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 Une question de vie ou de mort [LIBRE]

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Seth Jol
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Seth Jol


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MessageSujet: Une question de vie ou de mort [LIBRE]   Une question de vie ou de mort [LIBRE] Icon_minitimeLun 11 Juin 2018, 16:17

Epuisé et à bout de force, Seth se laissa prudemment glisser sur le sol. Le jeune homme vacilla dangereusement, avant de se raccrocher in extremis à l’encolure de sa jument. Tornade secoua quelques secondes sa grosse tête, tandis qu’elle emboîtait le pas de l’apprenti Marchombre ; elle aussi était fatiguée, après ce rythme infernal que lui avait imposé le garçon durant ces dernières vingt-quatre heures. Le souffle court, la respiration affreusement saccadée, le cœur battant à toute pompe, Seth trébucha et tomba lourdement sur les genoux. La rivière Gour était là, enfin ! A quelques mètres à peine ! Ce bras du Pollimage serpentait au cœur des Montagnes de l’Est, et ajoutait un charme un peu sauvage à cette région pratiquement déserte de l’Empire. Quelques éclats de voix lui parvinrent, à la fois si loin et terriblement proche. Le garçon lâcha un gémissement rauque, alors qu’il s’écroulait sur les galets – à bout de forces.




Quelques heures plus tôt



L’air sombre, l’humeur morose, l’apprenti Marchombre serrait son précieux paquet contre son torse. Après les funérailles de la petite quelques jours plus tôt, Seth avait pris la décision de disperser ses cendres près de l’endroit sa mère reposait à jamais, elle aussi. Oh, ni Nwëlla ni Atal n’avaient tenté de le dissuader, malgré le profond chagrin que leur causait la mort de leur petite nièce. Ils s’étaient tous les deux préparés à cette tragique éventualité lorsque, au cœur de l’hiver, un Rêveur leur avait annoncé que Soahary ne vivrait sans doute pas plus de quelques mois car elle était atteinte d’insuffisance cardiaque. Cela avait été un véritable coup de massue, surtout après la mort de Naïs, qui avait ébranlé tout le monde ! L’apprenti Marchombre soupira quelques secondes pour tenter d’évacuer la boule de chagrin qui lui bloquait la gorge en permanence. Il était terriblement partagé entre la colère, l’incompréhension et la tristesse. Il ne savait plus trop s’il avait envie d’hurler, de frapper ou de pleurer – peut-être un peu des trois.

La journée tirait sur sa fin lorsque le jeune homme s’engouffra dans la forêt profonde des hauts plateaux. Sur le coup, il ne se souvint pas vraiment des recommandations d’Atal et Nwëlla. Qu’avaient-ils dit déjà ? Ne valait-il pas mieux contourner cet endroit et plutôt longer le Pollimage ? Cependant, Seth était bien trop perdu dans ses pensées pour se souvenir de quoi que cela soit ! Le ciel gris et bas, commençait désormais à former un épais brouillard et alors que la nuit commençait à tomber, Seth décida de bivouaquer au pied d’un imposant chêne centenaire. Rompu par l’habitude, l’apprenti Marchombre aménagea un agréable petit camp de fortune et entrepris d’allumer un feu. Comme les nuits pouvaient être fraîches en cette région, cela lui tiendrait chaud, en plus de tenir éloigner les éventuels prédateurs.

Seul avec lui-même et ses idées maussades, Seth n’avala que quelques noix en guise de repas : il avait perdu l’appétit depuis ces derniers jours. Impossible d’avaler quoi que cela soit, tant son estomac était noué ! Vaincu par la fatigue et l’épuisement, Seth finit par s’endormir au bout de quelques longues heures. Avant d’être brusquement réveillé, au cœur de la nuit, par plusieurs éclats de voix. Fronçant les sourcils, l’apprenti rassembla ses affaires. Il devait se préparer à toute éventualité ! Sa belle jument grise avait, elle aussi, braqué toute son attention sur l’origine de bruit. Tous ses sens en éveil, le jeune homme décida d’en savoir un peu plus sur ceux qui l’avaient tiré du sommeil. Il évolua avec prudence entre les arbres, quittant le chemin principal pour éviter de se faire remarquer. Parfaitement sur ses gardes, il parcourut ainsi quelques centaines de mètres avant d’apercevoir un groupe d’une dizaine d’hommes. Des bandits, sans aucun doute ! Ils n’avaient pas l’air très organisés, ni très futés, mais Seth jugea tout de même plus prudent de ne pas traîner dans les parages plus longtemps…

… Toutefois, au moment exact où le garçon s’apprêtait à rebrousser chemin, il sentit son cœur rater un battement. Une lame, froide et acérée, le menaçait désormais à la gorge. Une silhouette apparut dans sa vision périphérique, et Seth dût plisser les yeux pour tenter de reconnaître celui – ou celle – qui le tenait en respect, dans l’obscurité. Le garçon retint son souffle, tandis que son adversaire – une femme vraisemblablement – ricanait de façon inquiétante.

- « Tiens, tiens… Mais qu’avons-nous là ? » susurra la femme « Ne t’avais-je pas prévenu, gamin, que si jamais j’apprenais que tu m’avais menti, je te retrouverais et je te tuerais ? » ajouta-elle en révélant indirectement son identité.
- « Zahine… » souffla Seth, figé de stupeur.

Oh non ! Ce n’est pas vrai !

- « C’est bien, tu te souviens de moi » ricana l’Envoleuse « Sauf que, cette fois, je ne te laisserai pas t’en sortir aussi facilement ! » gronda-t-elle en pressant un peu plus la lame contre la gorge du jeune homme.

Seth réfléchissait à toute vitesse. Il fallait qu’il se sorte de ce merdier, et vite ! Des dizaines d’idées lui traversèrent l’esprit, mais qu’il repoussa presque immédiatement – trop insensées, trop folles, trop suicidaires ! Il n’était pas de taille à affronter cette femme, rompue à l’art du combat depuis bien plus longtemps que lui. Il n’aurait aucune chance s’il l’affrontait au corps à corps. Même s’il avait acquis en force, en réflexes et en technique, ce ne serait largement pas suffisant. Et il n’avait sûrement pas l’intention de mourir ! Il devait juste trouver un moyen de distraire son attention pour prendre la tangente. Cependant, à court d’idées, Seth fit la seule chose qui lui paraissait possible : frapper ! Frapper pour déstabiliser son adversaire, la surprendre ! Ce qui, heureusement pour lui, fonctionna ; Zahine ne devait apparemment pas s’attendre à ce qu’il réplique aussi habilement et recula de quelques pas légèrement vacillants. Ce qui procura juste assez de temps au jeune homme pour se glisser sous la garde de l’Envoleuse.

Mais pas assez pour s’enfuir, car la guerrière lui faisait déjà face en fulminant. Ses deux bras avaient laissé place à deux longues lames d’un acier redoutablement tranchant. Eh merde ! Une Greffe ! Je vais me faire découper en rondelles ! Seth déglutît soudain avec difficulté, mais reprit contenance en moins d’un quart de seconde. Pas question de paniquer ! Son regard se durcit et il raffermit sa garde : il était prêt à vendre chèrement sa peau !




Epuisé et à bout de force, Seth se laissa prudemment glisser sur le sol. Le jeune homme vacilla dangereusement, avant de se raccrocher in extremis à l’encolure de sa jument. Tornade secoua quelques secondes sa grosse tête, tandis qu’elle emboîtait le pas de l’apprenti Marchombre ; elle aussi était fatiguée, après ce rythme infernal que lui avait imposé le garçon durant ces dernières vingt-quatre heures. Le souffle court, la respiration affreusement saccadée, le cœur battant à toute pompe, Seth trébucha et tomba lourdement sur les genoux. La rivière Gour était là, enfin ! A quelques mètres à peine ! Ce bras du Pollimage serpentait au cœur des Montagnes de l’Est, et ajoutait un charme un peu sauvage à cette région pratiquement déserte de l’Empire. Quelques éclats de voix lui parvinrent, à la fois si loin et terriblement proche. Le garçon lâcha un gémissement rauque, alors qu’il s’écroulait sur les galets – à bout de forces.

Tout son corps n’était plus que douleur lancinante. Il n’avait plus la moindre énergie pour lutter, ou ne serait que se relever ; il allait mourir ici, seul et sans personne, comme un idiot ! Seth était à la limite du collapsus et, étrangement, tout ce qu’il trouva pour résister encore contre l’inconscience qui menaçait de l’envahir tout entier, il focalisa son esprit sur son corps. Cette méchante plaie qui lui barrait l’abdomen du côté droit saignait vraiment beaucoup ; il avait probablement une ou deux côtes cassées qui lui comprimaient la cage thoracique, rendant sa respiration un peu plus douloureuse à chaque minute qui passait ; il venait probablement de se démettre l’épaule en chutant un peu plus tôt ; et tout son corps était perclus de multiples contusions. Lorsque la voix de Zahine retentit à quelques mètres de là, sans qu’il ne la voit vraiment, le jeune homme sut que c’en était fini de lui.

- « Maintenant, achève-le, jeune apprenti, qu’on puisse se tirer d’ici ! »

Quelque part entre conscience et inconscience, l’apprenti Marchombre n’attendait désormais plus que la mort. Comme une petite éternité...
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MessageSujet: Re: Une question de vie ou de mort [LIBRE]   Une question de vie ou de mort [LIBRE] Icon_minitimeJeu 14 Juin 2018, 23:43

Il fallut dix jours à Syndrell pour atteindre la confrérie de Fériane.
Dix jours de chevauchées intenses et de courtes nuits.
Dix journées épuisantes et humides.

Il n’avait pas cessé de pleuvoir un seul instant. Les routes étaient inondées car les ruisseaux et les petits ruts débordaient dans les prairies ; le sol était spongieux, la boue omniprésente, et les visages fermés des alaviriens qui subissaient ce temps pluvieux depuis la fin de l’hiver témoignaient d’une profonde lassitude.

Et pourtant une tempête n’aurait pas arrêté la marchombre. Si elle ménageait Vagabond pour lui épargner des douleurs inutiles, elle multipliait les courtes haltes et réduisait ainsi considérablement son temps de sommeil. Il lui arrivait donc de somnoler sur sa selle, un luxe qu’elle s’offrait dans la mesure où elle avait pleinement confiance en son fidèle compagnon.

Après la bataille pour le moins éprouvante à laquelle elle avait participé, il aurait sans doute été plus logique qu’elle se repose, mais s’il était un principe auquel la jeune femme était incapable de déroger, c’était l’amitié. C’était également une source inépuisable de motivation : chaque fois qu’une averse avait réduit son moral à zéro, l’idée de retrouver ses amis l’avait poussée à avancer encore et malgré tout.

Ainsi, Syndrell atteignit la confrérie au crépuscule du dixième jour. Ce fut un jeune aspirant qui la découvrit sur le perron, trempée et grelottante dans les dernières lueurs du couchant, et il eut bien du mal à trouver les mots pour l’accueillir alors qu’il était subjugué par ses yeux dorés et ses cheveux bleus. Pragon Fliboise, le rêveur qui était un vieil ami de la marchombre, arriva à point nommé pour tirer son apprenti de l’embarras.

- Par le Dragon et sa Dame ! Rentre, Syndrell, tu vas prendre froid !

Il n’était pas surpris de la trouver là, bien sûr : il avait depuis longtemps réalisé que Syndrell et Ciel n’étaient jamais très loin l’un de l’autre. D’un geste vif, il déposa une épaisse couverture sur les épaules de la jeune femme, puis il la prit par le bras, demanda à l’aspirant de s’occuper de Vagabond, et conduisit Syndrell jusque dans la cuisine.

- Je sais pourquoi tu es là, dit-il en la faisant asseoir sur une chaise, mais tant que tu n’as pas mangé un peu et tant que tu ne t’es pas réchauffée, je ne te veux pas ailleurs que dans cette pièce.

Syndrell hocha la tête ; impossible ne serait-ce que d’envisager de s’opposer à Pragon Fliboise ! Pelotonnée dans sa couverture, elle se laissa donc servir un potage de légumes bien chaud et une miche de pain de noix, appréciant la chaleur du four à pain et les odeurs d’épices qui flottaient dans la salle. Elle échangea quelques paroles avec le rêveur et pourtant parla peu, trop occupée à se rassasier et à se réchauffer. Elle aurait volontiers fermé les yeux si elle l’avait pu.

Mais dès qu’elle eût terminé son repas, elle se leva.


- Comment te sens-tu ?
- Bien mieux, merci. J’ai beau avoir voyagé dans tout Gwendalavir, jamais je n’ai savouré de potage aussi bon qu’ici.
- Le secret se trouve dans sa simplicité ! Allez, viens. Je devine ton impatience.


Syndrell avait retrouvé des couleurs quand elle emboîta le pas au vieil homme. Elle avait détaché ses cheveux pour qu’ils sèchent et ils cascadaient en longues mèches ondulées et humides dans son dos.

- Je vais te trouver des vêtements secs et te préparer une chambre, dit le rêveur en marchant dans le couloir à ses côtés, puis il lui jeta un coup d’œil et ajouta, vaguement navré : je vais aussi te préparer un baume pour toutes ces contusions qui marbrent ta peau. Y a-t-il d’autres lésions que je ne vois pas ?
- Pas que je sache, non…


Pragon Fliboise secoua la tête, puis il s’arrêta devant une porte close.

- C’est ici.
- Merci,
souffla Syndrell, reconnaissante, avant de frapper doucement contre le battant.

