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 Nuit d'argent [Gil]

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Kanaëkhian Kwaekoanok
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MessageSujet: Nuit d'argent [Gil]   Nuit d'argent [Gil] Icon_minitimeMer 12 Fév 2020, 14:00

Une silhouette se tenait debout, dans la nuit, immobile face à l'immensité étincelante du lac Chen. Khia ne bougeait pas. Elle réfléchissait seule sur la grande terrasse de sa maison – maison qui lui paraissait bien vide, désormais, sans la présence chaleureuse de son amie. Elle s'était habituée à ce que Thormod vive ici, dorme sur son canapé, emplisse ses murs de rires et de joyeuses soirées. Mais il n'était plus là : Thormod était mort en tentant de retrouver ses filles. Alors la Marchombre réfléchissait à la suite ; elle envisageait ses options sous tous les angles, considérait ses possibilités. Soupirant imperceptiblement, elle glissa une main dans sa longue crinière blonde.

Lorsqu'elle reprit une inspiration, l'Aoki avait pris sa décision. Elle retrouverait les filles de Thormod. Peu importait le temps que cela prendrait, peu importait si elle devait soulever des montagnes pour cela, elle retrouverait les filles de son ami. Promesse irrévocable, scellée par la petite brise nocturne qui emporta les quelques larmes perlant à ses yeux. Avec toute la force de sa volonté, Khia esquissa un petit sourire tandis que son regard d'un bleu glacier profond se perdit dans le ciel étoilé. Je te le promets, murmura-t-elle autant pour elle-même que pour son ami Konekii. Je te le promets !

Secouant toute seule la tête, Khia porta à ses lèvres son verre rempli d'un liquide mordoré – une liqueur d'agrume qu'elle acheté plusieurs années auparavant en pays Faël. Le liquide lui réchauffa la gorge, mais en soi, il ne la faisait pas vraiment se sentir mieux. Loin de là ! Clignant doucement des paupières, la jeune femme plongea son regard si particulier dans l'alcool. Ridicule ! Claquement de langue agacé, soupir contrarié. Contre toute attente, la Marchombre reposa délicatement son verre sur le rebord de la rambarde. Par réflexe, elle jeta un coup d’œil par dessus son épaule : Khia avait l'étrange impression que son ami allait surgir dans le salon pour lui parler, évoquer ses plans pour récupérer ses filles, se chamailler avec Juhen, Gunnar ou Hanank. Non, cela n'arriverait plus.

Plissant le nez, elle s'aventura d'une démarche lente et tranquille sur le ponton qui filait sur plusieurs mètres à la surface du lac. Arrivée au bout, elle abandonna ses vêtements pour plonger gracieusement dans l'onde noire et glacée. La température, en cette période, ne devait pas excéder les dix à douze degrés. Pourtant, cela n'avait pas l'air de déranger foncièrement la Marchombre qui profita longuement de sa coulée pour apprécier les courants frais sur son corps. Oh, elle n'était pas une Alavirienne ! Ayant grandi sur les terres glacées du Septentrion des Géants, le froid n'incommodait que peu la belle blonde.

*

Khia nagea suffisamment longtemps pour que le bout de ses doigts commencent à être tous fripés. Le léger courant l'avait porté quelques centaines de mètres plus loin. Pourtant, cela ne sembla pas perturber le moins du monde la Marchombre qui entreprit de sortir de l'eau, sur la berge la plus proche. Il n'y avait jamais grand monde, à cette heure-ci. A moins de quelques brigands de grands chemins. C'est d'ailleurs exactement ce à quoi elle songea lorsqu'elle perçu les rires gras et un peu bêtes d'un groupe d'hommes qui s'approchaient. La jeune femme soupira. On dirait qu'elle allait pouvoir se défouler un peu.

« Dis-donc ma jolie, qu'est-ce que tu fais là toute seule ? » ricana celui qui semblait être leur leader « Tu dois avoir froid comme ça, viens on va te réchauffer ! »
« Sans façon, non merci » déclina la Marchombre, avec un sourire désarmant « Mais j'imagine que vous ne savez pas ce que veux dire non, et que je vais devoir vous l'expliquer autrement ? »

La situation était quand plutôt cocasse : Khia parlait la langue Alavirienne avec un fort accent, cela contribua déjà à un premier effet de surprise. De plus, alors qu'elle se trouvait dans le plus simple appareil, elle leur avait répondu avec le plus grand sérieux, quoi qu'elle s'était quand même risqué à une pointe d'humour – du Khia tout craché, ça ! Et puis, sans prévenir, elle jaillit.














[Un peu court, mais j'avais envie de commencer Very Happy]
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Giliwyn SangreLune
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MessageSujet: Re: Nuit d'argent [Gil]   Nuit d'argent [Gil] Icon_minitimeVen 14 Fév 2020, 14:49

Gil rentra chez lui exactement un an après être parti.

Etrangement, alors qu’il suivait à pied le sentier si familier qui descendait vers Al-Chen, il se souvenait avec une précision très nette des événements de cette journée-là : sa course poursuite sur les toits de la ville, la bague de la grand-mère de Nora qu’il avait retrouvée, le rire de celle-ci alors qu’il en profitait pour parodier une demande en mariage, son rire à lui quand il s’était travesti pour se faire passer pour sa cousine et ainsi s’enfuir au nez et à la barbe de ses poursuivants, l’hilarité de Mak devant son déguisement, les blessures de Tsukia… C’était pour elle qu’il avait quitté sa tanière. L’alpha devait protéger sa meute à tout prix. Il était parti dans la nuit. Il s’en rappelait si bien… Il était allé border son fils, regrettant déjà la peine que son absence allait lui causer au réveil. Ensuite, il avait fait voler en éclat des mois de retenue mutuelle et s’était uni à Nora. Le moindre de ses soupirs restait imprimé dans sa mémoire, comme chaque seconde ce cette journée particulière, alors que la suite était plus ou moins floue ; l’aveu de Seren avait précipité sa chute vertigineuse dans des abysses desquelles il n’aurait jamais, jamais pu sortir sans l’aide de ses amis.

Son humanité à peine retrouvée, il avait accompagné Syles dans une quête insensée et terriblement compliquée. Ça l’avait éloigné encore un peu de temps du retour, mais à bon escient – d’abord parce que Syles était vivant et ensuite, parce que cette aventure lui avait permis de retrouver le Giliwyn d’autrefois. Sacrées retrouvailles ! Ce bon vieux cabochard était ainsi revenu, mais en même temps, il avait changé, un peu : plus calme, plus attentif, plus sage aussi. Dil’Duran lui avait enseigné cette sagesse que possèdent les abîmés par la vie, ceux qui reviennent de loin, qui ont vu trop de choses pour s’émouvoir d’un peu de sang versé – mais que l’envol d’un papillon peut bouleverser. Equilibre. Nouveau pilier de son être et de son âme. Ainsi le Gil qui avançait d’un pas léger paraissait-il plus grand et plus vieux : ses tempes étaient désormais frangées d’argent et quelques rides étaient nées au coin de ses yeux. Ses cheveux étaient un peu plus longs, son visage un peu plus mince. Il avait retrouvé la forme et revenait directement d’un véritable champ de bataille sur lequel il avait largement fait ses preuves, mais désormais il en imposait surtout par la force tranquille qui brillait au fond de ses yeux dépareillés.

Il avait quand même retrouvé de vieilles habitudes : son torse était nu sous son tabard de cuir élimé, parce qu’à l’aube du printemps il faisait déjà trop chaud pour qu’il daigne passer une chemise, il était mal peigné, mal rasé, mal luné ; alors qu’il aurait pu s’offrir ou voler un cheval, il avait effectué la route à pied, désireux de suivre son chemin seul et sans autre rythme que le sien. Il portait son sac sur une épaule. A ses mains, les mitaines fabriquées par Dil’Duran dévoilaient des doigts aux ongles sales. Il était couvert de poussière. Et malgré tout il n’avait pas réussi à effrayer la vieille bergère qu’il avait aidée à récupérer une brebis tombée dans un ravin, et il n’avait pas fait fuir le gamin affamé avec qui il avait partagé son déjeuner, et la veille une femme l’avait salué en souriant, les joues roses et le regard brillant, et le bouvier qui l’avait généreusement accueilli dans sa charrette pour effectuer une partie du trajet n’avait pas cessé de bavasser. A qui pourrait-il bien faire peur, ce cabochard aux allures de jeune vagabond vaguement boudeur ? C’est que le creux de sourire qui marquait sa joue gauche était trop présent pour que le reste de sa personne s’attire autre chose que de la sympathie.

Gil s’arrêta en haut d’une petite colline. Il avait quitté la route depuis quelques temps déjà, coupant à travers des champs détrempés pour arriver ici un peu plus vite, et contemplait enfin l’immensité du lac Chen qui scintillait vivement sous un ciel céruléen. Un vent frais dansa autour de lui sans parvenir à le faire frissonner malgré sa tenue légère. Il inspira une bouffée de cet air si pur, puis promena son regard en contrebas et s’arrêta sur la silhouette d’une maison que l’épais feuillage d’hiver ne masquait pas complètement à sa vue. Son cœur bondit. Réajustant son sac sur son épaule, l’envoleur entama la descente. Il devait parfois enjamber d’énormes flaques que la dernière averse avait laissées. Un an auparavant, il avait gravi cette colline en marchant dans la neige. Aujourd’hui, la brise portait encore la fraîcheur de l’hiver mais son murmure promettait le soleil et la douceur dans les jours à venir. Quelques jonquilles montraient déjà leurs pétales ; il en ramassa quelques-unes, puis enjamba l’enclos de Chante-Brume. La jument poussa un hennissement puissant et le bouscula presque durement, tout à sa joie de le retrouver : elle lui donnait des coups de têtes et caracolait autour de lui. Il parvint à la calmer à force de chuchotements et de flatteries sincères. Elle lui avait manqué aussi.

Des rires lui firent tourner la tête. Là-bas, devant la maison, deux enfants jouaient. La première était une fillette aux tresses rousses qui lui rappelait Brindille, le second un garçon aux cheveux désordonnés qui boitillait légèrement. Makeno. Comment décrire l’instant ? Il sembla à Gil qu’une flèche de bonheur s’était fichée dans sa poitrine et il resta un petit moment à observer son fils s’amuser comme un fou avec son amie. Semblant croire qu’un petit coup de pouce était nécessaire, Chante-Brume donna du sabot contre la porte de son enclos. Le bruit attira l’attention de Mak. Il regarda vers l’enclos et ses yeux dépareillés s’arrêtèrent sur la silhouette de l’homme, immobile près de la jument. La flèche le traversa lui aussi, mais plus violemment et comme il n’était qu’un enfant, ça lui fit du mal. Il recula quand Gil avança, puis tourna les talons et courut aussi vite, aussi loin qu’il le put. Sa prothèse lui permettait ce petit miracle. Gil ne le poursuivit pas. Il avait conscience du choc que son retour pouvait provoquer et même si cela lui coûtait, il s’obligea à repousser les retrouvailles à plus tard et à sourire à la petite rouquine.

- Salut. Comment tu t’appelles ?

Elle le fixa de ses grands yeux chocolat sans bouger, visiblement effrayée. Et puis, soudain, une porte qui s’ouvre…

- Lywenn ? Que se passe-t-il ? Qui est…

Nora s’arrêta au beau milieu des marches du perron, dans un rayon de soleil qui trouva des reflets dorés dans ses cheveux châtains. Un an plus tôt ils étaient coiffés en une longue tresse qui descendait jusqu’à ses reins ; voilà qu’ils étaient courts et que des mèches folles encadraient son visage, mangé par deux grands yeux d’un gris tourterelle. Il y avait de la surprise, dans ce gris. En fait, Nora eut à peine conscience que Lywenn, intimidée, avait gravi les marches à toute vitesse pour venir se cacher derrière sa jupe. Elle portait son tablier de travail, celui qui était pourvu d’une multitude de poches, chacune contenant ses outils de travail, ciseaux, herbes, fioles… la serpe qu’elle tenait dans sa main gauche lui échappa et tomba à terre.

- Gil, murmura-t-elle alors.

Il ne dit rien. Simplement, il monta les marches, tout doucement, de la maison qu’il avait bâtie de ses mains. Elle n’était pas tout à fait terminée quand il l’avait quittée. Qui avait terminé la balustrade de l’étage ? Et la cheminée ? Makeno ? Gil s’arrêta devant Nora. Elle était toujours aussi petite ; il baissa la tête pour lui rendre son regard et déposa son sac à ses pieds. Puis il tendit les trois brins de jonquilles cueillis au détour d’un chemin. L’herboriste attrapa le bouquet sans y croire. Comment ? Comment envisager qu’il était bel et bien là, devant elle, cet homme qu’elle avait craint de ne plus jamais revoir ? Sans lâcher les fleurs, elle se jeta dans ses bras. Il était plein de poussière, ses bottes étaient maculées de boue, il sentait un mélange de sueur et d’aiguilles de pin – mais cette odeur, cette chaleur, cette étreinte, c’était lui. C’était vraiment lui !

