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 Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre]

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Asham Yakun
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MessageSujet: Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre]   Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre] Icon_minitimeLun 09 Sep 2019, 16:10

- Hmm... Je crois que je me suis perdu...

Aurait-il était plus honnête avec lui-même, Asham aurait tout simplement assumé avoir confondu nord, sud, est et ouest, tant il avait passé son temps nez en l'air à voir défiler les nuages – un peu plus, et il se retrouvait à marcher sur les mains en inversant ciel et terre.

Et puis, il n'avait pas pris de caravane cette fois-ci – la prochaine pour Al-Chen était déjà partie quand il avait décidé de se mettre en route – et ce n'est pas comme sil avait les moyens de se payer un cheval. Aurait-il eu l'argent, tout aurait été donné à sa mère.

- Misère...


Il se souvint d'un savon qu'elle lui avait passé, concernant le fait qu'il ne gardait aucune pièce pour lui et grimaça un peu. Pas de cheval de toute façon vu le peu qu'il parvenait à gagner, mais quand il sentit son ventre gargouiller, il regretta un peu de ne pas l'avoir écoutée et embarqué des provisions supplémentaires. Il n'avait aucune idée d'où était la prochaine bourgade, et il ne semblait pas y avoir beaucoup de gibier dans le coin. Les quelques ficelles de chasse et pêcheur que lui avaient enseigné d'autres accompagnateurs de caravanes ne l'aidaient pas beaucoup pour le moment.

Il décida finalement de s'asseoir à même le sol – là, au milieu de rien – et posa son menton dans ses mains, essayant de se rappeler la géographie de Gwendalavir.

Il était descendu vers le sud, ça, il en était sûr. Il n'avait pas vu les Plaines d'Astariul qu'il avait évité autrefois, en partant pour Al-Far. Mais cela lui laissait le choix entre la Forêt de Baraïl, Ombreuse, le Pollimage et le Lac Chen.

Quoique, est-ce qu'il avait traversé l'Ombre ? Non, il n'en avait pas le souvenir. Il en était même sûr, puisque celle-ci passait non loin d'Al-Far, et qu'il ne s'était pas dirigé vers l'ouest. Il pouvait donc exclure la Forêt de Baraïl.

Soupir ennuyé.

Cela laissait encore beaucoup de possibilités. Pas tant que cela, au final, puisqu'il était restreint par l'Ombre et le Pollimage, distinguable de part leur taille selon les contes de son père. Il finirait immanquablement par tomber sur Ombreuse ou le Lac Chen, s'il ne croisait aucun autre voyageur ou quelque bourgade sortie de nulle part.

Il bondit sur ses pieds, passant d'une pose avachie à la posture debout. Bon, eh bien, il n'avait qu'à continuer tout droit. Qu'est-ce qui pouvait mal se passer, après tout ?

Ah, oui, qu'il tombe sur des individus mal intentionnés ou des bêtes sauvages, comme lui avait dit le vieux forgeron. Il l'avait peut-être conseillé de se diriger immédiatement vers le Pollimage pour ensuite le longer. Hm... Peut-être.

Et peut-être qu'il n'avait pas écouté.

Bah !

Rajustant son sac usé sur son dos, il reprit la route. Le soleil tapait bien trop fort à son goût, mais quelques nuages au loin promettaient, sinon un peu d'ombre, une pluie bienvenue. Quelle idée de partir dans le sud.

Cela faisait plusieurs jours qu'il avait quitté les siens, songea-t-il en marchant sans se presser.Quelques jours sous le soleil et le vent, souvent seul, et à dormir dans un arbre à la belle étoile. Cela lui rappelait avant... Avant, quand son père était encore vivant, et qu'il s'échappait la nuit pour dormir dans le rougeoyeur près de l'étang. Il se faisait systématiquement enguirlander ensuite, mais les étoiles dans la nuit froide était un bien trop beau spectacle pour qu'il ne s'en lasse facilement.

Cela faisait longtemps qu'il n'en avait plus pris la peine, rentrant souvent trop fatigué pour cela, et reprendre cette petite habitude, bien que forcée, le mettait de bonne humeur.

Bientôt, la marche nettoya ses pensées. Marcher lui avait toujours fait du bien. Il laissait alors son esprit virevolter vers des idées positives. Il pensa à ses sœurs, au vieux forgeron – dont il faudrait, ma foi, un jour conter leur histoire –, à sa mère, à ce qui l'attendait.

Une fois devenu plus fort, se promit-il, il déménagerait sa famille ailleurs. Peut-être dans la ferme que ses parents avaient bâtie eux-mêmes, et il finirait ses jours avec eux, bêchant la terre et dirigeant des troupeaux entre deux siestes. Ou alors, suivant les rêves de ses sœurs, il les emmènerait dans une ville un peu moins mal famée, pour qu'elles se trouvent un avenir. Il y aura probablement du travail pour un marchombre, non ?

Asham était fainéant, réticent aux efforts, adepte des siestes qui durent toute la journée, mais pour sa famille, c'était avec une détermination absolue qu'il désirait s'engager sur la voie des marchombres.

Pour elles. Trois êtres dans un monde entier.

Lueur un peu plus sombre dans les yeux verts.

Pour lui, aussi, son frère. Le retrouver et comprendre, ou alors s'assurer qu'il ne s'approche plus jamais d'elles.

L'incompréhension et son goût aide restait encore sur ses lèvres.

Il fut sortie de ses pensées par une masse sombre qui se profilait devant lui. Une forêt ? supposa-t-il. Ce serait un bon lieu pour une halte, essayer de chasser, voir y passer la nuit – le soleil commençait son déclin.

Réjoui d'avoir un objectif en vue, il pressa un peu le pas, tentant de deviner s'il s'agissait d'un simple bosquet ou de quelque chose de plus important. Ombreuse ? On racontait de tristes histoires sur Ombreuses, mais s'il restait aux abords, sans s'y plonger davantage – ce n'était pas le moment d'être trop curieux – il ne devrait pas y avoir de problème.

Il rajusta ses lunettes, fronça les sourcils et plissa les yeux. Oui, ça ressemblait plus à une forêt de l'envergure d'Ombreuse qu'à quelques arbres perdus.

Bon, il ne savait pas toujours exactement où il était – au-dessus d'Ombreuse ? ou peut-être entre elle et le Lac Chen ? – mais c'était déjà un bon indice.

Il atteignit les sous-bois un peu avant le crépuscule et, déjà las, décida qu'il était trop tard pour poser quelques pièges à collet. Il se contenta de poser ses affaires contre un arbre et d'aller ici et là chercher quelques branches pour se faire un petit foyer. La nuit venant, transportant avec elle la fraîcheur de la forêt, faisait s'hérisser ses poils sur ses bras. Autant se réchauffer avant de piquer un somme dans un entrelacs de branches.

Une fois le feu prit, il sortit de ses bagages une demi-galette de niam et une tranche de viande séchée, qu'il réchauffa maladroitement au-dessus du feu en les transperçant d'une branche, elle-même reposant sur deux autres ancrées dans le sol. Décidément, songea-t-il en mesurant ses provisions, il allait vraiment falloir qu'il se ravitaille. Ce serait bête de mourir de faim – et assez peu glorieux.

Il s'imagina brièvement manger de l'herbe pour compenser, laissa filer un petit rire qui se perdit sous le couvert des bois. Dangereuse ou pas, demain, il chasserait dans Ombreuse – ou plutôt, il poserait des pièges et retournerait dormir comme un bienheureux. Ensuite, eh bien... Il repartirait sans doute au hasard.

Il allait bien finir par tomber sur quelqu'un, non ?

Asham fut détourné de cette idée par l'odeur de brûlé qui commençait à sinuer dans ses narines. Catastrophé, il se rendit compte qu'il avait mal calculé, et que les flammes, laissant s'échapper de fins rubans noirs de fumée, léchaient le bout de son repas, qu'il retira précipitamment loin du danger.

Tant pis, songea-t-il en détachant les parties carbonisées, tâchant de ne pas se brûler les doigts. On est maladroit ou on ne l'est pas.

Il mordit gaiement dans la galette, sans se soucier de la brûlure qu'elle laissa sur ses lèvres et sa langue. Un peu amère mais au goût familier, avec la viande qu'il lui restait, cela lui ferait le repas du soir.

Non, décidément, il était perdu, n'avait presque plus rien à manger, avait failli cramer son repas, mais il était heureux.

Il lui en fallait peu.
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Keilan Fil'Areen
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Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre] Empty
MessageSujet: Re: Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre]   Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre] Icon_minitimeLun 09 Sep 2019, 21:54

Une fois n’est pas coutume : je somnole en selle. Je n’ai pas senti ma tête dodeliner ni le poids de la fatigue s’abattre sur mes épaules. C’est pour cette raison que, lorsque Thunder fait un brusque écart sur le sentier que nous suivons depuis quatre heures déjà, je sursaute et reste un moment complètement désorienté ; je mets plusieurs secondes à réaliser qu’un renard qui se faufile dans le fossé est à l’origine du mouvement de panique de ma jument.

- Calme, je dis tout en raffermissant ma prise sur ses guides.

Elle doit sentir que je me suis ressaisi parce qu’elle reprend sa route tranquillement, agitant simplement un peu plus les oreilles comme pour surveiller l’intrus. Je jette un coup d’œil par-dessus mon épaule, moi aussi ; le goupil a déjà filé, éclat bringé furtif dans les hautes herbes qui le cachent rapidement à ma vue. Un soupir aux lèvres, je reporte mon attention sur la piste.

Bon. A part un besoin assez urgent de me reposer, on peut dire que le voyage se passe bien… enfin, depuis deux jours. Auparavant, je suis passé de mésaventures en mésaventures, une fois que Kaünis en a eu terminé avec moi. Un regard vers mes avant-bras dénudés m’apprend que si les hématomes, vestiges d’un rude apprentissage, pâlissent au fil des jours, il va me falloir encore de l’entraînement avant de pouvoir quitter mon maître sans grimacer de douleur…

Pourtant, en dépit du nombre de fois où il a fallu qu’elle me réanime, et des blessures que je ne compte plus, le rythme intensif des journées passées avec elle me manque. Non sans étonnement, je réalise que je préfère encore endurer les coups en sa compagnie plutôt que de galérer tout seul. Pour un solitaire endurci de mon espèce, c’est une prise de conscience sacrément remuante !

Redescendre vers le sud, depuis Al-Poll, n’a pas été une mince affaire. La caravane que j’ai suivie quelques jours a été attaquée par une horde de Raïs ; j’ai pu en réchapper mais sans éviter une méchante chute qui m’a laissé avec un bras cassé. A quelques lieues au nord d’Al-Far, j’ai réussi à dénicher un guérisseur passablement douteux qui a examiné mon bras et s’est occupé de la fracture. Le mal de chien est resté. Chevaucher le bras en bandoulière n’est pas du tout chose aisée.

Croyant pouvoir se jouer d’un infirme, un palefrenier a tenté de me rouler en vidant mes fontes. Il est mal tombé : méticuleux comme je suis, j’ai immédiatement remarqué le changement pourtant infime des sangles et c’est du bras gauche que j’ai récupéré mes biens. Kaünis juge bon de faire de moi un parfait ambidextre. J’admets désormais que c’est utile…

Ensuite, c’est la pluie qui s’est invitée. Elle m’a accompagnée sans relâche durant trois jours. A force de grelotter sous ma cape et dans mes bandages humides, j’ai attrapé un rhume. Le vent a chassé les nuages au cours de la dernière nuit, me permettant, enfin, de voyager au sec. Toutefois, après autant d’événements fâcheux, la fatigue est là, lourde, entêtante ; je continue d’avancer uniquement pour me rapprocher un peu plus du lit qui m’attend au Domaine.

Lit qui doit être infestée de punaises, sinon de verre brisé. Teig me réserve sans doute un accueil chaleureux à sa manière. Le jour où j’ai retrouvé Kaünis, il a tenté de m’empoisonner. Un pli amer creuse ma joue ; je ne suis pas particulièrement pressé de retrouver cette ambiance pesante, mais pour rien au monde je ne laisserai quiconque se mettre en travers de mon chemin vers le dortoir de l’école. Et si Teig tente quelque chose, eh bien, je le tuerai.

Sans l’ombre d’une hésitation.

Comme Thunder avance sereinement, je lâche les rênes et pose les doigts de ma main valide sur le manche du glaive que je porte sur mes reins. Je me suis habitué à son poids familier, à sa présence à mes côtés, quoique Kaünis s’astreigne à me faire davantage utiliser chaque partie de mon corps pour attaquer et me défendre.

Ma piètre allure tromperait n’importe qui croiserait ma route, pourtant, je sais bien que j’ai changé. Je ne suis plus le garçon complètement effacé qui se cache dans son écharpe et qui vacille sur le fil de l’incertitude. Toujours méfiant et solitaire, parce que c’est dans ma nature, je parviens désormais à moins fuir le regard des gens. Je sors un peu le menton de mon écharpe. Je gagne en confiance. Mon corps, lui, se développe jour après jour, rompu désormais aux exercices quotidiens et rigoureux que ma formation de mercenaire m’impose.

Je lève le nez, observe le ciel qui s’obscurcit avec la nuit tombante, repère les étoiles qui me servent de guide – et dans lesquelles Kaünis m’apprend à lire. Ça aussi, c’est un témoin de mes progrès : je suis capable de comprendre la nature, de faire de mon environnement une carte qui m’indique la route à suivre. Mes connaissances ont encore des lacunes, je me trompe encore, moins souvent qu’avant cependant.

