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 Dead men walking... (PV SYN)

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2 participants
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Narek Liam
Marchombre
Narek Liam


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Citation : ''Je suis prince incongru d'un talent dérisoire : me faire aimer des autres sans aimer.'' ~Florent Mothe (Salieri) - Mozart l'opéra rock~
Date d'inscription : 05/10/2013

Feuille de personnage
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Greffe: Corps qui devient intangible et passe à travers les objets.
Signe particulier: Yeux noirs qui ont des reflets rouges. Cicatrice de brûlure sur son omoplate gauche.

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MessageSujet: Dead men walking... (PV SYN)   Dead men walking... (PV SYN) Icon_minitimeDim 17 Fév 2019, 20:44

Le jeune homme courrait sur les toits, à peine quelques mètres le séparait de ses poursuivants.

L'écart s’agrandit quand il fit un saut improbable, les gardes hésitants un instant, ce qui lui donna cinq bon mètres.

Son sourire se transforma en juron quand il aperçu les archers l'attendant, arcs bandés, flèches pointés sur lui.

Ils étaient juste devant la place publique d'Al-Far, d'où certaines caravanes faisaient leur départ tout les ans, l'endroit le plus public de la ville, le plus achalandé, toute l'année.

Ils n'allaient sûrement pas osé l'abattre devant tant de témoins.

Son sourire revenu disparu de nouveau quand la première flèche se planta dans son torse, suivi de quatre autres.

Il fit trois pas, il devait s'échappé.

Tomba à la renverse en bas du toit quand une autre flèche se planta dans son dos.

Quand le sang s'étendit sur le sol de la ruelle, alors que le son des bottes des gardes résonnaient de partout, il sourit malgré lui.


We will not take this anymore,
These words will never be ignored,
You want a battle..?

...Here's a war..!

Down eyes of shame,
Made to feel dead again...

Your words cut deep,
Your lies are fueled by your need for deceit...

...Too scared to speak...

...You're only alive when you torture the weak...

...Now hear me roar..!

Et on est supposés faire quoi putain, hein?!

Calme toi, Neran.

Me calmer!? Oh mais je suis calme! Très calme! NON MAIS TU T'ENTENDS, SHANA!?

C'est une vraie chasse à l'homme, là, dehors! On as pas fait la moitié des méfaits dont ils nous accusent et on ne peut RIEN y faire!

Ils ont fait croire à tout le monde que Narek est un monstre, bon sang! Si on ne fais que sortir, même sans les masques, on risquent que quelqu'un nous reconnaissent et on seraient dans la merde!

Tu propose quoi comme plan, hein!?


De sortir dans l'endroit le plus publique possible, où il est sûr que je serais reconnu.

Les deux compères du marchombres s'apprêtaient à le traiter de fou.

Puis aperçurent son regard scintillant.


...T'as une idée, pas vrai..?

Le barde sourit malgré lui.

Ouep... Ils veulent utiliser de la poudre au yeux et du théâtre pour guider l'opinion publique pas vrai..?

Et alors? Personne ne croira que--

Que nous sommes innocents?

Non, en effet.

En ce moment, même si j'avais des preuves en béton, le publique me pendrait de ses mains.

Il faut donc que je sois intouchable, que là où le publique me vois comme un monstre, ils considèrent nos adversaires comme encore pire...


Laisse moi rire! Comment tu compte changer l'opinion de toute une ville, exactement? Et potentiellement de tout l'empire, s'ils étendent leur influence..!

Oh c'est facile...

...On va faire du théâtre..!


Cause tonight,
We ride for the truth.

You and I,
Alone with the storms.

Through the dark,
You light up my wings.

We're the perfect storm...

...Just a perfect storm...

L'habit, lourd, que le jeune marchombre portait le ralentissait, mais c'était parfait pour qu'il s'assure de guider la course poursuite.

Il devait jouer d’agilité pour éviter les objets lancés par les spectateurs, en contrebas, qui croyaient tous les mensonges crier sur la place publique et appliquer sur cette fichu affiche de recherche.

Lui, un meurtrier? Pire, selon la description d'un des multiples crimes, ils l'avait accuser d'avoir tuer ses propre parents, puis d'avoir brûler la ferme familiale, et même d'être le violeur et le tueur de Lyra.

Ce dernier détail lui fit serrer les poings et les dents. De tout les crimes possibles...

Il tourna pour se diriger vers la place publique, à peine quelques mètres le séparait de ses poursuivants.

L'écart s’agrandit quand il fit un saut improbable, les gardes hésitants un instant, ce qui lui donna cinq bon mètres.

Son sourire se transforma en juron quand il aperçu les archers l'attendant, arcs bandés, flèches pointés sur lui.

Ils étaient juste devant la place publique d'Al-Far, d'où certaines caravanes faisaient leur départ tout les ans, l'endroit le plus public de la ville, le plus achalandé, toute l'année.

Ils n'allaient sûrement pas osé l'abattre devant tant de témoins.

Son sourire revenu disparu de nouveau quand la première flèche se planta dans son torse, suivi de quatre autres.

Il fit trois pas, il devait s'échappé.

Tomba à la renverse en bas du toit quand une autre flèche se planta dans son dos.

Quand le sang s'étendit sur le sol de la ruelle, alors que le son des bottes des gardes résonnaient de partout, il sourit malgré lui.

Il avait aperçu un éclat bleu, en contrebas.


They took my peace,
They took my name,
My family...

In a pallid robe,
And cryptic code,
My destiny...

Secret sign,
Shadows in the moonlight...

Clandestine,
Flashes of a pale white...

...Climb the highest peaks of history...

Neran se mordit l'intérieur de la joue en apercevant Syndrell à quelque pas de lui, Narek allait bientôt arriver et ça risquer de ne pas être beau si elle voyait ça, se dit-il en écrivant rapidement un message qu'il glissa dans un petit tube de métal, normalement utiliser pour les oiseaux porteurs de message.

Encore heureux qu'il les nettoies toujours bien, se dit-il en le glissant dans sa bouche.

Au moment même où Narek apparut sur les toits, attirant tout les regards, incluant celui doré et surpris de la jeune femme, Neran se glissa près d'elle en chuchotant ''Gifle moi'' un instant avant de l'embrasser et de lui faire glisser le tube dans la bouche.

La gifle ne se fit pas attendre et fut un peu plus violente que prévue, mais ce fut très réaliste, se dit-il en jurant et en s'écartant sous le rire gras de deux ou trois témoins qui n'avaient pas entendus sa demande.

Le message était court et abstrait, mais il espérait qu'elle comprenne, se dit-il alors qu'il tournait dans la ruelle où Narek venait de tomber, transpercé de flèches.


Poudre aux yeux, auberge du chat maugréant, ce soir, porte arrière, sous sol.

La lourde porte, verrouillé de l'intérieur, de la cave à vin du chat maugréant, immeuble peu fréquenté dans une partie mal famé de la ville, résonna de trois coups plus ou moins timides.

Le jeune homme leva une main pour signifier le silence et monta les quelques marches le séparant de la porte déposée de façon oblique contre l'immeuble principal.

Collant un oeil sur l'ouverture minime entre les portes, il aperçut le regard, semblant troublé, de Syndrell et déverrouilla la porte avant de l'ouvrir et de lui faire signe de se dépêchée, s'assurant que personne ne les avaient vus avant de refermer et verrouillé de nouveau.

Quand elle arriva en contre bas, elle parut interdite un instant.

Le jeune homme sentit un sourire doux se glisser sur son visage, il avait mieux réussis qu'il ne le croyait, se dit-il en la saluant d'un mouvement de tête.


Bonsoir, Syndrell...

Shana leva les yeux au ciel. C'était tout? Bonsoir, ça boom, ouais moi ça va, tu m'as vu me faire embrocher mais t'inquiète, comme tu vois j'suis pas blessé, nouvelle coupe de cheveux?

Parfois, se disait-elle, Narek ne semblait rien comprendre aux femmes...

...Parfois c'était elle qui n'y comprenait rien, se dit-elle quand les deux tourtereaux s'embrassèrent à pleine bouche.


A cheap shot,
That's the way that you play the game...

I was blindsided,
Things will never ever be the same...

Nice guys,
It's said they always finish last...

But bad-asses,
Always kicking assholes' asses.

...So kick it..!

...Pour récapituler, en plus rapide, après qu'on ais piquer les gants, quelqu'un as tuer leur propriétaire.

La même nuit, tout ce qu'on sais, c'est qu'il n'y avait aucune trace de l'inconnu... Et qu'il as écrit ''Ezadrah va payer'' sur les murs... Avec le sang de sa victime.

Cliché, mais ça as fait son effet, je croyais qu'Ezadrah était mort après qu'on l'ais démantibuler, mais depuis, plusieurs nobles et marchands semblent étrangement être sur les nerfs.

Pendant un instant, mon identité de compte as suffit à en approcher certains, en apprendre plus, mais ceux qui se cachent ici, à Al-Far, sont, sembleraient-ils, bien préparer.

Ils ont eu une description de mon apparence avec mon masque et m'ont accuser du meurtre, ainsi que d'une trentaines de méfaits, incluant le meurtre de ma famille... Et de Lyra.

Nous sommes arriver trop tard, le peuple nous en veux déjà bien trop pour que l'on puissent agir en tant que voleurs fantômes facilement.

Et voilà où se pointe mon petit numéro de cet après midi.


Le jeune homme pointa un pourpoint particulièrement rembourré un peu plus loin, percé de plusieurs flèches qui ne passaient pas au travers complètement.

Son cadavre ne serait étrangement jamais retrouver, ne laissant qu'une flaque de sang, se dit-il en souriant.


Je compte restait ici, caché, pendant quelques jours, le temps qu'ils arrêtent les recherches. Shana et Neran ne sont pas recherchés, ils seront donc mes yeux...

...S'ils veulent faire du théâtre, on va leur donner toute une pièce, qu'en pense-tu..?


Moi je crois que ce gamin et fou...

...Je comprends pourquoi t'en es tombé amoureuse..!


Rybris sourit à pleine bouche quand la marchombre tourna la tête vers lui, parfaitement invisible dans le fond de la salle.

Quand il avait reçu le message de Narek, quelques jours plus tôt, il avait hésité, Tsukia avait besoin de lui.

Mais elle avait acceptée de passer quelques jours à réapprovisionner leurs gourdes et...
Et bien leurs provisions..!

Et puis une invitation à une pièce de théâtre signée Narek Liam en plein jour, sur la place d'Alf-Far?

Ça ne se refusait pas..!


You're Gonna Pay,
There's no forgiveness this time.
It's my business,
It's in your mind.

I'm burning these ones to the ground,
I'm gonna Bring you down,
You're gonna pay..!

No more chances,
No more excuses,
No more lies...

Your stories ending,
Time to say your goodbyes..!

Le jeune homme soupira.

Il n'avait pas eu de notion du temps, ces derniers jours, toujours dans cette cave.

Cette semi isolation, passée principalement avec Syndrell, lui avait plut, se dit-il et vérifiant une fois de plus que son manteau de cuir, long et noir, était bien en place.

Maintenant, il fallait que Neran, dans son uniforme de garde piqué un jour plus tôt, et Rybris jouent leur rôles à la perfection...

...Et il fallait que Syndrell réussissent à mener le responsable de tout ça, un noble mineur qui avait un manoir en ville, jusqu'à la place publique pour midi exactement.

C'était à l'origine le rôle de Shana, mais Syndrell avait bien plus d'expérience et, ainsi, il y aurait quelqu'un pour tout coordonné.

Cela dit, même s'il n'avait pas de grande affection pour l'homme, Narek s'en faisait pour Rybris.

Il ne connaissait pas beaucoup l'imagination, mais ce qu'il devait faire serait sûrement particulièrement épuisant...

...Jouer avec la nature de cette façon, il aurait crut cela impossible si ce n'avait pas été l'idée de l'ex-Mentaï.


Alors, champion, près pour ton grand début..?

J'ai un peu l'trac... Tu sais, Rybris as raison, c'est taré, comme idée, on risquent tous gros...

Qui ne tente rien n'as rien... Aller, ça va marcher, tu l'as dis toi même, le peuple est simple..!

Et puis avec les ajouts de Rybris - Je sais pas où tu l'as trouvé c'bonhomme mais merde il en as des bonnes idées - Ça va être le meilleur spectacle que ces gens verront de leur vies... Et ils croiront tous que c'est 100% vrai.


Le jeune homme soupira en se glissant dans le cercueil dont la porte fut refermer par la jeune femme.

C'était étrangement angoissant se dit-il en entendant les bruits externes alors que le cercueil se faisait roulé tout prêt de la porte du large balcon extérieur qu'ils avaient décidé d'utiliser, Rybris avait réussis à faire s'éclipser les propriétaires quelques jours en promettant qu'ils n'étaient en aucun cas en danger...

Il entendit les trois coups frappés doucement sur le cercueil puis, trois secondes à peine plus tard, le bruit d'un coup de tonnerre si proche que quelques cheveux se dressèrent sur sa tête.

Maintenant ou jamais, se dit-il alors que les planche faisant le cercueil tombèrent, tout autour de lui et que le dessus s'envolait.

En se levant, il aperçut Rybris, sur un autre balcon, se tenant à deux mains à la rambarde, mais sinon semblant somme toute pimpant.

Il se demanda un instant s'il serait capable de faire le reste de son rôle, mais l'homme lui fit signe d'un pouce et, quand il parla, le jeune homme réalisa que sa voix sonnait dans presque toute la ville, amplifiée par le pouvoir de l'ex-Mentaï.

C'était maintenant où jamais.


Dead man walking...

You've done it now,
You've gone and made a big mistake.

And I can't allow,
You to think you can just walk away...

La place était noire de monde...

...Et les trois quarts reconnurent le jeune homme qu'ils avaient vu mourir quelque jours plus tôt.

Rybris sourit malgré lui.

Oh, noircir les nuages et faire frapper un éclair sur le balcon sans l'endommager n'était pas aisé, mais l'électricité et les tempêtes, c'était sa spécialité.

Il trouvait que ça allait particulièrement bien avec sa greffe électrique, et puis c'était toujours impressionnant, quelqu'un qui faisait apparaître un orage de nulle part.

Augmenter la portée de la voix du marchombre, à côté, c'était du gâteau.

Et il sourit malgré lui quand il aperçut la flèche tirée par Neran se ficher dans le rembourrage du manteau de Narek qui ne bougea pas d'un centimètre sous l'impact.

Un vrai coup de maestro, se dit-il.

Ce gamin irait loin, c'était l'évidence, même lui eu un frisson quand, lentement, le garçon tourna la tête vers la flèche et la retira comme s'il était normal de ne pas sentir l'impact de celle ci.

Le dessinateur monta le volume de la voix du jeune homme à ce moment précis, ricanant en le voyant pointer du doigt le responsable de toute cette mascarade, au milieu de ses gardes personnels.


Toi.

Tu m'as accuser d'avoir tuer, d'avoir violé, d'avoir voler.

Ma famille, mon sang, ma liberté.

Exécuter sur la place publique, envoyer droit en enfer pour des crimes que je n'ais pas commis...

...Mais le dragon s'est fait promettre une âme coupable à dévorer.

J'ai vu tes crimes, tes mensonges, ton exploitation de ce peuple.

Tu es coupable, et pour ça, quelqu'un doit te faire payer.

J'ai fait un marché, enfoiré.

Une vie pour une vie.

Une âme...

...Pour une âme.


Le dessinateur ajouta un coup de tonnerre lointain à cet instant, souriant quand celui-ci fit sursauter le gros noble.

T'es à court de chances, plus d'excuses et plus de mensonges.

Tu voulais que je sois un monstre..?

...T'en as un...

Et je vais personnellement m'assurer que tu repose en...

...Tourments.


Une large quantité de flèches s’élancèrent vers le jeune homme, passant droit au travers de son corps devant la foule qui crièrent presque tous de choc.

Doucement, le jeune homme recula, passant physiquement au travers de la porte derrière lui.

Le mentaï rajouta un son de clocher à ce moment, question de mettre l'emphase.

Maintenant, la partie la plus difficile se présentait...

...Le jeune homme et Shana devaient s'échapper sans être vu par qui que ce soit et rejoindre les sous terrains trois rues plus loin, par là, ils pourraient rejoindre le chat maugréant.

Son sourire ne quitta pas l'homme alors qu'il faisait un pas sur le côté vers la cave.

Syndrell et Neran arriveraient sûrement bientôt, ce serait ensuite que tout se jouerait, se dit l'homme en s'adossant au mur, les yeux posés sur la grille menant aux sous terrains.

Il leurs donnaient cinq minutes avant qu'il ne parte les chercher.


So turn around,
And face the piper,
You're gonna pay.

Cause the end is now,
This is gonna be your judgement day..!

A cheap shot,
That's the way that you played the game.

I was blindsided,
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Syndrell Ellasian
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MessageSujet: Re: Dead men walking... (PV SYN)   Dead men walking... (PV SYN) Icon_minitimeMer 20 Fév 2019, 19:55

Le poignard de Miss dans une main, l’autre posées sur la poignée de sa rapière, Syndrell longeait le canal aussi furtivement qu’un chat. La nuit, Al-Far rivalisait avec Ombreuse tant la ville était glauque et dangereuse. Dépassé par les agitations du nord, et probablement mal épaulé par l’Empereur, le seigneur des lieux avait laissé la pègre proliférer dans les moindres recoins de la cité, tant et si bien qu’une fois le soleil couché, il n’y avait plus guère d’habitants dans les rues. Ceux qui traînaient dehors n’étaient pas les gens les plus fréquentables…

Ou bien alors il s’agissait de marchombres. Un sourire passa sur les lèvres de Syndrell à cette idée. Elle était déjà venue dans cette région avec Miss, puis avec Darwen ; cela faisait-il d’elle une criminelle ? Il ne fallait pas se fier aux apparences. Cette maxime était la sienne, ne serait-ce que parce qu’avec ses cheveux bleus elle avait longtemps fait peur aux gens. Ne pas se fier aux apparences, ni juger trop hâtivement le monde environnant.

