I got secrets that nobody, nobody knows [Kaünis]

Bastian regarda la jeune femme. Elle paraissait aller mieux que lorsqu’ils avaient atterri ici, revigorée par la chaleur du feu et du vin. Il soupira. Oui, il valait mieux qu’elle retourne dans son lit. Il avait encore pas mal de paperasse à travailler d’ici le lever du jour, et il comptait quand même dormir une paire d’heure avant d’affronter les quelques réunions prévues dans son emploi du temps. Il se redressa, mais au lieu de s’éloigner il contourna Kaünis pour se retrouver derrière elle. Il ne lui demanda pas la permission de poser les doigts de chaque côté de son crâne, au niveau des tempes ; si elle était contre cette idée, elle lui aurait brisé les deux bras. Enfin, elle aurait tenté le coup. Un léger sourire dansa sur ses lèvres à cette idée. Affronter une femme de sa trempe, ça devait être extraordinaire. Il prit une inspiration et tendit son esprit vers le sien.

Ce n’était pas pour communiquer, il passait par une voie différente que celle des Spires. Comment qualifier cela ? Un lien mental ? Bah, les mots n’étaient pas toujours indispensables, mais quand il la sentit se tendre sous ses doigts, il comprit qu’il devait quand même lui parler.

Calme-toi. C’est pour t’éviter d’autres cauchemars, cette nuit.

Comment ? En faisant un peu de nettoyage. Tout ce qu’il trouva de sombre, de néfaste, il le chassa à grands coups de chiffon mental. Pouf, pouf, pouf. C’était pas du grand art, c’était pas de la magie non plus, juste une sorte… de connexion. Un petit nettoyage de printemps, en somme. Il n’avait pas accès aux pensées de Kaünis, ni à la source de son anxiété, mais il découvrit une tension extrême et il comprit qu’elle cachait bien son jeu, elle aussi : son apparence décontractée dissimulait de sacrés tourments. Il finit par la lâcher. Aussitôt, il agita les doigts pour en chasser les picotements désagréables qui s’y étaient logés.

Avec ça, tu devrais pouvoir dormir sans plus risquer de te balader à poils dans le Domaine et ses environs…

Il attrapa son verre et le vida d’un trait. Constatant qu’elle n’était toujours pas partie, il décida de lui poser la question :

Tu as déjà fait de la méditation ?

Le contact des doigts de Bastian sur sa tête tira un frisson à Kaünis ; de son cuir chevelu jusqu’au bas de sa colonne vertébrale. Elle se tendit, surveillant les réactions de son propre corps. Son esprit fila directement vers Syles, et elle prit une grande inspiration pour se calmer et expirer lentement. Les battements de son cœur ralentirent, elle ferma les yeux un instant.

Pour éviter d’autres cauchemars hein ?

Malgré ça, elle ferma soigneusement le fil de ses pensées comme son père le lui avait appris.
Et pourtant, ça marcha. Étonnamment bien ! La tension nichée dans son crâne, dans ses poumons, se délia un peu. Ses muscles se détendirent légèrement, relâchant ses tendons trop étirés. Ça faisait du bien.

Avec ça, tu devrais pouvoir dormir sans plus risquer de te balader à poils dans le Domaine et ses environs…

Elle haussa les épaules, un instant. Pour quoi ? Une seule nuit ? Est-ce que ça en valait la peine ?
Mais elle se sentait vraiment à l’ouest, là. Son esprit, avec la porte fermée serrée, n’était plus qu’un paysage désert, hivernal ; le vent s’y était arrêté comme s’il retenait son souffle avant la tempête, mais le ciel était bleu.

Elle cligna des paupières, désarçonnée, tentant d’analyser ce qu’il s’était passé sans vraiment comprendre le comment du pourquoi.

Le bruit du verre tintant sur le dessus de table la tira de ses pensées, alors que le Mentaï rouvrait le dialogue de manière… inattendue.

- Tu as déjà fait de la méditation ?

Se tournant un peu vivement, elle plongea son regard dans celui de l’homme pendant plusieurs secondes, essayant de comprendre pourquoi il mentionnait ça, et quel était le rapport.