La forme sombre que je distingue devant moi, c’est Ombreuse. Je comprends que c’est en son sein que je vais passer la nuit prochaine. En meilleure forme, j’aurai poussé le galop jusqu’au Domaine, quitte à voyager de nuit pour atteindre l’école au petit matin. Là, je compte les secondes qui me séparent encore de ce moment béni où je vais enfin mettre pied à terre pour prendre un peu de repos.

Et… je m’assoupis encore. Cette fois-ci, c’est une odeur qui me tire du sommeil. Je me redresse sur ma selle, la nuque raide, fronce le nez, hume l’air ; quelque chose brûle. Je repère enfin la flambée coupable, à quelques pas de la lisière. Un homme est assis près du feu et tente, à grands gestes, de réparer les dégâts.

J’arrête Thunder. Hésite. Continuer mon chemin, m’enfoncer dans la forêt, gagner un peu plus de terrain pour rejoindre plus rapidement le Domaine ? Ou bien faire une halte ici-même, et pousser l’audace jusqu’à m’approcher du feu de cet homme, histoire de manger chaud et de ne pas dormir seul ?

Autrefois, mon choix aurait été simple et catégorique. Aujourd’hui, il m’oblige à patienter, à peser le pour et le contre, à envisager l’inenvisageable – partager quelques instants avec un inconnu, de mon plein gré… ! Thunder renâcle. Comme je suis à découvert, il est évident que son manège nous a fait repérer.

J’hésite encore, pourtant. L’envie de piquer des deux est tentante. La douleur de mon bras retient mon geste. Je n’en peux plus. Si je dois chevaucher encore une heure, je vais tomber de ma selle et aggraver mon état. Résigné mais intrigué tout à la fois, je mets pied à terre, glissant difficilement de ma monture, et m’accroche fermement de ma main valide à Thunder.

Attention. J’ai beau être exténué et avoir mal absolument partout, je reste sur mes gardes. La main qui tient Thunder est prête à dégainer s’il le faut. Pas à pas, je m’approche doucement du feu. Trop de bois, flammes trop hautes. Pas étonnant que la viande ait brûlé. Je sens déjà sa chaleur frapper mon visage. A croire que ce type veut mettre le feu à Ombreuse… Je m’arrête à quelques mètres de lui. Mon cœur fait un drôle de bond dans ma poitrine. Les habitudes ont la vie dure, j’ai changé mais pas tant que ça ; démarrer une conversation avec l’aisance de Kaünis est encore à mille lieux de ma portée !

Alors je reste debout et silencieux, pas loin de regretter d’avoir fait un choix qui aura des conséquences sur le reste de cette soirée…


[Eeeeet me voici ! Very Happy]
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Asham Yakun
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MessageSujet: Re: Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre]   Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre] Icon_minitimeMar 10 Sep 2019, 10:44

Un grand sourire vint se dessiner sur le visage d'Asham, déjà aux anges. Eh bien voilà. Il avait souhaité un voyageur, il en avait trouvé un – ou ce dernier l'avait trouvé, peu importe la méthode, seul le résultat compte.

Et à cheval, qui plus est ! S'il était chanceux, il avait peut-être un meilleur sens de l'orientation qu'Asham, qui, s'il se débrouillait en ville, était un peu perplexe en pleine nature.

Bon, il n'allait pas lui demander de but en blanc s'il connaissait le chemin pour l'Académie, ce n'était guère poli, même pour quelqu'un comme lui, et puis ça ne devait pas être quelque chose de très connu s'il n'en avait jamais entendu parler avant que l'autre marchombre ne l'évoque.

Oui, de tout son discours, il avait retenu « savoir se battre » et « Académie près du Lac Chen ». Autant dire qu'il n'était pas rendu. Le marchombre lui-même avait affiché un air vaguement désespéré en se rendant compte que le jeune homme ne l'écoutait qu'à moitié. Asham était prêt à parier sa main droite que l'homme s'était résolu à ce qu'il ne parvienne jamais jusqu'à chez eux.

C'était oublier son côté imprévisible, mais ça...

Ajustant ses lunettes sur son nez avec son épaule, tournant ainsi la tête d'une drôle de façon – ses mains étaient prises par sa galette après tout, il n'allait pas lâcher son précieux repas – il se concentra ensuite sur le cavalier, qui avait probablement surgit quand il bataillait avec sa nourriture récalcitrante.

En piteux état, le voyageur, de ce qu'il réussissait à deviner. Il semblait avoir le bras en bandoulière, impression confirmée quand ce dernier, après un temps d'arrêt, descendit de son cheval. S'il eut de prime abord du mal à bien distinguer ses traits, lorsque l'inconnu se rapprocha du feu, il put le détailler du regard à loisir.

Des yeux verts aussi, mais plus pâles, comme la peau, une plus haute stature, un air assez jeune – bien que la bouille presque enfantine d'Asham ne lui permettait pas trop d'en juger – et pour avoir vu sa mère maintes fois exténuée, l'homme semblait lui aussi un brin fatigué.

Cette fois, il prit la peine de poser sa galette chaude sur son sac, piqué par la curiosité. Il avait déjà envie de tout savoir. Qui était cette personne ? Que s'était-il fait à son bras ? Pourquoi avait-il des vestiges d'hématomes et un air si épuisé ? Que faisait-il dans le coin ?

Il se contint néanmoins – pour le moment.

Constatant que l'autre ne disait mot, Asham décida de faire le premier pas. Restant assis – on est flemmard, ou on ne l'est pas – il adressa un regard étincelant à l'inconnu.

- Salut ! Je suis Yasham.


Malgré la fatigue de la marche, sa voix restait enjouée.

- Je prévoyais un banquet aux abords de cette sympathique forêt mais comme tu peux le constater, je suis piètre cuisinier... Et puis, je manque un peu de nourriture.

Il suçota distraitement son pouce rougi par la chaleur. Sacrément plus grand, l'inconnu. Pourquoi les gens ne pouvaient pas être de sa taille, hein ? Qu'est-ce qu'ils espéraient comme ça, toucher les étoiles plus facilement ?

Ou accéder aux étagères les plus hautes sans avoir besoin de sauter sur place comme un imbécile ?

Bref. Avec un sourire mi-penaud, mi-amusé, Asham balaya de la main le foyer et l'espace autour.

- T'as l'air fatigué, gars. J'sais pas où tu vas mais si tu veux, tu peux rester ici. Je t'aurais bien proposé à manger mais, euh, comme tu peux le voir... C'est un peu raté. Y a quand même de quoi se réchauffer.

Il parlait, parlait, petit moulin à paroles, puisque l'autre ne disait mot. Pas grave. Il pouvait parler pour deux, ou se taire également, bien qu'il n'ait pas l'habitude de fermer sa bouche. C'est qu'il y avait toujours des gens avec qui discuter. Un tavernier ici, une marchande là, des convoyeurs, sa famille, des passants au hasard, une jolie dame avant de se prendre une rouste de la part de l'époux de ladite dame...

Quitte à avoir un joli minois, autant en profiter, même s'il se contentait généralement de compliments, de blagues farfelues, d'un clin d’œil avant de disparaître dans la foule. Ou d'être mis à la porte. Comment pouvait-il savoir que le mignon jeune homme attablé près du bar était en fait l'époux de la tenancière de la taverne dans laquelle il servait les clients ? Ahlala.

Il ne goûtait la solitude, la vraie, celle imprévisible dont on ne sait quand elle s'arrête, celle immense qui ne s'arrête aux horizons, que depuis qu'il s'était mis en route et avait quitté Al-Far.

Et peut-être, d'une autre façon, depuis que son frère Anani était parti. Chamailleurs et mauvaises têtes, il n'en restait pas moins son jumeau, disparu dans la nature.

Ils avaient partagé le même berceau, les mêmes bras des parents, les mêmes repas, les mêmes jouets et les mêmes histoires... Jusqu'à que quelque chose, à un moment donné, ne fissure leur lien. Et il ne savait toujours ni quoi, ni quand.

Asham secoua la tête pour chasser les pensées parasites, passa la main dans ses mèches enflammées, mises en relief par la lueur du feu, et en laissa quelques-unes tomber sur ses yeux, penchant ingénument la tête. En général, ses postures clamaient l'innocence. Ses yeux et ses lèvres, eux, étaient toujours railleurs.

Là, il était déjà en train de fomenter un surnom pour l'inconnu, des questions gênantes, et quelques blagues.

- Tu t'appelles comment, toi ?

Sans plus de cérémonie, il reprit sa galette pour mordre dedans, yeux fixés sur l'inconnu.
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Keilan Fil'Areen
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MessageSujet: Re: Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre]   Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre] Icon_minitimeMar 10 Sep 2019, 18:45

Question.

Comment font-ils, tous ces gens, pour se mettre à parler autant, si vite et avec une telle aisance ? Sont-ils poussés par une force que je suis incapable de distinguer ou bien agissent-ils naturellement ? Une minuscule partie de moi est toujours fascinée par cette capacité somme toute assez répandue. Mais ce qui l’emporte généralement, c’est l’agacement. J’aime le silence, moi. J’y suis habitué. Je le trouve apaisant, rassurant.

Les bavards ont-ils peur du silence ?

Celui qui est assis près du feu ne semble pourtant pas du genre à être facilement impressionné. Je ne sais pas lire les visages mais les corps, si ; sa façon de se tenir me raconte que moins il en fait, mieux il se porte. La manière dont il rétablit ses lunettes fait de lui un économe ; il ne laisse rien à l’inutile, si ses mains sont occupées, il se débrouille pour atteindre malgré tout ses objectifs.

Toujours immobile, légèrement appuyé sur Thunder qui frappe le sol de son sabot, j’écoute distraitement mon interlocuteur. Non… distraitement n’est pas le mot. Comment dire ? Ce qu’il babille n’a pas grand intérêt à mes yeux, mais s’il me demande de répéter son discours, je serai capable de le faire à la virgule près. Ma mémoire fait le travail pendant que je continue de le détailler en silence.

Ses cheveux flamboient d’un roux que les flammes font paraître plus vif alors que la nuit tombe autour de nous. Il porte des vêtements plutôt légers comparés aux miens, mais il vient peut-être du sud, ou bien alors il n’est pas frileux ; je le suis, et je viens du nord. Jamais je n’ai eu aussi froid de toute ma vie. Evidemment, je n’ai pas vu Kaünis grelotter une seule seconde…

Enfin, le calme revient ; je réalise alors que l’homme assis en face de moi – Asham, a-t-il dit – s’est tu et me fixe en attendant une réponse. Instinctivement, j’évite son regard. J’ai beau avoir gagné en confiance, là, je suis épuisé, alors les vieilles habitudes reviennent. Mais puisque j’ai décidé de m’arrêter, et parce que ce type a l’air plutôt content de ma présence, je décide de faire un effort – et ç’en est un, venant de moi – en lui offrant une réponse qui compte plus que deux mots.

- Keilan. Je veux bien rester. Je vais me débrouiller pour manger.

D’accord, à ses oreilles, ce doit être un peu rustre (simple supposition, de mon côté, je trouve que cette réponse en vaut bien une autre), mais je suis loin d’être aussi prolixe et surtout, Thunder s’impatiente ; elle aussi est fatiguée après cette longue journée. Je commence à défaire les sangles de son harnachement. A une main, la manœuvre est légèrement plus délicate ; il y a encore un an, elle aurait été tout bonnement impossible, mais aux côtés de Kaünis, j’apprends chaque jour énormément quant à la façon de s’entretenir et de monter un cheval.

Alors que je m’affaire, je sens le poids du regard d’Asham sur mes épaules. Je me mords la lèvre inférieure, réfléchissant à ce que je peux dire qui ne soit pas ni blessant, ni décalé ; je sais que parfois, ce que je dis peut faire des dégâts. Et honnêtement, ce n’est pas du tout mon intention. Quoique bavard, cet homme, en restant à sa place, n’envahit pas mon espace personnel ; il me laisse le temps de m’habituer à sa présence.

- J’ai voyagé toute la journée, ce qui explique ma fatigue.

Je dégage les sacs, ôte le tapis, la selle. Débarrassé de tout ça, Thunder piaffe de contentement. Je la récompense en le grattant entre les oreilles, puis je tire une étrille du sac et m’occupe de frotter sa robe mouchetée de gris ; c’est une tâche que j’aime effectuer parce qu’elle nécessite une organisation, un assemblage de rituels qui me parlent : je commence toujours dans le même sens, exécute toujours les mêmes gestes, habitude rassurante qui émaille mes journées depuis déjà plusieurs semaines.

Thunder aussi a ses habitudes. Elle attend patiemment que j’ai terminé de la bouchonner avant de réclamer sa gâterie d’un coup de tête – ma dernière pomme, que je coupe en deux pour lui en céder une moitié avant d’attacher sa longe à un arbre proche. Je m’accroupis ensuite et fouille un de mes sacs en quête de quelque chose à manger. Ma moitié de pomme coincée dans la bouche, j’extirpe du sac un quart de jambon, du fromage, du pain encore à peu près mou, des prunes trouvées en chemin ce matin, ainsi qu’une poignée de baies sauvages.

Je m’installe à une distance respectable du rouquin et dépose le tout entre nous deux.

- Le pain a pris l’humidité mais au milieu ça va. Mange.

Sans les formes et toujours avec cette gaucherie qui me caractérise, je lui propose donc de partager mon repas. J’ai un petit appétit ; un bout de fromage et le reste de la pomme me suffiront. Asham peut manger ce qu’il veut. Demain, je rentrerai au Domaine où je pourrai manger chaud. Inutile désormais de se rationner…

J’étends mes jambes engourdies et soupire, appréciant la douceur du feu autant que la position qui soulage enfin mon bras. Je n’ai pas quitté ma cape et mon écharpe dissimule le bas de mon visage. Je redresse le menton et dans un élan, ose enfin plonger un instant mon regard dans celui, lumineux, de mon compagnon.