C’était ainsi qu’elle s’était débrouillée jusqu’à présent : chercher quelqu’un à Al-Far revenait à chercher une aiguille dans une botte de foin ! Il lui avait fallu glaner des informations, prêter attentions aux nombreux commérages, les trier puis les vérifier, un par un, jusqu’à remonter enfin une piste qui semblait intéressante. Voilà pourquoi elle se retrouvait en train de longer la Sombrine, un petit affluent de l’Ombre qui traversait la cité. Le jour, des bateleurs la parcouraient dans un sens ou dans l’autre, ne laissant la nuit que leurs petits esquifs amarrés le long des quais pour la plupart très mal fréquentés.

La Sombrine passait dans les égouts de la ville. Syndrell n’en était plus très loin. Elle évoluait dans un univers de pavés inégaux et d’ombre, un niveau au-dessous des rues seulement agitées par quelques bougres qui avaient forcé sur la bouteille ; de larges alcôves abritaient des caisses et des tonneaux réservés aux bateleurs et aux marchands, chacun d’eux largement cadenassé et verrouillé pour ne pas être forcé. Elle ne croisa que deux personnes desquelles elle se cacha en se plaquant contre le mur froid et humide.

Elle arrivait au terme de sa route, alors que le canal disparaissait sous les murs de la cité à travers de barreaux à l’apparence solide, quand elle découvrit une porte dissimulée dans le mur de briques. La jeune femme regarda tout autour d’elle puis crocheta la serrure et se glissa dans l’ouverture. Le noir complet l’accueillit. Il faisait un froid glacial. L’air, chargé d’humidité et fleurant bon le hareng et la moisissure, semblait filer dans une direction que la marchombre suivit, une main posée sur la paroi pour ne pas s’égarer.

Petit à petit, sa vision s’accommoda et elle distingua des formes immobiles – sans doute des caisses identiques à toutes celles qu’elle avait pu croiser jusqu’alors. Les ténèbres s’éclaircirent. Elle se faufila dans un couloir éclairé par des torchères et se figea en percevant un bruit de voix. Comprit, en s’approchant d’une ouverture, qu’il y avait des gens dans la salle. Un coup d’œil à l’intérieur lui confirma la présence d’au moins dix personnes, peut-être plus. Elle recula. Ricochant contre les murs, les voix résonnaient et l’empêchaient de comprendre ce qui se disait ; il fallait qu’elle trouve le moyen d’entrer.

Revenant sur ses pas, elle avisa une sorte de conduit d’aération. Il était fichtrement étroit, mais une fois débarrassée de sa cape, qu’elle roula en boule et fourra dans une caisse ouverte, Syndrell s’y glissa sans trop de mal. Elle rampa dans la poussière et les toiles d’araignées jusqu’à arriver finalement au-dessus d’une mezzanine déserte ; elle ouvrit la grille et s’y suspendit, puis se laissa souplement tomber sur le sol. Luttant contre l’envie folle d’éternuer, elle s’approcha du vide et se coucha à plat ventre pour jeter un œil en contrebas.

Seize personnes discutaient ensemble.
Des gens de tous âge, depuis une fillette qui devait avoir à peine plus de huit ans jusqu’à un vieil homme qui parlait peu mais demeurait attentif, assis sur un tabouret, les mains appuyées sur une canne. Syndrell plissa les yeux. Ils ne ressemblaient pas à des Faucheurs, mais il fallait qu’elle en ait le cœur net. Elle tendit l’oreille, sélectionna les conversations les plus intéressantes et se ferma à celles qui lui paraissaient d’une importance moindre.


- … de lui rendre des comptes ! On est assez grands pour penser par nous-mêmes !
- Tu oublies qu’on l’a choisi pour nous guider.
- Je n’oublie rien du tout, merci bien. J’en ai juste assez d’attendre qu’on me dise quoi faire et quoi penser.
- Tout doux, Maryne. Rentre tes griffes. On est tous à cran en ce moment. Faut rester tranquilles.
- Jusqu’à quand ?


La tension était palpable. Maryne, visiblement à bout de nerfs, faisait les cent pas comme un fauve en cage. La plupart des gens qui l’entouraient tentaient de la calmer. Le vieillard ne disait rien mais il ne perdait pas la scène des yeux – tout comme Syndrell, quelques mètres plus haut. Elle ne comprenait pas grand-chose et n’était pas certaine d’avoir suivi la bonne piste, mais avant qu’elle songe à rebrousser chemin, quelque chose de lourd tomba sur son dos et l’écrasa de tout son poids.

Le grondement sourd d’un chien la fit trembler, mais quand il claqua des mâchoires près de son oreille, elle ouvrait déjà la bouche pour entonner le chant marchombre. L’animal se figea. Il commença à reculer jusqu’à reposer ses quatre pattes sur le sol, libérant la jeune femme qui se retourna. C’était un bâtard, magnifique avec son pelage grisonnant et ses oreilles touffue. Sa gueule garnie de crocs brillants était moins engageante. Syndrell continua de chanter.

Elle fut alors percutée par un oiseau. Une chouette, réalisa-t-elle avant de basculer dans le vide. Elle se retint aux rideaux qui jouxtaient la mezzanine : l’une de ses lames secrètes jaillit et déchira le tissu, ralentissant sa chute. Elle roula au sol, rengaina sa greffe dans le même temps et se redressa vivement : un chat bondit devant elle et feula férocement. Maryne, comprit Syndrell sans trop savoir d’où cette certitude pouvait bien lui venir. Elle se plaça en garde, peu sûre de la marche à suivre : comment affronter des animaux qui, somme toute, n’avaient rien fait de mal ?


- Arrêtez !

Sans crier gare, Ylléna déboula et se dressa devant Syndrell.

- Stop ! répéta-t-elle d’un ton ferme. Pas touche, c’est une amie !

La plupart des animaux encore présents reculèrent. Leur image se brouilla et Syndrell songea qu’elle n’avait pas vu autant de gens nus depuis bien longtemps. Le chat feulait toujours.

- Va donc chasser les rats dehors, Maryne, intervint alors le vieil homme – le seul qui, dans toute cette agitation, n’avait pas bougé, les mains toujours appuyées sur sa canne. Ça nous fera des vacances.

Le félin marbré fixa Syndrell de ses grands yeux émeraude, puis cracha une dernière fois et fila sans demander son reste. Ylléna se retourna. Qu’elle avait grandi ! Et maigri, aussi. Stupéfaite, Syndrell réalisa que si l’on retrouvait bien du Erwan dans cette bouille, c’était indéniablement à Miss que la jeune fille ressemblait le plus. Elle ouvrit les bras, et Ylléna vint s’y blottir, exactement comme l’avait fait Lyke quelques semaines plus tôt.

- Enfin, je te trouve… murmura Syndrell en la serrant contre elle.
- Qu’est-ce que tu fais là ?
- Je pourrais te retourner la question !
- Eh bien…
- Tu te trouves dans le repère des Métas,
expliqua une voix grave dans le dos de la marchombre. Et tu n’y es pas la bienvenue.

Le chien. Syndrell sut instinctivement qu’il s’agissait de lui. Elle se déplaça pour ne plus l’avoir dans son dos et découvrit un homme d’une petite cinquantaine d’années, de taille moyenne mais solide, aux cheveux aussi grisonnants que son poil de chien – mais au regard vif et aux traits bien dessinés. Il planta ses yeux clairs dans ceux de la marchombre.

- Fous le camp.
- Vax !
s’écria Ylléna. Elle est pas dangereuse !
- Elle s’est introduite dans notre tanière et elle était en train de nous espionner.
- Je cherchais Ylléna,
répondit Syndrell avant que celle-ci ne prenne encore sa défense.
- C’est une amie, répéta la gamine, butée.
- Elle se déplace comme un Faucheur. Je ne lui fais pas confiance

Il semblait à deux doigts de laisser son chien prendre le dessus. Autant Maryne lui avait parut facile à repousser, même pourvue de griffes et feulant à qui mieux-mieux, autant le molosse était une autre paire de manche. Syndrell se mordit la lèvre. C’est alors que le vieil homme se leva, dans un grincement d’articulations qui le fit grimacer. Aidé de sa canne, il s’approcha. Son visage était parcheminé, buriné par le soleil et les années. Il s’arrêta devant la marchombre.

- Montre donc ton épaule, jeune louve.

Syndrell tressaillit, mais s’exécuta finalement : elle ouvrit le haut de sa tunique et se retourna, dévoilant son omoplate marquée par les fers des Faucheurs.

- Toujours convaincu qu’elle est une ennemie, Vax ?
- Elle nous écoutait,
s’entêta l’interpelé d’un ton déjà moins assuré.
- Syn est une marchombre, bon sang ! s’exclama Ylléna tandis que Syndrell réajustait ses vêtements.

Un murmure parcourut l’assemblée des curieux. Syndrell se retourna lentement et croisa le regard belliqueux de Vax.

- Je suis une marchombre, et je suis aussi une victime des Faucheurs, dit-elle doucement. Je vous écoutais pour comprendre qui vous étiez, et pour savoir si la piste que je suis depuis trois jours était la bonne. Des gens en veulent à Ylléna, deux Faucheurs qui la traquent depuis le sud. Je suis venue la chercher.
- Et tu es arrivée au bon endroit,
acquiesça le vieil homme. Le moment est sans doute moins propice, car les Faucheurs nous mènent la vie bien dure en ce moment.
- Vous étiez à Ezadrah, n’est-ce pas ?


Il ne répondit pas, mais son regard parlait pour lui. Syndrell sentit sa gorge se nouer.

- Ezadrah ? répéta Vax.
- Cette petite est celle que les mineurs d’Ezadrah appellent désormais la « louve du désert ». C’est grâce à elle que je suis là, que nous sommes tous là d’ailleurs. Ce réseau secret des Métamorphes n’existerait pas si elle n’avait pas brisé les chaînes des esclaves et tué Onku.

Vax ouvrit la bouche pour dire quelque chose, puis la referma. Il observait maintenant Syndrell avec étonnement, les sourcils froncés, comme s’il ne parvenait toujours pas à croire ce qu’il entendait. Elle s’en moquait.

- Onku est mort, mais sa félonie demeure : les Faucheurs se réunissent et traquent les Métamorphes. J’ignore pourquoi.
- Toujours leurs expériences, bien sûr. Voilà pourquoi nous avons créé ce réseau. Cette communauté ne doit pas s’éteindre, quoi qu’il advienne.
- C’est pour ça que j’ai décidé de rester,
dit alors Ylléna. Je sais que tu es venue me chercher et je t’en remercie, mais… je peux pas rentrer maintenant. Je dois les aider.
- Yll…


Syndrell s’obligea à contenir sa réaction première – une farouche volonté d’emporter Ylléna loin d’ici pour la protéger du danger.

- Tu es sûre de toi ?
- Ouais.


Certitude absolue dans le regard violine.
L’or s’adoucit.


- Elle serait tellement fière de toi, bon sang…

Ylléna avala sa salive, puis posa les poings sur ses hanches :

- Alors, tu m’as trouvée comment ? C’est cet idiot de Lyke qui m’a cafardée ?

L’éclat qui brillait dans ses yeux démentait la dureté de ses propos et Syndrell ne s’y trompa pas. Elle se contenta de sourire.

- Je te retrouverai toujours, tête de pioche.



*



- Pourquoi ne l’as-tu pas ramenée avec toi ?
- Elle voulait rester là-bas.

Ciel écarquilla les yeux et regarda Syndrell s’affairer dans la chambre qu’ils avaient louée. Il décida de reposer sa question.

- Pourquoi ne l’as-tu pas ramenée ?
- D’abord parce que je ne suis pas sa mère et ensuite, parce que ce qu’elle fait est juste.
- Et dangereuse !
s’étrangla le dessinateur. Tu ne penses pas qu’Erwan va se faire un sang d’encre ?

Oh que si. C’était sans doute déjà le cas, et c’était la raison pour laquelle Syndrell, après avoir fouillé dans son sac, sortit de quoi écrire. Elle allait le prévenir, le rassurer quant au sort de sa fille ; il ne serait peut-être pas d’accord avec elle, mais tant pis. Après tout, il connaissait déjà peut-être ce réseau de métamorphes rebelles. Elle songea, en s’installant pour écrire son message, que c’était bien le genre de son ami.

- Je vais rester dans les parages, dit-elle à l’attention de Ciel tout en commençant à tracer ses lettres sur le papier. Tu penses bien que je vais garder Yll à l’œil.
- Si les Faucheurs te tombent dessus…
- Je leur ferai leur fête. Ecoute…


Elle posa ses affaires sur le lit et traversa la pièce pour attraper les mains de Ciel dans les siennes.

- Je sais que tu te fais du souci pour moi et ça me fait chaud au cœur, mais Ylléna est entre de bonnes mains, et moi je dois continuer ma mission.
- Tu ne peux pas tous les sauver,
murmura le dessinateur en se noyant dans l’or de ses yeux.
- Non. Mais je dois quand même essayer.

Il l’attira contre elle et elle se blottit contre lui. Depuis combien de temps partageaient-ils cette solide amitié qui les liait ? Les années filaient, l’affection grandissait toujours.

- Aeden m’attend.
- Je sais.
- Je n’ai pas envie de te laisser ici…
- Je sais aussi.


Il la serra très fort puis recula et la regarda dans les yeux.

- Donne-moi des nouvelles. Tous jours. Utilise notre lien mental.
- Je ne suis pas très douée pour…
- Jure-moi que tu le feras,
insista-t-il en lui attrapant le menton entre deux doigts. S’il te plaît, Syn.
- D’accord ! Je vais le faire. Tu auras mon rapport tous les jours. Ça te va, grand chef ?

Non, mais c’était toujours mieux que rien, alors il accepta de la laisser à Al-Far et de rentrer à Al-Chen. Une fois seule, Syndrell soupira. Elle n’aimait pas causer tant d’inquiétude à son ami, mais elle n’avait pas le choix : quelqu’un devait veiller sur Ylléna. D’une certaine façon, c’est ce qu’elle avait toujours fait, depuis la naissance de la petite, mais ce rôle s’était accentué à la mort de Miss. Ylléna n’était pas n’importe qui. Elle tenait de ses parents et avait son caractère bien à elle ; elle avait décidé de rester et elle resterait. Syndrell n’avait pas le droit de l’en empêcher.

En outre, ce réseau lui plaisait bien. Certes, tout le monde ne voyait pas sa présence d’un très bon œil, à commencer par Vax et Maryne, mais la marchombre comptait faire tout son possible pour aider les métamorphes à se tirer d’affaire. Son séjour à Ezadrah l’avait changée à tout jamais. il était hors de question qu’elle laisse tomber cette affaire, même si certaines peurs la taraudaient toujours.

Elle se dépêcha d’écrire à Erwan, puis partit en quête d’une volière afin de délivrer son message. De jour, la tension qui animait les rues d’Al-Far étaient moins palpables, mais sous-jacente ; la misère envahissait les ruelles, le vol à la tire était quotidien et la garde, probablement corrompue, pouvait aussi bien défendre un innocent que le boucler pour un délit qu’il n’avait pas commis. Sa cape sur les épaules, Syndrell avait rangé ses cheveux sous sa capuche ; dans un tel climat, elle préférait ne pas attirer l’attention sur elle.

Elle envoya son message, puis dirigea ses pas vers l’esplanade de la ville. Elle humait le parfum de beignets audacieusement exposés sur un étal quand elle reconnut l’effleurement caractéristiques d’une petite incursion mentale.

« Tout va bien ? »

Syndrell leva les yeux au ciel.

« Tout va bien ! Depuis les vingt dernières minutes, il ne m’est rien arrivé, incroyable non ? »
« Je voulais juste m’assurer que tu peux m’entendre et me parler. »
« C’est le cas. Rassuré ? »
« Rassuré ! Je t’aime. Prends soin de toi. »


Un sourire ému sur les lèvres, Syndrell délaissa les beignets. En dépit de ses agaçantes tracasseries, son ami lui apportait tout le réconfort et le courage dont elle avait besoin. Sans lui, elle ne serait jamais allée aussi loin, c’était certain…

Son regard s’assombrit soudain et elle fronça les sourcils. Elle traversa une ruelle passante et arracha du mur un avis de recherche. La tête du comte Rymär était mise à prix, et la somme promise n’était pas négligeable ! Cela aurait pu l’amuser si le visage de Narek n’avait pas été aussi bien dessiné. Elle jura tout bas, froissa le papier et le fourra dans sa poche. Pourquoi son compagnon était-il recherché à Al-Far ? Un drôle d’espoir noué d’angoisse lui étreignit le cœur.

Quand elle arriva sur la place, un attroupement s’était formé. Elle n’y prêta pas garde au début, plongée dans ses pensées, mais les exclamations à la fois admiratives et horrifiées la poussèrent à lever la tête.

Ses yeux s’agrandirent.

Là-haut, bondissant de toit en toit, une silhouette se jouait des carreaux qui sifflaient autour d’elle. C’était magnifique. L’homme donnait l’impression de s’envoler. Il ne pesait rien. Ses longs cheveux dansaient dans son dos et même si elle était trop loin pour le voir, Syndrell pouvait deviner le sourire amusé qui illuminait son visage.

Le cœur battant, elle se mêla à la foule et tenta de se frayer un passage, sans quitter la silhouette bondissante des yeux. Trop de gardes. Trop de monde. Trop dangereux ! Les carreaux sifflaient, le cœur de Syndrell battait la chamade.

Bond.
Sifflements.
Battements.

Elle vit nettement son pied glisser, son élan se briser, sa chance s’envoler.
Et les carreaux arriver. Mais elle n’eut pas le temps de crier.

Un homme se dressa soudain devant elle, lui bloquant la vue. Masqué, le visage dans l’ombre, il se pencha et laissa échappe deux mots dans un souffle pressé, avant de l’embrasser à pleine bouche. Une langue glissa contre la sienne. Sa main se détendait déjà et la gifle résonna si fort que plusieurs passants tournèrent la tête dans leur direction, intrigués.

Réflexe.

Non pas d’une femme en colère, mais d’une marchombre, anciennement espionne ! Des années de formations aussi variées que complémentaires l’avaient habituée à réagir plus rapidement que la normale ; à l’instant même où l’homme lui avait parlé, elle avait compris que quelque chose était en train de se jouer. Elle en ignorait la trame, mais cette histoire n’était pas celle que les curieux amassés autour d’eux voyaient.