- Toi alors.. Tu disparais une année entière et tu reviens avec trois fleurs dans la main… soupira-t-elle, la joue contre sa poitrine et des larmes dans les yeux.
- J’ai été retardé, expliqua-t-il seulement, et elle songea que sa voix était plus rauque, plus abîmée qu’avant.


*


Makeno revint un peu avant la nuit tombée. Il était réapparu un peu plus tôt, pendant que Gil faisait sa toilette, et avait raccompagné Lywenn chez elle. Il avait pris son temps pour rentrer. Ce soir-là, il agit comme d’ordinaire, c’est-à-dire qu’il aida Nora à mettre la table et à servir le repas, puis il mangea de bon appétit tout en lui racontant sa journée – il avait travaillé ses lettres sous l’œil attentif de Hielstan, puis il avait aidé le rêveur à réparer son toit, tu sais, là où la dernière tempête a fait des dégâts, et Hielstan lui avait donné une pièce en rétribution, il irait la dépenser en ville pour acheter de quoi faire plaisir à Lywenn le jour de son anniversaire… Il ne fit pratiquement aucune pause dans son joyeux babillage. Mais à aucun moment il ne s’adressa à Gil. Son regard était fuyant. Gil, de son côté, ne lâcha pas le garçon des yeux. Un an seulement s’était écoulé, alors comment expliquer que Mak ait grandi à ce point ? En taille, en assurance, en maturité ? Il avait douze ans et il se trouvait à la frontière entre deux mondes, celui de l’enfance dans lequel il s’attardait, comme tout à l’heure, quand Gil l’avait surpris en train de faire le pitre avec Lywenn, et celui de l’adulte, qu’il commençait à franchir à petits pas prudents. L’envoleur était fasciné par ce petit bonhomme.

- Il te ressemble beaucoup, lui dit Nora alors qu’ils faisaient la vaisselle.
- Non, il tient de sa mère.

Renonçant à débattre sur le sujet, puisqu’après tout c’était bien vrai que Makeno avait hérité de ses deux parents, Nora déposa un peu de mousse sur nez de Gil.

- Où étais-tu passé ?
- Très loin. Mais c’est fini, Nora. Je suis de retour pour de bon cette fois-ci.
- Je sais. C’est Mak que tu dois convaincre…


Convaincre Mak. Facile à dire ! Le gamin s’était enfermé dans sa chambre et n’avait pas daigné ouvrir quand Gil avait toqué doucement à sa porte. Alors, au cœur de la nuit, l’envoleur escalada souplement le mur et se faufila par la fenêtre laissée entrouverte. Il s’approcha du lit dans lequel Mak dormait complètement de travers. Son cœur se serra, comme chaque fois qu’il regardait dormir son fils ; c’était un tableau qui lui avait manqué et dont il ne se passerait jamais. Il se pencha et secoua doucement l’épaule du garçon.

- Viens avec moi, chuchota-t-il.

Il s’était attendu à ce que Mak refuse catégoriquement de le suivre et il n’avait d’ailleurs rien réfléchi de la manière dont il allait bien pouvoir l’emmener, mais à sa grande surprise, ce dernier attacha sa prothèse et enfila ses vêtements. Le cœur battant, Gil l’entraîna hors de la maison endormie. Dehors, il siffla Chante-Brume qui caracola jusqu’à lui ; sans prendre la peine de la seller, il monta sur son dos puis tendit son bras pour hisser son fils dans son dos. Toujours sans rien dire, Mak noua ses bras autour de sa taille. Alors, Gil fit partir la jument au galop. Elle fila comme le vent dans la prairie et passa sous les arbres qui longeaient le lac, pour finalement atteindre la rive et galoper sur le sable. Ses sabots firent jaillir des gerbes d’eau qui scintillèrent sous l’éclat de la lune. Au bout d’un moment, elle ralentit puis s’arrêta complètement lorsque son cavalier le lui demanda. Il sauta à terre, voulut aider Mak qui le repoussa et sauta à son tour. Vacilla, se rattrapa, s’éloigna. Pour s’asseoir dans le sable. Gil laissa Chante-Brume aller à sa guise et vint s’installer près de lui. Un long, un très long moment s’écoula avant que le garçon brise enfin le silence.

- J’ai terminé la balustrade.
- Oui, j’ai vu ça.
- Et la cheminée.
- Oui. Tu as bien travaillé.
- La journée, j’aide Nora à la boutique ou bien Hielstan quand il a besoin de moi.


Cette fois Gil ne répondit rien : il avait compris que Makeno avait besoin de vider son sac.

- Je me suis cassé le poignet en tombant de l’échelle. C’est Nora qui m’a soigné. Elle m’apprend à guérir avec les herbes. J’aime bien. On a des poules maintenant, et aussi une chèvre, c’est moi qui m’en occupe le matin. En ce moment je travaille sur une cabane que je construis pour Lywenn, derrière la maison.
- Mak.
- A la boutique des fois c’est moi qui m’occupe des clients,
poursuivit le garçon un peu plus rapidement. La semaine dernière, une dame avec un chapeau énorme m’a fait un compliment. Ma prothèse tient bien, je n’ai plus besoin de la béquille pour marcher, je cours, même. Il faut juste que je fasse attention de ne pas prendre un virage trop serré et je...
- Mak,
répéta Gil.

Silence.

- Je suis fier de toi, tu sais…

Silence.
Reniflement.

- Pars plus, murmura alors Makeno en essuyant une larme. S’il te plaît… pars plus. C’est trop dur.
- C’est une promesse difficile à faire…


Le garçon se releva mais Gil le retint par la manche.

- … je te promets que la prochaine fois, je ne partirai pas sans toi.

Il n’en fallait pas plus parce que bouder toute la soirée, prétendre ne pas le voir, et le repousser comme ça, c’était décidément très douloureux, alors Mak pivota et tomba dans les bras de son père. Ça lui était bien égal qu’on le surprenne en train de pleurer comme un bébé : il s’accrochait au tabard de cuir qui lui avait tant manqué comme un noyé agrippant une bouée, et il sanglotait sans pouvoir s’arrêter. Les bras de Gil le tenaient, ne le lâchaient pas. L’envoleur le berçait doucement, et les mots qu’il déposait dans le creux de son oreille finirent par l’apaiser. Il se dégagea doucement. Essuya ses joues mouillées, sourit.

- Tiens, c'est pour toi.

Gil tira un bout de papier qu'il déposa dans la main de Makeno et celui-ci fronça les sourcils pour le déchiffrer.

- "Je suis à Al-Chen en ce moment, mais plus pour très longtemps. Vous me manquez tous les deux. J'espère vous revoir bientôt. Seth..."
- Je te laisse lui répondre ?
- Qu'est-ce que je peux lui dire ?
- Eh bien, de se pointer le plus vite possible s'il ne veut pas que je le ramène ici par la peau du c... des fesses.


Rires.

- On rentre ?
- Non.


Gil sourit à son tour. Il se leva et se mit à marcher. Makeno accorda son pas sur le sien. Derrière eux, Chante-Brume avançait au pas, tranquillement. Ils ne disaient rien et la nuit était belle.


*


Gil perçut les bruits de voix le premier. Il attrapa le bras de Makeno et mit un doigt sur ses lèvres pour lui intimer le silence, puis il désigna les fourrés d’un geste du menton ; sans avoir besoin de davantage d’explications, le garçon grimpa sur le dos de Chante-Brume et la mena sous le couvert des arbres. Gil attendit qu’ils se soient fondus dans la nuit pour se diriger vers les éclats de voix. Une poignée d’hommes invectivaient une femme seule et la situation aurait pu être grave si la femme en question n’avait pas été nue ni n’avait tenu tête à ces messieurs avec autant de panache ! Impressionné, Gil s’approcha encore un peu, curieux. Ce n’est qu’au bout de quelques secondes et à la faveur de la lune qu’il reconnut la demoiselle à ses cheveux blonds et à son accent : Khia ! Heureux de la revoir, il fit un pas en avant.

- Désolé messieurs, mais la dame est avec moi, affirma-t-il en croisant les bras sur la poitrine.

Les bougres le dévisagèrent un instant… et reprirent leurs assauts grossiers. Surpris, puis vexé, Gil laissa retomber ses bras.

- Sérieusement ?

Puis il croisa le regard amusé de Khia, et un creux de sourire se dessina dans sa joue.

- Bon, très bien, je te les laisse, alors.

Et Gil s’assit en tailleurs, un coude sur la cuisse, le menton dans la main, pour observer le spectacle avec grande attention.


[Et moi donc... ]
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Kanaëkhian Kwaekoanok
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MessageSujet: Re: Nuit d'argent [Gil]   Nuit d'argent [Gil] Icon_minitimeMer 26 Fév 2020, 14:42

Le regard de Khia brilla lorsqu'elle trouva celui de Gil. La jeune femme enjamba, avec une satisfaction non feinte, l’amas de corps enchevêtrés à ses pieds. Oh, se débarrasser de ces quelques lourdauds avait été un jeu d’enfant : tout au plus avait-elle eu le temps d’exécuter trois pas de danse, légers, aériens et pourtant redoutablement efficaces. Les rayons de la lune éclairaient sa longue crinière d’un blond presque blanc, lui conférant une belle auréole. Son corps élancé, délié et tout en muscle se dévoilait sous la lumière d’argent de l’astre céleste. Les deux poings sur ses hanches, elle avait l’air fière la belle guerrière des contrées du nord ! Elle avait l’air fière, et surtout elle semblait invincible !

Avec une petite étincelle malicieuse au fond de son regard de glace et un sourire mutin sur les lèvres, la Marchombre apostropha son ami, heureuse de le revoir surtout après les derniers évènements.

- « On apprécie le spectacle monsieur SangreLune ? » lança-t-elle d'un ton espiègle.

C’était tout de même une drôle de vision, que de la voir ainsi, totalement nue et décomplexée. Elle ne s’était jamais vraiment encombrée de pudeur, mais tout de même : pour celui qui ne la connaissait pas, cela pouvait être particulièrement troublant. Surtout qu’il fallait bien l’avouer : Khia était une très belle femme, avec des formes généreuses. Plus jeune, elle avait longtemps caché ce corps pulpeux derrière d’épais manteaux de fourrure. Avec le temps, toutefois, la belle Aoki avait appris à s’accepter telle qu’elle était, ce qui la rendait encore plus belle et plus forte. Essorant sa longue chevelure, la Marchombre vers un épais buisson de roseaux qui bordait le tronc d’un chêne centenaire. Elle en sortit un fin débardeur – elle laissait toujours de quoi se changer à cet endroit, car il lui arrivait régulièrement de nager jusqu’ici, mais de rentrer chez elle par voie terrestre, à quelques encablures de là.

Le regard de Khia tomba soudain sur la silhouette un peu timide qui se découpait derrière Gil. Elle fronça légèrement les sourcils quand elle réalisa qu’il s’agissait d’un garçon qui ne devait pas avoir plus de onze ou douze ans. Elle se demanda un instant pourquoi les traits de son visage, éclairés par un rayon de lune, lui semblaient si familiers. Et puis, elle comprit : les mêmes mimiques, la même façon de se tenir, le même sourire, le même regard, les même cheveux indisciplinés ! C’était le fils de Gil ! Sous le coup de la surprise, il fallut encore plusieurs longues secondes pour que l’évidence se fraie un chemin jusque son cerveau.

- « Oh ! » s’exclama-t-elle, un peu euphorique sous l’effet de sa découverte « Tu es Makeno, c’est ça ? » demanda-t-elle au garçon, qui jeta un regard interrogateur à son père « Je m’appelle Kanaëkhian, mais tu peux m’appeler Khia » se présenta-elle d’un ton enjoué, avec son bel accent nordique.

~ * ~ * ~

- « Bienvenue dans mon humble demeure » annonça Khia, en invitant Gil et Makeno à entre d’un geste de la main.

La maison de la Marchombre n’était pas très grande et ressemblait à un véritable petit cocon de douceur. Avec ces tapis, ces coussins, ces plaids aux couleurs qui mêlaient le lin, le gris clair et plusieurs nuances de bleu, c’était vraiment un intérieur qui ressemblait à Khia. Elle y avait disposé un peu partout ses grigris, souvenirs de ses nombreux voyages à travers l’Empire. Son immense terrasse, conçue en un large L autour du salon, formait une avancée sur le lac Chen : la vue y était donc idyllique.