- Pour quoi faire ?
Oh, elle avait conscience que c’était sans doute trop agressif pour être neutre ; même si à vrai dire ça ne connectait pas, dans son esprit. La méditation ? C’était bon pour les Rêveurs – et sans doute les autres couillons qui parcouraient les Spires en général. Et les gens perchés. Enfin, pas pour elle, quoi !

Quel intérêt, sérieux ?
Et puis, rester assise à rien foutre pendant plus de trois minutes… trop long, trop chiant.

Bastian ne répondit pas immédiatement. Il avait anticipé la réaction de Kaünis : cette fille était sur la défensive en permanence. Ce devait être sincèrement épuisant, à force. Ses pensées s’égarèrent un bref instant vers Voïmakas et il se demanda si le mentaï était au courant, pour elle. Puis il haussa les épaules. Bah, au fond il s’en moquait bien, de ces histoires de famille fumeuses et sans aucun intérêt ! Ce qui attirait son attention dans le cas présent, c’était le défi que constituait Kaünis.

Il avait envie de lui donner un coup de main. Pourquoi ? Tromper l’ennui ? Pas vraiment non, il avait à faire ici… Il comprit que le mot clé dans cette idée, ce n’était pas « aider » mais « défi ». Kaünis était un mur immense, une porte hermétiquement close qui refusait de s’entrouvrir. Outre le danger que cela représentait pour elle – un danger déjà pas mal entamé, pour ce qu’il pouvait en constater – c’était aussi une sorte d’énigme qui appelait à être résolue.

Bastian aimait les énigmes.

Il posa son verre vide sur le bureau. L’alcool avait tendance à émousser légèrement ses sens. Pas au point de brouiller ses pensées, au contraire, cela adoucissait les angles d’une manière peu commune, lui permettant de tenter des petites folies. Méditer en était toujours une, c’est ce que Kaünis devait comprendre.

Oh, des tas de choses. Enfin je suppose qu’avec cette attitude, tes capacités seront très limitées. Ça te dit d’essayer, pour voir ?

Il avait compris que pour dialoguer avec elle, il fallait parler comme elle : provocation et ironie devaient lier les idées entre elles. Pour lui montrer qu’il était réellement prêt à l’aider, Bastian vint s’installer sur le tapis. Il s’assit en tailleur, ouvrit le col de sa chemise noire pour être à l’aise et retroussa ses manches jusqu’aux coudes. Puis il joignit les poings et ferma les yeux.

Après tout, ça ne coûte rien de tenter l’aventure. Tout ce que tu risques, c’est de réaliser à quel point tu as besoin de faire le tri dans tout ce qui t’encombre. Tu es sacrément lourde, tu sais ?

Lourde de pensées négatives, de souvenirs sombres et de peurs enfouies. Bastian ne se leurrait pas : si elle parvenait à faire le vide et à souffler un peu, cela n’allait pas résoudre tous ses soucis en un tour de main, loin de là ! Mais cela pouvait peut-être l’alléger un petit peu. Elle ne saurait pas si c’était efficace sans avoir essayé, de toute façon. Le mentaï prit une profonde inspiration. Il se souvenait des paroles de son maître à penser, quand il avait commencé à arpenter les Spires à ses côtés.

Méditer c’est voyager, dit-il en reprenant d’instinct les mots de son mentor. C’est s’ouvrir des chemins qui ne sont pas forcément visibles et qui pourtant sont bien réels. Je sais, ajouta-t-il dans un léger rire, c’est essentiellement du blabla métaphysique tout ça, je suis d’accord. Sache juste une chose, Gil’Ozh : cette porte que tu gardes close, je ne la vois pas. Tu es toute seule avec elle. Si tu l’ouvres, ce n’est pas pour moi mais pour toi. Si tu l’ouvres, tu n’aimeras sans doute pas ce qui se produira. Si tu ne l’ouvres pas…

Il ferma les yeux, plongeant dans cet état d’esprit proche de l’endormissement qui le maintenait pourtant aussi vif que s’il était en train de se battre.

… tu risques de ne pas survivre à la tempête qui se déclencheras.