Il y eut quelques secondes de silence pendant lesquelles Pragon Fliboise s’éclipsa, puis la porte s’ouvrit et le visage de Ciel apparut. Dès qu’il découvrit celle qui se tenait dans le couloir, son visage s’illumina et un instant plus tard, les deux amis s’étreignaient avec force.


- Je me disais bien que j’avais cru entendre la cloche de l’entrée, murmura Ciel.
- Avec toute cette pluie qui fait un raffut insupportable, je me demande bien comment tu as fait pour entendre quoi que ce soit !

Comme pour lui donner raison, les gouttes qui martelaient les carreaux de la fenêtre redoublèrent de vigueur. Syndrell glana encore quelques instants dans les bras réconfortants de son ami, puis elle se dégagea doucement et se tourna vers le lit. Aeden dormait. En s’approchant, Syndrell lui trouva meilleure mine que lorsqu’elle l’avait vu la dernière fois, agonisant dans le giron de Ciel.

- Il s’est réveillé il y a cinq jours. Les rêveurs ont fait un travail remarquable et affirment que la cicatrice ne sera même plus visible d’ici un jour ou deux. Ils lui ont sauvé la vie.
- Non, c’est toi.


Le regard doré de Syndrell plongea dans le vert clair des yeux de Ciel et y demeura jusqu’à ce qu’il acquiesce dans un sourire. Oui, en effectuant un pas sur le côté, le dessinateur avait sauvé son amant. Soulagée, Syndrell se pencha et déposa un baiser de papillon sur le front d’Aeden. Elle aurait préféré qu’il n’en soit rien, mais ce simple contact éveilla le convalescent ; il frémit, battit des paupières et l’observa un instant.

- Oh, coucou. Ne me dis pas que tu es ici parce que tu as été blessée toi aussi…
- Du tout ! J’ai été prudente moi, contrairement à certains !
- Je vois. On se moque des victimes. C’est affligeant.
- C’est Syndrell,
rappela Ciel, amusé.
- Dis, maintenant que tu es réveillé, je peux te faire un câlin ?

Une seconde plus tard, à peine, Aeden sourit à Ciel par-dessus l’épaule de Syndrell.

- T’as raison, dit-il, les yeux brillants. C’est Syndrell.



*



Rassurée sur le sort de ses amis, Syndrell récupéra sereinement des forces sous la bienveillance des rêveurs de Fériane. Cependant, elle restait préoccupée par ce qu’elle avait découvert dans le fort que la troupe formée par et dirigée par Syles avait investi deux semaines plus tôt ; cette liste de noms sur laquelle figurait celui de Lyke, au beau milieu d’une flopée de métamorphes, inquiétait la jeune femme.

Elle s’en ouvrit à Ciel. Le dessinateur n’avait pas de nouvelles du garçon lui non plus. Quand il essaya de le contacter par un lien mental, il échoua.


- Tu es la seule personne avec qui cela fonctionne vraiment, avoua-t-il si piteusement que Syndrell éclata de rire avant de lui planter une bise sur la joue.
- Ça me fait plaisir que tu aies essayé, Prof.
- Qu’est-ce que tu comptes faire, alors ?
- Je vais le chercher, et je vais le retrouver.


Ça, c’était le ton et le regard de la marchombre qu’il connaissait bien. Il ne douta pas de la certitude qui enveloppait les paroles de son amie.

- Azur l’a vu partir de l’Académie, un peu après Ylléna.
- Oui, ils sont partis tous les deux ; Yll a laissé un message à son père à ce propos.
- Des enfants de marchombres élevés dans un repère de marchombres… à mon avis, ils ne risquent pas grand-chose.
- Je suis d’accord, sauf que les dangers sont multiples au sein de l’empire, et celui contre lequel nous luttons depuis plusieurs mois est différent de ceux que nous avons affronté jusqu’alors.
- Lyke n’est pas un métamorphe. Tu penses qu’il est en danger ?
- C’est justement parce qu’il n’en est pas un que cela m’inquiète… Ciel ? Je sais que tu veilles sur Aeden et cela m’ennuie de solliciter ton aide maintenant, mais pourrais-tu faire un pas sur le côté à Ervengues ?
- Je peux oui. N’oublie pas que Lyke est mon ami. Je dois veiller sur lui aussi, tu ne crois pas ?


Sourire échangé, puissant dans l’absence de mots qui souligna l’importance des liens solidement tissés entre Lyke et eux.

- Pourquoi Ervengues ?
- Ce sera un début, pour le moins… Ervengues fait partie des endroits qui comptent pour Lyke et moi. Je n’ai pas d’autre piste pour l’instant, alors…
- … alors je vais t’emmener là-bas.


Syndrell accepta de passer une nuit supplémentaire au sein de la confrérie, vaincue par la force de persuasion de Pragon Fliboise, lequel tenait absolument à ce qu’elle se repose véritablement. Et de fait, la marchombre se sentait en pleine forme quand elle prépara ses affaires, deux jours après avoir gagné Fériane ; des nuits complètes et sereines avaient gommé toute trace de fatigue, et ses retrouvailles avec Ciel et Aeden avaient chassé l’angoisse qui pesaient lourds sur ses épaules depuis quelques jours.

Vagabond allait rester à la confrérie jusqu’à ce que Ciel le ramène avc lui à Al-Chen. Syndrell s’occupa donc de son étalon ce matin-là, démêlant sa crinière, brossant son crin, curant ses sabots et le gâtant de mille caresses qu’il s’amusa à quémanda tantôt en lui donnant des coups de têtes, tantôt en soufflant dans ses cheveux.

La marchombre avait revêtu l’armure légère confectionnée par Dil’Duran. Elle passait inaperçue tant elle était subtile. Elle ceignit son baudrier et y fixa Epine, sa rapière, incapable de la laisser en arrière. Il fallait en outre qu’elle s’accoutume à son poids, léger lui aussi mais peu familier, et qu’elle continue de s’entraîner à la manier si elle voulait se montrer digne du talent de Dil’Duran. Elle passa ensuite sa besace en bandoulière ; Pragon Fliboise avait pris soin de compléter son nécessaire de premiers soins. Elle y ajouta ensuite une miche de pain de noix, deux pommes et une gourde, puis glissa son carquois sur son autre épaule et attrapa son arc à la main.

Ainsi parée, elle attendit Ciel dans la cour intérieure de la confrérie. Il la rejoignit accompagné d’un Aeden encore faible sur ses jambes, mais fermement décidé à lui souhaiter bonne chance ; Syndrell le serra dans ses bras en prenant garde de ne pas lui faire mal.


- Je suis contente que tu ailles bien.
- Oui, moi aussi ! C’est gentil d’être venue jusqu’ici. Tu feras gaffe là-bas, hein ?
- Chef, oui chef
!

Aeden lui ébouriffa les cheveux, qu’elle avait laissés détachés pour une fois, puis il se tourna vers Ciel et pressa ses lèvres contre les siennes.

- Reviens vite.
- En un clin d’œil,
promit le dessinateur avant de lui rendre son baiser.

Aeden s’assit précautionneusementsur la margelle en pierre d’une fontaine. Il cligna des yeux.

Ciel et Syndrell avaient déjà disparu.




*



Ervengues.

Syndrell gonfla ses poumons de l’air piquant du sous-bois, puis expira profondément, et se mit en route, empruntant un sentier forestier qui serpentait joyeusement parmi les broussailles. Chaque forêt était différente, et Ervengues était plantée d’imposants rougeoyeurs qui étendaient leurs longues branches au-dessus de sa tête. Des ornières gorgées d’eau prouvaient que la pluie était également passée par ici, mais le ciel était bien dégagé et le soleil réchauffait doucement l’atmosphère, laissant filtrer quelques rais lumineux que Syndrell s’amusait à traverser.

Elle songea qu’il y avait bien longtemps qu’elle n’avait pas voyagé seule, et cette pensée la secoua de ce frisson que seuls les aventuriers connaissent.
Puis elle pensa à Narek, et la solitude lui grignota un peu le cœur.
Ce fut l’image de Lyke qui s’imposa toutefois dans son esprit. Elle avait tendance à se le représenter tel qu’elle l’avait rencontré la première fois, petit garçon timide mais très curieux ; pourtant il était déjà plus grand qu’elle, et la dernière fois qu’elle l’avait vu il était occupé à tailler les premiers poils de son menton avec application. Ce n’était pas encore un homme, et ce n’était plus vraiment un enfant.

Il avait besoin d’elle, cette certitude ne la quittait pas depuis qu’elle le savait loin de l’Académie. Voir son nom sur cette liste avait renforcé cette idée fixe. Il fallait qu’elle les retrouve, Ylléna et lui. D’ailleurs, n’aurait-elle pas dû demander à Erwan de l’accompagner ? Syndrell sauta par-dessus un minuscule ruisseau et dans le même temps abandonna cette perspective. Elle savait son ami fort occupé et puis, c’était le père d’Ylléna ; il devait déjà être en train de la chercher, elle aussi.

Pas un pour rattraper l’autre !

La journée défila tranquillement. Syndrell marchait à bonne allure, pas le moins du monde gênée par son armure souple qui se mouvait sur son corps au gré de ses mouvements, à l’instar d’une seconde peau nuancée de gris. Un peu après midi, elle atteignit le refuge de chasseurs dans lequel Lyke et elles s’étaient abrités, des années plus tôt. Elle inspecta les lieux mais détermina rapidement que le garçon n’était pas là. Nul n’était venu ici depuis un bon moment.

Elle reprit donc sa route et s’approchait de la lisière quand l’écho d’une bataille parvint à ses oreilles. Elle se figea, attentive, pencha la tête sur le côté pour mieux percevoir la situation, estima un nombre relativement léger de combattants, hésita. Il n’était pas toujours bon de se mêler des affaires des autres.

Oui, mais voilà.

Syndrell était affreusement curieuse.

Elle se coula sans bruit dans les broussailles.




*



- Maintenant, achève-le, jeune apprenti, qu’on puisse se tirer d’ici !

L’acier scintille dans un rayon de soleil.
Courbe mortelle.
Qui n’achève pas sa course.

Une flèche siffle et vient se planter dans la main du jeune homme, transperçant la paume au niveau des carpes. La douleur est telle qu’il lâche son arme et se fige, la bouche ouverte, incapable de produire le moindre son. Déjà une autre flèche fend l’air et se fiche dans le sol, aux pieds de la femme qui se fige à son tour.


- La prochaine se logera entre tes jolis yeux si tu fais le moindre geste.

Ce n’est pas une menace, c’est une promesse et la femme l’entend bien ainsi. Sans bouger, elle regarde l’importune qui a osé blesser son élève et gâcher une leçon importante. Des cheveux bleus et des yeux d’or…

- Syndrell Ellasian, crache-t-elle en se raidissant.
- On se connaît ? demande l’intéressée en s’approchant doucement.
- Non. Mais j’ai entendu parler de toi.
- Ah bon ?
- Ouais. On raconte pas mal de choses à ton sujet d’ailleurs. Syndrell Ellasian, la libératrice d’esclaves, celle qui couche avec des Envoleurs et qui leur enseigne la traîtrise…


Au tour de Syndrell de se raidit imperceptiblement. Elle continue d’avancer lentement et finit par se placer entre la femme et Seth, toujours à terre. Quand elle l’a reconnu, son sang n’a fait qu’un tour dans ses veines. Elle devine toute sa souffrance tandis qu’il tremble de douleur et d’épuisement mais elle s’oblige à ne pas le regarder. Si elle quitte la femme des yeux, ce sera terminé.

- Est-ce que tu vas être vexée si je t’avoue que je n’ai absolument aucune idée de qui tu es ?
- Non.
- Tant mieux. Ecoute, ton apprenti est blessé et si tu tentes quoi que ce soit, je tire. Je ne le ferai pas si tu t’en vas maintenant.


Hésitation.

La femme reste parfaitement immobile mais ses yeux passent de Seth à son apprenti, qui serre les lèvres pour contenir un gémissement, son bras serré contre lui, la flèche toujours plantée dans la main. Puis elle reporte son attention sur Syndrell.


- Je te ferai payer ça.
- Si tu veux. En attendant, va-t’en et ne te retourne pas. Tu n’auras pas deux chances.


L’envoleuse soutint le regard de Syndrell une poignée de secondes supplémentaires, puis eut un rictus et pivota.

- Ramène-toi, lança-t-elle à son apprenti, qui ne se fit pas prier.

Son arc toujours bandé, Syndrell les regarda s’éloigner. Elle attendit qu’ils aient complètement disparus, puis attendit encore, tous ses sens en alerte, prête à réagir. Quand elle fut certaine qu’ils ne couraient plus de danger immédiat, elle relâcha doucement la corde et baissa son arme. La flèche retourna dans le carquois. Elle posa un genou à terre et aida Seth à s’asseoir.

- Dans quoi est-ce que tu t’es fourré cette fois ? demanda-t-elle en palpant délicatement, mais avec assurance, le corps tout abimé du garçon.

Les lésions étaient nombreuses, mais la blessure la plus inquiétante était la plaie qui barrait son abdomen. Syndrell n’hésita pas. Elle déboucla le haut de son armure et se débarrassa de la simple chemise qu’elle portait dessous, se retrouvant en brassière et dévoilant la patte de loup tatouée sur son ventre. D’un geste vif, elle déchira quelques bandes de tissu et s’en servit pour bander la plaie.


- C’est un pansement grossier mais c’est tout ce que je peux faire pour le moment et il faut qu’on décampe au plus vite… Voilà. Maintenant, lève-toi. Allez Seth, debout !

