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  L'ombre d'un espoir [PV Gil]

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MessageSujet: L'ombre d'un espoir [PV Gil]    L'ombre d'un espoir [PV Gil] Icon_minitimeMer 18 Jan 2012, 23:33

≈≈≈ Naïs ≈≈≈

Que faire lorsque l’on a plus confiance en son propre camp ? Que faire lorsque l’on perd la foi ? Que faire ? Ces questions résonnent dans ma tête, continuellement. Mais elle restent désespérément sans réponses.

* *
*


Me voilà presque arrivée chez moi. Al-Chen dresse enfin devant moi ses grandes murailles après trois jours de chevauchée. Malgré ses huit ans bien tassés, Océan conserve une endurance intacte, parfaite aussi bien sur les courtes distances que sur les longues. L’étalon blanc s’ébroue un instant et après un bref arrêt, il repart au pas. À la mi-journée, l’heure où tout le monde est sensé manger, les rues ne désemplissent toujours pas. Le bruit ambiant ne cesse pas une seconde. Les enfants jouent et piaillent de façon suraiguë. Je n’aime pas les enfants – sauf les miens bien sûr – : inutiles, petits faibles, ventres sur pattes, bref, encombrants. Les femmes se racontent les derniers potins comme de véritables commères. Et les hommes, eux, ils sont pires : ils sont en constante démonstration de force. Remarque, c’est le propre de l’homme avec un grand H de savoir qui aura le plus bel étal, les meilleurs biceps, la plus belle femme. Fort heureusement, il n’est pas trop difficile de traverser la ville, surtout à cheval. J’ai donc tôt fait d’atteindre la muraille ouest.

D’habitude, Seth m’accueillait toujours dans une grande effusion de joie. C’est ce que j’aurais dû sentir cette fois-là : il n’est pas venu. Personne ne m’attend à la porte. Haussant les épaules, je fais comme d’ordinaire. Je conduis Océan à son box, lui enlevant la selle et tout son harnachement avant de le brosser et le bouchonner. Une fois nourrit et brossé, je rentre enfin. Le choc fut d’autant plus grand que je suis accueillie par un Reni tremblant de tout son corps. Immédiatement je comprends. Il s’est passé quelque chose ? Je me fige et cherche. La tension est palpable, mais la maison est étrangement calme – trop calme. Machinalement, je me dirige vers la porte arrière de la maison qui s’ouvre sur une immense plaine surplombée par un petit plateau forestier. Il y a aucune voix, personne. Et c’est bien ça le problème.

≈≈≈ Reni ≈≈≈

La voilà revenue. Mais elle a vite compris, et ce, sans mon aide, que quelque chose clochait. Je veux parler, je le voudrais vraiment de toutes mes forces, mais aucun son ne sort de ma bouche. J’ai l’impression de revivre cette journée.

* *
*


C’est la fin de la journée. Atal a réussi à vendre Bonnie, la puissante jument à la robe couleur caramel, et ce à un prix plus que raisonnable. Le soleil plonge à l’horizon. Bientôt, il fera noir. De la fumée s’élève de la cheminée de l’auberge. Tout semble aller pour le mieux. Ainhoa nous ouvre chaleureusement la porte et je suis accueilli avec un formidable baiser. Eh oui, ma petite femme n’aime pas beaucoup rester seule. Ça l’angoisse de façon inexplicable. Un projectile survole la pièce et heurte Atal de plein fouet : c’est Seth !! Il n’est jamais fatigué ce gosse. Ce soir, toutes les chambres sont occupées. C’est une bonne chose, l’auberge marche bien.

Des bottes claquent soudain sur le sol. Une démarche volontairement lourde qui se veut impressionnante révèle une large silhouette encapuchonnée. Prudent, je passe de son côté du comptoir. Je lui tends la main pour l’apostropher. Il reste au moins une longue minute sans esquisser un seul geste. Je ne peux pas distinguer son regard. Serait-il muet ? Aurait-il oublié les bonnes manières celui-là ? Avant que je n’ai compris quoi que ce soit, il pivote rapidement sur lui-même – j’en ai même l’impression de paraître horriblement gauche à côté de ce colosse – et je me sens alors quitter le sol. J’ai juste le temps de réaliser que ma mâchoire me lance affreusement et que mon nez semble avoir éclaté sous l’impact du choc avant de m’écraser plusieurs mètres plus loin, sonné.

La suite, je ne l’ai pas vue. Quand j’ai rouvert les yeux, je faisais face à une Ainhoa blême et en larmes. Atal semble dans un état tout aussi pitoyable que le mien, mais il me paraît surtout dans une fureur noire. Tous les clients sont remontés dans leurs chambres respectives, seul un assis sur une chaise, le visage tuméfié, est resté. Avec une pointe d’incompréhension, je regarde ma femme qui m’explique entre deux sanglots que l’homme a enlevé Seth et que son informateurs faisait face à Atal. Je grimaçais. Je crois que je préfèrerais mille fois revivre ce qu’il vient de se passer, plutôt que de me trouver à la place de cet imbécile. Nous l’avions croisé en ville un peu plus tôt dans la journée. Je ne sais ni pourquoi ni comment Atal a pu faire le lien avec cet individu, mais s’il y a bien une chose que j’ai compris c’était que nous étions dans de beaux draps. Et pire encore, je redoutais de l’annoncer à mon amie.

* *
*


- « Mentaï »

Je déglutis difficilement. Ça y est, c’était dit. Mon amie me demande de tout lui raconter depuis le début. Ce que je fais. Je crains sa réaction. Je crains qu’elle ne soit prise de folie et se jette à la poursuite de ce type, tout droit dans la gueule du loup. Car derrière un simple enlèvement, c’était certain, il s’agit en fait de ramasser la récompense proposé par l’aristocratie pour la tête de Naïs. Et il aura doublement mérité la récompense car il aura tué non seulement celle qui contribue à leur mener la vie dure depuis environ cinq ans, mais aussi le fils bâtard de l’un d’eux.

Quand j’ai terminé, je suis surpris de la voir se lever lentement et calmement. Pour se diriger dans la pièce où était encore détenu le sombre abruti qui avait servi d’informateur au Mercenaire.

≈≈≈ Naïs ≈≈≈

La porte grince à mon passage. Je descends les escaliers froids et irréguliers que j’ai fini par connaître par cœur pour avoir remonté de cette cave plusieurs bonnes bouteilles de vin. Je perçois son soupir surpris et effrayé aussitôt. Je le tuerai bien maintenant ce rat. Mais j’ai une question à lui poser. Une et une seule. Si c’est un Mentaï, je dois forcément le connaître. Les hautes sphères du Domaine constituent un cercle très fermé et restreint.

- « Son nom ? »
- « Je vous le donne si vous ne me tuez pas ! »
- « Entendu »
- « Driss, il s’appelle Driss. C’est tout ce que je connais de lui. Pitié ! »

Pauvre idiot. C’était stupide de croire que je te laisserai la vie sauve. Je lui souris, comme pour le remercier. Aussitôt, je lui brise la nuque d’un geste sec. Un étrange sentiment de rage et de désespoir que je ne connais que trop bien m’envahit. Cet homme est effectivement un Mentaï d’une grande renommée. Tout ce que je sais, d’après Sen, c’est qu’il a souvent été vu dans les montagnes de l’Est.

* *
*

- « Je viens avec toi Naïs ! »

Atal vient de pénétrer dans l’écurie. Il jette un paquet à terre : un sac de provisions et d’affaires quelconques sans doute. Un nœud se forme dans ma gorge. Sans un mot, je me retourne pour lui faire face et l’étreint, fort. Il y avait longtemps que je n’avais profité de ses bras chauds, confortables et rassurants. Je reste plusieurs secondes ainsi, à écouter les battements réguliers de son cœur dans poitrine, elle me paraissent incroyablement longues. Mon frère…

- « Hors de question. Ce voyage, je le fais seule. Je veux que tu reste auprès d’Ainhoa. Elle a besoin de toi… »

Il s’apprête à répliquer, mais je pose un doigt sur sa bouche pour l’empêcher de parler.

- « Je saurai me débrouiller. J’ai plus d’un tour dans ma poche »

Je l’étreint une dernière fois et en déposant une bise affectueuse sur sa joue, j’y essuie au passage une de ses larmes.

- « Je reviendrai… »

Promesse

* *
*


Fériane est toute proche. Mais je décide de m’arrêter dans ce petit village à proximité de la ville. En passant à Al-Jeit, j’y avais rencontré une amie qui connaissait bien Driss. Selon ses sources était retourné du côté des montagnes de l’Est. C’était tout ce qui m’intéressais. Mon instinct m’a poussé à m’arrêter dans ce bled paumé. Après avoir confié Océan au palefrenier du village, j’ai cherché longtemps avant de trouver la seule et unique auberge de ce patelin. La gérante de l’établissement, Maëlys, m’accueille à bras ouverts. De nos jours, c’est tellement rare une gentillesse aussi spontanée. Du coup, je l’ai apprécié aussitôt ce petit bout de femme d’une quarantaine d’années. Elle me conduit à ma chambre, et me débarrasse de mes affaires qu’elle pose soigneusement sur le lit. Après une bonne toilette des plus appréciables, j’ai enfilé ma jupe en lin blanc que je ceinture avec une bande de tissu crème. Je l’assortit avec mon éternelle chemise en lin blanc ample serré en dessous de la poitrine par un corset de cuir. Sans crier gare, Maëlys débarque dans la chambre et m’invite à ressortir de la pièce. J’ai encore l’impression de l’entendre : Si, si, venez je vous dit… Elle me donne les clés de la pièce après l’avoir fermé à double tour dans un « clic-clac » sonore.

- « Vous avez de la chance, c’est la fête ce soir au village ! »
- « Euh… Mais, je ne suis pas sûre de… »
- « Si, allez-y ! Tout le monde y est invité. »
- « Si vous le dites… »
- « Vous n’aimez pas faire la fête »
- « Si bien sûr »
- « Allez-y alors »

Sur ses conseils, j’arrive bientôt sur la place du village où un grand feu de joie réchauffe l’atmosphère. Quel phénomène celle-là ! Mais je n’ai pas osé la contrarié. Et puis, elle n’a pas tort, il règne une sacrée ambiance. La musique bat son plein. Tout le monde danse. Tout le monde ri. Et moi, je me fonds dans la masse. Je suis entraînée bien malgré moi au centre, au milieu de danses rythmées. Avec un léger sourire, je joue le jeu. Après tout, cela fait du bien d’oublier un peu ses ennuis. De toute façon, Driss n’est pas idiot. S’il veut m’appâter, il faudra qu’il garde mon fils vivant. Juste un soir, je peux oublier. Juste un soir, je peux m’amuser. Enlevant mes bottes, amies de voyage, que je laisse soigneusement près d’un banc, je fends de nouveau la foule des villageois et entre dans la danse. Je retrouve bien vite l’habitude des fêtes de quartiers. Je me sens toute légère à tournoyer ainsi, à voleter, à m’envoler. La musique est réellement envoûtante. Je rentre dans la transe.

J’oublie...
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Giliwyn SangreLune
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Giliwyn SangreLune


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MessageSujet: Re: L'ombre d'un espoir [PV Gil]    L'ombre d'un espoir [PV Gil] Icon_minitimeMar 24 Jan 2012, 00:19

Iselle n’allait pas bien.
Ce soir-là, en rentrant d’une course qu’il avait eu à faire en prévision de sa prochaine leçon – la date qu’il avait fixé avec ses apprentis approchait sans qu’il ait la moindre idée de ce qu’il allait bien pouvoir leur faire faire –, il s’était arrêté devant sa maison. Bon, d’accord, il s’y était arrêté tous les soirs depuis son retour dans la région, mais sans jamais entrer. Chaque fois qu’il avait approché son poing du battant clos, quelque chose l’avait empêché de frapper. Il n’avait jamais insisté, comprenant que dans sa mémoire, le visage d’Anee était encore trop clair. Tout comme le reste de son corps…

Ce soir-là pourtant, il avait franchi le cap. Il avait frappé doucement, quatre petits coups qui signifiaient « c’est moi, je suis de retour, tu m’ouvres et on fait l’amour pour fêter ça ? », et il avait aussitôt regretté son geste. Gil n’était certes pas le maître de l’élégance mais il était à peu près sûr que passer en coup de vent, après quatre mois d’absence, risquait fort de ne pas plaire à son amante. Iselle n’était pourtant pas contrariante – c’était bien pour ça qu’il se retrouvait plus souvent dans son lit que dans celui d’aucune autre. Il n’y avait pas de contrat, pas de fidélité, cette laisse qui entrave tellement de couples, pas de secrets non plus ; lorsqu’elle lui ouvrait la porte, Iselle savait qu’elle laissait entrer chez elle un homme capable de lui briser les cervicales d’une seule main et en moins de temps qu’il ne faut pour dire « à moi ». Qu’importe. Elle lui ouvrait quand même…

Sauf ce soir-là. Ce soir-là, Iselle ne lui ouvrit pas, en dépit des nouveaux coups qu’il donna contre le battant. Surpris, Gil recula d’un pas et leva les yeux vers la fenêtre de sa chambre, à l’étage, qui laissait entrevoir la lumière des petites bougies qu’elle aimait tant allumer – en particulier lorsqu’il n’y avait pas de raison de le faire. L’Envoleur haussa les épaules. Il ne s’était pas attendu à ce qu’elle lui signifie aussi clairement le fond de sa pensée mais après tout, il l’avait bien mérité. Ce n’était pas une simple porte qui pouvait l’empêcher d’entrer, ils le savaient tous deux, mais si Gil n’était pas délicat, il avait en lui ce profond respect à l’égard de la gent féminine, celle-là même qui séduisait ses conquêtes avant même qu’elles ne succombent à son charme de mauvais garçon, et il se contenta d’incliner légèrement la tête à la manière d’un chiot qui vient d’être puni ; il capitulait.

