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Le Pacte VS L'Ordre
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 [-16] Just fuck it and let's go [Bastian]

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Neferi Dil'Kami
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MessageSujet: [-16] Just fuck it and let's go [Bastian]   [-16] Just fuck it and let's go [Bastian] Icon_minitimeSam 15 Aoû 2020, 23:59

Une fine pellicule de sueur, les reflets de la lune à travers les volets.

Deux corps qui se mouvent l'un contre l'autre.

L'un dans l'autre.

Soupirs alanguis.

Gémissements murmurés.

Et cela finit dans un cri qui ne fit qu'effleurer la nuit montante.


* * *

Neferi se glissa hors des draps dans un souffle indécelable, sans même frôler les rêves de celui qui dormait jusque là à ses côtés. Le draps glissa sur son passage et elle revêtit ses habits dans le silence le plus complet. Sous-vêtements, son pantalon de cuir près du corps, sa chemise, son corset de feutrine gris, et enfin sa ceinture et ses armes.

Celles-ci avaient fait ciller l'homme au premier abord, avant qu'il ne se laisse emporter par la beauté sauvage et étrange de la jeune femme ; ses yeux dépareillés, sa mèche au milieu de ses cheveux argent coupés courts, sa peau mate, les muscles roulant sous le corps solidement bâti...

Il n'avait pas été difficile à conquérir, comme bien des hommes. Il voulait juste mettre sa queue quelque part, et elle avait suffit. Comme d'habitude. Pas farouche.

Un bref instant, elle hésita à faire un pas sur le côté, mais elle n'avait pas envie de rentrer au Domaine maintenant, alors elle descendit doucement les escaliers menant à la salle de restauration de l'auberge qu'elle avait choisi pour cette nuit.

Un commis somnolait sur le comptoir, qu'elle réveilla d'un claquement de doigts devant son visage. Ravalant un grognement devant son expression sévère, et le sabre dépassant de son dos, il alla lui chercher un café et du pain perdu, dont elle se saisit pour s'asseoir dans un coin de la salle. Mangeant sans réel appétit, plus pour occuper ses doigts qu'autre chose, elle vida néanmoins son café d'un trait, régla, et s'en alla.

Le froid de la nuit l'accueillit en son sein. Avec un soupir qui esquissa un nuage de buée sous le croissant de lune montante, elle Dessina un pas sur le côté, qui l'amena dans sa chambre, au repaire des Mercenaires du Chaos.

Sobre, sans artifices ni décoration aucune, elle était un reflet de sa propriétaire, froide et inhospitalière. Dans un coin, une pile de toiles et de pigments de peinture attendaient en silence. Dans un autre, s'entassaient des tableaux peints, recouverts d'une toile grise pour les dérober aux regards indiscrets.

Se laissant tomber sur son lit, sans même daigner se glisser entre les draps, Neferi s'endormit doucement, des images dansant sous ses paupières.

* * *

Autre soirée, autre auberge, autre homme. Cette fois-ci, elle redescendit alors que la nuit commençait à peine, laissant un autre corps somnolant – ils s'endormaient tous à la fin. Commandant une boisson forte au bar, elle plongea son regard dans le liquide trouble. Une grimace tordant son visage, elle replongea dans la soirée qu'elle venait de passer.

Réglant quelques affaires à Al-Chen, elle avait décidé de séjourner à l'auberge plutôt que de rentrer au Domaine. Elle aurait pu, ne serait-ce pour le confort du connu, mais son humeur associable s'accordait mal avec les palabres incessantes de ses collègues. Et puis, elle voulait un homme, et préférait éviter de mélanger travail et sexe.

Alors, elle était rentrée dans une taverne mal famée, où elle était sûre de trouver de l'agitation à toute heure, et avait commandé de l'alcool au bar – beaucoup d'alcool. Descendant les choppes et les shots sans frémir, elle avait finit par attirer l'attention d'un mec pas trop bourré. Pas si mal à première vue, blond, yeux verts, moyennement grand – presque autant qu'elle, qui plafonnait au mètre soixante-dix.

Elle ferma les yeux.

Revint sur ce moment.

L'homme s'accoude au comptoir, lui décoche un sourire voulu séducteur. Sans pitié, elle le détaille, note les vêtements de bonne facture. Comme elle, il vient ici pour s'amuser. Cela lui convient.

Elle ne cherche rien d'autre.

- Alors, une demoiselle qui boit seule ? l'aborde-t-il.

Bref hochement de tête. Il comprend immédiatement qu'elle n'est pas du genre bavarde. Cela lui convient aussi. Ses yeux avides détaillent le corps qui se présente à lui, les lignes fines du visage, le contraste avec les muscles roulant sous la peau...

- Je peux te tenir compagnie si tu veux, continue-t-il.

Un fin sourire danse sur les lèvres de la Mentaï. S'il savait à qui il s'adressait !..

- Pourquoi pas, fait-elle néanmoins, tournant son buste vers lui.

Le rictus de l'homme s'approfondit, et elle voit le danger potentiel dans l'expression fugitive qui éclaire brièvement ses traits. Mais elle ne fait rien. Elle ne fait rien quand il pose sa main sur sa joue, sur son épaule, sur sa hanche. Elle ne fait rien quand il l'embrasse, quand il jette quelques pièces sur le bar pour l'emmener dans une chambre.

Il la déshabille avec brusquerie, tirant tant sur les vêtements qu'elle l'aide pour qu'il ne les arrache pas. Elle le laisse caresser son corps de ses mains sèches et dures, elle le laisse la pousser sur le lit, elle répond même à ses baisers.

Il malaxe ses seins sans douceur, s'empare de ses tétons qu'il mordille sans délicatesse, glisse deux doigts en elle, qu'il bouge sans lui laisser le temps de s'habituer.
« Salope », murmure-t-il en la sentant déjà mouillée.

Juché au-dessus d'elle, il ôte sa chemise, baisse son pantalon. Et sans plus attendre, il la pénètre d'un coup sec, gémit de plaisir. Saisit ses hanches durement, à y laisser ses marques de doigts, se retire pour la pénétrer plus sèchement encore. Et il continue, sans s'interroger sur son bien-être, se contentant d'être de plus en plus violent, ponctuant ses coups de rein de quelques insultes.
« Salope ». « Sale pute ». « T'aimes ça, sale chienne, hein ».

Et elle gémit, le corps traversé par la douleur et le plaisir, ne réagit pas quand d'une main il saisit ses poignets pour les clouer au lit, allant et venant de plus en plus vite, ses grognements obscènes se faisant de plus en plus fort. Sa main lâche ses poignets, descend sur sa gorge, qu'il serre, sans savoir que cette femme, là, peut le tuer d'une pensée. Il délaisse sa gorge, tire violemment sur sa mèche glissant jusqu'alors sur sa peau nue et luisante de sueur. Lui arrache un cri de douleur. Cela a son effet, puisqu'il jouit aussitôt dans un râle, la lâchant enfin avant de s'écrouler sur le lit – sur elle.

