We drink your blood and we open your veins [ Libre ]

Kaünis se pencha légèrement en avant pour s’observer dans le miroir. Une grimace assez éloquente passa sur son visage, et elle grogna de dépit.
- Quoi, ça ne te plait pas ?
Un nouveau grognement franchit les lèvres de l’Envoleuse, se dissipant dans un soupir, alors qu’elle croisait le regard admiratif de Niya. Serrant les dents, elle se tourna de nouveau vers le miroir, prenant un peu plus de temps pour se détailler.

Niya lui avait fait troquer son corset ouvert sur son tatouage pour un haut en tissu fin, d’un jaune moutarde, dos nu, un peu découpé en triangle sur le haut de sa poitrine, dévoilant juste le haut de son tatouage, et qui finissait juste au dessus de son nombril. Elle n’aurait jamais cru le dire, mais ce jaune un peu foncé lui allait plutôt bien au teint. C’était assez étrange de ne plus avoir de cuir sur la peau et la sensation de ce tissus fin était étrange à adopter.
Ça, encore, ça pouvait aller.
Sa payeuse - et habilleuse - avait par contre cassé complètement les codes de Kaünis, pour lui refiler une jupe extra-courte en cuir marron havane avec deux micro-poches sur l’avant de ses cuisses. Le bord inférieur de la jupe s’arrêtait à peine deux centimètres sous le pli de ses fesses, mais le cuir était très souple et confortable - il fallait juste qu’elle porte une culotte en dessous quoi.
Et pour compléter la tenue, elle avait dû enfiler des cuissardes qui s’arrêtaient juste au dessus de ses genoux, lacés par l’arrière sur son mollet, de la même teinte que sa jupe, avec des petits talons de cinq centimètres suffisamment larges pour être confortables et qui donnait une autre dimension à la courbe de ses hanches.
- Ben… Kaünis poussa un soupir, se grattant le côté de la nuque en cherchant ses mots. C’est que c’est pas ce dont j’ai l’habitude.
Niya fit claquer sa langue de contrariété.
- C’est sûr que tu ne portes pas de talons d’habitude. Ils sont assez confortables ?
- Mmm.
- Bon ! Ton cul est déjà extraordinaire, mais là, c’est de la bombe intersidérale. Tu vas faire un malheur !
- Faut vraiment que je porte ce truc ?
Kaünis se fit foudroyer du regard par la femme en face d’elle, et poussa un nouveau soupir.
- Tu as besoin de te fondre dans la masse, et même si ta canonitude te démarque de toutes façons - et ton attitude aussi, quand tu ne fais pas attention - des vêtements accordés, c’est un bon début.
L’Envoleuse grogna une nouvelle fois, pas certaine d’avoir quelque chose à répondre à ça. A part qu’elle avait peur d’aimer ce style.



Ah ben c’était clair que personne ne la reconnaîtrait, en tout cas personne qui n’était pas proche d’elle.
Les cheveux relevés en un chignon coiffé-décoiffé qui lui donnait l’air sophistiquée - * beurk * - avec un rouge à lèvre aussi rouge et brillant que du sang frais, les yeux maquillés, et deux boucles d’oreilles pendantes et délicates ornant ses oreilles, Kaünis était méconnaissable.
C’était le but, d’ailleurs. Se retrouver à nouveau dans une soirée de nobles de la cour d’Al-Jeit n’était pas l’idée la plus brillante du monde, surtout après tout ce qui avait pu se passer entre elle, Syles, Krämur, son père… Enfin, toute la troupe quoi !

L’Envoleuse poussa un petit soupir, un peu nerveuse malgré tout.
Sa mission, qui valait clairement son pesant d’or - et encore heureux, sinon elle n’aurait pas accepté d’être accoutrée de la sorte ! Ça lui rappelait un bal macabre… - était de séduire un noble prétendant à la cour, un truc du genre. Un peu plus vieux qu’elle, il manigançait quelque chose contre la rébellion et avait des informations, notamment un infiltrateur, quelque part dans ceux qui voulaient se dresser contre l’Empereur.
Okay, Kaünis faisait partie de ceux-là, mais enfin, elle ne voulait plus du trône depuis très longtemps. Régner n'était plus son dada, non merci. Trop de contraintes, trop de responsabilités, elle voulait juste rester libre comme l’air et faire ce qui lui plaisait. Ce dont elle avait envie.