Son prétendant disparut parmi la foule, une main pressée contre sa joue. Syndrell pressa une main contre ses lèvres, l’air bouleversée, et tourna les talons. Elle attendit d’être arrivée dans une ruelle moins fréquentée pour cracher le rouleau dans sa paume, et découvrir le message qui y était glissé.

Ne pas se fier aux apparences…




*



L’auberge du Chat Maugréant était si petite qu’on pouvait très bien passer devant sans l’apercevoir : engoncée dans une ruelle mal où le jour passait à peine, son enseigne aux lettres en partie effacées oscillant entre celle d’un barbier et celle d’un cordonnier, elle possédait de petites fenêtres aux carreaux curieusement arrondis. Syndrell tenta de voir quelque chose à travers, mais elle ne distingua que de vagues ombres.

Elle recula d’un pas, observa la façade, songeuse, sa main distraitement posée sur la poignée d’Epine, puis dénicha un passage tellement exigu qu’il fallait se tourner sur le côté et avancer en crabe pour s’y faufiler. Elle déboucha dans une cour étroite et seulement pourvue d’un banc qu’un pied manquant faisait pencher vers l’avant. La végétation poussait en friche, trouvant sans doute de l’eau quelque part, mais la lumière passait tellement peu qu’il n’y avait aucune fleur.

L’endroit n’était pourtant pas lugubre, se dit la marchombre en promenant son regard sur un arrosoir renversé. Plusieurs fenêtres donnaient sur la cour. Un gros chat banc paressait sur le rebord de l’une d’elle. Il ouvrit un œil quand Syndrell passa devant lui mais ne bougea pas d’un coussinet. Il avait bien raison, la sieste, c’était sacré !

La porte de service du
Chat Maugréant était là. Autrefois peinte en jaune canaris, elle était dans un piètre état mais quand Syndrell tenta de l’ouvrir, celle-ci résista, sans doute fermée de l’intérieur. La jeune femme hésita. Crocheter la serrure ? Elle ne comptait pas entrer en catimini puisque d’après le message qu’on lui avait transmis, elle était attendue… Dans ce cas, autant passer par les convenances habituelles : elle ferma le poing et frappa trois coups légers avant de reculer d’un pas.

Plusieurs secondes s’envolèrent. La queue du chat battait mollement la cadence. Enfin, un cliquetis se fit entendre. Syndrell se tendit imperceptiblement. Elle était prête à toute éventualité, la pire comme la meilleure, mais la silhouette qui se découpait dans l’ouverture était familière. Neran ? Un creux de sourire se forma dans la joue de la marchombre ; il lui semblait bien avoir reconnu l’odeur du jeune homme, tout à l’heure, quand il l’avait embrassée par surprise…

Il ne dit rien mais la laissa passer devant lui pour refermer derrière eux. Le cœur battant, parce que la présence de son ami ne pouvait signifier qu’une seule chose, Syndrell dévala les marches qui menait droit vers une cave à vin, circulaire et antique, à en juger par les tonneaux et les bouteilles couvertes de poussières qui s’entassait le long des murs.

Elle s’arrêta soudain.

Des torchères étaient allumées un peu partout, jetant des ombres sur les murs ; à la lumière de l’une d’entre elle se tenait un Narek en parfaite santé. Il n’eut qu’à sourire pour que le cœur de Syndrell se mette à galoper comme un cheval sauvage. Il dit quelque chose, elle n’écouta rien d’autre que ce martèlement puissant qui la propulsa droit dans les bras de son amant.

Narek était vivant. Depuis plusieurs heures, elle s’efforçait de ne plus penser au bruit terrible des flèches s’enfonçant dans sa poitrine – un son qu’elle ne voulait plus jamais, jamais entendre. Mais le jeune homme n’avait rien, il allait bien, et elle s’emplit fiévreusement de sa chaleur, de son odeur, pour obliger son esprit à admettre ce que son corps et son cœur ressentaient : Narek était vivant. Et quand la certitude éclata dans une explosion de bonheur, Syndrell glissa son poing dans les cheveux sombres du marchombre pour attirer ses lèvres aux siennes.


- Renversant, hein ! J’en sais quelque chose, railla Neran en rejoignant Shana, qui ne manqua pas de lui enfoncer son coude entre les côtes.

Sa bouche contre celle de Narek, Syndrell se mit à rire. Elle l’embrassa encore. Elle mourait d’envie de savoir à quoi rimait toute cette histoire, mais chaque fois qu’il faisait mine de s’écarter pour reprendre son souffle, elle repartait à l’assaut. Il n’avait qu’à pas mourir sous ses yeux, le bougre !




*



- … et voilà où se pointe mon petit numéro de cet après-midi.

Assise entre les jambes de Narek, son dos appuyé contre son torse, la tête calée dans le creux de son épaule, Syndrell observa le vêtement qui lui avait servi de protection pour essuyer les tirs ennemis. C’était aussi simple qu’ingénieux… Elle soupira, comprenant mieux pourquoi son compagnon avait mis en scène cette mascarade ; accusé de tous les torts, le « comte Rymär » était devenu la proie des colères du peuple. On le disait même coupable du meurtre de Lyra.

Elle leva les yeux vers lui, étudia son profil, son air concentré, ses traits bien dessinés… il était si beau qu’elle pouvait passer des heures à le regarder en silence. Quand il s’agissait de lui, elle n’était certainement pas objective, mais, même si elle n’avait pas été amoureuse, elle aurait été tout simplement incapable de le croire capable d’une telle chose. Narek possédait une part d’ombre en lui, comme tout un chacun, et il était souvent tourmenté par ses démons, toutefois il avait aimé, et aimait encore Lyra. Sans l’avoir connue, Syndrell pouvait témoigner de cette profonde affection qui adoucissait les ténèbres de son regard quand il prononçait son nom, de la tendresse infinie qui vibrait dans sa voix quand il évoquait la jeune femme…


- Je compte rester ici, caché, pendant quelques jours, le temps qu’ils arrêtent les recherches ? Shana et Neran ne sont pas recherchés, ils seront donc mes yeux…
- Ouais, et tout le reste, d’ailleurs,
plaisanta Neran – à bonne distance de Shana cette fois-ci.
- … S’ils veulent faire du théâtre, on va leur donner toute une pièce, qu’en penses-tu .. ?

Syndrell ouvrait déjà la bouche pour lui répondre, toutefois les mots qui jaillirent n’étaient pas les siens, mais ceux d’un homme tapi dans l’ombre :

- Moi je crois que ce gamin est fou…
- Rybris !


Sidérée, Syndrell vit le père de Syles apparaître en pleine lumière, un sourire amusé sur les lèvres.

- … je comprends pourquoi t’en es tombée amoureuse !



*



Amoureuse.

Pendant trois jours, Syndrell n’incarna plus guère que ce mot-là. L’homme qu’elle avait choisi d’aimer était aussi libre qu’elle et, s’ils suivaient une voie similaire, elle avait bien du mal à se passer de lui quand il était dans les parages. Rester coincés dans cette cave à vin était sans doute l’une des meilleures choses qui leur soit arrivée !

Bien sûr, leur intimité était légèrement compromise par les présences régulières de Shana, Neran et Rybris. Syndrell s’éclipsa elle-même une ou deux fois pour rejoindre le réseau d’Ylléna. Elle prit soin, également, de contacter Ciel chaque jour, mais quand celui-ci apprit qu’elle se trouvait en compagnie de Narek, elle devina au ton de son ami qu’il était sincèrement rassuré.

Enfin, au matin du quatrième jour, ils décidèrent de passer à l’action. Le rideau était prêt à se lever ! Chacun avait son rôle. Neran serait un garde, Rybris l’enchanteur de l’ombre, maître de la foudre et des effets spéciaux, Shana un joyeux croque-mort et Narek, le mort en question, subitement revenu à la vie puisque déclaré « monstrueux » par la population. Quant à Syndrell, elle devait entrer en contact avec celui qui avait lancé les rumeurs, un certain Arvill Sil’Oronaez.

Son personnage était donc une chasseuse de prime, celle qui avait réussi à trouer la peau du très recherché Comte Rymär, mais qui n’était pas encore venue chercher sa récompense. Elle lui fit envoyer un billet et sut capter son attention en mentionnant une paire de gants qu’elle aurait en sa possession, récupérée sur le cadavre encore chaud du comte, et qu’elle pourrait lui remettre sur la place publique, en contrepartie d’une somme plus gonflée que celle qui était affichée sur tous les murs de la ville.

Simple, mais efficace : la réponse fut rapide et positive.

A l’heure programmée, Syndrell était donc sur la place, en compagnie du nobliau, un freluquet qu’elle ne pensait pas être personnellement à l’origine d’un tel complot contre Narek ; elle avait dissimulé ses cheveux sous sa capuche et enfilé son masque aux reflets changeants. Le carquois empli de flèches dans son dos soulignait sa réputation de chasseuse de prime et Sil’Oronaez n’y vit que du feu. En passant près d’elle, Neran, grimé à la perfection dans son rôle de garde, lui adressa un discret clin d’œil auquel elle répondit par un sourire en coin.

Quand le premier coup de tonnerre retentit, elle se mordit carrément l’intérieur de la joue pour ne pas éclater de rire devant l’effroi du noble et de ses proches. Rybris n’y alla pas de main morte, et Narek, son fantôme, fit des merveilles ; son passé de barde lui conférait une aura à laquelle nul ne pouvait échapper. Lorsqu’il disparut en passant à travers la porte du balcon, théâtral jusque dans sa sortie de scène, Syndrell se prépara à fondre dans la foule.

Et c’est alors qu’elle le vit.

Le Faucheur de Sulyvant, celui qui s’était échappé en disparaissant d’un seul coup, abandonnant son acolyte. Celui qui avait lâché sous ses yeux une poignée de plumes ensanglantées. Les plumes de Lyke.
Celui qui était à la recherche d’Ylléna.

Il était là, au milieu de la foule, et alors que tout le monde tournait dans tous les sens, affolé par l’apparition terrible de Narek, il continuait de regarder en direction du balcon. Syndrell sentit son sang ne faire qu’un tour dans ses veines. Ses doigts s’entrouvrirent. Sa greffe frémit sous sa peau. Le Faucheur tourna la tête dans sa direction. Il ne pouvait pas la reconnaitre, pas avec ce masque, pas au milieu de tout ce monde, pas ici, mais…

Il sourit.

Et disparut avant qu’elle ait pu esquisser le moindre geste.




*



- Il faut partir ! Maintenant !!

Modek, le vieillard, posa ses yeux calmes sur Syndrell qui venait de débouler dans la salle.

- Y’se passe quoi ? s’enquit Ylléna en cessant de jouer avec l’oursonne – Yenaïde, la petite fille du groupe.
- Il se passe que vous devez quitter cet endroit au plus vite. J’ai vu un Faucheur sur la grand place.
- Ouais, c’est pas comme s’il y en avait déjà plein la ville,
fit remarquer Vax d’un ton sarcastique, sans interrompre sa lecture d’une carte étalée devant lui.

Syndrell sentit la moutarde lui monter au nez. Elle balaya la table d’un revers du bras et se planta devant lui quand il se redressa lentement pour lui faire face, soudain menaçant ; elle aurait juré l’entendre gronder comme un molosse.


- Tu vas avoir de sérieux problème, grogna-t-il.
- Toi d’abord, si tu ne fais pas ce que je te dis. Je connais ce Faucheur, je l’ai vu à Sulyvant.
- Sulyvant ? répéta Ylléna, soudain tendue.

Elle se rappelait encore l’aura menaçante des deux hommes qui les avaient pris en chasse, Lyke et elle.


- Il peut pas m’avoir retrouvée, murmura-t-elle. C’est pas possible…
- J’ai perdu sa trace, mais je suis sûre qu’il sait où vous êtes. Il est peut-être déjà ici, martela Syndrell sans quitter Vax du regard alors qu’il la dépassait de deux tête et demie. Vous devez vous séparer, brouiller les traces et quitter Al-Far.

Vax hésita. Il ne s’était pas autoproclamé chef de ce réseau, c’était les métamorphes qui avaient vu en lui un guide fiable ; même s’il n’appréciait pas cette fille, il ne pouvait pas se permettre de risquer la vie des siens. Il ouvrit la bouche, prêt à se ranger à son avis malgré lui.

Un cri lui coupa la parole.
Et le souffle.

Syndrell pivota juste à temps pour voir le Faucheur planter sa lame dans les côtes de l’oursonne. Il imprima une brusque torsion à son poignet à la manière du chasseur qu’il était, puis retira son coutelas du corps sans vie de la petite métamorphe qui, dans la mort, avait retrouvé sa forme humaine. Son regard délavé, presque blanc, se posa sur Syndrell quand il lécha le sang à même la lame.


- Les enfants ont un goût inimitable, susurra-t-il. Et maintenant ? A qui le tour ?

Ylléna bondit.



*



Shana s’élança alors même que les coups n’avaient pas fini de résonner contre le battant. Tout le monde était rentré sauf Syndrell, et Rybris était justement en train d’affirmer qu’il partait à sa recherche quand enfin, on avait frappé à la porte.

- Ben alors, il t’en a fallu du temps pour…

Shana se tut. Ce n’était pas Syndrell qui se tenait sur le seuil, mais une femme aux yeux de chat qui portait une enfant inanimée dans ses bras. Derrière elle se tenait un homme d’au moins deux mètres, visiblement mal en point, qui soutenait un vieil homme à bout de forces.

- Qu’est-ce que…
- Syndrell nous a envoyés ici, expliqua Maryne en réajustant la position d’Ylléna dans ses bras.
- Elle a besoin d’aide, ajouta le vieillard dès qu’il reconnut Narek derrière Shana. Elle est en train d’affronter un Faucheur. Ils sont sur… l’esplanade.



*



Syndrell roula à terre et se redressa, une main sur son épaule abîmée. Elle n’avait pas encore réussi à blesser sérieusement le Faucheur et commençait à redouter le pire : il était coriace. Il se battait comme un envoleur. Il disparaissait parfois, le temps d’une seconde ou deux, pour réapparaître derrière elle, la prenant toujours de surprise alors qu’elle s’efforçait d’anticiper ses mouvements ; ce n’était pas un pas sur le côté, elle le sentait ; sans doute une greffe.

Elle n’avait pas encore utilisé la sienne, mais Epine gisait quelques mètres plus loin et le poignard de Miss était resté dans le repère des métamorphes. Elle serra les dents. Il fallait qu’elle gagne du temps. La cavalerie n’allait plus tarder, mais…
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Narek Liam
Marchombre
Narek Liam


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Dead men walking... (PV SYN) Empty
MessageSujet: Re: Dead men walking... (PV SYN)   Dead men walking... (PV SYN) Icon_minitimeMer 20 Fév 2019, 21:50

...Mais la cavalerie n'apparut pas comme elle l'attendait.

Là où la jeune femme s'attendait à voir arriver Narek, Shana et Rybris, Neran étant supposé être en reconnaissance en ville, ce fut ce dernier qui surgit de nulle part, lançant une lame si vive et si bien ajustée que le faucheur ne l'évita que d'un demi centimètre, peut-être moins.

L'homme en question recula de quelques pas pour jauger ce nouvel adversaire, qui approchait d'un pas nonchalant en grommelant, semblant mécontent.


J'vous jurent, quand j'revois Vax, j'lui fou une muselière, à quoi servent tout ces crocs s'il laisse ses combats à quelqu'un d'autre..?

Pas intéressé par un combat deux contre un avec une maître marchombre du Calibre de Syndrell, son attaquant s'élança vers le jeune homme, ce serait plus simple d'en finir rapidement avec lui puis de terminer sa besogne, se dit-il alors que sa lame descendait vers le garçon, qui avait lever un poing fermé.

Comme si sa main pourrait arrêter une lame si bien aiguiser..! Il en ria presque.

Presque parce que sa lame fut bien arrêter.

Presque parce que le jeune homme le regardait d'un air froid, alors que son poing semblait soudain couvert-- Non, fait d'une matière inconnue, un genre de métal écailleux.

Son souffle ne fut que murmure, pourtant ce simple murmure fit frissonner l'homme malgré lui.


Dis moi, crétin, tu te mêle souvent de ce qui ne te regarde pas..?

...Parce que moi, les gens qui savent pas quand s'arrêter, ça me fou royalement en rognes.


Son poing frappa le visage de l'homme à une vitesse folle.

Celui-ci leva par réflexe une main à son visage ensanglanter avant d'observe avec stupeur le bras de Neran, patte d'ours qui s'embrouilla pour devenir humain à nouveau.

Une transformation partielle, il n'y avait pourtant pas de rapports sur une telle occurrence de façon naturelle, seul Onku avait perfectionner une méthode pour permettre à un non métamorphe d'adopter les caractéristiques d'un animal sans changer tout son corps, et encore, l'homme était mort avant de perfectionner ses méthodes, il avait tenter de permettre une transformation bien plus dangereuse, en utilisant ce sujet, ce ''Krämur'' ou peut importe, qui avait été un des seuls métamorphes brûleurs connus, la taille de l'animal ne dépassant habituellement pas celle de l'hôte, un homme qui devenait un brûleur de taille plus que respectable était une anormalité bien plus élevée que les ours qui gagnaient quelques kilos.

Mais le ''chercheur'' avait fait plusieurs tests sur des humains, tuant la plupart des sujets. Permettre à une transformation complète et à des transformations partielles de cohabiter, cela semblait impossible, l'hôte devenait fou, trop d'animaux en tête, semblait-il.

Il tiqua en observant Neran, qui avançait toujours aussi lentement vers lui, de plus prêt.

Il l'avait déjà vu quelque part, mais où..?

Le jeune homme, lui, observa sa manche en lambeaux après sa transformation partielle et claqua de la langue, énervé. c'était son plus beau manteau..!

Son regard se posa sur Syndrell, qui semblait interdite, alors qu'il passait à côté d'elle.


Pas un mot à Narek... On en parleras plus tard.

Il n'attendit pas de réponses, se contentant d'approcher l'homme... Qui disparut.

Greffe?

Sa pensée fut confirmée quand il réapparut plus près de lui, frappant de sa lame, qui l'atteignit en plein visage.

Droit sur ces fameuses écailles argentés qui s'étaient formés sans prévenir sur son visage, absorbant totalement l'impact.