La jeune femme commença par raviver le feu de cheminée, avant de débarrasser rapidement la table de ses cartes et de ses notes. Elle aurait largement de reprendre le fil de ses réflexions plus tard. La visite de Gil et Mak lui offrait un moment de distraction qu’elle appréciait vraiment. Ensuite, elle s’affaira à allumer quelques bougies, qui parfumait toute la pièce d’une odeur de citronnelle qui se mariait parfaitement avec celle, omniprésente, des tilleuls qui entouraient la maison, sur les berges du lac Chen. Attrapant un paréo turquoise sur le bord du canapé, elle le noua négligemment autour de sa taille en filant vers la cuisine. Sortant trois verres de l’un des placards, la jolie blonde entreprit de les remplir d’un sirop d’orgeat agrémenté de quelques touches de fleurs d’oranger, qu’elle avait ramené de chez elle la dernière fois qu’elle y était retournée.

- « Ça me fait tellement plaisir de vous voir tous les deux ! » avoua Khia, un sourire rayonnant sur les lèvres, tandis qu’elle tendait les verres à Gil et Mak.

Les paroles de la Marchombre étaient sincères : elle était vraiment ravie de revoir son ami et, surtout, était encore plus heureuse de constater qu’il avait enfin retrouvé son fils. En observant le profil du garçon, sa peau plus mate que celle de Gil, l’Aoki se fit la réflexion que sa mère – il lui semblait qu’elle s’appelait Naïs – devait être une très belle femme. En observant le père et le fils, Khia songea qu’ils étaient trognons tous les deux : cela se voyait, Gil semblait très fier de son garçon. La jolie blonde se surprit même à penser qu’un jour elle serait sans aussi fière de son propre enfant que Gil l’était du sien. Secouant la tête toute seule, Khia prit une légère inspiration.

- « J’ai beaucoup entendu parler de toi Mak, tu sais… » dit-elle à l’attention du garçon, avant de planter son regard dans celui de Gil « Mais, au fait, qu’est-ce que vous faisiez par ici à une heure aussi tardive ? Vous habitez dans le coin ? Si ça se trouve on est voisins, ça serait rigolo ! »

Voisin ? Rien qu’à cette idée, Khia jubilait déjà.








[Bon, je suis partie du principe que Gil et Mak acceptaient l'invitation de Khia, mais si quelque-chose te dérange, tu me sonne Very Happy ]
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Giliwyn SangreLune
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MessageSujet: Re: Nuit d'argent [Gil]   Nuit d'argent [Gil] Icon_minitimeMer 26 Fév 2020, 18:29

Non seulement Khia n’avait absolument pas besoin d’aide pour se débarrasser de ces importuns mais en plus, le tableau était à l’image de la jeune femme : sauvage, mâtiné d’exotisme, de bonne humeur et agrémenté d’une pointe de sensualité. Il était bien dommage que le règlement de comptes n’ait pu durer plus longtemps. Gil aurait été prêt à payer ces types pour qu’ils se montrent plus insistants, mais un regard vers ces derniers, assommés et pas en état d’invectiver qui que ce soit, le convainquit de la chance qu’ils avaient eue en affrontant l’Aoki, et non pas lui. Ils n’auraient sans doute pas pu se vanter de respirer encore… En présence de Khia, toutefois, ce genre de pensées violentes n’existaient pas. Il suffisait de la regarder pour oublier toute volonté de faire du mal à quiconque. Pour tout oublier, en vérité ! Il ne s’agissait pas que de son corps, certes extrêmement beau dans le plus simple de son appareil. C’était plutôt l’aura qu’elle dégageait qui hypnotisait Gil alors qu’elle se dressait fièrement devant lui. Plus grande que les Alaviriennes, elle réduisait l’envoleur à néant simplement par la force de son regard de banquise et par la puissance que même dans l’immobilité, elle laissait entrevoir. C’était faux de prétendre qu’elle était nue. La nuit l’habillait si bien qu’il aurait aimé pouvoir lui demander de ne plus jamais se vêtir une fois le soleil couché.

- On apprécie le spectacle monsieur SangreLune ?
- Oh que oui !
s’exclama-t-il, les yeux brillants.

Un coup de coude le fit redescendre sur terre : Mak s’était glissé dans son dos pendant l’affrontement, incapable de se séparer de son père même s’il y avait un danger. Surtout s’il y avait un danger. N’y voyant aucun, Gil l’avait laissé approcher. Il se décala pour le présenter à Khia, mais celle-ci l’avait déjà aperçu :

- Oh ! Tu es Makeno c’est ça ?

Surpris qu’elle connaisse son nom, le garçon chercha le regard de Gil. Il lui renvoya un clin d’œil rassurant.

- Je m’appelle Kanaëkhian, mais tu peux m’appeler Khia.
- Salut Khia,
fit alors Mak en enfonçant sers mains dans ses poches, en une parodie tellement convaincante de Gil que celui-ci se mordit l’intérieur de la joue pour ne pas éclater de rire. Appelle-moi Mak !


*


Khia habitait au bord du lac Chen. Ils étaient voisins ! Cette découverte plut à Gil autant qu’elle le rassura : en dépit de sa promesse envers Mak, il savait qu’il lui faudrait parfois quitter le nid, ne serait-ce que pour retrouver Tsukia, et puis Neige, son apprentie… Nora était visiblement capable de se débrouiller seule et Mak, qui grandissait à la vitesse de l’éclair, serait bientôt capable de les défendre. Néanmoins, savoir l’Aoki non loin d’eux le rendait plus serein que jamais. Il pouvait compter sur elle, c’était une certitude profondément ancrée dans son cœur depuis leur première rencontre. Un sourire aux lèvres, il fit lentement le tour des lieux tandis que Mak aidait leur hôte à allumer de petites bougies parfumées. Pour s’être assez récemment lancé dans la construction de sa propre demeure, Gil devait avouer que celle-ci était admirablement bien réalisée. Dans la pièce de vie, il régnait une chaleur qui n’était pas seulement due à la flambée de la cheminée : chaque coussin, chaque meuble, chaque grigri portait l’empreinte de Khia. Il se plut à trouver ça et là des objets qui lui rappelèrent son bref mais intense passage auprès du peuple de son amie.

- Ça me fait tellement plaisir de vous voir tous les deux !

Gil attrapa son verre. Il se contenta de sourire, l’émotion brillant dans ses yeux valant bien plus que des mots, et goûta la boisson qui lui plut aussitôt.

- J’ai beaucoup entendu parler de toi, Mak, tu sais… Mais, au fait, qu’est-ce que vous faisiez par ici à une heure aussi tardive ? Vous habitez dans le coin ? Si ça se trouve on est voisins, ce serait rigolo !

L’envoleur ouvrit la bouche pour répondre, mais Mak fut plus rapide :

- Il t’a parlé de moi ?

Amusé par la question, Gil tourna la tête, sur le point de moucher le garçon par une boutade. Il se figea en découvrant le visage de Mak. Terriblement sérieux et si plein d’espoir… Il comprit soudain à quoi se résumait cette année de silence, pour lui : une année passée à se demander si son abruti de père ne l’avait tout simplement pas abandonné. Oublié. Chassé de ses pensées. Un poing glacé se referma sur le cœur de Gil. Comment lui dire qu’en dehors de cette sombre période où il n’avait pas été lui-même, il pensait toujours à lui ? Ce petit bonhomme était devenu le centre de son monde voilà bien longtemps déjà. Il lui avait fallu du temps pour s’en apercevoir et davantage encore pour l’accepter – autant d’années perdues que la vie, en les réunissant, offrait pourtant de rattraper. Gil chercha alors le regard de son fils. Là encore, les mots n’étaient pas assez justes pour exprimer une réponse convenable, alors il hocha lentement la tête, et en même temps, porta son poing serré contre sa poitrine. C’est là que tu existes quand je ne te vois pas, signifiait ce geste simple. Mak soutint son regard un petit moment. Enfin, un sourire en coin, qui creusait une petite fossette dans sa joue, illumina son regard dépareillé. Il hocha la tête à son tour.

- On est voisins, répondit alors Gil en se tournant vers Khia. J’ai construit…
- On a construit.
- Pardon. On a construit notre maison un peu plus au nord, mais on ne la voit pas d’ici parce qu’elle est plus reculée dans la forêt.
- Hielstan aussi est notre voisin. Tu le connais ? C’est un Rêveur ! Le meilleur du monde, mais lui il dit qu’il a encore beaucoup de choses à apprendre, ce qui est quand même difficile à croire parce qu’il est très doué pour soigner les bobos. On a deux chevaux, Chante-Brume et Diapason, un âne qui s’appelle Têtu, une chèvre – je l’ai appelée Bottine parce que le bout de ses pattes est noir, comme si elle portait vraiment des bottines, et des poules. Et puis il y a Nora, elle vit avec nous. Elle a construit la maison aussi. Elle est herboriste et elle m’apprend à manipuler les herbes. Le soir on…
- Et si tu buvais ton verre pour nous laisser le temps d’en placer une ?
grogna Gil.

Se rappelant soudain qu’il avait un verre dans les mains, Mak entreprit de boire à grandes gorgées. Gil se pinça l’arête du nez puis coula un regard penaud vers Khia.

- Désolé, souffla-t-il. J’ai pas encore trouvé comment l’arrêter.
- J’aime bien ton accent,
reprit Mak, désaltéré – et sans aucun rapport avec ce qui avait précédé. Et j’adore cette boisson ! Je peux aller sur la terrasse ?

Une demi-minute plus tard, ils entendaient le garçon s’extasier dehors. Gil secoua la tête.

- Enfer... il parle sans arrêt. J’aimerais croire que c’est parce que je viens de le retrouver… mais non. Il est comme ça.

Son air dépité était nuancé par l’éclat de tendresse qui brillait dans ses prunelles. Il soupira, puis quitta la terrasse des yeux – mais pas de l’oreille – et sourit à Khia.

- Tu as une belle maison. Je ne savais pas que tu vivais ici. Depuis quand… ?
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Kanaëkhian Kwaekoanok
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MessageSujet: Re: Nuit d'argent [Gil]   Nuit d'argent [Gil] Icon_minitimeLun 02 Mar 2020, 21:36


Khia écoutait les babillages de Mak avec une patience infinie. En vérité, cela ne la dérangeait pas le moins du monde ! Bien au contraire, elle adorait les enfants et leur naturel si spontané : ils étaient souvent du genre à raconter tout ce qui leur passait par la tête, sans aucun filtre, et la Marchombre devait bien avouer qu’elle trouvait cela profondément rafraîchissant. La jolie blonde reçut avec une simplicité étonnante toute l’innocence du garçon - innocence toutefois légèrement voilée par les nuages qui dansaient parfois dans ce regard bicolore. L’Aoki se souvint des paroles de Gil, lors de leur petite excursion au cœur du Septentrion : ce gamin avait sans doute traversé beaucoup trop d’épreuves pour son jeune âge.

La jeune femme éclata d’un rire franc quand le visage de son ami se décomposa en une moue complètement dépitée. Cependant, l’éclat qui brillait dans son regard dépareillé montrait clairement qu’il râlait juste pour la forme. La Marchombre se fendit d’un sourire, tandis qu’elle offrait un clin d’œil malicieux à son comparse.

- « Ne t’en fait pas, il est adorable » répondit-elle, d’un ton tout à fait rassurant « Au moins autant que son père ! » ajouta-t-elle, particulièrement satisfaite de l’effet que ses paroles firent.

La grande blonde ponctua ses mots d’une petite pression, toute légère, de la pulpe de son index, sur le bout du nez de Gil. L’expression de ce dernier était à mourir de rire et la Marchombre se mordit l’intérieur de la joue pour tenter de garder son sérieux. Khia rejeta une longue mèche rebelle derrière son oreille, tandis qu’elle débarrassait le verre de Makeno. Avant de planter son regard de glace dans celui de son ami.

- « Ça fait déjà quelques années que j’ai déniché ce petit coin de paradis » commença-t-elle à expliquer, sans détours et sans fioritures « Depuis que j’ai pris mes premiers groupes d’apprentis à vrai dire, il y a deux ou trois ans. Au début, elle était complètement en ruine, du coup, ça m’a pris plusieurs semaines pour la retaper complètement » continua-t-elle, plutôt fière de son petit cocon « Tu verras, en été, c’est un endroit absolument magique. C’est ce qui m’a séduite je dois dire… » conclu-t-elle, sur une promesse.

La belle Aoki coula un bref regard en direction de la terrasse. Apparemment, l’enfant était occupé avec le chat qui avait élu domicile chez elle, quelques semaines auparavant. Le félin n’était pas du tout sauvage, il n’en fallut pas plus pour que Mak s’extasie.

- « On doit sans doute te l’avoir déjà dit, mais il te ressemble beaucoup je trouve » décréta Khia, l’air un brin attendri, et même un poil jalouse que Gil soit le père d’un si chouette garçon.

Secouant sa longue crinière, encore toute trempée dans le creux de son dos, la Marchombre entreprit de gravir les escaliers qui menaient à une mezzanine fermée par une superbe verrière. C’était là que Khia avait installé sa chambre : un lit immense et incroyablement douillet trônait au centre de la pièce. Tandis qu’elle se déshabillait pour se changer, la jeune femme sentit la brûlure d’un regard sur sa nuque. Se retournant à demi, la glace croisa les nuances de bleu et de marron...  






