AccueilAccueil  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  RèglementRèglement  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Pacte VS L'Ordre
Bienvenue sur Chaos VS Harmonie !

Tu pourras ici incarner un personnage de ton choix, Marchombre ou Mercenaire, et le faire évoluer dans l'univers du forum.
Cours pour améliorer les capacités de ton personnage, aide en RPG, Hors RPG et jeux, tu ne peux que t'amuser avec nous !

Si tu ne connais rien à Gwendalavir, cela ne t'empêchera pas de te joindre à nous, car un récapitulatif de tout ce qu'il y a à savoir est disponible dans le contexte

En espérant te compter très bientôt dans nos rangs,
L'équipe
Le Pacte VS L'Ordre
Bienvenue sur Chaos VS Harmonie !

Tu pourras ici incarner un personnage de ton choix, Marchombre ou Mercenaire, et le faire évoluer dans l'univers du forum.
Cours pour améliorer les capacités de ton personnage, aide en RPG, Hors RPG et jeux, tu ne peux que t'amuser avec nous !

Si tu ne connais rien à Gwendalavir, cela ne t'empêchera pas de te joindre à nous, car un récapitulatif de tout ce qu'il y a à savoir est disponible dans le contexte

En espérant te compter très bientôt dans nos rangs,
L'équipe
Cours Envoleurs
Cours Marchombres
Panneaux
Votez (1)
Votez (2)
Votez (3)
Votez (4)
Tops Sites


Le Pacte des Marchombres VS l'Ordre des Envoleurs
 

Tous les membres prennent un an !

En ce début d'année scolaire, merci de consulter ce sujet !

Si d'ici trois semaines, vous n'avez pas ajouté l'année à votre personnage,
vous serez sorti de votre groupe.
Si d'ici un mois cela n'est toujours pas fait, cela sera un avertissement !


N'oubliez pas de poster pour nous notifier de vos modifications !


-39%
Le deal à ne pas rater :
Ordinateur portable ASUS Chromebook Vibe CX34 Flip
399 € 649 €
Voir le deal

 

 Groupe Leenio - Cours n°5

Aller en bas 
Aller à la page : Précédent  1, 2, 3  Suivant
AuteurMessage
Invité
Invité




Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°5   Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Icon_minitimeLun 20 Déc 2010, 10:34

    - Oh, oui, c'est toujours compliqué ces choses-là. Il faut savoir faire la part des choses...






[J'adooore XD ]
Revenir en haut Aller en bas
Syndrell Ellasian
Admin
Syndrell Ellasian


Nombre de messages : 4573
Citation : "Nom d'une chiure de mouche qui louche !" [Syndrell Ellasian]
Date d'inscription : 05/04/2010

Feuille de personnage
Age: 30 ans
Greffe: Lame qui sort de chaque avant-bras
Signe particulier: Syndrell sait lire sur les lèvres

Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°5   Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Icon_minitimeLun 20 Déc 2010, 15:22

- Vous savez, ce voyage, les montagnes, le Désert, le Rentaï... Ca m'a aidé à faire la part des choses. A voir plus clair certains aspects de ma vie, à les appréhender sous un nouvel angle. Je crois que je n'ai rien à perdre, à part ma liberté, et pour elle j'irai au-delà de mes limites ; en attendant je peux vivre et profiter de cette vie. Je ne sais pas jusqu'où mène ce chemin que j'ai pris avec Owen, mais au fond je m'en moque, je laisse faire le temps. Je découvre, tout simplement. Et vous savez quoi ? Ca me plait !

Miss... Vous, vous faisiez quoi avant de trouver le chemin de l'Académie ?
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous



Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°5   Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Icon_minitimeMar 21 Déc 2010, 11:28

    - Avant d'arriver à l'Académie ? En tant que Marchombre, ou avant ?

    Avant d'arriver, je voguais dans Gwendalavir, seule. Bon, je vais pas te faire les détails, mais j'ai eu des partenaires de tous les horizons, alors je te comprends ! Avant de suivre la formation de Marchombre, j'ai atterri chez les Frontaliers, puis je suis partie, j'ai atterri chez les Mercenaires, et ensuite seulement mon Maître m'a trouvée...
Revenir en haut Aller en bas
Syndrell Ellasian
Admin
Syndrell Ellasian


Nombre de messages : 4573
Citation : "Nom d'une chiure de mouche qui louche !" [Syndrell Ellasian]
Date d'inscription : 05/04/2010

Feuille de personnage
Age: 30 ans
Greffe: Lame qui sort de chaque avant-bras
Signe particulier: Syndrell sait lire sur les lèvres

Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°5   Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Icon_minitimeMar 21 Déc 2010, 23:50

- Les Frontaliers ! Rien que ça... Je n'ai jamais eu la chance de les rencontrer, moi qui ai grandi si près d'eux. Pourtant, il n'y a pas si longtemps de cela, je suis partie dans le Nord-est - c'était juste avant de vous retrouver pour mon Oulan-Kil. J'avais besoin de solitude, de ressources que seules les montagnes pouvaient m'apporter. Je ne suis pas passée très loin de la Citadelle, j'ai été frappée par autant de puissance contenue en une aussi massive construction. Si j'avais davantage de temps, je m'en serais rapprochée mais vous m'attendiez...
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous



Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°5   Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Icon_minitimeSam 01 Jan 2011, 12:18

    Miss sourit tranquillement, en hochant la tête, à la dernière répartie de son apprentie. Elle avait tout à fait raison, et la jeune Marchombre ne pouvait le nier : La Citadelle était écrasante de puissance et de majesté. Pour y avoir vécu, et en être repartie, Miss en avait tout à fait conscience. Et il n'y avait pas que des Frontaliers par là-bas, elle en avait désormais la preuve intangible : elle-même, déjà, et ensuite... Erwan. Un soupir glissa de ses lèvres alors qu'elle levait les yeux vers le ciel, qui était d'un bleu limpide. Elles marchaient côte à côte, avec Syndrell, et ce voyage serait particulièrement long... Miss n'avait cependant à se dire que son apprentie allait s'ennuyait : elle lui avait concocté un programme spécial, qui lui demanderait chaque parcelle de son énergie, en tout cas elle l'espérait. Adressant un clin d'oeil à son apprentie à ses côtés, elle répondit toutefois, un large sourire sur les lèvres, d'une voix teintée d'ironie, avant de commencer ce programme si spécial :

    - Cela aurait été malvenu que tu sois en retard, n'est-ce pas ? Cependant, nous ne passerons pas par la Citadelle : si tu souhaites t'y rendre, cela sera par tes propres moyens...