- D’où tu viens ?

Petit bond de mon cœur dans ma poitrine. J’ai lancé la conversation tout seul !
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Asham Yakun
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Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre] Empty
MessageSujet: Re: Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre]   Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre] Icon_minitimeMer 11 Sep 2019, 10:06

Pas causeur, le nouveau, encore moins qu'Anani. En même temps, il a quelque chose qui diffère de ce dernier. Moins en avant, plus calme. Alors que son jumeau finissait par tempêter devant son bavardage, lui ne disait moi. Voire, se détournait.

Bon, il attendrait un peu pour les blagues alors. Il ne voulait pas le faire fuir. Rire des gens, oui, les faire fuir ? Nettement moins amusant. Puis renvoyer le gars dans le froid et son état apparent n'aurait pas été sympa.

Alors il se tut, et se contenta de l'observer, curieux.

- Keilan. Je veux bien rester. Je vais me débrouiller pour manger.

Le nouveau parlait et avait un nom, c'est déjà pas mal. Et il n'avait pas fui ! Vu qu'il n'a pas l'air d'être un bavard, c'en serait presque encourageant. Il hocha alors juste la tête, mordit dans sa viande un peu brûlée. Anani aurait râlé face à son impudence, sa maladresse...

Il pensait souvent à Anani.

Asham hésita à proposer son aide à Keilan en le voyant batailler, un bras en moins, mais il sentait que ce ne serait guère bienvenue. S'il ne lui demandait rien, il se garderait de s'imposer ; il avait l'air assez grand pour assumer quand il avait besoin des autres. On ne se balade pas un bras en moins et à cheval, ceci tout seul, si on n'est pas capable de se débrouiller – c'était du moins son opinion.

- J’ai voyagé toute la journée, ce qui explique ma fatigue.

Il hoche d'abord la tête, puis se dit que Keilan ne l'a peut-être pas vu.

- Pareil. J'comprends.

Bien qu'avec son entrain débordant, il ne donnait pas trop cette impression, et qu'en soit il se sentait pas mal. Songeur, il se demanda ce qui était le plus fatiguant entre voyager à pieds avec un corps en bon état, et faire cela à cheval avec un bras en moins. Puis il se rappela des nombreuses siestes à l'ombre qu'il avait faites durant son périple jusqu'ici et décida que la question n'avait pas lieu d'être.

Un peu admiratif, il revint à l'autre homme. Lui-même ne s'était jamais vraiment intéressé au cheval qu'ils avaient, il y a longtemps. Il avait réussi à le monter à cru une fois pour en tomber sur le sol, le canasson ayant l'air visiblement vexé, et le savon qu'il s'était fait passer l'avait découragé de recommencer – ou, plutôt, le poignet cassé qui l'avait restreint dans la maison trop longtemps à son goût.

Se faire engueuler ne l'avait jamais empêché de recommencer ses bêtises. Un cauchemar ambulant pour sa famille, qui l'avait pourtant aimé ainsi, jusqu'à la mort du père.

Sourire nostalgique. Il cessa aussitôt d'y penser quand Keilan posa entre eux de la nourriture a l'air bien plus avenante que la sienne

Après les conneries et les siestes, Asham aimait beaucoup manger.

Il ne se formalisa donc pas de la distance entre eux deux et piocha un peu de tout, le remerciant d'un autre sourire. Pour avoir cependant eut l'habitude de se rationner, il fit attention à ne pas trop prendre. Il ignorait s'il restait encore beaucoup de route à Keilan, et il demeurait gentil et prévenant. Le gars avait l'air sympa bien que distant, un peu abîmé ; sa conscience ne l'aurait pas laissé tranquille.

Parlant de conscience, il dut réprimer son inquiétude quant au bras du jeune homme. C'est un grand garçon, s'admonesta-t-il. S'il veut de l'aide, il la demandera. Probablement. Il piocha quelques baies et les savoura.

- D’où tu viens ?

Tiens, même qu'il lançait la conversation, le... Taciturne. Asham décida de le surnommer Taciturne. Cela lui allait bien. Bon, il se garderait de l'appeler comme ça à voix haute pour le moment – un petit moment. Impossible de savoir quand le côté moqueur du futur apprenti marchombre surgirait.

- Je suis né dans les Plaines de Shaal, mais là je viens d'Al-Far. Et je vais, euh...

Il déglutit une bouchée de viande. Peut-être pas mentionner l'Académie de but en blanc. Déjà, Keilan n'en savait peut-être rien, donc il n'avancerait pas dans sa recherche. Ensuite, il n'avait pas demandé. Pour compléter, ce serait encore le noyer de paroles. Et puis...

Grand sourire.

- Bah, peu importe où je vais puisque j'me suis perdu ! Et toi ?
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MessageSujet: Re: Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre]   Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre] Icon_minitimeJeu 12 Sep 2019, 06:40

(Silence pensif, et puis...)

- Plus haut. Al-Poll.

(Silence, encore. Plus court.)

- Si tu n'as pas de carte, utilise celle du ciel. Les étoiles. La nuit est claire ce soir.
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MessageSujet: Re: Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre]   Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre] Icon_minitimeJeu 12 Sep 2019, 14:32

Sourire à la fois confus et riant.

- Malheureusement, je ne sais pas lire dans les étoiles. Où as-tu appris ?
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MessageSujet: Re: Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre]   Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre] Icon_minitimeJeu 12 Sep 2019, 19:08

En mer. Un navigateur qui n'a rien d'autre que des vagues à perte de vue doit trouver des repères immuables.

(Je lève la tête, tends le doigt, désigne un ensemble d'étoiles qui se dessine dans la nuit)

La queue du dragon. La pointe indique le sud.

(Autre constellation. Autre indice.)

L'ancre brisée. L'étoile la plus grosse pointe toujours au nord.
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MessageSujet: Re: Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre]   Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre] Icon_minitimeJeu 12 Sep 2019, 23:22

Intérêt et curiosité.

- Tu as vécu sur un bateau ?

Et regard vers les étoiles.

- Il faudrait que j'apprenne aussi alors...

Insouciance.

- C'est un triste nom, "ancre brisée".
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MessageSujet: Re: Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre]   Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre] Icon_minitimeVen 13 Sep 2019, 06:38

- Tu as vécu sur un bateau ?

Je soupire en mordant dans mon pain. Toujours les mêmes questions. Qu’est-ce qui fascine à ce point les hommes dans le passé ? Le mien est derrière, voilà tout, et je vis l’instant présent sans me casser la tête… Du coin de l’œil, sans tourner la tête, j’observe mon compagnon. Je crois qu’il a vraiment envie de savoir.

Bon.

- D’abord comme mousse sur un navire marchand, puis comme pirate sur une frégate aline.

Silence. J’avale mon pain, ouvre mon outre d’eau, bois quelques longues gorgées. En général, quand j’aborde le sujet de la piraterie, il se produit quelque chose que je n’identifie pas bien chez mes interlocuteurs. Je ne sais pas déchiffrer les réactions – ou bien elles sont trop contradictoires pour que j’y parvienne.

- Il faudrait que j’apprenne aussi, alors…

Je croque dans ma moitié de pomme et remue sur mon tronc d’arbre renversé pour trouver une position qui soulage un peu mon bras. C’est l’épaule qui me fait souffrir, ce soir ; à force de rester ainsi, en bandoulière, muscles et surtout articulations sont sensibles. Heureusement que ce n’est pas avec Kaünis que je mange, sans quoi elle aurait déjà trouvé le moyen de me faire faire quelque chose d’incroyablement dangereux et totalement contre-indiqué en cas de fracture du radius !

Oui, mais elle aurait su, également, comment placer ses mains sur mon bras pour apaiser la douleur. Et je l’aurais laissée faire. Depuis ce jour où j’ai perdu mes moyens dans une crise de panique, après qu’elle a posé ses paumes sur mon dos pour y passer un baume décontractant, quelque chose à changé entre elle et moi. Je n’arrive pas encore à définir ce nouveau lien qui s’est établi entre nous, mais je sais qu’il est puissant.

Extrêmement puissant.

La voix d’Asham efface l’image de mon mentor et attire à nouveau mon regard vers les étoiles. Triste ?

- C’est juste un nom. Parce qu’il manque une partie de la pelle. La pointe de l’ancre.

Le silence revient et je réalise soudain que, dans les dernières minutes, je suis celui qui a parlé davantage. Il se contentait d’écouter. Pas si bavard que ça, finalement ? Difficile de vraiment le voir derrière ses lunettes et ses cheveux qui retombent devant son visage. Il est peut-être aussi fatigué que moi, ou bien alors mon histoire de pirate l’a refroidi.

- T’es venu à pied depuis Al-Far ? je demande en sondant les ténèbres environnantes, étonné de ne pas voir d’autre monture que Thunder.

Mine de rien, ça fait une trotte, pour quelqu’un qui n’est pas sûr de son sens de l’orientation. Et puis Al-Far ce n’est pas la cité la plus paisible du pays. Petit et mince, affublé de ses lunettes derrière lesquelles j’ai comme l’impression qu’il se cache, et avec cette tignasse rousse qui attire forcément tous les regards, je ne sais pas comment il a fait pour survivre dans cette ville.

Claque imaginaire à l’arrière du crâne, du type de celles de Kaünis. Ne suis-je pas la preuve qu’il ne faut pas se fier aux apparences ?
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Asham Yakun
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MessageSujet: Re: Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre]   Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre] Icon_minitimeVen 13 Sep 2019, 09:54

Asham commençait à songer qu'il l'ennuyait avec ses questions. Peut-être que Taciturne préférerait rester silencieux, mais si lui-même en posait... Il rajusta ses lunettes par réflexe. Difficile à saisir, celui-là. Il pensait que s'intéresser à la vie des autres leur faisait plaisir, mais cela ne vaut peut-être pas pour tout le monde.

- D’abord comme mousse sur un navire marchand, puis comme pirate sur une frégate aline.

Oooh. Un navire pirate. Voilà qui éveillait encore plus sa curiosité. Les pirates, il en entendait parler dans les contes de son père, ou parfois de sa mère, quand elle mentionnait les raids aux abords de son Désert natal, non sans nostalgie – du désert, pas des pirates.

Il se sentait comme un gamin. Il avait un pirate – ancien pirate ?– juste devant lui ! Une foule de questions se bousculaient sur sa langue, comme, comment était la vie de marin ? Et de pirate plus précisément ? Était-ce vrai que l'océan était si immense qu'on pouvait ne plus voir la terre ? Il savait manier des armes, du coup ? Et puis, ça fait quoi sur un bateau, un pirate, quand y a rien à faire ? Et comment se passent les altercations avec les autres navires, les raids ?

Par respect infini pour sa mère, il condamnait la piraterie en soi, qui l'avait exilée de son sable bien-aimé, mais on ne lui avait pas appris à détester les pirates, seulement leurs actions et les conséquences de ces dernières.

Un peu de nostalgie. Sa mère... Quand la reverra-t-il ? Dans trois ans ? Moins ? Plus ? Que de questions. Asham avait autant de questions que de bêtises prévues en tête ; il ne restait pas grand-place pour beaucoup de bon sens.

Il se mordit la langue pour ne pas laisser son exubérance s'échapper. C'était étrange, voire hors de propos, mais il voyait Keilan comme un animal méfiant qui risquait à tout moment de s'échapper. L'inonder de ses interrogations ne mènerait nulle part.

Ses yeux glissèrent sur le bras en bandoulière de son compagnon. Pour s'être cassé des os plusieurs fois, être tombé sur la tête, foulé le poignet ou la cheville et prit un tronc dans la figure par pur hasard, il avait fini par retenir des bases en soin. Quand on vit perdu dans les Plaines de Shaal, on fait avec ce qu'il y a autour, et les quelques pauvres transactions avec les bourgades alentours.

- C’est juste un nom. Parce qu’il manque une partie de la pelle. La pointe de l’ancre.

C'est vrai. Les noms restaient des noms, mais selon lui, ils pouvaient parfois se montrer lourds de sens. Haya, sa toute jeune sœur, ne s'appellait-elle pas « vie », née si peu de temps après la mort d'Ismael ?

Il eut l'envie toute bête de partager cette information. Ses sœurs étaient le centre de son monde. C'était pour ça elles qu'il était là, maintenant, qu'il s'était quelque peu assagi – bien que... – et qu'il s'était trouvé un objectif.

Alors il décida de partager ce petit bout de sa vie, auquel il y tenait comme le plus grand des trésors.

- Ma sœur Haya s'appelle « vie » dans la langue de ma mère ; parce qu'elle est née peu après la mort de mon père.

Un peu gêné, il prit à son tour un peu d'eau à sa gourde. Il se trouvait bête, mais qu'il en soit ainsi.

- T’es venu à pied depuis Al-Far ?

Il hocha la tête. Une question salutaire !

- Oui ! J'ai pas de cheval, et le dernier convoi pour Al-Chen était déjà parti. Alors bon, j'allais pas attendre comme ça.


Il rajusta – encore – ses lunettes, fixa le bras de Keilan. Parler de ses sœurs a fait ressortir son côté soucieux et protecteur.

- T'as quoi au bras ? Si tu veux que je t'aide un peu. Je connais quelques trucs.
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MessageSujet: Re: Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre]   Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre] Icon_minitimeSam 14 Sep 2019, 07:47

- Oui ! J’ai pas de cheval, et le dernier convoi pour Al-Chen était déjà parti. Alors bon, j’allais pas attendre comme ça.