Elle se dégage, le sentant déjà somnoler, repu, et se rhabille en hâte. Son vagin et sa vulve lui font mal, ses cheveux et sa gorge aussi. Elle descend pourtant les escaliers sans mot dire, laissant le corps endormi.


Retour à la réalité. Un autre alcool se trouvait dans sa main. La nuit touchait à sa fin, mais elle n'avait pas envie de partir. Juste de boire.

Elle prit une douloureuse gorgée – ce chien avait bien serré –, reposa durement son verre sur la table. Elle savait qu'on voyait une marque rouge sur son cou, mais son regard gris et noir dissuadât quiconque de l'approcher.

Elle ferma les yeux. Une nausée s'emparait d'elle, familière, chaque fois qu'elle se laissait aller à baiser avec un inconnu. Qu'elle baisait, tout simplement – ou se faisait baiser, plutôt. Il y avait ce besoin morbide de coucher dans la douleur, dans la brutalité, avant de se noyer dans l'alcool pour oublier le dégoût.

Neferi toussa, manqua s'étouffer. Par Merwyn. Elle était incapable de faire autre-chose que s'autodétruire, moyen comme un autre d'essayer de panser les plaies du passé, les innombrables viols qu'elle a subi. Tentative désespérée de reprendre le contrôle de son corps, sans succès.

Elle se meurtrissait le corps et l'esprit dans l'espoir fou de se soigner – quoique, elle n'y croyait plus vraiment. Elle se contentait de subir les désirs incontrôlés et sporadiques de son corps, de trouver un homme, de coucher avec pour s'en aller dès le sommeil tombé sur l'autre.

Pour, une fois seule, se contempler avec écœurement.

Mais elle n'avait pas trouvé d'autre solution – alors elle faisait avec, bon gré, mal gré, cachant ses activités à ses collègues et frappant dans le mur quand le mépris envers elle-même était au plus fort. Ses phalanges éraflées en témoignaient.

Ses mains serrèrent son verre à en faire blanchir ses jointures. Combien de temps cela allait-il durer ? Cela faisait déjà quelques années... Et rien ne changeait. Ni le désir fade, ni la violence recherchée, ni le dégoût d'elle-même. Le liquide trouble de son breuvage lui renvoya une image distordue. Aussi tordue qu'elle.

Mais avant qu'elle ne plongeât plus avant dans ses pensées, une pensée l'effleura et elle leva les yeux, reconnaissant une silhouette.



[et c'est parti dans la poésie et la délicatesse Rolling Eyes ]
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Bastian Derue
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MessageSujet: Re: [-16] Just fuck it and let's go [Bastian]   [-16] Just fuck it and let's go [Bastian] Icon_minitimeDim 16 Aoû 2020, 14:25

Les gens dormaient-ils la nuit, par ici ? Il semblait parfois à Bastian qu’il y avait davantage d’animation dans le Domaine une fois le soleil couché. C’était à se demander si les dortoirs alloués aux apprentis n’étaient pas une perte de place et d’argent… ils ne seraient toutefois pas debout et alertes si leurs mentors ne l’étaient pas également, et en l’occurrence, il s’avérait que seuls les Mentaïs étaient réveillés. La généralité venait moins de l’agacement de Bastian que d’une réelle observation - même s’il était probable qu’il eût raison.

Soufflant par le nez pour se calmer, il lissa le tissu velouté de sa chemise noire, passa une main dans ses cheveux courts, et se glissa dans la salle de réunion. Trop grande pour la poignée d’hommes et de femmes présents, trop lumineuse pour cette heure de la nuit. Bastian plissa les yeux et prit place un peu à l’écart de ses pairs.

Guillemont l’assassina du regard, rien qui ne changeât de l’habitude ni qui méritât de s’inquiéter. Le temps passant, Bastian s’était rendu compte que son Don était autrement plus grand que celui de son compère, et que celui-ci ne se contentait pas de le haïr pour avoir brûlé les yeux d’un apprenti : il le craignait. Un mince sourire flotta sur les lèvres du sourd muet.

Lasmin remua les doigts, et Bastian sentit comme une pichenette sur la nuque. A en juger par le sursaut de Guillemont, ce dernier venait de subir la même mise en garde. Satisfaite, la vétérante aux cheveux d’argent hocha la tête, puis tourna son regard, comme eux tous, sur Bô qui venait d’entrer dans la pièce.

Elle ne passa pas par quatre chemins.

- J’imagine que vous tous senti la perturbation.

Elle s’exprimait à voix haute, mais prenait soin d’articuler afin que Bastian pût lire sur ses lèvres sans difficulté.

- “Perturbation” ? railla Guillemont. On est là pour s’échanger des euphémismes ?

En dépit de son animosité envers lui, Bastian ne pouvait qu’être d’accord : ce qui l’avait tiré du sommeil avait été comme un épouvantable fracas de casseroles. Il en grimaçait encore. Etranger aux sons de ce monde, il avait l’ouïe plus fine que les autres dans les Spires.

- Cette perturbation, poursuivit Bô en ignorant l’intervention du mentaï, n’est pas normale, car puissante et pour l’heure incontrôlée. Je pense toutefois qu’il s’agit de l’un des nôtres.

Bastian haussa un sourcil. Un mentaï qui s’ignorait ? C’était ce que cela produisait ? Il se demanda s’il avait fait autant de bruit lorsque son Don s’était manifesté. Le regard amusé de Lasmin, dans sa direction, lui fournit un élément de réponse.

- Il faut trouver cette personne avant que des Dessinateurs ne mettent la main sur elle.
- Vu le vacarme, c’est sans doute le cas.
- Un peu d’optimisme ne ferait pas de mal, surtout en pleine nuit, merde…
- Quand on cherche une aiguille dans une botte de foin de la taille de l’empire, difficile de faire mieux !


Chacun y allait de son avis, nul ne faisait avancer les choses. C’était toujours ainsi, de jour comme de nuit. Bastian songeait à son cachot, à la pile de dossier qui l’attendait sur son bureau…

- La trouver et la former, ou bien la tuer si d’autres ont déjà la mainmise sur elle. Nous ne pouvons pas courir le risque de voir une telle puissance en dehors de nos lignes.

La voix de Bô ramena le silence, mais pas l’attention de Bastian. Il n’avait pas envie de jouer au chat et à la souris.

- J’ai rappelé les mentaïs en mission. Elle est une et prioritaire désormais : trouvez-moi ce prodige, et vite.
- Qu’est-ce qu’on gagne si on la trouve ?
- Le droit de la former.


C’était la garantie d’une montée en grade ! Ravivé, l’intérêt des mentaïs se traduisit par une prompte efficacité à quitter la pièce pour se préparer. Seul Bastian demeura assis. Bô s’approcha de lui de cette démarche chaloupée qui n’appartenait qu’à elle, et s’assit sur la table, face à lui.

Tu n’as pas dit grand chose.
Encore un euphémisme…
Former un apprenti ne te plairait pas ?
Non. Tu sais pourquoi.
Je sais que de l’eau à coulé sous les ponts. C’est toi qui t’infliges des entraves, Bastian, pas nous.
Peut-être bien.


Il se leva pour quitter la pièce à son tour, mais elle le retint par le poignet.