Mais alors qu’il allait se détourner et passer son chemin jusqu’à la taverne la plus proche, un bruit sourd, de l’autre côté de la porte, attira son attention. Ça ne veut rien dire, un bruit sourd, dans une maison, c’est un peu comme une musique de fond qui fait partie de la mélodie quotidienne – un panier trop lourd, un sac jeté négligemment à terre, un petit saut peu délicat pour descendre du tabouret… Accompagné d’un bruit de vaisselle brisée, en revanche, ça peut prendre un tout autre sens. Maladresse, ou bien mauvaise chute… Craignant qu’il ne s’agisse de la seconde hypothèse, Gil se colla son oreille contre le bois de la porte.

- Iselle ?

Pas de réponse. Ou plutôt, si, mais justement celle qu’il redoutait : le silence qui régnait de l’autre côté de cette fichue porte était bien trop lourd pour qu’il ne l’interprète pas comme des plus inquiétants. D’un coup d’épaule, Gil s’engouffra dans la pièce de vie, qui n’était vraiment pas vivante du tout. Il y faisait noir comme dans un four, mais le jeune homme connaissait par cœur l’emplacement du moindre meuble, et celui qui se dessinait vaguement au pied des escaliers ne faisait pas partie du lot. Etouffant un juron, il se précipita vers Iselle. Une sourde angoisse lui dévorait les entrailles alors qu’il passait la main sur sa joue. La situation était bien trop critique pour que Giliwyn se rende compte qu’il était tombé amoureux.

- Gil… ?

Il la sentit remuer faiblement entre ses bras. Vivante… elle était vivante. Gil cligna des yeux pour effacer l’image d’un corps disloqué qui avait traversé son esprit.

- Doucement. Tu t’es coupée sur du verre.
- Oh, c’est mon… ma théière… descendue la remplir parce que j’ai pensé… tu devais avoir soif…
- Chtt.


Gil laissait courir ses mains sur les membres de la jeune femme, cherchant les lésions, les blessures tandis que son esprit luttait pour ne pas partir en dérapage. Du thé. Elle était descendue pour lui faire du thé.

- Enfer, Iselle…

Elle aurait dû rester dans son lit et l’ignorer ! A sa place, c’est ce qu’il aurait fait. Non, en fait, il aurait fait mieux que ça : après avoir fait chauffé l’eau du thé, il aurait ouvert la fenêtre pour la verser sur la tête du couillon qui faisait le piquet devant la porte.

- Tu aurais dû garder cette théière pour me la balancer en pleine figure.
- C’était ça l’idée…


Elle n’avait aucune fracture, mais lorsqu’il retira sa main de l’arrière de sa tête, il la sentit poissée de sang. Gil l’abandonna le temps de trouver un peu de lumière – il se battit un petit moment avec un tiroir de la cuisine, avant de le sortir tout entier de son emplacement pour le vider sur le sol, dénichant finalement un briquet dont il se servit pour allumer la première bougie qu’il trouva. Iselle était inconsciente lorsqu’il revint près d’elle. Elle ne sentit pas les claques qu’il lui donna pour la réveiller et ne réagit pas lorsqu’il se mit à lui crier dans les oreilles – brailler serait plus exact, d’ailleurs les voisins n’apprécièrent pas le fait d’être tirés du sommeil en pleine nuit par les barrissements de cet opportun, qu’ils n’appréciaient pas tout court depuis que ce dernier avait ruiné leur jardin, le printemps dernier, en se servant largement dans leurs fleurs pour en offrir à Iselle.

Mais ils acceptèrent d’aller chercher un rêveur parce qu’Iselle, au moins, était une voisine très aimable.


~ ~ ~ ~ ~ ~



- Alors ?
- Elle est solide, et puis vous êtes arrivés juste à temps, jeune homme. Elle va s’en tirer…
- Vous avez fait le plus gros du boulot. Je ne recouds pas les demoiselles, moi.
- Moi non plus, en fait, puisque je déroule un rêve.
- Ouais, et ce rêve lui a sauvé la vie. Merci.
- Il n’y a pas de quoi.
- Je vous paye un verre ? Je n’ai pas d’argent sur moi mais le tenancier de la taverne d’à côté m’a à la bonne alors…
- Il m’est interdit de boire par mon Ordre.
- Dur...
- En revanche, je n’ai rien contre une part de tarte à la rhubarbe.



~ ~ ~ ~ ~ ~



Pragon Fliboise était un homme étonnant.
Il était capable de raconter sa vie – une vie incroyablement mouvementée pour un rêveur – sans que son récit ne devienne ennuyant ou inintéressant, même pour un Envoleur qui avait foi en très peu de choses, et tout cela en dévorant une part de tarte dégoulinante de crème et de rhubarbe sans jamais en faire tomber une miette sur la table ou sur ses vêtements. Impressionnant.

- Il a fallu reconstruire l’aile ouest toute entière, disait-il en parlant de sa Confrérie, Fériane, laquelle avait apparemment subi quelques dégâts suite à l’intervention musclée de deux Mentaïs. Un travail titanesque pour les piètres bâtisseurs que nous sommes, mais à force de patience et de persévérance, l’effort porte ses fruits !
- Comment se fait-il que des Mentaïs s’en soient pris à vous ?
- Bah ! Des histoires de vengeance, de rires, de larmes et de sang. Il y a des patients qui sortent de l’ordinaire, parfois…


Gil n’insista pas. Pragon avait le don de s’exprimer aussi mystérieusement qu’un marchombre, or le jeune homme n’avait pas la patience de déchiffrer ses paroles – pas ce soir. Il était plus détendu que lorsqu’il avait laissé Iselle aux bons soins de sa voisine, une femme acariâtre qui l’avait quasiment jeté dehors et avec bien moins de politesse qu’avec le rêveur ; mais une migraine pointait le bout de son nez et il n’aspirait plus qu’à une seule chose : dormir. Pragon dut s’en rendre compte, car il repoussa son assiette vide – et impeccablement propre, comme si aucun aliment n’avait été en contact avec elle.

- Merci pour la tarte.
- Pas de quoi.
- Et ne vous inquiétez pas pour votre amie. Après quelques jours de repos, tout sera rentré dans l’ordre. En fait, vous devriez plutôt vous inquiéter de ce qui vous attend lorsqu’elle sera de nouveau en forme…
- Pardon ?
- J’ai cru comprendre qu’elle était très remontée contre vous. Une histoire de théière jetée en pleine figure…
- Ah, ça…


Les deux hommes quittèrent la chaleur de la taverne pour retrouver le froid glacial de la rue. Quelques légers flocons flottaient dans l’air, fondant bien avant de toucher le sol, et Gil remonta le col de son tabard. Il portait une chemise en dessous, comme chaque hiver, mais il ne se faisait toujours pas au léger contact du tissu sur la peau de ses bras. Vivement l’été… Près de lui, Pragon frissonna.

- Brrr… le retour à Fériane ne va pas être une partie de plaisir, par ce temps. Tiens, pendant que j’y songe… Vous ne connaitriez pas un soldat, ou un garde du corps qui accepterait d’escorter un vieux rêveur jusqu’à sa Confrérie ?
- Vous craignez pour votre vie ?
- Certains de mes patients me mettent parfois dans l’embarras…


Gil détailla le rêveur en silence. Il avait parlé des Mentaïs sur le même ton qu’il avait employé pour apprécier sa part de tarte, comme si de rien n’était ; qu’il connaisse cette catégorie de guerriers étonnait moins l’Envoleur que la manière dont il les évoquait, aussi n’avait-il pas cherché à savoir ce que Pragon savait exactement de ces gars-là. Il était bien trop indépendant de l’ordre du Chaos pour craindre qu’un secret hautement gardé soit percé par un vieil homme aux longues mèches d’argent et à la barbe torsadée. Mais encore une fois, il y avait quelque chose dans la voix du rêveur qui laissait poindre le doute. Quoi, il n’y a quand même pas écris MERCENAIRE sur mon front… si ?

Pas mercenaire, c’était certain. Mais GUERRIER, peut-être bien. Gil n’avait pas l’allure de ces badauds qui les croisaient en direction de la taverne qu’ils venaient juste de quitter ; il ne portait pas d’arme – pas d’armes qui soient visibles, en tout cas – et n’avait pas pris le temps de se raser depuis quelques jours, ce qui lui donnait plutôt un air de vagabond. Mais sa démarche était puissante, presque féline, et sa prestance peu commune ; si Pragon l’avait remarqué, il était possible qu’un sous-entendu se soit glissé dans sa question. Gil partit de ce principe.

- Je peux me rendre utile, s’il le faut. Je vous dois bien ça.
- Vous savez donc vous battre ?
- Je sais me défendre, en tous cas.
- C’est très aimable ! Mais je ne voudrais pas vous éloigner de votre amie maintenant…
- Croyez-moi, il n’y a pas de meilleur moment. Elle n’a plus de théière mais je la soupçonne de posséder une carafe particulièrement solide.
- Dans ce cas, je vous attends demain, à la première heure ? A l’entrée de la ville ?
- J’y serai.


Une poignée de main, un regard complice.
Accord tacite.

Puis les deux hommes se séparèrent ; Gil retourna chez Iselle pour se heurter à la vilaine voisine, plus enragée encore qu’un chien de garde. Elle refusa qu’il entre dans la chambre de la blessée et le mit dehors comme un malpropre. Cela faisait deux fois en moins de deux heures, et s’il n’avait été aussi épuisé, Gil se serait fait un plaisir de la traîner par les cheveux jusque chez elle, et de l’y enfermer. A clé. Mais le cœur n’y était pas et l’Envoleur fit sagement le tour de la maison pour grimper à l’arbre jouxtant le mur de l’arrière cour. Il ne lui suffit que d’une poignée de secondes pour faire coulisser la fenêtre de la chambre et se glisser à l’intérieur.

La pièce était plongée dans la pénombre. Gil écouta un petit moment la respiration calme et régulière d’Iselle avant d’ôter ses bottes, puis ses vêtements. Il se faufila dans le lit avec la délicatesse d’un chat, ou bien la précaution d’un repenti, et glissa un bras prudent autour de la taille de son amante. La tête posée contre la sienne, il ferma les yeux, plutôt fier de lui, lorsqu’une phrase vint briser le silence – et en même temps, ses belles illusions :

- Gil SangreLune, tu me dois une théière.


~ ~ ~ ~ ~ ~



- Cela ne vous ennuie pas si nous faisons un détour par ce village ?
- Qu’est-ce que vous voulez y faire ?
- Une de mes connaissances tient une herboristerie dans laquelle ma Confrérie se fourni. Il nous faudrait une plante qui…
- Ça ne fait pas vraiment partie du contrat.
- C’est vrai. Mais croyez-vous qu’Iselle ait déjà calmé toute sa colère ?
- Bon. D’accord. Allons chercher cette plante.
- Parfait ! Vous verrez, c'est l'affaire de quelques minutes...

Le soir venu, ils y étaient encore.
La connaissance de Pragon se trouvait être une infatigable bavarde de la pire espèce ; lorsque le rêveur, depuis l’intérieur de la boutique, fit signe à Gil, à travers la vitre, ce dernier poussa un long soupir. Ils allaient devoir passer la nuit ici… Mains dans les poches, le jeune homme se leva de la fontaine sur laquelle il s’était assis presque deux heures et fit quelques pas. Il avait attendu tellement longtemps qu’il ne sentait plus sa fesse gauche. Puisque Pragon semblait prendre racine, il s’éloigna de l’herboristerie, remontant une petite rue adjacente, et tomba sur un groupe de musiciens en train de s’accorder.

