Groupe Vifé - Cours n°2

Ahm déjà le deuxième cours. J'étais impatiente à l'idée de revoir Raven et Nuhadu. Aussi étrange que cela puisse paraître, je m'étais déjà attachée à Nuha, quoique ce ne fut que par première impression et par très peu de conversation. Aujourd'hui, je m'étais levée tôt, j'avais mangé des fruits cueillis de la veille, des mûres et principalement des framboises, à mon plus grand plaisir. J'avais été plonger et faire quelques brasses dans un lac éloigné, assez froid pour me revigorer de ma longue veillée à travailler. Oui, j'avais été un peu exigeante, mais après tout, je suis une perfectionniste, alors je m'assume pleinement et je fais des exercices pour mieux comprendre ce que j'apprends. J'avais aussi attaché mes cheveux en queue de cheval pour ne pas être aveuglée dans mes mouvements, pour rester concentrée peu importe ce que je faisais.

J'aimais bien la façon dont Raven nous faisait travailler. Je m'étais attachée à la première, mais c'est très difficile de ne pas aimer et de trouver chaleureuse la jolie petite marchombre qu'était Raven. Il faut dire qu'elle avait un sacré caractère, mais n'empêche que je l'aimais bien... J'adorais sa façon d'expliquer, d'être précise sans trop l'être. Je savais que parfois, j'allais l'haïr pour certaines épreuves, mais je devais me souvenir qu'elle était magnifique et que ce n'était pas de sa faute si j'étais de mauvais poil, que ça fait parti de ma voie, qu'elle m'a beaucoup aidé et qu'elle fait beaucoup pour moi. Elle m'entraine dans la voie de ma vie, je ne devais surtout pas l'oublier.

Entendant des pas derrière moi, je ralentis le pas, car j'avais un peu deviné que c'était Nuhadu qui arrivait, je vérifiai d'un coup d'oeil et continuai à marcher en ralentissant un peu mon pas pour lui permettre de venir à côté de moi. Je ne parlais pas, car je savourais la brise sur mon cou. Puis, j'appercue Raven... avec deux chevaux. J'avais toujours aimé les animaux, mais je n'avais jamais esseyé de monter un cheval, je les respectait, les laissant libres d'eux mêmes. Pourtant, leur présence m'arracha un sourire. Raven nous salua, je répondis par un léger hochement de tête. Elle nous fit prendre des brosses et nous laissa choisir notre cheval à l'écurie. Je les examinai tous un par un. Je finit par choisir une jument à l'air calme et joyeuse. Elle avait une belle robe caramel et le bout de ses pattes ainsi que le haut de sa tête étaient blancs. Nous devions les panser. Je commencai donc par me présenter avant de la toucher, ce qui était pour moi une sorte de respect de l'animal. Puis, je m'approchai et attendit qu'elle tende sa tête vers moi pour lui flatter entre les yeux. Je me placai ensuite de son côté droit et commencai à la brosser, doucement, par mouvements précis et doux. J'avais observé Raven et j'avais encré les mouvements dans ma tête. Je lui parlais tout en effectuant les mouvements répétitifs, je lui parlais de moi, de la nature, de ce que j'aimais, tout ce qui était positif, je lui décrivais mon déjeuner du matin, comment je me sentais face au soleil, tout... Je la regardais dans les yeux le plus possible, pour lui montrer qui j'étais. Petite, j'avais toujours cru que s'ouvrir à un animal et lui faire ressentir ce que je ressentais pouvais emmener à établir un contact, à se faire comprendre. J'avais toujours trouvé que les chevaux étaient magnifiques, chevaleresques, grandioses, des merveilles de la nature. Je regardai un peu du côté de mon coéquipier.