[Un peu court, mais je n'avais pas envie de faire qu'un dialogue  Very Happy ]
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Giliwyn SangreLune
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MessageSujet: Re: Nuit d'argent [Gil]   Nuit d'argent [Gil] Icon_minitimeLun 02 Mar 2020, 22:48

Gil se frotta le nez sans réaliser que ce faisant il avait adopté la même moue que Makeno. Déjà Khia se levait, aérienne, et emportait le verre vide du jeune garçon.

- Ça fait déjà quelques années que j’ai déniché ce petit coin de paradis, expliqua-t-elle, et il se remit à siroter tranquillement sa boisson pour l’écouter. Depuis que j’ai pris mes premiers groupes d’apprentis à vrai dire, il y a deux ou trois ans. Au début, elle était complètement en ruine, du coup, ça m’a pris plusieurs semaines pour la retaper complètement.

Epaté par son courage autant que par son talent, l’envoleur caressa du regard les poutres apparentes qui traversaient le toit de part et d’autre ; la lueur vacillante des bougies donnait une couleur particulière au bois, qui se mariait bien avec les tons de bleu qu’elle avait choisis pour décorer la pièce. Simple, les lignes épurées, cette maison semblait porter l’âme de tout un peuple, à tel point que Gil sentit un drôle de frisson parcourir son dos et faire se dresser les poils sur ses bras.

- Tu verras, en été, c’est un endroit absolument magique. C’est ce qui m’a séduite je dois dire…

Ce n’était pas si difficile à croire : chaque saison qui habillait le lac Chen était belle, mais la plus renversante était sans doute la toute fin de l’été, quand le soleil enflammait le ciel et l’eau dans un même ensemble. Gil avait cependant choisi de ne pas construire sa maison sur la rive et ce pour deux raisons. La première était celle de la sécurité : trop longtemps traqué, trop souvent pris pour cible, il avait eu besoin de bâtir sa tanière à l’abri des regards et des chemins, dans un écrin de verdure. La seconde était celle de la nostalgie. Dans une autre vie, il avait habité une demeure semblable à celle-ci, plus haut vers les marais. Une femme et un enfant s’étaient tenus à ses côtés. Il n’en restait désormais plus que des cendres, et dans le cœur, un vide qui jamais ne saurait être comblé…


- On doit sans doute de l’avoir déjà dit, mais il te ressemble beaucoup, je trouve…
- Je sais,
fit Gil en suivant le regard de Khia en direction de son fils qui, pour changer, faisait la conversation à un chat. Il se fourre déjà trop dans les ennuis, ajouta-t-il dans une grimace désespérée.

Mais il ne dit pas qu’il trouvait bien plus de traits de Naïs en lui. Cette fougue, ce cœur immense, ce courage, il les tenait de sa mère. Léger pincement au cœur. Autre vie. Autres cendres… Le craquement de l’escalier tira Gil de ses pensées. Après s’être assuré que Makeno ne risquait rien sur le balcon (et surtout que le balcon ne risquait rien avec Mak), il posa son verre, contourna la table et suivit Khia à l’étage. Fasciné, il observa les lumières qui se reflétaient sur les vitres de la verrière, puis parcourut la chambre des yeux, séduit par son agencement, la simplicité de son mobilier et la chaleur qui y régnait. Son regard s’arrêta sur Khia. La jeune femme avait entrepris de se changer et il se rappela seulement à cet instant-là que la pudeur n’était pas sa priorité. Gil sourit.

- La prochaine fois que je décide de construire quelque chose, je ferai appel à toi. Tu as un véritable don pour tout ça, dit-il en écartant les bras pour désigner la pièce dans son ensemble.

Il s’approcha d’une étagère sur laquelle reposaient tout un assortiment de coquillages et en prit délicatement un entre ses doigts. Du bout du pouce, il caressa les stries nacrées, l’arrête dentelée, les contours tantôt lisses, tantôt rugueux.

- Le Septentrion ne te manque pas ? osa-t-il demander par franche curiosité. Je n’y suis allée que quelques jours avec toi et pourtant j’ai eu un mal fou à en partir. Alors j’imagine que pour toi…

Ses sourcils se froncèrent. Il venait de songer à une évidence. En se rappelant le peuple des Aokis, humble et infiniment libre au milieu des contrées sauvages du nord, il s’était demandé quel effet cela pouvait-il bien faire de manquer à quelqu’un. A une terre. De ressentir comme un vide immense. C’est là que l’évidence lui avait sauté aux yeux : il connaissait cet effet ! Il l’avait ressenti en rentrant chez lui. Désormais, une maison, une famille l’attendaient. Lui aussi avait des racines quelques part en ce monde… C’était grisant. Il tourna la tête vers Khia et croisa à nouveau son regard de banquise.

- Dis-moi quelque chose dans ta langue.

Le coquillage était toujours au creux de sa paume.


[Ben, pareil xD]
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Kanaëkhian Kwaekoanok
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MessageSujet: Re: Nuit d'argent [Gil]   Nuit d'argent [Gil] Icon_minitimeJeu 05 Mar 2020, 11:56


Non. Décidément non. Définitivement non. Khia n’était pas le genre de personne à s’encombrer de pudeur. Aussi, elle haussa simplement les épaules dans un éclat de rire quand son ami lui suggéra que, dorénavant, elle vienne l’aider sur l’avancée des travaux sur sa maison. Enfilant une tunique, qu’elle agrémenta d’une petite ceinture au niveau de la taille. Le décolleté était fluide, ainsi elle se sentait à l’aise. Comme le vêtement lui tombait jusqu’à mi-cuisse, la jeune femme décida de ne rien mettre en dessous – après tout, elle était chez elle, elle pouvait bien faire ce qui lui chantait. La Marchombre secoua doucement la tête en se tournant complètement vers Gil.

- « Oh, je suis certaine que tu exagères, il y a encore plein de choses à améliorer dans cette maison… » décréta Khia, sur le ton de la plaisanterie.

Un éclat malicieux au fond de ses beaux yeux de glace, la grande blonde glissa une main dans sa longue crinière. Avant d’apostropher son ami, sans se départir de son naturel spontané et de sa fraîcheur rayonnante.

- « Bon, alors, comment tu me trouves ? » demanda-t-elle, en pivotant sur place.

Cela lui laissa quelques secondes de plus pour réfléchir à la question qui était restée en suspens. Si le Septentrion lui manquait ? La réponse naquit en elle comme une évidence : bien sûr que sa terre natale lui manquait terriblement. Sa famille et ses amis d’enfance aussi. Mais l’Aoki en était partie depuis tellement longtemps, elle avait vécu tellement d’aventures qu’elle n’envisageait même pas le moins du monde de retourner y vivre un jour. Son chemin avait été jonché de rencontres qui, chacune à leur façon, l’avait marquée et avait contribué à un moment donné ou à un autre, à forger la femme qu’elle était devenue. Libre et fière de ses origines. Fronçant légèrement le nez, Khia soupira imperceptiblement.

- « Tu as raison, ça me manque beaucoup parfois. Le plus dur, c’est surtout de ne pas pouvoir serrer mes proches dans mes bras aussi souvent que je le voudrais. Mais j’ai trouvé quelque-chose de précieux, ici : une famille de cœur » expliqua la belle Aoki, en ponctuant ses paroles d’un clin d’œil brillant.

Papillonnant légèrement des paupières, la jeune femme traversa la distance qui la séparait de Gil de sa démarche souple et aérienne. Elle s’arrêta juste à quelques centimètres de l’homme : elle dût lever légèrement les yeux pour pouvoir planter son regard dans le sien, si particulier – si proche de celui du garçon qui babillait avec le chat sur la terrasse. Délicatement, la Marchombre dégagea le visage du beau brun ténébreux des quelques mèches qui dansaient follement devant ses yeux. Et puis, alors qu’elle se raclait la gorge, elle posa une main sur le torse de son ami.

- « Ol yst äni. Ol yia ellä nua » prononça-t-elle, dans sa langue natale, avant de traduire pour Gil « Ca veut dire… Tu es mon ami. Je serai toujours là pour toi » expliqua la jeune femme, une étincelle au fond des yeux, et un sourire rêveur sur les lèvres.

La Marchombre retint légèrement son souffle. Ne bougea pas. Sous sa paume, elle pouvait sentir les battements de cœur de Gil. Qui s’accélérèrent de manière ténue.
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Giliwyn SangreLune
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MessageSujet: Re: Nuit d'argent [Gil]   Nuit d'argent [Gil] Icon_minitimeDim 08 Mar 2020, 13:02

Ol yst äni. Ol yia ellä nua.

Gil répéta plusieurs fois les mots chantants dans sa tête, avec l’intonation de Khia. Il voulait les graver dans sa mémoire et ne jamais les oublier. La main de l’Aoki sur son cœur était un baume, un bouclier, un gage d’affection qui faisait battre son cœur un peu plus vite sous le coup de l’émotion. Et de la proximité. Elle était si proche de lui qu’il pouvait sentir son souffle. Elle sentait bon, un mélange de fraîcheur des pins qui bordaient le lac et du citron qu’il avait perçu dans leurs boissons. Sans la quitter des yeux, il posa sa main, celle qui ne tenait pas le coquillage, sur celle de Khia. Elle avait déjà tant fait pour lui. Ces mots prononcés dans sa langue n’étaient pas creux : elle était réellement là pour lui, depuis qu’elle l’avait soigné de sa fièvre lors de leur première rencontre jusqu’à son chant qui l’avait tiré de sa sauvagerie bestiale. Elle était toujours là au bon moment, sans qu’il ait besoin de l’appeler. Et à présent, il apprenait qu’elle habitait pas très loin de chez lui. Jolies coïncidences. Jolie amitié, songea-t-il.

Jolie…

Les yeux de l’envoleur glissèrent vers les lèvres entrouvertes de Khia. Aussi pleines et généreuses que sa personne, légèrement roses et soudain hypnotisé il ne put que se pencher en avant. Très légèrement. Juste assez pour que leurs bouches s’effleurent doucement. De la part de Gil, il s’agissait surtout de curiosité : il voulait savoir. Découvrir ce que cela pouvait bien faire que d’embrasser cette femme qu’il trouvait extraordinaire. Il ne s’était pas attendu au ras de marée que cela provoqua au plus profond de son être : un bouleversement incommensurable et total, comme si un vent puissant balayait fondations et certitudes. Son cœur galopait dans sa poitrine au point d’en être douloureux. Ses lèvres prirent d’assaut celles de Khia, impatientes, dévorantes ; le coquillage tomba par terre et rebondit sur le sol dans un petit bruit qu’il ne perçut pas tandis qu’il la prenait dans ses bras. Ses doigts fourrageaient dans sa lourde chevelure. La flambée de désir qui l’embrasa tout entier lui coupa le souffle. Il était en apnée. Il réalisa après coup qu’il avait plaqué la jeune femme contre le mur. Son coude heurta une étagère, il se cogna la tête contre l’inclinaison du plafond là où ils se trouvaient mais jamais il n’interrompit ce baiser enfiévré.

Et la porte vitrée coulissa.

Stoppé net par ce bruit qui signifiait le retour de Mak dans la maison, Gil se figea, haletant. Il dévisagea Khia et tandis que ses neurones se reconnectaient, il sentit venir les très redoutés Regret, Honte et Culpabilité. Il regrettait d’avoir perdu le contrôle, avait honte de s’être comporté de cette manière dans la chambre de Khia quand son fils n’était pas à six mètres de là et se sentait coupable d’avoir franchi une limite sans en avoir seulement parlé avec elle.

- Gil, j’ai sommeil… on rentre à la maison ?

Il dut se racler la gorge pour lui répondre.

- J’arrive dans une minute, dit-il sans quitter Khia des yeux.

Il aurait donné cher pour savoir ce qu’elle pensait. Il sentait qu’elle tremblait, tout comme lui, et jamais la glace de son regard ne lui avait paru plus scintillante qu’en cet instant. Lentement, il fit un pas en arrière. Le froid l’enveloppa aussitôt.

- Je… excuse-moi. Je ne voulais pas…

Si, il avait voulu. Alors il rectifia avec franchise :

- … je ne voulais pas te mettre dans l’embarras ni te prendre au dépourvu comme ça. Si j’ai dépassé une limite, je te demande pardon.

Plus sage, plus attentif, Gil avouait sa faiblesse et il sentit dame Honte s’en aller. Regret l’accompagna.

- Mais j’ai adoré ça.