Son ton était ferme pour sortir le jeune homme de sa torpeur et l’empêcher de s’évanouir. Elle le soutint quand il se redressa et ils avancèrent vers son cheval. Syndrell dut presque porter Seth pour qu’il se hisse en selle. Elle grimpa derrière lui, passa les bras de chaque côté de sa taille et l’aida à se cramponner aux rênes. Il n’était pas en état de monter mais il allait devoir le faire quand même. C’était une question de survie !

- Je te tiens, lui souffla-t-elle avant de faire avancer leur monture.

Elle le tenait et elle n’allait pas le lâcher de sitôt !
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Seth Jol
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MessageSujet: Re: Une question de vie ou de mort [LIBRE]   Une question de vie ou de mort [LIBRE] Icon_minitimeJeu 28 Juin 2018, 17:08

Seth était littéralement au bord du collapsus, lorsqu’une voix douce mais ferme le tira brusquement de sa torpeur. Ce timbre, cette intonation lui était étrangement familier. Toutefois, la douleur qui irradiait dans tout son corps, terriblement lancinante, anesthésiait tous ses autres sens. Une main l’agrippa solidement et le força à s’asseoir, tirant un grognement au garçon. Papillonnant quelques secondes des paupières, l’apprenti Marchombre distinguait désormais plus nettement un visage qu’il connaissait : deux yeux profondément dorés se plantèrent dans les siens, brillants d’une certaine sévérité mêlée à une once d’inquiétude. Le jeune homme sentit son cœur se serrer un instant, croyant d’abord à un bien mauvais tour de son imagination délirante, avant d’apercevoir un éclat bleu.

- « Syndrell ? » coassa Seth d’une voix rauque, au moment même où il reconnaissait la jeune femme.

La surprise éclaira un instant le regard du garçon ; il se souvenait aussi clairement de la jeune femme que s’il l’avait rencontré la veille. Cela faisait désormais la deuxième qu’elle le tirait d’affaire et il se demanda un instant ce qui la poussait à voler à son secours à chaque fois qu’ils se rencontrait. Surtout que c’était presque à se demander s’il ne cherchait pas les ennuis, en fait ! L’apprenti frémit sous les doigts habiles de Syndrell, et il ne put s’empêcher de laisser échapper un gémissement.

- « Cette femme… » trouva-t-il cependant la force d’expliquer « Ce n’est pas la première fois qu’elle en a après moi, ni la dernière. Longue histoire » qu’il n’avait pas vraiment la force de raconter dans l’immédiat, même s’il était bien conscient qu’il devait la vérité à cette drôle de femme.

Heureusement, Syndrell eût le réflexe de l’aider à se relever, car Seth tenait à peine sur deux jambes. A chaque pas qu’il faisait, à chaque inspiration qu’il prenait, il avait l’impression qu’il allait s’évanouir. Il lui fallu bander toute sa volonté pour parvenir à se hisser à cheval. Oh, ça tanguait et il avait la nausée maintenant. Génial ! Ravalant tant bien que mal la bile qui s’était logée au fond de sa gorge, le jeune apprenti se laissa presque complètement aller contre l’épaule de la jeune femme au cheveux bleus. Il ferma les yeux un instant, s’enfonçant lentement dans un nuage de coton, sorte de semi-conscience particulièrement agréable que le galop puissant de Tornade brisa en mille petits morceaux.




Il avait chaud. Il avait froid aussi. La fièvre commençait sérieusement à le faire délirer. Comme flottant autour de son propre corps – ce qui était une sensation assez étrange, il fallait bien l’avouer – il s’entendait appeler sa mère. Gémir après Mak. Pleurer Soahary. C’était lui, sans vraiment être certain non plus que ce soit lui. Comme un spectateur à la scène, il observa ce curieux jeune homme. Qui était-il cet inconnu ? Sa barbe de trois jours et ses cheveux en bataille, qui lui tombaient en mèches rebelles devant les yeux, lui donnait l’air d’un parfait vagabond. Ses cernes et sa pâleur extrême le faisait paraître soudain beaucoup plus vieux que son âge. Depuis quand n’était-il devenu plus que l’ombre de lui-même ?

Une voix lui parvint, à la fois si proche et si lointaine. Seth s’y accrocha, restant ancré ainsi dans la réalité encore un tout petit peu. Juste un instant. Et en même temps, il n’avait plus la force de lutter contre cet espèce de trou noir invisible qui menaçait de l’engloutir tout entier, d’une seconde à l’autre. Il glissait tout doucement, mais sûrement, et ce n’était pas si désagréable que cela, bien au contraire. C’était doux. C’était chaud. Et surtout confortable. C’était presque comme s’endormir, tout simplement.

Les paupières lourdes, terriblement lourdes, le jeune homme sombra finalement dans l’inconscience.
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MessageSujet: Re: Une question de vie ou de mort [LIBRE]   Une question de vie ou de mort [LIBRE] Icon_minitimeVen 29 Juin 2018, 22:20

Syndrell se faufila sous une haie de baies sauvages et observa la piste qui filait à travers la plaine. Pas âme qui vive, et heureusement : toute présence aurait rendu la sienne trop indiscrète pour la partie de chasse qu’elle était en train de mener. Elle ne bougeait plus, davantage immobile qu’une statue, mais quand l’oiseau s’envola à tire d’ailes pour s’atteler à la fabrication de son nid, la marchombre bougea avec une vitesse incroyable.

Un instant plus tard, elle ramassa la crissane que sa flèche avait cueillie en plein vol et hocha la tête, satisfaite : plus qu’à rejoindre le camp et préparer ça pour le repas ! Le volatile désormais fixé à sa hanche, elle réajusta son carquois, rejeta en arrière sa longue tresse bleue et se mit en route sous un soleil de plomb.

Après la pluie, le beau temps ! C’était même radical, à tel point que la jeune femme avait l’impression de fondre sous ses vêtements. Elle portait toujours une simple brassière et son pantalon de cuir, puisqu’elle avait sacrifié sa seule chemise pour soigner Seth, mais même ainsi elle crevait de chaud. Elle enroula sa tresse et utilisa deux pinces de son nécessaire à crochetages pour la fixer en un chignon qui dégageait sa nuque. L’envie de couper ses cheveux se heurtait à l’affection que portait Narek à leur longueur…

Ce n’était pas dans ses habitudes d’être coquette. En l’occurrence, ce chignon décoiffé qui laissait filer quelques mèches rebelles devant ses yeux dorés était la seule touche de féminité vraiment palpable : si l’on s’arrêtait sur son tatouage abdominal, son arc et son carquois, son gibier suspendu à sa ceinture, les marques de sang séché qu’elle n’avait pas pu ôter du revers de ses bottes, l’on avait plutôt l’impression d’avoir affaire à une trappeuse !

De fait, elle avait établi un campement digne de ce nom, à l’abri d’une avancée de rochers sur la plaine, au pied d’une colline herbeuse ; ils avaient peut-être roulé du sommet des siècles plus tôt et stoppé leur joyeuse cavalcade pour une raison inconnue… Quand Syndrell les atteignit, une marmotte dressée sur l’un d’eux se redressa sur ses pattes arrière puis fila ventre à terre afin de regagner son terrier. Le cri d’un aigle retentit dans le ciel, tout là-haut. Sans doute l’arrivée de la marchombre avait-elle sauvé le petit animal d’un redoutable prédateur !

Syndrell se débarrassa de la crissane abattue mais fit en sorte qu’elle reste à l’abri de tout chapardeur avant qu’elle la prépare pour le repas. Ensuite elle fit passer son arc et son carquois par-dessus sa tête, les déposa dans l’herbe et souleva le rabat de la tente qu’elle avait dressée à l’ombre d’un grand chêne.

Seth dormait.

Son sommeil était agité et, quand elle posa le dos de sa main sur son front, elle le trouva brûlant. Sans le quitter des yeux, la jeune femme trempa le dernier pan de sa chemise dans le bol d’eau qu’elle avait laissé près du garçon, et s’en servit pour humecter ses lèvres, son cou, ses joues et ses tempes. De jolies ecchymoses marbraient son visage et son torse nu. Elle avait fait de son mieux pour recoudre sa blessure et la panser ; il fallait remercier Pragon Fliboise qui avait eut l’excellente idée de faire l’inventaire de sa trousse de secours, et de la compléter avant qu’elle quitte la confrérie !

Son ami allait s’en sortir. Il le fallait ! Syndrell l’estimait suffisamment robuste et déterminé pour survivre à cette épreuve. Elle songea, tout en passant doucement le tissu humide sur sa peau, qu’elle devait avoir son âge lorsque Vanora s’en était prise à elle ; à l’époque, c’était Erwan qui l’avait trouvée au bord de la mort, et qui l’avait sauvée.


- Bats-toi grand chef, lui dit-elle en serrant sa main dans la sienne. Tu peux le faire ! Tu n’es pas tout seul, je suis là…

Le ronronnement du jaguar, puis la voix d’Erwan, c’était ce qui l’avait empêchée de s’en aller véritablement – des sons que son esprit délirant de fièvre et de souffrance avait traduit sous forme d’émotions et de sentiments : l’amitié, la loyauté, l’affection, la bienveillance, il fallait que ces ingrédients se mêlent au courage et à la volonté de Seth. C’est ainsi qu’il reviendrait.

Jusque-là, elle l’attendrait.




*



Il faisait nuit noire désormais. Une joyeuse flambée illuminait les pierres, leur prêtant des formes étranges tandis que les ombres et les reflets du feu dansaient sur leur immobilité minérale ; les yeux de Syndrell, tandis qu’elle nettoyait vigoureusement ses bottes, brillaient comme ceux d’un chat. Un petit chat sauvage… et repu ! Il ne restait plus rien de la crissane.

Elle n’avait pas tout mangé, ceci dit : elle avait commencé par découper de petites lamelles qu’elle avait réservé pour Seth. Une fois réveillé, il faudrait le remplumer ! Sur cette pensée, la marchombre jeta un coup d’œil vers l’entrée de la tente, dégagée pour laisser entrer la fraîcheur du soir et veiller sur son protégé. Il dormait toujours, mais plus paisiblement.

Le cuir de ses bottes enfin parfaitement lustré, elle les déposa près de la tente, puis se faufila à l’intérieur tandis que la monture de Seth broutait tranquillement. Elle avait installé sa couche à côté de celle de Seth. Normalement, avec une telle chaleur, elle aurait volontiers passé la nuit dehors, surtout qu’il y avait une quantité d’étoiles à regarder pour s’endormir ! Toutefois elle sentait incapable de fermer l’œil en sachant que sous la tente, son compagnon luttait pour sa vie.

Le feu qui continuait de brûler dehors éclairait l’intérieur de la tente. Tout en se débarrassant de son pantalon, Syndrell observa le garçon. Il était plus mince que dans son souvenir, et son état actuel le rendait plus fragile : on aurait dit un petit bonhomme perdu, seul au monde, et le cœur de la marchombre se serra. Elle chassa cette sensation fugace, pestant contre ses hormones qui lui faisaient vivre de drôles de choses ces derniers temps !

Avant de se coucher, elle s’occupa encore de son ami, puis elle se coucha et, en dépit de la chaleur, des moustiques qui zinzotaient près de son oreille ou encore de la situation actuelle, elle s’endormit. Assez profondément pour rêver qu’elle courait nue au milieu d’un champ, poursuivant Narek – et poursuivie par Tsukia.

Assez légèrement pour se réveiller au premier gémissement de Seth. Il appelait quelqu’un d’un ton inquiet, se débattait dans ses cauchemars, et surtout, il grelottait : comprenant qu’il fallait impérativement faire remonter sa température, Syndrell ferma l’entrée de la tente, puis elle roula hors de sa couche et ouvrit les bras.

Les referma.

Seth blotti contre elle.

- Hé, lui glissa-t-elle à l’oreille. Je sais que tu m’entends. Tout va bien. D’accord ? Chhh… Tout va bien, Seth. Dors.

Elle lui murmura tout un tas d’histoires avant qu’il s’apaise enfin. Elle sentit qu’il se réchauffait ; pour sa part, elle étouffait mais il était inconcevable qu’elle le laisse tomber maintenant. Alors elle resserra davantage son étreinte, et ferma les yeux.

Pour se rendormir aussitôt !




*



Ce ne fut pas la lumière du jour qui la tira de son sommeil.
Ce ne fut pas non plus le piaffement joyeux du cheval dont la silhouette se dessinait sur la toile de la tente.

Non.

Ce qui éveilla Syndrell et lui donna le sourire, c’était le souffle de Seth : plus rapide, plus assuré.
Plus vif.

Il était réveillé !


- Debout les crabes, la mer monte ! lança-t-elle, amusée, avant de s’asseoir et de s’étirer.




[J'ai un peu sollicité Seth, tu me dis si ça ne te convient pas surtout !]
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MessageSujet: Re: Une question de vie ou de mort [LIBRE]   Une question de vie ou de mort [LIBRE] Icon_minitimeLun 20 Aoû 2018, 22:34

Ce furent les premiers rayons d’un soleil généreux qui tirèrent le jeune homme de son sommeil comateux. Le jour était à peine levé, pourtant une chaleur presque insoutenable commençait déjà à se diffuser sous la toile de la tente. Les yeux toujours fermés, l’apprenti Marchombre fronça doucement les sourcils : il avait la désagréable impression que tout son corps était engourdi, et ses muscles endormis, exactement comme s’il était enfoncé dans un nuage de coton. Tout en remuant légèrement les doigts et les orteils, Seth papillonna des paupières quelques secondes. La lumière vive l’aveugla l’espace d’un instant, et il plissa le nez en soupirant.