    Lui adressant un clin d'oeil complice, elle prit une inspiration, avant de lancer, d'un ton joyeux et gai :

    - Pour l'instant, tu te ramollis... Allez, un petit défi pour toi : la première arrivée... A l'arbre rabougri, là-bas, aura l'honneur de ne pas avoir à préparer à manger ce soir !

    Miss prit le temps de tirer la langue à son apprentie, avant de s'élancer, vive comme une flèche. Elle savait que les capacités de Syndrell s'étaient particulièrement développée, elle était une jeune femme à la fin de son apprentissage de Marchombre, sans aucun doute capable de se défaire de n'importe quel adversaire, de grimper sur les plus escarpés des sommets... Pourtant, si sa formation touchait à sa fin, Miss était persuadée qu'elle pouvait encore la pousser dans ses derniers retranchements, et que la jeune apprentie réussirait encore à se jouer de cela. Un sourire sur les lèvres, un sourire fier, Miss accéléra sa foulée, l'allongeant du même coup, se propulsant en avant dans une course folle. Ses bras balaient le long de son corps fin et musclé, dans son dos sa tresse tanguait et jouait dans les courants du vent qu'elle-même créait, par son allure ahurissante. Elle ferma les yeux un instant, pour profiter de ce vent fougueux qui venait claquer dans ses cheveux et sur ses joues, sur son corps aussi. Sa longue cape violette balayait les étendues aux courbes légères dans son dos, et elle éclata tout bonnement de rire alors qu'une bourrasque venait la percuter de plein fouet. Elle accéléra encore. Il n'y avait plus de course, il y avait seulement elle, et le vent. Une formidable énergie affluait dans chacun de ses membres, et elle se sentait légère comme l'air... Son aura explosa en elle, et elle ne tenta pas de la réguler, la laissant s'étendre à ses côtés, profitant de cet instant de pur bonheur, dans sa propre bulle...

    Une dernière accélération, puisant dans ses dernières ressources, foulées plus fréquentes, encore allongées, souffle puissant, grande inspiration, tête redressée, menton pointé vers l'avant, bras en balanciers... Miss effleura le tronc de l'arbre à sa gauche, ne décélérant qu'après, prenant de grandes respirations pour reprendre un souffle calme... Elle était essoufflée. Un large sourire sur les lèvres à sentir les limites de son corps toutes proches, elle se tourna en un pas de danse, effectua une roue parfaite, avant de se retrouver devant son apprentie, heureuse comme tout, brillant comme un rayon de soleil derrière l'horizon, chaque matin. Secouant doucement la tête, elle posa une main sur l'épaule de son apprentie, doucement, alors que cette dernière soufflait elle aussi. Un sourire radieux sur les lèvres...







[Désolééééééééeeeeeeee pour le retard, en plus c'est VRAIMENT moche comme RP XD Et puis, bah... Bonneuh année ! =DD ]
Revenir en haut Aller en bas
Syndrell Ellasian
Admin
Syndrell Ellasian


Nombre de messages : 4573
Citation : "Nom d'une chiure de mouche qui louche !" [Syndrell Ellasian]
Date d'inscription : 05/04/2010

Feuille de personnage
Age: 30 ans
Greffe: Lame qui sort de chaque avant-bras
Signe particulier: Syndrell sait lire sur les lèvres

Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°5   Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Icon_minitimeLun 03 Jan 2011, 11:20

- Cela aurait été malvenu que tu sois en retard, n'est-ce pas ? Cependant, nous ne passerons pas par la Citadelle : si tu souhaites t'y rendre, cela sera par tes propres moyens...

Syndrell fronça les sourcils. Pas par la Citadelle ? Ils allaient donc remonter par l’Ouest, et suffisamment haut pour franchir la chaîne du Poll. Derrière, il y avait le royaume Raïs. Et derrière le royaume Raïs… l’inconnu. Espérer davantage de précisions sur leur destination était cependant un joli petit rêve ; elle connaissait assez bien Miss pour savoir, sans même poser la question, que cette dernière allait conserver le mystère jusqu’au bout. Elle ouvrit donc la bouche pour protester gentiment – visiter la Citadelle sans son mentor serait forcément moins attrayant que si elle s’y rendait seule- mais la marchombre la devança avec un air matois qui en disait déjà long sur ce qui attendait son élève.

- Pour l'instant, tu te ramollis... Allez, un petit défi pour toi : la première arrivée... A l'arbre rabougri, là-bas, aura l'honneur de ne pas avoir à préparer à manger ce soir !

Ses derniers mots ne s’étaient pas encore envolés avec le vent qu’elle filait déjà comme une flèche, bien trop rapide pour espérer ne serait-ce que la rattraper. Syndrell prit le temps de lui retourner son coup de langue avant de s’élancer à sa suite. L’herbe gelée craquait sous ses pas au rythme de sa foulée et le vent, vif et joueur, cinglait son visage avec force tandis que dans tout son corps se répandait une puissante dose d’adrénaline. Le défi lancé par Miss donnait à leur course une tout autre dimension, bien plus grisante que s’il ne s’était agit que d’un bête exercice ; alors même qu’elle accélérait sensiblement son allure, Syndrell se prit à réaliser que l’enseignement de son maître passait avant tout par l’amusement, qu’il n’y avait pas d’effort sans plaisir, qu’il était possible même de faire d’un combat une danse et de la mort une amie.
Et quelque soit le but de cette course folle à travers la plaine, elle avait encore trouvé le moyen d’apprendre de ce qu’elle vivait. Une poignée de secondes intenses pour une belle leçon de vie.

Elle parvint à se placer à la hauteur de Miss durant quelques mètres avant que son mentor ne reprenne l’avantage. Et lorsque la marchombre atteignit enfin l’arbre rabougri en question, le frôlant du bout de ses doigts pour continuer dans son élan, Syndrell ne se formalisa pas sur les deux secondes et des poussières qui marquaient son retard. Une telle performance avait de quoi la réjouir de fierté, pourtant elle ne considérait pas la victoire comme un acquis, pas plus que la défaite comme un cuisant échec. Le défi ne prenait son sens qu’au moment de sa conception, et il ne prenait fin qu’à l’aube du challenge suivant. L’esprit de compétition est important pour qui se targue de s’améliorer, néanmoins Syndrell n’oubliait pas que la plus belle de toute les compétitions l’opposait à elle-même…


- Belle course… J’avais prévu de vous faire goûter ma soupe, de toute façon.