Semblait simplement un peu énerver, le jeune homme attrapa l'arme d'une main couverte des mêmes écailles, attirant son assaillant à lui pour lui flanquer un merveilleux uppercut.

Quand il lâcha l'épée par terre, sa main redevint normale.

Il soupira en tirant ses dagues, S'infligeant lui même des blessures mineures sous l'oeil éberluer de son assaillant et de Syndrell... Puis fit semblant d'être essouffler juste à temps pour que Rybris, Narek et Shana ne le découvrent sanglant, épuiser et en mauvais état devant un faucheur à qui - coup de chance sûrement - il avait fait lâcher son arme.

L'ex-mentaï ne se fit pas prier pour entrer dans la bataille alors que Shana demandait à Neran s'il allait bien et que Narek, lui, s'occupait de Syndrell.

Le combat fut particulièrement court.

Rybris déploya tout son art et toute sa violence, rappelant à tous que, s'il avait fait office de magicien des ombres pour le petit spectacle de l'après midi, le vrai danger, le vrai prédateur, dans cette ville, c'était bel et bien l'homme qui appelait les éclairs comme des chiots bien dressés et qui approcha ses comparses avec un Faucheur fort mal en point, les tendons des chevilles complètement coupés et gigotant sous une décharge tirée de sa greffe. Sans l'intervention d'un rêveur, ce bougre n'allait pas aller bien loin.

Neran rassura Shana en jouant son rôle de blesser, boitant même si son genoux était, en vérité, en parfait état.

Son regard ne s'éclaircit qu'une seconde.

Le temps de capter celui de la marchombre aux cheveux bleus.

Expliquer tout ça allait être compliquer, il en était sûr, se dit-il dans un soupir camouflant un gémissement de douleur.


Oh if there's one thing to be taught,
It's dreams are made to be caught,
And friends can never be bought...

Doesn't matter how long it's been,
I know you'll always jump in,
'Cause we don't know how to quit...

Let's start a riot tonight,
A pack of lions tonight,
In this world,
He who stops,
Won't get anything he wants...

Play like the top one percent,
Til nothing's left to be spent,
Take it all,
Ours to take,
Celebrate because...

Observant la lune, qui éclairait doucement la cours arrière, déserte, de la taverne, Neran sirota un peu du whisky dont il tenait la bouteille.

À l'intérieur, Rybris avait attaché solidement le faucheur à une des poutres de la fondation du bâtiment et grognait à toute les cinq minutes qu'il ''Pouvait le faire parler, au besoin''.

Narek et Syndrell, eux, tentaient tant bien que mal de désamorcer la bombe à retardement qu'était l'homme, insistant qu'ils obtiendraient plus d'informations s'il était bien vivant.

Shana était partie faire deux trois courses et, justement, elle entra dans le sous-sol au moment où Syndrell en sortait.

À sa simple façon de venir se placer à ses côtés, Neran devina que Vax avait tenu sa promesse ; Il n'avait absolument rien dit à son sujet, ni aux autres métamorphes, ni à qui que ce soit d'autre.

Il prit une gorgée de plus avant d'offrir sa bouteille à la jeune femme.

Par où diable commencer, se dit le jeune homme..?


Je viens d'un village tout près de la côte sud.

C'est un petit village un peu pittoresque, tu y as peut-être déjà passer, le matin, le soleil se lève par delà l'océan et reflète sur les montagnes, un peu plus à l'ouest, donnant un spectacle magnifique, je le nommerait bien, mais je sais pas s'ils ont changer le nom en reconstruisant...

... On ne dérangeaient personne, peu de gens connaissaient seulement notre existence.

Parfait pour une vie tranquille.

Parfait aussi pour devenir une des premières cibles d'Onku.

De mes 27 ans sur cette terre, j'en ais passer cinq avec ma famille, dix dans les entraînements infernaux d'Onku, qui nous promettaient la liberté si on tenaient, après deux ans, de plus de cents, on étaient plus qu'une dizaine.

Il nous as ''offert'' un cadeau de célébration, disait que ça nous renforcerait.

Trois jours plus tard, cinq adolescent greffés entraient dans une salle fermée.

Avec la stipulation précise qu'un seul devait en sortir vivant.

J'ai tuer ma soeur, ce jour là.


Le jeune homme, le regard dans le vague, grogna en prenant une autre gorgé de la bouteille qui lui était revenu.

À partir de ce moment là, Onku m'as fait subir un entraînement quotidien, me battant contre des adversaires toujours plus féroces et plus forts, puis contre des animaux sauvages, enfin, je croyais que c'était des animaux sauvages, j'ai appris plus tard que c'était des métamorphes.

À mon vingtième anniversaire, cet enfoiré as commencer les expériences.

Il m'injectait je ne sais trop quoi, puis me faisait subir des brûlures, des décharges électriques obtenues par dame sait quel moyen.

Éventuellement, il as ''Perfectionner'' son art.

J'ai commencer à pouvoir manifester des parties de corps animaux, une patte d'ours d'abord, puis des crocs de loup, des ailes de je ne sais trop quel oiseau, mais c'est gros - un condor peut-être? - et ainsi de suite.

Il me disais toujours que j'étais ''Spécial'', sa ''Petite arme''.

Puis il m'as présenter un homme qu'ils avaient capturer, Krämur, si je me souviens bien de comment prononcer son nom.

Lui c'était... Wow...

...Un métamorphe Brûleur, tu imagine..?

Et pas petit hein, gigantesque même, même chez les brûleurs sauvages, j'suis sûr qu'il serait tout un spécimen.

Ce jour là, Onku m'as dis qu'il comptait faire de moi un faucheur.

Un faucheur greffer, capable de transformer certaines parties de son corps en parties animales et de se métamorphoser en brûleur.

Une arme parfaite.

Je crois surtout qu'il voulait tester sur moi avant d'appliquer à lui même, selon les rumeurs, il avait appliquer à sois même le même traitement qu'à moi, pour manifester différentes caractéristiques animalières à volonté.

Avec une petite modification.

Lui n'entendait pas les voix de tout ce remue-méninges.


Nouvelle gorgée comme pour faire taire ses propres pensées.

Je sais qu'il m'as ''Injecter'' le brûleur. Je sais toujours pas laquelle de ses expériences lui permettait de modifier mon corps à ce point, d'y ancrer une autre conscience.

Tout ce que je sais, c'est qu'il tentait de causer ma première transformation quand l'alarme as sonné.

Il as quitter les lieux, puis un à un les faucheurs l'ont suivit, j'ai entendu des cris, des combats, je tentais de crier à l'aide mais ma gorge ne me le permettait pas...

...Puis Vax est entrer dans la pièce.

Gigantesque, armé, j'ai cru que c'était la fin, ce jour là.

Ça as été mon commencement.

Plus tard, bien plus tard, j'ai appris qu'un garçon aux cheveux noirs et une fille aux cheveux bleus avaient infiltré l'endroit... Et avaient tuer Onku.

Le reste de l'histoire, c'est du passé. J'ai refusé l'invitation de Vax de me joindre à eux, je ne suis pas un vrai métamorphe, après tout, et j'ai voyager jusqu'à rencontrer Narek.

Son charisme et sa joie de vivre m'on donné envie de le suivre, puis un jour j'ai aperçu sa cicatrice, et tu nous as trouver.

J'ai compris ce jour là et je me suis promis de ne pas vous en parler, de ne pas me dévoiler.

J'ai inventer une histoire comme quoi je suis prêtre pour Narek, un truc à faire pleurer un gosse.

Puis j'ai briser ma promesse aujourd'hui.

J'comprends si tu préfère ne plus me voir, ou que je ne m'associe plus avec Narek...

...Après tout, j'suis pas comme vous, moi...

...Je suis un faucheur...


Le jeune homme laissa une larme couler sur son visage à peine éclairer par la lune, en baissant le regard.

Il était à jamais tâcher par ses pêcher ainsi que par ceux d'Onku.

Narek et Syndrell étaient marchombres.

Rybris, un Mentaï, même s'il insistait ne plus être en service.

Lui?

Lui il n'était qu'un meurtrier qui avait tuer un nombre incalculable d'inconnus, de métamorphes et même sa propre soeur.

...Un monstre...
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Syndrell Ellasian
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MessageSujet: Re: Dead men walking... (PV SYN)   Dead men walking... (PV SYN) Icon_minitimeJeu 21 Fév 2019, 01:31

… mais en apercevant Neran qui arrivait tranquillement, les mains dans les poches et l’air éternellement dans la lune, Syndrell se sentit pâlir.

- Va-t’en ! cria-elle, paniquée.

Non seulement il ne l’écouta pas mais en plus, il tira une dague de sa ceinture et la lança droit vers le Faucheur. Curieusement, celui-ci ne l’évita que d’un cheveu. Un cheveu ? D’un revers de son bras valide, Syndrell essuya la sueur qui lui tombait devant les yeux. Coup de chance ou non, Neran lui offrait un bref répit qui lui permettait de reprendre son souffle. Mais il fallait que son ami déguerpisse avant que les choses se gâtent.


- J’vous jure, maugréa Neran en continuant d’avancer vers eux comme s’il ne les avait pas vus, quand j’revois Vax, j’lui fous une muselière, à quoi servent tous ces crocs s’il laisse ses combats à quelqu’un d’autre… ?

Syndrell secoua la tête, sidérée ; qu’est-ce qu’il fabriquait, bon sang ? Elle fléchit les genoux et serra les dents, prête à jaillir plus vite que son ombre pour protéger le jeune homme, quitte à accuser le coup de la douleur dans son épaule. Mais là encore, elle fut prise de vitesse. Cela n’arrivait pas si souvent, en réalité. Erwan était encore celui qui la surpassait indéniablement dans ce domaine, plus véloce que jamais. Narek aussi, parfois, même s’il n’en avait pas toujours conscience. Mais ils étaient tous deux des marchombres.

Elle avait déjà vu Neran se battre, ils s’étaient entraînés un peu tous les deux, dans cette caverne aux merveilles dissimulée derrière le rideau d’une cascade vive. Il se débrouillait bien mais ce ne serait jamais suffisant face à un tueur de la trempe de ce Faucheur. Au prix d’un effort considérable, elle était parvenue à l’éloigner du repère des métamorphes sans pouvoir empêcher cependant qu’il assassine une petite fille et deux adultes.

Il avait sérieusement blessé Vax, puis Modek avant que Maryne ne s’interpose. Elle ne savait même pas si Ylléna allait bien. Elle avait foncé tête baissée, aveuglée par la colère, et n’avait pas pu éviter un coup qui l’avait envoyée valdinguer dans les airs. Tous cela en une poignée de secondes. Cet homme était fort. Vraiment très fort. Et d’une cruauté sans pareille. Si elle ne réagissait pas, Neran allait se faire tuer !

Elle bondit, vit la lame du Faucheur scintiller dans un reflet de lune, et le bras de Neran remonter, passer devant son visage, et…



*



Doryan


Il
Y a
Du sang sur
Mon putain de visage.

Stupéfait, je porte la main à mon nez et observe les tâches vermeilles qui maculent ma paume. Je tourne la tête et crache une gerbe de sang – plus une dent. C’est douloureux. Putain de délicieux. Hésitant entre la colère et la satisfaction, je regarde la patte d’ours redevenir humaine. Un métamorphe incomplet ? Nan. Impossible, il ne serait pas en mesure d’agir aussi tranquillement. La douleur serait assez forte pour le rendre fou et le tuer, ou bien il se blesserait lui-même en essayant de contrôler sa part animale.

Hé. Ce mec, je crois que je le connais. Où est-ce que je l’ai vu, déjà ? L’ai-je déjà menacé ? Pris pour cible ? Peu probable, je m’en serais mieux souvenu que ça – et puis de toute façon, aucune proie ne m’échappe. Jamais. Voilà pourquoi cet abruti de Juko aurait mieux fait de me laisser m’occuper d’elle, je songe en jetant un bref coup d’œil en direction de la marchombre. Elle est solide, mais elle ne tiendra plus très longtemps. Bandante. Terriblement. Je m’amuserai un peu avec elle avant de la briser complètement.

Mais d’abord, l’autre. Il m’a frappé, je vais le transpercer. Inspiration, je suis invisible. Expiration, je suis dans son dos. Inspiration, ma lame décrit une courbe mortelle.

Expiration.

… oh ?


*


- Neran… ?
- Pas un mot à Narek… On en parlera plus tard.


Le jeune homme dépassa Syndrell et continua son chemin vers le Faucheur. Il n’avait même pas regardé la marchombre. Sans voix, elle le regarda se jouer de la lame du tueur alors même que celui-ci s’était matérialisé sans prévenir. Il n’utilisait aucune arme : des écailles s’étaient formés sur son visage, barrière inexpugnable que le coutelas du Faucheur ne parvint pas à briser. En revanche, le coup de poing phénoménal que lui asséna Neran l’envoya balader.

Neran envoyait balader un Faucheur. C’était inédit. Il dût penser la même chose, parce qu’il tira soudain une paire de dague et s’administra lui-même quelques vilaines coupures. Syndrell grimaça. Elle avait compris ce qu’il fabriquait mais quand même, ce n’était pas beau à voir. Elle ferma les yeux, juste une seconde. Quand elle rouvrit les paupières, Narek entra dans son champ de vision. Il distançait de peu Rybris et Shana ; la cavalerie était là !


- Neran ! cria Shana en s’accroupissant près de lui. Ça va ??
- Au poil, je peux… aïe ! … danser une valse si tu veux…
- Oh, la ferme, crétin, montre-moi ton genou !


Syndrell soupira en sentant le bras de Narek entourer sa taille et s’accrocha à lui, mais elle fixa Neran encore quelques secondes. Depuis quand jouait-il la comédie, exactement ? Il lui rendit son regard, entre deux « aïe » très convaincants, et elle comprit le message.

Bientôt.


- Je vais bien, rassura-t-elle Narek en remuant doucement son épaule, va aider Rybris pendant que je…
- Qui va aider qui ?


Tous les regards convergèrent vers Rybris, lequel revenait tranquillement vers eux. Il traînait quelque chose par terre. Il fallut à Syndrell une seconde supplémentaire pour réaliser que c’était le Faucheur.

- Tout compte fait, articula-t-elle en s’appuyant un peu plus contre Narek, je crois que j’ai besoin de quelque chose de fort !


*


Finalement, un pansement et un bisou un peu « chaud » de Narek suffirent à lui remettre les idées en place. A peu près. Encore un peu pâlotte, Syndrell s’engagea dans un long débat avec Rybris au sujet du Faucheur. Il voulait le faire parler à sa manière. Elle ne voulait pas qu’il l’approche à moins d’un mètre.

- Justement, j’ai pas besoin de l’approcher pour le faire causer !

Quand il jura de garder ses mains – et ses méthodes, quelles qu’elles soient – dans ses poches, Syndrell se mit en quête de Neran. Elle croisa Shana qui revenait d’une petite excursion en ville, les bras chargés de sacs de vivres, et curieusement, de pansements. Neran était dehors. Il avait opté pour un « quelque chose de fort », lui. En tête à tête avec la lune. La marchombre ne fit pas le moindre bruit mais il perçut sa présence. A présent qu’elle savait, elle distinguait ses aptitudes.

- Je viens d’un village tout près de la côte sud…

Il commença sa longue histoire. Une histoire difficile, bien plus qu’elle aurait pu l’imaginer. Bien trop pour un homme. Syndrell l’écouta sans bouger. Son épaule la faisait souffrir, mais pour rien au monde elle ne l’aurait interrompu : il devait aller jusqu’au bout parce que c’était ainsi. Entendre parler d’Onku était étrange, après tout ce qui s’était passé ; c’était la première fois qu’elle en apprenait davantage sur ses fameuses « expériences » qu’il avait réservées aux métamorphes.

- … j’ai brisé ma promesse aujourd’hui, conclut piteusement le jeune homme. J’comprends si tu préfères ne plus me voir, ou que je ne m’associe plus avec Narek. Après tout, j’suis pas comme vous, moi…

Il baissa la tête et son souffle se perdit dans les ombres nocturnes, empreint de douleur et d’amertume :

- Je suis un Faucheur…

Le vent bruissa dans un carillon. Réveillé en plein rêve félin, le gros chat blanc miaula un grognement. C’était sans doute lui qui avait donné son nom à l’auberge. La porte entrouverte sur l’escalier qui descendait laissait monter les voix de Narek et Rybris, visiblement en désaccord sur un sujet quelconque. Shana s’en mêla et la dispute prit un autre tour, en faveur de la jeune femme évidemment.

Syndrell regardait toujours Neran sans bouger. Il gardait la tête baissée, prêt à se soumettre à son jugement. Comme si c’était à elle de le faire ! Et comme s’il fallait juger quoi que ce soit ! Bouleversée, elle s’accroupit devant lui et glissa un doigt sous son menton pour nouer son regard au sien.


- Tu m’as sauvé la vie.
- J’ai juste…
- Empêché cet homme de me tuer. J’ai une dette envers toi, Neran : je sauverai ta vie par trois fois avant qu’elle soit effacée.


Il secoua la tête, incrédule.

- Tu n’es pas sérieuse…
- Ce n’est pas assez clair pour toi ? Dans ce cas…


Sans crier gare, Syndrell se redressa, attrapa le jeune homme par les oreilles et pressa ses lèvres contre les siennes. Elle l’embrassa comme il l’avait fait quatre jours plus tôt, aussi fougueusement, puis le lâcha. A bout de souffle, sidéré, écarlate, il la regarda sans bouger.

- Je suis toujours très sérieuse quand il s’agit de faire une promesse à un ami, dit-elle en fronçant les sourcils. Je payerai ma dette même si tu ne me rendras pas la chose très facile, à mon avis, avec cette force insoupçonnée qui est la tienne. Un Faucheur n’aurait pas faire rire Ylléna, Neran.

Il sourit à ce souvenir ; quand Ylléna avait reprit conscience, son serpent avait pris le dessus, un peu comme un mécanisme de défense, et Syndrell n’avait pas réussi à la rassurer. C’était lui qui avait attrapé le reptile sur son poignet et qui l’avait caressé du bout de son doigt jusqu’à ce qu’enfin elle redevienne humaine.