C'est le deuxième cours. Enfin pensait-il malgré les douleurs qui parcourent son corps. Raven l'à surement déjà sous-entendu, mais en tout cas elle ne les laisse pas roupiller. Pour tout dire, quelque soit la façon dont l'entraînement se déroule, elle fait comprendre qu'il n'est pas fini, et qu'ils se doivent de le parfaire eux même. Du fait, suite à ses performances peu gratifiantes durant l'examen, le jeune homme s'est mis en tête de devenir irréprochable, et ce en rajoutant à ses entraînements de la courses et des étirements. Le premier parce qu'il n'a jamais entendu parler d'un Marchombre essoufflé, le second parce que Raven, et les autres Marchombres accomplis qu'il a rencontré, sont tous souples ! Et ce dans chacun de leurs gestes ! Leur démarche est si fluide qu'on doute seulement qu'ils marchent.. ils glissent. C'est, semble-t-il une des caractéristiques de base du Marchombre que d'être un mouvement perpétuellement fondue dans l’environnement. Et S'il peut s'en rendre compte, il ne va pas attendre que Raven ne lui reproche d'être trop raide pour s'améliorer. La Voie semble demander son petit lots d'effort personnel tout de même.
Mais aujourd'hui, mis à part la vengeance de ses muscles quant aux efforts de la veille, il n'y a pas grand chose qui annonce une mauvaise journée. Le soleil lui même semble promettre qu'il ne faillira en aucun cas pour ce qui s'apprête à être sa première chevauchée. Oui, il va devoir monter, et il appréhende déjà que l'union avec un cheval ne s'avère difficile. Surtout que dans son souvenir, Adwyn laissait entendre que le ''couple'' parfait de cavalier, celui qui s'entend à merveille, et partage véritablement, n'est pas facile à trouver... Apprendre à monter déjà. Chercher un partenaire ensuite.
Sur la route, il rejoignit Owea qui l'accueilli près de lui sans un mot, mais visiblement joyeuse du ''cours'' à venir. Il offrit un grand sourire, faisant le choix de ne pas rompre ce silence qu'elle goûtait et que lui même avait appris à aimer. Un silence qui fut rompus par l'accueil d'un puissant cheval qui s'éloigna comme une fusée à leur approche. Une salutation de Raven fut le début du cours, salutation à laquelle Nuhadu répondit avec entrain. Une bonne journée.

Il choisit un cheval. Il n'y a pas plus à dire. La bête et lui se regarde, mais rien de plus que de la curiosité ne perce en eux. Il tend tout de même la main pour caresser le poil de son nouveau compagnon, mais celui-ci l'évite sans plus de façon. Un soupir s'échappe du garçon alors qu'il devine le message. ''Pas de familiarité novice.'' Il se serait presque réjouis de lui trouver du caractère.. mais le fait est là, cette bête est dressée. Il n'y voit pas vraiment de personnalité, juste de la contrainte. Et au fond de lui, ça l’écœure. Ce n'est pas un compagnon pour lui, et les autres ne lui plaisent pas plus. Il ne ressent à aucun moment le lien qu'Adwyn avait tant vanté. Il suit donc les instructions de Raven au pied de la lettre, mécaniquement. Il a devant lui un jouet malléable. Il n'a plus qu'à apprendre dessus... en espérant rencontrer un vrai cheval un jour.

[corrigé ^^']

Je l'aimais déjà, cette jument. Elle était magnifique, grande, majestueuse. Je ne pouvais toujours pas m'arrêter de la fixer, mais Raven finit par me sortir de ma rêverie pour me dire que ce n'était pas bien, que ça pouvait leur faire peur. Tiens, je n'y avais jamais pensé de cette manière. Elle fit même allusion à ce que ma jument pensait sûrement que j'allais la manger, dégoûtant. Je ne mangerai jamais cette jument, j'en étais certaine.e la brossai donc en regardant mes mouvements, le paysage. Puis, je finis de penser ma jolie bête et Raven nous apprit que je devais alors la monter. Je lui pris la crinière et fit un grand saut pour atterir en douceur sur le dos de ma compagnonne. Je lui caressai entre les oreilles et esseyai de m'habituer à la position peu confortable. Je devrais m'habituer à ce sentiment. Elle nous expliqua comment se tenir, il fallait rester droit, les épaules en arrière, les talons orientés vers le bas, ester souple, ne pas trop serrer les jambes... je crois que j'y arriverais.

