. Loin des constructions humaines, loin des humains, juste loin. Il avait du mal à apprivoiser la masse de son corps, sa mouvante, mais courait aussi vite que possible.




Repoussant une mèche de cheveux de son front en sueur, Soroïl souffle sur lui-même en passant sa lèvre inférieure devant sa lèvre supérieure. Un peu de souffle atteint le haut de son visage transpirant et le rafraichit l’espace d’un instant.

- Lek’ ! Envoie-moi la masse !

Son meilleur ami se retourne et prend la masse par son centre de gravité, le monte à la hauteur de son visage, avant de l’envoyer vers le haut. Soroïl saisit le manche de l’outil en le remerciant. A califourchon sur la poutre maitresse de la maison qu’il est en train de construire avec Lekwo, il plante profondément son énorme clou, fixant par la même occasion le scellement entre deux autres poutres. Se passant le dos de la main sur la lèvre supérieure pour en enlever la transpiration, il soupire doucement, avant de descendre habilement la structure de bois.

- On a fini la journée ?
- Ouais. Tu peux rejoindre Tiya.

Lekwo se fige soudain, et se tourne vers Soroïl, une lueur inquiète dans le regard.

- Comment…?
- Hé, vieux, tu empestes son odeur toute la journée.
- T’es pas fâché ?
- De quoi ? De lui avoir pourri sa vie entière ? Si… Contre moi-même.

Soroïl voit son meilleur ami froncer les sourcils et poussa un soupir en détournant la tête. Mais la main de son ami sur son épaule le surprit, et il ouvrit les yeux pour chercher son regard et n’y trouva que de la gentillesse et une lueur de compréhension. Ça fait trois ans que ça s’est passé mais il trouve ça toujours horrible, ce qu’il a fait. Sans parvenir à s’en vouloir, en fait.
Parce que l’ours était finalement son meilleur ami, avant Lekwo même. Mais il restait social, il essayait juste de ne pas trop s’emporter. Maitrise était devenue son amie, elle aussi.

- T’as pas gâché sa vie, mec. C’est juste qu’elle a eu du mal à s’en remettre. Mais moi je te connais, tu sais. Je sais que cet ours, il est en toi… Et ça fait juste de toi un gros nounours capricieux !
- T’es con !

Mais il lui a arraché un sourire et lui fait une accolade rapide, avant de disparaitre.





Les yeux dans le vague, Soroïl regardait l’immense brasier flamber devant ses yeux. L’odeur de la viande grillée lui pique le nez, la fumée épaisse lui brûle les yeux, mais il ne bouge pas.
Il se contente de fixer la silhouette décrépie de Lekwo qui s’enflamme au milieu du buchet.

Son meilleur ami est mort.
Ce con ne lui avait jamais dit qu’il faisait du trafic. Qu’il avait des soucis avec l’un des gangs qu’il relayait. Qu’il avait des dettes. Franchement ! Ils bossaient tous les deux, ensemble ! Il aurait pu l’aider, partager le salaire autrement, lui donner un peu plus… Si ça avait pu le sauver !

Soroïl serre les dents de dépit, de rage. Ça grogne dans son esprit et les odeurs l’assaillent brusquement.
Il se détourne vivement, et s’éloigne du buchet en l’honneur de celui qui avait toujours été son confident. Se passant la langue sur les lèvres, la gorge sèche et avec ce goût de cramé sur la langue, il disparaît dans la forêt.




- Maman ? Papa ? Vous êtes là ?

Un bruit attire l’attention de Soroïl, qui entre dans la maison en poussant la porte d’entrée, et se fige soudain quand il voit son père attablé sur la table du salon, et devant lui le corps de sa mère couvert de sang, les boyaux hors de son ventre.
Le jeune homme de vingt-deux ans suffoque soudain.

- Papa? Qu’est-ce… Qu’est-ce qu’il s’est passé ?

Son père lève les yeux de son verre et les plante sur son visage. Il le voit déglutir doucement, froncer les sourcils, se redresser avec une lueur étrange dans le regard.

- Soroïl ? Je… Elle s’est faite éventrer par un cerf… J’ai rien pu faire… Je…

L’homme éclate en sanglot, cachant son visage dans ses mains. Son fils cadet sent la tristesse se mêler étroitement à la colère, puis à la rage. Une rage qui s’enflamme.
D’abord Lekwo, puis sa mère ? Non ! Ce n’était pas possible !  
Il attrape son père par le col, le plaquant contre le fond du canapé qui bascule. Mais Soroïl tient son paternel avec force, et une puissante incompréhension se tisse entre ses émotions contradictoires.

- Comment ça t’as rien pu faire ? T’es stupide ou quoi ? Comment ça t’as rien pu faiiiiiire ?

Sa voix s’est transformée en grondement alors que l’ours prend la place de son corps humain, allongeant son museau et sortant les griffes.

Trop d’émotions.
Trop d’informations.
Trop d’adrénaline.
Il y a de la peur, là. Puis de la colère. L’autre chose, c’était pas très naturel pour un ours, mais ça fait mal. Comme une douleur sourde, impossible à arrêter, à calmer.
Il faut taper sur quelque chose.

Quand il reprend connaissance, Soroïl est nu sur le sol, entouré de sang, recouvert de sang aussi. Il ouvre les yeux en se remémorant ce qu’il s’est passé et prend une inspiration haletante.
Se relevant lentement, le jeune homme laisse son regard glisser sur la pièce à vivre de la maison familiale. C’est beaucoup plus rouge que dans son souvenir. Son cerveau essaye de le protéger en ne voulant pas assimiler les images qui s’imposent à lui, mais au bout de quelques secondes, il voit enfin…
Un massacre.
Un massage tel qu’un morceau de bras d’homme recouvre la gorge du corps allongé de sa mère, alors que ses boyaux luisent de manière inquiétante.
Un bras d’homme…
Son père.

Le regard de Soroïl glisse sur ses mains recouvertes de sang, sur son torse éclaboussé de rouge séché, sur ses jambes tâchées, sur ses poils collés par le liquide de vie..

Un cri s’échappe de sa bouche.
Déchirant.
Délirant.




Cela fait deux ans qu’il a quitté la maison familiale sans dessus dessous, éclaboussée de sang.
Il ne s’en remet toujours pas.
Il n’en veut pas à l’ours, parce qu’au fond, cet animal n’était qu’un reflet de lui-même. Il a eu des envies de meurtre, et ne s’est pas assez contrôlé pour sauver son père. Pour ne pas violer Tiya. Il manquait clairement de contrôle, de recul sur ses émotions… Il ne parvient juste pas à s’en défaire.

Il essaye pourtant, mais sans grand succès.

Soroïl avait déménagé à Al-Jeit pour trouver un boulot dans le bois, réparrant des toits, faisant des meubles. C’était lorsqu’il était sur un chantier qu’un homme l’avait abordé pour lui parler des envoleurs.
Et il avait décidé de se rendre à cet endroit appelé le domaine.
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