Tu n’as toujours pas répondu à mon invitation...

Sans le quitter des yeux, elle posa la main de Bastian sur sa cuisse. Main blanche, peau noire. Le contraste s’imprima dans l’esprit du mentaï. Il sentit qu’elle poussait sur sa conscience, y vit une utilisation incroyablement précise et délicate des Spires, preuve incontestable de sa puissance, et parvint à ériger ses barrières pour l’empêcher de fouiner dans ses secrets.

Il se dégagea, la fixa un instant de ses yeux gris, puis s’en alla.

Sa quête fut un échec, mais chercha-t-il vraiment ? Il refusait de former qui que ce soit. Ce fut Linda qui la trouva et qui, comme convenu, lui apprit à utiliser son Don. A deux reprises, Bastian croisa le drôle d’oiseau qui avait débarqué chez eux. Une femme étrange, même pour un membre du Chaos, mais qu’il n’approcha pas plus que cela.

Jusqu’à ce soir-là.


*


Il avait exécuté son contrat sans le moindre état d’âme - et encore heureux puisqu’il s’agissait-là de son travail ! Mais il avait craint, après son infortune avec deux jeunes marchombres, de s’être ramolli, d’avoir laissé de mauvaises herbes envahir son appétit de tueur.

Ce n’était pas le cas.

La cible, une femme, gisait en travers du lit défait dans une mare de sang. La séduire avait pris du temps, les marchombres se méfient tellement… mais, bon acteur, il avait jonglé entre maladresse et vulnérabilité pour la prendre dans ses filets. Une balade nocturne, une bonne rasade d’alcool, et clou du spectacle, une danse entre les draps : c’était ainsi que le piège s’était refermé. Il l’avait laissé jouir avant de lui trancher la gorge.

Ce qui ne voulait pas dire qu’il n’était pas à la hauteur.

Et puis merde, pourquoi est-ce que me justifie ? songea-t-il en refermant sa chemise.

Il sortit par la fenêtre, atterrit sans bruit dans la ruelle, troublant seulement les minauderies d’un chat de gouttière. Son manteau sur son épaule, il quitta le quartier pour un autre, plus lumineux. Il aurait dû rentrer, mais la perspective de son cachot vide et froid ne l’enchantait guère, ce soir. Pas avant d’avoir bu un verre de bon vin.

Fin connaisseur, il savait pertinemment quels établissements servaient autre chose que de la piquette, et c’est d’un pas tranquille, mais sûr, qu’il se dirigea vers une petite auberge. Accoudé au comptoir, il passa commande, souleva son verre et but une gorgée qui, dans une illusion de rondeur exquise, apaisa un bref instant le tourment de ses pensées.

C’est à travers le verre qu’il la reconnut. En fait, on ne pouvait pas ne pas la reconnaître : sa coupe était assez fantasque pour rester en mémoire, ses yeux trop étranges pour ne pas marquer les esprits. Il se souvint du bruit de casseroles qui l’avait tiré du lit, le jour - ou plutôt la nuit où elle avait basculé dans leur existence.

Neferi Dil’Kami.

Elle ne l’avait pas remarqué, apparemment plongée dans ses pensées, et dans le verre qu’elle tenait entre ses mains. Par réflexe, Bastian balaya ses souvenirs à la recherche des dossiers qu’il avait eu en main ces derniers jours, mais il ne parvint pas à lier sa présence ici à une quelconque mission. Saluer un confrère n’était pas dans ses habitudes. Moins il les voyait, mieux il se portait.

Pourtant…

Pourtant, il but une nouvelle gorgée de vin et, son verre à la main, il s’approcha de sa table. Lorsqu’elle leva les yeux vers lui, il les vit brouillé par l’alcool, et autre chose. Son esprit se tendit vers elle. Assaut léger.

Salut.


[Quel début ! Je suis déjà fan trampo]
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Neferi Dil'Kami
Mentaï
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MessageSujet: Re: [-16] Just fuck it and let's go [Bastian]   [-16] Just fuck it and let's go [Bastian] Icon_minitimeDim 16 Aoû 2020, 18:29

Elle ne s'était pas trompée ; on l'avait bien interpellée. Quelqu'un venait vers elle. Pendant un bref instant, elle prit la peine de l'observer. Grand, bien plus qu'elle – une vingtaine de centimètres de plus, estima Neferi. Un corps bien bâti, comme le sien, tout en muscles. Elle-même avait hérité cette stature de son père, marin, et l'avait renforcée aux côtés de Linda.

Linda... Elle se souvenait de cet étrange sourire de triomphe qui avait orné le visage de la Mentaï quand elle l'avait trouvée dans une ruelle, dansant avec l'Imagination et y créant un sacré boucan sans le savoir. Maintenant, elle savait repérer ces perturbations dans les Spires.

Elle avait été bien formée.

Elle revint à l'homme qui se tenait là. Tatoué, tout comme elle ; un détail suffisamment important pour qu'elle commençât à le replacer. Ceci et ses yeux gris, des cheveux bruns...

Mentaï, finit-elle par comprendre. Oui, elle se souvenait vaguement de lui. Elle ne prêtait guère attention à ses collègues, préférant rester en retrait, et il lui fallut un peu plus de temps, le temps qu'il parvienne à sa table, pour placer un nom sur le visage. Un prénom, plutôt, et c'était déjà ça.

Bastian.

Aussi connu pour être le Mentaï sourd. Une telle particularité n'échappait pas aux esprits. Bastian... Bastian Derue. Quelque chose comme ça.

Mince, songea-t-elle au début, pensant qu'il venait l'interroger sur sa présence ici. Elle savait que ses activités dérivaient parfois de celles données en haut lieu, mais quand elle avait entendu parler du passage d'Aroyo Jil'Werran, elle n'avait pu s'empêcher de se précipiter. En restant à bonne distance, certes. L'idée même de sa simple vue lui donnait de sacrées envies de recracher ses tripes.

Finalement, elle était arrivée un brin trop tard. Le noble n'avait fait qu'une apparition éclair dans la ville, avant de prendre le chemin pour Al-Vor, et elle n'avait pas eu le courage de le suivre. Elle était puissante maintenant, pourtant, assez pour détruire sa foutue maison avec ses colonnades de pierre blanches, sa cheminée rose pâle stylisée, le petit étang où nageaient quelques carpes, les prisons où somnolaient des enfants et adolescents...

Les prisons.

C'était la première chose qui l'avait retenue. Si elle détruisait la maison sur un coup de tête, le sous-sol, où se trouvaient les cellules, se ferait ensevelir, et elle ne voulait pas risquer la vie de pauvres gamins qui n'avaient rien demandé. Au contraire, loin de son attitude froide et distante, elle souhaitait les en arracher, au souvenir de sa propre présence parmi eux.

Elle se souvenait de Kyrio, le jeune garçon qui s'était adressé à elle le premier jour, pour lui expliquer les règles, et de Samia, voisine de cellule. Ils devaient être morts, maintenant ; Jil'Werran ne gardait pas d'adultes. Elle avait fait exception à la règle parce qu'il la désirait, voilà tout. Les enfants et les adolescents étaient plus malléables, plus soumis. Parvenus à un certain âge, ils étaient généralement fouettés à morts, égorgés simplement s'ils avaient de la chance, puis jetés dans les bas-fonds d'Al-Vor. Les autorités ne remontaient jamais très loin, corrompues.