Puis, l'étalon de Raven bouscula nos deux chevaux, je fus un peu déséquilibrée, mais je repris le contrôle et fit le calme en moi, parce que je savais que les animaux pouvaient ressentir notre trouble. Ma jument, qui avait reculée de plusieurs pas, s'avanca un peu plus et reprit sa place initiale. Je lui était reconnaissant de ne pas s'emballer, sans quoi, étant ma première expérience, je ne sais trop comment j'aurais réagi. Puis, notre coach nous dit qu'il fallait les faire marcher.

Je donnai un petit coup, presque imperceptible avec les talons sur les côtés et elle se mit à marcher à bon pas. Pour tourner, je tirais d'un côté, puis de l'autre, j'adorais. Je ne pouvais croire que j'avais raté cette occasion en étant petite. J'en avais déjà vu un, mais il me semblait tellement grand que j'avais refusé de le monter, étant petite. Maintenant, je ressentais de la pure joie, mais il faut dire que mon derrière me faisait mal et que parfois dans les virages, il fallait que j'utilise beaucoup de force ou quand ma jument décidait qu'elle voulait brouter, je le lui empêchait une fois sur cinq, avec beaucoup de force, mais j'avoue que c'était plus difficile que je ne l'avais cru. Je gardais position, malgré mon mal à tenir, vu ma superbe force. Puis, je regardais Nuhadu, qui avait franchement l'air de détester ses mors et tout cet attirail pour son cheval. C'est sûr que c'était un peu comme le mettre en cage, mais ça nous permettait de les monter, ses magnifiques bêtes, sans quoi certains de nous, dont moi auraient un peu de difficulté à rester bien ancrée sur le dos de notre monture.

[Désolé d'avoir fait attendre =/]



Le plafond était blanc, sale et craquelé. Un peu comme Ol'. Abîmé. Tout jeune, mais meurtrit. La petite fille respirait lentement, forçant son cœur à ralentir, tentant vainement de se calmer et de se persuader que tout allait bien. C'était faux, bien sur. Elle avait beau se trouver physiquement hors de danger, l'image du monstre la hantait. Les cauchemars faussaient un peu plus, chaque nuits, le profil de la mercenaire assoiffée de sang, la rendant plus effrayante encore, plus impressionnante et monstrueuse. Elle devait arrêter de se mentir : elle était terrorisé, traumatisé par la mort qui avait déjà décidé de frapper à sa porte. Alors qu'elle n'était pas prête. Elle ne se rappelait de rien de ce qu'il c'était passé ce jour la. Seul un souvenir restait constant. Une odeur. Un goût. Le liquide chaud et épais qui sentait l'acier rouillé au goût presque salé.

Elle refusa de laisser l'angoisse et la nostalgie la tirer vers le fond.

Ol' se leva, laissa tomber son drap sur le sol froid et poussiéreux du dortoir. Elle jeta aussi sa chemise de nuit imbibé de sueur et de larmes et ramassa les vieux vêtements qu'elle avait abandonnée au même endroit, la veille. Elle enfila rapidement une tunique blanche et un pantalon de toile couleur chocolat, dont elle plia le bas afin qu'il ne traîne pas sur le sol. Elle croisa son propre regard dans le grand miroir du fond de la pièce et renonça à parcourir sa silhouette, de peur de ce qu'elle y verrait. Elle caressa néanmoins de façon machinale, la fine cicatrice qui courrait dans son cou.

Elle avait toujours voulue rester jeune, toute petite, naïve. Son rêve avait explosé en des milliers d'éclats tous aussi coupant les uns que les autres. Pouvait-on vraiment prétendre ne pas avoir grandit, après une histoire pareil ? Elle refusait d'y penser. Elle voulait garder son insouciance. Malgré la mort qui avait été si proche. Malgré les cicatrices qu'elle garderait longtemps, preuve d'un quelconque affrontement. Malgré l'âme déchiré et la flamme nouvelle qui la consumait chaque jours un peu plus. Une flamme qu'on appelait souvent la... Peur "panique". Une angoisse invisible, mais presque palpable, qui lui aurait fait blanchir les cheveux si ceux-ci n'étaient pas déjà blanc.

Elle ferma les yeux, les rouvrit. Et sans bruits, elle s'éclipsa.