Une voix familière retentit juste à côté de lui, ce qui fit presque sursauter le gamin. Sous le coup de la surprise, Seth se redressa un peu trop brusquement sur un coude, pour s’effondrer aussitôt en lâchant un gémissement de douleur. Ah, oui ! Il était salement amoché, mais il dût fournir un effort intense pour tenter de reconstituer le puzzle de sa mémoire capricieuse. Quelques bribes lui revenaient au fur et à mesure : sa rencontre malencontreuse avec Zahine et son apprenti, sa fuite désespérée, et puis Syndrell qui lui avait littéralement sauvé la vie. Était-ce elle qui avait ainsi pansé ses plaies ? Et qui avait veillé sur lui aussi longtemps ? Probablement, car son ton dégageait un certain soulagement. Et puis, dans la brume de ses souvenir, sa voix douce résonnait dans son esprit, lui permettant ainsi de se raccrocher à la vie, comme à une bouée de sauvetage.

Se mordant la lèvre inférieure, le garçon banda toute sa volonté pour parvenir à se hisser à nouveau sur un coude. C’était pénible ; la cicatrice toute fraîche qui barrait son abdomen le tirait affreusement et le lançait douloureusement. Mais il parvint à juguler la douleur pour planter son regard dans celui de son amie. Parce que oui, il la considérait comme telle. Ce drôle de petit bout de femme aux cheveux bleus lui avait déjà sauvé les miches une première fois par le passé. Aujourd’hui encore, elle n’avait pas hésité à risquer sa vie pour la sienne. Il lui devait une fière chandelle, Seth en était bien conscient.

- « Désolé » bredouilla le jeune homme d’une voix terriblement rauque « Désolé si je t’ai causé des ennuis… »

Il devait des explications à Syndrell, mais pour l’instant le garçon ne s’en sentait pas la force, même si le sourire rayonnant de la Marchombre lui mettait un peu de baume au cœur après ces sombres dernières semaines qu’il avait traversé. Aussi, Seth se jura de payer sa dette envers son amie un jour.

- « … Merci. » lâcha-t-il d’une voix cassée, infiniment reconnaissant.

C’était tout ce dont il était capable pour l’instant.








[Désolée, c'est supra court et en plus en retard... Je suis en dessous de tout...]
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MessageSujet: Re: Une question de vie ou de mort [LIBRE]   Une question de vie ou de mort [LIBRE] Icon_minitimeMer 22 Aoû 2018, 00:34

- C'est plutôt toi qui a l'air d'avoir quelques ennuis ! Et ne me remercie pas. Un marchombre ne laissera jamais tomber un compagnon. Si Erwan n'avait pas un jour ramassé le petit tas de bouillie que j'étais, je ne serais pas là pour prendre soin de toi !

(elle fronce comiquement son petit nez, plongée dans ses réflexion, et ajoute dans un murmure pensif...)

En fait, c'est lui que tu devrais remercier, pour le coup...

(puis elle secoue la tête et laisse échapper un rire frais et pétillant)

Je suis contente de voir tes beaux yeux, tu sais. Comment tu te sens ?



[Naïs, le jour où tu seras en dessous de tout, les poules auront des dents ! *câlin*]
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MessageSujet: Re: Une question de vie ou de mort [LIBRE]   Une question de vie ou de mort [LIBRE] Icon_minitimeMer 22 Aoû 2018, 11:34

- "Oh, tu connais Erwan ?" [une lueur de surprise brille brièvement dans son regard fatigué] "Je lui dois déjà beaucoup de choses..."

[Il hoche légèrement la tête, offrant un sourire timide à la jeune femme]

"Epuisé, mais vivant..." [Petit soupir] "J'ai littéralement l'impression d'avoir été piétiné par un troupeau de Raïs enragés !"

[Se perd un instant dans ses pensées, avant de croiser à nouveau le regard de Syndrell]

"Je suis vraiment content de te voir tu sais !"
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MessageSujet: Re: Une question de vie ou de mort [LIBRE]   Une question de vie ou de mort [LIBRE] Icon_minitimeMer 22 Aoû 2018, 12:22

C'est un ami qui m'est très cher, oui...

(Elle sourit, l'éclat de son regard avivé par l'évocation d'Erwan, puis elle hoche la tête)$

Un troupeau de Raïs t'aurait sans doute laissé en meilleur état ! Tu vas devoir te montrer patient, Seth : je te promets que tu vas guérir complètement, mais je te promets aussi que ça ne va pas être évident !

(Elle lui envoie une légère bourrade complice dans l'épaule, avant de s'installer en tailleur, face à lui)

Et maintenant, raconte-moi un peu ton histoire.

(Brève hésitation, et puis...)

Toute ton histoire.

(... parce qu'elle devine que les ennuis de Seth ont commencé bien avant cette bagarre avec l'Envoleuse et son apprenti)
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MessageSujet: Re: Une question de vie ou de mort [LIBRE]   Une question de vie ou de mort [LIBRE] Icon_minitimeVen 24 Aoû 2018, 07:36

- "Ah, ah, sans doute oui !" [lâche un petit rire, avant de grimacer] "Aouch, arrête de me faire rigoler banane, j'ai mal !"

[Soupire un instant, tout en reprenant son sérieux]

"Zahine est une collègue de ma mère. Quand j'ai commencé à voler de mes propres ailes, il y a quelques années, elle s'est méfiée de moi, de ce que je pourrais divulguer sur l'Ordre" [Il s'arrête un instant, réfléchissant quelques secondes, avant de continuer] "Il y a quelques années déjà, elle m'avait, pour ainsi dire, proposé de la suivre durant un apprentissage qui durerait trois longues années. Evidemment, j'ai refusé. Et elle m'a toujours gardé à l'oeil d'une manière ou d'une autre"

[Perdu dans ses pensées, le regard de Seth s'assombrit tandis que l'image de sa mère s'immisce dans son esprit]

"Jusqu'à présent, elle n'avait jamais réellement osé s'en prendre à moi. Je crois qu'elle connaissait assez ma mère pour savoir que si elle tentait quoi que ce soit, ça signerait son arrêt de mort" [Déglutit avec difficulté] "Mais, ma mère est morte il y a peu de temps, alors..."

[Sa voix se brise, et une boule se forme dans sa gorge]
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MessageSujet: Re: Une question de vie ou de mort [LIBRE]   Une question de vie ou de mort [LIBRE] Icon_minitimeLun 27 Aoû 2018, 11:52

« Ma mère est morte ».

Un coup de poignard n’aurait pas atteint Syndrell aussi sévèrement. Elle n’avait pas connu ses propres parents et ne savait pas, par conséquent, si la douleur qu’elle ressentait était semblable à celle du garçon ; mais elle se rappelait du vide immense après l’assassinat de Miss, et l’or pur de son regard se troubla. Sans réfléchir, elle caressa la joue de Seth du dos de sa main, doucement.


- Je suis désolée, murmura-t-elle.

Elle comprenait mieux désormais pourquoi le jeune homme était si mince, si émacié, et pourquoi son regard était tellement sombre.

- J’ai rencontré Naïs, une fois ; nous étions l’une et l’autre chargées d’une mission qui avait des liens communs. Une drôle d’histoire et un instant de partage que je n’oublierai jamais.

Seth ignorait sans doute à quel point la vie de Syndrell était mêlée à celle des Envoleurs ; il ne pouvait pas savoir que Miss, son maître, avait elle-même eu l’expérience d’une formation de chaque côté de la « barrière », tout comme il lui était impossible de deviner qu’avant de tomber amoureuse de Narek, son cœur n’avait battu que pour des Envoleurs.

Apprenti marchombre, Seth avait eu une maman envoleuse ; outre la ressemblance physique, il tenait de Naïs son tempérament de feu et aussi sa capacité à se fourrer dans les ennuis. Refuser cette dualité, c’était refuser l’homme qu’il était. Syndrell, en lui offrant ce souvenir, affirmait qu’elle était incapable de commettre une telle erreur.


- Zahine sait désormais que je couvre tes arrières ; elle me connait, même si j’ignore comment et pourquoi, mais ça va la tenir éloignée un petit moment. Pendant ce temps…

Syndrell pinça tout doucement le nez de Seth.

- Pendant ce temps, tu vas t’appliquer à guérir et continuer à te former soigneusement, histoire de la recevoir comme il se doit, la prochaine fois !

Car il y aurait une prochaine fois, c’était certain ; Seth avait choisi de suivre la Voie, et ce faisant il s’était fait quelques ennemis. Tant mieux ! Même si le voir dans cet état lui serrait le cœur, Syndrell savait d’expérience que ce genre d’inimitié aidait à se construire, à grandir, à progresser, à repousser ses limites.

- Tu as faim ? J’ai mis de la viande de côté pour toi, et il y a aussi du pain, du fromage et des gâteaux de miel.

La tristesse qui vibrait au fond des yeux de Seth demeurait. Syndrell aurait bien voulu qu’il lui raconte ce qui était arrivé à sa mère, non pas pour satisfaire sa curiosité, mais parce qu’il avait besoin de vider son sac ; toutefois, elle ne comptait pas forcer son ami à parler. Il le ferait quand il serait prêt, et uniquement s’il avait envie de le faire…
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MessageSujet: Re: Une question de vie ou de mort [LIBRE]   Une question de vie ou de mort [LIBRE] Icon_minitimeLun 01 Avr 2019, 10:45

Seth resta silencieux durant plusieurs longues secondes, ressassant ses idées noires – comme il le faisait un peu trop souvent ces derniers temps, d’ailleurs. Le seul fait d’évoquer sa mère suffisait à raviver la blessure béante dans sa poitrine. Depuis que la nouvelle de sa mort lui était parvenue, quelques mois auparavant, l’apprenti avait l’impression d’être un petit garçon perdu et sans aucun repères. Le regard vide, le jeune homme eut un léger sursaut lorsque Syndrell effleura sa joue du dos de sa main, dans un geste d’une extrême douceur mêlée de tendresse. Une boule douloureuse se forma dans le fond de sa gorge, tandis que la femme lui signifiait toute sa compassion : l’espace d’un court instant le garçon se demanda s’il avait réellement bien fait de parler de la mort de sa mère. En fait, il n’avait pas plus envie d’en parler que cela.

Le regard qu’il échangea avec la Marchombre aux cheveux bleus contribua grandement à lui faire changer d’avis – sa gentillesse, sa bienveillance, et même sa seule présence y faisaient sans beaucoup également. Il y avait bien trop longtemps qu’il gardait au fond de lui toute sa détresse, sa tristesse et sa colère aussi. En outre, la pétillante petite Marchombre se proposait de lui prêter une oreille attentive, comme s’ils se connaissaient depuis toujours. Une lueur d’étonnement brilla dans les yeux dorés de Seth – si proches de ceux de sa mère – quand son amie mentionna le nom de Naïs. Bon, il n’était pas si surpris que cela, en vérité – il était bien placé pour savoir que Gwendalavir était à la fois tellement grand et si petit. Non, ce qu’il ressentait plutôt en cet instant s’apparentait à une profonde reconnaissance : elle lui offrait un souvenir des plus précieux, qui ne manqua pas de l’atteindre en plein cœur.

Profondément touché, le jeune homme hocha la tête en silence. Il écouta Syndrell encore un moment, sans rien dire. Il devait bien admettre qu’elle avait raison, à propos de Zahine : l’Envoleuse semblait bien connaître la Marchombre – ou du moins, sa réputation – et elle n’était pas assez inconsciente pour s’en prendre à lui si elle savait que la jeune femme aux cheveux bleus veillait sur lui, de près comme de loin. Elle était un prédateur accomplie, une tueuse, et elle agirait comme tel : elle attendrait le moment propice ! Sauf que d’ici là, Seth espérait bien pouvoir l’accueillir comme il se devait, motivé par les paroles de son amie. Un éclat fugace de détermination brilla dans son regard, tandis que Syndrell lui pinçait le bout du nez affectueusement.

- « Non, pas trop faim » bredouilla le garçon, la voix éraillée « Mais j’imagine que ce n’est pas la réponse dont tu vas te satisfaire ? » plaisantât-il cependant.

De cela, il en était même certain ! Et il s’imagina même ligoté et torturé de chatouilles jusqu’à ce qu’il finisse par céder. Rien que d’y penser, une ombre de sourire se dessina sur les lèvres de Seth, qui tendit la main, acceptant sans protester plus, le morceau de pain tartiné de miel ainsi que le petit bout de fromage que lui proposait la Marchombre. Il mordit dans sa tartine sans grande conviction, son estomac jouant encore les montagnes russes, il lui fallut plusieurs longues minutes pour réussir à la finir.

- « Elle s’est sacrifiée… » murmura Seth, brisant le silence qui s’était installé. « Pour sauver Lib. Sa sœur. Sa demi-sœur » précisa-t-il, la gorge nouée.

Naïs lui manquait terriblement, mais ce n’était sans doute pas le pire en ce moment ! Il ne savait même pas si son petit frère allait bien, s’il était toujours avec Gil, s’il était toujours en vie tout simplement ! Quant à sa petite sœur, il n’avait rien pu faire pour la sauver ! Elle était morte, d’une insuffisance cardiaque, sans qu’il ne puisse rien faire ! Il se retrouvait seul, avec un poids insoutenables à porter sur ses jeunes épaules. Oh il en avait déjà connu, il en avait déjà beaucoup bavé, mais là, c’en était trop pour un seul homme ! Seth ne pleurait pas – pour ne pas dire jamais – il n’avait pas assez de larmes pour cela ! Mais rien que de penser à sa mère, à Mak, à Soahary, il sentait son souffle se bloquer dans sa poitrine. Lui manquer littéralement. Il était encore assez lucide pour reconnaître les signes avant-coureur de ces crises de panique, de ces terreurs qui le secouaient quand il était petit garçon. Elles s’étaient estompés avec le temps, mais depuis la mort de sa mère, elles étaient revenues, plus impressionnantes, plus violentes. Et il n’avait personne. Plus personne pour le rassurer. Le consoler. Le prendre dans ses bras et lui dire que tout irait bien.