Les mains sur les genoux, elle sourit entre deux profondes inspirations. Nul doute qu’avant la nuit elle serait déjà lessivée, peu prompte à cuisiner, mais le voyage qui les attendait était visiblement long. De quoi s’essayer à la soupe à peu près autant de fois que Miss allait lui proposer « d’essayer » de la battre à la course !

Syndrell se redressa, rejetant ses cheveux bleus en arrière. Depuis qu’elle avait esquissé son premier pas sur la voie, ils avaient presque doublé de longueur, lui arrivant désormais juste en dessous des épaules. Autrefois, ils n’auraient pas eu cette chance, car elle les aurait coupés par souci de discrétion. Mais les choses semblaient si différentes, à présent… Tant et si bien qu’elle en avait presque oublié le but qui la poussait à toujours avancer. La raison pour laquelle elle avait laissé derrière elle un avenir prometteur de souffleuse de verre. Sa chevelure et la couleur de ses yeux restaient pour elle un mystère qu’il lui faudrait bien percer tôt ou tard, et si désormais elle ne considérait plus ces traits de physique comme une tare, ils n’en demeuraient pas moins trop importants pour qu’elle puisse les oublier. Et si elle ne se pressait pas plus que ça, c’était uniquement parce qu’elle avait appris, d’abord avec un fantastique vieil homme, puis avec une époustouflante jeune femme, que la vie ne valait d’être vécue que par la simplicité de ses formes et de ses couleurs…

La jeune fille se mit à sautiller sur place pour éviter à ses muscles de se refroidir. Quiconque aurait posé les yeux sur elle n’aurait pu imaginer qu’elle venait de piquer un cent mètres ; il lui suffisait désormais de très peu de temps pour récupérer. Au cours de ce voyage avec Miss, elle le savait, il allait falloir qu’elle débusque le fin fond de ses limites les plus vertigineuses. Qu’elle les trouve, et qu’elle les dépasse. Etrangement d’ailleurs, le fait de savoir à peu près en quoi consistait ce nouveau périple l’intriguait : en tant normal, il lui suffisait de suivre Miss et de découvrir, à chaque pas, un nouveau défi. Là, c’était différent, elle n’avait aucune idée de leur point de chute, ni même de l’exactitude de leur itinéraire, et elle ne pouvait évidemment pas lire dans les pensées de son mentor, mais elle devinait à quoi se tenait la raison de chaque pas qu’elle faisait. Etait-ce parce qu’elle commençait à vraiment se connaître ? Ou bien les fondements de l’enseignement marchombre lui apparaissaient-ils désormais clairs comme de l’eau de roche ? Son obtention de la greffe y était-elle pour quelque chose ?


- Miss, vous avez intérêt à rapidement trouver de quoi m’occuper, sans quoi vous allez succomber sous une avalanche de questions… !

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous



Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°5   Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Icon_minitimeJeu 06 Jan 2011, 20:41

    Miss décrocha une nouvelle grimace à Syndrell alors que cette dernière lui lançait qu'elle avait de toute manière prévu de lui faire goûter sa soupe. Puis, elle éclata de rire, tout bonnement. La jeune femme n'avait eu que quelques secondes de retard sur Miss, et cette dernière en avait le coeur plein d'émotion : Syndrell avait tellement appris ! Un sourire fier passa sur le visage de Miss, et elle se demanda un instant comment son apprentie se serait développée avec un autre Maître... Aurait-elle été plus forte ? Plus rapide ? Plus... Non. Elle n'avait pas à se poser des questions. Miss avait toujours tout donné à son apprentie, s'amusant sans cesse à lui lancer des défis qui n'en étaient pas vraiment, et chaque seconde passée avec son apprentie lui réchauffait le coeur... Même si durant un instant, ses pensées s'envolèrent vers Erwan, à cette simple pensée. Que faisait-il, en ce moment-même ? Pensait-il à elle comme elle pensait à lui ? Elle leva un instant les yeux vers le ciel, avant de prendre conscience que sans doute son apprentie l'observait. Et Miss savait pertinemment que si elle connaissait parfaitement Syndrell, cette dernière la connaissait aussi parfaitement de son côté, et ne manquerait pas de remarquer son trouble, surtout qu'elle rougissait légèrement... Pourtant, elles en avait parlé quelques minutes plus tôt, d'Erwan. Miss soupira. Elle se demanda si ce qu'elle ressentait continuerait d'être si puissant. Elle espéra de toute ses forces que oui. Un soupir franchit ses lèvres, alors qu'elle se remettait à marcher tranquillement aux côtés de son apprentie. Elle éclata de rire alors que Syndrell lui disait qu'il allait falloir qu'elle l'occupe, sinon elle en deviendrait un moulin à paroles, et alors Miss fit un petit écart sur le côté.

    - D'accord, d'accord. J'en ai assez de tes jérémiades, on continue sur cette lancée...

    Miss fit une brusque accélération. De presque-immobilité à jaillissement. Ne vérifiant même pas si Syndrell la suivait, elle s'arrêta d'un coup, utilisant l'énergie de son corps pour faire demi-tour, tendit la main vers son apprentie, et l'effleura au niveau de l'épaule.

    - Et alors, c'est quoi ces réflexes ? Un peu de nerf voyons ! Tu deviens une vraie limace, c'est bien ce que je disais !

    Eclatant de rire, les yeux pourtant vigilants quand aux mouvements de son apprentie, Miss se décala encore sur le côté. Elle marchait toujours, jetait quelques regards en coin à son apprentie, fit mine de l'ignorer un instant, revint à la charge. Elle feinta un instant à droite, passa dans son dos, s'amusa à lui caresser la mâchoire, avant de retirer sa main, aussi impalpable que les fées de lumière dans les sous-bois. Et elle continuait de rire. Miss était emplie d'une formidable énergie. Formidable énergie qui avait émergé de sa dernière rencontre avec Erwan. Energie puisée dans les fondements du premier baiser qu'ils avaient échangé, sur le bord de Chen. Energie puisée de tous ce qu'ils s'étaient dit sans parler. Energie de leur rencontre, rocambolesque, pourtant si banale... La jeune femme se baissa soudainement pour se tendre encore une fois vers son apprentie. Elle continuait de la faire tourner en bourrique, l'effleurant de tous sens, virevoltant autour d'elle tout en continuant d'avancer, même si leur rythme était déjà bien plus lent que leur course précédente. Peu importait. Miss bouillait intérieurement, et ses gestes étaient encore plus vifs qu'elle ne le pensait. Elle avait pris une nouvelle conscience de son corps, quelques jours plus tôt, au bord de Chen justement. Découvert une nouvelle parcelle de cette enveloppe charnelle qui était sienne. Elle tira la langue à Syndrell, se décala encore une fois, riant.