C'était donc de nouveaux enfants qui se trouvaient dans le sous-sol, et elle souhaitait les sauver. C'était un trait de caractère que Linda n'avait jamais réussi à effacer ; sa tendresse pour la jeunesse. Pour avoir subi avec eux, et pour sa fille, elle ne pouvait tout détruire comme ça.

Sa fille, seconde raison.

Elle devait avoir sept ans, maintenant, et elle ignorait jusqu'au nom que Werran lui avait donné. Il avait tellement sapé sa confiance en elle qu'elle n'avait osé nommer son ange. Et, ignorant où elle se trouvait, elle ne pouvait risquer de la blesser.

Elle n'y survivrait pas, tout simplement. Si elle se dressait là, maintenant, c'était aussi dans l'espoir de la récupérer un jour, mais impossible de savoir si elle se tenait aux côtés de son père ou non, et impossible de savoir s'il hésiterait ou non à se servir d'elle comme otage si elle s'en prenait à lui.

Werran, troisième raison.

Elle s'en était bien rendue compte quand elle le traquait dans les rues d'Al-Chen ; Werran la terrorisait toujours. Elle ignorait ce qui pourrait calmer sa peur, alors elle avait battu en retraite. Ce n’était qu'un simple noble, même pas Dessinateur, mais sa raison était bousculée par l'instinct, qui lui hurlait « danger ! ».

Il ignorait probablement même si elle était toujours en vie, et à la recherche de sa fille. Elle en rêvait, la nuit, dans ses cauchemars. Caresser la douce chevelure opale, regarder les yeux d'un bleu infini, frôler la joue mate... Tout cela s'écroulait au réveil.

Au final, elle n'avait même pas vu son pire ennemi, ignorait ce qu'il faisait à Al-Chen, et s'était retrouvée à noyer sa peine dans l'alcool et le sexe. Sa vie n'était que désordre, songea-t-elle en portant son verre à ses lèvres, ses yeux dépareillés croisant ceux du Mentaï.

Son esprit effleurait le sien.

Même sourd, il faut bien parler, n'est-ce pas ?

Salut, répondit-elle en retour.

Elle prit le temps de boire une gorgée. L'alcool âcre descendit le long de son œsophage pour irriter son estomac.

Bastian, c'est ça ?

Réponse évidente. Elle finit son verre d'un trait, envisagea d'en commander un autre, mais se retourna d'abord vers son pair. L'avantage de communiquer par la pensée, c'est qu'elle n'avait pas à utiliser sa bouche un brin rendue pâteuse par les verres qu'elle avait descendu.

Qu'est-ce qui t'amène ici ?
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Bastian Derue
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MessageSujet: Re: [-16] Just fuck it and let's go [Bastian]   [-16] Just fuck it and let's go [Bastian] Icon_minitimeMer 19 Aoû 2020, 12:52

Quel étrange regard que celui-là ! L’oeil gris était légèrement plus foncé que les siens, et en l’occurrence embrumé par l’alcool. Le noir donnait l’impression de vous transpercer l’âme. C’était une flèche décochée avec adresse et Bastian se demanda si elle était mortelle. Tuer d’un seul regard ? Oui, c’était peut-être possible. L’idée était en tout cas séduisante. S’il n’avait pas juré sur ce qu’il avait de plus précieux que plus jamais il ne grefferait un apprenti, il décida de garder cette réflexion pour la souffler à l’esprit d’un de ses collègues.

Salut.

Crissement similaire à celui de serres sur une vitre. Comme les gens ont un timbre de voix qui leur est propre, leur façon de s’exprimer par la pensée est elle aussi unique ; il y avait les coups de bélier de ce crétin de Guillemont, le battement d’ailes d’Irae, les notes enjouées de Galaad, la caresse de Tian… Et maintenant, ça. Pas douloureux mais pas agréable non plus.

Bastian, c’est ça ?

Il hocha la tête et tira la chaise en face d’elle pour s’y installer, légèrement de côté, son manteau ouvert sur le manche de ses lames. Il était dit que Bastian ne serait jamais en confiance totale auprès de l’un de ses pairs, et il n’avait pas oublié l’expression de Bô cette nuit-là, quand le Don fracassant de Neferi avait été pour la première foi détecté. Si affrontement il devait y avoir, cela se passerait dans les Spires, mais un mentaï ne restait jamais à cours d’options.

Qu’est-ce qui t’amène ici ?

Il leva sa main occupée à tenir son verre de vin.

Récompenser une mission réussie, pas envie de rentrer tout de suite, belle nuit, belle ville… choisis ce que tu veux.

Il était distant sans être froid pour autant ; cette femme l’intriguait. Il percevait son ivresse et aussi une sorte… d’abandon, un lâcher-prise qui aurait pu rendre n’importe qui d’autre vulnérable. Cela la rendait dangereuse. Qui sait ce qu’elle pouvait faire dans cet état ? Bastian but une gorgée de vin sans cesser de l’observer par-dessus son verre. Avait-il raison de s’attarder ? Il ferait mieux de ne pas se mêler de ses affaires.

Après tout, il avait horreur qu’on se mêle des siennes.

Et toi ?

Trop tard pour s’en aller, à moins qu’elle le flanque dehors. Qu’elle essaye seulement ! Bastian entendait bien finir son verre - et en reprendre un autre, car c’était un excellent crû et il appréciait le goût capiteux qui enveloppait sa langue. Il lui en fallait beaucoup pour atteindre ses limites. Galaad tombait toujours bien avant lui. A cette pensée, un éclat traversa l’anthracite de son regard.

On s’en fiche, au pire, de la raison de ta présence ici. C’est pas mes oignons. Mais puisqu’on est là, tu es partante pour un petit défi de lever de coude ?

Il avait envie de voir jusqu’où elle était capable de se laisser aller...
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Neferi Dil'Kami
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MessageSujet: Re: [-16] Just fuck it and let's go [Bastian]   [-16] Just fuck it and let's go [Bastian] Icon_minitimeMer 26 Aoû 2020, 19:50

Les regards se soupesèrent un instant. Gris et noir. Elle observa le Mentaï, essayant d’estimer s’il représentait un danger. Après tout, elle était ivre, et ses semblables pas vraiment des enfants de chœur… Elle ne le lâcha pas des yeux quand il s’assit, retenant un soupir. De toute évidence, elle allait devoir se le coltiner. Elle avait pourtant eut assez de compagnie avec l’homme dont elle s’était servie un peu plus tôt, mais…

« Compagnie » n’était pas le mot exact pour désigner la brève relation qu’ils avaient entretenue et qui s’était résumée à un baiser puis une partie acide de jambes en l’air. Elle pouvait bien supporter Bastian, après tout. Même si elle se demandait ce qui l’amenait à sa table, plutôt que d’en prendre une pour lui seul. Elle ne se souvenait pas de lui comme quelqu’un de très sociable. Que voulait-il donc ?