Vraiment personne ?
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MessageSujet: Re: Une question de vie ou de mort [LIBRE]   Une question de vie ou de mort [LIBRE] Icon_minitimeVen 05 Avr 2019, 19:46

Seth peinait à manger. Il s’était pourtant exécuté dans un pâle sourire et une excuse bredouillée, il manquait de forces et d’énergie ; paradoxalement il avait besoin de se nourrir pour regagner du poil de la bête. Syndrell se félicita de lui avoir coupé des tartines minces et fines, faciles à croquer et trempées dans du miel qui allait lui redonner quelques couleurs.

Elle ouvrit grand l’entrée de la tente pour laisser entrer l’air frais et la lumière. Un rayon de soleil chatouillait la tempe du garçon. Il était perdu dans ses pensées. Quoique d’un naturel bavard et curieux, la marchombre ne tenta pas de l’en extirper ; elle se doutait qu’il avait besoin de faire le point. Il était arrivé à un carrefour, dans sa vie, dans son parcours : c’était l’instant des choix.

Renoncer, vivre dans le passé.
Ou bien accepter, et avancer.


- Elle sacrifiée, murmura soudain Seth. Pour sauver Lib. Sa sœur. Sa demi-sœur.

Demi-sœur ou sœur entièrement, Syndrell ne put s’empêcher d’écarquiller ses yeux dorés. C’était incroyable ! Elle se rappelait bien l’apparence de Naïs, guerrière exotique à la peau caramel, mais elle avait bien du mal à l’associer à la blonde et rose Libertée ! Sans réfléchir, elle porta la main à ses cheveux bleus. Qui était-elle pour croire à l’impossible ? Un sourire se dessina alors sur ses lèvres.

- C’est fabuleux ! Aussi différentes que possible mais partageant le même sang… Fabuleux !

Prise dans les effets de sa découverte, et aussi parce qu’elle savourait chaque seconde qui s’écoulait, Syndrell ne remarqua pas immédiatement la détresse de Seth. Et quand elle comprit enfin ce qui se passait, les pupilles du garçon étaient déjà dilatées, son souffle rauque et le moindre de ses muscles tendu à l’extrême. Des sensations Ô combien familières pour la jeune femme : à son retour d’Ezadrah, il ne s’était pas passé une seule journée ni une seule nuit sans qu’elle succombe à ce genre de crise de panique.

Et instinctivement, elle sut ce qu’il fallait faire.

Repoussant les restes du repas de Seth, elle se plaça devant lui et plaqua doucement, mais fermement, ses deux mains de chaque côté de sa tête.


- Seth, l’appela-t-elle pour l’encourager à fixer son regard hébété dans le sien. Respire. Avec moi, d’accord ? Inspire doucement… expire. On recommence. Inspire… Regarde-moi, Seth… expire… encore… C’est bien.

Doucement, sans mouvements brusques, Syndrell laissa ses doigts de la main gauche glisser derrière la nuque de l’apprenti déboussolé. Elle trouva les points de compression et les pressa sans jamais quitter Seth des yeux, ni cesser de lui parler, de respirer avec lui. Avec patience, elle l’accompagna ainsi jusqu’à la fin de sa crise. Quand elle sentit qu’il se détendait enfin, elle ne résista pas.

Elle le prit dans ses bras.

Comme un enfant, parce qu’il en était un, vraiment… Comme elle le faisait parfois avec Lyke, et même avec Ylléna… Sans réfléchir, sans rien dire, sans même chercher à comprendre… Seth n’avait rien besoin d’autre qu’une énorme bouffée de tendresse pour panser ses plaies, celles qui ne se voyaient pas à l’œil nu mais qui faisait davantage souffrir que celles qui constellaient son corps. Elle le berça doucement, la main gauche toujours posée sur sa nuque, la droite frottant son dos, et c’est sans la moindre gêne, mais dans l’évidence la plus lumineuse qu’elle l’embrassa sur le front.


- Ne retiens pas tes larmes, mon grand… Elles font partie de toi et elles sont tes premières compagnes sur le chemin de la guérison. Ne refoule pas ta peine. Laisse-toi faire. Tu en as besoin.

Paroles, caresses, douceur, tendresse. Seth finit par se rendormir, blotti contre elle. Il y avait le pain et le miel, la viande à protéger, des sacs à ranger… Syndrell ne bougea pas d’un millimètre. Ses bras s’ankylosaient, ce n’était pas grave. L’enfant, le petit garçon qu’elle berçait dans son sommeil avait perdu sa famille, existait-il une cause plus fondamentale ?

- Tu n’es pas seul, murmura-t-elle dans le creux de son oreille, consciente qu’il ne pouvait pas l’entendre, pas vraiment…



*


Mains qui montent.
Et redescendent.
Respiration.

Calquée sur le rythme lent des battements de son cœur, la gestuelle avait plongé Syndrell dans un état d’absolue sérénité : ses yeux étaient fermés, un mince sourire, dessiné sur ses lèvres, donnait un petit aperçu de son humeur alors que le soleil qui se levait jouait dans ses longues mèches bleues ; seulement vêtue de sa brassière qui dévoilait la patte de loup sur son ventre, et de son pantalon, pieds nus dans l’herbe humide de rosée, elle effectuait chaque mouvement dans une puissance fluide et gracieuse.

Deux jours s’étaient écoulés depuis qu’elle avait sauvé Seth des griffes de Zahine. Celle-ci ne s’était pas montrée, ce qui n’empêchait pas la marchombre de demeurer sur ses gardes, en dépit de sa décontraction apparente. Deux jours durant lesquels elle avait veillé sur son ami, le berçant la nuit quand les cauchemars étaient trop difficiles et le taquinant le jour pour lui redonner un peu d’énergie. Mais si le garçon lui semblait désormais hors de danger, elle avait pris la décision de l’emmener voir un rêveur.

Fériane se trouvait à deux jours de marche. Même s’il avait retrouvé quelques forces, il faudrait le double à Seth, au minimum, pour atteindre la confrérie. Qu’à cela ne tienne, ils progresseraient lentement mais sûrement ! Détournée de sa mission initiale, Syndrell était fermement déterminée à accompagner le fils de Naïs. Elle ne le lâcherait pas avant d’être sûre qu’il était entre de bonnes mains… ni sans être certaine qu’il avait repris du poil de la bête.

Parce que c’était ça, au fond, qui était essentiel : que Seth retrouve son envie de s’en sortir, de se battre, d’avancer.
De vivre.

Mains qui s’ouvrent.
Souffle du vent.
Quiétude.

Au frémissement dans son dos, Syndrell devina que son jeune compagnon avait sortit son museau de la tente. Elle effectua quelques derniers mouvements avant d’ouvrir les yeux, enfin, et comme chaque fois qu’elle émergeait de la gestuelle marchombre, ils brillaient davantage encore que le soleil en pleine ascension.

- Bonjour ! sourit-elle en s’approchant de Seth. Bien dormi ? Tu as faim ?

Dix minutes plus tard, elle lui servait un petit-déjeuner parfaitement adapté à l’appétit encore maigre du jeune homme ; Syndrell préférait lui préparer de petites quantités qu’il terminait, plutôt que de trop grandes portions qu’il délaissait. C’était une manière de veiller sur son moral. Elle l’accopagnait avec son appétit à elle et s’employait à le régaler de toutes les histoires qui lui passaient par la tête – vécues ou simplement rêvées.

Ensuite, elle l’aida à faire sa toilette dans l’eau glacée d’un ruisseau, avant de refaire, avec patience et douceur, chacun de ses pansements. Certaines blessures étaient déjà en bonne voie de guérison tandis que d’autres, comme celle qui barrait son côté droit, demeuraient gonflées.


- On va se mettre en route aujourd’hui, lui annonça-t-elle tout en appliquant un baume frais et décontractant sur son épaule et son dos. Je t’ai évité le pire, mais certaines plaies sont en passe de s’infecter : tu as besoin de soins plus poussés. Alors on va aller taquiner quelques rêveurs de Fériane.

Elle massa délicatement ses muscles, défit quelques nœuds, traqua les tensions et hocha la tête en le sentant se détendre légèrement sous ses doigts. Puis elle fronça les sourcils et après s’être lavé les mains dans l’onde claire, les passa dans les cheveux du garçon.

- Qu’est-ce que tu dirais d’une bonne coupe ? Ils te donnent un air de sauvageon. Ça te rend vraiment craquant mais à mon avis tu serais mieux si on remettait un petit peu d’ordre dans tout ça.

Elle tira doucement sur une de ses mèches pour appuyer ses paroles, et attendit sa réponse.
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MessageSujet: Re: Une question de vie ou de mort [LIBRE]   Une question de vie ou de mort [LIBRE] Icon_minitimeMar 09 Avr 2019, 12:37

Seth papillonna des paupières quelques secondes. Le garçon n’avait en cet instant aucune notion de temps, ni même de lieu : son esprit était bien trop embrumé – et embrouillé – pour cela. Tout ce qu’il savait se limitait à sa perception de la douce chaleur se diffusant sous la toile de la tente ainsi que le léger bruissement accompagnant une respiration incroyablement sereine et profonde. Qui ? Fronçant légèrement les sourcils, l’apprenti Marchombre balaya cette question d’un revers de main pour rester encore un moment, sans bouger, savourant la simplicité d’un réveil serein – sans doute le plus serein qu’il ait eu depuis quelques semaines.

Avant même que le jeune homme ne se redresse sur sa couche, un premier souvenir vint combler pour partie sa mémoire défaillante. Enfin, c’était plus une impression – et même une sensation à proprement parler. Celle de manquer d’air, littéralement. C’était franchement inconfortable, et très désagréable, tirant une grimace au gamin, qui entreprit de se redresser, s’asseyant en tailleur sur sa couche. Un faible sourire étira les lèvres de Seth lorsqu’il aperçut, à travers l’entrebâillement de la toile de tente, un éclat bleu. Syn ! Sa mémoire capricieuse choisit ce moment précis pour reconstituer tous ses souvenirs avec une violence telle que le garçon en eût presque le souffle coupé. Les mains fraîches de la Marchombre sur son visage, la douceur de sa voix comme seule attache à la réalité, ses bras qui l’entouraient d’une présence infiniment rassurante, les larmes brûlantes : tout lui revint dans les moindres détails.

Malgré la boule qui se forma dans sa gorge, le jeune homme réalisa une chose particulièrement importante : il n’était PAS seul. Et il ne le serait jamais, parce qu’il avait la chance d’avoir une famille qui l’aimait profondément et des amis fidèles sur qui il pouvait compter – Syndrell venait de lui en apporter la preuve infaillible et Seth su qu’il ne saurait jamais assez la remercier pour cela. Soupirant imperceptiblement, le garçon secoua tout seul la tête avant de sortir le bout de son nez de la tente. Le soleil était déjà haut dans le ciel – par la sainte culotte de l’Empereur, mais combien de temps avait-il dormi ? Mais ce n’était pas ce qui attira son attention : c’était plutôt la danse pleine de légèreté et de grâce à laquelle il assista pendant quelques secondes. Seth avait déjà eu l’occasion d’observer la Gestuelle Marchombre, avec son maître, et si la première fois qu’il en avait vu les mouvements fluidiques, cela lui avait paru ressembler à une espèce de transe chamanique, la beauté et la sérénité de cette chorégraphie lui fit sérieusement reconsidérer la question.

La malicieuse petite Marchombre avait senti sa présence car elle se tourna vers lui et le salua d’un ton si enjoué que Seth eut presque l’impression de sentir sa bonne humeur contagieuse lui caresser le bout du nez. Franchement perturbé, il cligna des yeux plusieurs fois et quand ses neurones se reconnectèrent enfin, il ne put que hocher vivement la tête sans que rien ne puisse franchir ses lèvres. Belle démonstration d’éloquence !

Contre toute attente, et malgré son appétit encore maigre, le garçon engloutit se petit-déjeuner et n’en laissa pas une seule miette, ce qui tira un grand sourire satisfait à son amie. Elle veillait sur lui un peu à la manière d’une grande sœur et l’apprenti songea un instant qu’il aimerait vraiment pouvoir lui rendre la pareille un jour – ou tout simplement, être là quand elle aurait besoin d’une épaule, d’un ami, d’un frère. Oh des frères et sœurs, il en avait eu, mais désormais il ne lui en restait plus qu’un et il ne savait même pas s’il allait bien. Si les suites de l’amputation n’avaient pas provoqué une infection mortelle. Il n’avait jamais compris pourquoi le sort s’était soigneusement acharné à tous les lui arracher, lui qui n’avait jamais demandé que de pouvoir donner tout son amour et de veiller sur un petit compagnon. Hélas, il n’avait jamais su en protéger aucun : Morgan, Mak, Soahary… A chaque fois qu’il pensait à eux, Seth sentait toujours monter en lui une pointe de culpabilité.

- « Euh… Craquant ? Quoi ?! » bredouilla Seth en se reconnectant à l’instant présent.