Il déglutit. Voilà, c’était à peu près clair de son côté : il avait joué avec le feu, s’était arrêté à temps grâce à Mak et s’était excusé sans rien cacher du plaisir qu’il avait éprouvé. Restait à voir si Khia était du même avis que lui, ou pas. Il n’insisterait pas si c’était le cas. Il allait rentrer avec son fils et sans doute prendre un bain glacé pour se calmer, et leur vie allait continuer. Quid de leur amitié ? C’était ça qui l’inquiétait et qui empêchait Culpabilité de prendre la tangente : des amis ne se sautent pas dessus de cette façon. Ou bien alors ce sont plus que des amis. Et si jamais ça ne marche pas, peuvent-ils encore s’appeler ainsi ? Gil se pencha, ramassa le coquillage et le contempla, les oreilles encore bourdonnantes. Finalement, il le tendit à la jeune femme. Espoir venait de poindre son museau.


Ol yst äni. Ol yia ellä nua.


Ces paroles étaient-elles toujours vraies, désormais ?


[... bon, heu, alors. Je n'avais pas vu ça venir alors surtout surtout si quelque chose t'ennuie tu me dis Shocked Rolling Eyes]
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Kanaëkhian Kwaekoanok
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MessageSujet: Re: Nuit d'argent [Gil]   Nuit d'argent [Gil] Icon_minitimeLun 09 Mar 2020, 12:01

Khia papillonna doucement des paupières. Il lui fallut de longues secondes avant que ses neurones ne se reconnectent complètement. Le dos collé contre le mur, le souffle court, la jeune femme réalisait ce qu’il venait de se passer : le goût de Gil était profondément imprimé sur ses lèvres et, le regard brillant, la Marchombre se surprit à songer qu’elle aimait cette sensation. Et qu’elle en voulait encore ! Troublée, l’Aoki laissa son ami reculer de quelques pas, mais elle ne put s’empêcher d’afficher un petit sourire presque niais sur ses lèvres. L’excuse que Gil formula d’air tout penaud acheva de ramener la jolie blonde à l’instant présent : elle secoua la tête en soupirant imperceptiblement.

La Marchombre ouvrit la bouche, pour la refermer aussitôt. Elle ne comprenait pourquoi son ami s’excusait ainsi, mais s’il en ressentait le besoin alors elle l’accepterait volontiers. Qui était-elle, après tout, pour dicter à qui que ce soit sa conduite. La jeune femme était bien trop amoureuse de sa liberté pour se permettre de la dérober aux autres. Ce n’était pas dans sa nature, non !

Se mordillant la lèvre inférieure, Khia planta son regard de glace dans celui, si particulier, de Gil. Le rythme effréné des battements de son cœur peinait à ralentir – elle avait même l’impression que ses côtes allaient se briser littéralement sous l’impact du sang qui pulsait puissamment dans ses veines. Inspirant une petite goulée d’air, la jeune femme s’avança de deux pas, réduisant à nouveau la distance entre son ami et elle. L’Aoki baissa les yeux sur le coquillage, souvenir d’une plage du Septentrion. De sa main droite, elle le prit dans le creux de sa paume, tandis que de sa main gauche elle agrippa la nuque de Gil pour presser ses lèvres contre les siennes. Doucement. Délicatement. Presque timidement.

Cette fois-ci, ce fut elle qui rompit la première cet échange, dans un signe du menton entendu.

- « Vas, occupes-toi de ton petiot » dit-elle, compréhensive « On se retrouve tout à l’heure… », ajouta-t-elle avec un clin d’œil malicieux.

~ * ~ * ~

Les pieds dans l’eau, seulement éclairée par la lumière cristalline de la lune, Khia réfléchissait. Elle pensait à se baiser. Oh elle connaissait bien la nature de Gil : c’était un Envoleur ! Il dégageait une aura similaire à son ancien amant, et pourtant tellement différente. C’était jouer avec le feu, que de fricoter avec ce genre d’homme un peu torturé sur les bords. Mais la Marchombre n’y pouvait rien, c’était plus fort qu’elle : depuis le premier jour où elle avait rencontré Gil, elle ressentait le besoin pressant de le réconforter, de l’écouter, juste d’être là. Cet homme-là, il était plus que torturé, il était brisé par la vie. Elle l’avait bien senti. C’était ce qui l’avait attiré, d’une certaine manière. Parce qu’elle avait senti aussi cette dualité en lui : Gil était capable d’une grande sensibilité et, finalement, n’aspirait finalement qu’à être entouré, aimé.

Ce baiser. La belle Aoki portait deux doigts à ses lèvres. Que signifiait-il ? Etaient-ils plus que des amis, finalement ? Rien qu’à cette pensée, le cœur de Khia s’emballa et elle dû se forcer à expirer lentement pour se calmer. La Marchombre n’eut pas le temps de se perdre plus loin dans ses réflexions : un bruissement très léger parvint à ses oreilles. Il était là.

- « Moi aussi, j’ai adoré » décréta Khia, sans se retourner, le regard toujours rivé sur la surface scintillante du lac Chen.

La jeune femme laissa filer quelques secondes, avant de se retourner enfin. Il était là, à quelques mètres à peine. Pourtant Khia ne bougea pas. Ses magnifiques yeux bleu glacier brillaient d’une rare intensité. L’Aoki inspira brièvement, cherchant encore un peu ses mots.

- « Tu sais, il y a un proverbe de chez moi qui dit que la vie est comme l’océan, plein de richesses, d’espoir et d’aventures… » commença-t-elle, songeant soudain qu’en fait, ce proverbe était sans doute une définition parfaite de la façon dont elle entendait vivre sa vie « J’ai très envie d’aller plus loin avec toi, Gil. Mais est-ce que tu te sens prêt, toi ? » avoua-t-elle.

Soudain nerveuse, Khia frissonna légèrement. Etaient-ils plus que des amis ? Quoi qu’il se passe, en tout cas, tout était clair pour elle : elle serait toujours là pour lui. Toujours !







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MessageSujet: Re: Nuit d'argent [Gil]   Nuit d'argent [Gil] Icon_minitimeSam 25 Avr 2020, 00:26

Gil se faufila entre les branches emmêlées de deux grands saules, et se figea en découvrant le lac. Non. Il se figea parce qu’il aperçut Khia au bord de ce dernier. Elle s’était avancée dans l’eau qui lui arrivait un peu au-dessus des chevilles. Immobile, il observa de quelle façon la lune éclairait ses longs cheveux tressés, brillants d’une même teinte sélène. A nouveau, son coeur s’emballa. Il fronça les sourcils. En chemin, tandis qu’il raccompagnait Mak chez eux, il avait eu le temps de réfléchir à la situation ; de revenir sur cet épisode pour le moins incongru. Ce n’était pas le baiser en soi qui était étrange. L’un comme l’autre, ils n’en étaient pas à leur premier - et certainement pas à leur dernier. Non, ce qui tourmentait Gil, c’était plutôt le virage soudain que prenait leur relation.

- Moi aussi, j’ai adoré.

Il sourit, toujours immobile et silencieux, à la limite des arbres qui plongeaient leurs racines dans la berge. C’était l’essentiel. Quoi qu’il se passe désormais, rien ne pouvait davantage le préoccuper que le fait de blesser, même inconsciemment, cette femme qui avait tant fait pour lui. Il se rendit compte qu’il tenait à elle, et beaucoup plus qu’il ne l’avait imaginé. Quand elle tourna la tête vers lui, il comprit aussi que leur amitié était intacte. Il ignorait au juste d’où pouvait bien lui venir cette certitude, mais elle l’apaisa un peu. Il attrapa le dicton au vol, l’étudia avec l’expérience d’un homme qui a déjà vécu plus de choses en une seule vie que l’on pourrait en vivre en dix. Il hocha la tête, puis, enfin, se décida à avancer. Quittant ses bottes qu’il laissa près des saules, il plongea les pieds dans l’eau fraîche.

- J’ai très envie d’aller plus loin avec toi, Gil. Mais toi, est-ce que tu te sens prêt ?

Il s’arrêta à côté d’elle et contempla l’étendue paisible du lac. La surface semblait chercher à imiter le ciel et elle y parvenait presque lorsque sa mouvance naturelle ne trahissait pas son illusion.

- Je ne sais pas, avoua-t-il ton bêtement. Pour être honnête, je crois que non.

C’était trop tôt ; il apprivoisait doucement son humanité tout juste retrouvée et avait encore l’étrange sensation de ne pas encore avoir recouvré son équilibre, ni renoué avec ses repères : il réapprenait à se connaître… et il sentait qu’il ne fallait pas précipiter certaines choses. L’ancien Gil aurait ricané - lui, le fou, l’homme pressé, perpétuellement en train de danser avec le hasard et le danger comme si rien ne pouvait arriver. Le nouveau Gil était plus sage. Plus réfléchi. Il savait au contraire que tout pouvait arriver. Il avait une famille à protéger. Des amis qu’ils ne souhaitait pas décevoir. Khia était… dans une autre catégorie. Elle était juste à côté de lui, il pouvait sentir son bras contre le sien, et il entremêla d’instinct ses doigts avec les siens. Mais s’il était certain de partager son envie, il n’était sûr de tout ce qui pouvait encore se passer entre eux.

- Pas… tout de suite, en tout cas. Ce soir, je veux juste… j’aimerais bien que…

Il se sentit brusquement rougir et ça le laissa perplexe : sa demande lui paraissait à la fois inconvenante et incongrue, mais il avait beau la retourner dans sa tête, il ne trouvait pas de formulation appropriée. Agacé, il claqua de la langue, puis tourna la tête vers Khia.

- Dormir avec toi. Sans forcément… aller plus loin.

Enfer. Il avait l’impression d’être aussi à l’aise qu’un puceau. Heureusement que Syles n’était pas là pour assister à ce désastre. Il baissa la tête, contempla l’eau qui scintillait sous ses yeux, soudain inquiet à l’idée qu’elle se vexe, s’offusque, se lasse ou bien le rejette. Il se raidit inconsciemment en se préparant à toutes ces éventualités.
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MessageSujet: Re: Nuit d'argent [Gil]   Nuit d'argent [Gil] Icon_minitimeSam 25 Avr 2020, 11:07

Décoche un sourire éclatant.

" Tu es trop mignon quand tu rougis !"

Resserre un peu plus ses doigts autour des siens.

"C'est une sage décision Gil. Je suis curieuse de savoir si un nous peut exister, donc j'attendrai que tu sois prêt"

Hoche doucement la tête.

"Mais tu sais quoi ? Quoi que puisses nous réserver une telle aventure, je serai toujours là pour toi. Tu es mon ami avant tout..."
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MessageSujet: Re: Nuit d'argent [Gil]   Nuit d'argent [Gil] Icon_minitimeSam 25 Avr 2020, 14:07

(Marmonne avec une moue boudeuse)

- Oh, ça va...

(Le silence ponctue les paroles de Khia. Il ne dit rien pendant un long moment. Finit par soupirer.)

- Depuis que ma meilleure amie n'est plus là, mon monde se casse la figure. Il n'a pas cessé de tourner, m'emportant avec lui dans cette ronde effrénée. Mais il y a eu un petit instant où, tout à coup, j'ai retrouvé l'équilibre. C'est quand tu m'as enlevé dans le Septentrion.

(Il sourit en la sentant réagir)

- Oui ! Enlevé, il n'y a pas d'autre mot !

(A nouveau, le silence. Réconfortant.)

- J'ai la sensation de tenir sur mes deux jambes quand tu es là. Hum... sauf quand je t'embrasse. Là, j'ai plutôt l'impression que mes genoux flanchent.
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MessageSujet: Re: Nuit d'argent [Gil]   Nuit d'argent [Gil] Icon_minitimeSam 25 Avr 2020, 15:20

Son regard brille d'une étincelle malicieuse.

- "Ca me touche beaucoup, et je dois bien dire que ça me flatte un peu aussi d'avoir pu t'aider à retrouver un petit peu d'équilibre..."

Prends un air soudain très sérieux, et très calme à la fois.

- "Mais je crois que là se trouve tout le problème : ça doit être à toi-même d'être ton propre équilibre. C'est important, pour toi déjà. Et puis pour Mak, aussi. Et tout ceux que tu aimes. C'est pour cette raison, que j'attendrai tout le temps qu'il faudra pour que tu sois prêt"

Observe le silence un instant, avant de reprendre sur un ton plus léger. Taquin même.

- "Par contre, je peux tout-à-fait t'y aider, c'est dans mes cordes ça ! Enfin, si tu n'as pas peur de te faire enlever à nouveau !"
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MessageSujet: Re: Nuit d'argent [Gil]   Nuit d'argent [Gil] Icon_minitimeDim 26 Avr 2020, 11:06

- Mon propre équilibre...

Son regard dérive sur la surface du lac, suis les ronds provoqués par le mouvement d'un poisson.

- J'y travaille, oui. Je crois que ce qui m'est arrivé a laissé quelque chose de positif, dans tout ça.

Il n'a jamais évoqué cet épisode depuis son retour à la raison. Et soudain, il réalise que...