Je cligne des paupières – ma façon à moi d’approuver une réponse sans hocher la tête. C’est bien ce qui me semblait. Quoique gauche et visiblement piètre cuisiner, Asham est débrouillard. Je pense qu’il cache pas mal de surprises derrière son flegme apparent mais… je n’en suis pas certain. Ce qui n’est pas visible est un mystère pour moi.

- T’as quoi au bras ? Si tu veux que je t’aide un peu. Je connais quelques trucs.

Réflexe. Je me raidis instinctivement aux paroles du rouquin et mon bras blessé proteste douloureusement, m’arrachant un hoquet. Mon menton plonge dans mon écharpe, mon regard devient fuyant, je m’enferme dans ma bulle en quête de sécurité, pour l’instant incapable d’envisager qu’il se rapproche davantage et surtout, qu’il me touche.

Pour l’instant.

- Des Raïs, je marmonne, ma voix étouffée par l’écharpe qui me mange tout le bas du visage. Tombé de cheval. Cassé le bras.

Je ne sais pas monter à cru et, quand la horde a déferlé sur la caravane que j’accompagnais, je n’ai pas eu le temps de préparer Thunder. Alors, quand celle-ci s’est cabrée face à un assaillant, j’ai glissé de son dos. Si je ne détaille pas cet épisode, c’est parce que je n’en ressens pas la nécessité ; Asham veut connaître la nature de ma blessure et non son origine.

Je devine pourtant sa curiosité et me mords la langue pour m’empêcher de me lever et de partir. Pas question de m’enfuir. Avant, oui, c’est ce que je faisais tout le temps. Désormais, je n’ai plus à le faire. D’autant que Asham est sympathique ; il a ralenti un peu son débit de paroles, s’adaptant plutôt au mien, et sa proposition, si elle ne peut pas convenir aussi vite à ce que je suis, est tout à son honneur.

Tout à l’heure, il a évoqué sa sœur, Haya, et l’expression qui s’est dessinée sur son visage, si je ne l’ai pas bien identifiée, je peux affirmer qu’elle était unique. C’est à ce moment-là qu’une de mes barrières s’est abaissée. Suis-je vraiment obligé de la remettre en place ? Réflexion. Calculs. Des possibilités que j’élimine en tenant compte de la carrure d’Asham et de la mienne. D’autres qui apparaissent sous le signe de l’incertitude, puisque je ne connais pas encore vraiment ce garçon. Tri soigneux.

Décision.

- Un guérisseur m’a examiné et procuré les premiers soins, j’explique en sortant le menton de mon écharpe. Je dois attendre que la fracture se résorbe et bouger le moins possible. Voyager à cheval n’est pas vraiment la meilleure solution, mais…

Je pose délicatement les doigts de ma main valide sur mon épaule droite.

- C’est surtout ici que j’ai mal. Possible qu’elle se soit luxée avec le choc. La douleur s’est invitée pendant le voyage. J’ai pas dormi cette nuit à cause d’elle.

Oui, c’est aussi pour ça que je dois avoir une sale tête ! Je manque cruellement de sommeil, après une nuit blanche passée à somnoler deux minutes, puis à me réveiller brusquement, surpris par une pointe de douleur vive. J’imagine assez bien le tableau : mes cheveux en pagaille, s’échappant en mèches folles de la petite queue de cheval sur ma nuque ; mes yeux que la souffrance rend brillants, soulignés par des cernes bistre ; barbe de quelques jours, traits tirés, épuisés…

- M’asseoir un peu et me réchauffer me fait du bien. Merci.

La commissure de mes lèvres frémit, fantôme de sourire – un gigantesque progrès venant de moi, surtout après autant de mots prononcés à la fois ! Je veux juste qu’Asham ne prenne pas personnellement mes réactions bizarres. Alors, dans un dernier effort, je murmure :

- Je… j’aime pas trop qu’on me touche.

Voilà. J’ai fini. Ça m’arrangerait qu’il redevienne bavard, parce qu’ainsi je songerais moins à mon épaule… Ma mémoire, digne de confiance, me rappelle qu’il a mentionné Al-Chen tout à l’heure. Si c’est sa destination, demain, je lui proposerai de le déposer là-bas. Mince alors, ça aussi c’est nouveau… proposer de faire un bout de chemin en sa compagnie à quelqu’un, je ne connais pas encore, mais je crois bien que cela ne m’effraie pas. Non, bien au contraire…
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MessageSujet: Re: Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre]   Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre] Icon_minitimeSam 14 Sep 2019, 15:30

La réaction de Keilan l'intrigua, le surprit et l’inquiéta à la fois. Qu'est-ce qui avait bien pu provoquer cela ? se questionna Asham, sourcils froncés sous ses mèches folles. Il se garda cependant de s'en enquérir auprès de lui, peu désireux de le brusquer davantage.

Il avait le vague sentiment que son compagnon voulait, comme, disparaître, suite à ses quelques mots. Ce n'était probablement pas à cause de l'évocation de sa blessure – pour se casser souvent la figure, ou se la faire casser, Asham n'avait que peu honte quand il se blessait. Peut-être l'idée qu'il s'approche ou l'aide ?

Il rehaussa ses lunettes. Drôle de personnage qu'il avait en face de lui, mais il l'aimait bien. C'était lui tout craché ; appréciant aussi vite les gens qu'il ne s'en éloignait s'il estimait que le lien devenait trop solide.

Il aimait aimer mais ne désirait plus perdre quelqu'un – l'image de son père figé, immobilisé dans son lit dansait encore derrière ses paupières et ses sourires. Il ne pouvait protéger toute personne qui passait sur sa route et désirait se préserver, se réserver pour ses sœurs et sa mère.

Ne pas s'inquiéter pour elles était déjà difficile, mais, comme un enfant, il avait une confiance absolue en la matriarche pour garder le trio en sécurité. Droite comme un roc, il avait été aussi proche d'elle que son frère Anani l'avait été de leur père.

- Des Raïs. Tombé de cheval. Cassé le bras.

Un éclair riant passa dans les yeux étincelant d'Asham.

- J'peux comprendre, plaisanta-t-il, rien que leur vue me donnerait envie de m'assommer pour plus y penser ! Mais tu sais, t'étais pas obligé de te casser le bras pour oublier leur tête horrible !

Un sourire fin dansait sur ses lèvres. Il s'était réprimé mais son côté moqueur commençait à resurgir. Tant que cela ne brusque pas Keilan... Est-ce qu'il avait le sens de l'humour, tiens ? Sinon, Asham allait devoir y remédier !

Des Raïs, il n'en avait croisé qu'une fois, et il les avait trouvé particulièrement moches – c'était la première pensée qui lui était venue, avant de comprendre qu'il était peut-être en danger. Les mercenaires accompagnant la caravane avait cependant réussi à mettre en déroute les quelques êtres qui s'étaient sans doute égarés, et ce sans difficultés.

Ses yeux glissèrent sur l'épaule de Keilan quand celui-ci la désigna. Oui, songea-t-il, cela faisait sens. Bras cassé, l'épaule prenait tout le poids du membre, et se déplacer avec une fracture n'était guère conseillé, en général.

- Dommage que tu sois pas tombé sur un Rêveur à la place... Enfin, j'en ai jamais vu, mais paraît qu'ils sont bons. Je devrais peut-être me casser un truc pour vérifier. T'en penses quoi ?


Question qui n'attendait pas de réponse. Keilan allait le prendre soit pour un imbécile, soit pour un fou, mais tant pis, il avait l'habitude, et en était responsable de toute façon. Enfin, voilà qui expliquait son piteux état. Il jugula ses envies de protection.

- M’asseoir un peu et me réchauffer me fait du bien. Merci.

Asham tritura ses lunettes, un peu gêné. Ce n'était que la moindre des choses, pour lui, et nul besoin de le remercier pour cela. Puis il discerna, à travers le jeu des flammes qui jetaient leurs regards au grès de la brise, l'espèce de sourire de son compagnon.

Une jolie surprise, tiens.

- Je… j’aime pas trop qu’on me touche.

Oh. C'était donc pour cela, cette brusque réaction. Mystère résolu. Le jeune homme passa la main dans ses mèches, haussa les épaules. Rien de grave, quoi.

- Pas de problème. J't'aurais pas touché sans ton autorisation.


Il accompagna la phrase d'un sourire, pour que Keilan ne se méprenne pas sur le sens de sa phrase, puis s'étira longuement. Il était fainéant, certes, mais là, à rester autant assis, il avait envie de cavaler n'importe où – ou faire quelque chose pour se libérer de son énergie galopante. Il leva les yeux vers la voûte nocturne, pensif.

- Ecoute... J'peux te filer ma couverture pour la nuit, pour que tu puisses installer ton épaule et ton bras plus confortablement. Puis je m'occupe de veiller. J'ai fait pas mal de siestes aujourd'hui, je peux rester éveillé cette nuit au cas où y aurait un danger.

Bien qu'il savait essentiellement coller des roustes ou les esquiver, ce qui ne servirait pas à grand-chose si une bête sauvage ou des bandits attaquaient, mais... Avec son état, il se voyait mal proposer à Keilan de se caler dans un arbre pour la nuit. Lui-même se réveillait souvent avec des courbatures – ou alors était-ce parce qu'il dormait n'importe comment ?
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MessageSujet: Re: Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre]   Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre] Icon_minitimeSam 14 Sep 2019, 16:49

Se casser volontairement un membre pour expérimenter la science des Rêveurs ? Etonné, je fixe Asham une poignée de secondes, avant de réaliser ce que je suis en train de faire – et de détourner le regard. C’est la première fois que j’entends ce genre de chose. Drôle d’idée, non ? Mais… pas si bête, quand on y réfléchit. Je ne connais pas non plus le don de ces gens qui, enfermés dans le secret de leurs confréries, seraient capables de guérir les blessures les plus graves. Je n’ai jamais songé à commettre une folie pareille et pourtant, j’apprécie l’idée par son côté décalé.

Il m’intrigue, cet homme. Il est moins jeune que moi en dépit de ses traits plutôt enfantin mais son caractère est celui d’un enfant innocent qui découvre le monde ; on dirait qu’il sait tout sans rien savoir. C’est très étrange. Sa curiosité, surtout, me plaît : je m’y reconnais un peu, dans cette habitude de porter mon intérêt sur ce que je vois, ce que j’entends et ce que je désire apprendre.

Je le crois quand il affirme ne pas songer à s’approcher de moi sans mon autorisation. Je le crois parce qu’il est franc, cela s’entend à sa voix. D’ailleurs, ne m’a-t-il pas parlé de sa sœur ? Ni affirmé être perdu ? A mon sens, on ne dévoile pas ces choses-là quand on se veut trompeur. Je le crois car il n’a pas esquissé le moindre geste dans ma direction. Il n’insiste pas. Ça me va.

- Ecoute… J’peux te filer ma couverture pour la nuit, pour que tu puisses installer ton épaule et ton bras plus confortablement. Puis je m’occupe de veiller. J’ai fait pas mal de siestes aujourd’hui, je peux rester éveillé cette nuit au cas où il y aurait un danger.

Je réfléchis à sa proposition. J’admets que le savoir aux aguets pendant que je dors me rassure ; au vu de mon état, je vais avoir un sommeil de plomb et je risque de ne pas réagir suffisamment vite si jamais il le faut.

- D’accord. Merci. Thunder s’agitera si quelqu’un ou quelque chose approche d’un peu trop près.

La jument dresse l’oreille en reconnaissant son nom et piaffe doucement. Elle ne m’appartient pas, mais quand je voyage avec elle, je sais que je peux être tranquille. Cette nuit, c’est en Asham que je place toute ma confiance – et ce n’est pas rien…

Je récupère la couverture, la déplie près du feu puis, à genoux, je défais la sangle qui retient le fourreau de mon glaive le long de mes reins. Je le dépose près de moi, à portée de main. Kaünis me répète souvent de ne jamais être trop sûr de moi – mais même avant de la connaître, j’avais tendance à dormir avec une arme à proximité. J’ôte ensuite l’écharpe de tissu qui soutient mon bras et m’installe précautionneusement. Pas assez, toutefois, pour éviter quelques éclats de douleurs qui me transpercent avec vigueur. Je serre les dents, m’allonge.

Il me faut un certain temps pour trouver la position qui ne me fait pas mal. Quand enfin je peux me détendre, je m’immobilise et regarde la silhouette qui se dessine derrière les flammes. Tout à l’heure, je regrettais de m’être arrêté. Je reviens sur ce jugement hâtif : je suis heureux d’avoir osé le faire. Sans la gentillesse d’Asham, je ne serais pas installé au chaud et en sécurité.

- Réveille-moi dans deux heures, je lui demande. Je monterai la garde à mon tour et tu pourras… faire une sieste.

Je ne suis pas habitué à faire de l’humour, encore que, l’ironie s’invite parfois dans mes paroles ; mais, gagné par celui qui pétille chez mon compagnon, je n’ai pas pu m’empêcher ce trait léger. Des fois, je dis quelque chose avec maladresse. J’espère que ce n’est pas le cas. Pas le temps de m’en assurer : mes yeux papillonnent, je me sens flotter un instant, puis c’est le noir complet.

Rideau.



* ~ * ~ *



Je remue malgré moi dans mon sommeil, et aussitôt, mon bras me réveille. J’attends que la douleur passe, mon regard vague sur les braises encore vives. Je ne dois pas avoir dormi plus de deux heures. Avec prudence, je me redresse et sécurise mon bras dans son écharpe. Mon épaule proteste. Je soupire. Quand ce n’est pas l’un qui fait mal, c’est l’autre…

Je me lève en douceur, m’étire avec précaution pour déverrouiller mes muscles engourdis. Il fait plus frais. Je me baisse pour attraper la couverture que je secoue, puis je me dirige vers Asham et la lui tends ; il ne doit pas avoir bien chaud.