    - Allez, un peu à toi, la limace. Esquiver, ça ne fait pas tout !

    Partant dans un nouvel éclat de rire, Miss se mit à esquiver les tentatives de Syndrell à l'effleurer, à son tour. Elle savait que son apprentie ne se formaliserait pas de son nouveau surnom : c'était purement de la provocation, évidement, la partie d'un jeu dont seule Miss connaissait les règles, et qu'elle s'amusait à faire subir à son apprentie. Et elle continuait de rire, alors qu'elle laissait son corps devenir réflexe pur. Elle oublia qui elle était un instant, pourtant elle riait toujours. Elle s'esclaffait à chaque fois qu'elle esquivait une nouvelle attaque surprise de Syndrell. Se tenait à distance lorsque cette dernière faisait mine de l'ignorer, la provoquait en s'approchant très près, se défilant à la dernière seconde. C'était un jeu. Un immense éclat de rire.
Revenir en haut Aller en bas
Syndrell Ellasian
Admin
Syndrell Ellasian


Nombre de messages : 4573
Citation : "Nom d'une chiure de mouche qui louche !" [Syndrell Ellasian]
Date d'inscription : 05/04/2010

Feuille de personnage
Age: 30 ans
Greffe: Lame qui sort de chaque avant-bras
Signe particulier: Syndrell sait lire sur les lèvres

Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°5   Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Icon_minitimeVen 07 Jan 2011, 12:08

- D’accord, d’accord. J’en ai assez de tes jérémiades, on continue sur cette lancée

Syndrell sourit, s’élança à la suite de la marchombre…
…manqua de se prendre une belle baffe dans la figure. En fait, ça aurait très bien pu être le cas si Miss l’avait voulu, mais il fallait croire que son mentor se sentait d’humeur magnanime car elle n’avait fait que lui effleurer l’épaule du bout des doigts. La jeune fille se figea, stupéfaite. Se mouvoir aussi vite était impossible ! Oui, mais pas pour Miss. D’ailleurs, Syndrell se demandait si celle-ci avait une quelconque notion du possible et de l’impossible. Mais elle n’eut pas le temps de lui poser la question. Tout aussi vive d’esprit, la jeune femme enchaînait déjà :


- Et alors, c'est quoi ces réflexes ? Un peu de nerf voyons ! Tu deviens une vraie limace, c'est bien ce que je disais !

La limace en question rejoignit bien volontiers la marchombre dans son éclat de rire. Elle s’était fait avoir comme une débutante, mais le ridicule de la situation disparut dans ce rire et seul son orgueil prit un coup bien mérité. Talonner Miss à la course ne signifiait pas qu’elle n’avait plus rien à apprendre…

- Une limace, hein…

Syndrell se baissa pour éviter le tranchant d’une main et s’effaça souplement, sans interrompre sa marche, pour échapper à Miss. Un frôlement au coin de la joue lui indiqua qu’elle n’avait pas été assez rapide.

- Savez-vous…

Elle sa baissa à nouveau et pivota brusquement pour laisser une attaque de Miss se perdre dans le vide.

- Savez-vous que les limaces sont…

Miss bougea à nouveau, rapide.
Non, plus que cela.
Insaisissable.

Syndrell ne chercha pas à saisir quoi que ce soit ; elle bondit, s’élevant d’un formidable bond, sans élan ni anticipation. Une pirouette, le vent qui glisse le long de ses flancs, ses mèches bleues qui lui chatouillent le visage, et puis une réception parfaite, sur la pointe des pieds, accompagnée d’une roulade pour amortir le choc.
La jeune fille se redressa, hors de portée, et se remit tranquillement en marche.


- …hermaphrodites ? Bon, d’accord, elles sont carnivores aussi, et je reconnais qu’elles ne battent pas souvent des records de vitesse.

Nouvelle attaque.
Nouvelle esquive.

Imperturbable, Syndrell poursuivait son joyeux monologue tandis que Miss s’évertuait à pénétrer son cercle, chacune de ses attaques s’accompagnant d’un éclat de rire.


- Non franchement, je n’ai rien contre les limaces – mis à part le fait qu’elles sont hermaphrodites – mais vous auriez pu penser à un autre animal. Une tortue, par exemple. C’est mignon, les tortues ! En tout cas ça bave moins…

Attaque, esquive.
Attaque…


- Allez, un peu à toi, la limace. Esquiver, ça ne fait pas tout !

Syndrell grimaça. Visiblement, elle pouvait oublier la tortue et se mettre à chercher les attraits de la limace… s’il en existait. Elle n’était pas vexée, loin de là ; Miss avait appuyé sa boutade en lui tirant la langue, son éclatant sourire démentant ses paroles. Un nouveau défi venait de commencer, c’était celui de la vitesse et de la fluidité, des réflexes et de la ruse. Un défi qui avait souvent opposé Syndrell et les autres apprenties de Miss lorsque celle-ci avait le dos tourné, feignant probablement de ne rien voir. Un exercice qui prenant tout son sens et sa réalité dans l’univers du combat, mais celui que traversaient en ce moment le deux marchombres était celui, calme et paisible, du jeu.

Tout était affaire de concentration. Syndrell était bavarde, mais sa diatribe sur les limaces avaient surtout servi à capter l’attention de Miss – à la capter, et à la détourner. A présent que les rôles étaient inversés, la jeune fille redevint la guerrière silencieuse et mystérieuse, concentrée sur une cible bien précise, ouverte au moindre bruissement qui agitait son entourage, au moindre frémissement qui venait s’ajouter à sa perception des choses.
Elle se mit en mouvement.

Alors que ses tentatives pour éviter Miss n’avaient rien eu de particulièrement remarquable, à la limite du décevant, ses attaques se révélèrent parfaitement différentes. Sa vitesse s’était comme soudain décuplée, ses gestes étaient bien plus précis, ses attaques justement ciblées, ses réflexes parfaitement aiguisés. Quiconque aurait observé la scène depuis quelques minutes se serait posé des questions quand à ce changement inattendu…et c’était là tout l’objectif de Syndrell. Brouiller les pistes. Troubler l’adversaire, le tromper afin d’obtenir un coup d’avance ; car il ne suffit parfois que d’un seul coup pour faire pencher la balance. Un éclat traversa l’or de ses yeux. Elle tenait cette ruse d’un ami Dessinateur, que le caractère extrêmement changeant avait intrigué. C’est en l’observant qu’elle avait tout simplement eu l’idée de reproduire ce curieux phénomène…

Attaque.
Esquive.