♫ When you feel you're alone
cut off from this cruel world
Your instincts telling you to run

Listen to you heart, those angel voices
They’ll sing to you they’ll be your guide back home ♫

Ol' était la seule à avoir une jument. La seule à vraiment savoir chevaucher, visiblement. Elle resta en retrait, exécutant ce que son nouveau maître voulait qu'elle fasse, sans jamais jeter un coup d'Oeil à Nuhadu ou à la fille. Elle ne se présenta pas, sachant que Raven connaissait déjà son nom. Méfiante, elle se contenta de chuchoter quelques mots à l'oreille d'Etoilea, et de suivre le mouvement du groupe pour mieux s'y fondre. La jument semblait très heureuse de retrouver la rêveuse. Elle ne devait pas être sortie depuis quelques mois... Ol' s'en voulait de ne pas avoir été la plus souvent, même si elle savait que rien n'avait-été de sa faute. Autrefois, sa naïveté et son insouciance était ce qui la sauvait le plus souvent. Cette fois-ci, c'était ce qui avait faillit causer sa mort. Elle brossa Etoilea du mieux qu'elle le pu, mais lorsqu'il fallu la monter, elle eu du mal : elle sentait encore ses côtes fendillés lorsqu'elle forçait trop.

La jument avait toujours été rapide et impulsive. Mais comme mue par un instinct de protection, elle était incroyablement douce en présence d'Ol'. Elle suivit les autres animaux sans rouspéter, restant à distance des deux chamailleurs, tout en ne se laissant pas distancer de trois mètres...

Les consignes de Raven étaient toute simple pour le moment... Mettre la jument au pas lui avait toujours parue facile. Pourtant, quelque chose lui disait que ce n'était qu'histoire de se mettre dans le bain...

♫ When you’ve suffered enough
And your spirit is breaking
You're growing desperate from the fight
Remember you're loved and you always will be
This melody will bring you right back home ♫

Les manches de la tunique de la petite fille s'arrêtaient à ses coudes, laissant ses avant-bras à la merci du soleil. Sa peau de porcelaine allait très vite virer au rouge. Rouge, comme le sang qu'elle avait perdu. Rouge comme ses rubans, et comme sa vision lorsque tout avait basculé.

Ol' ne pouvait détacher son regard de l'horizon, du ciel incroyablement foncé. Comment pouvait-on se sentir à la fois si bien, et si mal ? Comblée, mais malade ? C'était comme de se retrouver en plein rêve et de ne pas l'apprécier. Elle était perdue. Elle se souvenait encore du vide qu'elle avait ressentie en quittant Henek pour rejoindre les marchombres. L'absence était un mal. L'un des plus affreux, des plus réels. Mais le pire de tous avait finit par lui tomber dessus : l'angoisse, le manque de confiance en sois, les cauchemars, le doute... Elle avait la désagréable impression que le monde entier était monté contre elle. Que tous les êtres vivants de cette planète vivaient pour nuire à son bonheur. Elle en avait marre de se méfier de tout et de rien, mais elle avait trop peur pour arrêter. Le moindre bruit inattendue lui donnait des sueur froides. Elle était tel un animal sauvage qui s'attend à tout moment à voir surgir un prédateur. Elle était à l'affut du moindre faux pas, du moindre son. Tous ses sens étaient en alerte. Même la nuit, les rares fois ou elle arrivait à dormir.

Alors que lors de son premier cour, elle s'était sentie sereine et apaisée, elle ne faisait pas même confiance à son nouveau maître. Elle cherchait vainement des indices, dans le comportement de la petite dame et dans chacun de ses gestes, qui pourraient prouver qu'elle n'était pas ce qu'elle prétendait être.

Elle savait pertinemment que tout ce dont elle se méfiait n'avait pas lieu d'être. Son maître n'était pas un mercenaire. C'était impossible. Mais Ol' savait bien que rien ne l'était, en particulier chez les marchombres. Nuhadu partit au trop un peu maladroitement et la petite fille ne tarda pas à le suivre. Il n'y avait qu'une personne en qui elle pouvait avoir confiance : Etoilea. La jument trépignait d'impatience de s'élançer enfin au galop, mais elle se contenta de suivre le mouvement, comme Ol' le faisait si bien. L'animale et la fillette était aussi doux l'une que l'autre. Etoilea rendait ses gestes plus simples et se réceptionnait du mieux qu'elle le pouvait, et Ol' accompagnait chaque pas en maintenant son corps contre celui de la jument. Chaque fois qu'elle le pouvait, la petite fille lui offrait une caresse. Elle limitait les mots doux, de peur de la réaction des autres apprentis, surement.