- J’ai récupéré, dis-je dans un murmure en m’asseyant non loin de lui.

C’est vrai : je me sens bien mieux que tout à l’heure. Il me faudra dormir une paire d’heures supplémentaire avant le lever du jour, mais je me contente habituellement d’assez peu de sommeil, cela suffira donc.

- Va dormir. Je te réveille tout à l’heure.

Il peut me faire confiance, lui aussi ; tant que je serai là, je veillerai sans faillir. Je pose mon glaive sur mes cuisses et attrape l’outre d’eau pour me désaltérer. Puis je passe une main dans mes cheveux ébouriffés et tente vainement de les discipliner. J’ôte finalement l’élastique qui a bien glissé. A une main, refaire une queue est compliqué. Tant pis. Mes doigts glissent le long de mes joues qu’un chaume rend rugueuses. Demain, je me raserai.

J’attrape quelques branches du tas de petit bois entreposé près du feu et le jette sur les braises pour les raviver. Quand les premières flammes s’élèvent, je cherche une position qui ne gêne pas mon bras ni ne risque de m’endormir, puis je lève le nez et contemple les étoiles.
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Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre] Empty
MessageSujet: Re: Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre]   Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre] Icon_minitimeSam 14 Sep 2019, 23:19

Bon, Keilan n'avait pas l'air paniqué par ses blagues, même si Asham n'était pas sûr de comment il les prenait. Tant mieux, parce que cela risquait de n'être que le début. Enfin, après qu'ils aient tous les deux dormi. Au lever, il avait la réputation d'être intenable – du moins, plus que d'ordinaire.

Pensant au lever, Asham songea fugitivement que la marche ne l'avait peut-être pas laissé très propre. Il faudrait qu'il se trouve un point d'eau pour se laver, un jour... Il avait l'habitude des tâches sales mais sa mère lui avait passé suffisamment de savons, au sens propre comme au figuré, pour qu'il préfère être propre.

Brève image où Anani et lui, dans une bassine remplie d'eau chaude, étaient en train de se chamailler, sous les sourires d'Ismael et l'exaspération de Salah. Le père avait dû éponger le sol un nombre incalculable de fois suite à leur bain commun. Pourtant, jamais les jumeaux n'avaient voulu se baigner à part.

Anani. Il faudrait qu'il cesse de penser à lui, songea-t-il avec un air lointain. Qu'il l'oublie ou le retrouve. Gwendalavir est grand mais il était têtu, et quoi qu'il en soit, ils restaient jumeaux. C'était quelque chose qu'Anani ne pourrait jamais briser.

Il se demanda si Keilan avait des frères ou sœurs.

- D’accord. Merci. Thunder s’agitera si quelqu’un ou quelque chose approche d’un peu trop près.

Il se secoua et, ravi que Keilan accepte sa proposition, sortit sa couverture de son sac pour la lui tendre, faisant attention à ne pas le toucher durant la transaction. Tricotée avec talent, le tissu était en laine de siffleur, colorée par des pigments troqués contre de la nourriture lors du passage d'une caravane.

S'il savait tout cela, c'était parce que c'était encore une fois son père qui l'avait tricotée. Il avait tricoté pour chacun d'eux. Vert pâle, amande peut-être, pour Haya ; jaune soleil pour Amal ; rouge vif pour Asham, bien que la couleur se fanait ; et enfin, il s'en souvenait pour l'avoir vue prendre la poussière dans l'armoire de la maison, bleu sombre pour son jumeau.

Souvenir de son père, comme les lunettes perchées sur son nez, il avait toujours pris soin de ce simple morceau de tissu ; malgré les années passées, bien que la nuance changeait, les mailles restaient serrées, le linge propre. Il ne prêtait pas sa couverture à n'importe qui, mais avait confiance en Keilan ; il ne l'abîmerait pas.

Il surveilla du coin de l’œil son compagnon se préparer pour se coucher. Nota la douleur sur son visage et s'en désola. Vit également l'arme. Nouvelles questions. Il avait un cheval, s'était frotté à des Raïs, voyageait malgré un bras cassé et avait une arme... Qui était-il ?

- Réveille-moi dans deux heures. Je monterai la garde à mon tour et tu pourras… faire une sieste.

Un fin sourire se dessina sur le visage d'Asham. Taciturne était donc capable d'humour. Il envisagea un bref instant à l'envoyer balader, décidé à ce qu'il se repose le plus possible, mais se retint. Keilan ne semblait pas être le genre de personnes dont on décidait pour lui.

De toute façon, il s'endormit trop vite pour laisser le temps de répondre. Soupirant légèrement, Asham se leva et s'étira longuement. Bon, il allait falloir qu'il bouge un peu pour se maintenir éveillé, sans pour autant risquer d'éveiller le corps plongé dans le sommeil. Il regretta de ne pas avoir de point d'eau à proximité – il aurait bien joué aux ricochets.

Puis son regard dériva sur la voûte nocturne et il décida de rester sage, cette fois. Pour ne pas éveiller son compagnon, et pour ne pas attirer l'attention. Vêtant sa veste de cuir, il s'éloigna un peu du feu, sondant d'abord la nuit pour ensuite lever les yeux.

Fixant les étoiles – il était vrai que le ciel était clair, cette nuit... – Asham songea qu'il était content d'être tombé sur Keilan. Ou alors était-ce l'inverse ? Trop de gens tombaient dans cette histoire, de toute façon.

Il avait pu manger correctement, avait eu un peu de compagnie, quelqu'un sur qui déverser son flot de paroles et ses blagues douteuses, et après quelques nuits à dormir seul, savoir une présence endormie derrière lui le rassurait. Pas l'habitude de la solitude, celui-là. Il avait l'habitude de la respiration de ses sœurs et de sa mère, parfois des autres convoyeurs quand il voyageait dans une caravane, ou de l'effervescence d'une taverne de mauvaise réputation ouverte à des heures trop tardives.

La solitude, il s'y ferait à force, songeait-il, mais les rencontres éphémères de ce genre... L'idée lui plaisait. Détaché de tout mais capable de mettre un nom sur un visage s'il l'avait suffisamment côtoyé, il se demanda si lui aussi laissait un souvenir aux personnes qu'il croisait.

Si oui, ce devait être une drôle d'image. Si non, il s'en accommoderait – et puis, il y avait de quoi plaisanter sur la mémoire de son interlocuteur, ou faire quelques surprises.

Quoi qu'il en soit, il ignorait où allait Keilan et quand est-ce que ce dernier obliquerait sur un autre chemin, alors autant profiter de sa présence.

Un frisson parcourut son échine en songeant à son propre objectif, mit de côté durant leur conversation. Marchombre. Il se demandait ce qui l'attendait, qui allait être son maître, s'il aurait l'occasion de retourner à Al-Far... Ce n'était probablement pas Keilan qui pourrait lui répondre. L'existence de l'Académie était cachée, blablabla... avait dit le marchombre. Quelque chose comme ça en tout cas.

Ce n'était guère glorieux, bien que peu étonnant de sa part, mais en plus de l'aide qu'il pourrait apporter à sa famille, de ce qu'il avait retenu, il aurait de bien meilleures capacités pour surprendre les gens et les faire tourner en bourrique... Deux perspectives intéressantes.

Il sourit aux étoiles.

Attendant que le temps passe.

Il était toujours plongé dans ses pensées et la contemplation de la nuit quand un mouvement le fit se retourner. Keilan s'était réveillé tout seul, finalement. Bon, en un sens, tant mieux. Dormir lui ferait du bien, malgré ce qu'il avait assuré. Marcher était fatiguant, quand même.

Il attrapa en silence la couverture que Taciturne lui rendit, hocha la tête. A son tour d'aller se reposer. Il rejoignit le feu en étouffant un bâillement, s’emmitoufla dans la couverture. Il y avait une nouvelle odeur, étrangère, mais ce n'était guère dérangeant, juste surprenant.

La tête disparaissant presque dans le tissu, qui devait jurer avec ses mèches, il ferma les yeux et se laissa emporter par le sommeil avec une confiance absolue.
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Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre] Empty
MessageSujet: Re: Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre]   Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre] Icon_minitimeDim 15 Sep 2019, 09:00

La nuit est relativement calme et je réalise désormais à quel point, au cœur d’Ombreuse, elle peut ne pas l’être ; lors de mon dernier passage ici avec Kaünis, je m’étais étonné que la plupart des gens voient cette forêt comme « cauchemardesque » ; à présent, je mesure mieux l’étendue des dangers qu’elle recèle et me souviens bien de l’agitation nocturne que l’on y découvre…

Regard furtif vers un Asham endormi, dont il ne dépasse que quelques mèches vives de la couverture. Connait-il déjà cet endroit, ou bien a-t-il eu du nez en s’arrêtant juste avant ? Je ne suis pas idiot, je sais bien que les risques ne s’arrêtent pas à la lisière, et que dans cette région, mieux vaut rester sur ses gardes. Toutefois, ici, la lumière de la lune rend les ténèbres moins épaisses et les étoiles sont parfaitement visibles. C’est agréable.

Du bout du pouce, je caresse distraitement le fourreau de cuir de mon glaive. C’est curieux mais, en foulant ce chemin pour le moins chaotique aux côtés de Kaünis, je me surprends à me tourner plus volontairement vers la lumière. A la rechercher dans la nature, ou bien dans la présence des autres. Le hérisson solitaire serait-il en train de se sociabiliser ? Un léger rictus me secoue – avant que mon bras ne se rappelle à mon bon souvenir, transformant mon sourire en grimace. Non, je ne suis pas plus sociable qu’avant. Par contre…

Des fourmis dans les jambes, je me lève et fais quelques pas. Constatant qu’Asham ronfle comme un bienheureux, je m’éloigne un peu sans laisser le campement quitter mon champ de vision. La solitude m’enveloppe à nouveau, tout comme la fraîcheur de la nuit. Je respire. Marche en m’appliquant à ne faire aucun bruit. J’ai un objectif assez simple en soi, mais curieusement complexe à atteindre : je veux pouvoir me déplacer aussi silencieusement que Kaünis. Surgir dans son dos et la faire, enfin, sursauter à son tour. Devenir une ombre.

J’ai certainement progressé, toutefois pour l’instant je fais encore beaucoup trop de vacarme : une brindille qui craque, les vêtements qui bruissent, ma respiration qui résonne… Je commence par calmer les battements de mon cœur, puis apaise mon souffle, et recommence. Encore. Et encore.
Et encore.

L’on n’a jamais fini d’apprendre.


* ~ * ~ *


- Asham.

La main sur son épaule, je le secoue pour le tirer du sommeil. Il fait encore nuit noire, le feu meurt doucement, la lune est entourée d’un halo qui promet une journée plus fraîche, mais belle puisque le ciel est lavé de ses nuages. Ombreuse murmure, agitée par la brise. Thunder, elle, tire sur sa longe, soudain nerveuse. C’est ce qui m’a alerté, avant que je perçoive l’odeur de tabac.

- Y’a quelqu’un pas loin.

Pour éviter toute panique ou maladresse de sa part, je pose un doigt sur mes lèvres pour lui demander de rester silencieux. Coinçant mon fourreau entre mes jambes, je tire doucement mon glaive, dénudant sa lame qui accroche un bref instant un reflet de lune. Puis je me lève et lui fait signe de reculer vers les arbres.

Pas à pas, nous nous rapprochons de la lisière. C’est surtout pour nous fondre dans l’ombre que je m’éloigne du feu. D’un claquement de langue, je fais comprendre à Thunder que je suis là, plus proche d’elle qu’elle le croit. Elle cesse d’exercer une tension sur sa longe, mais remue les oreilles, tourne la tête, frappe le sol de ses sabots.

L’odeur de tabac se fait plus forte et elle m’est familière. Je fronce le nez, fléchis légèrement les genoux, tendu comme un arc, prêt à bondir malgré mon bras en écharpe. Soudain, une silhouette se découpe dans la nuit. Solitaire et furtive. Grande, presque dégingandée. Elle s’approche du feu, donne un petit coup de pied qui envoie des cendres étouffer les dernières flammes, examine les environs, s’approche de Thunder…

Je fais un pas en avant. La personne se fige aussitôt puis, en m’apercevant, se place de profil en une garde de combat que je reconnais immédiatement, et tire un poignard de chacune de ses manches. J’avance encore, dans la lumière de la lune, le nez sorti de mon écharpe, prêt à me battre pour garder Thunder et nos affaires, mais alors, une voix goguenarde résonne dans la nuit :

- Par la barbe de ce cher Merwyn, ne serait-ce pas mon petit Kei ?

Je sursaute, ferme les yeux, fort, avant de les rouvrir en raffermissant ma prise sur le manche de mon arme.

- Teig.

Il se fend d’une révérence exagérée mais ne lâche pas ses lames. Je m’accroche à la mienne, partagé entre l’envie de fuir à toutes jambes et celle de lui sauter dessus pour l’égorger. Depuis mon arrivée au Domaine, et pour une raison que j’ignore totalement, Teig, un apprenti déjà bien avancé dans sa formation, m’a pris en grippe. Il ne se passe pas une seule journée sans qu’il me fasse une crasse. Au début, il ne s’agissait que de petites choses sans grande importance – une botte égarée, un scarabée dans le cou, des remarques déplacées, des rires moqueurs…

Voyant toutefois que cela ne me faisait pas réagir comme il l’espérait, cet abruti est passé au stade supérieur. Il m’est déjà tombé dessus plusieurs fois avec sa bande, au sortir des bains du Domaine ou dans le dortoir, au beau milieu de na nuit. Plateau repas reversé, bris de verres dans le lit, affaires volées…

Empoisonnement.