Peut-être se faisait-elle des idées, songea-t-elle en faisant distraitement tourner son verre sur lui-même. Peut-être voulait-il simplement discuter avec l’une de ses pairs. En avait-elle envie, c’était une autre question.

Neferi se renversa sur sa chaise, croisa les bras. Son attitude n’était pas clairement hostile, plutôt défiante. Il fallait dire qu’elle avait vue sur les armes de Bastian, qui était sinistrement réputé, en plus de son asociabilité, pour avoir fait fondre les yeux d’un prétendant à la greffe. Elle n’avait pas envie de se battre – pas pour le moment en tout cas – mais n’excluait pas cette option.

Elle-même avait son sabre clairement visible, posé à ses côtés, et dans ses chaussures étaient cachées deux lames qui avaient déjà servi à de nombreuses reprises. Méfiance mutuelle, donc. Tout en le détaillant, elle mesura le hasard qu’il fallait pour que deux Mentaï se croisent ici, dans cette auberge toujours éveillée. Deux mercenaires plutôt réservés, de plus.

Récompenser une mission réussie, pas envie de rentrer tout de suite, belle nuit, belle ville… choisis ce que tu veux.

Elle jeta un œil à son verre de vin, revint à lui, impitoyable. Si elle entendait désormais ce qu’il faisait ici, cela ne l’éclairait pas sur ce qu’il faisait à sa table. A quoi s’attendait-il, comme discussion ? J’ai tué tant de gens au nom du Chaos, aujourd’hui, et toi ? Vaste blague.

Cela la fit brièvement repenser à Aroyo Jil’Werran, et son regard se fit plus distant. Elle était dans une impasse, avec lui. Incapable de l’approcher sans perdre ses moyens, pas d’alliés sûrs pour l’escorter… Sa fille lui échappait toujours, et cela l’enrageait autant que cela la blessait. Quand reverrait-elle son ange ? Elle n’osait même pas à réfléchir à un prénom. Et qu’avait bien pu raconter Werran à son sujet ? Qu’avait-il dit à une fillette de sept ans sur sa mère ?

Elle se secoua, sortant de ses pensées. Bastian lui avait retourné sa question. Elle claqua de la langue en signe de désapprobation – et malgré qu’elle ait demandé la première. Est-ce qu’il pouvait sentir son claquement de langue, déjà ? Elle n’en avait aucune idée.

Affaires personnelles.


Son ton était plutôt froid, pour le décourager de creuser plus loin. Elle l’adoucit légèrement en poursuivant.

Puis j’ai décidé de m’arrêter boire un peu à une auberge. Rien de palpitant.

Il y avait une mise en garde implicite qui décourageait à aller plus loin, mais déjà Bastian semblait passer à autre chose. Tant mieux.

On s’en fiche, au pire, de la raison de ta présence ici. C’est pas mes oignons. Mais puisqu’on est là, tu es partante pour un petit défi de lever de coude ?

Un défi de lever de coude ? Elle haussa les sourcils. Voilà qui était… inattendu. Inattendu mais pas forcément malvenu, même si elle ignorait ce qu’il avait derrière la tête. Elle-même était une buveuse invétérée et même si elle avait déjà pas mal bu, elle pouvait aller encore plus loin.

Ça me va.


Elle leva le bras pour interpeller une serveuse.

J’espère que t’es résistant.
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Bastian Derue
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MessageSujet: Re: [-16] Just fuck it and let's go [Bastian]   [-16] Just fuck it and let's go [Bastian] Icon_minitimeJeu 27 Aoû 2020, 09:03

Je ne crois pas que je m’aventurerais dans cette compétition si ce n’était pas le cas.

Elle héla une serveuse, il jeta un coup d’oeil à son sabre au repos. L’alcool émoussait les sens, pas les lames. Mais s’il demeurait sur ses gardes, Bastian n’était pas nerveux : il souhaitait simplement s’amuser un peu et il devinait que son interlocutrice, sous sa froideur, aspirait elle aussi à se changer les idées.

Quelques minutes plus tard, une réserve de petits verres et d’alcool occupait une grande partie de table. Le défi attirait déjà quelques curieux qui, coutumiers du fait dans ce bouge, pariaient déjà. Essentiellement sur Bastian. Celui-ci ne leur prêta guère d’attention lorsqu’il s’empara d’une première bouteille. Il remplit à ras-bord deux verres, attrapa le sien et tendit l’autre à Neferi.

Au chaos ?

Pas celui avec un C majuscule ; pas celui qu’ils servaient l’un et l’autre. Il espérait qu’elle saurait faire la distinction. Lui évoquait plutôt le chaos de leurs vies, quel qu’il puisse être : la sienne était assez tourmentée pour qu’il puisse y dédier ce premier verre.

La Langue de Feu était traître.

Elle ne tournait pas la tête dès le début, comme la plupart des alcools forts, et pourtant elle faisait bien pire. Le palais délicat de Bastian, davantage habitué à savourer des vins de qualité que de l’eau de vie, tiqua aussitôt. Il avala le contenu de son verre, le retourna sur la table et passa sa langue sur ses lèvres. Rien à voir avec les grands crus qu’il affectionnait, mais l’arrière-goût fruité lui plaisait.

On ne fait pas vraiment jeu égal, tu as déjà un peu d’avance…

Cela aurait d’ailleurs pu le dissuader de la défier, mais Bastian était joueur et curieux : il voulait tester des limites. Les siennes ou celles de Neferi.

Il était de notoriété publique, du moins au Domaine, que les Mentaïs étaient difficiles à enivrer ; c’était vrai, du moins en partie. Une constitution solide et une formation hors normes ne contrebalançaient pas la puissance du mental, et c’était justement cela que Bastian tenait à vérifier : Neferi Dil’Kami valait-elle la réputation qu’elle s’était taillée en faisant une entrée fracassante dans les Spires ?

Il remplit deux nouveaux verres et choqua le sien contre celui de la jeune femme, une interrogation dans le regard : à quoi, à qui levait-elle celui-là ?


*


Les verres vides s’alignaient devant les deux Mentaïs, sous la lumière vacillante des lanternes du plafond. Il y avait maintenant foule autour d’eux et les paris allaient bon train, l’argent passait de mains en mains, les exclamations accompagnaient chaque lampée, ovationaient chaque verre retourné.

Bastian n’avait d’attention que pour son adversaire.

Il s’était coupé depuis bien longtemps du reste de l’auberge. Sa surdité aidait mais surtout, c’était l’étrange regard de Neferi qui l’enfermait dans une bulle d’acier. Ou bien était-ce lui qui l’emprisonnait dans le sien ? Difficile à dire, en réalité. Une seule chose était sûre : ils ne se quittaient pas des yeux, et le concours était serré.

Très serré.

Le regard de Bastian était devenu brillant comme s’il avait de la fièvre, impression soulignée par la coloration de ses pommettes. Certains y auraient vu une faiblesse alors qu’en fait, cela lui donnait l’air plus dangereux. Un sourire sur les lèvres, il serra les doigts autour de son verre - qu’on ne lui demande pas du combien il s’agissait, il avait cessé de compter au bout de dix - et obligea les muscles de son bras à travailler.