- Syndrell, dit-il quand son sourire disparut, j’aimerais que tu gardes le secret. Je n’aime pas cacher la vérité à Shana, ni à Narek, mais si je veux continuer à les protéger, je n’ai pas le choix…
- Et si tu venais plutôt avec nous ?


Modek se tenait de l’autre côté de la cour, appuyé sur sa canne ; il fit quelques pas et remercia Syndrell d’un sourire quand elle lui offrit son bras pour l’accompagner jusqu’au banc.

- Le Réseau a besoin de gens comme toi, Neran. Tout ceux qui ont subi la folie d’Onku, et tous ceux qui s’opposent aux Faucheurs sont les bienvenus.
- Al-Far n’est plus un endroit sûr.
- Aucun endroit ne l’est, du moins pas tant que ces barbares vont et viennent à leur gré.
- Je n’ai pas ma place parmi vous,
protesta Neran.
- Si je suis ta logique, alors moi non plus, fit remarquer Syndrell en haussant un sourcil. Pourquoi ne pas essayer, Neran ? Tu es capable de t’opposer aux Faucheurs. Tu les connais mieux que nous.
- Vax…
- Il fait ce qu’il peut pour nous protéger mais il est obtus et il n’a pas suffisamment confiance en lui. Si tu l’aides dans sa tâche, il saura mener le Réseau.


Modek semblait déterminé, et Syndrell… il sentit ses oreilles s’empourprer. Il l’avait embrassée ! Deux fois ! Narek allait le tuer. Finalement, partir avec le réseau était sans doute une bonne idée…

- D’accord, je viens avec vous.

Syndrell poussa un cri de joua et lui sauta au cou avant de reculer en grimaçant – elle avait oublié son épaule. Il secoua la tête tandis que le vieillard réprimandait la jeune femme comme une gamine avant de manipuler son articulation avec des doigts experts. Elle n’était pas une métamorphe, mais elle avait risqué sa vie pour eux, aujourd’hui. Une fois de plus. Il était fasciné. Par sa proposition – non, sa promesse – mais aussi par sa gentillesse ; elle qui avait souffert dans le ventre du Désert des Murmures, qui avait été marquée, torturée, traumatisée, elle l’avait écouté, l’avait rassuré, l’avait accepté.

Dans son entièreté.

Il la regarda rire avec Modek, puis s’illuminer littéralement quand Narek apparut en haut des marches.

Syndrell Ellasian.

Louve du désert.


- Merci, murmura-t-il, puis un sourire naquit sur ses lèvres et il observa Narek avec amusement.

En fait, il avait hâte de lui raconter comment Syndrell venait de le consoler.



*


Doryan


Neran. Ça me revient, maintenant. Il fallait peut-être que je me retrouve suspendu à une poutre pour que mes idées soient plus claires… Je méditerai là-dessus plus tard. Sans Wil pour m’aider, je dois me débrouiller tout seul. Enfin, presque tout seul. Je la sens s’agiter sur mes poignets, fébrile, empressée.

- Doucement, je murmure. Y’a pas le feu.
- Tu parles tout seul ?


La louve se plante devant moi. Sérieusement, elle est vraiment trop bandante. J’espère qu’elle ne remarque rien. Je ne sens plus rien sur mes poignets, c’est déjà ça.

- On dit que c’est un trait de génie.
- On dit aussi que ceux qui l’affirment ont juste besoin de se rassurer.
- Vrai aussi !


Elle reste silencieuse quelques secondes, puis s’assied en tailleurs devant moi. J’admets qu’elle a du cran. Je suis peut-être attaché mais je ressens sa peur, je la vois dans la dilatation de ses pupilles. Il y a de quoi. Avant de crever comme un bleu, Juko lui a fait vivre un enfer. J’aurais aimé voir ça.

- Pourquoi Ylléna ?
- Mauvaise question.


Elle me fixe, m’observe, réfléchit, recommence.
J’aime ça.

- Pourquoi les métamorphes ?
- Ha. Ils sont fascinants n’est-ce pas ? Odieusement magnifiques. L’être humain semble tellement quelconque, en comparaison…
- Jalousie ?
- Curiosité scientifique.
- Quelle science exige le meurtre d’innocents ?
- Quel progrès se passe de sacrifice ?
- D’accord. Le sacrifice de ces gens permet le progrès de ton organisation. Mais Onku n’est plus là pour… mener à bien ce projet scientifique.
- Onku était faible, je ris en ignorant la douleur que cela provoque dans mes muscles tendus au maximum. Et il n’était pas le seul à avoir des rêves de grandeur et d’avenir.
- Les Faucheurs sont donc des rêveurs ?
- Je rêve de toi depuis notre rencontre dans ce hangar.


Elle ne dit rien mais je perçois sa tension. Finalement, elle se lève. Soutient mon regard.

- Pourquoi Ylléna ? répète-t-elle alors, et franchement, ça me déçoit. Elle ne comprend pas.
- Laisse-la tomber, c’est une « ordinaire », comme les autres. Une simple méta qui va finir parmi mes trophées de chasse.
- Pourquoi Lyke ?


Je me fige. Elle en profite.

- L’épervier, c’est un « ordinaire » aussi ?
- Non,
je souffle, incapable de me soustraire à son regard ensoleillé. C’est un élu.
- Elu ? Par qui ? Pour quoi ?


Un sourire. Je n’en dirai pas plus, à moins qu’elle profite de ma situation pour me faire toutes ces choses que je rêve de lui faire subir. Elle n’en fait rien. Elle tourne les talons, comprenant que notre échange s’arrête ici, et s’en va. Je hausse les épaules mentalement. Tant pis.

- Allez, retourne accomplir ta mission, je lâche entre mes dents.

La souris jaillit du revers de ma tunique et remonte achever sa besogne. Quand je sens enfin les liens céder, je l’attrape, la fourre dans ma poche, et disparais.

J’ai du monde à prévenir.
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Narek Liam
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MessageSujet: Re: Dead men walking... (PV SYN)   Dead men walking... (PV SYN) Icon_minitimeJeu 21 Fév 2019, 04:55

Neran

Je soupire en attrapant une autre bouteille, m'adossant à une des multiples poutres de l'endroit... Et en sentant plus que je ne vois la présence de Narek, adossé de l'autre côté de la poutre.

Alors, petit fantôme, t'as finis de te cacher..?

Mon souffle se coupe.

Il m'as toujours appeler ''Petit fantôme'' quand il savait quelque chose que j'ignorais, ou quand il me faisait des reproches.

Mais là... Finis de me cacher... Il ne parle quand même pas de..?


Depuis quand savais-tu...

...Que tu fais du théâtre? Que t'es pas prêtre? Que tu peux te battre comme un dieu et que tu fais semblant d'être faible pour qu'on ne te voient pas autrement que comme tu le veux..?

...Le premier jour, Neran.

On ne joue pas la comédie à un acteur d'expérience.

Et puis franchement, quand tu mens, ton regard devient triste.


Je suis sidéré.

S'il sais alors pourquoi..?


J'me fiche de ton passé, ou de comment tu as appris à te battre.

Mais si tu compte rejoindre ce groupe de métamorphes, vous allez avoir besoin d'une planque.

Al-Chen, une taverne nommée le Zoanne.

Il y as une cave avec des réseaux sous terrains en construction secrètes, d'ici quelques mois, avec un peu d'huile de bras, ce réseau mèneras aux égouts.

Ça devrait être une planque parfaite.


Je n'en crois pas mes oreilles.

Je suppose un instant qu'il veux rire, que c'est une mauvaise blague, et décide d'aller questionner notre prisonnier pour me remettre de l'ordre dans les idées.

Je n'ais pas fais trois pas qu'il m’interpelle.


Si tu va voir le faucheur, t'es en retard, il doit déjà s'être cassé.

Quoi!?

Relax, on as déjà prévu le coup, Rybris et moi.

Il devrait être en train d'expliquer mon offre, pour le Zoanne, à Syndrell et aux autres. S'ils acceptent, Rybris compte nous y amener ce soir, un pas sur le côté pour être près d'Al-Chen, des fois qu'un dessinateur tenterais de nous suivre, c'est plus sûr, puis on s'y glissent en petit groupes pour pas attirer l'attention.


...Et pour notre cible ici..?

Il soupire agacé, c'est rare que Narek semble agacé...

Nous sommes en retard.

Il as été retrouver pendu par une chaîne de fer, dans ses appartements...

...Notre tueur mystère as encore frapper.


Je soupire.

Ça devient de plus en plus compliqué, cette histoire...

...Et moi qui croyais être débarrassé de tout ça..!


Narek

Le jeune homme se dirigea vers la pièce, un peu plus grande, qui faisait office de salle commune improvisée dans la cave et se retrouva droit devant le regard fixatif de Vax, qui semblait l'étudier de haut en bas.

Il soupira malgré lui.

Il était toujours méfiant, lui, ou si c'était juste l'air de la journée..?


Alors, tous, vous avez penser à ma proposition..?

Je ne veux rien pressé, mais avec ce faucheur disparut, il y as de grandes chances que quelqu'un se pointe dans le coin, probablement plusieurs de ses comparses, alors d'une façon ou d'une autre, il faut prendre une décision ce soir...


Le jeune marchombre observa l'homme-chien ouvrir la bouche pour répondre...

...Puis la refermer stupéfait quand Neran passa près du jeune homme pour aller refiler un biscuit à l'avoine à Ylléna, lui frotter la tête en lui disant une blague quelconque qui fit résonner un rire cristallin, puis se retourna.

C'était étrange, il était moins vieux que Vax, pourtant il avait clairement à la fois le respect et l'admiration de celui ci, à un tel point qu'il semblait presque le dominer de sa prestance.

Narek était un acteur né, il donnait une présence, une qualité royale à tout ses gestes, en situation sociale, ça lui donnait la prestance nécessaire pour se frotter au gens comme Vax, justement, et déstabiliser leur assurance un instant.

Neran, lui, semblait déchirer cette assurance d'un simple regard.


Je ne suis pas comme vous.

Je ne le serais jamais.

Je ne demande pas d'être accepter, si vous voulez un ami, alors je peux remplir le rôle, sinon, alors... Utilisez moi.

Je suis une arme, j'ai été entraîner pour ça.

Utilisez moi contre les faucheurs.

Moi, je pars à Al-Chen, ce soir.

Nous avons une chance de tout recommencer, là bas, avec des alliés.

Si vous voulez aller ailleurs, allez-y. Moi, j'y vais et si l'un ou plusieurs d'entre vous me suivez, vous aurez ma protection.

Métamorphe ou non, sujet d'expériences ou prisonniers, esclaves, marchands ou marchombres...

...Tout ceux présents dans cette salle on des raisons d'en vouloir à ces enfoirés.

Si vous ne faites pas confiance à Narek ou à Syndrell, je m'en porte garant.

Que l'on s'aiment ou que l'on se détestent, nous portons tous la même cicatrice sur le dos.


Le jeune homme observa la salle un instant.

Il n'avait aucune idée de comment tout ce monde allait répondre...

...Au moins Shana restait en arrière plan, semblant trop surprise et éberluer pour dire le moindre mot.

Avec un peu de chance, ils accepteraient.

Et ce simple fait permettrait à Narek et Syndrell de les aider. Car il était certain que la jeune femme également, avait fortement envie de mettre fin à leurs comptes avec Ezadrah.

Il était temps qu'ils arrêtent de s'enfuir et qu'ils se préparent à l'attaque, se dit le garçon.
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MessageSujet: Re: Dead men walking... (PV SYN)   Dead men walking... (PV SYN) Icon_minitimeJeu 21 Fév 2019, 17:41


- Alors, tous, vous avez pensé à ma proposition.. ?

Murmure. Une petite vingtaine de métamorphes s’étaient réunis dans la vaste salle de la cave à vin du Chat Maugréant. Cet endroit aurait pu servir le Réseau si seulement celui-ci n’était pas autant en danger entre les murs d’Al-Far… Juchée en hauteur, à califourchon sur une poutre, Syndrell assistait à la réunion. Elle n’était qu’une spectatrice ; la décision qui serait prise appartenait aux métamorphes, et seulement à eux. S’ils décidaient de rester ici malgré les risques, elle ne s’y opposerait pas.

Mais elle resterait aussi pour veiller sur Ylléna.

- Je ne veux rien presser, reprit Narek, mais avec ce Faucheur disparu, il y a de grandes chances que quelqu’un se pointe dans le coin, probablement plusieurs de ses comparses, alors d’une façon ou d’une autre, il faut prendre une décision ce soir…

Je rêve de toi depuis notre rencontre dans le hangar…

Syndrell ferma les yeux. Si seulement elle pouvait oublier le regard de cet homme et ce qu’elle y avait lu…

- Tout allait très bien avant que tu te pointes chez nous.

Syndrell rouvrit les yeux : de l’autre côté de la poutre, accroupie dans une posture indéniablement féline, Maryne observait la scène qui se déroulait en contrebas. Humaine, elle portait des cheveux noirs, cours, qui encadraient son visage et faisaient ressortir ses yeux vert émeraude.

- La semaine où tu débarques, un Faucheur nous trouve et tue trois des nôtres.
- Maryne, je…
- Yénaïde n’avait pas encore huit ans. Elle devait les fêter demain.


Syndrell serra les poings. Elle comprenait la souffrance de la jeune femme et devinait que sa colère ne lui était pas entièrement destinée ; elle était juste là au bon moment pour servir de moyen de décompression. N’empêche, c’était difficile à encaisser.

- J’ai juste envie d’être moi, lâcha la métamorphe alors qu’en bas, Neran prenait la parole. Merde ! J’ai juste envie qu’on me laisse vivre ma vie !

Elle se tut, peut-être pour écouter le discours de Neran, et Syndrell en fit autant. Le cœur battant, elle approuva silencieusement la détermination qu’elle sentait vibrer dans la voix de son ami ; il semblait soudain plus sûr de lui, plus sûr de l’avenir, aussi. Un regard en direction de Narek lui confirma cette impression. Elle sourit.

- Il me plaît.

Surprise, Syndrell tourna la tête vers Maryne.

- Qui ?
- Lui. Neran. Il dégage quelque chose de… Vax a pas la même aura.


Certainement pas, non !

- C’est quelqu’un de bien, affirma Syndrell. Tu peux lui faire confiance.
- Je fais jamais confiance,
répliqua Maryne d’un ton rogue. Mais je vais le suivre à Al-Chen. On verra bien.

En bas, un silence pesant avait succédé au discours de Neran. Et puis soudain Modek poussa un drôle de cri, la main droite en l’air, le pouce et l’index tendus, les autres doigts repliés ; il avait posé son poing gauche sur son cœur. Presque aussitôt Ylléna l’imita, même gestes, même cri, même détermination. Partage ou transmission ? Cri de guerre ou hymne de paix ? Chaque métamorphe reprit cette réponse unanime et pleine d’émotion, jusqu’à Maryne.

Jusqu’à Syndrell. Elle n’était pas métamorphe mais elle se battrait pour exaucer le vœu de la femme-chat. De tous les gens qui se trouvaient en bas et qui voulaient simplement vivre libres. Sa main en l’air, pouce et index dressé, l’autre sur son cœur, poing serré, elle envoya un clin d’œil complice à Neran, qui hocha la tête.

Le Réseau allait déménager.



*


Une semaine plus tard

Un petit air printanier soufflait sur Gwendalavir, ou du moins sur une bonne partie de l’empire ; le soleil était au rendez-vous et malgré quelques gelées matinales, les journées s’écoulaient dans une douceur timide et agréable. A Al-Chen, les terrasses attiraient du monde, chacun voulant profiter des quelques rayons de printemps à l’extérieur, et de préférence avec un bon repas.

A la
Feuille de Chen, ils étaient servis.

Ciel contempla Syndrell un instant avant de soupirer avec lassitude.


- Tu connais le menu par cœur, pourquoi est-ce que tu le lis à chaque fois ?
- Soany m’a parlé d’un nouveau dessert,
répliqua l’intéressée en louchant avec concentration sur les pages du menu. Un gâteau avec de la fraise.
- On n’a pas encore commandé le plat, pourquoi tu penses déjà au dess…


Regard doré, mais noir comme les ténèbres qui menaçaient de fondre sur Ciel s’il ne changeait pas immédiatement d’attitude.

Immédiatement.

Le jeune homme soupira.


- D’accord, j’ai pigé. Choisis ton dessert.

Regard toujours aussi menaçant.

- C’est moi qui offre.

Lumière.

- Bon sang, soupira Ciel à nouveau, pourquoi est-ce que je suis toujours le seul à me faire avoir, moi ?
- Parce que tu es adorable.


Aeden venait d’apparaître. Et pour ne pas se priver d’ajouter une couche d’embarras à Ciel, il était arrivé par derrière, glissant simplement un bras autour des épaules de son compagnon pour lui murmurer ces paroles au creux de l’oreille. Le résultat fut aussi instantané qu’espéré : le dessinateur piqua un fard et sursauta à en faire trembler toute la table.

- Alors, qu’est-ce que je vous sers aujourd’hui ? s’enquit le malicieux serveur d'un ton guilleret.
- Comme d’habitude, grommela Ciel en foudroyant son amant du regard.
- Ton poisson cuit déjà. Et toi, Syn ?
- Le nouveau gâteau !!!
s’exclama-t-elle.

Quelques passants la fixèrent avec des yeux ronds. Même Aeden, qui connaissait bien la jeune femme à présent, secoua la tête, amusé ; c’était une grande guerrière, mais en cet instant elle ressemblait simplement à une gamine accro au sucre.


- D’accord. Et avant le dessert ?
- Une salade. Je veux garder de la place. C’est stratégique.
- C’est surtout puéri… aïe !
rugit Ciel quand un coup de pied sous la table lui flanqua une belle douleur au tibia.
- Oh, et, Aeden ? continua Syndrell comme si de rien n’était. Neran va arriver d’une minute à l’autre. Tu veux bien ajouter un plat du jour, s’il te plaît ?
- Ça marche.


Quelques minutes plus tard, Neran s’assit à leur table. Une semaine seulement s’était écoulée depuis qu’il était arrivé à Al-Chen, mais il avait un peu maigri.

- Désolé pour le retard.
- Oh, tu n’as rien raté d’autre qu’un caprice de gamine,
marmonna Ciel en frottant sa jambe.