Voilà. C’était dit, et c’était aussi simple que ça. A force de tout contenir, Kaünis risquait juste de mourir : son subconscient cherchait déjà à se défendre en s’éveillant de son plein gré la nuit. Si elle ne se faisait pas tuer lors de ses escapades nocturnes, elle succomberait à la pression mentale que cela allait finir par induire.

Ferme les yeux et trouve cette porte. Je te laisse te débrouiller toute seule, comme une grande, mais je reste dans les parages si tu as besoin d’un coup de main.

C’était évidemment risqué, ce genre de coup de poker à deux ; Bastian n’était pas un maître à penser ; il avait des prédispositions en matière d’acrobaties mentales, cela ne signifiait pas pour autant qu’il était réellement prêt à réussir cette folie ! Cela dit, Kaünis devait percevoir le danger qu’il avait accepter de courir.

Qui ne tente rien n’a rien !

- Je vois pas pourquoi j'aurais la même chose que toi derrière ma porte mentale.

[ Serre les dents ]

- Bon, j'essaye. Mais je sais où est la porte, pas besoin de la chercher. Faut faire quoi après au juste ?

Kaünis poussa un long et profond soupir. Roh, que ça la gonflait royalement, ce Mentaï qui voulait absolument lui donner une leçon ! Mais en même temps, elle était intriguée. Et puis c’est pas comme si Silhu n’avait pas essayé de la faire méditer avant, et il était pourtant très patient. Mais non, elle ne s’était jamais laissée aller, surtout parce qu’à ce moment-là, Syles avait disparu et qu’elle ne voulait surtout pas trouver la boite dans son univers intérieur.

C’était en réalité le moment où elle avait été très à même de poser ses émotions, de les accepter, de ne pas les subir mais de les embrasser. Ce n’était pas la méditation - elle n’y arrivait pas, à rester immobile plus de trois minutes - mais juste le fil de la méditation, quand elle s’entraînait à n’en plus pouvoir, et qu’elle pouvait contrôler son flot d’émotions.

Se passant la langue sur les lèvres, l’Envoleuse ajusta sa position et ferma les yeux.
Bon, d’accord.
Trouver la porte. Juste là. Elle savait ce qu’il se trouvait derrière : un paysage désertique, souvent ravagé par le blizzard, ou aussi froid que la mort ; elle y grelottait de froid, y frémissait de colère. Si elle avançait un peu, là où pointait une lumière sourde mais chaleureuse, elle trouvait la boite ; cette boite qu’elle avait fermée pendant deux ans, et qui trônait désormais, gueule béante, sur un rocher en évidence.
Dans cette gueule ouverte dansait un feu de joie, si brillant, si chaud, si puissant qu’elle ne pouvait même pas le regarder en face. Ça réchauffait tout l’intérieur de son torse, se diffusait dans ses membres, ça faisait naître un sourire sur son visage et détendait ses muscles. Elle avait envie de s’en envelopper…

Doux et passionné, brûlant et accueillant, ça pénétrait tout son être et réchauffait l’atmosphère.
D’instinct, elle plongea les mains dedans, essayant de comprendre… n’attrapa que du vide, que de l’air, chaud et réconfortant mais impalpable. Alors, elle plaça ses mains en coupe autour pour s’y apaiser. Ça faisait du bien… Mais ce n’était pas là, qu’elle devait aller.

C’était encore au delà.
”Continue d'avancer. Jusqu'à trouver le centre de ton être.”

Elle dépassa le rocher, grimpa sur cette colline… Découvrit avec surprise qu’au delà de ce sommet, se trouvait une forêt. Avec un immense arbre au centre.

* Là *
Puissante certitude qui la troubla. Elle continua à avancer, passa dans la forêt, évita les branches, les racines, les trous, les ronces. Certitudes, schémas, regrets, remords. Quelques fées de lumière dansaient parfois au travers des branchages. Espoirs, affection, tendresse.

Et puis le tronc.
Rugueux, à l’écorce aux dessins profonds et tortueux, chaotiques. Si large, si haut, avec toutes ces ramifications… Les racines captaient la vie autour de lui, la vie de ces autres êtres, la haine, la colère, la rage, le désespoir, la détresse. Les feuilles captaient l’éclat du soleil, espoirs, ambitions, autonomie. Les branches s’étendaient à l’ombre du feuillage, doutes, certitudes, craintes, défiances. Quelques unes étaient tombées, d’autres s’accrochaient, indépendance, audace, effronterie.