A l’intérieur de lui, un petit garçon passionné de musique leva la tête, son attention soudain captivée ; Gil s’arrêta pour les regarder faire, tandis que sur la place du village, on allumait une belle flambée. L’Envoleur grogna. De la musique, du feu… une fête. Il ne manquait plus que ça… Tournant les talons, il s’apprêtait à fuir lorsqu’un Pragon souriant de toutes ses dents se planta soudain devant lui.

- J’ai trouvé ma plante !
- Ça tombe bien, il fait nuit.
- Oh !


J'’y crois pas, il vient tout juste de le remarquer…

- Je vais aller nous réserver une chambre dans l’auberge de ce patelin…
- Mais… on dirait une fête !
- Justement, c’est le moment de filer.
- Vous n’aimez pas les fêtes ?
- Non.
- Vous devriez y aller, pourtant ; ça vous changerait les idées.
- Mes idées n’ont pas besoin d’être changées.
- Tant mieux, tant mieux. Ah, autant vous prévenir : je ronfle aussi fort que le gargouillement affamé du ventre d’un ours élastique. Mais peut-être que si vous mettez des bouchons dans vos oreilles…


Quoi ??

- Partez devant, je vais rester encore un peu.
- Bien ! A tout à l’heure !


Gil regarda Pragon redescendre la rue à toute allure. Il avait le sentiment de s’être fait avoir, mais dans le doute, il préférait s’enivrer un peu avant de partager la chambre d’un vieillard rusé et probablement ronfleur. Les premières notes d’une mélodie entraînante s’élevèrent dans son dos, saluées par les cris joyeux des villageois, et Gil soupira, puis se retourna. Les gens dansaient déjà. Il les évita en quelques enjambées, en quête d’un endroit où l’alcool coulait à flots, et finit par le trouver. On lui servit une pinte, qu’il vida d’un seul trait. Au point où il en était, il ne voyait pas pourquoi il prendrait la peine d’être raisonnable. Il ne l’avait même jamais été, alors pourquoi s’y essayer ?

Il en était donc déjà à sa troisième pinte lorsque ses pas le conduisirent tout naturellement vers les musiciens installés près du grand feu. Il tenait bien l’alcool, et il en avait juste assez dans le sang pour commencer à apprécier cette soirée. Portant instinctivement la main à sa ceinture, il décrocha sa flûte et joua au hasard quelques notes, alors que les musiciens marquaient un temps d’arrêt pour se désaltérer à leur tour ; c’était un air de chez lui, de la plaine de Shaal, qu’un violoniste reprit prudemment, puis les autres musiciens trouvèrent l’accord qui leur permettait de suivre Gil et bientôt, les villageois dansaient selon sa propre musique.

C’était très étrange, et l’alcool y était sans doute pour un peu, mais Gil avait l’impression de se dédoubler. Il y avait l’homme qui jouait de la flûte – et qui jouait plutôt bien, il fallait le reconnaître – mais il y avait aussi l’homme qui assistait à la scène, presque en étranger, et quoi voyait tout, ou presque. Il voyait le violoniste qui faisait danser son archer sur les cordes. Il voyait les enfants qui gambadaient joyeusement, profitant du peu de temps qui leur était accordé avant qu’il ne soit temps d’aller au lit. Il voyait les gens qui buvaient, mangeaient, chantaient, dansaient. Il voyait le feu dont les hautes flammes s’élevaient vers la voûte éthérée. Il voyait cette femme qui virevoltait comme un feu-follet, juste derrière le brasier.

Gil reprit son souffle, et sous l’exhortation des musiciens, se lança dans un autre morceau tout aussi entraînant. Pragon n’avait peut-être pas eu tort de le pousser à rester là. Car il se pouvait peut-être qu’il s’amuse un peu…
… pour changer.


[Et toutes mes excuses pour ce vilain retard ; je sure solennellement sur mon nouveau bracelet-montre que cela ne se reproduira plus !]
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MessageSujet: Re: L'ombre d'un espoir [PV Gil]    L'ombre d'un espoir [PV Gil] Icon_minitimeMar 24 Jan 2012, 14:54

≈≈≈ Naïs ≈≈≈

Les femmes passent de main en main au rythme d’une musique aussi douce que dynamique, transcendante. Je n’échappe pas à l’exception. Après tout, c’est la fête et il serait idiot de ne pas s’abandonner à l’allégresse générale. Je n’ai jamais vraiment appris à danser, mais là d’où je viens, c’est quelque peu un don inné. Sur l’île de mon enfance, toutes les femmes savent danser. En fait, ce n’est pas tellement compliqué. C’est une façon de bouger presque aussi naturelle que de marcher – enfin à mon sens. Cela n’empêche que certains peuvent être de bien piètres danseurs. Rien que ce soir, j’en ai rencontré au moins trois. Heureusement, la faible expérience que j’ai dors et déjà acquise me permet de me glisser souplement entre les quelques pieds balourds, changeant discrètement de partenaire – sinon, cela pourrait les vexer, et un homme vexé est incroyablement insupportable.

Un nouvel instrumentiste s’incruste dans le groupe. Je reconnais immédiatement le son doux et mélancolique d’une flûte. Je perçois sans mal le trouble des villageois au changement soudain de musique, radicalement différente de celle jouée quelques minutes auparavant. Quelques-uns s’arrêtent même de danser en soupirant. Je suis la seule à continuer durant cette pause momentanée. Aussitôt je m’accorde à ce nouveau tempo. D’adage en adage, je trouve peu à peu le juste équilibre sur un ton suggérant autant de mélancolie que d’espoir. Je suis peut-être aussi musicienne que je ne m’appelle Sil Lifen, mais je suis convaincue d’au moins une chose, ce flûtiste est vraiment excellent. Il n’a sans doute pas la technique parfaite d’un diplômé de la grande école de musique d’Al-Jeit, mais il a ce potentiel émotionnel que peu de musiciens officiels ont.

Je repense soudain à Maëlys et me demande si elle est présente elle aussi. Sûrement que oui. Seulement, je n’ai pas franchement envie de me lancer à sa recherche. Et puis, je suppose qu’elle aimerait qu’on lui fiche la paix. Ne serait-ce que pour une soirée, qu’elle n’ait pas à s’occuper de ses clients. Toutefois, je ne pus m’empêcher de sourire. Finalement, j’ai peut-être bien fait de venir…

≈≈≈ Inconnu ≈≈≈

Cette femme…

Imperturbable, même lors du changement soudain de musique – qui j’avoue m’aurai presque poussé à arrêter de danse –, continue de danser. Une chose est sûre, je ne l’ai jamais vu au village. Une voyageuse de passage, sûrement, comme souvent d’ailleurs. Elle semble être seule, ce qui me semble d’ors et déjà surprenant. Les danses reprennent autour de moi. Machinalement je reprends le mouvement également, tentant discrètement de me rapprocher de la femme.

Bon sang ! Elle est si gracieuse, si belle, il faut le dire comme c’est. Je suis à peu près persuadé que tous les autres hommes du village ont déjà dû la remarquer depuis longtemps. Une étrangère, seule et belle, ce n’était pas tous les jours qu’on en voyait passer. D’habitude, c’était les autres qui ramassait le lot – quoiqu’il fut extrêmement rare –, mais cette fois, ce serait moi. Foi de forgeron !

Apparemment, elle se laisse approcher sans difficulté et suis bientôt confronté à son regard d’ambre mêlé à une étonnante lueur dorée. Toutefois, il n’exprime assurément rien. Je souris. C’est mon jour de chance : une aveugle. Heureusement que Linette n’est pas dans le coin, sinon, elle aurait déjà déclanché un scandale phénoménal. Prudent quant à la réaction de la femme, tout contre elle, je glisse mes mains sur ses hanches…

≈≈≈ Naïs ≈≈≈

… Mon sang ne fait qu’un tour. Par la sainte culotte de l’empereur ! Il se prend pour qui celui-là. Instinctivement, je chope la main de l’importun et lui broie littéralement les doigts. Retenant un cri pour sa propre fierté, je le sens se crisper. D’un mouvement dansant, je m’approche de son oreille.

- « Pas de ça »

Ce n’est qu’un murmure, juste assez fort pour qu’il l’entende malgré la musique. L’intervention ne tarde pas à me convaincre de m’éloigner quelque peu du feu de joie. Les hommes… Tous les mêmes ! C’en est parfois exaspérant. Trouvant naturellement le buffet – vu les odeurs qui en émanent, ce n’est pas bien difficile à localiser –, je ramasse au hasard une pinte encore pleine avant de m’éloigner. C’est bien les fêtes. Le problème, c’est qu’à chaque fois je ne manque pas de me sentir oppressée par la foule. Parfois, je me dis que je dois être un peu agoraphobe sur les bords.

Je m’éloigne de quelques centaines de mètres. Prendre l’air, la belle excuse. Mes pieds encore nus foulent le sol glacé, l’air frais caresse mon visage. Immédiatement, je me sens mieux. Je suis seule avec ma pinte à moitié vide.

Un souffle…
Enfin, peut-être pas complètement seule…


[Y pas de soucis Wink]
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Giliwyn SangreLune
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MessageSujet: Re: L'ombre d'un espoir [PV Gil]    L'ombre d'un espoir [PV Gil] Icon_minitimeVen 27 Jan 2012, 00:48

Profitant de ce que les musiciens se lançaient dans une conversation musicale endiablée qui opposait les percussions aux cordes, Gil glissa sa flûte dans sa ceinture et s’éloigna. Il se lassait non pas de la musique, qui dansaient en rythme avec les battements de son cœur, mais de l’ambiance en général : trop de bruit, trop de gens, trop de… trop. Son côté solitaire reprenait toujours le dessus, quoi qu’il arrive. Ça, ou bien la soif ; le feu dégageait une impressionnante chaleur. La sueur collait ses mèches éparses sur son front. L’essuyant d’un revers de bras, il chercha sa pinte des yeux. On la lui avait prise, bien entendu. C’était le moment de la soirée où les gens commençaient à être éméchés et ne savaient plus où se trouvait leur propre pinte. L’Envoleur s’en resservait une lorsqu’une main se posa sur son épaule.

- Tu es drôlement doué, mon gars. Où as-tu appris à jouer comme ça ?

C’était le violoniste ; tout comme Gil, il se servit à boire. Sauf que pour lui, il ne s’agissait que d’une pause. Il avait une allure étonnante. Très petit, il n’arrivait pas à l’épaule de Gil, et on ne pouvait certes pas dire qu’il était bel homme avec sa moustache et son crâne dégarni. Mais il compensait ce manque par un franc-parler et une sympathie à toute épreuve. C’était un homme bien. Voilà pourquoi Gil se comporta avec lui en homme civilisé, et non pas en espèce d’ours mal léché qu’il était souvent lorsque son sang était saturé d’alcool.

- De là d’où je viens.

- C'est-à-dire ?
- Shaal. Un petit village perdu dans la plaine…
- Je ne connais pas tous les villages de la région, mais c’est un endroit magnifique.


Gil hocha la tête. Ce qui semblait être une banalité dans la bouche de certains étaient une vérité dans celles de quelques rares personnes ; le violoniste faisait partie de cette dernière catégorie. Dans un sourire, il fit passer sa pinte dans sa main gauche pour tendre la droite à Gil.

- Ceriniel Nil’Ynor, dit Cendre.
- Gil SangreLune. Pourquoi Cendre ?
- C’est mon nom d’artiste. Dis-moi, on est un peu loin de ton pays, Gil ; qu’est-ce qui t’amène dans le sud ?
- Mes pas et ceux d’un rêveur en route pour son Ordre.
- Fériane, j’imagine ?
- Ouais.
- Mais toi, tu n’as pas l’allure d’un rêveur. Ni d’un musicien, d’ailleurs… ce qui ne m’empêchera pas de te proposer de te joindre à nous.


A ces mots, Gil caressa pensivement sa flûte du bout de ses doigts. Il y a bien longtemps, c’est une proposition qu’il aurait accepté sans la moindre hésitation. Vivre de sa musique plutôt que de sa lame… ça plaisait à Manaël.
Pas à Giliwyn.

- Merci, Cendre, mais je travaille seul. Je regrette…
- Pas autant que moi, mais je dois avouer que je m’y attendais un peu. Allez, trinquons quand même !


Ils trinquèrent, donc, et puis l’ont vint chercher Cendre pour un nouveau morceau. Celui-ci proposa à Gil de les accompagner mais l’Envoleur déclina l’offre dans un sourire, préférant terminer sa pinte avant de prendre la tangente. Non pas qu’il ait peur de succomber à la tentation en entendant la musique ; son choix était fait depuis longtemps en ce qui concernait sa vie. C’était d’ailleurs le seul qu’il respectait avec autant de soins, malgré les différents qui l’opposaient souvent au Domaine et aux mercenaires en général.