Neran haussa un sourcil devant l’air parfaitement candide de Syndrell, puis promena son regard autour de lui.


- Belle auberge.
- Pas aussi personnalisée que le Zoanne, mais oui, c’est un bel endroit.
- Pourquoi m’avoir fait venir ici ? On aurait pu déjeuner au Zoanne.
- Le compagnon de Ciel travaille ici, et c’est lui que je veux te présenter aujourd’hui.


Neran hocha la tête. Il avait fait la connaissance de Ciel une semaine plus tôt. Il appréciait le meilleur ami de Syndrell, fasciné par la complicité unique qui liait ces deux-là quand il sentait Shana s’éloigner de lui ; elle avait mal pris le fait qu’il lui ait caché sa véritable nature pendant tout ce temps et l’évitait soigneusement depuis leur installation au Zoanne.

Aeden arriva bientôt avec leurs plats et profita d’une petite accalmie pour rester un peu avec eux.


- Ciel m’a raconté ton histoire, dit-il simplement en serrant la main de Neran. Je me suis dit que je pouvais vous aider, toi et les tiens.
- C’est… très gentil,
fit Neran, surpris. Mais je ne vois pas ce que…
- Tu comptes uniquement sur les recettes du Zoanne pour nourrir tes protégés ?


La question s’était évidemment posée. Ils étaient dix-huit à avoir quitté Al-Far pour Al-Chen. Cependant, à Al-Chen, il y avait des métamorphes qui se terraient et qui rejoignaient le Réseau tous les jours. Vax et Maryne écumaient déjà la région à la recherche d’autres futurs membres de cette unité de rebelles. Pour l’instant, les galeries souterraines du Zoanne étaient assez grandes pour accueillir tout le monde, mais il y avait là des familles nombreuses, des vieilles personnes, des enfants à nourrir…

- Je vais me débrouiller pour te filer un coup de main, affirma Aeden en réajustant son tablier sur ses hanches. Je connais un mec, Seiven, qui tient un restaurant de l’autre côté de la ville. Il pourra aider aussi.
- Le secret est lourd à porter et il doit être entier pour nous protéger,
avertit Neran en fixant le serveur dans les yeux, sa contenance soudain retrouvée. Si tu t’impliques, tu cours un grand risque.
- Je ne laisserai pas Ciel porter ce fardeau sans moi, et puis cette cause me tient à cœur. J’ai été à Ezadrah. Je sais ce dans quoi je m’engage, et ce pourquoi je veux lutter.


Neran sourit. Décidément, Narek et Syndrell étaient entourés d’amis en or. Il hocha la tête.

- D’accord, marché conclu, alors.
- Bien ! Mangez pendant que c’est chaud. Syndrell a déjà fini sa salade, elle ne va pas vous attendre pour manger son dessert…


Les yeux brillants, Syndrell battit des mains. Pourquoi attendre quand un délicieux gâteau aux fraises n’attendait que d’être dévoré par elle ?


*


Les lames s’entrechoquèrent dans une violence inouïe. Cramponnée à la poignée de son arme, Syndrell serra les dents et utilisa toute sa volonté pour repousser son adversaire. Aussitôt elle bondit en arrière, posa à peine la pointe des pieds sur le sol et sauta à nouveau, son corps décrivant une courbe improbable – et évitant d’être tranché en deux.

Elle se réceptionna souplement sur ses jambes et s’accroupit, tant pour se préparer à réagir avec autant de vivacité que pour reprendre son souffle. Quelques mèches bleues s’échappaient de sa haute queue de cheval et retombaient devant ses yeux dorés, ou bien collaient à sa peau à cause de la sueur qui brillait sur son front. Les joues roses, le regard profond, elle se redressa et leva Epine devant elle, prête à repartir à l’assaut.

En face d’elle, Rybris esquissa un sourire satisfait.


- Tu as progressé, commenta-t-il, lui-même étonné d’être en nage alors que ça ne lui arrivait quasiment plus. Qui t’a enseigné l’art de l’escrime ?

Syndrell sourit à son tour, mais ne répondit pas. Elle s’élança comme une flèche et le duel reprit, impressionnant de puissance et de technique. Ils avaient commencé à s’entraîner seuls dans le dojo improvisé du souterrain, juste sous le Zoanne, mais les curieux affluaient et ne perdaient pas une miette du combat qui se déroulait sous leurs yeux.

- Je suis amoureux, soupira un garçon d’une vingtaine d’années.
- Désolé mais c’est la copine du patron, l’informa aussitôt Vin.
- Et alors, il est pas là, on peut baver, non ?
- Bien sûr qu’il est là, il fait des crêpes. Tu peux baver. Mais si tu te prends un coup de poêle dans la figure, viens pas te plaindre…


C’était difficile de ne pas baver, reconnut l’ami et associé de Narek en reportant son attention sur Syndrell. Elle n’était vêtue que d’un pantalon large d’un bleu qui tirait sur le vert, et d’une brassière simple et courte, de même couleur, qui dévoilait son ventre plat et la patte de loup tatouée juste sous son nombril. Sa marque d’esclave était aussi nettement visible sur son omoplate, lorsque sa queue de cheval dansait au gré de ses mouvements souples et audacieux.

Vraiment très difficile de ne pas baver.

Si elle était consciente de l’attroupement qui s’était formé autour d’eux, Syndrell ne se laissa pas déconcentrer. Elle affrontait un maître du combat et se savait testée en permanence depuis qu’ils avaient commencé à croiser le fer ; petite marchombre curieuse et toujours ravie d’apprendre, elle mesurait sa chance de vivre pareille expérience et comptait bien donner son maximum dans cet échange ! Quoique filou, Rybris lui faisait l’honneur de se battre à fond, lui aussi.

Il avait remarqué que Syndrell utilisait une rapière, mais pas de bouclier. En dépit d’une garde décidément solide, il se dit qu’il pouvait tenter une percée dans sa défense. Il bondit en avant, feinta, pivota, s’engouffra dans ce qu’il avait supposé être une faille… recula quand une lame frôla son ventre, suivit par un talon qui passa à un cheveu de son menton. Murmure dans leur public. Rybris considéra le poignard que la marchombre tenait dans sa main gauche. La combinaison était étonnante mais efficace ; il n’y avait pas de faille de ce côté-là !

Jamais à court d’idées, il tenta autre chose. Cette fois-ci, quand il passa à l’attaque, quelques filaments d’électricité coururent le long de sa lame. Syndrell s’en aperçu. Elle évita de contrer le coup avec ses armes, ce qui lui aurait valu une bonne petite décharge, et effectua pour se soustraire au danger une série de pas tant étonnante qu’improbable. Les spectateurs n’y prirent pas garde, se contentant de pousser quelques exclamations amusées par cette gestuelle inédite, mais Rybris, lui, reconnut parfaitement ce style de combat.

Il ne connaissait qu’une seule personne capable de pratiquer cette danse de l’ivresse avec autant d’adresse et de contrôle. Sa surprise lui coûta une mèche de cheveux qui s’envola lorsqu’Epine passa tout près de son oreille. Il répliqua en la faisant passer par-dessus son épaule, mais alors qu’il s’apprêtait à l’immobiliser à terre, elle se contorsionna et glissa entre ses jambes pour se redresser derrière lui. Insaisissable feu-follet qui imitait chaque technique apprise auprès de tous les maîtres qui avaient échelonné sa vie jusqu’à maintenant.

Elle ne copiait pas, ne commettait pas l’erreur insultante de voler ces techniques ; elle se les appropriait, les incorporait à sa propre façon de bouger, de se déplacer, de se battre. C’était sa technique. Son style. Et il était à la hauteur de sa réputation. Dans un dernier coup de maître, Rybris pirouetta, plus vif que jamais, ses mouvements à peine visibles à l’œil nu. Elle se fendit en avant, trop rapide elle aussi pour que quiconque eût pu voir son geste.

Il se figea, sa lame posée contre la gorge de Syndrell.
Elle s’immobilisa, la sienne posée contre la gorge de Rybris.
Parfait match nul qui aviva les cris enthousiastes de leur public.

Plusieurs secondes s’écoulèrent ainsi, avant que les deux combattants ne rompent enfin cet échange silencieux, empli de puissance et mâtiné de respect mutuel. Ils se saluèrent. Syndrell accepta une serviette qu’on lui tendait et s’essuya le visage, mais alors que les questions pleuvaient, pleine d’admiration (et de bave, pour certains…), la jeune femme redressa soudain la tête et huma l’air.


- Crêpes ! s’écria-t-elle.

La serviette vola.

Et les pauvres fans dépités se retrouvèrent seuls avec un Rybris hilare.



*


Syndrell souffla la bougie puis se glissa dans le nit et se lova entre les bras de Narek. Le nez dans son cou, elle respira son odeur. Celle des crêpes s’accrochait encore à lui et c’était absolument merveilleux.

- Je suis incapable de faire attention à ma ligne quand tu es avec moi, soupira-t-elle. C’est terrible !

Le baiser qu’elle lui vola démentit son désespoir. Elle posa la main sur sa poitrine et laissa les battements de son cœur chatouiller ses doigts. Elle n’avait besoin que de ça.

Je rêve de toi depuis nôtre rencontre dans le hangar.

Sursaut.

Infime, mais indéniable.

Elle se blottit contre le marchombre, frissonnante.


- Je t’aime…
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Narek Liam
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MessageSujet: Re: Dead men walking... (PV SYN)   Dead men walking... (PV SYN) Icon_minitimeJeu 21 Fév 2019, 19:20

...Tu veux toujours des gamins..?

Il ne savait pas pourquoi il demandait.

Il avait simplement l'impression qu'il le devait, qu'il était temps pour cette question.


Ma Syndrell, ma Syndrell,
Si belle au printemps,
Si chaude en été,
Si fraîche en automne,
Trempée en hiver,
Et mon coeur lui appartient...

Le jeune homme frappait, évitait, dansait.

Rybris était un adversaire redoutable et, même sans utiliser l'imagination, il atteignait un niveau qui surprit le marchombre à plusieurs reprises.

Mais l'homme semblait un peu... Déçu.

Le barde se demanda presque pourquoi.

Presque parce qu'il ne le poussait pas à se battre pour de vrai, voilà pourquoi l'homme était déçu.

L'ex-Mentaï brisa l'échange une seconde, reculant de quelques pas et détendant légèrement sa garde, les spectateurs semblaient, cette fois, moins intéressés que par le combat de Syndrell.

Pas seulement à cause du ''Manque de courbes'' de Narek, mais aussi parce que le combat était simplement moins intense.


Dis, tu compte continuer à ce niveau..? Parce que je m'emmerde, là...

...À ce niveau là, t'es loin de valoir Syndrell.


L’intéressée était parmi les spectateurs, justement, et le fixait depuis un moment.

Hep, jolie bleue, tu veux pas rejouer..? C'était intéressant, au moins..!

Provocation pure dans la voix de Rybris.

Narek ferma les yeux en laissant passez un murmure qui fit se tendre l'ex-Mentaï comme la corde d'un arc.


...Ceci ne doit pas atteindre les sphères émotives...

Ses avantages : son expérience, sa greffe électrique et la portée de son épée.

Mes avantages : La rapidité de mes poings, sa méconnaissance de mon style de combat personnel, son manque d'analyse et de connaissance du terrain de jeu.

Flaque de bière renversée plus tôt trois pas derrière lui, attraper la tasse en bois à ma droite, lancer vers sa jambe gauche, réflexe de reculer large afin d'éviter tout enchaînement, sens son pied atteindre le liquide, expert comme il est, tenteras de déplacer ses appuis pour ne pas risquer de glisser.

Trop de gens à droite, mouvement à gauche, plus large que nécessaire pour éviter la flaque pour tout le reste du combat, coup de pied au ventre à ce moment, ne s'attendras pas à une attaque si rapide sur une nouvelle position.

Se rattrape rapidement, envoi son arme vers mon visage, à un millimètre de ma gorge, éviter en tournoyant, se glisser le logn de son bras, frapper le coude d'un poing, genou droit à déstabiliser d'un coup de talon au même moment.

Éviter la parade en se baissant, fragiliser les côtes d'un crochet droit, sauter pour éviter le pied, en profiter pour un coup de pied fouetté à la tempe gauche, déstabiliser l'adversaire avec celui-ci.

Profiter du quart de seconde d'étourdissement pour frapper les oreilles des deux mains, déstabiliser une fois pour toute, bloquer du coude le coup de poing brouillon, fragiliser le poignet droit d'un coup du tranchant de la main.

Atemi à la mâchoire avec toute la paume, un quart de seconde restant à la désorientation.

En profiter au maximum ; Se baisser au niveau du genou, frapper de deux coups de poings le droit.

Articulation foulée, l'adversaire tombe au sol.

Éviter la lame qui fouette l'air vers la droite, sauter à pieds joints sur le poignet fragilisé.

Poignet cassé, lâche son arme.

Sauter vers le torse, genoux repliés, tombant sur les côtes avec ceux-ci.

Côtes fracturés.

En résumé ; Genou foulé, poignet cassé, 3 côtes fracturés, mâchoire douloureuse, déstabilisation temporaire et hauts le coeur pouvant mené à des vomissements léger.

Guérison complète sans rêveurs : deux semaines, six jours.

Rétablissement mental complet : Deux mois.

Habileté à douté du lien établi entre moi et Syndrell : Neutralisée.

L'ex-mentaï détecta un changement chez le garçon.

Il avait laisser tomber sa garde pendant une seconde, mais ce fut la seconde la plus longue au monde.

Quand il passa à l'attaque, ce n'était plus le même garçon.

C'était une machine à tuer.

Un monstre d'efficacité, de calculs, d'étude.

L'attaque ne dura que quelques secondes et, si Rybris sut éviter de se faire sérieusement blesser, il termina quand même sur le dos, par terre, avec un poignet qui souffrait le martyre, sans pour autant être cassé, un genou et une mâchoire douloureux...

...Et sûrement des dommages considérables au ventre, vu la douleur qui lui tordait le torse.

Côtes fragilisés, se dit-il en reconnaissant la douleur une seconde avant que sa propre lame ne lui touche la gorge.

Le silence dans la salle était total.

Personne ne s'était attendu à ça...

...Sauf peut-être une jeune femme aux cheveux bleu, se dit l'homme en l'entendant être la première à applaudir le jeune homme en nage.

Deux choses passèrent par la tête du mentaï.

1 ) Ce gamin était surprenant en bien des matières.

2) Mais qui diable était Narek Liam, en vérité..?

Il sourit malgré lui quand le garçon lui tendit la main, le tirant à lui pour lui frotter la tête avec force d'un poing, comme il le faisait parfois à son propre fils.

Toujours garder sa garde relevée..!
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Syndrell Ellasian
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MessageSujet: Re: Dead men walking... (PV SYN)   Dead men walking... (PV SYN) Icon_minitimeDim 24 Fév 2019, 10:47

En tenue d’entraînement, sa queue de cheval tombant dans son dos, Syndrell observait le duel en compagnie de quelques métamorphes du Réseau. Non, c’était Narek qu’elle suivait du regard tandis qu’il évoluait sur le tapis. Genoux fléchis, mains qui se détendent, remontent et frappent, cheveux qui dansent, s’enroulent, retombent, éclat lumineux dans les ombres teintées de reflets rouges…

Elle connaissait chaque technique pour les avoir sculptées avec lui. Chaque déplacement pour les avoir travaillés avec acharnement. Chaque posture, chaque mouvement. Autrefois son élève, Narek continuait pourtant d’avancer sur la Voie et d’apprendre, comme elle le faisait de son côté. Désormais son amant, elle connaissait aussi la moindre petite parcelle de son corps. Un sourire lui échappa quand elle songea à la marque de morsure dissimulée sous son haut, au niveau de la clavicule. Etre la seule à en deviner l’existence et à en connaître l’origine était tout aussi excitant que s’il se battait torse nu !


« Tu veux toujours des gamins ? »

Syndrell posa une main sur son ventre plat, là où était dessinée la patte de loup. La question flottait dans l’air, comme une plume irisée que le vent promenait et qui cherchait à se poser sans trop savoir où.

- Hep, jolie bleue, tu veux pas rejouer.. ? C’était intéressant, au moins.. !

Sourire.
Refus.

Cet instant appartenait à Narek.



*


Des métamorphes réfugiés arrivaient tous les jours. Vax et Maryne écumaient les villages voisins à la recherche des leurs. Ils étaient parfois accompagnés par Ylléna qui ne tenait pas en place. L’implication de la jeune fille semblait avoir redoublé depuis que Neran s’était joint au Réseau. Il est vrai que le jeune homme avait insufflé un espoir neuf dans le cœur de ceux qui étaient las de se cacher.

Il le fallait pourtant. Parce que la noblesse était corrompue les gardes l’étaient également. Il fallait se prémunir d’une guerre civile qui desservirait la cause impériale alors que Gwendalavir luttait contre les incursions Raï. En cas d’éclats, il était clair que l’Empereur règlerait les choses en usant de la force. Les Métamorphes ne pouvaient pas gagner contre toute une armée. Le plus important était, pour l’heure, qu’ils trouvent refuge dans les galeries souterraines, ou bien qu’ils se sentent épaulés, compris, soutenus.

Le problème, c’est que quelques groupuscules s’étaient mis en tête de se rebeller contre les autorités. Il s’agissait généralement de jeunes gens désespérés, qui avaient soit perdu des êtres chers, soit abandonné toute foi en l’avenir et qui, par bravade, organisaient des escarmouches dont ils ne sortaient malheureusement jamais victorieux. Neran et Vax en étaient accablés. Ils savaient que cela nuisait fortement à leur cause, mais ils ne pouvaient pas y faire grand-chose…

Alors, au
Zoanne, on se débrouillait comme on le pouvait. Aidé par Aeden et Seiven, Vin faisait passer des convois de vivres et d’armes qui transitaient d’Al-Chen aux villages alentours. Syndrell, Narek, Shana, Neran et d’autres encore se relayaient pour escorter ces convois, s’assurant à la fois de leur sécurité et de leur discrétion. Rybris s’était improvisé maître d’arme et se chargeait d’apprendre comment se défendre à qui se portait volontaire. Modek accueillait les nouveaux venus avec son calme et sa bienveillance habituels. En somme, le Réseau grandissait.