- Je ne t'ai jamais remercié. Je sais, tu n'en as pas besoin mais moi, si. J'aimerais vraiment faire quelque chose pour toi. Maintenant ou dans dix ans. Tu n'as qu'à demander. D'accord ?
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MessageSujet: Re: Nuit d'argent [Gil]   Nuit d'argent [Gil] Icon_minitimeDim 26 Avr 2020, 12:17

Elle hoche doucement la tête.

- "D'accord, Gil"

Plante son regard glacier dans celui de son ami.

- "On ne te l'as peut-être pas dit souvent, mais tu es quelqu'un de bien, vraiment. Torturé, indéniablement, et c'est sans doute ce qui m'a touchée. Mais oui, je le pense, tu es une belle personne Gil."
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MessageSujet: Re: Nuit d'argent [Gil]   Nuit d'argent [Gil] Icon_minitimeDim 26 Avr 2020, 14:17

- Est-ce que tu dis ça pour que je t'embrasse encore ?

(Moue amusée).
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MessageSujet: Re: Nuit d'argent [Gil]   Nuit d'argent [Gil] Icon_minitimeDim 26 Avr 2020, 14:26

-" Et si c'était le cas ?"

Tire la langue avec espièglerie.
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MessageSujet: Re: Nuit d'argent [Gil]   Nuit d'argent [Gil] Icon_minitimeDim 26 Avr 2020, 15:56

Si c’était le cas…

Sans lâcher sa main, Gil te tourna vers Khia. Il était légèrement plus grand qu’elle. Et si proche. Sans un mot, il plaça sa main libre derrière la nuque de l’Aoki et se pencha pour capturer ses lèvres.

- Je dirais que c’est futé, murmura-t-il, son front appuyé contre le sien.

Et il l’embrassa de nouveau.


*


Il était couché dans son lit, la poitrine plaquée contre son dos, un bras sous sa nuque mais replié pour la retenir dans son étreinte. Le menton posé sur le sommet de son crâne, il écoutait ses tranquilles battements de coeur et se perdait dans un demi songe. A l’exception de Tsukia, il n’avait pas dormi aux côtés d’une femme depuis des mois. Pourtant il était sage. Paisible. Non pas dédaigneux des courbes qu’il sentait contre lui, mais appréciateur de cette proximité qui n’exigeait rien. Il était juste bien. Ils avaient laissé la baie vitrée ouverte sur la nuit, l’un comme l’autre ayant toujours besoin d’ouvertures pour être serein ; la brise nocturne faisait danser les rideaux dans un froissement continu. Les stridulations d’un criquet accompagnaient ce murmure, rejoints de temps à autre par le cri lointain d’un chat huant.

- Je dois retrouver quelqu’un, mais ensuite, je veux bien retourner là-haut avec toi.

Sa voix n’était qu’un souffle, mais il savait qu’elle ne dormait pas et qu’elle l’avait entendu. Il se devait d’abord de voir Neige ; le bandana enroulé autour de son poignet le lui rappelait chaque jour. Toutefois, la belle Aoki avait réveillé en lui ce sentiment de quiétude absolue qu’il n’avait ressenti nulle part… sauf dans le Septentrion. Il n’avait qu’à fermer les yeux pour voir les tentes de peaux et entendre le rire des enfants. L’odeur du saumon sauvage, l’air salé et piquant, les plaines balayées par des vents capables de déraciner des arbres et des hommes… Impérieux, le besoin de fouler cette terre à l’apparence inhospitalière le tarauda. Il resserra les bras autour de Khia.

- Je crois que ça peut m’aider.

Difficile d’expliciter, même pour son amie ; depuis son entrevue avec Dil’Duran, Gil avait l’impression qu’un souffle puissant le propulsait en avant. Il se trouvait qu’il était incapable de résister à une telle force, et… qu’il n’en avait pas envie. Son fils allait bien, Nora aussi, et Tsukia, à sa manière ; ils veillaient les uns sur les autres et n’avaient pas besoin de lui pour assurer ce rôle en permanence. Neige était une solitaire, tout comme lui. Il ne pouvait pas affirmer qu’il la connaissait par coeur, mais il avait compris qu’en dehors de leurs leçons elle avait besoin d’air. Syles avait retrouvé sa mère. Il n’était pas à l’abri des ennuis et ne le serait probablement jamais, s’il avait bien suivi les enseignements de son cabochard de maître ; guère plus que Kaünis, il n’avait besoin de ce dernier sur son dos. Il se disait alors qu’il pouvait partir. S’exiler, non pas indéfiniment mais le temps qu’il faudrait pour poursuivre cette quête intérieure. Ou plutôt, cette reconquête de lui-même.

- Je sais que tu peux m’aider, ajouta-t-il, davantage pour lui-même que pour elle.

Il ne sentit pas le sommeil le gagner. A son réveil, un soleil lumineux entrait dans la maison par la fenêtre toujours grande ouverte. Encore empêtré dans les brumes de ses songes, Gil tendit le bras. Il ne rencontra que du vide. Ouvrant un oeil, puis deux, il roula sur le dos et scruta les veines du bois au plafond. Il n’arrivait pas à se rappeler de la dernière fois où il s’était permis de traîner au lit de la sorte. Renonçant à fouiller dans sa mémoire - cela remontait sans doute à plusieurs années - il se leva et descendit dans le séjour. Totalement nu. Khia n’était absolument pas gênée par la nudité, lui non plus, alors à quoi bon se couvrir quand tout ce dont il rêvait, c’était de piquer une tête ? Sans croiser personne, il sortit sur la terrasse, puis descendit sur la berge. Le ciel était magnifique, dénué de nuages et d’un bleu céruléen qui éblouissait presque autant que le soleil lui-même. Celui-ci jouait de ss reflets sur la surface du lac. Se déplaçant aussi souplement qu’un fauve, Gil suivit l’unique ponton de bois qui partait de la rive, et plongea sans éclaboussures.

Il ondula sous l’eau aussi longtemps que ses poumons le permirent avant de crever la surface, cette fois-ci dans une gerbe iridescente. Secouant la tête pour chasser les gouttes qui lui tombaient devant les yeux, il passa sa main dans ses cheveux pour les ramener en arrière et reprit son souffle avec bonheur. Son regard balaya les environs, admirant l’onde enflammée bordée par la végétation et observant la maison de Khia qui se dressait fièrement sur la berge. Il ne l’avait vue que de nuit et apprécia une nouvelle fois la construction qui, loin de dénaturer le paysage, semblait s’y confondre avec évidence. Il était en train de se demander s’il avait assez faim pour rentrer lorsqu’une main se referma sur sa cheville et l'entraîna malicieusement sous la surface.
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MessageSujet: Re: Nuit d'argent [Gil]   Nuit d'argent [Gil] Icon_minitimeDim 26 Avr 2020, 21:06

Ce fut un rayon de soleil qui tira la Marchombre de son sommeil. Plissant légèrement les yeux, la jolie blonde réajusta sensiblement sa position et, lorsque son dos rencontra le torse de Gil, Khia se souvint soudainement qu’ils avaient passé la nuit ensemble. Les souvenirs qui se rappelèrent à elle lui confirma qu’il ne s’agissait pas simplement d’un rêve – d’un rêve très agréable. Le parfum de son ami se mêla aux souvenirs, rendant l’instant plus réel encore. Les dernières paroles de l’Envoleur lui revinrent en mémoire et la jeune femme sourit distraitement.

Oui, songea-t-elle, nous y retournerons. Je te ferai découvrir des secrets ancestraux, mais surtout je t’apprendrai à te voir tel que, moi, je te vois. Cette idée plaisait beaucoup à la jeune Aoki : ses pensées s’envolèrent vers sa mère et le bonheur qu’elle vivrait quand elle pourrait à nouveau serrer sa fille dans ses bras. Puis, elle imagina les bêtises que Denali et Isha pourraient bien inventer pour distraire Mak. Soupirant imperceptiblement, la jeune femme finit par se lever, se déplaçant sur le plancher à pas de loup pour ne pas réveiller son compagnon d’une nuit – et plus encore, espéra-t-elle sincèrement.

S’aventurant sur le ponton qui filait de manière presque irréelle sur le lac Chen. La lumière du matin était juste magnifique. Savourant la chaleur des rayons du soleil sur sa peau nue, la Marchombre inspira en levant les peaux vers le ciel. Ses mouvements étaient fluides et dégageait une sérénité incroyable. La Gestuelle était devenue un véritable rituel pour Khia, elle la considérait comme une sorte de salutation au soleil. Au petit jour naissant. Cela lui donnait toujours l’énergie dont elle avait besoin pour la journée, l’emplissait de positivité et d’une bonne humeur contagieuse.

Après ces quelques minutes de sérénité absolue, la Marchombre s’adonna à quelques étirements. Après quoi, elle se dirigea vers la petite cuisine rustique, mais fonctionnelle, pour préparer un petit-déjeuner de roi. Jus de fruits frais pressés, brioche maison, thé au rougeoyeur, miel, confitures maisons en tout genre et quelques fruits secs. Lorsque tout fût prêt, Khia poussa un petit soupir de satisfaction avant de réserver ce petit festin pour plus tard. Pour l’heure, son regard glacier était irrémédiablement attiré par la surface scintillante du lac. La jeune femme ne résista pas à un petit plongeon dans l’onde fraîche.

D’un saut élégant et gracieux, la jolie blonde s’enfonça sous la surface pour s’éloigner en quelques brasses. Il fallait bien avouer que Khia était particulièrement à l’aise dans l’eau. C’était un don presque inné chez elle : elle avait grandi près de la mer et avait côtoyé l’océan le plus capricieux du monde connu. En plus, son peuple possédait également d’incroyable talents de navigation. La Marchombre plongea soudain, telle une sirène ; elle repéra un banc de sable à cinq ou six mètres de profondeur, environ. Attirée comme un petit papillon, elle s’allongea sur le sable, sa longue crinière blonde formant une couronne autour d’elle. Elle resta ainsi, sans bouger, durant de longues secondes – peut-être même une ou deux minutes.

Soudain, une ombre voila légèrement la lumière du soleil et Khia eut un petit sourire espiègle. Se redressant, elle prit une impulsion puissante sur ses pieds pour remonter vers la surface du lac. Mutine, elle agrippa la cheville de Gil et tira d’un grand coup, attirant ce dernier sous l’eau, avec elle. Crevant la surface, sans faire la moindre bulle, la jeune femme éclata de rire en découvrant la tête de l’homme : il arborait une mine faussement boudeuse absolument adorable !

- « Salut Snygg, bien dormi ? » le salua-t-elle, avec la bonne humeur qui était la sienne « On dirait que tu n’es pas au courant des légendes qui courent sur les sirènes qui peuplent ce lac » continua-t-elle, taquine « Il paraît qu’elles envoûtent les hommes pour les attirer dans les profondeurs ».







[Un peu court, mais j'avais envie de répondre. J'aime beaucoup ce tournant que leur relation est en train de prendre ^^]
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MessageSujet: Re: Nuit d'argent [Gil]   Nuit d'argent [Gil] Icon_minitimeMar 28 Avr 2020, 11:52

A la seconde où les doigts s’étaient enroulés autour de sa cheville, Gil avait eu le réflexe de retenir son souffle. Mais la surprise ne lui avait guère laissé le temps de refermer la bouche. Il remonta d’un battement de pieds. Les cheveux plaqués sur les yeux, le rire mutin de Khia dans les oreilles, il recracha l’eau et fit la moue. En fait, à travers ses mèches humides, il l’observait. Cette femme était un rayon de soleil, il n’y avait pas d’autre mot. La chaleur de son timbre, l’exotisme de son accent, les notes chantantes des mots qu’elle prononçait dans sa langue, sa façon de vivre, de trouver tout son bonheur dans la simplicité, de s’amuser comme une enfant… il était impossible de ne pas être touché par elle. D’ignorer sa lumière. Ebloui, Gil se frotta les yeux.

- Je suis nouveau par ici, je ne connais pas encore toutes les histoires à dormir debout…

Il ne tarda pas à lui rendre la monnaie de sa pièce. Ce ne fut pas évident car l’Aoki était comme un poisson dans l’eau, et il but la tasse deux fois plus qu’elle ; mais cette partie de jeux dans l’eau lui fit goûter un peu de cette tranquillité à laquelle il aspirait. Le temps n’avait plus d’emprise. Le passé non plus. Seule la faim parvint à les tirer de l’eau - et encore, ils prirent le temps de se sécher au soleil, sans rien perdre de leur humeur taquine, avant de faire honneur au petit-déjeuner. Gil avait tout emporté sur le ponton. Seulement vêtu de son pantalon, les cheveux encore humides, il mangea avec un appétit qu’il ne se connaissait pas.

- J’ai une question.