Et lumineuse, tout là-haut, cette branche avec trois ramifications, et des centaines de feuilles tendues vers la Vie.
Liberté, Chaos, Amour.
Un sourire.



Un sourire....
Comme sur ses lèvres, quand elle ouvrit les yeux.

Combien de temps avait-elle passé ainsi ? S’était-elle endormie ? Sans doute oui. Et elle avait halluciné aussi. Elle se souvenait d’un arbre, immense. Tortueux. Lumineux. Ancré et serein.

Où était-elle déjà ?
Son regard tomba dans celui de Bastian.

* Ah, oui, c’est vrai. *

Bastian se sentit « happé » à l’instant précis où Kaünis ouvrit enfin la porte. S’il ne s’y était pas préparé, son esprit aurait été complètement emporté dans un néant duquel il aurait été impossible de revenir. Mais s’il avait proposé d’accompagner Kaünis, ce n’était pas par pure folie : il savait ce qu’il faisait. Il se focalisa sur les traces de son passage pour ne surtout pas en dévier et se força à ignorer les forces écrasantes qui tentaient de le dégager.

C’était assez violent pour que son corps, dans la réalité, se couvre d’une fine pellicule de sueur. Là, il ne sentait pas grand-chose, à part un froid intense. Une preuve supplémentaire que la greffe était liée à l’esprit, songea-t-il en suivant Kaünis. Il ne pouvait pas voir ce qu’elle voyait, il sentait juste sa présence, et cela suffisait ; elle ne pouvait pas deviner la sienne mais, si jamais les choses tournaient mal, il serait là pour la rattraper.

C’était l’idée.




Il ne pouvait pas bouger. Même pas lever le petit doigt. Alors, se relever… Pourtant, il aurait préféré être n’importe où ailleurs qu’ici, dans cette ruelle sordide, coincé sous les cadavres qui s’amoncelaient ! L’odeur de la mort était partout. Il savait qu’elle n’allait pas tarder à venir pour lui, tout comme elle était venue pour ces pauvres bougres dévastés par la famine, rongés par la maladie ou bien pourris jusqu’à la moelle par la drogue.

Une lumière déchira les ténèbres. Là-bas, au bout de la ruelle, quelqu’un passait. Une charrette tirée par un cheval de trait. Des silhouettes encapuchonnées. Les ramasse-morts ! Il avait encore une chance de sortir de là. Il devait attirer leur attention. Mais comment ? Il ne pouvait pas faire le moindre mouvement et il…

Quelque chose se referma soudain sur sa cheville. Des doigts osseux. Froids, à l’instar du murmure qui se faufila en lui. Reste. Avec. Nous.

Non ! Il se débattit, mais les corps pesaient lourd, et la lumière s’éloignait… les ramasse-morts s’en allaient. Ils allaient le manquer. Ils allaient l’oublier. Il était condamné !

Reste.

Avec.

Nous…

Bordel, mais qu’est-ce que tu fous ?

Il cligna des yeux, franchement surpris. Les ferma. Les rouvrit. Et réalisa soudain que les morts avaient disparu. Plus de ruelle, plus de charrette, plus de murmure. A la place, il se trouvait dans une immense salle blanche, si lumineuse qu’elle lui faisait monter les larmes aux yeux. Lui, il était à genoux, et devant lui, le dominant de toute sa hauteur, c’est-à-dire celle d’une gamine de dix ans…

Tu comptes rester dans ce tiroir merdique encore longtemps ? J’ai la dalle, j’te rappelle qu’on a rien graillé depuis trois jours alors tu pourrais te bouger un peu !

Pixie Andora, son maître à penser, le gratifia d’un regard incroyablement hautain pour une fillette. C’était son apparence la plus courante, mais en réalité, elle était loin d’être aussi jeune.

Ni aussi innocente.

Tu les as vus ? Les morts…

Vlan ! Sans prévenir, elle lui balança son pied nu dans la tronche. Même en esprit, ça faisait un mal de chien.