Ses boucles blanches brillaient au soleil, lui prouvant à nouveau qu'elle n'était pas comme les autres. Elle s'était promi de demander à Henek la raison de cette couleure si particulière – pour un enfant – la prochaine fois qu'elle le verrait. Seulement, lorsqu'il avait enfin montré le bout de son nez, il s'était trouvé qu'elle avait un trou qui lui perçait le flan et traversait ses côtes. Elle avait été incapable de lui parler d'autre chose que de la douleur, de la peur et de l'absence. De la mort aussi. Elle avait été heureuse de le voir, mais lorsqu'il s'était excusé auprès d'elle pour l'avoir abandonné, elle l'avait arrêté. Sa vie, seule, débutait à peine et elle ne voulait pas y mettre fin. Elle avait rencontré trop de gens bien. Elle avait vécu trop de choses qui en valait la peine, pour tout abandonner maintenant. Elle aimait être libre de ses choix, du moindre de ses mouvements. Elle fronça des sourcils : Etoilea était réellement libre. Pourtant, elle avait choisie de rester avec elle et d'obéir au moindre de ses désirs. Elle poussa un soupir. Peu importait, c'était trop tard, à présent.

Elle sourit à la jument.

J'écoutai très attentivement ses conseils, dont celui qui incluait que je faisais mal au cheval. Je n'y avais pas pensé, je n'avais pas eu l'intention de lui faire de mal et tourner mon corps pour changer de direction, pour moi, je savais le faire, mais avec un cheval en dessous, c'était plus compliqué.

J'esseya tout de même de le faire, orientant mon corps de façon à être précise, mais sans me faire de mal ou en faire au cheval. J'avais conscience que j'avais tiré trop fort, mais c'est plus fort que moi, j'avais l'impression que si je ne tirais pas fort, j'allais soit tomber, soit le cheval continuerait de marcher en ligne droite. Je finis par contre par m'améliorer, à le faire tourner sans difficultée et on se promena durant un bon moment encore à aller par-ci, par-là. Je suivais le groupe en esseyant de retenir ce que Raven m'avait dit. Dire que j'avais toujours rêvé d'en monter un et quand ça arrive enfin, je ne peux pas ne pas me faire de mal à moi ou a elle, c'est totallement pathétique, mais je sais que je finirai par m'améliorer, dailleurs je sentais déjà le changement. Je laissais mes hanches accompagner le cheval et je n'avais qu'à bouger un peu vers la gauche ou la droite ou la gauche pour que ma jument change de direction, j'avais cru avoir à travailler très longtemps pour qu'elle tourne, mais finallement je pouvais faire confiance à mon enseignante un peu plus ouvertement et souvent, sinon je finirai par être malheureuse et puis, elle ne veut que m'aider...

Raven ne pouvait s’empêcher de voir la détresse qui animait sa nouvelle apprentie, Ol’. Cette dernière semblait s’efforcer de continuer à vivre et à faire les choses à chaque seconde, comme elle-même s’y était forcée durant des années. Les rencontres qu’elle avait faites, ainsi que le tournant qu’avait pris sa vie, et aussi la résolution qu’elle avait prise, tout cela lui avait permis de réussir à sortir la tête de l’eau. Ce n’était pas encore cela, elle y pensait trop régulièrement pour faire croire qu’elle allait parfaitement bien, mais elle parvenait à éloigner sa douleur et sa souffrance de son esprit pour se concentrer sur autre chose. Un facteur de plus du fait que cela avait pris tant de temps : elle n’était plus en apprentissage. Elle n’avait plus personne pour la forcer à aller de l’avant, pour la secouer quand c’était nécessaire, pour lui permettre d’orienter son esprit vers autre chose que son traumatisme.