Bon, là, tout de suite, elle n’avait pas vraiment envie d’être là, juste du fric, alors elle se contraignait un peu. Et puis, elle voulait retrouver Syles. Et avoir des nouvelles de Gil ; ça faisait trop longtemps qu’elle n’avait plus de nouvelles.

Quand elle entra dans la pièce où un groupe jouait de la musique d’ambiance, tout un groupe de regard se tourna vers elle. Elle sentit un raidissement s’emparer de sa nuque, et se força à respirer ; personne ne pouvait la reconnaître.
Elle se contenta d’adresser un petit sourire forcé - et mesquin - au groupe qui s’était retourné vers elle, et ils s’empressèrent de retourner à leur conversation.

Bon. Elle devait être méthodique pour trouver sa cible.
Elle cherchait un homme d’environs trente-cinq ans, les cheveux blonds, les yeux verts, avec un petit nez pointu et une arrogance qu’il portait comme une cape, répondant au nom de Saphir. Non mais quelle idée, ses parents avaient pensé à quoi en l’appelant comme ça, sérieusement ? Pas étonnant qu’il soit devenu pédant - ou peut-être était-il né comme ça !

Faisant une moue pour elle-même, Kaünis s’approcha de la table des amuse-bouche pour attraper de quoi s’occuper les mains : quelques petits fours au saumon et un verre de vin de noix. Elle devait faire attention avec son rouge à lèvres, elle allait en mettre partout et le perdre rapidement si elle mangeait comme à son habitude, alors elle becqueta doucement ses amuse-gueules et commença ses recherches avec plus d’aisance : personne ne la reconnaissait.
Personne ne peut me reconnaitre

Sa confiance naturelle revint au galop, et elle commença à louvoyer entre les invités, jetant des coups d’oeil un peu partout pour trouver quelqu’un qui ressemblait à ce fameux Saphir. Elle dénombra trois personnes correspondant à la description, et s’approcha de son premier groupe.
Une femme aux longs cheveux blonds tombant dans ses reins portait une somptueuse robe d’un vert chatoyant qui faisait ressortir les accents oranges de son regard. Elle parlait avec conviction à un homme un peu mal rasé, qui lui arborait un costume rouge et gris qui mettait sa silhouette athlétique en valeur. Il secouait la tête à intervalles réguliers, tandis que le dernier homme se contentait d’avoir une mine un peu mesquine sur le visage et un sourire condescendant sur les lèvres. Il portait un ensemble d’un bleu saphir rehaussé de fils d’or, avec une pochette sur l’avant de son torse, au niveau de son pectoral gauche, où pointait un mouchoir blanc aux fils dorés eux aussi.