Cela commençait à devenir légèrement compliqué.

Mais Neferi aussi était en train de galérer. Elle laissait filtrer très peu de choses, ce qui était franchement impressionnant étant donnée la dose d’alcool qu’elle avait dans le corps… toutefois, quelques signes trahissaient ses efforts. Un tic de l’oeil gauche, infime pour qui ne savait pas observer ce genre de chose. Des gestes à peine moins précis. Des joues roses, tout comme lui.

Le sourire de Bastian s’élargit : ça devenait compliqué, oui, mais surtout... ça devenait intéressant.
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Neferi Dil'Kami
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MessageSujet: Re: [-16] Just fuck it and let's go [Bastian]   [-16] Just fuck it and let's go [Bastian] Icon_minitimeVen 28 Aoû 2020, 13:44

Je ne crois pas que je m’aventurerais dans cette compétition si ce n’était pas le cas.

La mercenaire hocha la tête. Evidemment. Il partait avec un avantage, étant donné qu’elle s’était déjà bien alcoolisée, mais elle n’irait pas mettre ce fait en avant. Elle avait bu, elle assumait.

La serveuse s’approcha d’eux et prit en note la commande de Neferi. Beaucoup d’alcool, donc. Les défis de ce genre étaient courant dans ce type d’auberge plutôt mal famée, et les consommateurs se pressèrent vite autour des deux Mentaïs, malgré les regards hostiles de la jeune femme qui appréciait peu se donner en spectacle. S’amuser, se changer les idées, oui. Qu’on parie si elle tiendrait ou non le défi, c’était déjà plus désagréable.

Elle finit par hausser les épaules. Qu’ils parient, s’ils y tenaient tant que ça. Elle avait bien l’intention de remporter le concours de boisson.

Attrapant le verre plein que lui tendait Bastian et l’entrechoqua avec le sien.

Au chaos ?

Devinant la nuance du mot, elle hocha brièvement la tête. Le chaos, oui. Les pirates, les prisons du Désert des Murmures, Aroyo Jil’Werran, sa fille, les mercenaires… Qui pouvait témoigner d’une route similaire ? Peu de gens, sans doute. Elle se demanda quel était le chaos qui régnait ou avait régné dans la vie de Bastian. Ce n’était cependant pas maintenant qu’elle lui poserait la question.

Aurait-elle seulement une réponse ? En voulait-elle une, d’ailleurs ? Le Mentaï l’intriguait un peu, certes, mais pas encore à ce point.

Au chaos.


Elle vida son verre d’un trait, reconnaissant le goût caractéristique de la Langue de Feu. La chaleur de l’alcool emplit sa bouche et roula dans son œsophage. Reposant le récipient, elle prit le temps de savourer l’eau de vie. Elle en avait vidé, des bouteilles de cet alcool… Comme de tant d’autres.

On ne fait pas vraiment jeu égal, tu as déjà un peu d’avance…

Elle releva les yeux sur son interlocuteur. Il était vrai qu’elle avait déjà pas mal commencé à s’enivrer avant son arrivée. A voir s’il était aussi résistant qu’elle, néanmoins. Avait-il l’habitude des jeux à boire ? Elle aurait dit que oui, vu sa spontanéité à la défier, mais elle n’avait pas plus de certitudes que cela.

Elle verrait bien, songea-t-elle en contemplant le fond de son verre. Qu’est-ce que le gagnant de ce défi remporterait, à part la fierté d’être le plus grand buveur ? Son regard retourna sur le Mentaï tandis qu’il la resservait.

Est-ce que cela me désavantagera vraiment ?

Question qui n’appelait pas à une réponse. Elle entrechoqua le verre avec celui de Bastian. A quoi pouvait-elle bien le lever ?...

Aux rencontres fortuites.


Après tout, elle ne le connaissait pas plus que cela ; et quoi de tel qu’un concours de beuverie pour apprendre des choses sur une personne, outre sa résistance à l’alcool ? Elle vida son verre, l’emprisonnant de son regard bicolore.

Qui es-tu, Bastian Derue ?

Interrogation non formulée. Sincère curiosité. Qui était ce Mentaï sourd qui lui proposait un défi alcoolisé en la croisant simplement dans une taverne tout ce qu’il y avait de plus banale ?

Elle reposa le verre sur la table. La nuit apporterait-elle des réponses, ou d’autres surprises ?

* * *

Ils avaient bu. Beaucoup. En témoignaient les verres et les bouteilles vides. Le brouhaha autour d’eux s’était renforcé, et elle avait même pu apercevoir le blondinet qu’elle s’était tapé quelques temps plus tôt. Il pariait aussi, pris par l’ambiance générale. A son souvenir, une douleur désagréable revint la tirailler. Il n’y était pas allé de main morte, cette enflure, mais elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même – ou à ses bourreaux – d’être tordue de cette façon.

Elle ferma les yeux un instant, éblouie par la lumière chancelante des lanternes, pour les rouvrir aussitôt. Hors de question de montrer de la faiblesse. Pas pour le public, dont elle se fichait royalement, et qui lui tapait plus sur les nerfs qu’autre chose, mais pour Bastian.

Malgré tout, elle sentait ses gestes devenir plus hésitants, son estomac rechigner devant ce débit d’alcool, ses muscles fatiguer à force de faire l’éternel même mouvement de lever de verre. Ils avaient trinqué à de nombreuses reprises, au point qu’elle avait cessé de compter. Ses joues avaient rosi, à l’image de celles de Bastian, et ils ne cessaient pas de descendre les verres, absolument concentrés dans ce défi les opposant.

Elle avait fini par oublier peu à peu le blondinet et le reste du public. Leurs regards s’affrontaient, guettant les faiblesses et les hésitations diverses, les marques d’ivresses et les battements de paupières plus rapides, heurtés par la luminosité.

La Mentaï affrontait le regard gris de son pair, obstinée. Ses yeux brillaient plus que d’habitude, sans qu’il soit possible de dire que c’était dû à l’alcool ou au défi qui s’avérait de plus en plus compliqué à soutenir.

Elle prit cependant son nouveau verre – était-ce elle qui l’avait servi, ou bien Bastian ? – et avala le contenu en plusieurs lampées. Sa gorge, anesthésiée depuis le temps, laissa couler le liquide fort dans son estomac.

Elle reposa le récipient – un peu brusquement, peut-être. Se lécha les lèvres pour effacer quelques gouttes qui étaient restées à l’ourlet de sa bouche, et pour tenter de capter le goût de l’alcool. Celui-ci laissa un goût acide sur sa langue.

Attrapant une bouteille au hasard, elle servit deux nouveaux verres, s’efforçant de contrôler ses gestes pour trahir le moins possible son enivrement.

Elle capta le regard de Bastian en levant la nouvelle coupe, trinqua une nouvelle fois.

Qui allait tomber le premier ?...