Il commença à s’éloigner de la place, les mains dans les poches de son tabard. Deux jeunes gens complètement ivres le dépassèrent en riant comme des baleines, l’un soutenant l’autre sans parvenir à marcher droit. Gil s’écarta pour les laisser passer puis évita une flaque de vomi qui tapissait les pavés inégaux. Il était loin d’en être à ce stade, malgré l’alcool qui faisait bouillonner son sang, et ce n’était pas une mauvaise chose ; lorsqu’il buvait trop, il avait la fâcheuse manie de mettre sa vie en danger. Enfin, plus en danger que d’ordinaire, s’entend. S’arrêtant en bordure de la place, Gil eut un de ses fameux demi-sourire en repensant à cette fois, près d’Al-Chen… cette nuit-là, il s’était presque noyé dans le lac en cherchant à atteindre la rive opposée sur laquelle se trouvaient ses vêtements. Là n’était cependant pas le pire. Non, le comble, c’est que la personne qui l’avait repêchée, et à qui il devait la vie, était un marchombre. Mieux vaut que Seren ne l’apprenne jamais…

L’Envoleur tourna soudain la tête. Il ne s’était pas aperçu de la présence de la femme qui se tenait près de lui. Comme elle semblait tenir debout sans trop vaciller et qu’elle gardait le silence, il se demanda si elle attendait quelqu’un. Et puis, de quoi j’me mêle, moi ? Haussant les épaules, Gil tourna les talons et s’éloigna. Avant de revenir sur ses pas. Pour s’arrêter au même endroit.

- Je t’ai vue danser, tout à l’heure.

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MessageSujet: Re: L'ombre d'un espoir [PV Gil]    L'ombre d'un espoir [PV Gil] Icon_minitimeSam 28 Jan 2012, 00:13

≈≈≈ Naïs ≈≈≈

Je ne suis plus seule…

* *
*


Je me suis assez éloignée pour ressentir le silence des rues désertes alentours, mais toutefois pas assez non plus pour ne plus pouvoir capter des bribes de conversations par dizaines.

Certains, des fêtards nés, originaire de ce bled paumé, mais partis à Al-Jeit pour vivre la « grande » vie, ne ratent jamais cette soirée traditionnelle. Elle n’a lieu qu’une fois par an, et d’aussi loin que je me souvienne, en l’honneur de la fin des récoltes et du début de l’hiver. Souvent, les petits patelins de ce genre ne manquent pas de célébrer l’évènement. C’est une sorte d’archaïsme qui s’est perdu dans villes les plus importantes de l’Empire. Une fois, j’ai eu le malheur de me retrouvée coincée – encore une fois par un aubergiste et sa femme, drôle de coïncidence – au cœur de festivités parfaitement similaires… Pendant trois jours entiers. A la fin, je n’étais pas mécontente de mettre les voiles. Deux rires gras et tonitruants rompent le semi-silence régnant. Je fronce les sourcils : en voilà des qui ne sauront même plus où ils auront fini la soirée. L’un d’eux dégurgite bruyamment l’alcool qu’il aura pu absorber, avant de continuer à chanter à tue-tête, imperturbable. Je secoue la tête toute seule. C’est pitoyable !

D’autres, jeunes et moins jeunes, adolescents et adultes, cherchent simplement le moyen de se remettre d’une rupture récente, ou encore de goûter à l’excitation d’un premier flirt. C’est mignon, mais il y a bien longtemps que je ne crois plus au grand amour. Toutes mes convictions ont été piétinées, massacrées, une dizaine d’années auparavant. Néanmoins, ça ne m’empêche pas de profiter de la chaleur d’un corps – que j’apprécie particulièrement quand ils sont finement musclés – dans un lit. Juste de quoi satisfaire régulièrement un besoin physique.

Pour les petits commerçants du coin – certes peu nombreux – c’est l’occasion de discuter affaire pour savoir comment rouler de la façon à la fois la plus discrète et la plus maligne possible les fêtards déjà ivres. La meilleure solution reste souvent de prétendre, alors qu’ils ne se souviennent plus de rien et se battent tant bien que mal avec une migraine terrassante, d’avoir gagné une partie à un jeu quelconque et qu’ils attendent toujours les sous promis. Je souris malgré moi. Astucieux, certes, mais pas très honnête. De toute façon, qui peut se vanter d’avoir été honnête toute sa vie ? Sûrement bien peu de gens à mon avis.

Et puis, il y a ceux qui parlent de musique, entre le débat animée sur les cordes et les percussions et les exploits d’un autre. D’ailleurs, pour ce dernier, je suis à peu près persuadée qu’il s’agit du flûtiste. Après tout, il a débarqué comme ça, au beau milieu de la soirée, pour s’incruster discrètement dans le groupe de musiciens. Un premier nom, Cendre. Et un deuxième, auquel je prête plus attention cette fois-ci, Gil SangreLune. Je hausse un sourcil. J’ai déjà entendu ce nom quelque part, j’en suis presque certaine. Mais où diable ? J’ai l’impression de sentir mon cerveau bouillonner durant quelques secondes qui me paraissent interminables. Et, enfin, la réponse s’impose à moi. Bien sûr, c’est vrai qu’il a une sacrée réputation au Domaine. J’ai même su par Sen qu’il avait bien failli tuer ses apprentis lors de sa première rencontre avec eux.

Brillant…
Vraiment brillant…


* *
*

La présence hésite. Elle part, doucement. Et puis revient, curieuse. Enfin, elle parle – non il. Gil SangreLune, nous voilà donc deux âmes solitaires au beau milieu de cette fête qui bat son plein. Oui, j’ai dansé, et alors ? Les autres aussi. Si tu n’as rien de plus intéressant à dire, tu peux partir tout de suite. Quoique… Et si ? L’idée vient tout juste de me venir, et plus j’y pense, et plus… Je secoue la tête toute seule. Non, ce n’est peut-être pas raisonnable – sûrement pas même. La rumeur a du circuler depuis pas mal de temps au Domaine quant à la récompense proposé pour ma tête. Si ça se trouve, il aura eu la même idée que ce sale fils de Raï de Driss ! Je serai bien dans de beau draps si tel est le cas. Je hoche de nouveau la tête. Admettons un instant que c’est réellement le cas : cela voudrait dire qu’il m’aurait suivi jusqu’ici sans que je le sache ? Et depuis quand m’aurait-il suivi ? Je me serais quand même pas laissée avoir comme une débutante ? Non ? Dans ce cas, il aurait pu me tuer depuis bien longtemps et empocher la récompense. Tout compte fait, cette version ne tient pas tellement debout. Et cette idée, je peux presque entendre ma raison me chuchoter « méfie-toi » et mon cœur me dire « essayes, tu n’y perds rien ». C’est un peu fou d’espérer, mais s’il accepte, j’aurais certainement un peu plus de chances de coincer Driss. Après tout, accepter de tuer un Mentaï, c’est, à mon sens, tout à fait à la hauteur de sa réputation. Il allait tourner le dos à nouveau, Gil. Seulement, cette fois, je le retiens.

- « Gil SangreLune… »

Je laisse planer un léger silence, histoire de le laisser cogiter un peu. Doucement, je me glisse près de lui. En le contournant dans un souffle, ma main trouve le chemin, presque involontairement, de sa ceinture puis d’un petit objet finement manufacturé. La flûte ! Imperceptible, je la lui dérobe, un léger sourire sur les lèvres.

- « Est-tu toujours aussi habile de tes mains ? »
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Giliwyn SangreLune
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MessageSujet: Re: L'ombre d'un espoir [PV Gil]    L'ombre d'un espoir [PV Gil] Icon_minitimeDim 29 Jan 2012, 02:08

La façon dont elle prononça son nom lui coupa le souffle et il se raidit instantanément. Peu de personnes connaissaient son identité et il était à peu près certain de savoir à qui il l’avait dévoilée. Cette femme n’en faisait pas partie. Tournant légèrement la tête, il la détailla en silence. Grande et mince, avec de longs cheveux sombres et une peau cuivrée, elle détonait au milieu de ces gens qui s’égayaient derrière eux mais cela ne s’en tenait pas à son physique, quoi qu’il soit des plus agréables à admirer. Il y avait autre chose, un je ne sais quoi qui interpelait Gil – en dehors du fait qu’elle venait de l’appeler par son prénom et son nom sans qu’il l’ai jamais vue. Intéressant…

C’est ce genre de mystère qui, ajouté à un soupçon de danger, tend à effrayer certaines personnes. Des personnes censées, rationnelles, équilibrées, celles qui se disent « pourquoi ? » et qui pensent d’abord à se mettre en sécurité avant de chercher la réponse. Gil n’avait pas du tout le même rapport au danger. Pourquoi pas ? se disait-il plutôt. C’est la raison principale pour laquelle on avait longuement hésité avant de lui accorder le rang de maître. De la même façon qu’on avait hésité à accorder le rang de maître à Seren Til’Silveryn… Deux Envoleurs qui avaient fait une entrée fracassante, même pour les fils du Chaos, et qui ne cessaient de surprendre leur entourage ; ils faisaient partie de ces rares personnes qui sache flirter côtoyer le danger avec autant de panache. A croire qu’ils oubliaient d’avoir peur.

Sentant une main s’égarer au sud de sa taille, Gil réagit en tendant la sienne – trop tard. Insaisissable, elle se tenait déjà hors de sa portée, agitant la flûte entre ses doigts.

- Es-tu toujours aussi habile de tes mains ?

Il ne répondit pas immédiatement. L’audace de la jeune femme avait fait écho à celle d’une autre personne, dans son esprit, et l’espace d’un bref instant, il se perdit dans ses souvenirs.
Anee…


~ ~ ~ ~ ~



- Qui es-tu ?
- Lâche-moi.
- …
- Tu ne t’en souviens pas ? J’ai déjà dû te donner mon nom, pourtant…
- Je me souviens que cette flûte était dans ma ceinture la dernière fois que je l’ai vue, et non entre tes mains.
- … elle est tombée quand j’ai voulu récupérer mes vêtements.


Menteuse…


~ ~ ~ ~ ~



Gil cligna des yeux et une lueur indéchiffrable traversa ses prunelles. Deux fois qu’on me chipe ma flûte en peu de temps… Il commençait à se faire vieux, ou bien il rêvait trop souvent de la même histoire ! Il plissa les yeux, cherchant à discerner ce qui le troublait chez cette femme. Malicieuse, elle attendait une réponse.
Il sourit lentement.

- Toujours.

Il bougea. Si vite qu’il se retrouva derrière elle avant qu’elle n’ait eu le temps de s’éclipser – avec sa flûte. Ce n’était pas, toutefois, dans l’espoir de la récupérer qu’il s’était déplacé, mais pour glisser les doigts derrière la nuque de la jeune femme et remonter doucement la masse de ses cheveux. Se penchant légèrement, il murmura dans un souffle qui se perdit sur sa peau douce :

- Et la musique n’est qu’un avant-goût…

Il aurait pu lui briser la nuque d’un seul geste s’il l’avait voulu.
Il n’en fit rien.

Il souriait.
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MessageSujet: Re: L'ombre d'un espoir [PV Gil]    L'ombre d'un espoir [PV Gil] Icon_minitimeDim 29 Jan 2012, 22:39

≈≈≈ Naïs ≈≈≈

Une esquisse de sourire se dessine lentement sur mes lèvres. J’ai comme l’impression d’entendre Gil réfléchir d’ici. Et il y a de quoi ! À sa place, j’aurais au moins été déstabilisée autant que lui. Après tout, je viens de l’appeler par son prénom et son nom, alors qu’il ne me connaît ni d’Eve ni d’Adam. Moi non plus d’ailleurs : je l’ai simplement entendu décliner son identité alors qu’il était occupé à discuter plutôt que d’être attentif. En supposant qu’il n’existe qu’un seul Gil SangreLune dans tout l’empire, je me suis vite souvenue de sa réputation qui le poursuivait comme une évidence.

Un mot fait écho à ma question. Suivi d’un mouvement, rapide. Tellement véloce qu’à peine ai je voulu réagir qu’il se trouve maintenant dans mon dos. Ses mains froides courent déjà sur ma peau, me tirant un léger frisson. Il aurait mille fois pu me briser la nuque simplement pour le geste que je venais de faire – un affront ? Mais il ne le fait pas, laissant juste son souffle tiède réchauffer mon cou. J’ai bien trop réveillé sa curiosité pour qu’il le fasse, je le sens. Je le sais. J’aurais pu aussi bien m’éclipser, tranquille. Mais je ne le fais pas. C’est risqué, mais j’ai confiance !