Prenant une petite inspiration, Kaünis porta son verre à ses lèvres et y laissa une trace de rouge à lèvres sur le bord en buvant une petite gorgée de vin. * Mm, divin* Puis, elle s’approcha de l’homme blond et tapota sur la poche ornée du mouchoir pour attirer son attention ; ce qui fonctionna remarquablement bien car il braqua son regard vert dans le sien, un peu plus sombre, et fronça les sourcils.
- Puis-je vous aider…?
Kaünis lui adressa un sourire timide - quel coup de théâtre ! - et se pencha légèrement vers lui.
- Cette petite poche délicate… un délice pour les yeux !
Une lueur s’alluma dans le regard de l’homme, et il se tourna vers elle en prenant bien le temps de la détailler des pieds à la tête. Ce qu’il vit sembla lui plaire, car il pencha légèrement la tête sur le côté.
- Merci. Je ne vous ai encore jamais vue ici, vous êtes  ?
- Lilya. Je viens d’arriver d’Al-Poll, promise au Duc Jil’Oran. Une lueur plus sombre passa dans le regard de l’homme quand elle prononça ce nom. Vous êtes ?
Il sourit, faisant glisser ses doigts sur la peau de l’avant-bras de Kaünis qui frissonna, et pas de plaisir. * Dégoûtant, connard ! * Il sembla se méprendre sur sa réaction et s’humecta les lèvres en se penchant un peu plus vers elle - il était vraiment grand en fait !
- Je suis Zedd. J’ai quelqu’un à vous présenter, si vous voulez bien me suivre…?
Kaünis hocha la tête.
- Ouais… Euh, avec plaisir ! Elle s’efforça de sourire, et soupira de soulagement quand Zedd se détourna, ne semblant pas voir que son sourire était faux, avant de lui emboîter le pas.
Ils traversèrent la pièce, Zedd saluant plusieurs personnes au passage, les présentant rapidement à Kaünis avant de continuer sa route, pour enfin finir par poser sa main sur l’épaule droite d’un autre homme blond qui se retourna en souriant.
Son sourire s’effaça toutefois lorsqu’il vit que la main était celle de Zedd, et il le foudroya du regard avant de détailler Kaünis, son intérêt soudain ravivé.
- Saphir, je te présente Lilya, la fiancée de Jil’Oran.
La lueur d’intérêt dans le regard de Saphir prit une couleur plus sombre, et Kaünis se mordit la lèvre. Elle connaissait cette lueur sauvage et sanguinaire, et son coeur accéléra dans sa poitrine.
Pas de peur.
D’excitation anticipée.
Ça promettait d’être intéressant.
- Enchanté de faire la connaissance d’une aussi délicieuse créature ! Jil’Oran a décidément beaucoup trop de chance ces derniers temps !
- Que voulez-vous dire ?
- Oh, rien de spécial. Les luttes politiques sont féroces ici à la cour.
- Vraiment ? Je pensais que c’était l’apanage des cours de plus petite envergure.
- Détrompez-vous, Lilya. Vous semblez avoir l’esprit aussi vif que le rouge de vos lèvres, c’est un plaisir de converser avec vous. Avez-vous eu l’occasion de rencontrer votre futur époux ?
Kaünis secoua la tête, avant de se reprendre.
- Pas encore, non. Il doit m’être présenté dans deux jours pour ajuster les bagues.
Un sourire satisfait passa sur les traits de Saphir, faisant plisser les yeux à Kaünis, qui essaya de se reprendre. Elle devait mieux jouer son rôle que ça bon sang !
- A vrai dire, cette soirée a beau être importante, je commençais à m’ennuyer. Je vais aller prendre l’air quelques minutes, fit Kaünis en ventilant son visage de sa main.
Puis, elle planta Saphir là.

Elle connaissait ce genre de personnages. Là, elle avait vu la lueur du chasseur - du baiseur - dans son regard, et elle savait qu’il viendrait la chercher à l’extérieur.
Sortant dans la fraicheur de la nuit, l’Envoleuse prit une grande inspiration en se frottant les avant-bras pour se réchauffer un instant. Le désavantage du tissu de sa tenue, c’était que c’était directement visible quand elle avait frais - ou alors qu’elle était excitée, probablement, mais là ça n’était pas le cas.

S’asseyant sur un banc de pierre dans le jardin de l’immense demeure dans laquelle elle s’était tapée l’incruste, Kaünis poussa un soupir, comptant les secondes avant que Saphir ne raplique.

Soixante-douze.
Il arriva par derrière elle, repérable entre milles, mais elle eut la bonne idée de sursauter quand il posa une cape sur ses épaules.
- Il fait un peu froid pour une dame dans une telle tenue, non ?
Elle lui adressa un sourire forcé, cherchant son regard, se mordant à dessein la lèvre inférieure. Elle put voir le regard de l’homme descendre sur ses lèvres brillantes et rouges, et son regard s’assombrit comme s’il voulait faire quelque chose à sa bouche - ce qui était probablement le cas.
- Un homme comme vous n’a-t-il pas une femme, Saphir ?
Il sourit devant cette fausse piètre façon de faire diversion.
- Aucune n’a encore réussi à me voler mon coeur. Kaünis se retint de lever les yeux au ciel. Ils étaient seuls dehors, c’était le moment parfait.
- Roh, comme c’est choupinet. Le changement de ton fit froncer les sourcils à Saphir, qui se redressa un peu, plus vif qu’elle ne l’aurait pensé.
Trop lent quand même.
Saisissant un poignard caché le long de sa botte, d’un geste fluide elle se glissa dans son dos et lui plaqua sur la gorge violemment.
Ses seins s’étaient écrasés contre les homoplates de l’homme, qui haletait désormais, et pas de désir.
- Que…?
- C’est qui ta taupe, connard ?

Elle le sentit prendre une grande inspiration et le fil de son poignard ouvrit une entaille sur sa gorge qui étouffa son cri dans un couinement très amusant.
- N’y pense même pas. Parle.
Il secoua la tête, et elle soupira, prête à passer à l’étape suivante.