Sans mon ami Lwin, qui s’y connait en antidotes, je ne serais pas là ce soir. Voilà pourquoi je serre mon glaive à m’en faire blanchir les jointures : cet homme a essayé de me tuer une fois et, s’il a échoué, je suis persuadé qu’il va recommencer.

Maintenant ?

- Hé, détends-toi mon gars, tu m’as surpris, c’est tout, regarde…

Il fait tournoyer ses lames entre ses doigts, puis elles disparaissent. Il se redresse, rompant sa garde de combat, et s’approche, une main tendue. Je ne tombe pas dans le panneau. Parfaitement immobile, je le suis des yeux. Quand il n’est plus qu’à deux mètres de moi, je lève mon glaive, la pointe tendue vers son cœur. Il s’arrête.

- Toujours pas fichu de saluer quelqu’un correctement, hein ? Sacré Kei !

Il rit. Je n’aime pas son rire. Celui d’Asham, par exemple, est chaud et spontané. Celui de Teig a de quoi faire peur à un gamin. Je n’en suis pas un mais je frissonne, mon regard fixé sur lui. Le sien glisse dans mon dos et il hausse un sourcil.

- Tiens ? C’est qui lui, ton petit ami ? Déjà lassé de Lwin ? Ou bien alors tu m’a caché ton côté cavaleur ?

Je me raidis davantage, si la chose est possible : je n’aime pas que Teig évoque Lwin de cette manière, et plus encore, je déteste l’idée qu’il puisse incommoder Asham. Alors je réagis enfin. L’attaque est la meilleure défense, m’a déjà dit Kaünis. Face à Teig, je ne peux pas rester les bras croisés, sans rien faire.

- Fous le camp, je lâche entre mes dents.
- Ou sinon quoi ? réplique-t-il aussitôt mais d’une voix enrobée de miel, son regard planté dans le mien. Tu vas sortir des épines de petit hérisson ? Me fais pas rire ! T’as la trouille, je le sais. Tu vas peut-être même te pisser dessus si je décide de m’approcher.
- Fais un pas de plus et je te tue.


Il renverse la tête en arrière, rit à gorge déployée.

- Kei, voyons, tu sais aussi bien que moi que ta formation est loin d’être achevée. Gil’Ozh n’est pas là pour te protéger, Lwin est loin lui aussi. Alors que moi…

Il passe la main sur son épaule comme pour en chasser de la poussière imaginaire, puis il enchaîne d’un ton blasé :

- Moi, je viens d’achever mon apprentissage. Je ne suis plus un élève mais un mercenaire accompli. Alors ne me menace pas, Kei-Kei. Face à moi, t’as pas la moindre chance.

Je ne bouge pas d’un poil, mais j’enregistre cette information dans ma mémoire. Plus un élève. Ça veut dire qu’il peut m’en faire encore plus baver qu’auparavant. En même temps, il ne dormira plus dans le dortoir des apprentis, ce qui est un soulagement, et si je me fie à ce que je sais, il sera souvent en déplacement. C’est peut-être une bonne chose, finalement.

- Bref, je voulais seulement te passer le bonsoir, jeune apprenti. Maintenant que c’est chose faite, je vous laisse vaquer à vos… occupations. A plus tard, Kei !

Le temps de cligner les yeux, il a déjà disparu. Comme s’il n’avait jamais existé. Mais l’odeur de tabac reste et de toute façon, je tremble trop pour avoir rêvé ce qu’il vient de se passer. Je reste immobile un long moment, avant de faire quelques pas puis de donner un violent coup de pied dans le tronc d’un arbre. Ma peur et ma colère se confondent. Je frappe encore une fois, puis je pose le front contre l’écorce rugueuse.

Quand je me retourne enfin, mon souffle s’est calmé ; étouffée dans l’œuf, ma crise est déjà passée. Asham est toujours là. Que peut-il penser de cette drôle de scène à laquelle il vient d’assister ? Il n’a sans doute pas compris grand-chose – encore que, le regard qui scintille derrière ces lunettes est décidément bien vif… Va-t-il s’en aller ? Me juger ? Me prendre en pitié ?

Je ne suis pas doué pour comprendre les émotions des autres. Mais pour les suggérer je suis le roi. Je me fais souvent peur tout seul. L’inquiétude me ronge déjà. Persuadé qu’il ne me voit plus de la même manière, je me détourne déjà, prêt à m’en aller s’il préfère que je le laisse tranquille. Teig m’attendra probablement au Domaine, pourtant c’est là-bas que je dois me rendre…


["Trop de gens tombaient dans cette histoire de toute façon" - j'ai ri, bon sang ! Il est génial ton Asham. Bon, je me suis un peu emballée de mon côté alors si quelque chose te dérange, tu me dis ! En tout cas, je me régale, hein Wink]
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Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre] Empty
MessageSujet: Re: Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre]   Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre] Icon_minitimeDim 15 Sep 2019, 15:21

Après quelques instants à dormir sagement en boule près du feu, le sommeil agité d'Asham avait fini par prendre le dessus. Mêches emmêlées, lunettes de travers, bouche entrouverte pour ronfler paisiblement et la couverture entortillée autour de lui, ne le recouvrant qu'à moitié, les bras et jambes positionnés aléatoirement…

Il serait mentir que d'affirmer qu'il n'avait pas déjà chuté d'un arbre à cause de sa tendance à dormir comme il agissait éveillé : de façon surprenante qui pouvait rendre perplexe. À se demander comment il faisait pour être encore en un seul morceau.

Cela ne l'empêchait pas de bien dormir, bien que d'un sommeil assez léger. La petite masure dans laquelle il avait vécu, à Al-Far, ne contenait pas assez de chambres. Il dormait avec le reste de sa famille, et avait gardé l'habitude d'être tiré de son sommeil par les cris de ses sœurs, bébés.

Il en rêvait, d'ailleurs. Des petites têtes aux cheveux de sable qu'il avait vu grandir, pour qui il avait démonté les berceaux pour en faire des lits de fortune, courant dans tous les sens pour trouver du bois et de quoi faire un matelas.

Il en rêvait, de ses sœurs, et elles lui manquaient déjà. Il ne pouvait simplement pas faire marche arrière s'il voulait leur offrir le meilleur.

Il avait le visage d'Haya tout juste née derrière les paupières quand un souffle le fit sortir de son sommeil. Ouvrant les yeux, il discerna les contours du visage de Keilan, le sentit le secouer.

- Y’a quelqu’un pas loin.

Clignement d'yeux, il hocha silencieusement la tête. Ses doigts tâtonnèrent pour trouver la chaîne de ses lunettes, et les attrapant, il les remit sur son nez en se levant doucement. Il jeta un bref regard vers ses affaires, estima, puisque Keilan lui intimait de le suivre près de la lisière, qu'il n'avait pas le temps de récupérer son propre poignard. Il devrait prendre l'habitude de l'avoir à portée de main, comme son compagnon…

Tant pis, il avait ses poings, ses pieds, son corps tout entier. Il était meilleur au combat à mains nues qu'au poignard, de toute façon. Si combat il devait y avoir. Il coula un regard inquiet vers Keilan ; ce dernier était entravé par son bras, et lui-même savait qu'il ne ferait pas forcément le poids contre quelqu'un de plus costaud qu'un simple homme lorgnant sur sa bourse.

Il doutait trouver de telles personnes dans ce coin, loin de tout et près d'une forêt qu'on qualifiait de cauchemardesque.

Tentant d'imiter la discrétion de Keilan, il resta non loin de lui. Il avait l'air de s'y connaître, songea Asham en le voyant se mettre en garde. A quel point son bras le gênerait ?...

La nuit tomba en même temps que les braises s'éteignirent. Tendu, il sonda l'obscurité du regard, suivit le pas de son compagnon, tentant de se faire son ombre. Il était tiraillé. Keilan semblait plus expérimenté, mais était blessé. A ses yeux, cela n'augurait rien de bon.

- Par la barbe de ce cher Merwyn, ne serait-ce pas mon petit Kei ?

Asham cilla, surpris. Petit Kei ? Qui pouvait être assez familier avec Taciturne pour le surnommer ainsi ? Et puis même, cette appellation ne collait pas avec lui. Déjà, il était grand. C'était très terre-à-terre comme argument, mais quand même.

Il vit aussi l'effet sur Keilan, et sentit venir les ennuis – et pour s'y fourrer régulièrement, il savait les voir venir.

- Teig.

Ils se connaissaient donc. Ses yeux allant de l'un à l'autre, Asham calcula que cela ne devait pas être une relation des plus pacifistes. D'autant que Taciturne ne semblait pas le moins du monde se détendre.

Le futur apprenti marchombre serra les paupières. Il aimait bien Keilan, et avec son affection spontanée venait l'envie de le défendre en cas de problème ; et ça, ça, c'était une impression qu'il n'aimait pas. Il ne fuirait pas pour laisser Taciturne en tête-à-tête avec l'autre, bien sûr, mais il tenait à sa vie, ne serait-ce que pour ses sœurs. Elles passaient avant tout, et il ne pouvait se permettre de se mettre en danger sur un réflexe.

Il ne pouvait se permettre de trop s'attacher à quelqu'un, songea-t-il, le fantôme de son père dansant devant ses yeux.

- Hé, détends-toi mon gars, tu m’as surpris, c’est tout, regarde…

Asham imita Keilan et ne se détendit pas davantage. Il sentait au contraire la tension tendre ses muscles tandis que l'autre – comment s'appelait-il déjà ? Qu'importe, il lui trouverait un surnom – s'approchait d'eux. Apportant avec lui une odeur de tabac déplaisante.

- Toujours pas fichu de saluer quelqu’un correctement, hein ? Sacré Kei !

Asham l'aimait de moins en moins. Keilan n'était pas une personne comme on avait l'habitude de croiser à chaque coin de rue, certes, mais l'on s'ennuierait si tout le monde était semblable ! Ce n'était à son sens pas bien compliqué de s'adapter à lui. Pour preuve, s'il ne se risquerait pas à prétendre que Taciturne l'adorait, il tolérait sa présence et ne semblait pas la détester. Alors quoi ?

Son rire, aussi. Asham avait décidément eu de drôles de cartes en main pour cette nuit, en décidant de s'arrêter à la lisière d'Ombreuse. Il cilla en croisant le regard de l'autre homme.

Non, décidément, il ne l'aimait pas.

- Tiens ? C’est qui lui, ton petit ami ? Déjà lassé de Lwin ? Ou bien alors tu m’a caché ton côté cavaleur ?

Quoi ?... Il était maintenant perplexe. C'était une pique à l'encontre de Keilan, ça il l'avait saisi, mais il comprenait moins le sens de celle-ci. Il voyait mal son compagnon en relation avec quelqu'un, bien qu'il ne le connaissait pas assez pour l'affirmer avec certitude – il n'était après tout qu'un étranger, peut-être était-il plus détendu avec des personnes qu'il côtoyait davantage – et donc encore moins cavaleur, comme disait l'autre.

Quoi qu'il en soit, cela ne semblait pas plaire à Keilan, et Asham avait de plus en plus envie de mettre une tannée à l'importun alors que l'échange verbal continuait. Indécis, il finit par tiquer sur un mot.

- Moi, je viens d’achever mon apprentissage. Je ne suis plus un élève mais un mercenaire accompli. Alors ne me menace pas, Kei-Kei. Face à moi, t’as pas la moindre chance.

Mercenaire.

Mercenaire ?

Mercenaire.

Pas ceux qui accompagnaient les caravanes, non. Il en était sûr.

Mercenaire du Chaos ?

Pour avoir couru les rues les plus mal famées d'Al-Far, il en avait entendu de belles. Assez, au moins, pour en déduire que Keilan en était probablement un aussi – ou encore en apprentissage, comme semblait le suggérer la conversation.

Lui aussi allait rentrer en apprentissage... Un autre genre d'apprentissage. Opposé.

Après s'être crispées, ses épaules se détendirent peu à peu. Il n'écouta même pas la dernière tirade de Cloporte – à défaut, il n'avait pas trouvé de meilleur surnom pour le moment.

Oui, mercenaire, cela faisait sens au final. Ses yeux lumineux sous la lune cherchèrent instinctivement ceux de Keilan – qui semblait trop occupé cependant à détruire la végétation alentour. Et à désespérer ? Difficile à dire.

Il finit par les croiser. Sentit qu'il allait lui échapper.

Asham oscillait entre plusieurs sentiments. Celui de l'empêcher de s'enfuir, parce qu'il ne se fiait qu'à ce qu'il avait vu de Keilan et qu'il n'avait que faire de l'avis d'un mec totalement inconnu.

Celui de partir aussi, parce qu'il ne voulait pas s'attacher, et qu'il avait le sentiment de s'être bien trop rapproché de Taciturne, de son côté du moins ; et celui de s'assurer, après toutes les rumeurs qu'il avait pu entendre, que Keilan n'était pas du genre à tuer deux jeunes filles aux cheveux de sable. Les deux sœurs d'un futur apprenti.

- Eh, Taciturne.

Le surnom avait filé à haute voix, cette fois. Tant pis, fallait bien que cela arrive. Ses yeux verts brillaient, insondables, et sa voix, bien que légère, était lourde de sens.

Asham s'attachait trop facilement, et détestait cela. Il avait une carte en main, à voir ce qu'elle donnerait. Il ignorait s'il espérait ou craignait qu'elle brise la relation qu'il avait avec Keilan.

- Tu penses quoi des marchombres ?

Il y avait ceux qui avaient du tact, et il y avait Asham...