- « Je me doute »

Doucement, je prends les mains de Gil, qui me paraissent incroyablement grandes en comparaison des miennes mais étrangement douces, et me retourne pour lui faire face. La lumière un peu lointaine du feu de joie illumine un instant mon visage. Aussi légère que la petite brise rafraîchissant l’atmosphère de cette soirée chaudement animée, je me coule de nouveau contre lui, dérobant une deuxième fois le précieux instrument. Ne s’attendant sûrement pas à ce que je réitère l’affront, l’effet de surprise joue donc en ma faveur et j’ai le temps de m’éloigner d’un bond.

- « Alors, étonnes-moi, encore… »

Insaisissable, je m’échappe à toute vitesse dans les rues désertes du village.

* *
*


Je viens de lancer un jeu dangereux, certes, mais rien n’est trop risqué à côté de ce que je compte bien lui proposer : tuer Driss, un Mentaï d’une certaine renommée parmi les serviteurs du Chaos, et ainsi récupérer mon gamin. J’ose espérer que cette partie le mettra assez en appétit pour qu’il accepte de m’aider. Car essayer seule de me frotter à Driss, c’eût été littéralement du suicide, et je ne pouvais pas me le permettre, d’autant que j’avais promis à Atal de revenir. Je n’ai toujours eu qu’une parole, et ce n’est pas aujourd’hui que cela va changer.

Il faut à Gil à peine une demi seconde pour s’élancer à son tour. J’ai juste le temps de disparaître dans une ruelle incroyablement étroite. Je crois bien que je n’ai jamais couru aussi vite, même lorsque ma vie en dépendait. Je n’attends pas une seconde de plus pour bondir et me hisser souplement sur la corniche légèrement en surplomb. Après tout, je n’ai pas établi de règle. Je peux donc profiter des ombres silencieuses des maisons désertes pour échapper un instant à sa perception aussi affinée que la mienne. Il suffit d’un bruissement, un souffle, un craquement à peine sonore, pour m’éclipser le plus discrètement possible. D’une fenêtre à l’autre, l’écart n’est pas si important que cela, trois ou quatre mètres tout au plus. J’en oublierais presque qu’on ne joue pas tout à fait à armes égales : je suis aveugle et lui pas. Le moindre rayon lunaire peut donc me trahir, et pas lui. Mais ce n’est pas grave.

Je redescends un instant dans la grande rue principale pavée malgré l’importance d’un village comme celui-ci. Profitant de ce que Gil soit encore dans la maison voisine, je m’envole à nouveau, m’engouffrant dans une nouvelle succession de ruelles étroites. Je souris, restant un instant évaporée. D’aussi loin que je me souvienne, c’est le premier véritable depuis bien longtemps. Je crois que je suis réellement en train de m’amuser. Tant mieux ! Un bruit de pas, presque imperceptible me tire de ma rêverie et je m’élance, bifurquant un peu au hasard sur ma gauche. Et le silence s’installe, encore, juste perturbé par les couinements incessants d’une souris cherchant vainement à s’échapper des griffes d’un chat.

Alors que je m’éloigne dans un souffle, je fais lentement tournoyer la flûte de Gil dans ma main. Pour le reste, je ne sais pas vraiment ce qu’il me prend. Sans doute est-ce la vague de souvenirs autant heureux que douloureux remontant brutalement à la fleur de ma peau qui me pousse à porter l’instrument à ma bouche et d’y retrouver peu à peu mélodie de mon enfance, celle que Louanne aura pu me chanter inlassablement avec tant de patience. Un morceau de mon île de ce que j’ai su. Sans trop savoir pourquoi, la mélodie qui s’élève dans le silence de la nuit alors que je continue à déambuler sereinement dans les ruelles étroites du village, m’évoque l’espoir. Réalisant soudain que Gil a dû en profiter pour me suivre à la trace – ou plutôt à l’écoute - je m’arrête. Pour tendre l’oreille dans le silence. Lentement, je fais un pas, en arrière. C’est un pas de trop car l’Envoleur est dans mon dos. La surprise m’aurait sûrement fait sursauter si je n’avais appris à maîtriser ce genre de réaction. Et bientôt, je me retrouve dos au mur, bien obligée de lui rendre sa flûte dans un sourire.

- « Bien joué »

Nous sommes proches, redoutablement proches. Et je peux une nouvelle fois sentir son souffle chaud caresser ma peau.

* *
*


- « Je te laisse me poser une question, une seule. Réfléchis bien… »

Un murmure…
Un sourire légèrement mutin…
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MessageSujet: Re: L'ombre d'un espoir [PV Gil]    L'ombre d'un espoir [PV Gil] Icon_minitimeLun 30 Jan 2012, 17:16

- Je te laisse me poser une question, une seule. Réfléchis bien…

Un choix. Elle lui demandait de faire un choix parmi toutes les interrogations qui se bousculaient sous son crâne. Enfer, encore un…

"La vie n’est rien d’autre qu’une succession de choix, Cabochard…"

Oh, la ferme.

Une question…


~ ~ ~ ~ ~



Elle sentait bon le feu de bois et le piquant du vent d’hiver.
Les doigts dans ses cheveux, Gil respira son odeur et l’ancra dans sa mémoire comme le complément d’une identité qu’il ne connaissait pas encore. Il souffla doucement sur sa nuque, laissant ses mains poursuivre leur lente exploration, glissant de sa gorge à ses épaules, puis le long de ses bras, puis le long de ses côtes… Mmmh… Des muscles fins, pour l’heure parfaitement détendus sous ses doigts mais capable d’une vitesse confondante et d’une puissance dont il ne douta plus lorsqu’elle lui prit les mains : sa poigne était douce mais ferme et elle se retourna sans effort pour regarder…
…dans le vide.

Gil eut un imperceptible mouvement de recul sous l’effet de la surprise et elle en profita pour lui filer entre les doigts. Avec la flûte.

- C’est pas vrai…

Il s’élança aussitôt dans son sillage, guidé par une bonne dose d’agacement mêlée d’une pointe de frustration. Deux fois qu’elle se jouait de lui comme d’un enfant. Peste… et aveugle. Gil n’en doutait pas une seule seconde, même s’il ne comprenait pas comment elle se débrouillait pour se déplacer avec autant de précision et d’assurance. Elle filait à toute vitesse devant lui, insaisissable et malicieux feu-follet qui se jouait des obstacles de la ville comme l’on chasse un moustique d’un vague geste de la main ; jamais il n’aurait pu soupçonner, s’il n’avait vu ses yeux…

Il avait rencontré une femme aveugle, une fois. Elle avait l’âge de Seren et il se souvenait qu’elle était entourée d’une ribambelle d’enfants. Ils la guidaient dans la ville en la tenant par la main, mais lorsque l’un d’entre eux, plus petit et plus frondeur, s’était soudain élancer pour traverser la rue, elle l’avait retenu avant qu’un cavalier, lancé sur son cheval au triple galop, ne leur passe devant à toute allure. Aveugle, mais pas impotente… exactement comme cette femme, qu’il regarde disparaître dans l’ombre d’une fenêtre ouverte. La course mêlant davantage l’alcool à son sang, Gil sentit une bouffée d’adrénaline l’envahir. Il prit de la hauteur, s’engouffrant à son tour dans la maison qu’elle quittait déjà de l’autre côté. Un jeu était en train de naître, celui du chat et de la souris.
C’est moi le chat.


Le jeune homme courait vite sur les toits. La sueur collait sa chemise à sa peau mais il n’avait pas le temps de s’en débarrasser, tout à sa volonté de rattraper sa petite souris. Elle remontait la rue qu’il longeait depuis son perchoir. S’il l’avait voulu, il aurait pu se laisser tomber devant elle pour lui barrer la route, mais la chasse lui plaisait trop pour qu’il songe à y mettre fin aussi vite. Le goût du défi et du jeu avait distillé sa frustration première. Il s’amusait. Pas à la manière dont avait songé Pragon, mais tout de même… S’arrêtant au bord du vide, il la regarda disparaître dans une ruelle. Il n’était pas vraiment essoufflé mais lorsqu’il s’accroupit, appuyant ses avant-bras sur ses cuisses, un nuage de condensation se formait devant ses lèvres. Sourire. Elle lui rappelait Anee… et c’est justement pour ça qu’il tenait à récupérer sa flûte, uniquement. Plus d’Envoleuse. C’est beaucoup trop dangereux…

Quelques notes, dans la nuit.
Rien à voir avec l’air qu’il avait joué sur la place ; celui-ci était doux, léger, murmure fragile qui intrigua le jeune homme par le message d’espoir qu’il véhiculait. C’est une complainte, réalisa-t-il. Une complainte un peu triste… Clignant des yeux, il leva la tête et observa un instant le croissant voilé de la lune, sourire-promesse d’une nouvelle journée autant belle que froide. Un soupir, et puis il sauta souplement à terre, suivant le silence qui avait brusquement succédé au son de sa flûte. Gil sourit. Se glissa dans la ruelle. Saisit une ombre entre ses bras puissants. La coinça entre le mur et lui.

- Gagné.
- Bien joué.


L’Envoleur acquiesça en silence et se pencha en avant. Son souffle rencontra celui de la jeune femme et frôla ses lèvres entrouvertes… récupérant la flûte des mains de la petite souris, il la glissa résolument dans sa ceinture avant de l’embrasser.
Doucement.

Danger.

Gil recula légèrement. Il fallait qu’il dégage de là, en vitesse et avant qu’il ne soit trop tard ! Mais…


~ ~ ~ ~ ~


- Je te laisse me poser une question, une seule. Réfléchis bien…

Un choix. Elle lui demandait de faire un choix parmi toutes les interrogations qui se bousculaient sous son crâne. Enfer, encore un…

"La vie n’est rien d’autre qu’une succession de choix, Cabochard…"

Oh, la ferme.

Une question… Ce n’était pas si terrible, au fond. Une question et hop ! Il disparaitrait sans demander son reste. Il était très doué dans ce domaine. Et puis ça ne l’engageait à rien, une question. Seulement à ne pouvoir donner de réponse à toutes les autres… Une seule question.

- Tu m’accordes une danse ?

C’était idiot. Il n’avait absolument aucune envie de retourner là-bas, près du grand feu.
Ou alors, juste avec elle…
Juste pour danser.

Après seulement, il s’en irait.
Promis, juré !
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MessageSujet: Re: L'ombre d'un espoir [PV Gil]    L'ombre d'un espoir [PV Gil] Icon_minitimeMar 31 Jan 2012, 09:18

≈≈≈ Naïs ≈≈≈

Un sourire légèrement mutin…
… qui disparaît presque aussitôt.

Une danse ? Il vient de me demander une danse. C’est simple comme question, pourtant je n’aurais jamais cru qu’elle me fasse l’effet d’un couteau que l’on remue dans une ancienne plaie. Il vient brusquement de me ramener dix ans en arrière avec une seule proposition. D’aussi loin que je me souvienne, ça s’est passé presque exactement de la même manière : une fête, un jeu, une danse. Et puis, plus rien. C’est fou comme certaines coïncidences peuvent à ce point faire mal. Un silence pèse un instant dans l’atmosphère, juste le temps pour qu’un nœud se forme dans ma gorge. Malgré le flot de sentiments dévastateurs qui se mêlent lentement en moi, je glisse délicatement ma main dans celle de Gil – il attend toujours une réponse – avant de l’entraîner. Vers la place. Vers le feu. Vers la musique. Vers la joie. Exactement comme…

* *
*


La situation est un peu étrange. Je suis aux bras d’un homme dont je ne sais rien, juste son prénom, Samoan. D’ordinaire, c’est moi qui suis la plus mystérieuse dans ce genre de jeu. Là, c’est parfaitement le contraire, et en plus de dégager un certain mystère, il est galant et charmeur. Il a de l’humour. Il a les mains douces – oui, j’aime ses mains. Son étreinte est à la fois puissante et rassurante. Il sent bon. Et si je ne m’arrête, je serai bien capable de lui trouver encore une dizaine d’autres qualités. Je devrais me méfier. Pourtant je ne le fais pas. Je devrais partir pendant qu’il en est encore temps. Je reste.

* *
*


Il y a longtemps que je n’ai accepté aussi facilement de danser avec un homme. Par chance, la place s’est quelque peu vidée de ses âmes. La musique se fait plus douce, plus lente, plus mélancolique. Doucement, je laisse dès à présent Gil guider mes pas. Un sourire. Il n’est pas mauvais danseur – et se débrouille sacrément bien même. Son adresse surpasse même celle de tous ceux que j’ai pu croiser ce soir. Sa main pressant doucement ma taille, je retrouve des réflexes longuement oubliés. La nuit est fraîche, mais je n’ai pas froid. Le grand feu crépite encore joyeusement à quelques mètres, et puis Gil contre moi, j’en oublierais presque que Seth est toujours prisonniers d’un Mentaï. Et que j’espère une chose un peu folle qui a peut-être une chance de réussir s’il accepte de m’aider. J’en oublierais presque que si j’ai lancé un jeu dangereux, séductrice, c’est uniquement pour qu’il accepte de m’aider – uniquement ? N’importe qui aurait pu en douter en nous voyant, enlacés comme deux amants.