Et la peur reculait.


*


- Ça barde du côté d’Yolaze, lâcha sombrement Vin en déposant un plateau garni de verres de lait que des petites mains saisirent avec gourmandise. Des métas provoquent les gardes et ça tourne au vinaigre.

Délaissant la carte qu’elle était en train d’examiner avec Modek, Syndrell attrapa le fourreau d’Epine et l’attacha à sa ceinture.

- J’y vais.
- Sois prudente,
lui dit le vieil homme. J’ai un mauvais pressentiment depuis ce matin…

La marchombre hocha la tête et enfila sa cape. Sur les talons de Vin, elle noua ses cheveux en queue de cheval ; ils remontèrent ensemble au niveau de l’auberge, en suivant les chemins dérobés et les portes dissimulées qu’ils connaissaient par cœur.

- On y a déposé un convoi cet après-midi et ça s’agitait déjà. Vax est passé me prévenir.

De fait, le chien gris attendait devant l’établissement. Ignorant les quelques passants qui s’extasiaient sur lui dans la rue, il agita sa grosse queue touffue en apercevant Syndrell et poussa un jappement pressé.

- Je vais chercher mon cheval, attends-moi à la porte sud !

Vin les regarda partir chacun de leur côté à toute allure. Il se passa une main dans les cheveux. Les paroles du vieillard tournaient en boucle dans sa tête. Un mauvais pressentiment… Il rentra dans l’auberge, mais avant de se remettre à ses fourneaux, il appela Ylléna.

- Trouve Narek. Je crois qu’ils vont avoir besoin d’aide, à Yolaze.

La jeune fille ne perdit pas de temps en questions inutiles. Elle fila à son tour, sachant visiblement où trouver le marchombre.

Syndrell, de son côté, suivit Vax jusqu’à Yolaze et freina des quatre fers en arrivant sur la petite place. Elle sauta à terre et se plaça aussitôt entre les deux groupes qui s’étaient formés : d’un côté de jeunes métamorphes pas encore transformés, heureusement, mais sacrément vindicatifs, de l’autre un bataillon de soldats visiblement très obtus.


- Du calme ! s’écria-t-elle en levant les mains, paumes tournées face à chaque parti. Nous allons trouver un terrain d’entente si….
- D’entente ?
répéta un gamin à peine plus âgé qu’Ylléna. Avec ces connards ? Impossible !
- Il faut peut-être essayer avant d’être aussi catégorique,
dit-elle en plantant ses grands yeux dorés dans les siens.

Sa certitude ébranlée par la force de ce regard, il recula, mais un autre prit sa place. Plus âgé, plus fermé.


- On nous vole notre liberté, notre identité, notre vie, gronda-t-il. Ce sont eux qui sont plutôt catégorique, non ?

De fait, les soldats avaient déjà pour la plupart dégainé leurs armes. Syndrell serra les dents. Elle sentait venir l’affrontement. La paix volait en éclat ici et là, la haine était ravivée comme un feu de paille mal éteint ; comment trouver les bons mots ? Elle regrettait tellement la présence d’Erwan, en cet instant !

- Peut-être, nuança-t-elle, mais pas votre liberté de penser. Nul ne pourra jamais vous l’ôter.
- Oh, dans ce cas mes amis, nous voilà sauvés !
ricana quelqu’un. Allons trinquer, c’est moi qui offre !

Il y eut quelques rires, et Syndrell vit les gardes se détendre légèrement. Elle baissa les bras et se redressa. Peut-être que…

- Attention !!!

Le cri n’avait précédé la flèche que d’une seconde. Trop tard pour l’éviter. Avec horreur, Syndrell la vit se planter dans la poitrine du jeune garçon qui avait soutenu son regard. Il s’effondra sans bruit, déjà mort avant de toucher le sol. Ce fut le signal. Fous de rage et de douleur, les villageois se jetèrent sur les soldats. Syndrell bondit pour éviter d’être prise en tenaille, tourna la tête, et le vit.

Le Faucheur aux yeux pâles.

C’était lui qui avait décoché la flèche. Juché sur un toit, son arc à la main, il regarda Syndrell, passa doucement sa langue sur ses lèvres et rabattit son capuchon sur son visage avant de se détourner pour sauter de son perchoir. Laissant Vax au milieu de la mêlée, la marchombre s’élança à sa poursuite. Elle contourna une maison à toute vitesse et louvoya entre la débandade d’Yolasiens pour tenter de le retrouver. En vain. Son ennemi s’était volatilisé, une fois de plus.

Quelque chose la percuta durement dans le dos et la fit basculer. A plat ventre, elle rua et se cabra pour tenter de déloger ce poids invisible qui la maintenait solidement à terre. Elle se figea quand un souffle chaud caressa sa joue, puis une voix suave déposa quelques mots au creux de son oreille :


- Lorsque j’en aurai terminé avec toi, il ne te resteras plus aucune liberté, quelle qu’elle soit…

Une langue traça le contour de son oreille, suçota son lobe. Elle se débattit violemment et perçut son rire avant qu’il ne disparaisse pour de bon. Le cœur battant, le ventre tordu par une vague nausée, Syndrell se redressa sur ses jambes tremblantes, un poignard dans chaque main.

Mais elle savait qu’il était définitivement parti.


- Syn !!

Le cri d’Ylléna la sortit de sa torpeur. Elle chercha la jeune fille du regard et la trouva en train de se frayer un passage au milieu de la bagarre ; Narek était avec elle. Un immense soulagement s’abattit sur la marchombre. Elle eut envie de courir et de se jeter dans ses bras, de ne plus quitter son étreinte, de le laisser la protéger comme il le faisait si bien… elle secoua la tête et alla prêter main forte aux métamorphes. Il fallut repousser les soldats et les circonvenir. Elle comprit, en voyant des éclairs, que Rybris était arrivé lui aussi.

A partir de ce moment-là, les combats cessèrent rapidement. On déposa les armes, on s’occupa des blessés. Ylléna, couverte de griffures sans gravité, ses nattes à moitié défaites mais le regard scintillant, se rapprocha de Syndrell qui n’avait pas bougé, plantée au milieu de la rue, les yeux rivés sur le toit où le Faucheur s’était tenu un peu plus tôt.


- Syn ?

Pas de réponse. Intriguée, la jeune fille regarda le toit sans rien voir de suspect, puis regarda à nouveau le visage de Syndrell. Elle était pâle, ses yeux dorés agrandis par la peur, et elle tremblait.

- Syn, répéta Yll en lui attrapant la manche. Qu’est-ce qui se passe ?

Il fallut encore quelques secondes à Syndrell pour réagir enfin. Elle frissonna puis se passa une main sur le visage et regarda sa petite sœur de cœur. Elle sourit.

- Rien, tout va bien. On rentre ?

Sans attendre la réponse, elle s’éloigna, laissant Ylléna figée à son tour. Celle-ci fronça les sourcils. Syndrell avait souri, oui, mais… c’était quoi, ce sourire triste ? Et cette peur qu’elle avait lue dans ses yeux ? Elle leva la tête, observa encore une fois le toit vide. Quelque chose effrayait Syndrell. Quoi que ce puisse être, ce devait être vraiment horrible pour déstabiliser à ce point la marchombre aux cheveux bleus…


*


- Crêpes du chef ! annonça Vin en déposant une assiette pleine sur la table. Honnêtement je ne sais pas comment il a trouvé le temps pour les faire, mais elles sont là, alors…
- A l’attaaaaaaque !
cria Ylléna en attrapant immédiatement la première.

Dans un joyeux remue-ménage, tout le monde l’imita : Modek en riant, Maryne en se léchant les babines, Shana en râlant contre Neran parce qu’il en avait pris deux d’un coup, Vax en claquant de la mâchoire pour éloigner ceux qui s’en prenaient à son butin, Rybris en trichant puisqu’il dessina, Vin en se léchant les doigts…


- Ben, Syn, t’en prends pas ?

Un silence accueillit la remarque étonnée d’Ylléna. Désormais au centre des regards, Syndrell secoua la tête et se façonna un sourire qui ne lui ressemblait pas.

- Je n’ai pas très faim…

Pour Rybris, Shana, Neran ou encore Modek qui ne connaissaient pas la jeune femme depuis longtemps, ce n’était pas alarmant. Les conversations reprirent, joyeuses, détendues. Mais Ylléna et Vin échangèrent un regard inquiet.

- Tu ne te sens pas bien ? murmura ce dernier en se penchant vers elle.

Son mouvement de recul n’échappa pas à Ylléna. Il lui rappela celui qu’elle avait eu avec Lyke, après que celui-ci se fut changé en épervier pour l’attraper, sous sa forme de serpent, entre ses serres… Rien que d’y penser, elle frissonna. Mais elle ne comprenait pas pourquoi Syndrell, qui n’avait pas vécu quelque chose de similaire et qui d’ordinaire était très « tactile » avec ses proches, semblait soudain fuir le moindre contact. La marchombre se tortilla sur son banc et finit par se lever.


- Je vais…

Elle n’acheva pas sa phrase. Blanche comme un linge, elle courut vers l’escalier, monta les marches à toute allure et s’enferma dans la chambre que Narek et elle partageaient lorsqu’ils séjournaient au Zoanne. Elle n’eut que le temps d’arriver devant la vasque en grès avant de rendre le maigre contenu de son estomac. Les crampes qui tordaient son ventre lui tirèrent des larmes.

Lorsque les spasmes s’espacèrent, elle se rinça la bouche, but un peu d’eau, s’en passa sur le visage, puis elle s’allongea toute habillée sur le lit, se roula en boule et, tremblante, ferma les yeux.

Les rouvrit quand la porte de la chambre grinça doucement.
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MessageSujet: Re: Dead men walking... (PV SYN)   Dead men walking... (PV SYN) Icon_minitimeDim 24 Fév 2019, 18:56

Les yeux de la jeune femme parlaient pour elle.

Narek, faisant tranquillement la vaisselle, un air fermé comme une tombe sur le visage, ne précisa pas sa réponse.

Ylléna ne connaissait pas le barde depuis longtemps et sa façon de se croiser les bras disait tout.

Elle voulait savoir ce qu'il entendait par son simple ''Je sais'' qu'il avait dit froidement au moment où elle lui avait dit que Syndrell n'allait pas bien.

Oui, il savait.

La marchombre pouvait tenter de jouer la comédie pour ceux qui ne la connaissait pas, mais dès son arrivée sur les lieux de l'affrontement, dès qu'il l'avait aperçue, il avait sentit qu'elle n'allait pas.

Parce qu'elle avait au fond des yeux le même ombre qu'après s'être sauvée d'Ezadrah.

Elle s'attendait sûrement à ce qu'il lâche tout, qu'il saute sur l'occasion de l'aider, mais c'était bien plus compliquer, se dit-il en s'essuyant les mains tout en ignorant parfaitement la gamine qui le regardait, bras croisés, comme si elle tentait de lui faire sentir qu'elle désapprouve qu'il ne soit pas déjà aux côtés de Syndrell.

Il soupira en prenant la direction de leur chambre, certain de la trouvée là, et en attrapant son violon au passage.

Quand il entra dans la chambre, il aperçut la boule, dans le lit, se tendre un peu.

Le souvenir était encore frais dans sa mémoire de Syndrell qui lui criait ''NE ME TOUCHE PAS!'' et, plutôt que de tenter de la toucher physiquement pour lui demander si ça allait, il plaça le violon doucement sous son menton, ferma les yeux.

La première note résonna dans l'air comme un appel.

La seconde comme une offre.

La troisième comme un baiser.

Il ne se risquerait pas à lui toucher l'épaule s'il était incertain qu'elle le veule.

Mais sa musique, elle, pouvait la toucher de façon bien plus importante, elle pouvait même l'aider, se dit-il en frappant du pied malgré lui pour battre le rythme.

Comme à chaque fois qu'il jouait de la musique, il eu l'impression que le monde disparaissait autour de lui, laissait place à un univers d'infini où il marchait sur les étoiles et dansait avec la lune.

Et au milieu de cet univers, une étoile mille fois plus brillante que les autres illuminait ce monde, son monde, d'une lumière bienfaisante.

D'une lumière bleue.

Plus brillante que n'importe quelle constellation, Syndrell était le coeur de sa musique et de son monde.

Son nom résonnait dans chaque note, comme un espoir un peu fou pour ceux qui pensaient ne plus en avoir.

Comme un orage pour un assoiffé en plein désert.

Une bouffée de liberté pour un esclave, pensa brièvement le jeune homme alors que le poids de cette marque, qu'ils avaient tout deux à l'épaule, semblait plus lourd que bien d'autre jours.

L'histoire de leur vies s'écrivait dans le sang et les larmes, c'était triste, mais c'était comme ça, se dit-il en se souvenant de son propre sang, qui avait coulé à flots l'hors de sa tentative de suicide, des larmes de Syndrell, qui avaient couler sur son épaule et jusqu'à son âme quand toute sa peine de son temps à Ezadrah avait explosée.

Et comme ce jour, dans le camp d'esclaves, où un apprenti marchombre avait passer outre la douleur et les ''C'est impossible'' pour briser les vieilles chaînes qui lui entravait les mains et les pieds, il sentit sa propre musique le faire exploser de l'intérieur.

Tout ses doutes, toutes ses peurs, se lavants de son être.

Peut-être que c'était lui qui s'imaginait des choses.

Mais il était presque sûr que Syndrell, en boule sur le lit, s'était un peu détendue.

Cette simple pensée agrandit son sourire.

De tout ce temps pendant lequel chaque touché lui rappelait le désert, la seule chose qui ais jamais permis au jeune homme d'aider la marchombre aux cheveux bleus à calmer ses crises avait été sa musique.

Car bien au delà de toucher le corps ou même le coeur, l'art du jeune homme, prodige sans le savoir, touchait les âmes.


“One thing you can't hide...

...Is when you're crippled inside.”


― John Lennon

Quand la dernière note de son morceau résonna, le marchombre ouvrit les yeux, les déposas sur le lit.

Il savait pertinemment que, parfois, la douleur était si forte, si présente, qu'il était impossible d'y échapper, que la peur, monstre qui agrippait le coeur de tous à un moment ou un autre de leur vie, était parfois si forte que l'on ne voulaient plus que se réfugier dans un coin et laisser le monde mourir autour de nous.

Cette même peur, cette même horreur triste, il l'avait vécue longtemps, en avait encore la cicatrice dans le regard.

On ne s'en relevait jamais vraiment, même si les cicatrices guérissaient, même si on se relevaient, cette douleur, dans l'âme, ne quittait jamais le corps.

On ne pouvait pas s'y faire, ''Passer par dessus'', comme tant de gens qui n'y connaissaient rien prétendaient.

On se relevait.

Comme un homme aillant perdu une jambe, on sautillaient, puis on passaient une prothèse pour faire semblant d'être normal, pour conserver l'apparence externe comme quoi tout allait bien.

Et on réapprenaient à marcher.

En boitant un peu d'abord.

Puis éventuellement, avec de la chance, on courraient.

Mais jamais, au grand jamais, cela ne remplaçait la jambe perdue.

Aussi, quand le jeune homme déposa les yeux sur le lit, avait-il déjà fait prit sa décision.

Si Syndrell était encore en boule, ou si elle ne parlait tout simplement pas, il enchaînerait tout bonnement sur un autre morceau.

Parce que, malheureusement, tout ce qu'il pouvait faire, c'était offrir son bras pour l'aider à se relever sans même savoir pourquoi elle était tombée.

Mais au plus profond de son crâne, le jeune homme se fit une promesse.

Cette fois ci, ce ne serait pas un autre Onku.

Qui que ce soit qui ait causé cet état chez la jeune femme, le marchombre vendrait son âme au dragon si besoin pour le retrouver...

...Et pour mettre fin à ses jours.

Qu'il s'agisse de ce faucheur à la con ou de Bastian.

Parce que si Syndrell n'avait pas besoin qu'on la protège, il le voulait quand même.

Plus que tout, il voulait qu'elle retrouve son sourire, son rire, son air innocent de loutre qui vient de chaparder deux parts de gâteaux à Mia.

Et si elle avait besoin de temps pour se relever, alors il resterait là, sans bouger, à attendre patiemment, lui offrant son coeur, son âme et sa musique pour mieux l'aider, qu'elle dorme ou qu'elle cris, certains auraient dis qu'il aurait été plus simple de lui parler, de lui demander ce qui n'allait pas.

Mais ce n'était pas aussi facile que cela en avait l'air.

Après tout, on ne demandaient pas tout bonnement à un muet pourquoi il ne nous parlait pas.


“The marks humans leave...

...Are too often scars.”


― John Green, The Fault in Our Stars

Le mentaï agrippa le bras de la jeune femme qui, ne connaissant pas très bien Narek, était en train de se diriger vers la chambre pour voir d'elle même comment Syndrell allait.

Elle l'observa avec un regard qui disait ''Ôte tes salles pattes'' et le vieil homme soupira en levant un doigt à ses lèvres, puis en le portant à son oreille.

Elle sembla intrigué un instant, au début, on ne pouvaient rien entendre, par dessus le bazar des clients et des serveuses qui s'affairaient à l'étage principal.

Mais une seconde de concentration plus tard, un petit éclat apparut dans le regard de Ylléna et Rybris la lâcha sans un mot de plus.

Elle entendait le violon, elle aussi, désormais.

Et plus encore, se dit l'homme en l'observant, elle comprenait son chant.

Un jour, cette gamine ferait une marchombre ou une envoleuse hors pair.

Probablement une marchombre, se dit l'homme, vu qu'elle traînait avec Syndrell.

Et quand elle s'assit sur le sol, juste à côté d'où lui même était adossé au mur, en silence tout les deux, il sourit malgré lui.

Malgré sa position, ou peut-être à cause d'elle, Rybris avait toujours un peu envier les marchombres.

Il avait un jour émit, à son vieil ami et collègue Voïmakas, l'idée qu'un envoleur n'était qu'un marchombre brisé, un marchombre qui ne se réussissait jamais vraiment à se relever d'une des multiples cicatrices que les gens comme eux avaient sur le coeur ou l'âme.

Son collègue lui avait bien sûr envoyer un regard sans équivoque.

Ce genre de réflexion aurait été considéré, par n'importe qui d'autre, comme une trahison.

