Obscurité.
La pièce est baignée de ténèbres. Petite et étroite, elle n’abrite qu’un lit et une armoire coincés tous deux dans des coins opposés. Au sol repose quelques vêtements froissés, sans doute jetés là la veille. Une silhouette endormie se découpe dans la pénombre, sa poitrine se soulevant régulièrement, au rythme de sa lente respiration.
Aussi bruyante qu’une écharpe de brume, je m’avance vers le jeune homme plongé dans le sommeil. Sa peau d’ébène capte légèrement les quelques rayons de Lune se déversant par la petite fenêtre ouverte dans mon dos, la rendant lumineuse.
Un sourire de plaisir étirant légèrement la commissure de mes lèvres, je m’arrête à côté du lit, mon regard se posant sur Nuhadu. Ce dernier est sur le dos, les draps rejetés sur le bas de son corps. Son visage est plongé dans l’obscurité, ses multiples tresses formant comme une auréole de ténèbres tout autour. Avec lenteur, je caresse du regard sa silhouette finement musclée.
Légère comme une plume, je m’assoie prés de lui, ne faisant que frémir le martelât. Du bout des doigts, j’écarte une tresse barrant son doux visage. Ses traits sont fins, sereins et gracieux.
Magnifique.
Poussant un silencieux soupir, je me relève et chasse le sourire qui nait sur mes lèvres, le remplaçant par un autre et toute autre nature.
Sadique.
Mon regard, devenu sombre, parcourt rapidement la petite pièce. Trois éléments s’offrent à moi.
Décapiteuse.
Spiritline.
Pomme.
Mon sourire s’agrandit.
Silencieuse, je me dirige vers sa hache, adossée à un mur, et m’en empare avec délicatesse. Elle est lourde et encombrante. Arme totalement inutile à mes yeux.
Trop brutale.
Utilisant plusieurs lanières de cuirs, j’arrive à la caler entres mes deux omoplates. Jetant finalement un dernier regard à la silhouette endormie, je me dirige vers la fenêtre toujours ouverte. Au passage, je substitue une pomme dans un panier en osier, la coinçant entres mes dents.
Puis disparait fans l’aube naissante.
~~~~
Le matin nait doucement à l’horizon quand je viens me percher sur la cime d’un arbre, le regard tourné vers une petite fenêtre ouverte. A l’intérieur, un jeune homme se réveil difficilement, paraissant quelques instants au lit. Puis se lève.
Et constate.
Un délicieux sourire se dessine sur mes lèvres en regardant ce petite être paniqué cherchant dans toux les sens ce qui repose entres mes omoplates. Il n’y à rien de pire que de s’apercevoir de la disparition d’un objet aimé. De plus déstabilisant.
Et je me régale de la réaction de ma proie, une moue sadique étirant mes fines lèvres. Avec nonchalance, je laisse chois ce que reste de la pomme dérobée et m’éclipse, me mêlant aux douces couleurs de l’aube.
~~~~
Obscurité.
J’évolue dans la même pièce que sept jours auparavant, son propriétaire toujours allongé dans les ténèbres. Aujourd’hui ma cible est une étrange boite noire sur laquelle le jeune homme passe ses journées.
Et affectionne tout particulièrement.
Aussi silencieuse qu’une ombre, je me glisse prés de son lit et le contemple un instant. Son visage semble tout aussi serein que lors de ma première intrusion.
Il va falloir remédier à cela.
Lentement, je me penche et attrape Spiritline qui repose sous son lit. Puis, sans un son, je le glisse dans un sac de toile grossière et le fixe dans mon dos.
Avant de partir, je substitue une nouvelle pomme dans le panier d’osier. La glissant entres mes dents, je sors en silence, aussi légère qu’un souffle de vent.
Quand l’aube viendra, je serais là pour assister à un nouveau réveil paniquée de ma proie.
Sublime.
~~~~
L’aube se lève à peine quand Nuhadu se réveil. Toujours perchée sur la cime d’un arbre, je l’observe avec attention, un sourire quelque peu sadique et satisfait étirant mes lèvres. C’est un délice que de d’épier ce petite être paniqué tout en grignotant le fruit de son nouveau larcin.
Pommes.
Le jeune homme se tient maintenant immobile devant le petit panier en osier autrefois plein. Il prend finalement le petit mot se trouvant au fond et l’ouvre délicatement.
Une invitation.
Mon sourire s’élargie lentement tandis que je le vois lire.
Une fois.
Deux fois.
Trois fois.
Quand sa tête se tourne enfin vers la fenêtre ouverte, il ne voit que la cime des arbres doucement bercé par le vent. Un rire frais monde de ma gorge alors que je ferme les yeux.
Emportée par ma chute libre.
~~~~
Il est venu.
Dissimulée au cœur du feuillage verdoyant d’un pommier, je l’observe, cueillant au passage une pomme rouge et pleine que je grignote distraitement.
Désorientée, ma proie jette des regards inquiets tout autour de lui.
Incertain.
Un sourire étire mes lèvres, mauvais et satisfait. Je fini par descendre de mon perchoir, avec souplesse, atterrissant légèrement au pied de l’arbre.