La musique s’arrête un instant. Je n’ai pourtant pas tellement envie de m’arrêter. Ça fait dix longues années que je ne me suis sentie aussi bien dans les bras d’un homme. Je crois rêver. Alors pourquoi écourter le songe s’il peut durer encore un peu. De toute façon j’ai promis à Maëlys de m’amuser ce soir – et à moi aussi d’ailleurs. La tête sur son épaule, son souffle chaud sur ma nuque, je suis bien.

* *
*


La musique s’arrête un instant. Je n’ai pourtant pas tellement envie de m’arrêter. C’est la première fois que je me sens aussi bien dans les bras d’un homme. Je crois rêver. Si Sen avait été présent, il se serait fait un plaisir de briser littéralement ce moment hors du temps. Mais il n’est pas là, alors pourquoi écourter le songe s’il peut durer encore un peu. Son nom résonne encore dans ma tête, Samoan. La tête sur son épaule, son souffle chaud sur ma nuque, je suis bien. Pourtant…

* *
*


Pourtant, entrelaçant subtilement mes doigts entre ceux de Gil, je ne peux m’empêcher de m’échapper une nouvelle fois de son étreinte. Il a eu ce qu’il voulait. C’est à mon tour à présent.

* *
*


Les premiers rayons de soleil pénètrent dans la chambre, chauffant doucement la pièce malgré la fraîcheur matinale. Lentement, ma respiration se calque sur un rythme calme et régulier. Sereine, je laisse une vague de souvenir remonter tranquillement, tandis que je réalise que cette douce cadence n’est autre que les battements d’un cœur – celui de Gil. Sa respiration m’apprend qu’il est réveillé lui aussi, peut-être pas depuis longtemps. Je laisse malicieusement ma main remonter du sillon inguinal jusqu’aux épaules finement musclées de l’Envoleur, suivant les lignes de son torse patiemment modelées par des années d’entraînement.

- « Gil ? »

Murmure.

- « Quelle est… la chose la plus… folle que tu n’aies jamais faite ? »

Et voilà l’étape la plus délicate. Je m’en voudrais presque de lui gâcher sa matinée après une si bonne nuit.
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Giliwyn SangreLune
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MessageSujet: Re: L'ombre d'un espoir [PV Gil]    L'ombre d'un espoir [PV Gil] Icon_minitimeDim 05 Fév 2012, 15:23

Il ne s’était pas attendu à ce qu’elle accepte.
Encore moins à ce qu’elle l’entraîne dans une danse endiablée, si près du feu que la chaleur de la flambée faisait bouillir son sang dans ses veines et rosir ses pommettes. Ou peut-être que si. Si, il avait espéré ce genre de réponse – en parfait désaccord avec lui-même ; une réponse à laquelle il acceptait de se soumettre par punition, au nom de ce parjure avec lequel il vivait depuis si longtemps. Telle était le lot de Giliwyn SangreLune, sa malédiction : vivre, mais vivre un enfer, vivre parce qu’il n’avait pas le choix – non, parce qu’il n’aimait pas les choix –, vivre dans un univers de contradictions formelles et douloureuses, simplement parce que de cette manière, il se sentait… vivant. Franchement idiot, mais franchement vivant.
Douloureusement vivant…

Plus d’Envoleuse, s’était-il juré dans sa chambre à Al-Far, alors que le lit désespérément vide lui emplissait les narines de l’odeur sucrée d’Anee. Plus de faux-pas vers un plaisir vertigineux, et donc dangereux. Il n’aspirait plus qu’à une chose, se méfier des femmes, unique faiblesse dont il se sentait écaillé. Il avait laissé Iselle se rétablir seule, fuyant son rôle d’ami, d’amant, peut-être plus encore. C’était ce « plus encore » qui l’effrayait tant et dont il ne souhaitait pas avoir à faire, ni maintenant, ni jamais. Gil ne pouvait pas tomber amoureux. Il avait beaucoup trop…

Chaud.
Enfer ! Il avait chaud comme jamais : la sueur qui brillait sur sa peau collait ses cheveux à son front et sa chemise à son torse. Son tabard avait déjà échoué sur une chaise, près des musiciens parmi lesquels Cendre n’arrêtait pas de lui lancer des clins d’œil goguenards. D’ici quelques minutes, il allait également laisser tomber la chemise, en dépit de l’hiver qui se rappelait à tous par une nuit intensément glaciale. Mais sur la place du village, personne ne semblait souffrir de froid. La saison n’avait plus d’importance, le temps plus de signification : la fête qui battait son plein noyait les sens et balayait les soucis sous un petit vent de folie et d’alcool. Entre deux pirouettes qui l’entraînèrent au plus près des flammes, Gil ouvrit un peu plus le col de sa chemise. Il avait vraiment trop chaud. Etait-ce la danse, l’alcool, ou bien cette femme qui se déhanchait entre ses bras, fatale et sublime ?

Il sentait sa bouche s’assécher rien que de la regarder. Sublime. Un mot qui perdait toute sa saveur une fois prononcé, mais qui s’incarnait parfaitement dans les mouvements de l’Envoleuse. Elle était aveugle. Avait-on besoin de voir pour apprécier la musique ? Elle démentait toute réponse affirmative, ressentant chaque rythme et s’y accordant avec une énergie sans pareille. Gil perdait parfois le fil à la regarder bondir, féline, sauvage, à chaque fois que la musique marquait un tempo puissant. Il savait danser mais il se sentait gauche à côté d’elle… Dès qu’il était sur le point de rompre l’échange pour s’éloigner, elle se collait à lui, son corps épousant le sien avec une aisance troublante, et il se remettait à bouger. Avec elle. Contre elle. Pour elle…

En elle.
Autre lieu, autre feu, autre danse – une danse vieille comme le monde, intemporelle. Danse des sensations, des émotions, tantôt lutte, tantôt caresse, toujours folie pure. Enfer, si chaud… S’il avait pu se débarrasser de sa peau, Gil l’aurait fait sans une once d’hésitation. Et cette musique, confondante de mélancolie qui lui vrillait les tympans… celle d’Anee se superposait à celle de l’inconnue qu’il serrait dans ses bras, mais c’est à Iselle que fut destinée sa première pensée cohérente, lorsqu’il ouvrit les yeux dans l’obscurité de la chambre. Trois danses, trois femmes… Extra-contradictions.

Quelle vie, mon vieux, quelle vie !

Sa contradiction du moment remua entre ses bras. Gil prit une profonde inspiration ; elle sentait bon le feu de bois. Bloquant sa respiration, il écouta son murmure, l’étudia et relâcha finalement son souffle alors qu’une réponse prenait forme dans son esprit. Non, des millions. Des millions de réponses, des millions de folies qu’il avait commis tout au long de sa vie, mais une seule méritait vraiment d’être distinguée :

- J’ai tué mon père.

Cinq mots.
Le drame d’une vie entière.
Glissant son bras libre derrière sa nuque, Gil sourit dans le noir.
Contradiction oblige.

[Très court et très sobre, comparé à ta propre réponse... N'empêche, ça reste intense, et nom de nom, ça me plaît ! Désolée pour l'attente, quand même ^^]
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MessageSujet: Re: L'ombre d'un espoir [PV Gil]    L'ombre d'un espoir [PV Gil] Icon_minitimeLun 06 Fév 2012, 18:38

≈≈≈ Naïs ≈≈≈

Le murmure, réponse de Gil, se perd dans la pénombre de la pièce. L’idée met un moment avant de faire son chemin dans ma tête. Je me demande un instant si j’ai bien entendu. A-t-il bien affirmé avoir tué son propre père ? Les questions se bousculent par millions là-haut – des dizaines de millions de « pourquoi ? » Et puis, finalement, après quelques minutes de réflexion, je me souviens douloureusement que j’ai moi-même condamné tous ceux que je chéris en ayant eu l’idiotie d’aimer un jour un homme puissant – bien trop puissant. Les premiers à avoir payé pour mon erreur furent mes parents et Morgan. Certes, je n’aurais évidemment pas pu le savoir à l’époque. Et lui, était-ce un acte volontaire et prémédité ? Je ne préfère pas le lui demander, mieux vaut laisser le mystère planer sur cette question.

Doucement, m a main glisse le long de son bras pour trouver la sienne. J’entremêle mes doigts dans les siens, silencieuse. Il n’y a rien à dire. Unis dans la culpabilité et le remords qui nous rongent inlassablement les entrailles à chaque fois que les souvenirs font surface. Oui, le hasard fait parfois bien les choses…

- « J’ai eu le malheur d’aimer un homme un jour »

Dégoût

* *
*


Voilà la quatre ou cinquième fois peut-être que l’on se retrouve en si peu de temps. Je l’ai connu entre deux voyage avec Sen. Au départ, ce n’était qu’un jeu, juste un moyen de satisfaire un besoin trop longtemps oublié. Lorsque je l’ai laissé, deux semaines auparavant, filant vers le Domaine, sur ma Voie, j’avais l’impression qu’un immense vide s’était créé au niveau de ma poitrine. Comme si son absence m’oppressait, à la limite de la suffocation. Je n’avais jamais tellement rêvé par le passé – ou alors, je ne m’en souvenais pas – or, son visage m’apparaît toutes les nuits depuis un peu plus de quinze jours maintenant. Chaque soir, il vient me prendre dans ses bras puissants et rassurants, et, alors, je me sens encore plus forte – incroyablement forte. Seulement, le matin, je suis déçue de ne pas le trouver à mes côtés tandis que le rêve s’estompe peu à peu, laissant place à une dure réalité : le vide de son absence.

C’en est presque effrayant, je ne pense plus qu’à lui, à lui seul, toujours à lui. Pourquoi ? Pourquoi ai-je l’étrange sentiment de commettre une bêtise ? Pourquoi ai-je l’impression qu’elle en vaudrait peut-être le détour ? Pourquoi est-ce que je ne pense qu’à lui ? Pourquoi son absence m’étouffe ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Il faut bien que je me rende à l’évidence, je crois bien que je suis amoureuse.

Catastrophe…

Et pourtant, cela ne m’a pas empêché, sitôt Sen derrière moi, de lancer Océan au triple galop, vers Al-Chen. Vers Al-Jeit. Vers le Sud. Vers Lui. Sur un simple message de sa part. La route n’a fait qu’amplifier ma joie et mon excitation à l’idée de pouvoir profiter à nouveau de son étreinte. Ce matin, je me lève à la fois angoissée et tellement heureuse. Je n’ai encore rien dit à Sen, je voulais que Samoan soit le premier au courant : cette petite vie qui grandit en moi depuis peut-être un mois, pas plus – la dernière fois. Une fois enfilé mon éternel short, ma chemise ample serrée par mon corset en cuir, je saute dans mes bottes et file. Il est tôt, le soleil rasant vient tout juste de se lever et chauffe timidement ma peau. Je retrouve sans mal le lieu de notre rendez-vous, une petite place éloignée des artères principales de la ville, déjà bondées de monde, notre petit jardin secret. C’est une belle journée…

* *
*


C’était une belle journée…

Colère

Il n’est jamais venu en vérité. C’est sans doute la pire erreur de ma vie. Mes pensées s’envolent un instant vers Seth, prisonnier de Driss à l’heure présente. Enfin, c’est peut-être égoïste, mais pas totalement. Finalement, la naissance de Seth et Morgan m’a donné un véritable but dans ma vie. Et si la mort de mon petiot m’a au moins appris une chose, malgré le désespoir qu’elle me cause encore parfois, c’est de ne jamais baisser les bras. Toujours continuer de me battre.

Haine

La respiration régulière de Gil me ramène quelque peu à la réalité.

- « Amour et pouvoir ne font pas bons ménages… »

Un soupir. Une transition.

- « Je l’ignorai à l’époque, mais j’ai condamné ma famille entière pour cette simple relation qu’il considérait comme une injure à son rang… »

Froncement de sourcils. Est-ce que je ne suis pas en train de me confier à un Envoleur que je connais seulement de la veille ? J’ai bien l’impression que si. Je souris toute seule. Après tout, il ne peut accepter de me suivre dans ma folie s’il ignore tout de moi.

Doucement, je me redresse, assise, les genoux ramenés tout contre moi. Un rayon de soleil perce le volet, éclairant le haut de mon visage. Mon murmure pensif, peut-être un peu triste aussi, brise de nouveau le silence.