[pareil de mon côté  Razz ]
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MessageSujet: Re: Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre]   Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre] Icon_minitimeDim 15 Sep 2019, 20:50

- Hé, Taciturne.

Je plisse les yeux. Taciturne ? C’est ainsi qu’il me voit ? … c’est plutôt vrai, en soi. En fait, je ne crois pas que ce sobriquet me gêne. Je n’en fais pas cas. Après tout, Tsukia me surnomme « Hérisson » - et je préfère nettement quand elle le fait que quand c’est Teig qui s’y colle. Chez elle c’est indéniablement affectueux même si je ne comprends pas bien le sens de cette affection.

Et chez Asham ?

Difficile à dire. D’autant qu’il enchaîne déjà… et que sa question à de quoi retenir l’attention. Ah. Les marchombres, hein… Cette interrogation n’est pas le fruit du hasard. Il me suffit de remettre bout à bout les paroles de Teig et l’attitude de cet étrange voyageur paumé pour comprendre.

Marchombre.

J’ai beau être perpétuellement en décalage avec ce monde et les gens qui peuplent ce monde, je réalise, instinctivement, que de ma réponse dépendra la suite. Parce que cette question est teintée d’absolu et parce qu’il est impossible de s’y dérober. Et… c’est étrange. C’est étrange parce que j’ai l’habitude de me poser des questions, pas de répondre à celles des autres. Etrange, parce que je suis un apprenti mercenaire et lui, sans doute un apprenti marchombre. Etrange quand il semble intéressé par mon point de vue, alors que je le pensais prêt à décamper après mon altercation avec ce connard de Teig.

Etrange.

Mon poing serre toujours mon glaive. Oui, ce serait une forme de réponse, aussi brève et définitive que possible, mais rien que d’oser songer à cette possibilité, je sens mon estomac se contracter. Mes doigts s’ouvrent, laissent échapper ma lame qui tombe dans l’herbe.

- Rien, je réponds alors, choisissant pour une fois de me fier à mes tripes plutôt qu’à mes méninges.

Comme c’est inné chez moi, j’ai déjà calculé au moins une demi-douzaine d’éventualités dépendant d’une dizaine de réponses de ma part. Trop de possibilités. Trop de chemins qui s’entremêlent alors que ce garçon se tient juste en face de moi. La réponse est dans la simplicité.

- Et toi ?

C’est bien beau de me poser la question, mais je demande à voir : toi, Asham, te considères-tu comme mon ennemi, désormais ?


[Bon ben c'est court, mais il fallait un poil plus que du dialogue quand même ^^]
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Asham Yakun
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MessageSujet: Re: Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre]   Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre] Icon_minitimeLun 16 Sep 2019, 18:53

Aham attendait – patiemment. Ses yeux brillant regardant Keilan. Finalement, peut-être que Taciturne n'était pas le meilleur surnom. Au premier abord, oui, mais ensuite... Il semblait fuyant et sur le point de décamper. Il faudrait qu'il trouve un meilleur patronyme. Mais plus tard.

Il cilla quand l'arme de son compagnon tomba dans l'herbe. Bon. Cela signifiait sans doute qu'il n'allait pas mourir, songea-t-il avec ironie. Risquer de se dévoiler apprenti marchombre devant un apprenti mercenaire du chaos... Une jolie bourde en y repensant, mais typiquement lui.

- Rien.

Un sourire ravi se dessina sur les lèvres d'Asham. Tant mieux. Il aurait été dommage de briser le lien qu'il avait avec Keilan, quel qu'il soit.

- Et toi ?

- Moi ?...

Sourire qui s'accentue, joueur. Asham croisa les bras derrière sa tête, nonchalant, regarda en direction du ciel. Ce qu'il pensait des marchombres ? Pas grand-chose non plus. Tout comme ce qu'il pensait des mercenaires. Il n'aimait pas le gars qui s'en était pris à Taciturne, mais Taciturne lui-même était sympa. Il ne pouvait faire de généralisation sur l'un ou l'autre. Quant aux marchombres, eh bien, il lui semblait n'en avoir croisé qu'un, et il ne l'avait écouté qu'à moitié…

S'il avait accepté sa proposition, ce n'était pas pour l'harmonie, la lumière ou d'autres bêtises auxquelles il n'entendait rien ; c'était pour un objectif radicalement plus terre-à-terre.

- J'en pense rien non plus. J'ai même pas commencé. Je pense rien non plus des mercenaires. Pour en penser quelque chose, peut-être qu'il faudrait connaître tout le monde, tu crois pas ?

Haussement d'épaules.

- Ce serait long et ennuyeux. J'aurais plus le temps de faire des siestes. Autant ne pas avoir d'avis.

Clin d’œil, puis il s'approcha des braises éteintes, tenta de rallumer le foyer pour égayer un peu la nuit lourde. Sans regarder Keilan, il enchaîna.

- Alors ? On continue de se reposer ici, ou tu préfères qu'on se sépare ?

Lui-même n'aurait pas dit non à rester encore un peu en sa compagnie, mais après l'altercation, il pouvait comprendre que Keilan choisisse d'être seul ; bien que d'après lui, il devrait se reposer encore, rien que pour son bras.
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MessageSujet: Re: Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre]   Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre] Icon_minitimeLun 16 Sep 2019, 19:48

Je l’avais pas calculé, son sourire. Mais alors pas du tout. Et je suis tellement pris de court que je ne prête pas une attention immédiate à ses paroles. Je souris rarement ; en fait, il a fallu que j’apprenne à le faire, plutôt par mimétisme d’ailleurs – ce n’est pas naturel chez moi. Or, pendant quelques secondes, l’atmosphère est devenue pesante, alourdie par l’intervention de Teig puis à cause d’une simple question.

Et Asham a souri.

Du coup je suis confus, quand il se passe quelque chose d’aussi imprévisible, quelque chose que je ne maîtrise pas, et, sans basculer dans un état de crise de panique, je réagis de façon plus ou moins aléatoire : comme je ne peux pas tordre mes mains l’une contre l’autre, je m’accroupis, attrape mes cheveux dans ma main valide et serre.

La douleur m’aide à retrouver mes repères… la voix d’Asham aussi. Je saisis quelques mots au vol, comprend qu’il est question de deux possibilités posées dans la balance : d’un côté la monstrueuse entreprise de connaître les gens dans leur multitude, de l’autre, des siestes qu’il est impossible de sacrifier. C’est une drôle de logique.

- Alors ? On continue de se reposer ici, ou tu préfères qu’on se sépare ?

Toujours accroupi, je le regarde tandis qu’il me tourne le dos pour raviver le feu. S’il me propose de rester, c’est qu’il ne s’oppose pas à ma présence… et moi ? Je cligne des yeux, desserre la pression de mes doigts sur mes cheveux. Moi, je n’avais encore jamais croisé quelqu’un qui ressemble à ce garçon. Moins sage que Darwen, mais bien plus que Tsukia. Est-ce que je devrais lui parler de ces deux marchombres que je connais déjà ?

Je ramasse mon glaive, me redresse et me rapproche du campement à pas lents. Le feu ne repart pas en dépit de ses efforts. Je me penche, rajoute du petit bois sec et debout près de lui, je contemple les flammes qui renaissent tranquillement.

- Je ne vais plus trouver le sommeil maintenant.

Les paroles de Teig tournent en boucle dans ma tête. Je sais qu’il m’attend au Domaine. Je ne suis pas pressé de rentrer, désormais. Alors, j’attrape la couverture d’Asham qui est restée en boule sur le sol, et la lui tend. Osant enfin croiser ses yeux verts.

- De la bonne laine. Si tu veux dormir, je suis là.

Le doute m’assaille un instant, aussi vif qu’un coup de poignard : et s’il revient sur son choix ? S’il refuse finalement de m’accorder sa confiance ? Après ce qu’à pu dire Teig à mon sujet, ce serait presque normal…

- Lwin est un ami, je lâche en baissant les yeux, gêné.

Je m’assois et porte la main à mon épaule. Avec toute cette tension, elle me fait un mal de chien. Même si je le souhaitais, il ne serait pas sage de reprendre la route dans cet état. Je ne vais pas dormir, mais cesser de m’agiter et tenter de me détendre, ce sera déjà ça.
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Asham Yakun
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MessageSujet: Re: Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre]   Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre] Icon_minitimeMar 17 Sep 2019, 14:56

Surprise.

Par la réaction de Keilan à un simple sourire.

Asham ne s'attarda pas, ne questionna pas, ne s'approcha pas. Il se contenta d'attendre, bataillant avec le foyer récalcitrant. Fichu crétin qui l'avait éteint. Mais crétin dont il ferait mieux de se méfier, lui soufflait son instinct. Il n'avait pas l'air d'apprécier Keilan, et maintenant qu'il avait été aperçu en sa compagnie, il pourrait finir sur le tableau de chasse d'un mercenaire pris par l'ennui.

Quelques secondes accordées à cette réflexion, puis il la mit de côté. Ce n'était pas pour tout de suite ; ce n'était qu'une éventualité, un possible. Gwendalavir pouvait être à la fois grand et minuscule quand on se trompait de chemin – preuve en était que futur apprenti, il était tombé sur un futur mercenaire.

Un futur mercenaire mal en point et particulièrement spécial, ce qui ne le rendait que plus intéressant, mais quand même.

Un futur mercenaire qui vint l'aider à raviver les flammes. Asham lâcha un léger soupir devant sa propre incompétence. Il s'était toujours arrangé pour se dérober aux tâches comme celles-ci, lors des convois de caravanes... et le regrettait un peu, maintenant.

- Je ne vais plus trouver le sommeil maintenant.

Asham le regarda. C'était compréhensible, en quelque sorte. Lui-même ne savait pas ce que ressentait Taciturne, mais il se souvenait du souffle trop lourd pour être celui d'une endormie de sa mère, quand Ismael était parti. Quand Anani était parti.

Les gens partaient, il en était ainsi. D'une façon ou d'une autre, définitive, brutale ou avec promesse de se retrouver.

Asham tendit le bras pour récupérer la couverture, un peu hésitant. Il ne se voyait pas aller dormir, là, maintenant. Pas après la scène, et pas par pitié, mais plus par compassion. Ne pas laisser seul dans le silence quelqu'un qui pourtant semblait l'apprécier.

Il y a silence et silence. Celui des mots et celui de l'absence. Quand il cessait de courir, Asham sentait le silence qu'avait laissé Anani.

- J'sais pas trop si je vais dormir, je t'avoue...

Mais il est coupé.

- Lwin est un ami.

Misère. Que devait-il répondre à cela ? Qu'il s'en fichait, que ce soit un ami, un amant ou quoi que ce soit d'autres ? Que de toute façon, les paroles de l'autre imbécile ne le touchaient pas, ne l’intéressaient pas ? Il avait compris que Keilan était à prendre avec délicatesse pour ne pas le brusquer ; mais la délicatesse et Asham n'ont jamais fait bon ménage.

Enfin.

Il doit quand même essayer.

- Tu sais, je m'en fiche de qui c'est, Lwin, et de votre relation. C'est mes affaires que si tu veux que ce soit le cas. Si tu me dis que c'est un ami, je te crois. C'est pas comme si ce que l'autre crétin disait avait une importance pour moi.

Il espérait être clair, que la réplique soit correctement interprétée. Un air léger et un brin taquin sur le visage, il tendit sa couverture à Keilan.

- J'ai pas envie de dormir. Toi par contre, tu dois reposer ton épaule. Alors repose-la, non ?

Hésitation.

- Tu sais, j'ai grandi dans une petite ferme... On avait souvent des courbatures, surtout l'hiver. Si à un moment tu veux que j'essaie de soulager ton épaule, dis-moi. Sinon, c'est pas grave.

Il ne connaissait pas l'art du massage, il savait juste atténuer un peu la douleur du bout des doigts et détendre un peu les muscles. Mais ça pouvait être ça de pris – si Keilan le voulait.


Dernière édition par Asham Yakun le Mer 18 Sep 2019, 22:02, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre]   Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre] Icon_minitimeMar 17 Sep 2019, 21:12

- Je veux que...

(Je ferme les yeux, cherche mes mots, les bons mots, pas ceux qui blessent ou qui surprennent. Ceux qui expliquent.)

- Je veux que tu n'aies pas peur de moi. Je suis différent. Dans ma tête. Dans le choix que j'ai fait, aussi. Le Chaos. C'est... j'y trouve des réponses à mes questions.

(Yeux qui se rouvrent, flamboient dans le reflet des flammes.)

- J'aime Lwin, mais pas comme j'ai aimé Darwen. J'ai du mal à... aimer.

(Souffle qui s'emballe. Oh oh. Ne pas paniquer. Surtout, ne pas se mettre à paniquer...)

- Je ne sais pas pourquoi Teig a dit ça, mais moi je ne te ferai jamais de mal. Ou autre chose. Je ne suis pas comme ça. Des fois les gens ont peur, ou bien ils m'attaquent et moi, je me défends. J'ai tué pour sauvé ma vie, c'est tout. J'apprends à tuer pour vivre. Je ne te ferai pas de mal.

(Du calme, Kei. Du calme. Il te propose juste de t'aider.)

- Est-ce que... tu peux d'abord me décrire ce que tu veux faire ? Pour mon épaule ?
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MessageSujet: Re: Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre]   Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre] Icon_minitimeMar 17 Sep 2019, 22:00

Il avait de beaux yeux Keilan, ça, Asham pouvait l'assurer. Il aimait bien leur clarté qui contrastait avec son attitude générale.

Assis et patient, il le laissait parler.

- J'ai pas peur de toi, tu sais. Ni de l'autre face de poisson. J'sais que t'es pas pareil mais c'est pas grave, et tes choix, je te connais pas assez pour les critiquer.