Le ventre plein, Gil était assis au bout du ponton, en appui sur ses paumes, les jambes se balançant doucement dans le vide. Il profitait des quelques derniers rayons de soleil. celui-ci n’était pas encore à son zénith, mais des nuages avaient fini par arriver et ils n’allaient plus tarder à le masquer. Etait-ce pour cette raison que les interrogations revenaient ? Baissant les yeux, il observa la cicatrice arrondie qui se dessinait juste au-dessus de son genou droit. Seules quelques images lui revenaient, ou plutôt des bribes de sensations fugaces : des brebis désorganisées par la peur, un chien défendant son troupeau de ses crocs…

- Comment as-tu réussi à me retrouver dans les Dentelles Vives ?

Il ne s’agissait pas de ressasser le passé, mais bien de l’accepter. Et pour cela, une seule solution : comprendre. Gil jeta un coup d’oeil à son amie. Khia, Nwëlla, Juhen, Neige, Lëroya, Tsukia, Atal… ils avaient tous joué un rôle dans son sauvetage. C’était à eux qu’il devait ce moment de paix au bord du lac. Il voulait donc entendre chacun d’eux, même si cela devait prendre un temps fou.

Le jeu en valait la chandelle.


[Très court, mais moi aussi j'avais envie de répondre ! Oui, il y a quelque chose d'intéressant qui est en train de se construire, j'apprécie beaucoup également Nuit d'argent [Gil] 116397507]
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MessageSujet: Re: Nuit d'argent [Gil]   Nuit d'argent [Gil] Icon_minitimeMer 29 Avr 2020, 23:34

Assise sur le rebord du ponton, une jambe repliée contre sa poitrine et l’autre se balançant délicatement dans le vide, Khia laissa planer la question de Gil dans l’atmosphère. Le regard de la Marchombre se perdit un instant dans la contemplation de la surface scintillante du lac. Ce qu’elle allait lui révéler ne serait pas forcément facile à entendre, mais la belle Aoki comprenait parfaitement que son ami ait besoin d’évoquer cette période où il avait sombré dans la folie la plus sombre. Oh, elle se doutait bien que ce n’était pas simplement pour le plaisir de ressasser des souvenirs – ou, au contraire, l’absence de souvenirs. Hochant doucement la tête, la jeune nordique posa sa main sur celle de l’homme.

- « Je me doutais bien que tu aurais besoin d’explications, un jour ou l’autre » avoua Khia, sans se départir de sa sérénité incroyable.

Fronçant légèrement le nez, la jeune femme songea que certains ne seraient pas forcément d’avis à lui révéler les horreurs qu’il avait pu commettre, dans sa démence. La Marchombre haussa toute seule les épaules, balayant ses réflexions d’un simple revers de main : elle n’était pas comme les autres. Prenant une petite inspiration, l’Aoki commença son récit. Elle lui révéla d’abord la façon dont elle avait appris sa disparition soudaine, par l’intermédiaire de Seth Jol, un jeune apprenti Marchombre prometteur. Elle se souvenait parfaitement d’avoir rassuré ce gamin, un soir d’hiver. Même si, à l’époque, cela faisait plusieurs longs mois qu’il n’avait pas revu Gil, cela se voyait dans le regard de ce garçon, cela se lisait dans son inquiétude, à quel point il considérait l’Envoleur comme un frère – peut-être même comme un père.

Tandis que le ciel se voilait d’un épais manteau de nuages sombres, Khia continua son histoire, s’attardant ensuite sur sa rencontre avec Atal et Nwëlla – elle connaissait déjà Juhen, donc elle n’avait pas eu trop de mal à s’intégrer à leur petit groupe, soudé par une solide amitié. Elle enchaîna sur les longues semaines de traques, à chercher le moindre indice, à suivre les rumeurs, sans jamais baisser les bras. Et surtout, malgré les horreurs et les cadavres, à ne jamais de retrouver un homme. Pas un monstre, mais bel et bien un homme !

Les premières gouttelettes de pluie tombaient déjà quand la jolie blonde poursuivit son histoire sur cette traque dans les profondeurs de la montagne. Tout était allé tellement vite ! Au final, ce qui avait été le plus, cela avait été ces longues journées d’efforts, pour réactiver des souvenirs, des sensations enfouies tout au fond de cet homme blessé par la vie. Non sans une note d’humour, Khia expliqua à son ami comment ils avaient tous tenu à le veiller, à l’entourer, à l’aider. Sa présence à elle avait été plus discrète, plus ténue, se résumant à bercer les nuits agitées de son ami par des chants de son clan.

- « Quant à la suite, tu la connais… » conclut la Marchombre, en plantant son regard dans celui de Gil d’un air entendu.

La pluie s’abattit soudain un peu plus fort, forçant les deux amis à se replier à l’intérieur de la maison. Essorant négligemment sa longue chevelure claire, l’Aoki entreprit ensuite de préparer un thé au rougeoyeur – il n’y avait rien de tel pour se réchauffer par un temps pareil.

- « Tu sais » fit-elle, alors qu’elle préparait les deux tasses « Il ne faut pas t’en vouloir. Tu as vécu des choses atroces, mais tu peux te vanter aujourd’hui que ces épreuves ont forgé celui que tu es aujourd’hui » décréta Khia, avec philosophie.

Retournant dans le salon, la Marchombre posa les deux tasses sur la table basse, puis s’installa dans le large canapé, à côté de son ami. C’est seulement à cet instant qu’elle remarqua cette lueur dans son regard. Gil arborait cette expression un peu béate de celui qui venait de réaliser quelque-chose. Quelque-chose d’important. Khia haussa un sourcil.

- « J’ai dit quelque-chose qu’il ne fallait pas ? » s’inquiéta l’Aoki.

Si seulement elle s’attendait à ce qu’il était sur le point de dire…








[Pas fameux, tu m'en veux pas trop j'espère ? grosyeux ]
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MessageSujet: Re: Nuit d'argent [Gil]   Nuit d'argent [Gil] Icon_minitimeDim 03 Mai 2020, 11:54

- Je me doutais bien que tu aurais besoin d’explications, un jour ou l’autre…

Et Khia raconta. Sa voix grave et chantante, embellie par son accent, emporta Gil dans un voyage bien étrange. C’est à travers son regard à elle, et non pas le sien, qu’il retrouva d’abord Seth, et il lui sembla qu’une des aiguilles de sa greffe s’était enfoncée dans son coeur à l’évocation du garçon. D’après l’Aoki, il allait bien. Comprenant qu’il s’agissait là d’un essentiel dont il lui fallait se contenter en attendant de retrouver le fils de Naïs, Gil poursuivit son chemin dans les souvenirs de son amie. Avec elle, il gravit les pentes escarpées des Dentelles, son ascension ralentie par les pluies, mais sa détermination galvanisée par la recherche de cet homme qu’elle n’avait pourtant croisé qu’une seule fois. Il retrouva Juhen, fit la connaissance de Nwëlla et d’Atal, songea que ce dernier ressemblait beaucoup à Athénys que Seth, en prenant du muscle, tenait de son oncle ; puis il marcha. Beaucoup. Il croisa ce berger au regard inexpressif qui désignait du doigt deux brebis égorgées. Il traversa un village dans lequel les gens se rassemblaient pour organiser une battue. Il s’accroupit dans l’herbe humide à la recherche d’empreintes. Celles d’un homme, et non d’une bête.

Il se vit, lui. Décharné, les yeux fous, complètement hirsute et crasseux, incapable d’aligner un mot, claquant des mâchoires à la manière d’un loup, la poitrine agitée par un grondement sourd. Sauvage. Il mesura l’effort de ramener cet être tourmenté à la raison. L’attente. La patience. La ronde des proches, leur soutien sans faille en dépit de la frustration, de la peur, de l’incompréhension. S’amusa de la cocasserie de la situation, tous ces individus si différents réunis en un seul et même endroit pour cet homme à l’allure bestiale. Se mit à chanter. Il tissa le passé avec le présent, liant les mots avec assurance, s’emparant de cet héritage ancestral avec précaution pour transmettre, atteindre, apaiser.

- Quant à la suite, tu la connais…

Gil cligna des yeux. Il retrouva pied dans sa propre réalité avec une violence qui l’aurait fait vaciller s’il ne s’était pas trouvé assis. L’écho d’un chant aoki s’emmêlait encore dans ses souvenirs. Le souffle court, il attendit que les battements de son coeur aient retrouvé un rythme tranquille pour tourner la tête vers Khia. Il ouvrit la bouche pour la remercier, et la referma sans rien dire. Comment ? Comment rétribuer pareil dévouement ? Sans elle - sans eux tous - il ne serait pas là. Sans doute aurait-il été attrapé par la colère des villageois, et dilapidé pour venger une veuve aux yeux tristes, et un enfant né sans père. Une vague d’émotion le submergea. Une vie ne suffirait pas à rembourser cette dette immense, il le savait bien, et il se sentait terriblement impuissant. La pluie se mit à tomber, onde frémissante sur le lac, tandis que des nuages de brume apparaissaient ça et là à la surface. Il songea, en se sentant un peu ridicule, qu’il ne serait pas étonné de voir surgir une sirène des eaux troubles, en cet instant.

La persistance soudaine du mauvais temps les fit rentrer à l’abri. Debout derrière la baie vitrée, Gil frotta une serviette sur ses cheveux mouillés tout en regardant le lac décliner les teintes de gris les plus incroyables. Même par temps de pluie, cet endroit était idyllique. Il finit par aller s’asseoir sur le canapé, son nez captant les effluves du thé de rougeoyeur. Et soudain, un déclic se produisit en lui. Là, dans la chaleur de cette maison, dans ce canapé, alors que ses cheveux ébouriffés lui donnaient l’air d’un chiot surpris par la pluie, il comprit. Il comprit quand Khia déposa les tasses fumantes sur la table basse, puis le dévisagea, perplexe. Elle avait dit quelque chose, et cela s’était dilué dans cette prise de conscience aussi soudaine que l’averse quand elle avait masqué le soleil.

- J’ai dit quelque chose qu’il ne fallait pas ?

Il secoua la tête. Non, bien sûr que non. Mais comment lui expliquer ? C’était si simple et si compliqué !

- Tu es la meute.

Silence. Gil réalisa brusquement que ce n’était sans doute pas par-là qu’il fallait commencer. Il passa une main nerveuse dans ses cheveux humide, les désorganisant davantage si cela était possible, secoua la tête à nouveau, chercha ses mots.

- Je les connais tous depuis un moment. Tsukia, Atal, Nwëlla… cela ne minimise pas l’immense bravoure dont ils ont fait preuve pour me tirer de là, mais toi, tu ne m’avais vu qu’une seule fois.

Il avait été séduit par son insouciance, sa façon d’être. Et détourné la tête quand elle avait essayé de l’embrasser. Alors, elle l’avait entraîné jusque dans les steppes sauvages du Septentrion. Des mois plus tard, elle s’était unie à des inconnus et son chant lui avait redonné son humanité. Sans le savoir, il avait bâti sa maison non loin de la sienne. Cette fois-ci c’était lui qui l’avait embrassée, et peut-être - sans doute - le ferait-il encore. Mais ce n’était pas ça, l’essentiel. C’était le tout que cela formait. La réponse à une question qui ne s’était même pas posée. Une nuit tranquille, un thé de rougeoyeur. Le bonheur dans son plus simple appareil, et la certitude, absolue, que les dernières pièces d’un puzzle se mettaient en place.

- Je suis un loup têtu, solitaire et sauvage. Au sens figuré, même si dernièrement, le sens propre a aussi été illustré. Mais un vieil homme m’a dit un jour que, tout loup que j’étais, je ne pouvais pas vivre seul : j’avais besoin de compagnons de route. Ma meute. Je n’avais pas saisi l’importance de ton implication dans ma vie, jusqu’à maintenant : tu n’es pas là par hasard, Khia. Tu es lié à moi, je suis lié à toi, sans que cela s’explique autrement que par cet esprit de meute auquel je suis fondamentalement attaché.

Il la regarda, guettant sa réaction… Peut-être allait-elle rire de sa bêtise ou bien le prendre pour un fou. Elle aurait raison, mais il n’était pas inquiet, parce que désormais, il savait.

Cette femme-là, jamais il ne l’abandonnerait.


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Kanaëkhian Kwaekoanok
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MessageSujet: Re: Nuit d'argent [Gil]   Nuit d'argent [Gil] Icon_minitimeDim 03 Mai 2020, 16:57

Tu es la meute.

Ces mots résonnèrent dans l’esprit de Khia, tandis qu’elle fronçait légèrement les sourcils, la tête penchée sur le côté dans l’attente de plus d’explication. Parce que Gil n’avait pas fini, loin de là. Elle le savait. Elle le sentait. Et elle avait raison. Sa jambe repliée sous le poids de son corps commençait à s’ankyloser, mais la Marchombre ne bougea pas le moins du monde. Elle pouvait presque apercevoir les rouages des pensées de son ami fonctionner à toute vitesse, en même temps qu’il parlait. Rien que d’y penser, un petit sourire amusé se dessina sur les lèvres de la belle Aoki. Soufflant délicatement sur le thé au rougeoyeur, la jolie blonde but une longue gorgée, sans jamais quitter Gil des yeux.