Miss ne mordait pas à l’hameçon de la surprise, elle connaissait trop bien son élève pour cela. Jamais en réel danger, toujours hilare, elle s’éclipsait chaque fois que les doigts de Syndrell venaient frôler le bout de ses cheveux. A côté d’elle, la jeune fille avait l’impression d’être cette limace à laquelle elle avait été sournoisement comparée, pourtant elle ne se leurrait pas ; avec Miss elle était rapide, avec n’importe qui d’autre elle était plus encore.
Insaisissable.


Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous



Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°5   Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Icon_minitimeLun 10 Jan 2011, 15:08

    Miss tournait et virait, hilare. Son apprentie, après un premier réflexe vraiment lent, s'était resaisie et tentait de la déconcentrer avec ces histoires de limaces et de tortue. Miss aimait bien les tortues, et cela aurait été accorder trop d'attention à son apprentie, même si elle aurait pu le faire juste pour le plaisir de se moquer d'elle juste après. Mais la Marchombre ne se donna pas ce petit plaisir, continuant simplement d'attaquer son apprentie avec vivacité. Syndrell tentait d'éviter ses coups, par des revirements brusques, des figures promptes, pourtant elle ne réussit qu'une seule fois à se soustraire aux caresses des doigts de la Marchombre. Toujours aussi gaie, Miss remarqua évidemment le changement d'attitude chez son apprentie lorsqu'elle lui dit qu'elles inversaient les rôles... En effet, si esquiver n'était pas grand chose, attaquer en était une autre... et Syndrell était bien plus à l'aise dans la vivacité des attaques que dans l'univers des réflexes. Un autre sourire entama le visage de Miss, alors qu'elle s'effaçait doucement mais simplement devant une énième tentative de son apprentie. La Marchombre était maintenant aussi à l'aise en esquive qu'en attaque, mais longtemps elle n'avait été capable que d'esquiver, ses réflexes ayant été rodés depuis sa plus tendre enfance à réagir au quart de tour à n'importe quelle sollicitation. Ses attaques avaient été floues et imprécises, manquant de rapidité. Son entraînement chez les Frontaliers avait gommé le manque de précision, mais ce n'était qu'auprès de Mituu qu'elle avait vraiment décuplé sa rapidité et sa vivacité dans l'attaque. Mais la jeune femme la connaissait aussi, à dire vrai. Sans doute se servait-elle de cela plus ou moins inconsciemment, se rapprochait, avant que Miss ne redevînt imprévisible, se faufilant comme un courant d'air entre les doigts de Syndrell. L'apprentie était tout de même étonnante. Etonnante, parce que Miss, même si elle voyait encore des choses sur lesquelles elle devait s'entraîner, savait qu'elle pourrait le faire seule, et découvrir, repousser, ses propres limites. Seules quelques leçons persistaient à être apprises, peut-être encore une ou deux, pas plus. Et elle savait que Syndrell les comprendrait immédiatement : elle était trop Marchombre pour être passée à côté de telles leçons, dans sa vie de tous les jours, même si Miss pensait qu'elle devait les rappeler à voix haute et intelligible...

    - Allez, on y retourne !

    Virevoltant sur elle-même, la Marchombre tourna, avant de repartir en avant d'une puissante foulée. Courir. Encore. Miss adorait courir, depuis sa plus tendre enfance. Elle devait sans cesse bouger, était trop remplie d'énergie pour tenir plus de quelques minutes en place, sauf si vraiment elle s'en efforçait, et cette énergie était plus facilement canalisée par la course, quand elle se déplaçait. Elle utilisait cette énergie inépuisable pour tout ce qu'elle faisait, et c'était ce qui rayonnait d'elle, même si elle ne s'en rendait pas compte. Une inébranlable joie de vivre la tenait entre ses mains, dans son ventre, et elle parcourait le monde de ses immenses yeux violets, s'émerveillait de tout, riant de rien, traçant son propre chemin. Lorsqu'elle avait pris la décision de devenir Maître, elle ne pensait pas que cela se passerait ainsi. Elle pensait qu'elle se calmerait un peu, sans doute à cause des responsabilités qui pèseraient sur elle, qu'elle ferait plus attention... Il n'en avait rien été. Ou alors, un petit peu, à un moment donné, lorsqu'elles avaient été attaquées par le tigre des plaines, avec Lyan et Tara. Mais au fil du temps, Miss était juste redevenue Miss. Après tout, c'était la seule chose qui la définissait vraiment : elle n'était qu'elle-même ! Un immense sourire sur les lèvres, alors que l'air glacé du soir descendait sur Miss et son apprentie, cette dernière encouragea Syndrell à continuer : elle connaissait une auberge qui ne devait plus être très loin de là. Elles coururent encore une heure après que le soleil se fût couché derrière l'horizon, avant que les yeux de Miss, habitués au noir ambiant, ne découvrent une large fumée qui montait vers le ciel : elles arrivaient ! Pour conclure correctement cette course, Miss accéléra allègrement sur les derniers cent mètres, laissant l'initiative de la suivre à cette allure à Syndrell. Elles entrèrent ensuite dans la petite pièce de l'auberge qui sentait bon le fumet de la viande cuite et revenue... Se léchant les babines, Miss choisit une table un peu excentrée pour s'assoir.

    Evidemment, cette auberge fit remonter en elle des souvenirs. Sa rencontre avec Erwan, c'était normal. Elle l'avait retrouvé, à tout hasard, dans une auberge un peu similaire à celle-ci, même si à ce moment-là, il neigeait dehors. L'ambiance ténue était ressemblante, la table ronde comme à ce moment-là... La Marchombre se laissa porter par les souvenirs. Le souvenir du visage du jeune homme, proche du sien, des légers contacts de cette nuit-là, de la découverte du jaguar qui vivait avec lui, la découverte de souvenirs dont elle pensait s'être débarrassés, l'assimilation à ce qu'elle-même avait vécu des années plus tôt... Puis, inévitablement, l'Ahn-Ju de Syndrell, le regard d'Erwan à ce moment-là... Ensuite, encore, leur rencontre sous les étoiles, avec cette musique tranquille qui résonnait dans l'air, les caresses qu'ils avaient échangées... Miss frissonna. Il ne faisait pas froid, pourtant dans l'auberge, et elle sentit qu'elle avait encore le haut des joues qui avait rosi, comme à chaque fois, en fait, qu'elle pensait au Marchombre avec lequel elle avait échangé un baiser, et même plus que cela... Tournant un regard interrogateur vers Syndrell, elle se demanda si son apprentie pensait à son Mercenaire comme elle-même pensait à Erwan. Elle ne pouvait pas juger Syndrell pour cela, elle-même était tombée sous le charme de plusieurs Mercenaires : il y avait eu Tenargir, d'abord, qui l'avait attirée physiquement et intellectuellement. Puis Thor, qui n'avait été qu'un amant de passage, un coup d'un soir. Miss ne se butait pas sur les croyances ou sur ce qu'étaient les gens en façade. Elle-même le savait bien, elle n'était pas toute d'Harmonie, sa greffe-même dévoilait le contraire. Tout un chacun avait son propre équilibre...