Le jeune homme piqua un fard phénoménal en réalisant soudain que Syndrell parlait de lui, ce qui devait paraître très drôle, sans aucun doute. Fronçant le nez dans une moue vexée, Seth finit toutefois par joindre son rire à celui de son amie. Il fallait bien avouer que cela le surprit lui-même de s’entendre ainsi rire comme un enfant – et surtout comme rarement il l’avait fait ces derniers temps. Seth se laissa faire sans broncher lorsque la Marchombre entreprit de donner les premiers coups de ciseaux dans sa chevelure indisciplinée et il songea même qu’il faudrait sans doute qu’il se rase aussi. Plusieurs minutes de silence s’écoulèrent ainsi, tandis que le garçon réfléchissait à tout plein de choses à la fois.

- « Merci, au fait » finit-t-il par lâcher, d’une voix un peu rauque « J’en faisais beaucoup des crises comme ça, quand j’étais petit. A cause de la mort de mon frère jumeau. Elles avaient presque disparues, mais avec la mort de ma mère… » expliqua-t-il, avec une certaine émotion au fond de la gorge.

Syndrell ne le réalisait sans doute pas, mais c’était la première fois qu’il évoquait la mort de son jumeau depuis bien longtemps. Et surtout, en présence d’une autre personne que sa mère.
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MessageSujet: Re: Une question de vie ou de mort [LIBRE]   Une question de vie ou de mort [LIBRE] Icon_minitimeMar 16 Avr 2019, 21:20

Snip, snip, snip.

Le couteau dansait entre les doigts de Syndrell. Ce n’était pas la première fois qu’elle s’essayait à ce genre de chose : elle s’était tellement entraînée avec Ciel que les gestes familiers lui étaient tout de suite revenus. Le dessinateur avait fait les frais de son inexpérience avant qu’elle prenne le coup de main, au sens propre et figuré, et les souvenirs qui dansaient dans sa mémoire esquissaient un sourire sur les lèvres de la jeune femme.

Les cheveux de Seth étaient toutefois très différents de ceux de son meilleur ami. Alors que les mèches de Ciel étaient extraordinairement souples et légères, celles du garçon étaient épaisses et sacrément rebelles : certains épis étaient indomptables ! Amusée, Syndrell se contenta d’abonder dans leur sens. Elle coupa les mèches trop longues, dégageant ainsi le front de Seth, et s’attaqua à celles qui bouclaient légèrement sur sa nuque.

Se couper les cheveux était signe de changement. Bon ou mauvais, peu importe : le symbole était fort et ancré dans la tradition de nombreux peuples. Pour Syndrell, il s’agissait surtout de donner un coup de pouce au moral : quand elle n’allait pas bien, elle coupait ses cheveux ou bien les coiffait de manière originale. Couper la mèche, et tourner la page !


- Merci, au fait, dit soudain Seth.

Consciente qu’il n’avait pas terminé, Syndrell ne pipa mot.


- J’en faisais beaucoup des crises comme ça, quand j’étais petit. A cause de la mort de mon frère jumeau.

Snip, snip, snip.

- Elles avaient presque disparu, mais avec la mort de ma mère…
- … elles sont revenues. Logique mais pas imparable, ni honteux. Après tout, ce n’est pas une faiblesse, simplement la preuve que tu es humain, sensible et, en ce moment, un petit peu déboussolé.


Syndrell recula, ébouriffa les cheveux de son ami, épousseta ses épaules pour ôter les cheveux tombés et hocha la tête, satisfaite : il avait bien meilleure mine ! Son regard s’était toutefois assombri, sans cesse obscurci par les nuages qui envahissaient son esprit. La marchombre le contourna pour s’asseoir en face de lui.

- Seth, écoute-moi : perdre quelqu’un, c’est terrible. Il n’existe pas de mots pour décrire la sensation que cela provoque et il n’existe pas de remède à la douleur que l’on ressent. Tu as perdu beaucoup dans ta vie. J’aimerais te dire que tu ne perdras plus jamais les gens que tu aimes, mais c’es faux… et chaque fois, tu souffriras beaucoup.

Elle glissa un doigt sous son menton pour croiser son regard mordoré.

- Ton frère et ta mère seront toujours avec toi et ce n’est pas des paroles en l’air : tant que tu te souviendras d’eux, ils vivront ici.

Elle appuya sa paume contre la poitrine de Seth, à l’endroit du cœur. Le sentant s’emballer légèrement, elle lui décocha un sourire éblouissant. Il se troublait si facilement ! C’était là tout son charme, et la personne qui y succomberait aurait une chance incroyable…

- Allez, on y va ! On a de la route à faire d’ici la confrérie, et tu as grand besoin de te raser… !

Elle avait ponctué sa remarque d’une caresse mutine sur le chaume de ses joues et, amusée de le voir s’empourprer, elle lui fit un clin d’œil malicieux. Elle l’aida à s’habiller, puis entreprit de plier la tente et de boucler son sac, qu’elle passa en bandoulière avant de glisser son bras dans le dos de Seth afin de lui servir d’appui. Marcher ne pouvait lui faire que du bien, et elle irait à son rythme. En gagnant la piste principale, ils trouveraient bien de quoi se faire gentiment véhiculer jusqu’à bon port…

- Alors, côté cœur, ça marche ? demanda-t-elle (faussement) innocemment.

Heureusement qu’elle le tenait parce qu’elle le sentit trébucher de surprise ; son éclat de rire résonna longtemps !



*



- Tu sais que moi aussi, j’ai une jumelle ? fit Syndrell en se penchant par-dessus la table pour piquer une crevette dans le plat de Seth.

Ils se trouvaient dans une auberge relais, sur la route qui reliait Al-Chen à Al-Jeit ; l’établissement était simple mais chaleureux et accueillait bon nombre de voyageurs. Comme il était situé près d’un carrefour entre la piste principale et deux routes secondaires, dont une menait tout droit à Fériane, il était nommé
La Croisée des Chemins, mais par ceux qui avaient l’habitude de voyager et d’y faire halte, il était communément et simplement appelé La Croisée. On y servait un délicieux plateau de crustacées acheminés depuis le Pollimage, et le patron, un homme entre deux âges, sec en apparence et dans le verbe, mais adorable quand on le connaissait un peu, était toujours prêt à régaler ses clients.

Syndrell avait décidé d’y passer la nuit pour permettre à Seth de se reposer. C’était un courageux, il n’y avait pas à tortiller, mais il était blessé aussi bien physiquement que moralement, et le voyage l’avait épuisé ; il avait besoin de dormir dans un vrai lit. Après avoir marché un moment, ils avaient eu la chance de croiser un vieux bouvier qui avait accepté de les laisser s’installer à l’arrière de son chargement. Seth avait pu récupérer un peu, cependant les cahots incessants de la charrette réveillaient ses douleurs, alors
La Croisée avait été la meilleure option quand la nuit était tombée.

- Je ne la connais pas, expliqua-t-elle en se rasseyant correctement sur sa chaise. Je sais seulement qu’elle a été enlevée en même temps que moi. Elle se trouve sans doute quelque part sur le continent…

Avec la mine d’un petit chat gourmand, elle se lécha consciencieusement les doigts. Elle avait raconté à Seth son histoire : comment, originaire des îles Alines et encore tout bébé, elle avait été arrachée à ses parents. Mais ses ravisseurs s’étaient volatilisés, menacés par les autorités, et la petite orpheline aux cheveux bleus, la « maudite », ainsi que les gens qui n’aimaient pas la différence la surnommaient, avait été trimballée de maison pour enfants en familles d’accueil.

Longtemps, ce lourd passé avait pesé sur les épaules de Syndrell. Ce n’était plus le cas. Ayant enfin découvert le mystère de sa chevelure atypique, elle avait fait la paix avec la petite « maudite » que personne n’aimait.


- Mais j’espère la rencontrer un jour. J’ai toujours eu envie d’avoir une sœur. Ou un frère.

Lyke était devenu se frère qu’elle s’était imaginé quand elle était enfant, et que la solitude était alors trop douloureuse. Le cœur de la marchombre se serra. Où pouvait-il bien être ?

- Seth ??

Alors qu’elle était (encore) en train de chaparder dans l’assiette de Seth, Syndrell leva les yeux vers l’homme qui venait de se planter devant leur table. Une haute stature, des muscles saillants, une aura guerrière peu commune et une hache solidement fixée entre les omoplates… c’était un sacré Thül ! Et il avait l’air de bien connaître Seth, parce que ses yeux brillaient un peu trop.

Quand elle le vit attraper le jeune homme, Syndrell eut une pensée pour les blessures de ce dernier, mais elle ne tenta rien pour l’aider. D’abord parce que Seth n’avait strictement rien à craindre. Ensuite parce même si cela avait été le cas, Syndrell avait une chance très minime d’affronter un tel guerrier – et de s’en sortir en un seul morceau. Et enfin, parce que le Thül serrait son ami dans ses bras avec une telle bouffée de tendresse que la marchombre ne put s’empêcher de sourire.

Un grand frère Thül et des câlins énormes, voilà tout ce dont le garçon avait besoin…




*



Il s’appelait Juhen, et c’était un sacré bavard. Après s’être installé avec eux, le bougre n’avait pas cessé de causer, même une fois servi (à deux reprises) ; son féroce appétit n’avait d’égal que son éloquence, encore que celle-ci était prodigieusement simple, presque enfantine ; d’ailleurs, Juhen avait parfois l’air d’avoir l’âge de Seth, ses plaisanteries n’étaient pas plus travaillées que celles d’un adolescent. Il n’en fallait pas davantage pour plaire à Syndrell.

- Gil ? ronchonna-t-il entre deux gorgées de bière fraîche. Toujours aussi con.

Oui, il jurait beaucoup, aussi.

- Mais tu sais, je crois qu’il change. En bien, j’veux dire. Il a récupéré Mak et il a construit une maison. Enfin, la dernière fois que je l’ai croisé, il était en train de faire le mariole sur la charpente. Gil, pas Mak. Enfin, Mak aussi, en fait.

Ah, et il racontait très mal les histoires. Mais ça le rendait curieusement très attachant.

- Mak ?
- Le frère du petit,
expliqua Juhen. Enfin, demi-frère. Enfin... c’est compliqué.
- De te suivre ? En effet !


Juhen fronça le nez. Il ne connaissait pas encore très bien la jeune femme et comme c’était un Thül, il prenait très vite la mouche.

- Dis donc, est-ce que tu…
- … prendras du dessert ? Volontiers, oui !
- Mais… tu…
- … aimes bien les gâteaux avec des fruits rouges. Celui du chef est une vraie merveille, je vous le recommande.


Désemparé, Juhen tourna la tête vers Seth, en quête de soutien.

- Par mes ancêtres, est-ce qu’elle est toujours comme ça ?



[J'ai fait intervenir Ju', j'espère que ça ne te dérange pas ? Tu dis, hein ! ^^]
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MessageSujet: Re: Une question de vie ou de mort [LIBRE]   Une question de vie ou de mort [LIBRE] Icon_minitimeVen 22 Nov 2019, 18:15

Par mes ancêtres, est-ce qu’elle est toujours comme ça ?


Cela faisait quelques heures que les deux compagnons de routes étaient arrivés à l’auberge relais La Croisée. C’était un endroit relativement connu des voyageurs qui empruntaient la route entre Al-Chen et la capitale de Gwendalavir. L’ambiance y était suffisamment chaleureuse et festive pour redonner un semblant de sourire à Seth. Le jeune homme était épuisé, son moral encore en dents de scie, mais la seule idée de dormir dans un vrai lit, cette nuit-là, lui avait fait tenir bon. Il picorait dans une immense assiette de fruits de mer, sans grande conviction, suspendu aux lèvres de Syndrell. Elle s’ouvrait à lui, en lui révélant son histoire et comment elle avait été tragiquement arrachée à sa famille. Elle et sa sœur jumelle. Il semblait à l’apprenti Marchombre que son histoire faisait quelque peu écho à la sienne. Cela le rassura. Juste un tout petit peu.

Plongé dans ses pensées, tandis que la jolie Marchombre aux cheveux bleues continuait son histoire, Seth se fit la réflexion que s’il avait parfois eu envie d’une grande sœur – ou bien d’un grand frère – il ne l’aurait jamais imaginé autrement. Il ne connaissait pas beaucoup Syndrell, pourtant il était en train de considérer sérieusement qu’il appréciait comme cela réellement : ce constat lui réchauffa un peu le cœur. La jeune femme avait raison, il n’était pas seul. Il avait encore une famille et des amis qui comptaient sur lui, et sur qui il pouvait compter, lui aussi. En parlant d’amitié, Juhen choisit précisément ce moment pour débouler et, sans prévenir, soulever le garçon dans un étreinte telle que ce dernier ouvrit de grands yeux surpris.

- « Ju ? »


Juhen ne s’arrêtait pas de parler : une vraie pipelette !! Malgré une migraine qui lui vrillait le crâne, Seth était heureux de le voir. Cela faisait tellement longtemps, et, à l’époque, Naïs était encore en vie. A cette pensée, une boule d’émotion se forma au fond de sa gorge. Le jeune homme dût déglutir, non sans difficultés, pour reprendre une petite goulée d’air. Toutefois, l’évocation de Makeno chassa ses sombres pensées et le regard de l’apprenti Marchombre s’éclaira un bref instant.