Nuhadu se retourne
Me voit.
Et s’écroule.
Aussi légère et rapide qu’une brise de vent, je me suis glissé derrière lui, l’immobilisant avant qu’il ne prenne conscience de ce qui se passe, et l’ai endormie.
Bonne nuit.
~~~~
Quand il se réveil, je suis assise face à lui, un immense sourire illuminant mon visage.
Malsain.
Devant moi s’étale mes instruments de torture. Quatre.
Spiritline.
Décapiteuse.
Pomme.
Ciseau.
Et peut-être un cinquième.
Moi.
- Bonjour jeune loup.Ma voix est douce, presque mielleuse. Et pourtant emprunte de sadisme. Lentement je me relève et m’avance vers lui. Il est attaché, debout droit est fière, à un poteau. Mes doigts effleurent la peau de son visage. Un geste plein de tendresse.
D’amour.
La torture qui je souhaite lui faire subir n’est nullement physique.
Mais Psychologique.
Je trouve que l’autre est trop brutale. Trop barbare. La subtilité de la seconde me convient mieux.
Beaucoup mieux.
Lentement, j’approche mon visage du sien, effleurant ses lèvres d’un baiser volatile, puis m’écarte, une flamme de malice brûlant au creux de mes pupilles.
Aux anges, je me dirige vers l’arbre interdit et y cueille un fruit que je porte à mes lèvres. Croquant avec délice cette délicieuse chair, je jette un coup d’œil à ma proie. Avec lenteur, je dévore ce mets qu’il apprécie tant, l’en tenant éloigné.
Un fois le fruit terminé, j’envoie négligemment le trognon derrière mon épaule, cueillant une nouvelle pomme rouge et parfaite. Puis je m’avance vers lui, approchant l’objet de tous ses désirs à quelques centimètres de son visage, comme pour lui offrir.
Avant de la retirer.
Un sourire sadique sur le visage, je contracte violement les muscles de mon poignet.
Et la pomme tant voulu est broyée entres mes doigts.
Les débris de chair juteuse tombent à terre, prés du visage de Nuhadu. Je vois l’horreur et la douleur qui enflamme son regard.
Cela ne fait qu’élargir mon sourire malsain.
Essuyant ma main poisseuse sur sa tunique du jeune homme, l’imprégnant au passage de l’odeur du fruit, je me recule.
Spiritline et Décapiteuse sont les prochaines sur la liste.
Ouvrant la première, je me saisis de la hache. Elle est lourde et peu maniable mais fera parfaitement l’affaire. Me plaçant devant la mystérieuse boite noire, je la regarde avec curiosité. Elle forme maintenant un angle droit, une partie entièrement lisse face à moi et un curieux pavé touche toujours la terre.
Etrange.
Je lève les yeux vers Nuhadu, intriguée.
- Qu’est-ce donc ?Jouant la carte de l’innocence, je penche légèrement la tête sur le côté, une moue enfantine sur le visage.
Il s’apprête à me répondre.
Mon expression disparait alors, immédiatement remplacée par un immense sourire sadique. Puis, d’un geste vif et précis, je décapite d’un coup vertical ce mystérieux appareil, coupant court à toute explication du jeune homme.
Un rire mauvais s’échappe de ma gorge.
Cette hache porte bien son nom…
Prise dans un soudain élan de destruction, j’arme de nouveau mon bras et abat la lame de Décapiteuse sur ce qui reste du pavé. Il se fend en deux, les dalles volant un peu partout.
Telle une démente, je donne un violent coup de pied dans les restes de Spiritline avant de jeter sa hache un peu plus loin, la délaissant.
Pour me saisir des ciseaux.
Le désespoir que je vois naitre dans les yeux de ma victime ne fait que grandir ma satisfaction.
J’aime le voir ainsi, désemparé et perdu.
Pur plaisir.
Je m’avance finalement vers lui, lentement, faisant claquer les lames dans le vide, le regard rivé sur mon but ultime.
Ses tresses.
Le petit gémissement qui s’échappe de la gorge de ma proie quand il comprend enfin me délecte. Inexorablement, je m’approche. Mes doigts viennent effleurer sa poitrine, la caressant furtivement tandis que je passe derrière lui, les lames de mes ciseaux claquant à son oreille.
Clac.
La première tresse tombe. Malicieuse, je la récupère et la fait se balancer devant le regard de mon amant avant cde la laisse choir à ses pieds.
Clac.
Une deuxième suit.
Clac.
Une troisième.
Clac
Clac
Clac
Clac, clac, clac.
Une pluie de cheveux noirs s’abat sur ses épaules. Ce supplice dure une éternité pour lui.
Pour moi, il n’et que trop court.
Je prends mon temps, savourant sa souffrance. Un rire mauvais et malsain s’échappe finalement de mes lèvres, les ciseaux quittant mes doigts. Et je le laisse, dépouillé et chauve. Une violente pluie s’abat alors.
Et je disparais, mon rire résonnant encore dans le silence.
Pure torture. Gratuite.
Pur plaisir. Eternel.