Se figea en entendant des pas approcher.
En un clin d’oeil, elle se retrouva sur les genoux de Saphir, une main sur sa gorge et une dans ses cheveux, les lèvres à quelques millimètres de son menton dans une scène très réaliste.
S’immobilisa ainsi avant de tourner lentement la tête comme si elle avait été prise en flagrant déli de quelque chose de beaucoup plus grave.

Retint son souffle quand elle reconnut la silhouette qui s’avançait.

[ Bon, je ne fais rien avancer, mais Kaü est partie dans son délire ! ]


Les lèvres si proches de celles de sa victime, d’un rouge brillant dans le noir et sous la lueur de la lune comme du sang frais, Kaünis eut un petit soupir de satisfaction quand elle reconnut la silhouette.
Large, pas trop grande, juste la bonne taille ; la démarche chaloupée et surlignée par un timing parfait, la forme du visage et du crâne… Même habillé d’une poubelle elle aurait pu le reconnaitre entre mille.

Syles.

Elle abandonna sa position suggestive presque immédiatement, se détachant un peu du noble qu’elle tenait entre ses griffes. Elle avait vu l’espoir dans ses prunelles vertes assombries par la nuit ; elle avait aimé qu’il lui soit arraché presque instantanément par la question de Syles… qui aurait pu la faire glousser si elle ne s’était pas retenue.

- Dommage petit chou, personne ne viendra t’aider !
Elle sentit le sang déborder de la plaie sous ses doigts quand il déglutit péniblement et le flot chaud, son odeur métallique, lui fit fermer les yeux pour résister à l’envie de se pencher sur son cou pour mordre et sentir ce sang s’échapper de l’homme pour gicler dans sa bouche… Rien que l’idée de la sensation était sublime et terriblement tentante !
Il dut le sentir ou le voir sur son visage, car un gémissement pitoyable s’échappa de ses lèvres. Kaünis remonta d’un petit mouvement du bassin sur ses cuisses pour pouvoir se pencher à son oreille dans un murmure.
- Dis-moi… Sinon je t’arrache l’oreille avec mes dents….
Saphir roula ses yeux dans ses orbites mais ne lâcha d’un petit gémissement dédaineux. L’Envoleuse se recula de trois centimètres, juste assez pour le regarder dans les yeux pendant qu’elle laissait ses propres prunelles se remplir de l’envie qu’elle avait de lui découper l’oreille, de le mordre, de la lui arracher avec les dents, et à quel point elle allait prendre son pied à le faire sans aucune hésitation.

Saphir essaya de s’agiter soudain, tentant de se tortiller pour se défaire de l’étreinte de la jeune femme, mais elle le tenait fermement.
- Marko Hul’ra. Il est infiltré en tant que serviteur !
Un sourire torve étira les lèvres de Kaünis, et l’homme se mit à déblatérer à toute vitesse des informations sur son associé, sur comment le reconnaître - un nez aquilin, un tatouage sur le haut de la cuisse gauche en forme de rose, des cheveux cuivrés… - et sa voix monta rapidement dans les aigus alors que Kaünis se rapprochait de son oreille. Quand elle souffla, amusée, dans son cartilage il émit un glapissement terrifié.
- J’ai parlé ! J’ai parlé ! Kaünis roucoula dans son oreille.
- Oh, mais j’ai pas dit ce que je ferai si tu parlais… lâcha-t-elle en plaquant sa main gauche sur la bouche de l’homme pour étouffer son cri de douleur, alors qu’elle mordait à pleines dents dans le côté de sa nuque, où palpitait son artère.

Elle prit toute sa chair dans sa bouche et commença à serrer avec une satisfaction excitante. Plus ses dents s’enfonçaient dans la peau, et qu’elle sentait ses incisives entailler les couches du derme, plus que goût de rouille du sang devenait intense, et plus elle serrait fort.
Elle finit par serrer de toutes ses forces entre ses prémolaires, et le sang gicla dans un geyser chaud dans sa bouche, lui tirant un petit gémissement d’extase. L’homme tentait de hurler dans sa paume, mais presque aucun son ne sortait de sa bouche ; et alors que ses canines se rejoignaient presque et que ses dents ne pouvaient pas être plus enfoncées dans la chair du cou de l’homme, elle tira brutalement en arrière, mâchoires serrées.

Le bout de chair resta dans sa bouche, et elle le recracha sur le côté, non sans avoir joué de sa langue dessus un instant. La pression sanguine redescendit rapidement, et l’Envoleuse du se retenir pour ne pas laper tout ce liquide chaud et vermeille qui s’échappait de ce corps, le laissant sans vie entre ses bras.