- « Mak ?! » s’exclama-t-il avec fébrilité « Comment il va ? » s’enquit Seth, songeant que cela faisait beaucoup trop longtemps qu’il n’avait pas vu son petit frère.
- « Plutôt bien, aux dernières nouvelles » répondit le Thül, d’un ton qui se voulait rassurant « Il s’habitue bien à sa dernière prothèse ! Tu sais, Gil doit la remplacer régulièrement, ça grandit vite à cet âge-là ! » ajouta-t-il, tout sourire.

Sa prothèse. Sa… Fermant les yeux, Seth tentait de chasser les images d’horreurs qui défilaient dans sa mémoire à une vitesse folle. Il se souvenait comme si c’était hier de ce sentiment d’impuissance ! Il n’avait rien su faire, ce jour-là, et ne s’était jamais senti aussi inutile ! Aujourd’hui encore, il portait la culpabilité de ce drame sur ses épaules, même s’il savait bien qu’il ne devait pas ! Par habitude, le garçon refoula ses larmes mais il ne put s’empêcher de blêmir. Glissant ses doigts dans ses cheveux indisciplinés, Seth enfouit sa tête dans ses mains pour tenter de reprendre contenance. Plusieurs longues minutes s’écoulèrent, tandis que le jeune homme se forçait à respirer lentement et calmement. Mais lorsque son grand frère de cœur, dans son flot de paroles intarissable, évoqua Soahary, l’apprenti releva la tête brusquement. Bouleversé.

Juhen ne savait pas ! Il ne…
Des larmes perlèrent aux yeux du jeune homme – comme souvent ces derniers jours.

- « Ju… » interrompis Seth, d’une voix blanche « Soahary est morte… »
- « Quoi ? Comment ? Quand ça ? » bredouilla le géant, dont les épaules s’affaissèrent d’un seul coup « Oh par la barbe de mes ancêtres, je… »

Juhen était littéralement soufflé par cette nouvelle. Pour lui, les enfants de Naïs étaient tout comme les siens – ou, du moins, il était ce qui se rapprochait le plus d’un grand frère pour eux. Cette nouvelle lui brisa le cœur en mille petits morceaux. Décidément, Seth en bavait en ce moment ! Atal et Nwëlla devaient être dévastés eux aussi, surtout qu’ils avaient recueillis sans même se poser de questions la petite choupette. La mine grave, le géant songea que la vie était injuste et s’acharnait trop souvent sur les mêmes personnes. Secouant tout seul la tête, son regard brilla de détermination. Ce n’était pas le moment de flancher : il devait garder les épaules solides, pour Seth ! Il avait besoin de soutien, plus que jamais ! Un mouvement dans son champ de vision périphérique le sortit de ses pensées : Syndrell avait bondi, par un réflexe incroyable, empêchant ainsi le gamin de s’effondrer sur le côté, inconscient, sur le sol froid.








[Me revoilààà, et Seth n'est pas encore sorti d'affaire xD]
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MessageSujet: Re: Une question de vie ou de mort [LIBRE]   Une question de vie ou de mort [LIBRE] Icon_minitimeMar 17 Déc 2019, 09:44

Debout sur le large balcon du dernier étage de La Croisée, ses bras musculeux appuyés sur la rambarde de bois, Juhen fixait l’horizon en silence. Son regard brumeux, la crispation de sa mâchoire, la tension de sa gigantesque masse clamait son inquiétude au-delà des mots. Naïs lui manquait plus que jamais. Elle était partie bien trop tôt, les laissant tous orphelins. Nwëlla aussi brillait par son absence, elle qui savait si bien rassurer, qui avait toujours les mots justes ! Même ce crétin de Gil lui manquait. Il aurait dû être là, avec Mak, pour prendre soin du garçon…

Frôlement. Le Thül aux allures de colosse eut un terrible sursaut et réprima son cri qui se mua en un genre de couinement étrange. Il n’avait pas entendu approcher Syndrell, qui s’était accoudée juste à sa gauche, et le bras de celle-ci, en effleurant le sien, lui avait flanqué la plus belle frousse de sa vie. Il se racla la gorge pour se redonner contenance, avant de poser la question qui lui brûlait les lèvres :


- Alors ?
- Alors il va bien et il dort.
- Il va bien…


Le grognement du guerrier tira un sourire à Syndrell.

- Puisque je te le dis ! Sa douleur est normale étant donné ce qu’il traverse, et sa réaction est une réponse logique à la fatigue de la guérison.
- La guérison ?
- Du corps et de l’âme.


Parce qu’elle réalisait à quel point Seth comptait aux yeux de cet homme, Syndrell lui raconta comment elle avait sauvé leur jeune ami. Ce dernier récupérait dans la chambre que Haank, le propriétaire des lieux, leur avait gratuitement cédée, navré de voir un de ses clients tomber dans les pommes. Un peu rassuré sur son sort, Juhen laissa échapper un énorme soupir.

- Il a besoin de sa mère.
- Vrai, mais pas totalement.
- Pitié,
marmonna le Thül en fronçant les sourcils, me dis pas que tu vas causer par énigmes, comme Lib ?

Seth lui ayant rapporté l’étonnant lien de parenté unissant Naïs et Libertée, la marchombre ne fut pas surprise d’entendre le nom de son amie dans la bouche de Juhen. Confirmant d’un clin d’œil que les craintes de ce dernier étaient fondées, elle reprit une mine sérieuse, parce que le sujet l’était :

- Sa mère lui manquera toujours mais elle n’est plus là. Il doit suivre son chemin et pour cela, il a besoin de retrouver quelqu’un.
- Retrouver quelqu’un ? Qui ?


Eclat étoilé dans les yeux dorés de Syndrell.

- Son maître.



*


Trois jours s’écoulèrent dans un ballet incessant de voyageurs qui allaient et venaient, s’arrêtant à La Croisée le temps d’un repas ou bien d’une nuitée. Forte de sa réputation solide et de sa position, l’auberge ne connaissait que de brefs moments de calme, durant lesquels Haank venait s’enquérir de l’état de Seth. Il avait insisté pour que les trois compagnons restent dans les deux chambres de l’étage, mais Syndrell avait bataillé pour payer leurs nuits passées.

Finalement, ils avaient trouvé un arrangement : en échange de quelques coups de main donnés au gérant, Syndrell, Seth et Juhen pouvaient rester aussi longtemps qu’ils le désiraient. Le Thül trouva quantité de bricolage nécessitant sa puissante musculature et fit des merveilles en réparant le toit de l’appentis, que la dernière tempête avait laissé en piteux état.

De son côté, Syndrell se rendit utile en aidant à servir en salle ou en s’occupant des chevaux des voyageurs qui faisaient une brève halte. Elle passait aussi de longs moments en compagnie de Seth. Epuisé tant moralement que physiquement, le garçon avait besoin de parler. Il ne trouvait pas toujours les mots, mais comme la marchombre savait lire entre les lignes, elle comprenait tout de même. L’écoutait. Ne répondait pas forcément, puisque tout ce que Seth cherchait, c’était une oreille attentive.

Au matin du quatrième jour, alors que la jeune femme prenait son petit-déjeuner, Haank lui tendit un minuscule rouleau de papier. Après l’avoir remercié, Syndrell le déplia et le parcourut rapidement. Son cœur rata un battement. Quand elle avait décidé de rester ici jusqu’à ce que Seth soit en meilleur état, elle avait aussitôt envoyé un message à Erwan. Pour l’avertir et lui demander de venir. La réponse tant attendue n’émanait toutefois pas de son ami : c’était Valcyan qui, de son écriture souple et sinueuse, lui expliquait ceci : « Sommes sans nouvelles d’Erwan depuis deux mois. Parti en mission près de la mer des Brumes. Peux-tu veiller sur Seth jusqu’à nouvel ordre ? »

Erwan… Incapable d’envisager le pire, Syndrell décida de se concentrer sur la demande de Valcyan. Veiller sur Seth ? Parfait, c’était ce qu’elle faisait depuis qu’elle lui avait sauvé la peau. Elle allait le remettre sur pieds et le ramener à Erwan, où que puisse se trouver ce dernier. Foi de marchombre. Foi de loutre !

Déterminée, elle se glissa dans la chambre que Juhen et Seth partageaient. Matinal, le Thül était levé depuis longtemps, mais le garçon dormait toujours. Syndrell s’approcha du lit à pas de loup, attrapa la couverture… et tira d’un coup sec.


- Debout là-dedans ! Que ceux ici qui s’appellent Seth se lèvent et s’étirent convenablement !



[... tu sais ce que ça veut dire, jeune apprenti ? mrred (le cours officiel ne reprendra que dans un prochain post, mais pour l'instant Syn entend bien "veiller" sur Seth comme il se doit !)]
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MessageSujet: Re: Une question de vie ou de mort [LIBRE]   Une question de vie ou de mort [LIBRE] Icon_minitimeJeu 09 Jan 2020, 21:33


Au début, il y avait un pré. Rien qu'un champ de blé mûrs, dont les épis flottaient librement dans un sens et puis dans l'autre, au gré du vent. Le soleil brillait haut dans un ciel d'azur magnifique. La chaleur était agréable. Et puis, plissant les yeux, il le vit : ce jeune homme à la peau hâlée – qui tirait toutefois plus sur des teintes caramels sous les rayons du soleil. Il se tenait debout, en haut d'une colline, surplombant l'immense champ de blés. Fronçant légèrement les sourcils, Seth s'approcha lentement, prenant toutes les précautions du monde. Au fur et à mesure qu'il s'approchait, la silhouette se précisait plus nettement. Le garçon était plutôt grand, sous ses vêtements l'on distinguait une musculature fine, ce qui contrastait avec ses épaules relativement carrées. Ses cheveux noirs étaient particulièrement indisciplinés. Et lorsque Seth put enfin apercevoir le profil de l'inconnu, il se figea.

Ce garçon, c'était nul autre que lui-même : sa surprise était de taille !! Seth tourna doucement autour du jeune homme – enfin, lui-même quoi. Son regard d'or reflétait sa profonde indécision, mais il ne semblait pas le voir. Se voir. C'était assez étrange cette sensation, de s'observer tel un spectateur extérieur. Par le saint slip de l'Empereur, songea l'apprenti Marchombre, j'ai vraiment une sale tronche ! Seth soupira imperceptiblement. Et puis, faut que je me rase aussi !

Secouant tout seul la tête, le garçon nota que son double, son alter-ego en quelques sortes, se trouvait face à un croisement de chemins. L'un continuait tout droit, vers des montagnes immenses, vertigineuses et aux pics enneigés – les Dentelles Vives peut-être ? Un autre bifurquait vers la gauche, en direction d'une forêt profonde et sombre qui ne lui disait rien qui vaille. Le dernier serpentait au beau milieu d'une vaste plaine, qui s'étendait à perte de vue. Seth ne savait pas trop à quoi cela pouvait bien rimer. Etait-il en train de rêver ? Dans ce cas, qu'est-ce que cela pouvait bien signifier ? Qu'il devait faire un choix qui changerait sa vie ? Affichant une moue franchement dubitative, l'apprenti fronça légèrement le nez. Son double, lui, ne bougea pas. Tu vas rester là longtemps comme ça toi ?

Un claquement de langue lui fit soudain redresser la tête. Seth se rendit alors compte qu'il se trouvait au pied d'un arbre. Ou alors c'était un tour de son imagination qui l'avait fait apparaître comme par magie, parce qu'il était vraiment imposant et ses larges branches procuraient de l'ombre à plusieurs mètres à la ronde. Là, allongé sur une branche épaisse et noueuse, un homme le regardait avec un sourire coin particulièrement familier. Tout comme ce regard qui le fixait, bleu et marron.

- « Il va falloir que tu fasses un choix, gamin » l'encouragea Gil.

Seth tiqua.

- « Je rêve, c'est toi qui me dit ça ! » s'exclama le garçon, sur le ton de la dérision, qui frôlait même l'insolence.
- « Ouais, enfin en attendant, moi j'ai fait les miens de choix, et ils définissent l'homme que je suis aujourd'hui. Et pourtant, tu me connais assez bien pour savoir que j'aime pas ça ! » répondit l'Envoleur, sans se démonter le moins du monde.

Pas faux, concéda Seth, mentalement. Et puis, il se surprit à sourire en songeant que c'était quand même concasse que ce soit sous les traits de Giliwyn SangreLune que Dame Sagesse s'adressait à lui. Plongeant ses mains dans ses poches, le garçon grommela. Pour la forme seulement.

« C'est bon, j'ai compris. Maman n'est plus là, il faut que j'apprenne à vivre sans elle » accepta-t-il.

Mais alors qu'il avait à peine prononcé ces mots, une main se posa sur son épaule. Douce, chaude, familière. Seth se retourna et son cœur manqua un battement. Un sanglot resta bloqué dans sa gorge tandis qu'il se laissait tomber dans les bras de sa mère, avec un sourire plus paisible que jamais.

- « C'est faux ! Tu n'es pas seul, mon fils. Ou que tu ailles, quoi que tu décides, je suis toujours avec toi et je le serai toujours » dit Naïs, d'un ton profondément rassurant « Continue de filer sur la voie que tu t'es choisi, d'être aussi généreux et sincère envers tout ceux que tu aimes. Tu es bien meilleur et bien plus sage que je ne l'ai jamais été »

Ces paroles firent l'effet d'un feu d'artifice dans son cœur, tandis que des larmes roulaient sur ses joues.