Mais Voïmakas, lui, connaissait trop bien Rybris pour penser cela.

Il connaissait de nom sa cicatrice à lui, de laquelle il ne se relevait jamais, savait qu'au moment où il croyait s'en être enfin remis debout, un simple regard d'un gamin qui, à l'époque, ne le connaissait même pas vraiment, avait suffit à le briser de nouveau, à lui faire passer des jours en isolation, pleurnichant comme un gosse stupide.

Peut-être était-il moins sans coeur qu'il ne voulait bien le laisser paraître, se dit-il alors que la porte, au fond de son âme, sur cette tempête de sentiments s'entrouvrit juste assez longtemps pour laisser passer une larme qui coula sur sa joue.

Juste assez longtemps pour qu'un mot glisse sur ses lèvres en soupir.

Un nom qui déclenchait en lui toute une gamme de pensées et d'émotions contradictoires.

C'était fou ce que ce sale gosse de Narek était douer, avec cette satanée musique qui s'infiltrer en vous pour faire exploser tout vos doutes au grand jour...

...Encore heureux que le seul témoin possible ais été une gamine, se dit l'homme quand le nom dépassa ses lèvres en murmure accompagnant cette satanée larme qui décrivit un sillon sur sa joue.

Jamais il n'aurait laissé ce gosse, ou Syndrell, ou même son fils ou Voïmakas, le voir dans cet état...

...Même si ce dernier avait déjà vu bien pire...


...Rina...
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MessageSujet: Re: Dead men walking... (PV SYN)   Dead men walking... (PV SYN) Icon_minitimeSam 02 Mar 2019, 09:01

Dos à la porte, Syndrell sentit son cœur s’emballer. Pas besoin de voir Narek pour deviner sa présence, unique au monde, pourtant la marchombre demeura immobile, seulement agitée de tremblements glacés. Elle était déchirée entre plusieurs émotions contradictoires qui la plongeaient dans l’indécision la plus totale : l’envie terrible de se jeter dans les bras de son compagnon, celle de le flanquer à la porte, le besoin d’être seule, de retrouver les autres, d’éclater en sanglots ou bien de rire…

Et puis des notes de musique s’élevèrent doucement, s’éparpillèrent dans la chambre, captèrent son attention ; là encore, elle n’avait pas besoin de se retourner pour imaginer Narek debout à quelques pas du lit, son violon à la main, ses doigts dansant sur les cordes tandis que l’archer entamait un ballet dont il avait seul le secret.

Syndrell se concentra sur cette image et sur cette mélodie. Elles repoussaient l’angoisse, chassaient les mots terribles du Faucheur, calmaient les frissons. Narek y serait parvenu par un simple murmure, mais plutôt que de se risquer à l’approcher dans cet état, il lui offrait une musique. Il la touchait sans l’effleurer, laissant les notes frôler ses lèvres et caresser sa peau. Bouleversée, elle serra le drap dans ses poings et laissa une larme rouler le long de sa joue.

Quand le silence revint tout doucement, la chambre semblait garder l’écho des promesses câlines du violon. A moins que ce soit son cœur à elle ? Syndrell se retourna lentement. Couchée en boule, mais face à Narek désormais, elle planta son regard dans le sien. Si grand, si beau dans l’attente, si proche alors qu’il se trouvait plus près du seuil de la porte que du lit… Elle comprit que leurs âmes étaient trop emmêlées pour que la distance physique soit importante.

Des âmes emmêlées.

Un léger sourire se dessina sur ses lèvres. Pâle, épuisé, mais plus vrai et plus lumineux que tous ceux qu’elle avait pu faire depuis son retour de Yolaze. Elle tendit la main, tapota la place à côté d’elle.
Invitation qui se passait de mots.

Et, quand Narek s’exécuta, elle se blottit contre lui.

S’endormit.




*



- Vous pourriez faire du théâtre…

Syndrell réfléchissait à voix haute tout en essuyant la vaisselle. C’était un travail à la chaîne : Neran rapportait les plats vides, Vin lavait, Shana rinçait, Syndrell essuyait et Narek rangeait.

- Tu disais ? s’enquit Neran en déposant une pile d’assiettes sales à côté de l’évier.
- Nous pourrions faire du théâtre, répéta Shana d’un ton sec.

Elle lui en voulait toujours. Neran lui jeta un coup d’œil prudent, puis se décala vers Syndrell et scruta le visage de celle-ci : remise de ses émotions de la veille, elle était plus reposée, plus souriante. Plus détendue.


- Du théâtre ?
- Pour réconcilier les gens avec les métamorphes,
expliqua la marchombre en essuyant un verre qu’elle déposa dans les mains de Narek. Je veux dire que vous pourriez vous servir de votre talent sur les planches pour mettre en scène la métamorphose, et ainsi dédramatiser la situation. La rendre plus concrète et moins effrayante aux yeux des gens.
- Dédramatiser par le drame,
fit Vin, songeur. C’est intéressant.
- Intéressant oui, mais réalisable ?
- Oh, si tu doutes encore de vos capacités, je peux te rappeler que vous avez merveilleusement bien orchestré la mort puis la résurrection formidable et dévastatrice du tristement célèbre Comte Rymär !
- Un point pour Syn.


Neran tira la langue à Shana et pendant une fraction de secondes, ils semblèrent avoir retrouvé leur complicité d’antan. Puis la jeune femme reprit sa tâche, et Neran se tourna à nouveau vers Syndrell.

- Tu penses réellement que ça peut être utile ?
- Au point où on en est, tout peut l'être. Mais je ne veux plus que quiconque parte seul pour un village. Qu’il s’agisse de liaison, de livraison de cargaison ou bien de passage, les membres du Réseau doivent toujours se déplacer à plusieurs. Les Faucheurs rôdent, et…


Elle ne termina pas sa phrase, mais dans son esprit les yeux clairs scintillèrent. Elle frissonna.

- J’ai déjà donné mes consignes, la rassura Neran d’une voix douce. Chacun son binôme, au minimum. Devine qui Ylléna a choisi.

Un sourire incrédule se forma sur les lèvres de Syn. Ces derniers temps, Yll semblait s’être prise d’affection, ou du moins d’intérêt pour Rybris. Non pas que cela soit un problème, car en sa compagnie la fille d’Erwan ne risquait pratiquement rien ! Mais la chose était pour le moins curieuse, et Syndrell se promit de garder un œil sur ce grand filou. Juste au cas où.

- Et toi ? demanda-t-elle en se tournant vers Narek, dont la simple vision suffit à faire partir son cœur au grand galop. Qu’est-ce que tu en penses ?
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Narek Liam
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MessageSujet: Re: Dead men walking... (PV SYN)   Dead men walking... (PV SYN) Icon_minitimeDim 03 Mar 2019, 01:16

Le jeune homme ne répondit pas tout de suite, semblant perdu en pensés pendant qu'il bougeait machinalement.

Ce ne fut que quand Syndrell l’apostropha de nouveau qu'il ne revint au présent.


Hmm? Ah, et bien j'en pense que...

Pause d'une seconde alors que le regard du jeune homme se couvrait légèrement, pour un instant à peine.

...Que rien n'est plus sûr que la mort, et rien n'est moins sûr que son heure...

Ces mots, étranges, dansèrent dans le silence de la salle un instant, avant que le marchombre ne se retire en passant une main troublée dans ses cheveux, rappelant légèrement la façon de Syndrell et s'éclipser plus tôt.

Neran tiqua, mais se retint de le suivre quand un homme, employé de l'endroit, vint prendre la place de son jeune patron.


Pardonnez le, cette période de l'année lui rappelle des souvenirs peut amusants...

...Mais vous pourrez en profiter, demain, tout les clients manges et boivent gratuitement, tant qu'ils ne causent pas de problème et que c'est la fête...

...C'est l'anniversaire de la création du ''Zoanne'', après tout...


Sefan, jeune homme blond habituellement toujours joyeux, eu le même regard que Narek un instant et le garçon en déduit que cet événement n'était pas si joyeux qu'il le laissait entendre, il y avait une histoire, derrière tout ça..!

Le serveur chuchota quelque chose à Syndrell et l'homme se promis d'apprendre de quoi tout cela retournait.


L'écurie d'un ami, il ne m'as jamais dit son nom, mais je suppose que toi, tu sais..?

Color and light,
Big loud sounds,
Stars burning bright,
With the love lost and found,
I'm here,
Still here...

...Headed home...

Le jeune homme colla sa tête conte celle du vieux cheval, lui frottant doucement l'encolure.

Grésille gagnait en age, d'ici quelques années, la fière monture rejoindrait sa cavalière...

...Depuis la mort de Zoanne, Narek prenait soin de la jument lui même, souvent sous le regard bienveillant d'Eli, qui avait accepter de garder la jument quand le garçon n'était pas là, chose pour laquelle le barde lui serait toujours reconnaissant.

La jument poussa légèrement sur la tête du jeune homme, en déposant la sienne sur son épaule comme elle le faisait avant avec sa cavalière.

Serrant légèrement l'encolure du fier cheval contre lui, le jeune homme chuchota à son oreille en laissant couler une paire de larmes sur son visage.


À moi aussi, elle me manque...

Crowds wanting more,
Still burns in my ears,
Bye in a blink,
So many years...

...I'm here...

...No tears,
Headed home...

Le jeune homme sentit l'arrivée de Syndrell avant de l'entendre, alors qu'il frottait doucement l'encolure de Grésille tout en lui offrant une pomme.

Comme il l'avait fait lui même, elle se plaça près de lui sans être trop près non plus.

Sa voix ne fut qu'un murmure entre deux caresses à la monture sans cavalière.

Murmure qu'il savait que Syndrell comprit.


Demain c'est...

...L'anniversaire de la mort de Zoanne...


Il n'en dit pas plus.

À quoi bon..?

...Après tout, métamorphes ou pas, la marchombre méritait largement qu'on se souviennent d'elle un peu, non..?

Une brise caressa sa joue et le jeune homme pris cette simple occurrence comme une confirmation de cela par mère nature.

Eli sortit de l'écurie une seconde plus tard avec son éternel sourire, mais se figea en voyant les deux marchombres en pleine étreinte.

Parfois, il fallait bien laisser un moment à eux aux jeunes, après tout...


Hard to let go,
All we began,
Want to go back,
And live it again,
I'm here...

...And gone...

...Headed home...
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MessageSujet: Re: Dead men walking... (PV SYN)   Dead men walking... (PV SYN) Icon_minitimeMar 16 Avr 2019, 17:53

Syndrell se glissa sans bruit dans l’écurie. L’air sentait bon la paille, le crottin, le cuir et les chevaux ; allié au bruit caractéristique des montures dans leurs stalles, cela formait un univers si familier que la jeune femme se sentait comme chez elle. Pas de trace d’Eli, probablement en train de s’occuper de ses bêtes à l’extérieur ; en revanche, Narek était là, dans le box de Grésille. Evidemment.

La marchombre s’arrêta sur le seuil. Elle croisa les bras sur la poitrine et appuya son épaule contre le linteau de bois patiné par les années. Son regard doré scruta le dos un peu raide de son amant, sous la masse de cheveux sombres dans lesquels elle aimait tant passer ses doigts. Elle devinait son désarroi tout comme elle comprenait son besoin de solitude. Il la lui avait accordé la veille, elle la lui offrait aujourd’hui.


La vieille jument quémandait des câlins comme elle savait si bien le faire. En la regardant souffler dans le cou de Narek, Syndrell se laissa happer par les souvenirs.



*



La douleur est lancinante et le moindre mouvement la déclenche. Syndrell laisse échapper un gémissement involontaire quand Gull tâte son bras en tremblant.

- Merde, lâche-t-il, pâle comme un linge. Attends, je vais chercher de l’aide. Bouge pas d’accord ? Je reviens. Merde…

Les mâchoires serrées, elle regarde l’apprenti s’éloigner en courant. Tente de réajuster sa position contre l’arbre et se fige quand un éclat de souffrance pure la foudroie. Ferme les yeux.

- Je peux t’aider ?

La voix chantante et légèrement amusée sort la gamine de ses pensées. Elle rouvre ses yeux dorés pour les plonger dans ceux incroyablement lumineux d’une femme accroupie juste en face d’elle. La cinquantaine, les cheveux gris et nattés, elle est entièrement vêtue de cuir ; sa présence dans le camp d’entraînement pourrait justifier son rang, mais en réalité c’est son aura qui force le respect. Le souffle coupé – par l’admiration, non à cause de la douleur – Syndrell se contente de la fixer sans mot dire.

- Tu as donné ta langue au chat ?
- Il est parti avec.
- Je vois !


La femme aux cheveux gris penche la tête sur le côté et observe le bras replié de l’apprentie.

- Ça m’a tout l’air d’être luxé. Je peux… ?

Un instant plus tard, ses mains blanches et fines palpent délicatement l’épaule de Syndrell. Celle-ci s’est raidie dans l’attente de la douleur, mais les gestes de l’inconnue sont empreints de douceur et d’assurance.

- Il ne t’a pas ratée.
- C’est ma faute, j’ai oublié de protéger mon…
- C’est sa faute, il aurait dû retenir son coup quand il a vu que tu avais oublié de te protéger.
- La mienne d’abord.
- Têtue ? C’est bien ! Quel est ton nom, petite grenouille ?
- Syndrell. Je ne suis pas une grenouille.
- Ah ! Oui, tu es l’élève de Miss. Et, si, tu es une grenouille bleue.
- Vous la connaissez ? Les grenouilles ne sont pas bleues. Comment vous vous appelez ?
- Oui, très bien ! Oh, dans mes rêves de la nuit dernière, elles étaient bleues et roses. Je m’appelle Zoanne.


Un dialogue, trois conversations simultanées, il n’en faut pas davantage pour que l’un et l’autre se régalent.

- Elle est partie en mission dans le nord de l’Empire. Vous rêvez souvent de grenouilles, vous ? Pourquoi ce serait la faute de Gull ?
- Oui, je sais, je l’aurais bien accompagnée si je n’avais pas eu des impératifs ici. Non, je préfère rêver de tortues. Il est plus expérimenté que toi, il était capable d’anticiper ton erreur, la sienne est donc plus grande. Et quand il a vu le résultat, il n’a pas su garder son sang froid.
- Moi aussi, mais elle a insisté pour que je reste, et que je m’entraîne ici… J’aime les tortues, surtout quand elles font la sieste au soleil ! Certes, mais Gull n’est pas… Nnngh !


Cri de surprise mêlé de douleur : sans prévenir, Zoanne a replacé l’articulation dans sa juste position. Elle lève un bref instant les yeux pour s’assurer que la petite ne tourne pas de l’œil, puis elle se concentre sur l’épaule, plaquant fermement ses deux mains qui diffusent une chaleur agréable après le choc.

- … vous ne comptiez pas me dire que vous alliez faire ça, pas vrai ?
- Cela n’aurait pas eu l’effet escompté, tu te serais tendue et tu aurais eu bien plus mal. Tu es très courageuse.
- Merci, Zoanne…




*



- Demain, c’est… C’est l’anniversaire de la mort de Zoanne…

Arrachée du passé par l’imperceptible murmure, Syndrell hocha la tête. Elle n’avait pas connu la marchombre aussi bien que Narek, mais elle éprouvait une grande peine : les Marchombres, en perdant Zoanne, avaient perdu bien davantage qu’un simple maître. Sans dire un mot, elle se redressa et brisa la distance qui la séparait encore du jeune homme. Il était plus grand qu’elle, alors elle se contenta de passer les bras autour de sa taille et d’appuyer sa joue contre son dos.

Eli attendit encore quelques instants avant de se râcler la gorge pour signaler sa présence. Sans lâcher Narek, Syndrell tourna la tête vers lui.


- Salut Eli…
- Salut, vous deux. Je ne vous avais pas vus depuis un moment !
- On a été très occupés ces derniers temps. Tu te laisses pousser la barbe ? Cela te donne un charme fou.


Le palefrenier rougit jusqu’à la racine des cheveux – un trait qu’il partageait avec Ciel, son ami de toujours…

- Oui, heu… Ahem… Elle est heureuse, dit-il en désignant Grésille du menton, changeant volontairement de sujet pour se donner contenance. Elle se conduit comme une reine et je lui cède volontiers tous ses caprices.
- Merci, Eli. Je suis sûre que Zoanne apprécie.


Ils échangèrent encore quelques mots, puis Syndrell se hissa sur la pointe des pieds, tout contre Narek :

- Suis-moi, chuchota-t-elle au creux de son oreille.

Elle posa une selle sur le dos de Grésille qui piaffa de bonheur, et se jucha sur le dos de la demoiselle. Narek prit place à l’arrière. Eli s’écarta pour les laisser passer.


- Permission de minuit ? demanda Syndrell par-dessus son épaule d’un ton guilleret.
- Accordée !


*


Ils sortirent de la ville et s’engagèrent sur le sentier qu’ils connaissaient par cœur. Nul besoin de guider Grésille, elle aussi savait quel chemin emprunter pour rentrer chez elle. L’air était frais, mais le soleil donnait le sourire et promettait des jours meilleurs. La vie continuait. Légèrement penchée en arrière, appuyée contre la poitrine de Narek, Syndrell fredonnait une chanson qu’il chantait parfois.

- Ne sois pas triste, lui dit-elle alors qu’ils s’étaient arrêtés dans une clairière baignée de lumière et plantée de fleurs sauvages. S’il te plaît, ne sois pas triste… elle ne voudrait pas que tu le sois.

Laissant Grésille brouter l’herbe fraîche, la marchombre attrapa la main de son compagnon. Et la posa sur son ventre.

- La vie continue, murmura-t-elle, noyée dans le regard ténébreux de Narek. La vie, c’est toi et moi, et peut-être aussi…

Et peut-être, plus tard, bientôt, une petite loutre. Non, une petite grenouille bleue. Un rire amusé tintinnabula dans la brise – à moins que ce ne soit son imagination ? Syndrell sourit, parce que les deux idées lui plaisaient, et embrassa le marchombre dont elle était amoureuse.

Oui, Zoanne leur manquait à tous, terriblement. Oui, le danger guettait les métamorphes et le Réseau. Mais… la vie continuait, envers et contre tout.

La vie, c’était elle, et c’était lui.

C’était eux.
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