Encore surpris par sa propre découverte, l’homme parlait à toute vitesse : c’était aussi rigolo que mignon à vrai dire. Khia était sensible à ce concept de meute. Sans jamais mettre de mots dessus, c’était finalement toujours ainsi qu’elle avait vécu. En y réfléchissant bien, les Aokis – et de manière générale, tous les clans qui vivaient en harmonie avec le rude climat du Septentrion – vivaient telle une meute. Ils s’entraidaient et veillaient les uns sur les autres, le plus naturellement du monde. C’est sans doute ce qui expliquait que leur mode de vie persistait depuis des dizaines d’années, en ces terres malmenées par les éléments. Quand la voix de Gil s’évanouit dans l’atmosphère, la Marchombre hocha doucement la tête.

Décollant son dos du canapé, la jeune femme posa sa tasse sur la table basse, avant de s’installer plus confortablement sur l’assise. Tandis qu’elle glissait une main dans sa longue crinière blonde, Khia réfléchissait. Elle était profondément touchée par les mots de son ami et elle appréciait réellement ce tournant que prenait soudain leur relation. Entre eux, tout était d’une étonnante simplicité. Une simplicité teintée de complicité : loin de se départir de son humour, l’Aoki lança une petite pique taquine.

- « C’est une déclaration d’amour, Monsieur SangreLune ? »

Le regard de la Marchombre était rieur lorsqu’elle fit basculer le poids de son corps sur ses genoux pour cueillir le loup d’un baiser papillon sur le bout du museau. Fière de sa plaisanterie, Khia laissa retomber ses fesses sur le canapé.

- « Tu sais quoi ? J’aime beaucoup cette idée et je suis très fière de faire partie de ta meute » décréta Khia, un éclat brillant dans le regard « Enfin, d’être ta meute »

Elle était vraiment sincère – elle l’était toujours, à vrai dire. Cela lui rappelait un peu un conte aussi vieux que les plus âgés de son clan. Sa mère le lui racontait souvent, quand elle était petite. Un jour, son père lui avait révélé, qu’en fait, il s’agissait du mythe qui racontait la création du clan. Khia eut envie de partager ce petit bout d’elle-même à son ami.

- « Il y a une histoire, chez moi, qui raconte l’histoire d’un vieux loup solitaire et d’une sirène » dit-elle, le plus naturellement du monde.

Ainsi l’Aoki commença-t-elle son récit. La légende racontait qu’un vieux loup rôdait sur les terres du nord, errant seul, parcourant des dizaines de kilomètres par jour pour fuir la présence de ses congénères. Un jour, toutefois, il arrêta sa course sur une plage sans cesse balayée par les vents : son âme fut touchée par le chant le plus merveilleux qu’il soit. Si chaque soir le loup partait se réfugier à l’abri de la montagne, tous les jours il revenait sur la plage et s’approchait un peu plus. Un matin de printemps, il la vit, cette sirène à la chevelure d’argent. Mais il vit aussi la toute petite chose, emmaillotée sur le sable humide : c’était un petit d’homme, si fragile. Selon la légende, la sirène chantait pour le jour, tandis que le loup berçait ses nuits.

- « Mon père disait toujours que ce bébé était l’ancêtre de notre clan et que nous sommes les enfants de la mer autant que de la terre » conclut la Marchombre « Tu me rappelle un peu ce loup, Gil. Solitaire mais protecteur. Solitaire, mais infiniment sensible » ajouta-t-elle, avec un clin d’œil malicieux.

Et elle ? Se pouvait-il qu’elle soit la sirène ? Pourquoi pas…, songea-t-elle fugacement, avant d'écarquiller les yeux de surprise.














[Un peu court, mais j'avais envie de répondre ordi   ]
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MessageSujet: Re: Nuit d'argent [Gil]   Nuit d'argent [Gil] Icon_minitimeVen 08 Mai 2020, 16:13

- C’est une déclaration d’amour, Monsieur SangreLune ?
- Hein ? Non ! C’est…


Gil se figea, les yeux clos en une grimace que seul Mak était capable de reproduire, quand l’Aoki lui embrassa le bout du nez. Quand elle se réinstalla correctement, visiblement satisfaite, il se frotta le nez - ça chatouillait, bon sang. Et il se demandait si elle le prenait au sérieux, mais alors qu’il allait poser la question dans un grognement vexé, elle enchaîna, annonçant sa fierté de faire partie de sa meute. D’être sa meute. Il n’aurait peut-être pas cru à ses paroles si elle n’avait pas rectifié d’elle-même cette formule, preuve qu’elle comprenait l’enjeu véritable de ce concept - et que c’était un sujet très sérieux. Il la regarda en train de siroter tranquillement son thé, parfaitement détendue, un éclat rieur au fond de ses yeux si pâles, et il réalisa que même dans le plus grand des sérieux, Khia avait l’esprit léger. Rien ne semblait pouvoir entamer l’insouciance qui la caractérisait. Et une fois de plus, Gil envia cette façon de voir le monde, si belle et si simple.

- Il y a une histoire, chez moi, qui raconte l’histoire d’un vieux loup solitaire et d’une sirène…

Le loup vivait seul, mais sa solitude prit fin le jour où il entendit le chant de la sirène. Envoûté, incapable de s’en défaire, il cessa de voyager pour venir écouter ce chant unique au monde, si proche de celui qu’il poussait la nuit en croyant s’adresser à la lune. L’enfant emmailloté par l’écume était bercé par leurs âmes jumelles. C’était une belle légende. Celle du clan de Khia. Elle s’amusa du parallèle avec lui, loup solitaire qu’elle estimait “infiniment sensible” - et elle avait raison ; lui, il s’amusa de la voir tout à coup ouvrir de grands yeux étonnés. Il sourit et lui attrapa le menton pour la regarder dans les yeux.

- Bien sûr. Toi, tu es la sirène aux cheveux blonds qui envoûte les bêtes et les hommes, tapie dans les eaux turquoises du lac. Et tu sais les comprendre mieux que personne. C’est ton pouvoir.

Et à son tour, il cueillit le bout de son nez d’un baiser, avant de capturer doucement ses lèvres. Puis il termina son thé et se leva. Il avait quelque chose à faire. Une idée lui trottait dans la tête.

- Je ne garantis pas que tes journées vont être aussi paisibles qu’auparavant, maintenant que Mak sait où tu habitudes, s’excusa-t-il. Et je ne garantis pas que tes nuits vont être aussi… solitaires non plus.

Lui en voudrait-elle de revenir le soir-même ? De passer du temps avec elle, même si ce n’était pas forcément pour finir dans son lit ? Regards échangés. Certitude silencieuse. Bien sûr que non. C’était comme une évidence : deux maisons proches, et deux âmes qui s’étaient trouvées. Tout simplement.


*


Parce qu’il n’était pas si rustre, il apporta le repas. La journée s’était écoulée en un éclair : il avait aidé Nora à débarrasser la pièce encombrée de caisses et de paniers qui allait être sa chambre, puis il était monté sur le toit pour réparer la gouttière que la dernière tempête avait délogée. Mak garda ses distances mais baissa la garde quand Gil l’appela pour lui enseigner quelques techniques de noeuds de cordages. En fin de journée, il avait travaillé avec Nora sur les plans de la future serre qu’il voulait lui construire pour protéger son jardin de simples. L’herboriste ne lui posa pas de question sur l’endroit où il avait passé la nuit ; Mak avait déjà raconté en long, en large et en travers leur découverte de la maison au bord du lac. Et pour couper court au malaise de Gil, elle dénicha un panier dans lequel elle l’aida à ranger ce qu’il avait préparé. Pour être honnête, l’envoleur n’était pas très sûr de bien se conduire avec elle, et il se promit d’arranger la situation rapidement.

La baie vitrée était à moitié ouverte et déversait un flot de lumière chaleureuse à l’extérieur. Gil s’y faufila et posa le panier sur la table, puis il chercha Khia des yeux. Où donc était passée la jolie sirène ?
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MessageSujet: Re: Nuit d'argent [Gil]   Nuit d'argent [Gil] Icon_minitimeDim 17 Mai 2020, 20:46

Elle était , la jolie sirène !

Un éclat malicieux dans ses grands yeux bleus étonnants, Khia se faufila en silence derrière Gil. Elle l’avait senti arriver depuis un moment et, fière de sa propre bêtise, elle s’était glissée dans les ombres. Prête à jaillir, tel félin. Enfin, l’Aoki ressemblait presque à un petit chat en l’occurrence : elle était toujours prompte à s’amuser et à faire des blagues. Oh, la Marchombre savait être sérieuse quand il le fallait, mais malgré tout, elle restait toujours positive. Et surtout elle restait elle-même. Aoki et Marchombre. Libre.

Son rire résonna dans toute la maison lorsqu’elle bondit sur le dos de son ami avec une légèreté incroyable. L’homme ne manqua pas de perdre l’équilibre et ils s’écroulèrent tous les deux sur le plancher en riant comme des gamins. Oh, en cet instant, ils n’étaient guère plus ! Et encore, il fallait voir comment cela se termina : après avoir reçu un oreiller en pleine figure, Khia se lança corps et âme dans une bataille qui laissa nos deux comparses essoufflés. Epuisés, même. Mais absolument ravis. Sa longue crinière blonde, s’approchant de teintes presque blanches, lui faisait une couronne. Une main sur l’abdomen, elle s’accorda quelques minutes sans bouger, allongée sur le sol, pour récupérer de leur joyeuse chamaillerie.

Ce fut l’Aoki qui se releva la première. Une fois sur ses jambes, elle tendit une main amicale à Gil, pour l’aider à se relever à son tour. Son regard était toujours aussi rieur. Et puis, aussi simplement qu’elle avait entamé leur bagarre, elle se dirigea vers la table où son ami avait déposé un panier recouvert d’un torchon. Elle haussa un sourcil, soudain vaguement curieuse.

- « Tiens donc » s’exclama-t-elle en soulevant un pan du linge de maison « Voyons voir ce que tu nous as ramené »

Il fallait bien l’avouer, Khia fut étonnée de tout ce qui Gil avait amené. Avec une moue mi-figue, mi-raisin, elle observa son ami, bras croisés sur sa poitrine pendant quelques secondes, avant de lui administrer une pichenette sur le bout du museau – ça, c’était pour lui faire comprendre qu’il n’avait pas à se sentir redevable. Puis, elle planta un petit bisou sur le coin de ses lèvres – et ça, c’était pour lui signifier qu’elle appréciait l’intention. Qu’elle appréciait vraiment.

~ * ~ * ~

Ils avaient savouré le repas à la lueur des bougies, sur la terrasse. La nuit avait jeté son voile sur le lac et ses environs depuis une heure ou deux, désormais. Comme l’air s’était quelque peu rafraîchi, Khia de rentrer et de s’installer près de la cheminée. Déposant sur la table un paquet de chamallow, qu’elle avait déniché dans une boutique de confiserie réputée d’Al-Chen quelques jours plus tôt, ainsi qu’un bol de chocolat noir fondu, la jeune femme entreprit d’allumer un bon feu. Ils en étaient donc au dessert, quand la Marchombre décréta :

- « Faudra quand même que tu me fasses visiter ta maison, un de ses jours, du coup ! »

Oh, elle était sincère. Elle se demandait réellement à quoi pouvait bien ressembler la maison de Gil. Elle s’imaginait tellement de choses différentes, tellement de possibilités. Et puis, rien que de savoir qu’ils étaient voisins, cela la rendait toute fière. C’était une drôle de coïncidence, pour eux qui s’étaient si bien trouvés. Et même temps, c’était d’une telle évidence. Quelques années auparavant, une telle relation lui aurait probablement fait très peur et elle aurait pris ses jambes à son cou, mais aujourd’hui, elle savait qu’elle était et qu’elle resterait libre envers et contre tout. Peu importait où ses pas la menaient.

Elle en était là, de ses réflexions, quand une idée malicieuse lui traversa l’esprit. Basculant son centre de graviter sur ses genoux, la Marchombre s’approcha doucement de Gil. Elle retint légèrement son souffle alors qu’elle ne se tenait plus qu’à quelques centimètres de lui. Les profondeurs glaciales de son regard plongèrent dans celui de son ami.

- « Bouge pas » souffla-t-elle « Tu as… du chocolat sur le bout du nez ! » s’esclaffa l’Aoki, en essuyant le bout de son doigt, plein de chocolat coulant sur le nez de Gil.

C’est ainsi que s’en suivi une fabuleuse bataille de chocolat qui resterait gravée dans les légendes alaviriennes…








[Après la bataille de polochon, voici la bataille de chocolat... Tu veux savoir ce qui est encore pire : Khia est fière de ses gamineries Nuit d'argent [Gil] 2851059695 ]
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