Est-ce que Anani aussi cherchait des réponses ?

- J'aime Lwin, mais pas comme j'ai aimé Darwen. J'ai du mal à... aimer.

Du mal à aimer. C'était un peu étrange pour Asham, qui s'attachait facilement, qui adorait ses sœurs et sa mère, qui regrettait son père... Difficile de comprendre, plus simple d'accepter. Il retint néanmoins le nom de Darwen.

Il se demandait. Pourquoi Keilan voulait tant l'assurer qu'il ne lui ferait pas de mal ? Avait-il laissé comprendre qu'il le craignait ?

Ce garçon était une énigme.

- Je sais.

Il était tranquille. Il ne voyait rien à ajouter. Il se permis un sourire, plus doux que ceux, éclatants et riants, dont il avait l'habitude.

- Alors, ton épaule... Comment expliquer... Je pensais la masser, surtout. Pour détendre un peu les muscles, tu dois avoir bien tiré dessus. Réchauffer les muscles ferait du bien je pense... C'est ce que mon père disait.

Il leva les mains, mima les gestes.

- Du bas de l'épaule jusqu'en haut de la nuque je pense, un peu sur l'omoplate et vers la clavicule. Je peux faire par-dessus tes vêtements si tu préfères. C'est juste pour soulager un peu. Te faudrait un Rêveur ou du repos mais bon..


[J'ai vu ta réponse alors que j'étais sur mon portable et sans l'ordinateur m.. et j'ai pas pu m'empêcher de répondre aussitôt Very Happy c'est peut-être un peu décousu du coup (ça se voit que j'ai moi-même des problèmes à l'épaule ? Razz)]
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MessageSujet: Re: Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre]   Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre] Icon_minitimeMer 18 Sep 2019, 16:28

Comme en début de soirée, la tranquillité d’Asham me gagne ; je l’écoute parler alors que mon souffle se ralentit. Je sens mes pulsations cardiaques s’apaiser elles aussi. Mon mal de crâne, né de la tempête causée par Teig, disparait petit à petit. Si je n’avais été aussi cartésien, j’aurais pu croire à une sorte de don à l’aune de celui des Dessinateurs.

A sa manière, Asham me rappelle Kaünis.

Difficile de faire plus disparate que ces deux-là… sauf dans leur façon d’être avec moi. Naturelle, sans accroc inutile et surtout, honnête. Avec Darwen, ils sont seulement trois à me comprendre sans mal, ou en tout cas, à m’accepter tel que je suis. Tsukia aussi, mais elle me fait un peu peur, parfois. Ou plutôt, elle est étourdissante. Je ne sais jamais trop quoi penser d’elle, ni comment réagir à ses bêtises…

Il y a toutefois, dans les rares silences d’Asham, une fêlure que mon attention un peu particulière, mais néanmoins très aiguisée, perçoit ; un genre de fausse note, une aspérité qui retient mon attention et m’intrigue ; cet homme dissimule quelque chose, un détail teinté d’absolu qui est sans doute à l’origine de cette détermination qui l’anime, et aussi de cette fêlure.

Un autre que moi saurait peut-être aborder le sujet. Je me contente de garder cette observation dans un coin de ma mémoire. Il est plus à l’aise pour parler, s’il veut confier son trouble, il le fera. En revanche, on dirait qu’il a compris le mien. Son « je sais », sans enrobage ni superflu, calme mes craintes et ouvre enfin ma cage thoracique, débloquant ma respiration.

Je souffle doucement. Dans mon soulagement, mon bras blessé devient plus douloureux que jamais. Asham m’explique alors ce qu’il a en tête. Le mot massage me tire une grimace, son mime me fait réfléchir. Il me laisse le choix.

Comme avec Kaünis.

Je bascule la tête en arrière, observe les étoiles qui brillent, proches et lointaines à la fois, complices de ma réflexion solitaire. Je n’ai pas envie de mal réagir, de faire une crise comme celle qui m’a secoué quand mon maître a posé ses mains dans mon dos ; mais le laps de temps était alors trop court entre son annonce et son geste, tandis que là, j’ai tout le loisir de dire « oui », ou « non ». De peser le pour et le contre. D’étudier la question à mon habitude, en me perdant en calculs d’éventualités.

Pas possible de trouver un Rêveur puisque cela implique un nouveau voyage que je ne me sens pas de faire maintenant. Quant au repos, même si je n’ai pas recouvré toutes mes forces, ce n’est pas envisageable non plus ; une fois n’est pas coutume, cette nuit je suis plus enclin à la discussion qu’à une sieste réparatrice !

C’est cette évidence qui force ma décision, je crois. Je dois admettre qu’Asham rend cette soirée très différente de toutes celles que j’ai pu connaître, involontairement de surcroit. Je suis curieux. Ces mains maladroites quand il s’agit de cuisiner ou d’allumer un feu sont-elles réellement délicates ? Va-t-il me soulager le bras ou bien me déboîter l’épaule ? La prise de risque est là et pour moi elle est énorme.

Insurmontable ?

Eh bien…

- D’accord.

Affirmation claire, quoique ma voix est plutôt un murmure qui résonne doucement dans le silence entrecoupé des craquements du bois dévoré par les flammes. Mais plus évidente encore, mon attitude : je pivote vers lui et défait mon écharpe. Les deux, en fait : celle qui entoure mon cou depuis toujours, dans laquelle je me cache souvent, et celle qui soutient mon bras contre mon ventre.

Privé de son support, mon membre raide m’arrache un gémissement étouffé. Je comprends que je vais devoir consulter un autre guérisseur rapidement si je veux pouvoir me rétablir avant de retrouver Kaünis. Et si je…

Pensées en suspens.

Souffle qui se fige un instant.

Asham est juste à côté de moi. Je sens mes pupilles qui se dilatent et mon corps qui se tend instinctivement, mais aucun signe avant-coureur d’une crise de panique. Je suis simplement dans l’attente d’une chose incroyable : le contact physique d’un garçon que je ne connais pas depuis plus de cinq heures.

Je suis en train de battre un record personnel.


*~*~*~*


- Tu faisais quoi avant ?

« Avant » de décider de suivre les Marchombres, je veux dire. J’ai pas demandé comment c’est d’en suivre un, même si ça m’intéresse, parce que je devine le secret de la chose dans cette même volonté de rester discret qui m’anime. Installé confortablement contre la selle de Thunder, mon bras emmitouflé dans la couverture d’Asham, je suis dans un état second, pas tout à fait endormi, pas tout à fait réveillé.

Je n’ai plus mal du tout.

La douleur reviendra avec le matin, je le sais, mais pour l’instant, mon épaule sommeille tranquillement, délassée par le savoir-faire de mon compagnon. Il n’a pas seulement traité mon articulation douloureuse ; gagné par la chaleur de ses mains et la délicatesse de ses gestes, je l’ai laissé dénouer les tensions des muscles de mon dos, causés par une anxiété naturelle et surtout par une mauvaise posture en selle, avec mon bras en écharpe.

J’ai été… secoué par cet instant hors du temps. Un bref instant, je me suis senti très loin de mon corps, comme si je m’étais assoupi les yeux grand ouvert ; d’ailleurs, ils se sont brouillés, mais je n’ai pas pleuré. L’émotion qui m’a serré la gorge m’est inconnue. Je n’ai pas su l’exprimer, alors, je l’ai gardée pour moi. D’une certaine façon toutefois, je me sens redevable envers Asham.

Voilà pourquoi je lui ai posé cette question. Libre à lui de me répondre mais, à présent que je commence un peu à le connaître, je sais qu’il va faire ça avec entrain. Je me cale mieux, pose les yeux sur ses mains – elles me fascinent un peu depuis qu’il s’en est servi pour son massage – et me préparer à écouter.


[A peine Razz - et du coup je suis partie du principe qu'Asham est passé à l'action. Tu me dis si quelque chose t'ennuie, surtout Wink]
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MessageSujet: Re: Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre]   Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre] Icon_minitimeMer 18 Sep 2019, 21:59

Il observa Keilan, calme, sans rien attendre, même pas une réponse. S'il ne réagissait pas à sa proposition, il prendrait cela comme un « non » et enchaînerait sur autre chose – après tout, il était bien le genre de personne dont l'on pouvait penser qu'elle pouvait oublier dans la minute un propos et passer à autre chose sans transition. Excepté qu'Asham, malgré ce qu'il aimait faire croire, savait retenir.

Peut-être était-ce pour cela que Keilan ne s'était pas encore enfui – car il avait su retenir comment se comporter avec lui.

Un sourire mutin finit par glisser sur ses lèvres.

- D’accord.

Simple mot, mot clair. Éloquent, ce qui changeait de Taciturne, mais lui ressemblait. Bref, parce qu'il n'y avait peut-être rien d'autre à ajouter. Souffle, comme un funambule sur sa corde.

Son attitude était plus explicite, tournée vers lui.

Patient, Asham attendit que son compagnon se défasse de ses liens de tissus, puis s'approcha de lui, le plus doucement possible, comme s'il essayait d'amadouer un animal sauvage et peureux. Pas sûr que la comparaison plaise à son compagnon, mais tant pis, il la gardait pour lui.

Il frotta ses mains pour les réchauffer et délier ses doigts puis, légères, elles se posèrent sur son épaule. Masser des gens, il avait fait ça régulièrement, pour sa mère, pour des convoyeurs éreintés... Ses yeux étincelant ne reflétaient en général que gentillesse. Mêlée à son côté plus sociable, elle avait fait jusqu'ici des merveilles – excepté quand le côté moqueur pointait le bout de son nez.

Omoplate, nuque, jusqu'à l'os proéminent à sa base, clavicule, le haut de l'épaule, en évitant de toucher son bras. Il prêta attention à la tension inhabituelle qui tendait le corps de Keilan et fit de son mieux pour que ses gestes soient le plus rassurant possible – exercice auquel il n'était guère habitué avec des adultes.

Il trouva quelques muscles noués d'avoir à porter ce bras cassé, qu'il s'efforça de détendre, il massa en gestes réguliers pour réchauffer le tout, s'attarda un peu sur le dos, toujours attentif à Keilan.

Asham était un fainéant de compétition.

Malgré cela, il apprécia accorder ce soin en étant à l'écoute.

* * *

- Tu faisais quoi avant ?

Avant…

Avant, c'était grand. Il y avait beaucoup de choses à raconter s'il le désirait, et beaucoup à terre. Il y avait Ismael et la ferme, mais aussi Salah et ses sœurs en ville, et à côté Anani devenu incompréhensible ; il y avait, plus intime, l'abandon de ses rêves pour garantir ceux de sa famille en devenant marchombre.

Peut-être qu'il y trouverait l'harmonie, oui, mais ce n'était pas elle qu'il chassait – pas pour le moment.

- Avant... Tu aimes m'entendre parler si tu poses cette question !

Il avait un ton léger, le feu dansant sur les verres de ses lunettes.

- Je vais te faire la version longue alors ! Tu n'auras plus d'oreilles mais ce sera pas ma faute.

Avant. Il y avait plusieurs avant. La ferme, et la ville. La joie, et la vie dure.

- Je suis né dans les Plaines de Shaal, avec un frère jumeau. J'ai eu deux sœurs, après, et mon père est mort de maladie. On avait quelques cultures, un élevage. On est parti pour Al-Far.

Il tut la mise au monde d'Haya de ses mains. Les yeux à jamais aveugles de son père. Les ricochets sur l'étang, et la tombe près d'un rougeoyeur. Le bonheur qui existait encore, simple et calme, la routine douce.

- À Al-Far, j'ai fait quelques boulots pour aider ma mère. J'avais un apprentissage auprès d'un forgeron, j'ai accompagné des caravanes comme aide. Me suis battu avec des gens, souvent.

Sourire énigmatique. Finalement, il taisait beaucoup. Il aurait pu transcrire son histoire sur plusieurs pages, mais une pudeur propre à lui le retenait.

- Pauvre avec une ferme, c'est pas comme pauvre à Al-Far. J'ai fini par comprendre qu'on s'en sortirait pas comme ça, et quand le marchombre, là, m'a approché, ben j'ai accepté.

Sourire plus moqueur.

- Me fiche de l'harmonie. Et des marchombres. Et des mercenaires. Je veux savoir me battre pour donner de l'argent à ma mère. C'est bête et pas très glorieux, hein ?

Il posa les mains derrière lui, se renversa légèrement en arrière pour regarder les étoiles. Elles étaient belles. Anani les regardaient-elles, lui aussi ?

- Et pour retrouver mon jumeau, aussi.

Fêlure. Légère. L'incompréhension qui reste, la colère.

- Il est parti il y a longtemps... Je veux comprends pourquoi. On a jamais été très pareils, tous les deux, mais le jour de son départ, je n'ai plus réussi à le comprendre.

Depuis le temps, beaucoup auraient dit qu'Anani avait sans doute trouvé la mort – parti jeune, semblerait-il, d'Al-Far pour une destination inconnue, cela n'était que très probable. Mais c'était une possibilité qu'Asham n'envisageait pas. A ses yeux, son frère ne pouvait être qu'en vie.

- Il s'appelle Anani.

S'il le lui disait alors qu'il avait tu la plupart des autres noms, c'était aussi pour ça, pour cette infime probabilité qu'un jour, quelqu'un entende parler d'Anani Yakun et vienne lui en faire part.

Il acheva sur un sourire plus joyeux.

- Et toi ? Je parle beaucoup, as-tu des choses à taire ?


[c'est parfait hehe]
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Bonjour, vous connaissez l'Académie ? Je crois que je suis perdu [Libre]
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