Ah, non ! En fait, cela s'apparentait plus à des montagnes russes ; et c'était en réalité la faute à ce réveil en fanfare qu'il venait de subir, sans le moindre état d'âme pour son pauvre petit cœur. Les fesses par terre – le garçon avait fait un bond formidable sous l'effet de la frayeur – Seth affichait un air tout ébahi. Il mit plusieurs secondes avant de comprendre l'attaque sournoise qu'il venait de souffrir. Plissant les yeux, l'air faussement menaçant, l'apprenti Marchombre attrapa son oreiller pour le jeter à la face de Syndrell. Bien sûr, elle l'esquiva sans la moindre difficulté. Pas encore tout à fait réveillé, le jeune homme s'exécuta cependant et s'étira pendant de longues minutes.

Curieusement, Seth se surprit à songer que cela faisait du bien. Son corps était moins douloureux et ses muscles moins tendus. Malgré tout, le garçon conserva la plus grande prudence tandis qu'il effectuait cette routine matinale – celle-là même qu'Erwan lui avait appris, plusieurs mois auparavant. Les pensées de l'apprenti Marchombre s'envolèrent vers son maître : cela faisait longtemps qu'il n'avait pas eu de ses nouvelles et il ne put s'empêcher de se demander son mentor allait bien. Une boule d'inquiétude se logea au fond de son estomac. Seth s'interrompit un instant dans ses étirements pour poser à son amie la question qui lui brûlait les lèvres.

- « Syn, est-ce que tu as des nouvelles d'Erwan ? »







[Yahouu !! Trop bien pompom pompom Seth attend donc son prochain cours avec impatience xD]
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MessageSujet: Re: Une question de vie ou de mort [LIBRE]   Une question de vie ou de mort [LIBRE] Icon_minitimeMar 14 Jan 2020, 09:52

Le dos appuyé contre un mur, bras croisés sur la poitrine, Syndrell observait Seth tandis qu’il s’étirait. Gestes souples teintés de retenue. Elle retint un soupir ; son corps était en très bonne voie de guérison mais son esprit allait avoir besoin de davantage de temps pour retrouver toute sa confiance…

- Suis-moi, demanda-t-elle en réponse à sa question.

Ils franchirent la porte-fenêtre de la pièce et se retrouvèrent sur le large balcon qui ceignait l’auberge. Sur leur droite, un imposant cerisier caressait la balustrade de ses branches. Syndrell se hissa souplement sur celle-ci, trouva une branche assez solide pour supporter son poids et passa dans l’arbre. Centenaire, le cerisier offrait un support aussi puissant qu’accessible et atteindre son sommet n’était qu’une formalité. La marchombre accorda toutefois une poignée de secondes à Seth pour la rejoindre puis pour reprendre son souffle.


- La guilde a sollicité Erwan pour une mission qu’il n’a pas dû pouvoir refuser.

Etant donné la force du libre arbitre de ce dernier, et considérant la place de la liberté dans le cœur d’un marchombre, il était difficile d’envisager qu’Erwan puisse faire quelque chose contre son gré. Mais Syndrell avait compris. Qui, mieux que lui, pouvait investiguer sur la traque des métamorphes au sein de l’Empire ? Son cœur se serra. Il lui avait manqué lors de la terrible bataille qui l’avait opposée à une partie de ses ravisseurs du Désert des Murmures. Savoir qu’il agissait à sa manière lui donnait soudain l’impression de ne plus être seule.

Alors qu’elle ne l’avait jamais été.


- Je vais donc garder un œil sur toi pendant le voyage.

Le voyage ? questionnèrent des yeux tout aussi dorés que les siens.

- On part le chercher.

Le regard de Seth fut animé par un panel d’émotions ; délicate, Syndrell lui laissa le temps de digérer ces deux nouvelles. Elle ne lui dit pas qu’en fait d’une personne, ils allaient en chercher trois ; Lyke et Ylléna aussi avaient disparu eux aussi…

- J’ai été blessée une fois, dit-elle soudain, les tirant tous deux de leurs songeries respectives. D’accord, ajouta-t-elle en surprenant une lueur dans ses yeux de chat, plusieurs fois. Mais celle-ci aurait pu être la dernière…

Elle lui raconta comment, jeune apprentie en toute fin de formation, elle était tombée dans le piège pourtant grossier de Vanora, l’ancienne espionne qui avait juré sa mort pour un certain nombre de raisons. Comment elle s’était chèrement battue avant de tomber sous le nombre et les coups. Comment, à peine consciente, elle avait achevé sa jument, Nuance, que des flèches bien ajustées avaient abandonnées à une lente agonie. Comment elle-même avait perdu connaissance, en équilibre sur le fil de la vie.

- J’ai ouvert les yeux dans les bras d’Erwan. La certitude que je ne risquais rien avec lui était émoussée par la douleur et la peur même de cette douleur : chaque fois que je faisais un pas en avant, je reculais de deux malgré moi. Lorsqu’il m’a demandé de me lever et de marcher, je me suis noyée dans un mutisme profond. Une bulle. Une bulle qui me protégeait du monde et de toutes ses horreurs. Et puis il s’est assis près de moi, et il m’a qualifié d’idiote. « Une idiote stupide et écervelée qui peut retourner pleurer dans la rue si elle ne se lève pas immédiatement ». Je me suis levée. Je ne sais pas comment il était au courant de mon passé d’orpheline, encore que mon maître avait dû lui en parler, complices qu’ils étaient…

Syndrell tourna la tête et chercha le regard de Seth. Deux forces dorées se trouvèrent.
Pour ne plus se lâcher.


- Je me suis levée, Seth. Et j’ai marché. J’étais dans un tel état que le plus avisé des Rêveurs aurait crié au scandale et pourtant, j’ai marché. Je ne savais pas que je pouvais y arriver mais Erwan, si.

Un sourire passa sur les lèvres de Syndrell. Malicieux, chargé de promesses. Seth ignorait encore qu’il pouvait laisser tomber sa prudence, parce que ses blessures physiques n’étaient désormais que des souvenirs. Il ignorait qu’il pouvait se lever et marcher.

Pas elle.


- Tu vas descendre de cet arbre, déclara-t-elle alors, et tu vas courir avec moi.

Pourquoi se contenter de marcher quand on pouvait aller plus vite ?



*


Ils restèrent encore trois jours à La Croisée. Trois jours durant lesquels Syndrell fit travailler sans relâche à Seth son endurance, sa souplesse et sa tonicité. Trois jours qui tinrent à proximité un Juhen un peu perplexe. Trois jours, et trois nuits : après seulement quelques heures de repos bien mérité, la marchombre réveillait le jeune homme pour disparaître avec lui.

Au matin du quatrième jour, elle sella Vagabond. Satisfait de leur passage dans son établissement, Haank leur avait offert un petit-déjeuner pantagruélique qui avait fait le bonheur de leurs estomacs – et en particulier celui de Juhen. A présent, il était temps de partir. Seth avait récupéré des forces. Il ne risquait plus de lâcher physiquement parlant. Quant à l’esprit… Syndrell l’observa tout en réglant quelques sangles de la selle de son cheval. Si la lumière n’était pas encore revenue scintiller dans ses yeux de chat, les traits de son visage étaient détendus.


- Où allez-vous ? s’enquit Juhen lorsqu’ils s’installèrent tous deux sur le dos de Vagabond.
- Secret marchombre.

Réponse laconique doublée d’un clin d’œil doré qui, somme toute, parut satisfaire le colosse.

- Soyez prudents alors. Seth ?

Juhen tira de sa ceinture un poignard. Fin et délicat. Ce n’était pas une lame thüle et Syndrell comprit avant même que le grand guerrier s’explique :

- Il appartenait à ta mère. Elle me l’avait cédé après avoir perdu une partie de cartes. J’étais fier comme un paon d’avoir remporté cette victoire, mais j’étais surtout fier d’elle et aujourd’hui, je suis fier de toi. Tiens.

L’énorme main se referma sur celle du garçon, abandonnant l’arme.

- Et si tu trouves ce couillon de SangreLune avant moi, laisse-moi quelques dents à lui péter, d’accord ?

Décidément intriguée quant à ce SangreLune qu’il fallait absolument amocher, Syndrell salua le Thül et émit un léger claquement de langue ; au trot, Vagabond s’engagea sur la piste qui montait vers le nord. Ils filaient d’abord vers l’Académie.

Et ensuite…



[Je sais, ça se termine un peu vite, mais ce Rp traîne depuis un moment et m'oblige à faire une gymnastique de l'esprit à chaque réponse, et surtout il faut commencer le cours de Seth mrred Or donc, on se revoit très, très vite, promis !]
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MessageSujet: Re: Une question de vie ou de mort [LIBRE]   Une question de vie ou de mort [LIBRE] Icon_minitimeMar 11 Fév 2020, 16:35

Seth hocha doucement la tête et suivit docilement Syndrell, sans un mot. Il la connaissait suffisamment pour lui vouer une confiance aveugle – sans mauvais jeu de mots. Son regard profondément doré suivi un instant la malicieuse petite Marchombre, qui se hissait souplement sur une branche épaisse et solide d'un cerisier centenaire, qui venait chatouiller la rambarde du balcon. Au fond de lui, le jeune homme savait déjà ce que son amie avait à lui dire. Mais il avait besoin de l'entendre, pour que l'idée fasse son chemin dans sa tête. Et qu'il l'accepte.

Quelle ne fut pas la surprise du garçon lorsque son amie lui annonça qu'elle allait chercher Erwan. Et surtout qu'elle lui proposait de l'accompagner. Seth ouvrit de grands yeux, ronds comme des billes. Cependant, la surprise qui l'avait d'abord gagné laissa bien vite la place à l'inquiétude. Qu'était-il arrivé à Erwan ? Est-ce qu'il allait bien ? L'apprenti Marchombre espéra sincèrement que oui ; il lui serait bien trop difficile de supporter la perte de quelqu'un d'autre. Erwan n'était autre que son mentor, celui qui avait accompagné ses premiers pas à l'Académie, qui avait su faire face à ses premiers doutes, ses premières interrogations. Le garçon l'admirait et le respectait énormément.

Prenant conscience de ce que cela voulait dire, concrètement, le jeune homme hocha doucement la tête et planta son regard profondément doré dans celui de son amie. L'idée de la suivre quelques temps ne lui déplaisait pas, loin de là. Il était même plutôt content, car cela signifiait qu'il allait reprendre sa formation, continuer à progresser, à s'améliorer chaque jour sur la voie qu'il s'était choisi. Une nouvelle détermination brilla dans son regard : il allait devenir plus fort, plus endurant, plus souple et il allait ensuite régler son compte définitivement à Zahine. Mais pas seulement ! C'était un petit peu aussi pour se prouver à lui-même qu'il était capable de faire ses propres choix et que même s'il respectait sa mère plus que n'importe qui au monde, il n'était pas Naïs !

La brise qui joua gaiement dans ses cheveux le confirma pour lui : il était Seth Jol, 22 ans, apprenti Marchombre et épris de liberté et d'aventures. Une lumière – la première depuis de longues semaines – apparut dans les tréfonds de son joli regard doré, tandis qu'un sourire timide illuminait son visage. Le garçon s'abstint de toute parole. Syndrell n'avait pas fini, alors il l'écouta. Silencieusement. Lorsque ses dernières paroles s'envolèrent dans l'air, Seth se sentait renaître d'une énergie nouvelle. Rafraîchissante. Il ne se fit pas prier : il suivit son amie à la belle crinière bleue dans une course qui fut à la fois la plus horrible de toute sa vie et la meilleure.


Seth était en train de sceller Tornade quand Juhen, un coude appuyé sur l'encadrement de l'entrée du box, surprit le maître et son élève. Le jeune homme était enfin prêt – autant physiquement que psychologiquement – à repartir. Ses muscles étaient plus résistants et il ne manquait plus de s'évanouir à chaque fois qu'il fournissait un effort un peu trop intense. Son flanc blessé ne le lançait pratiquement plus désormais et sa plaie était en bonne voie de cicatrisation. Seth laissa la question du Thül planer dans l'air ; ce fut Syndrell qui répondit pour lui, bien mieux qu'il n'aurait su le faire – il n'avait jamais aimé les au-revoir de toute façon !

Le garçon interrompit son geste tandis que son grand frère de cœur l'apostropha, avec une drôle d'émotion dans la gorge. Intrigué, Seth se retourna : son regard tomba aussitôt sur le poignard qui lui tendait Juhen. L'arme était d'une facture magnifique – rien que le manche minutieusement gravé et la lame solide mais brillante en attestaient. Lorsque le géant lui raconta comment il l'avait eu en sa possession, l'apprenti Marchombre resta sans voix. Comment pouvait-il en être autrement ? Hochant doucement la tête, il accepta ce présent avec la plus grande gratitude. Le gamin ne put détacher ses yeux dorés, si proches de ceux de sa mère, de ce précieux cadeau avant de longues secondes. Quand il y parvint enfin, ce fut pour jeter un bras autour de l'épaule du Thül dans une étreinte toute fraternelle. Juhen, un peu surpris, esquissa volontiers un sourire attendri.

Contre toute attente, ce fut Seth qui rompit cette étreinte chaleureuse pour se mettre en scelle. Il chercha tout de même une dernière fois le regard du géant, pour échanger un signe de tête entendu. Prends soin de toi Ju', disait celui de Seth. Ouais, ouais, comptes sur moi, pouvait-on lire sur les traits de Juhen, et toi aussi gamin ! Sur un claquement de langue de son cavalier, Tornade s'engagea à son tour dans un trot régulier. L'apprenti Marchombre ne savait pas trop ce qui l'attendait par la suite, mais il était ravi de reprendre la route.

Vers de nouvelles aventures !!








[Et voilààà, Seth attends donc ses prochaines aventures avec impatience Very Happy]
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