Elle soupira légèrement sur sa selle, le regard fixé sur la silhouette de la petite fille, qui se rapprochait doucement mais sûrement d’Auréole en plein galop. Sa jument allongeait sa foulée et augmentait sa fréquence, la rattrapant inexorablement. Derrière, Nuhadu était dans un petit galop, et son cheval semblait vouloir faire attention à lui : preuve en était, il n’était pas parti en trombe comme Auréole, et ne tentait pas d’accélérer pour les rattraper. A moins qu’il n’eût tout simplement un caractère particulièrement calme et conciliant, ainsi qu’une très bonne éducation respectueuse de sa nature. C’était aussi tout à fait probable, en fait, dans l’enceinte de l’Académie.

Son regard se porta ensuite sur Owea. La jeune fille n’avait pas pipé mot, mais elle s’efforçait de faire particulièrement attention à sa monture. Raven avait vu son air horrifié quand elle avait dit qu’elle lui faisait mal à tirer d’un coup sur la bouche, et elle y portait désormais une attention particulière. La petite Marchombre aurait pu lui dire qu’elle ne lui avait peut-être pas fait mal, mais qu’elle devait faire attention, sans se laisser faire elle devait être ferme et douce… Mais Raven était plutôt du genre à laisser les gens découvrir par eux-mêmes, même si elle les conseillait en l’occurrence. La jeune femme semblait vouloir découvrir sa monture, et la Marchombre ne connaissait pas cette monture : elle ne pouvait donner que des conseils généraux, mais en cela pouvait ne pas s’appliquer à la jument en question. Chacun de ses conseils était flexible : en équitation, tout se remet continuellement en question. On s’associe à un être vivant, et une association n’en est pas une si l’un domine l’autre…

C’est sur cette pensée que la Marchombre se retourna sur sa selle pour inciter ses apprentis à ralentir et à se remettre au pas. Un petit sourire ironique sur les lèvres, du genre mi-figue mi-raisin, bien alambiqué, Raven remit donc Auréole au pas tandis que Halo décidait de continuer sa course au trot durant plusieurs minutes. Haussant toute seule les épaules, la petite femme se tourna sur sa selle les invita ses apprentis à se mettre à sa hauteur. Des étoiles dans les yeux, elle demanda :

- Alors, première impression ?

Cette question concernait autant Nuhadu et Owea qu’Ol’. Nuhadu et Owea pour la monte, pour cette relation si spéciale avec le cheval, pour l’équitation et le cheval en lui-même ; Ol’ pour ce qu’elle pensait de ce début de cours, qui ne devait pas être du tout le même que son précédent. La petite Marchombre garda Auréole au pas, alors que cette dernière brulait d’envie de rejoindre Halo plus en amont. Secouant la tête, elle planta son regard dans ceux de ses apprentis pour avoir une réponse…







[ Re Owea !
Si tu veux continuer, est-ce que je pourrais savoir quand tu peux poster ? As-tu des absences régulières ou bien ne sais-tu juste pas quand tu peux RP ? ]

La petite femme éclata de rire à la réponse de Nuha. Elle s’attendait à quelque chose dans ce genre-là, elle devait bien l’avouer. Le jeune homme, même s’il était timide, semblait voir les choses toujours avec humour, ce qui n’était pas pour lui déplaire, au contraire. Elle voyait bien que le cheval en question n’était pas paresseux, mais avait pour l’instant tendance à « tester » son cavalier : est-ce qu’il pouvait faire ce qu’il voulait ? Elle ne jugea pas bon de le dire à son apprenti : après tout, ce dernier le verrait bien assez tôt ! Et puis, tous devaient apprendre à percevoir les détails : comprendre ne suffisait plus, il fallait s’imprégner de tout ce qu’il y avait autour de soi, en soi, et interpréter les signaux que l’on recevait constamment. Par contre, quand Owea et Ol’ répondirent, Raven ne fit que hocher la tête, un sourire mystérieux sur le visage. Décrire les sensations que procure une course au galop n’était pas chose aisée, surtout pour elle qui ne maniait que rapidement les mots, sans réellement en comprendre la signification profonde. Elle avait même plus tendance à cracher qu’à parler alors…