Qui allait abandonner ?
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Bastian Derue
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MessageSujet: Re: [-16] Just fuck it and let's go [Bastian]   [-16] Just fuck it and let's go [Bastian] Icon_minitimeDim 30 Aoû 2020, 20:05

Remplir les verres. Lever le sien. Trinquer. Boire, et le reposer. C’était simple comme bonjour mais chaque nouvelle rasade d’alcool rendait l’exercice plus difficile, si bien que Bastian referma les doigts sur du vide.

Ah.

Il observa bêtement le verre qui le narguait, inconscient des rires qui animaient les quelques spectateurs massés autour de la table, et ouvrit sa main en plaçant ses doigts comme une pince. Concentré comme s’il était en train d’essayer de passer un fil dans le chât d’une aiguille, il approcha sa main du verre et fit une nouvelle tentative.

Ah-ah !

Lever le verre. Trinquer. Boire.
Le reposer.

Le monde tournait. La fille en face de lui, Fener… Neferi, attendait qu’il continue, mais là, ça devenait vraiment très compliqué. Il gloussa, se leva à demi, trébucha, renversa son verre ; le patron de l’auberge, qui s’était improvisé arbitre, frappa du plat de la main sur la table. Les vivats retentirent, du moins le supposa-t-il. La victoire était belle, et elle ne lui revenait pas.

Bien joué, s’entendit-il penser, et il espéra que Neferi l’avait entendu parce qu’il n’avait aucune intention de répéter.

Il allait être malade.

Quittant brusquement sa chaise, il se précipita dehors en titubant. L’air frais de la nuit remplaça la touffeur de l’auberge ; une légère bruine accompagnée d’un voile de brume enveloppait la ville. Bastian fit quelques pas maladroits avant d’appuyer lourdement une main contre le mur et de se plier en deux : son estomac venait de faire une pirouette fort désagréable. Mais avant qu’il ait seulement eu le temps d’ouvrir la bouche pour régurgiter un peu de Langue de Feu, une main ferme se posa sur son épaule, et le força à se retourner.

L’homme était petit et mince, entièrement vêtu de cuir sombre et le visage dissimulé sous un capuchon. Marchombre. La lame d’une dague brilla brièvement avant de se planter dans le ventre de Bastian.

Non.

Avant de disparaître, remplacée par une dague en carton qui se plia simplement contre la chemise du mentaï. Celui-ci profita de l’effet de surprise pour réagir vivement - et c’est seulement à cet instant que le marchombre réalisa son erreur. Une seconde plus tard, il s’étouffait dans son sang et s’effondrait aux pieds de Bastian.

Qui s’adossa au mur et soupira de soulagement, la tête rejetée en arrière. Feindre l’ivresse n’avait pas été très compliqué, étant donné que la Langue de Feu avait quand même sérieusement attaqué son organisme ; lorsqu’il avait dégainé une de ses lames, il avait senti une résistance, comme s’il l’air s’était mué en purée de pois épaisse et difficile à trancher. Sans la surprise provoquée par sa rapide incursion dans les Spires, ce serait lui qui giserait sur le pavé.

Percevant une présence, il rouvrit les yeux et se dégagea du mur pour se placer en garde de combat, bien plus alerte qu’il l’avait laissé croire en sortant de l’auberge. En découvrant qui se tenait devant lui, il se détendit légèrement.

Ce n’était pas une vraie défaite.

Il avait repéré sa cible un peu avant de défier Neferi. Tout au long du duel, il avait surveillé le marchombre, lequel était resté discret mais attentif au déroulement du jeu. Quand Bastian était sorti en ayant l’air rond comme un tonneau, l’homme avait mordu à l’hameçon et envisagé une occasion de venger sa soeur.

Maintenant, sa mission était réellement terminée.

Désolé, ajouta Bastian, conscient qu’il s’était servi de Neferi pour parvenir à ses fins. On peut poursuivre le jeu si tu veux.

Mais il était tard et l’envie de boire lui était passée, d’autant qu’il se sentait déjà assez ivre comme cela. Continuer revenait à s’exposer au danger qui émanait de cette femme et il n’était pas certain d’être en état de s’y frotter.

Il l’observa dans l’ombre de la nuit et se demanda ce qu’elle allait décider de faire.
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Neferi Dil'Kami
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MessageSujet: Re: [-16] Just fuck it and let's go [Bastian]   [-16] Just fuck it and let's go [Bastian] Icon_minitimeSam 24 Oct 2020, 11:32

La salle commençait à tourner – doucement. Le liquide trouble de l'alcool se mêlait à la langueur qui entourait Neferi. Elle sentait ses sens émoussés, son estomac protester, l'anesthésie de sa langue brûlée par les spiritueux. Le bruit et la lumière l'aveuglaient, assourdissants. Ne pouvait-il pas se taire, ce public loin d'être bienvenu ? Et les lampes qui flamboyaient, ne pouvaient-elles pas s'éteindre ?

Elle vida néanmoins son verre en quelques gorgées, chacune plus difficile et engourdie que la précédente. Se léchant les lèvres par réflexe, elle reposa le récipient, regarda Bastian leur servir de nouveaux verres. L'attrapa, monde flou, pour le trinquer. À quoi ? Ils ne posaient plus la question. Ils avaient perdu leurs idées de ce à quoi trinquer. Alors ils se contentèrent de boire, encore une fois, et de reposer.

Neferi se chargea de remplir de nouveau, mains légèrement tremblantes. Attrapa le sien. Contrairement à son collègue, dont les doigts se refermèrent sur le vide.

Un sourire passa sur son visage, un peu hébété, vague reflet des rires autour d'eux. Rendue patiente par l'alcool, elle attendit qu'il réussisse à attraper le récipient transparent avant de trinquer à nouveau avec lui.

Nouvelles gorgées. Le monde se troublait de plus en plus, devenait cotonneux. Depuis quand n'avait-elle pas été aussi ivre ? C'était à la fois confortable, et dangereux. Confortable car ses pensées s'émoussaient, et dangereux pour la même raison. Un assassin aux sens assez affûtés n'auraient pas trop de mal à lui planter un poignard entre les omoplates. Cette réalisation lui fit l'effet d'une douche froide et elle se secoua. Peut-être était-il temps d'arrêter là, et tant pis si elle perdait. Elle ignorait si Aroyo Jil'Werran était toujours au courant de son existence, et ne tenait pas à se faire remarquer plus que cela.

Un dernier verre, peut-être, avant de délaisser la victoire ? Elle leva le regard sur les yeux gris de son adversaire de beuverie, qui semblait avoir jeté l'affaire avant elle, finalement.

Placide, elle le regarda tenter de se lever, renverser son verre... Elle ne prêta qu'à peine attention aux applaudissements qui saluèrent sa victoire. Cela ne concernait qu'eux deux, à ses yeux. Pas ce public fade. Un coup d’œil, et elle remarqua que le blondinet était toujours là. À travers la brume de l'alcool, elle parvint à discerner ses yeux brillants. De toute évidence, il trouvait là l'occasion de se retaper la jeune femme. Dommage pour lui, elle n'en avait pas envie.

Elle entendit comme une caresse lointaine la salutation du Mentaï face à ses performances et dissimula un nouveau sourire. Elle effleura un instant le sentiment de victoire avant de l'écarter et redevenir sérieuse.