Cela n’avait pas fait de tâche sur sa tenue.
Ses lèvres étaient rouges sang.
Brillantes de vrai sang.

Elle abandonna le cadavre sur le banc sur lequel il se trouvait et se tourna vers Syles en s’ébrouant un instant.
Un sourire très satisfait d’elle-même sur le visage, elle se mordit la lèvre en plantant son regard dans le sien.

- Tu m’as manqué !

Appeler ça un baiser aurait été vraiment ne pas rendre honneur à l’échange passionné et passionnel qui se déroula entre Kaünis et Syles.
Elle pouvait sentir ses lèvres, à travers le liquide un peu visqueux écarlate, glisser sa langue dans sa bouche, explorer cette bouche justement, se donner entière à cette chaleur torride, s’offrir complètement à ses bras, à leurs doigts qui se cherchaient, à leurs mains qui se trouvaient, qui se touchaient. La texture de ses cheveux, celle de sa barbe, la sensation de ses lèvres entre ses dents… C’était comme un raz-de-marée de sensations d’une puissance inouïe, et elle s’y perdit l’espace de plusieurs minutes.

Elle se sentait chez elle, en sécurité.
Dans les bras de Syles. Contre sa bouche. Leurs corps serrés l’un contre l’autre.
Elle pouvait se repaître de son odeur, de l’odeur de sa peau, de celle de son savon qui venait s’y ajouter, et de la touche de transpiration masculine et bestiale qui était la sienne ; un cocktail à rendre accro.
Et elle l’était complètement.

- Toi aussi tu m’as manqué. A Lynx aussi, qu’il fait dire.

Une lueur étincela dans le regard de Kaünis.
Lynx ? Donc il était bien de retour ? Son estomac fit un bond de joie, ça lui enserra même la poitrine, et elle poussa un petit cri de joie en jetant ses bras autour du  cou de l’Envoleur pour déposer un autre baiser sur ses lèvres – plus chaste et plus rapide cette fois.

- Tu es chou ! dit-elle avec un large sourire moqueur sur les lèvres, alors que Syles lui demandait ce qu’elle foutait là. Elle se contenta de répondre d’un haussement d’épaules d’abord : il devait bien s’en douter, vu son timing parfait et ce qu’il venait de voir !
- J’ai le but de récupérer du fric, si tu vois ce que je veux dire. Enfin. Pour ça, je devais récupérer des renseignements de ce Saphir, là-bas. Maintenant que j’ai le nom de sa taupe, on va pouvoir aller lui faire sa fête !

Quand Syles lui répondit, un sourire torve étira les lèvres de l’Envoleuse, alors qu’elle se passait la langue sur les lèvres. Ah, plus de sang, plus de rouge à lèvres, il allait falloir qu’elle y fasse quelque chose.
- C’est un bon plan. Commençons par trouver ce bonhomme… J’ai pas forcément envie de rester aux premières loges, je veux mettre mes doigts dedans ! Tirant la langue à Syles, elle glissa ses doigts sur sa joue pour toucher sa peau – le contact l’électrisa et soudain tout son corps fut en feu...
Elle fut interrompue dans son élan.

- Euh…
Se reculant d’un centimètre pour pouvoir envoyer le regard éloquent qu’elle méritait à Elaïa. Pour le coup, la question ne la fit pas rire, contrairement à Syles, et une colère froide s’empara de ses traits.
- La réponse à ta question, jeune apprentie, est ''Oui''. Tout simplement. Elaïa rougit comme une pivoine et Syles semblait fier de lui, mais Kaünis le foudroya du regard.
- Ouais, ouais, c’est bon, je sais… « Arrête de reluquer mon mec »…
L’Envoleuse poussa un soupir en serrant les dents, mais Syles éclata de rire à nouveau, et elle lui envoya une bourrade dans l’épaule.
- Tu lui as donné des détails ou quoi ?
Ceci dit, elle retournerait bien dans ce bain…

Secouant la tête, un léger sourire sur les  lèvres, elle laissa glisser l’ongle de son index sur les lèvres de Syles avant de faire un petit pas en arrière pour échapper à ses bras avant qu’il n’essaye de l’enlacer à nouveau, et elle fit un tour sur elle-même.

- D’ailleurs, tu as pas dit si tu aimais… ? Que vont penser ces pauvres nobles fous ?