Voyant que tout le monde était bien content sur sa monture, Raven décida donc que la suite du programme devait commencer. Arrêtant Auréole en levant ses mains, la petite jument renâcla un instant, cherchant à prendre le mors aux dents pour rejoindre Halo plus loin, avant de renoncer. Peut-être à cause des chevaux derrière, peut-être par acquis de conscience… Dans tous les cas, la Marchombre mit pied à terre sans hésiter, ne daignant même pas utiliser les étriers : hop, on lance la jambe par-dessus la croupe du cheval, et on se réceptionne sur le sol. Lançant un regard presque ironique à ses apprentis, Raven les invita à faire de même avant de lancer, sur un ton plus sec déjà, mais toujours grave et aux intonations rauques :

- Bon, fini pour l’instant, ct’balade à cheval. On va courir.

Passant les guides d’Auréole par-dessus la tête de cette dernière, Raven lâcha un petit soupir en lui caressant le chanfrein, avant de se tourner vers les trois apprentis qui attendaient la suite des instructions. Un sourire en coin, presque mauvais, étirant ses lèvres, leur répondit, avant sa voix :

- On va courir jusqu’à c’que ça soit l’heure d’manger. J’veux voir c’que vous avez dans le ventre, alors donnez tout c’que vous pouvez !

Elle leur ouvrit la voie d’abord dans une petite course, pour leur laisser quand même le temps de s’échauffer. Un rythme plutôt lent, sans être escargomotable, mais pas trop rapide, durant les dix premières minutes. Puis, quand elle sentit que les corps étaient prêts à l’effort, elle fit passer ses apprentis devant elle, leurs chevaux tenus en main, et leur désigna la direction à prendre : plein Nord pour l’instant.

- Allez ! On ne fait pas les escargots ! Pis vous inquiétez pas pour votre monture, elle pourrait tenir plusieurs loooongues heures à cette allure… contrairement à vous ! Allez, on accélère !

Piquante, acide, Raven était de nouveau Raven, c’était le cas de le dire. Oui, il suffisait de peu pour faire changer ce petit bout de femme : être à cheval. Parce que c’était la sensation la plus excitante possible, la plus merveilleuse de toutes. Tellement de choses étaient à découvrir, à cheval ou à pieds, mais le cheval n’est tellement pas comme un autre humain potentiel… Et puis, cette sensation était juste magnifique, pourquoi la décortiquer ? Elle aimait cela, et puis c’était tout.

Elle poussa donc ses apprentis à bout pendant encore une heure, jusqu’à ce que le soleil fût à son apogée. Une heure de souffrances pour eux : si au début ils ne poussaient pas assez, elle les cherchait pour qu’ils accélèrent. S’ils accéléraient et qu’après ils ne tenaient pas le rythme, elle leur faisait remarquer qu’ils étaient allés trop vite. Elle cherchait toujours une excuse, toujours la petite bête, toujours dans le reproche, durant cette heure… Et elle usait sans aucun doute aussi très fort les nerfs de ses trois apprentis. Encore une sorte de ‘test’, elle éprouvait leurs capacités mentales et physiques. Les poussait à se rendre dans leurs derniers retranchements, autant moraux que physiologiques. Sa voix claquait, et s’élevait souvent… peut-être trop. Là n’était pas la question.

Elle voulait voir de quoi ils étaient capables…






[ Désolée pour le retard ! =/ ]

Je sautai en bas du cheval, le regarda dans les yeux et lui transmis la joie que m'avais donné cette balade en sa compagnie en le fixant, de mes yeux étincelants. Je lui flattai entre les yeux, puis écoutai ce que Raven avait à dire.

Bon, je crois que je vais devoir courir. Ce n'est jamais été ma grande force, de courir, mais je me débrouillais. J'étais meilleure en endurance qu'en vitesse, puisque quand j'étais jeune, mon père me demandait souvent d'aller cueillir des fleurs sauvages à environ dix kilomètres de la ferme, donc j'avais vite apris à ne pas gaspiller mon énergie en vitesse, mais plutôt en distance. Dailleurs, il y avais un lac tout près de ma prairie préférée, là où je cueillais les fleurs. Il était grand, clair et plein de végétation. Il était creux aussi, parfait pour être sûre de ne pas toucher le fond en faisant quelques longueurs.