- « Naïs…»


[Je m'éclate là x) Et c'est rien de le dire =)]
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Giliwyn SangreLune
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MessageSujet: Re: L'ombre d'un espoir [PV Gil]    L'ombre d'un espoir [PV Gil] Icon_minitimeMer 08 Fév 2012, 19:09

Les doigts de l’Envoleuse s’entremêlèrent aux siens, mais c’est à peine s’il s’en rendit compte.
Le regard vague, il laissa ses pensées vagabonder en silence, l’emportant très loin de cette chambre, de ce lit, de cette femme qu’il ne connaissait toujours pas.
De ce présent, qu’il ne détestait pourtant pas.
Vers un passé qu’il ne comprenait toujours pas…


~ ~ ~ ~ ~



- Qui es-tu ?
- Je veux me joindre à vous. Devenir mercenaire.
- Ton nom.
- Giliwyn SangreLune. Je veux devenir mercenaire.
- Tiens donc… Et dis-moi, Giliwyn SangreLune, pourquoi devrai-je t’aider à accomplir ce rêve ?
- J’ai tué un marchombre.
- Et moi, neuf. Passe ton chemin, gamin. Je ne suis pas…
- C’était mon père.


Seren tira sur les guides de son cheval, Pic, puis le fit soudain volter et toisa le jeune garçon de toute sa hauteur.

- Vraiment ? lança-t-il, une expression indéchiffrable dans le regard. Et tu regrettes, garçon ?
- Ce qui est fait est fait, il n’y a rien à regretter.
- SangreLune… tu es le fils de Sinéad.
- Ma mère aussi est morte.


Je sais, songea tristement Seren. Mais il ne pouvait pas expliquer à ce jeune homme qu’il avait tout tenté pour tirer sa meilleure amie de l’affreux traquenard dans lequel elle s’était fourrée.

- Tu es en colère…
- Oui.
- Contre toi ?
- Oui.
- Protège cette colère. Chéri-là, mais ne la retourne pas contre toi. Dirige-là vers le reste du monde. Dirige-là contre le faible. Contre le marchombre.


L’Envoleur tendit une main au garçon et le hissa sur le dos de Pic.

- Considère ça comme ta première leçon.
- Vous allez faire de moi un mercenaire ?


L’ombre d’un sourire passa fugacement sur les lèvres de Seren.

- Non, dit-il en mettant Pic au trot. Je vais faire de toi un homme.


~ ~ ~ ~ ~



Les doigts de Gil se refermèrent enfin sur ceux de la jeune femme.
Il s’était attendu à ce qu’elle frémisse contre lui, choquée par sa réponse ; elle le surprit en lui offrant quelques instants de silence partagé pour le laisser méditer sur ses propres paroles. Ceux qui servent le Chaos n’ont pas pour habitude de s’émouvoir devant la mort, elle est même une véritable obsession pour certains et un défouloir pour d’autres, mais Envoleurs comme mercenaires accordaient cependant un respect particulier pour les liens du sang. A part Seren, peut-être, tous se considéraient comme des frères, et la relation d’un maître envers son élève évoquait souvent celle d’un père avec son fils. La femme qu’il tenait dans les bras était étonnante, en plus de sentir bon.

- J’ai eu le malheur d’aimer un homme un jour.

Bon, d’accord. Plus surprenante qu’étonnante, finalement. Un sourire se dessina sur les lèvres de Gil. Il lui disait avoir tué son père, elle rétorquait avoir aimé un homme. Mais il fallait que ça se tenait, question folie. Il lui accorda donc le temps de souffrir encore un petit peu en repensant à cet homme, puisqu’elle lui avait permis de replonger dans ses propres souvenirs, et pendant ce temps il ferma les yeux. Non pas pour dormir – il n’avait pas encore tout à fait récupéré de cette nuit… mouvementée, mais plutôt pour voir les choses à sa façon. Voir sans voir, apprécier le monde uniquement par ses autres sens. Par exemple, écouter le joyeux trille d’un oiseau bien matinal, et étonnamment frondeur pour affronter le froid du dehors. Goûter, en passant sa langue sur ses lèvres, au dernier baiser qu’il avait volé avant de s’endormir. Respirer cette odeur de feu de bois, de sueur et de sexe qui flottait dans l’air de la pièce. Sentir la chaleur d’un corps contre le sien, comparer la douceur d’une peau de pèche à la rugosité des draps sur la sienne. C’était peut-être idiot de penser la chose ainsi, mais on voyait mieux en étant aveugle.

- Amour et pouvoir ne font pas bon ménage.

Sauf si on est capable de cacher l’un à l’autre.


- Je l’ignorai à l’époque, mais j’ai condamné ma famille entière pour cette simple relation qu’il considérait comme une injure à son sang…

Les yeux clos, Gil répondit par un soupir. Et alors ? Il aurait fallu qu’elle se sépare de sa famille, de toute façon. Un Envoleur avec une famille, ça n’existait pas. Ou alors, c’était une histoire qui finissait très mal… Il la sentit remuer contre lui et pensa qu’elle préférait prendre la fuite avant de déballer toute sa vie à un homme qu’elle ne connaissait que par une… non, deux danses. Mais elle se contenta de s’asseoir. Le drap glissa sur le torse de Gil pour s’arrêter au niveau de ses hanches.

- Naïs.

Il ouvrit les yeux. Son regard se perdit un moment dans les nuances de sa chevelure sombre et il ne put résister à l’envie d’y glisser les doigts.

- Enchanté.

Il l’était vraiment.
Naïs…
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MessageSujet: Re: L'ombre d'un espoir [PV Gil]    L'ombre d'un espoir [PV Gil] Icon_minitimeJeu 09 Fév 2012, 20:15

≈≈≈ Naïs ≈≈≈

Partir, c’est ce que j’aurais raisonnablement dû faire depuis longtemps, filer loin d’ici, loin de cette chambre, loin de Gil. J’ai vraiment peur de faire une bêtise incroyablement énorme : je suis dans le lit avec un homme capable de tuer sans ciller, or Driss m’a clairement prouvé que je ne dois désormais avoir confiance qu’en moi-même. Toutefois, je suis là, et j’espère.

* *
*


Je retiens un cri, mais les larmes coulent depuis une éternité sans que je ne puisse les retenir. Tombée à genoux dans un liquide poisseux, du sang, je n’ai plus tout à fait la notion du temps autour de moi. Depuis combien de temps suis-je dans cette cuisine que je connais si bien ? Autrefois, des odeurs épicées s’élevaient agréablement de l’âtre. Il n’y a pas si longtemps encore la pièce sentait bon les gâteaux à la myrtille ou au chocolat. Avant, c’était un espace de vie. Il va bien falloir que je me fasse une raison, cette maison n’est plus qu’un endroit funeste : le tombeau de mes parents et de mon Morgan. Je crois que je n’ai jamais eu aussi mal de ma vie. Non pas une douleur physique – quoique – mais plutôt comme un trou béant dans ma poitrine, un vide immense. Et puis, de la colère, de l’incompréhension, et des millions de questions.

Tout ce temps, quelques heures, peut-être un peu plus, peut-être un peu moins, allongée là, comme si ces corps froids et cadavériques allaient miraculeusement ressusciter, l’éternité se fait sentir, lourde et douloureuse. Horriblement douloureuse. Mortellement douloureuse. Qu’ai-je espéré en m’étendant à leurs côtés ? Que j’aille les rejoindre sous peu ? C’est trop simple : telle est ma punition pour un simple moment d’inattention. La vie entière pour regretter. Et s’efforcer de réparer mes erreurs, voilà tout ce qu’il me reste avec mes larmes. Pour ces dernières, j’ai l’impression de ne même pas en avoir assez.

Là, sur le sol, j’ai la bouche sèche, tellement sèche. Et les larmes ne viennent plus. Une voix puissante m’appelle. Elle me paraît à la fois incroyablement loin mais si proche. C’est Atal. Je l’aurais reconnu entre mille. J’ai envie de m’endormir, à jamais. Ma raison me dit de me battre, pour Seth, pour Ainhoa, pour Atal. Pour eux, ma famille…

- « Naïs »

Naïs
Naïs
Naïs


* *
*


Un léger frisson remonte lentement le long de mon échine. Est-ce la Gil jouant doucement dans mes cheveux ou son murmure se perdant dans le silence qui me fait revenir à la réalité ? Je ne sais pas trop. Si le soleil est déjà levé, il doit sûrement être bien tard. Pourtant, je tiens encore à profiter de la chaleur de la pièce – et peut-être aussi de celle des bras de l’Envoleur. Enchanté ? N’importe aurait déjà déguerpi en quatrième vitesse à sa place. Plus rien ne m’étonne.

Je me décide enfin à me lever. Les vêtements ne sont pas difficiles à retrouver : ils sont tous éparpillés au pied du lit, comme un lointain souvenir de cette agréable nuit. Les ramassant rapidement, je les rassemble et les empile tous soigneusement sur le dossier d’une chaise. Tous ? Ma jupe, mon corset de cuir, mes bottes, celles de Gil, son tabard, son pantalon, sa chemise. Et la mienne ? Même après vérification, elle reste absente à l’appel. Je soupire, et finis par hausser les épaules. Elle a dû glisser en dessous du lit et je n’ai franchement pas la moindre envie de m’enquiquiner à la récupérer maintenant. Alors, sans plus tergiverser, j’enfile délicatement celle de l’Envoleur. Évidemment, elle est bien trop grande pour moi, et je flotte complètement dedans. Mais, après tout, c’est juste histoire de m’asseoir à la fenêtre pour profiter un peu de la douceur des rayons d’un soleil hivernal. Je prends soin de n’ouvrir qu’un seul volet pour ne pas aveugler mon compagnon d’une nuit – voilà bien une chose dont je ne suis pas accommodée. Aussitôt, le froid mordant me tire un délicieux frisson.

- « As-tu déjà entendu parler d’un certain Driss ? »

Je laisse filer quelques secondes.

- « C’est un Mentaï… »

Je souris imperceptiblement. Les dés sont jetés.
Presque…
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MessageSujet: Re: L'ombre d'un espoir [PV Gil]    L'ombre d'un espoir [PV Gil] Icon_minitimeVen 10 Fév 2012, 10:22

- Jamais. Tes yeux, ils sont comme ça depuis ta naissance ?


[Le changement de sujet est volontaire, hein ^^]

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MessageSujet: Re: L'ombre d'un espoir [PV Gil]    L'ombre d'un espoir [PV Gil] Icon_minitimeVen 10 Fév 2012, 10:42

- « Jamais ?
Leur couleur d’ambre, oui c’est de naissance. Un héritage de ma mère, je crois…
Pourtant les hautes sphères du Chaos sont un cercle très restreint, tout le monde se connaît – ou presque
»

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Giliwyn SangreLune
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MessageSujet: Re: L'ombre d'un espoir [PV Gil]    L'ombre d'un espoir [PV Gil] Icon_minitimeVen 10 Fév 2012, 19:18

- Non, jamais. Je connais très peu de monde parmi les... hautes sphères... du Chaos.

Et je parlais de ta cécité.

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MessageSujet: Re: L'ombre d'un espoir [PV Gil]    L'ombre d'un espoir [PV Gil] Icon_minitimeVen 10 Fév 2012, 22:27

- « Peu importe…
Ah, ça ! Cela fait quinze ans, peut-être un peu plus. C’était bigrement pas facile, mais j’ai fini par m’y habituer.

(Elle hausse les épaules)

Tu me croirais folle si je te disais que d’ici peu il finira six pieds sous terre ? »
(Et puis affiche un léger sourire)
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MessageSujet: Re: L'ombre d'un espoir [PV Gil]    L'ombre d'un espoir [PV Gil] Icon_minitimeLun 13 Fév 2012, 14:43

- Je suis déjà convaincu que tu es folle... Aveugle, mystérieuse, jolie et folle. Un alliage très étonnant mais pas désagréable. Et alors, il a fait quoi ce Driss pour mériter de mourir ?


[Enfer ! Gil qui dit un compliment ! J'y crois pas, non mais quel baratineur... xD]
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MessageSujet: Re: L'ombre d'un espoir [PV Gil]    L'ombre d'un espoir [PV Gil] Icon_minitimeLun 13 Fév 2012, 16:51

- « Il a mon gamin... »

[J'admire l'exploit!! xD]
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MessageSujet: Re: L'ombre d'un espoir [PV Gil]    L'ombre d'un espoir [PV Gil] Icon_minitimeLun 13 Fév 2012, 18:41

- Oh.

(silence, et puis...)

C'est une raison comme une autre... Le Chaos va compter un Mentaï de moins, donc.
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MessageSujet: Re: L'ombre d'un espoir [PV Gil]    L'ombre d'un espoir [PV Gil] Icon_minitimeLun 13 Fév 2012, 23:22

- « Si ça pouvait être simple.