T’écoutes jamais rien de ce que je t’explique, c’est chiant ! J’vois pas ce que toi tu vois, tu piges ? Je suis juste là pour m’assurer que tu te perds pas en chemin. Franchement, j’me suis jamais autant fais chier en me baladant dans l’esprit d’un autre. T’es un loser.

Un… quoi ?

Laisse tomber, c’est un mot qui vient d’ailleurs. Mais il te va très bien. Bon, t’attends quoi pour terminer ton boulot ? Que j’me foute en rogne pour de bon ?

Je…

Aaah, bordel, t’as vraiment décidé de me les briser aujourd’hui ! Arrête un peu d’ouvrir tous les tiroirs de cette fichue commode et avance ! Trouve ton cercle intérieur ! Ton corps tiendra pas un jour de plus, c’est maintenant ou jamais !

Laisser les tiroirs du passé, remplis de souvenirs trop lourds à porter. Continuer d’avancer dans cette chambre mentale. Trouver le cercle. C’était si simple, à l’entendre… Mais…



Bastian ouvrit les yeux. En face de lui, Kaünis avait le menton sur la poitrine : elle s’était assoupie. Rassuré sur son sort, conscient qu’elle se débrouillait très bien sans lui, il l’avait quittée. Peut-être fallait-il qu’il s’interroge sur cette aisance hors du commun qu’il avait sentie chez elle, ou bien qu’il prévienne son père… Dans l’immédiat, il devait la réchauffer, parce que dans son sommeil, la température de son corps s’était refroidie, tout comme la pièce, alors que la nuit arrivait presque à son terme.

Le mentaï se leva et chancela avant de se rattraper au dossier du fauteuil. Etonné, il porta la main à son visage et réalisa que du sang coulait de son nez. Il avait sérieusement franchi une limite ! Si Pixie était là, elle lui enverrait son poing dans la figure pour achever le travail. Curieux qu’il pense à elle alors qu’il venait de prendre sa place auprès de Kaünis.

Il s’essuya, se servit un verre pour laisser l’alcool dissiper les dernières brumes de son esprit et raviver la couleur de ses joues, puis il attisa le feu dans l’âtre, et déposa une couverture sur les épaules de l’envoleuse. Soit son geste la réveilla, soit elle avait terminé son petit tour, parce qu’elle papillonna des yeux.

Alors, c’était comment ? s’enquit-il par pure politesse.

Le sourire qui illuminait le regard de Kaünis valait toutes les réponses du monde. Il se fit la réflexion que ça la changeait complètement. Puis il désigna la pendule qui égrainait les secondes.

Bientôt l’heure de se lever. Tu devrais retourner dans ta chambre.

Oui, il la flanquait dehors, c’était bien cela : il avait assez perdu de temps, son organisation millimétrée avec une extrême précision était déjà sérieusement malmenée, il ne pouvait pas se permettre de lambiner davantage. Pourtant, il planta son regard d’acier dans le sien.

Ton sommeil devrait être plus paisible. Mais s’il devient à nouveau trop difficile, viens ici plutôt que de te balader à poil dans la forêt.

Pourquoi ? Pas sûr de la réponse. Il savait simplement que sans Pixie, il aurait fini par devenir complètement fou. On le devient quand on ne dort pas suffisamment. A court terme, on fait des erreurs ; or l’erreur peut coûter la vie d’un envoleur, tout puissant soit-il. En aidant Kaünis, il servait donc les intérêts du Chaos.

N’est-ce pas ?

Il s’assit à son bureau et commença à travailler sur les rapports des dernières missions. Une façon de congédier son invitée. Il savait qu’elle n’en ferait aucun cas ; c’était le genre de personne qui, comme lui, n’aimait pas tourner autour du pot. Est-ce qu’elle suivrait son conseil ? Peut-être, ça avait l’air de lui avoir réussi, cette pause méditative. Est-ce qu’elle viendrait chercher son aide si nécessaire ? Rien n’était moins sûr, mais il avait comme dans l’idée qu’il la reverrait très vite.




[Bon, du coup je pense que je vais m'arrêter là, sauf si Kaü a une autre idée en tête ^^]