Raven commença assez lentement, sûrement pour nous habituer. C'était tant mieux, plus j'aurais de repos au début, plus j'irais loin. Puis, elle nous fit passer devant, notre cheval tenu dans une main. J'étais obsédée par le paysage, pourtant, j'en avais vu des plus beaux, des plus vibrants, mais ça devait être le contexte, ma soudaine joie de vivre en étant entourée de magnifiques personnes.

J'avais un faible pour Nuhadu, il fallait l'avouer, sa peau foncée, ses cheveux long, son allure sauvage, le nouveau, j'étais certaine qu'on finirait par devenir de bons amis. Il y avais aussi Ol, qui semblait assez discrète, toute douce, comme moi, mais tout en étant différente. Et puis je ne parlais pas encore de Raven, cette sauvageonne pleine d'entrain, de vie, d'un je ne sais quoi qui m'a fais la haïr au début, mais finallement, elle n'est pas si pire ...

J'entendis Raven nous dire d'accélérer le pas. J'accélérai le pas, comme elle nous l'avais demandé, mais quand même, j'étais plus vite qu'un escargot. Pourtant, parfois, elle nous disait de ralentir, si nous allions trop vite ou d'accélérer quand nous étions trop lents. Je commencai petit à petit à sentir une résistance s'installer dans mes mouvements. Ça y est, je commence à vieillir, pensais-je en rigolant. La sueur coulait lentement, mais sûrement le long de mon cou. J'étais ravie d'avoir attaché mes cheveux en queue de cheval, puisque sinon, ils m'auraient fouetté le visage tout au long de cette longue course, ce qui m'aurait certainement mis en rogne. Pourtant, mon caractère l'exigeant, je ne soufflait mot, sauf peut-être quelques soupirements d'aise quand nous atteignions une pente qui descendais, mais mes jambes avaient la merveilleuse faculté de toujours continuer, peu importe si j'étais essoufflée, je continuais, le souffle court, mais aujourd'hui, mes réserves me faisaient faux bond...

- Et bah, vous avez besoin d'entraînement, c'est pas possible ça ! même pas capables de courir une heure... C'est bien ma veine d'avoir des apprentis comme vous ! Allez, on se bouge ! Ne regardez pas le sol, vous ralentissez pis en plus ça vous fait vous courber, et vous respirerez moins bien. On bombe le torse et on regard devant ! Allez, du nerf bon sang ! Qu'est-ce que vous avez, vous êtes fatigués ?




[ Désolée pour le temps de réponse, beaucoup beaucoup de boulot en ce moment ! ]

Raven parla, quelques instants. Je la regardai, bouche bée. Non, mais je faisais des efforts, c'est pas tout les jours que je courais à ce rythme et elle en demandait beaucoup. Par contre, je fis ce qu'elle me demandait, bombai la poitrine, inspirai un bon coup et regardai devant moi. J'allais devoir souffrir, mais c'est ce qu'on dit, il faut souffrir pour être belle et il s'avère que je rayonne quand je bouge, je deviens plus confiante et heureuse, souriante, mais quand je me forcais trop, je dégringolait, perdait ma motivation, mais pour l'instant je savais que ma deuxième poussée d'énergie allait bientôt arriver, me laissant continuer et finir cette course. J'attendais, le souffle court, mais mon énergie me quittait. Je ne voyais pas le but de nous pousser à bout de nos forces, peut-être voulait-elle notre mort... Ou pire elle voulait qu'on prenne conscience de nos pauvres corps sans endurance. Elle devrait avoir honte de nous faire suer comme ça. Je regardai un peu alentour, comme pour me rassurer.

Nuhadu venait de tomber, je crois qu'il avait une idée en tête, parce qu'il sourit et justement, il ferme les yeux... Je sautai par dessus lui et lui lançai un rire cristallin, espérant un sourire, mais je pouvais bien rêver, il devait déjà dormir, essoufflé comme il était, j'entendais son coeur palpiter et son souffle était rauque.

Je me concentrai sur le mien, qui était aussi pathétique, mais moins bruyant. Il faisait beau aujourd'hui, une journée parfaite pour la course et puis j'avais de la bonne compagnie, ma jument était infatiguable, en fait je la ralentissait plus que d'autre chose.