Un Mentaï!

(Un petit sourire amer)

J'ai peur Gil, tellement peur... Et si je ne tenais pas mes promesses? Si Seth meurt, je ne me le pardonnerai jamais. Si j'y reste, Il aura gagné. »





[J'ai bien l'impression que la carapace de Naïs commence à se fendiller x)]
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MessageSujet: Re: L'ombre d'un espoir [PV Gil]    L'ombre d'un espoir [PV Gil] Icon_minitimeVen 24 Fév 2012, 15:40

Gil ne répondit pas immédiatement.
Allongé en travers du lit, un bras replié derrière la tête, il observait Naïs sans se faire la moindre illusion ; aveugle mais loin d’être idiote, elle savait très bien qu’il la dévisageait en silence, et il se moquait bien de frôler l’impolitesse. Il s’agissait d’une frontière qui en était rarement une à ses yeux et en l’occurrence, il n’était pas le seul à se moquer totalement des convenances… Naïs était ailleurs. Son corps était là, dans cette chambre, installé sur le rebord de la fenêtre, et sa chemise ne parvenait pas à lui ôter de l’esprit tous les secrets qu’il possédait, mais il n’y avait qu’à voir son expression et entendre le son de sa voix. Une voix ponctué d’un léger tremblement, quasiment imperceptible et pourtant bel et bien là, note dissonante au milieu d’une mélodie parfaite. Ça ne collait pas du tout avec l’image qu’elle avait donné d’elle ces quelques dernières heures. Tantôt défiante, tantôt sauvage, toujours mystérieuse mais jamais fragile.

Un audacieux rayon de soleil venait se perdre dans les teintes sombres de ses cheveux, créant d’improbables nuances de couleur qu’il était bien en peine de nommer. Immobile, elle réfléchissait, ou bien elle attendait une réponse, peut-être les deux ; il en profitait pour admirer son profil, appréciant le dessin de son nez et la courbe de ses lèvres, puis celle de sa gorge ; Gil avait connu – connaissait – bien des femmes, mais aucune qui soit d’une telle beauté sauvage. Elle était belle, elle était forte… et elle humaine. Or, comme tout être humain qui se respecte, Naïs avait un point faible, et pas des moindres. Un gosse. Faiblesse, ou bien force ? Il n’existait pas sur cette terre de femme plus féroce que celles qui avaient un enfant ! Le jeune homme n’avait pas oublié sa rencontre avec l’Amazone et sa fille, près d’un an plus tôt ; et oui, les Marchombres aussi se laissaient prendre au piège. Force ou faiblesse, tout dépendait de la situation… et de l’individu.

La femme qui se tenait assise sur le rebord de la fenêtre était loin d’être faible. Fragile ? Peut-être bien. Il l’avait senti frissonner contre lui plus d’une fois au cours de cette nuit endiablée, que ce soit sur la place du village ou dans ce lit, et il pariait sa vie que le plaisir n’était pas seul en cause. Tu trembles, voleuse de flûte…Se redressant sur le matelas, Gil ressentit alors quelque chose dont il n’avait absolument pas l’habitude, quelque chose qu’Iselle lui reprochait souvent de ne pas posséder. De la tendresse. En fait, il ne se rendit pas vraiment compte qu’il s’agissait de ce sentiment en particulier, mais il fut traversé par une sorte de vague très étrange, comme un bouleversement aussi puissant que rapide. Il ouvrit les bras.

- Viens là.

Il attendit qu’elle le rejoigne pour la serrer contre lui. C’était une étreinte particulière, bien différente de celles qu’ils avaient partagé la nuit dernière, mais elle porta néanmoins ses fruits : très vite, il la sentit se détendre, se relâcher dans ses bras. Il était en train de lui prendre un tout petit bout de son lourd fardeau. Ça non plus, ça ne lui ressemblait pas vraiment. Tu ramollis avec le temps, Cabochard, songea-t-il en posant le menton sur le sommet du crâne de Naïs. La lumière du jour filtrait plus intensément à travers les stries des volets. Pragon allait bientôt se mettre à la recherche de son garde du corps…

- Qu’est-ce qu’il lui veut à ton gamin, ce Driss ?


[Ouais, mais Gil aussi se met à révéler de drôles d'aspects de sa personnalité ^^ Intéressant, ce Rp !]
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MessageSujet: Re: L'ombre d'un espoir [PV Gil]    L'ombre d'un espoir [PV Gil] Icon_minitimeSam 25 Fév 2012, 22:47

≈≈≈ Naïs ≈≈≈

Assise, là, sur le rebord de la fenêtre, une jambe repliée et ramenée tout contre moi tandis que l’autre balance librement, les bras croisés sous ma poitrine, la tête appuyée sur le rebord du mur derrière moi, je suis là, bien là. Je ressens le moindre petit souffle de vent, frais et matinal, il est délicieusement agréable. Les rayons du soleil chauffent doucement ma peau, ce qui ne m’empêche pas de frissonner. Le chant des oiseaux laissent présager une belle journée en perspective. Le village s’éveille tranquillement : les enfants s’amusent déjà dehors et me rappellent cruellement que le mien est prisonnier d’un Mentaï. Et puis, il y a cette odeur un peu piquante de la sueur mêlée à la sienne, Gil. Tout est tellement réel autour de moi – trop réel. Pourtant, je suis bien loin. Je voyage je ne sais trop où dans les méandres de mes souvenirs torturés. Le silence s’installe, mais il est loin d’être pesant, au contraire.

* *
*


Les brins jaunis des hautes herbes de la savane me chatouillent les jambes. Les pluies ne tombent que rarement dans cette partie de l’île. La sécheresse habituelle a façonné les paysages de la région. Ici, les gens ne vivent pas de l’agriculture, plutôt de la pêche en fait – et à vrai dire, ils n’ont pas tellement le choix. Enfin, je crois qu’ils sont heureux comme cela. Je le croyais, jusqu’à ce que l’on quitte mon île natale. J’ai souvent demandé à mon père la cause de notre départ, et lui, il prétextait inlassablement que nous avions une vie meilleure à Al-Jeit. Mais au fond, une petite lueur mélancolique brillait dans ses yeux. J’étais loin d’être idiote, et j’avais parfaitement compris qu’il se mentait à lui-même – et à moi aussi, mais cela, je m’en fichais un peu. Parfois, Louanne me racontait toutes ces journées passées avec Maman où elles tissaient les filets de leur père. De leurs oncles. Et de leurs cousins aussi. Ses grands yeux marrons dorés scintillaient d’une joie que je n’ai jamais retrouvé que quand elle parlait de notre île. Je me souviens encore, quelques fois Papa m’emmenait avec lui sur sa petite embarcation. Au loin, la savane, et les montagnes, géantes de pierres auxquelles s’accrochaient étrangement les nuages. Et autour, le bleu turquoise limpide des eaux chaudes du lagon. Immense, par endroits il était traversé des courants puissants et pouvait se révéler très profond. Papa s’arrêtait plutôt près des tombants que formaient de véritables barrières de corail. Les eaux peu profondes abondaient en poissons. Et là, nous délaissions la barque. Heureusement qu’à cinq ans l’on ne se rend pas tout à fait compte de certaines situations, je crois bien que mon père était fort bien capable de rester trois ou peut-être quatre minutes sans remonter. Moi, toute fière, je gardais la barque.

* *
*


Aux splendeurs de mon île des Archipels Alines se succèdent brièvement celles d’Al-Jeit. La légende veut qu’elle soit l’œuvre des Dessinateurs. Couleurs, architectures, grandeur, majesté : c’est une ville exceptionnelle c’est certain, toujours pleine de vie – étonnante, éblouissante. Et puis le noir. Et j’ai peur. Si peur. Tellement peur. C’est si sombre, si profond. Et je tombe, souvent. Toujours. C’est froid. Cela fait mal. Je voudrais pleurer, mais je n’y arrive pas. Papa est là, derrière-moi, je peux presque sentir son regard protecteur se poser sur moi. Une boule se forme doucement dans ma gorge. Je dois me relever. Il le faut, pour lui. Pour moi.

J’ai peur. Je suis toute crade des pieds à la tête à force d’avoir mordu la poussière. Je pue le crottin. Mais je me relève.

* *
*

Le voyage s’arrête. Pourquoi ? Un bruit de draps froissés je crois. Gil ? Sûrement. Quelque chose dans ma gorge, un je ne sais trop quoi, s’est horriblement serré. C’est comme une impression que manquer d’air qui me prend toute entière. Je suis tout simplement terrorisé à l’idée de revivre la même histoire avec Seth, mon Seth. Mon fils. Ma Vie. Mon oxygène. Si Driss me le prend, tout comme les sbires de Samoan l’ont lâchement fait avec mon petit Morgan, que me restera-t-il alors ? Le désespoir ? La rage ? La vengeance ? La folie ? Probablement…

Nouveau frisson. Je déglutis difficilement. J’ai parfaitement conscience d’être observée. Et l’Envoleur de l’autre côté de la pièce doit décidément me trouver bien étrange – aussi changeante que le caméléon. Et soudain, alors que je ne m’y attends pas du tout, une invitation de sa part fait écho à ma sourde angoisse. Je me fige, une, deux et puis trois secondes. Sans réfléchir, je quitte mon perchoir pour rejoindre Gil, resté dans le lit, et me lover au creux de son étreinte tellement puissante mais aussi tellement douce – tendre ? En deux, ou peut-être trois, respirations assez amples, la boule d’angoisse dans ma gorge semble s’effacer peu à peu, et mes peurs s’éloigner avec. Apaisée, mes soucis comme balayés d’un puissant revers de main, je laisse filer quelques minutes : j’hésites un peu à lui répondre. Finalement, je me décide vite : je te fais confiance Gil SangreLune, ne me déçois pas !

- «Une récompense. C’est cela qu’il veut en fait, une récompense… Celle proposée par mon aristocrate d’amant pour ma tête »

Je plisse un instant le nez. A tous les coups, il aura capté la note de dégoût dans ma voix.

- « Lui et sa caste paieraient cher pour me voir morte. Ils craignent plus que tout ce que je pourrais faire – ou dire : une fille du peuple et un des leurs, impensable !! »

Que faire lorsque l’on a plus confiance en son propre camp ? Que faire lorsque l’on perd la foi ? Que faire ? Ces questions résonnent dans ma tête, continuellement. Mais elle restent désespérément sans réponses.

- « Driss espère sans doute que je me jetterais tout droit dans la gueule du loup. L’affronter seule, c’est du suicide pur et simple. Et c’est exactement ce que je vais faire, malgré toutes mes belles promesses… »

J’imagine qu’il aura compris la question implicite. Seule, c’est du suicide. Mais à deux, il y aurait déjà bien plus de chances. Je me demande un instant, pourquoi le ferait-il ? Pourquoi m’aiderait-il ? Sa réputation me donne déjà lieu d’espérer ne serait-ce qu’un tout petit peu. Et puis, si jamais il est un peu réticent, si je me montre assez convaincante, je saurait le mettre dans ma poche. Après tout, c’est la première fois depuis longtemps que j’ai pris réellement mon pied cette nuit. Et s’il faut cela pour achever de le convaincre, je ne suis pas contre de profiter à nouveau d’un peu de plaisir.

Je soupire d’aise, profitant de la chaleur du corps de Gil. Enfin, quoiqu’il en soit, je suis de nouveau bien. Et un léger sourire s’accroche à mes lèvres. Un vrai. Le Vrai.

- « Ne serais-tu pas un peu magicien des fois ? »


[Et je trouve que ça lui réussit plutôt bien =p]
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MessageSujet: Re: L'ombre d'un espoir [PV Gil]    L'ombre d'un espoir [PV Gil] Icon_minitimeDim 26 Fév 2012, 19:25

- Magicien, je ne sais pas. Mais assassin, sûrement, et musicien à mes heures...

Naïs, je vais être franc avec toi. Je ne sers la cause de personne. Le Chaos est ma punition, mes armes sont mon gagne-pain et la solitude ma seule amie. Je vends mes services et avec mon salaire, je bois. En ce moment, j'accompagne un vieux rêveur jusqu'à sa Confrérie. J'ignore encore ce que demain me réserve, et ça me va.

Mais si tu me demandes de t'aider à récupérer ton fils, je le ferai.
Gratuitement.
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MessageSujet: Re: L'ombre d'un espoir [PV Gil]    L'ombre d'un espoir [PV Gil] Icon_minitimeDim 26 Fév 2012, 20:00

- « Sérieusement?
(silence)

Je te le demandes alors, mais...
... Mais tu dois bien avoir foi en quelque chose pour accepter une chose pareille, non?
»
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MessageSujet: Re: L'ombre d'un espoir [PV Gil]    L'ombre d'un espoir [PV Gil] Icon_minitime

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