[-18] Let it crumble, I'll be reborn again and again [ Gil ]

- Hum?

- Pour ? Le fait qu'on ai baisé ? Pourquoi ? On s'en tape de toutes façons, non ?

[ Hausse les épaules]

- Ouais mais il a rien à dire et il le sait. J'ai bien fait pareil avec Azren hein. Et je le lui ai balancé à la tronche pour l'emmerder parce qu'il me faisait chier...  

[ pousse un soupir]

- Okay. Je vais essayer...

[ A un sourire en coin]

Gil soupira. Il n’était pas sûr que Kaünis comprenne… Bon, il n’était pas certain de tout comprendre, lui non plus. En soi c’était très simple : elle lui avait sauté dessus, excitée par la torture – et ma personne ? –, il l’avait possédée avec toute l’animalité dont il faisait preuve quand la bête était aux commandes. Ils avaient pris leur pied… une ou deux fois, point barre. C’était pas compliqué, non ? Sauf que Gil était nerveux en imaginant la réaction de Voïmakas. Parce qu’il avait une fille lui aussi, désormais, et parce qu’il savait très bien comment il réagirait à la place du Mentaï. Le terme « émasculation » traversa son esprit et il secoua la tête. Nope. Nope, nope, nope. Si Kaünis parlait il était cuit, c’était sûr ! Il avait deux solutions. La première était de la tuer, ici, maintenant, afin qu’elle emporte ce secret douteux dans la tombe. Rapide, efficace, hop ! Problème résolu mais, au bout du compte, cela reviendrait à perdre l’une des rares personnes capable de le comprendre dans cet empire…

La seconde était moins radicale, mais peut-être aussi fiable : il pouvait lui faire confiance. Placer la survie de ses parties génitale entre les mains de Kaünis. Oho, commença-t-il à rire intérieurement, terriblement amusé par cette idée tandis que sa conscience, elle, était terrorisée – mais c’est du suicide ! Coupe-toi les noisettes tout de suite pendant que tu y es, tu gagneras du temps ! Du coup, il la regarda d’un drôle d’air, cette fille qu’il avait guidée pendant trois ans et qu’il avait l’impression de découvrir véritablement maintenant. Ok gamine. Mes couilles sont entre tes mains et c’est pas pour faire joujou avec, tu piges ? Il se mordit la lèvre. Un jour, demain peut-être, il en rirait. A en réduire ses abdominaux en guimauve. Là, il était juste en train de prier pour qu’elle soit sage, pour une fois dans sa vie, et qu’elle laisse ces deux parties de baise dans leur historique personnel de coups de folie.

Il priait aussi pour qu’elle lui fiche la paix. Oui, c’était putain de bien de la retrouver – la Kaünis fêlée sur les bords qui le captait et qui le suivait même dans son délire – mais c’était aussi putain de dangereux. Et elle pensait déjà remettre ça. Elle voulait aller tirer la barbichette de l’Empereur (il n’en avait peut-être pas, pour ce qu’il en savait, mais c’était l’idée), de son cousin, voire de toute sa famille. Rien que ça. Au moins, elle ne songeait pas y aller seule… Il ne l’aurait pas laissée faire. Il aurait râlé, pesté, juré tout ce qu’il pouvait mais il ne l’aurait pas laissée se fourrer dans un pétrin pareil sans y mettre son grain de sel. Si Syles était avec elle, déjà, c’était moins grave. Enfin, non, c’était probablement pire, ces deux-là pouvaient très bien réduire le palais à feu et à sang en un claquement de doigts mais, au moins, ça le dispensait d’y aller.

Non ?

Gil termina son plat en silence. La bête se rendormait et il reprenait conscience de la raison de sa présence dans la capitale. Il avait une Libertée à trouver, bon sang ! Pas un Empereur à aller enquiquiner ! Il avait déjà assez perdu de temps, il fallait qu’il se lance à sa recherche. Il fit la moue : il n’avait pas la moindre idée de ce qui allait se produire une fois qu’il l’aurait retrouvée mais il ne doutait pas une seule seconde qu’il allait réussir à mettre la main sur sa marchombre. Elle l’avait bien trouvé, lui, quand il se battait dans ce trou à rats d’Al-Far… Mais peut-être qu’elle était plus têtue que lui. Et plus maligne.