    - Je voudrais du civet de sanglier avec du niam, s'il vous plait !








[Désoléééééeeee ! U_U
J'ai trop de trucs à faire en ce moment, je rame à fond U_u ]
Revenir en haut Aller en bas
Syndrell Ellasian
Admin
Syndrell Ellasian


Nombre de messages : 4573
Citation : "Nom d'une chiure de mouche qui louche !" [Syndrell Ellasian]
Date d'inscription : 05/04/2010

Feuille de personnage
Age: 30 ans
Greffe: Lame qui sort de chaque avant-bras
Signe particulier: Syndrell sait lire sur les lèvres

Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°5   Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Icon_minitimeMar 11 Jan 2011, 17:02

[ Pas de souci, j'ai tout mon temps - d'autant que tu as pas mal d'autres rps...intéressants...à poursuivre en même temps que le cours ^^ ]

Leur danse dura un petit moment sous la course du soleil froid de l’hiver.

Miss riait toujours, insaisissable feu-follet de joie et d’énergie pure. Syndrell jouait avec ses limites, étonnante limace aux vifs réflexes et à la langue bien pendue. Nombre de fois la main de la maître marchombre effleura la gorge de son apprentie, sans que celle-ci ne cille ni n’ait un mouvement de recul. Presque un an plus tôt, Syndrell avait confié sa vie à Miss, apprenant la confiance, découvrant le respect, devinant la complicité. A sa ceinture était toujours le couteau que son mentor lui avait donné, le premier jour de leur rencontre. Une lame que la valeur de celles qu’elle avait à présent dans les bras ne pourrait jamais remplacer à ses yeux. Lorsque les doigts de Miss venaient frôler sa peau, elle imaginait les dégâts qu’ils auraient pu causer à une toute autre personne qu’elle. Elle mémorisait son erreur de placement qui lui avait valu cette faille dans sa protection. Et jamais les mains de Miss ne venaient frapper deux fois au même endroit.

La limace devenait feu-follet.
Imperceptiblement, ses mouvements déjà infiniment souples se fluidifièrent, son souffle ralentit davantage, ses gestes s’accélérèrent. La danse changea de rythme, adoptant celui de l’irréel, défiant toute dimension du possible dans un échange presque dépourvu de tout contact.

Attaque.
Esquive.


- Allez, on y retourne !

Rupture.
De l’exercice, et non pas de la danse ; d’un même geste, les deux marchombre se mirent à courir vers le nord, côte à côte, adoptant un rythme plus lent mais non moins harmonieux. Syndrell inspira vivement une grande goulée d’air frais, le visage fendu d’un sourire. Encore une course folle à travers l’Empire, de celles qu’il est impossible d’oublier, car chacune est unique. Avec ou sans monture, avec ou sans incident, avec ou sans soudain caprice de maître marchombre.
Toujours avec un bonheur partagé.

Inspirer.
Souffler.

Du coin de l’œil, Syndrell surveillait Miss, attentive au moindre de ses mouvement, à la moindre de ses trajectoire, prête à changer de rythme selon d’imperceptibles signaux. Un souffle plus rapide, un tressaillement, un éclat au cœur de l’océan violet… Un guerrier se doit de prévenir, d’anticiper. Parce qu’il sait qu’un seul geste peut faire toute la différence, qu’il suffit parfois d’une brise pour déclencher un ouragan. Syndrell avait appris à décrypter l’indéchiffrable, à reconnaître l’amorce d’un geste, la naissance d’une idée. Elle savait reconnaître une attaque, même camouflée.
Elle savait aussi que Miss était capable de la surprendre, malgré tout.

Inspirer.
Souffler.

Une fine pellicule de transpiration couvrit sa peau, un peu de rouge fleurit sur ses pommettes. Syndrell n’était même pas essoufflée. Un an d’entraînement quotidien à la course avait développé son endurance et modelé son corps ; courir était devenu un déplacement normal pour elle. Il en résulterait une bonne nuit de sommeil, mais pour l’heure Syndrell courait sans penser si loin. Elle ne réfléchissait pas, son esprit était vide, vide de tout projet, vide de tout souvenir, de toute idée. Vide.

Et il le resta jusqu’à la nuit tombée, de sorte que lorsque la jeune fille reprit enfin contact avec la réalité, elles étaient arrivées aux portes d’une minuscule bourgade endormie. Sentant Miss prendre de la vitesse, Syndrell raccourcit sa foulée et banda ses muscles pour rester à sa hauteur. Elles s’arrêtèrent devant une petite auberge aux traits accueillants. Mains sur les hanches, Syndrell fit quelques pas pour récupérer. Moins d’une minute plus tard, elles entraient dans l’établissement…

Quelques clients s’attardaient dans une salle ronde dont les tables faisaient cercle autour d’une imposante cheminée. Miss l’entraina vers une table du fond et la jeune fille se plaça tout naturellement dos au mur – une habitude qu’elle avait prise afin d’éviter les mauvaises surprises. Repoussant d’un geste sa capuche sur ses épaules, libérant une masse de cheveux bleus, elle sourit en sentant le regard appuyé des personnes se trouvant non loin d’elle. Celui de la tenancière la parcourut de haut en bas, puis de bas en haut, s’arrêtant un instant sur sa chevelure lorsqu’elle s’approcha de leur table. C’était une femme d’âge mûr et replète, à l’air courroucé et aux manières un peu rustres qui pourtant ne détonnaient pas avec l’ambiance de l’auberge.


- Ce s’ra quoi ?

- Je voudrais du civet de sanglier avec du niam, s’il vous plait !

- Et vous ?

- La même chose, merci.

Nouveau regard étonné. Dans un haussement d’épaules, la tenancière s’éloigna vers les cuisines, laissant Syndrell hocher la tête d’un air amusé. Devant l’absence de réaction de Miss toutefois, elle fronça légèrement les sourcils et observa discrètement son mentor. Celle-ci semblait plongée dans ses pensées ; sans doute concoctait-elle un programme dévastateur pour son élève ? Syndrell rejeta cette supposition d’un clignement de paupières. De ce qu’elle en savait, Miss prévoyait souvent ses exercices au dernier moment, évoluant en fonction du temps, du lieu et de l’humeur… En outre, l’éclat qui animait dans ses yeux violets était plus tendre que sadique. Syndrell devina qu’elle songeait à Erwan, et sourit. Miss était heureuse, et elle lui transmettait sans le savoir un peu de cet indicible bonheur qui anime le cœur de ceux qui s’aiment.