Ses sens, bien que moins affûtés que d'ordinaire, avaient décelé quelque chose. Mais quoi ?

Elle n'eut pas le temps de s'appesantir, Bastian se précipitait déjà dehors. Se levant lentement pour garder son équilibre, elle se saisit de son sabre qu'elle accrocha dans son dos. Ses gestes étaient presque languissants, pour ne pas dévoiler dans quel état elle se trouvait. Ses yeux bicolores perçurent la silhouette qui se glissa à l'extérieur à la suite du Mentaï. Elle soupira légèrement, respira sa propre haleine avinée. Aider, ne pas aider ? S'il n'était pas capable de respecter ses limites pour se protéger, il ne méritait pas d'aide, décida-t-elle avec sévérité. Néanmoins, elle allait quand même jeter un coup d’œil.

Adressant un geste vague aux spectateurs qui s'échangeaient des pièces, fébriles, elle prit le temps de se glisser dans l'Imagination pour créer une corde autour des chevilles du blondinet, qui se retrouva immédiatement au sol dans le rire général.

Satisfaite – il méritait bien cela –, elle se glissa à son tour dehors, respirant avec soulagement une grande bouffée d'air frais et rendu humide par la nuit et la bruine. Elle leva son visage vers le ciel, laissant ces quelques gouttes de pluie laver son visage et la faire sortir un peu de sa torpeur.

Elle baissa les yeux sur Bastian, silhouette dans la noirceur nocturne, et sur celle qui s'approchait de lui à pas de loup. Immobile, elle observa le spectacle qui se déroulait sous son regard songeur. Erreur, pensa-t-elle quand elle vit l'homme de l'ombre faire se retourner le Mentaï. À quoi bon faire ça ? Graver son image dans les yeux de sa victime avant de la tuer ? Il était plus prudent de tuer dans le dos son adversaire, surtout lorsqu'il était puissant – bien que, elle l'admettait, elle envisageait de tuer Werran en le regardant dans les yeux.

Attentive, se fichant de la bruine qui se posait sur sa peau nue, elle regarda le bref combat, et la mise à mort simple de celui qui devait être un marchombre – qui d'autre irait s'en prendre ainsi à un mercenaire du chaos possédant le don du Dessin ?

Ses yeux sans expression se posèrent sur le corps qui se vidait lentement de son sang, avant de revenir à Bastian, qui s'appuyait contre le mur. La lune jeta un éclat sur la lame qu'il avait dégainée, à travers les nuages et la brume qui semblait écho à leurs sens émoussés.

Neferi fit quelques pas en avant, vacilla légèrement, se reprit.

Bien joué, fit-elle, reprenant ses mots.

Elle eut un léger rictus en le voyant se mettre en garde, pour se détendre imperceptiblement ensuite. Il y avait toujours cette méfiance, presque intangible. Que craignait-il ? Elle, elle craignait chaque homme sur sa route, et transformait cette crainte en défiance et contrôle. Elle craignait également l'acuité d'un Mentaï formé, qui pourrait avoir l'envie de fouiller dans sa vie.

Que de craintes, si peu de certitudes.

Ce n’était pas une vraie défaite.

Je veux bien le croire.

De toute façon, les dés avaient été pipés dès le début ; elle avait commencé avec déjà une sacré dose d'alcool dans le sang. Ce qui n'avait pas été son cas à lui.

Désolé. On peut poursuivre le jeu si tu veux.

Elle médita quelques instants ses paroles.

Mmh. Je pense avoir assez bu aujourd'hui. Je te propose de décuver quelque part – dans une autre taverne, je pense que nous avons fait assez esclandre comme ça pour celle-là.

Elle s'arrêta. Rien ne disait qu'il ait envie de décuver avec elle. Peut-être avait-il envie de retourner au Domaine. D'ailleurs, avait-elle envie de rester en sa compagnie ? Elle n'en savait trop rien. Il l'intriguait un peu, et elle était assez ivre pour pouvoir supporter un de ses semblables, mais cela s'arrêtait là.

Ou on peut rentrer. Ou laisser nos chemins se séparer. Comme tu veux.

Il lui avait donné le choix, elle lui renvoyait la balle. Elle ne savait pas trop ce qu'elle voulait, elle était curieuse de savoir ce qu'il désirait.


[je suis de retouuur \o/]
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Bastian Derue
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MessageSujet: Re: [-16] Just fuck it and let's go [Bastian]   [-16] Just fuck it and let's go [Bastian] Icon_minitimeSam 24 Oct 2020, 20:45

Mmh. Je pense avoir assez bu aujourd'hui. Je te propose de décuver quelque part – dans une autre taverne, je pense que nous avons fait assez esclandre comme ça pour celle-là.

Bastian suivit son regard vers la taverne ; la lumière des fenêtres éclaboussait la rue de taches orange. Quelques hommes se tenaient à la porte, attirés par l’odeur du sang et excités à la perspective d’une bonne bagarre.

Ou on peut rentrer. Ou laisser nos chemins se séparer. Comme tu veux.

Les yeux gris du Mentaï revinrent se poser sur Neferi. Il se demanda si c’était une esquive et si oui, pourquoi elle souhaitait prendre la fuite aussi vite. Cela ne fit qu’attiser davantage sa curiosité et il passa pensivement les doigts sur le chaume de son menton.

Oui, je connais un établissement accueillant qui n’est pas trop éloigné d’ici. Tu me suis ?


*

L’adrénaline et un excédent de boisson avaient donné faim à Bastian. Il n’avait pas un appétit féroce, surtout comparé à Galaad qui passait son temps à s’empiffrer - et pourtant gardait une ligne impeccable - mais ce soir, ou plutôt cette nuit, le Mentaï était affamé. Il commanda des choses variées, ne sachant pas quels pouvaient être les goûts de son homologue, mais désireux de partager le repas avec elle.

Ils étaient attablés dans une auberge bien mieux côtée que celle qu’ils avaient quittée. Ici la clientèle était distinguée et les mets de qualité. Après tous ces événements, Bastian avait estimé qu’ils avaient bien mérité le confort de quelques coussins et la chaleur d’un bon feu de cheminée. Il se resservit un grand verre d’eau, non sans un clin d’oeil malicieux à Neferi, et trinqua avec elle avant de se désaltérer à grandes gorgées avides.

Alors, la vie au Domaine ? C’est ce que tu attendais ?

Nulle ironie dans ses paroles, et aucune curiosité mal placée : l’esprit plus lucide, Bastian avait envie d’en savoir davantage sur cette femme. Il fréquentait ses pairs avec difficulté et n’était jamais tenté d’échanger plus de quelques mots avec eux, généralement lors de réunions imposées.

C’était différent. Neferi ne ressemblait pas aux autres Mentaïs et c’est cela, sans doute, qui attirait inconsciemment Bastian ; ce côté détonnant, hors des clous qu’il maîtrisait lui-même à la perfection.

Et puis, il y avait autre chose. Cette femme… il émanait d’elle une froide solitude aux accents morbides qui l’empêchait de s’en aller. De toute façon, si sa présence l’agaçait, elle pouvait partir...
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