La fin du repas annonçait la fin de leur duo, et Gil se leva pour s’approcher de Kaünis. Ses vêtements râpaient sur les multiples morsures qui constellaient son corps. C’était… étrange.

- J’ai une requête.

Il attendit qu’elle lève les yeux vers lui pour continuer d’un ton léger :

- Quand tu verras l’Empereur, tu pourras vérifier s’il porte une culotte ? Naïs jure toujours par sa culotte, sans savoir si c’est fondé ou pas…

C’était un défi à sa mesure, non ? Il était certain qu’elle pouvait y arriver. Son demi-sourire aux lèvres, il laissa son regard s’attarder un bref instant. Curieux. Il redevenait plus ou moins lui-même, là, alors qu’il aurait plutôt dû s’emporter. Lui foutre une taloche à lui en décoller le crâne. En fait, il avait envie de la frapper mais comme il n’était pas sûr que cela ne les mène pas à quelque chose de sexuel ensuite, il enfonça ses mains dans ses poches et hocha la tête.

- A plus, gamine.

Garde toi, ajouta-t-il, avant de tourner les talons.

Il n’avait vraiment pas envie d’être là quand elle regarderait sous les vêtements de l’Empereur.

Elle pouvait essayer. Ça voulait pas dire qu’elle y arriverait. Elle se connaissait suffisamment pour savoir que dans un élan, des fois, elle pouvait dire ou faire des trucs stupides ou décalés, juste pour faire chier la personne en face. Que ce soit son père ou sa mère n’y changeait rien, c’était comme ça. Au contraire, même, elle aimait leur rabattre le caquet en les surprenant, alors qu’ils croyaient la connaître.
Comment auraient-ils pu, alors qu’elle ne se connaissait pas vraiment elle-même ? Qu’elle ne se comprenait pas ? Qu’elle se surprenait toute seule, même, des fois ? Qu’elle ne se contrôlait pas ? Ça aurait pu devenir prévisible, mais ça ne l’était pas. Trop pleine de contradictions, sans doute. Et ça lui allait au fond, hein. Elle n’aimait pas l’idée qu’on puisse anticiper ses comportements.

En fait, si elle partait toujours dans tous les sens, c’était aussi sans doute pour tenter de comprendre comment elle fonctionnait, se mettre dans des situations délicates pour voir si elle pouvait réagir de la même manière tout le temps ou pas, si elle voulait le faire, si ses réflexes étaient récurrents ou pas, pour pouvoir avoir un peu d’une introspection que ça l’emmerdait de faire à tête reposée. Elle cherchait ses limites, et si son apprentissage lui avait permis d’en découvrir pas mal, il y en avait encore beaucoup d’autre à trouver.

Se redressant dans sa chaise alors que Gil se levait en s’approchant d’elle, Kaünis leva les yeux vers celui qui avait été son Maître, quelques secondes.
- J’ai une requête. Quand tu verras l’Empereur, tu pourras vérifier s’il porte une culotte ? Naïs jure toujours par sa culotte, sans savoir si c’est fondé ou pas…
Elle éclata de rire, renversant la tête en arrière, avant qu’un sourire torve étire ses lèvres.
- Ouais, et je te dirai !

Même si un mec portant une culotte, c’était juste bizarre. Mais ça restait un défi à sa hauteur, et qu’elle avait envie de relever, en plus de ça. Ça faisait longtemps, tiens !

Elle cligna des yeux un instant, alors que Gil la saluait une dernière fois. Elle ne répondit pas, se contentant de hausser les épaules en le suivant du regard un instant.
Puis, elle passa ses doigts autour de la chope de bière et elle l’avala presque d’un coup. Le goût amer lui râpa la gorge un instant, alors qu’elle prenait une inspiration. Le cuir de son faux-corset frottait contre les morsures dans son cou, et un petit sourire amusé passa sur ses lèvres avant qu’elle ne se lève à son tour.

Se dirigeant vers les écuries de la Capitale pour rejoindre Voyage, elle sortit d’Al-Jeit pour prendre la route.
Roh, son corps demandait encore de la violence bestiale.
Elle allait devoir trouver un mec un peu con, sur le chemin, pour s’amuser encore un peu.