Et une pensée en appelant toujours une autre, la jeune fille laissa les siennes vagabonder jusqu’à un mercenaire aux yeux d’encre et aux lèvres de feu. Caressant pensivement son bras droit, elle se demanda comment réagirait Owen en apprenant sa greffe. S’il l’apprenait. S’ils se revoyaient… Comment imaginer telle ou telle possibilité alors qu’elle n’avait aucune nouvelle de lui depuis deux mois ? Alors qu’elle s’apprêtait à déguster un civet, Owen Morgue était peut-être mort, mais il était peut-être aussi dans les bras d’une autre femme…


* Oh là, doucement ma vieille. Tu t’égares…*

Elle s’égarait loin, en effet, au point de frôler la stupidité. Mais elle devait bien s’avouer que les choses n’étaient pas simples. L’étaient-elles davantage pour Miss ? Après tout, Erwan était également un maître marchombre. Eux ne couraient pas le risque de se heurter aux murs de la trahison et du déshonneur. Pas plus qu’ils ne risquaient de s’entre-tuer – du moins, elle l’espérait pour eux… Syndrell avait attaqué Owen, la dernière fois qu’ils s’étaient vus. Lors d’une prochaine rencontre, le mercenaire pourrait avoir changé, tout comme elle avait changé depuis deux mois. Et plus que jamais, elle était incertaine quant à l’issue de telles retrouvailles…

- Il y a quelque chose qui m’intrigue…

La tenancière interrompit Syndrell en posant devant son nez une assiette remplie qui dégageait un doux fumet. C’est à ce moment là que la jeune fille se rendit compte de la faim qui lui tenaillait le ventre. Sans plus de manières, elle se jeta sur son plat, s’autorisant quelques bouchées avant de poursuivre.

- Les marchombres peuvent solliciter la greffe et l’obtenir. Qu’en est-il des mercenaires ? Ont-ils une greffe, ou quelque chose qui s’y apparente ?

Syndrell leva les yeux vers Miss, la bouche pleine.
Nom d’une chiure de mouche, comme dirait Enna, que ce civet était bon !


Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous



Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°5   Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Icon_minitimeMar 11 Jan 2011, 19:41

    - De ce que je me souviens des rumeurs qui circulaient alors que j'étais apprentie Envoleuse, il semblait que quelque chose était offert à ceux que les Maîtres jugeaient les meilleurs. Après, je vois mal comment quelque chose peut s'apparenter à la Greffe...

    Elle est tellement intime, ce n'est pas un quelconque ajout, mais une véritable extension de soi-même... Même si, quelque part, on peut se demander de quoi sont réellement capables les Mentaïs...




[Oui, c'est sûr, ils sont intéressants, mais d'abord tu passes avant, et ensuite, j'aime tellement Syndrell que c'est impossible de l'oublier ! =P ]
Revenir en haut Aller en bas
Syndrell Ellasian
Admin
Syndrell Ellasian


Nombre de messages : 4573
Citation : "Nom d'une chiure de mouche qui louche !" [Syndrell Ellasian]
Date d'inscription : 05/04/2010

Feuille de personnage
Age: 30 ans
Greffe: Lame qui sort de chaque avant-bras
Signe particulier: Syndrell sait lire sur les lèvres

Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°5   Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Icon_minitimeMar 11 Jan 2011, 23:08

- Ne pourraient-ils pas se rendre au Rentaï ? Je veux dire, si la greffe est une extension de soi, si elle doit s'accorder avec un tout pour former un équilibre parfait, un mercenaire devrait pouvoir tenter l'expérience, non ? Après tout, l'équilibre est un concept subjectif, qui dépend de chacun... Je me pose la question, parce que je crois avoir déjà rencontré un maître Envoleur possédant une greffe. Mais celui-ci ayant connu un enseignement marchombre, je me suis toujours demandé quand il avait pu obtenir sa greffe...

[ Coool, parce que moi j'aime Miss. Gloire à nous, alors ! ]
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous



Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°5   Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Icon_minitimeMer 12 Jan 2011, 09:50

    - Bien des gens se sont aventurés sur le Rentaï et ont gravi ses falaises. Des voyageurs, des Frontaliers, et même des Mercenaires... Aucun n'a pu percer son secret, et ils sont repartis comme ils sont arrivés - ou avec quelques kilos de moins.

    Tu parles de la femme aux cheveux blancs que l'on a rencontrée au Domaine ?

    En y réfléchissant, cela ne m'étonnerait pas qu'ils modifient leur corps en profondeur, mais je ne sais pas comment ni pourquoi. Le Rentaï nous confie ce qui a, en quelques sortes, toujours fait partie de nous. Rien ne peut se rapprocher de l'entité qu'il forme... Et puis après tout, ce n'est qu'une grosse montagne !
Revenir en haut Aller en bas
Syndrell Ellasian
Admin
Syndrell Ellasian


Nombre de messages : 4573
Citation : "Nom d'une chiure de mouche qui louche !" [Syndrell Ellasian]
Date d'inscription : 05/04/2010

Feuille de personnage
Age: 30 ans
Greffe: Lame qui sort de chaque avant-bras
Signe particulier: Syndrell sait lire sur les lèvres

Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°5   Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Icon_minitimeMer 12 Jan 2011, 11:33

- Une grosse montagne plus efficace encore qu'un régime ! Oui, c'est bien elle, cette femme au verbe ironique. Lorsque je le l'ai affrontée, je me souviens avoir décelé quelque chose de particulier en elle, sans réussir à comprendre de quoi il s'agissait. Je sais, maintenant. Cette incroyable confiance, cette force pure, entière... Elle possède la greffe, j'en suis sûre. Je me demande bien pourquoi elle n'en a pas fait usage contre moi. Quoi que, à la réflexion, vous ne lui en avez pas vraiment laissé le temps...!

(Rires)
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous



Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°5   Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Icon_minitimeJeu 13 Jan 2011, 19:46

    Miss éclata de rire, joignant son hilarité à une langue bien pendue. Son apprentie avait parfois des expressions vraiment amusantes ! Mais cela ne l'étonnait pas plus que cela. La femme en question avait dit qu'elle avait eu un apprentissage de Marchombre, elle avait très bien pu aller jusqu'au Rentaï et obtenir la greffe : certains Mercenaires étaient réellement des Marchombres renégats, et après tout une Montagne ne pouvait pas prendre en compte le libre-arbitre de chaque Marchombre. Surtout qu'à la base, peut de Marchombres avaient accès à la Greffe... Miss soupira doucement, avant de reporter son attention sur le fumet que le serveur venait déposer entre elle et son apprentie. Le civet était complet : il y avait même une grande partie de la carcasse du pauvre sanglier dans l'assiette. Il donna des couverts à Miss et Syndrell, pour qu'elles mangeassent à même l'assiette immense, avec le plat de niam qu'il déposa à côté. Se léchant les babines, Miss réussit à reprendre son souffle, avant de déclarer :

    - Certes, mais personne ne peut savoir si elle y était allée durant sa formation de Marchombre. En tant que Mercenaire, elle ne peut rien recevoir, j'en suis certaine, mais si lorsqu'elle s'y est rendue, elle était en apprentissage Marchombre, et que le Rentaï l'a à ce moment-là jugée forte d'en avoir une. Certains Mercenaires et Envoleurs sont des Marchombres renégats, qu'importe ce qu'a pensé la grosse montagne entre -temps.

    Ce n'était sans doute pas bien de dédaigner à moitié le Rentaï et ses immenses pouvoir, Miss en avait conscience. Mais après tout, cela ne servait à rien de louer la montagne en elle-même, car si le Murmure glissait chaque jour le long de ses paroi, si c'était un endroit magique, il n'y avait aucune fierté à avoir reçu la Greffe, comme aucune honte à se l'être vue refuser. C'était ce qu'elle pensait au fond d'elle-même, mais elle n'en dit rien à Syndrell : l'apprentie était assez futée pour comprendre ce que pensait Miss, et de plus elle ne voulait pas l'influencer dans son jugement qu'elle portait sur chaque chose, en tout cas l'avis qu'elle s'en faisait.

    - Bon, à table !

    Lui lançant un clin d'oeil, Miss se précipita alors sur la nourriture. Le fumet odorant titillait ses narines depuis quelques minutes, et son estomac faisait des bonds pour qu'elle s'intéressât enfin à lui. Elle en avait les papilles qui frémissaient d'avance, et la salive qui était prête à ingurgiter le plat entier s'il le fallait ! Tous crocs sortis, la Marchombre mangea, affamée, tout ce qu'elle put faire rentrer dans son ventre. Un bon quart d'heure plus tard, elle avait la peau du ventre bien tendue, comme on dit. Un sourire radieux passant sur son visage, elle posa la main sur son ventre. Une pensée fugace traversa son esprit, trop vive pour qu'elle pût s'en emparer, et elle décida de ne pas la suivre, après tout, elle était bien, là. Détendue. Soufflant doucement, elle sourit sereinement à Syndrell, avant de se redresser un peu, laissant son regard voguer dans la salle. Depuis qu'elles avaient commencé à manger, trois nouveaux groupes d'une demie-douzaine de personnes étaient arrivées et s'étaient attablées. Un sourire tranquille étira les lèvres de la Marchombre, alors qu'elle plantait ses yeux dans ceux de son apprentie. Violet intense dans or en fusion.

    - J'ai envie que tu me ramène le mouchoir qu'il y a dans la poche avant de ce gaillard, là-bas. Sans te faire remarquer, et sans lui adresser la parole, d'accord ?

    Se mordant la lèvre inférieure, Miss fit un nouveau clin d'oeil à son apprentie. L'homme en question était assis à une table avec quatre compagnons, et parlait bruyamment. Il n'avait pas assez bu pour tanguer, et était encore sans doute lucide, ce qui ne faciliterait pas la tâche de Syndrell. D'autant que comme Miss l'avait précisé, le mouchoir était dans la poche avant. La Marchombre se laissa aller sur les deux pieds arrières de sa chaise, son regard détaillant désormais la posture de son apprentie, et tout ce qu'il faisait ses déplacements. Attentive, impatiente de voir cela, même !
Revenir en haut Aller en bas
Syndrell Ellasian
Admin
Syndrell Ellasian


Nombre de messages : 4573
Citation : "Nom d'une chiure de mouche qui louche !" [Syndrell Ellasian]
Date d'inscription : 05/04/2010

Feuille de personnage
Age: 30 ans
Greffe: Lame qui sort de chaque avant-bras
Signe particulier: Syndrell sait lire sur les lèvres

Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°5   Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Icon_minitimeDim 16 Jan 2011, 20:38

[ Vraiment désolée pour le temps de réponse... du monde chez moi, des choses à faire, bref, voilà quoi ^^]

Syndrell engloutit une bouchée de viande et hocha du chef. Elle était d’accord avec Miss ; le Rentaï, pour insondable qu’il soit, ne pouvait prévoir un changement de voie – ce qui, selon la jeune fille, ne signifiait d’ailleurs pas changement d’équilibre. Elle pensait que peut-être Ironie avait accédé à la greffe parce que « la grosse montagne » avait décelé en elle une forme d’innocence qui devait toujours l’habiter, mais d’une autre façon. La guerrière aux cheveux blancs avaient trouvé son équilibre en tant qu’envoleuse et non en tant que marchombre, et Syndrell était bien placée pour savoir qu’elle avait n’était entière que depuis qu’elle servait le Chaos…

Laissant ses pensées dériver, elle se prit à imaginer Owen arpentant la voie des marchombres à ses côtés. Sûr qu’il ferait une excellente recrue, mais alors que Syndrell souriait en le voyant tenter d’apprivoiser le tumulte d’un torrent malicieux, un écho vint briser en mille morceaux cette inoffensive vision. L’écho du sang. Arrêtant sa fourchette à quelques centimètres de sa bouche, Syndrell se figea, assommée par ce bouillonnement intense qui semblait vouloir effacer tout fantasme de la sorte. Non, Owen ne pourrait jamais devenir marchombre. Car avant même d’être un mercenaire, il était un Morgue, et l’harmonie ne faisait pas partie du vocabulaire de cette grande et ténébreuse famille. Imaginer son amant ne serait-ce que se présentant devant Erwan était tout simplement impossible, à moins que les circonstances n’en appellent à un combat – un combat mort.

Impressionnante prise de conscience. Il était étrange, d’ailleurs, qu’elle ait eut lieu dans une simple petite auberge, un odorant et fumant civet entre Miss et elle. Une soirée tout ce qu’il y avait de plus banale, sauf que Syndrell venait de réaliser - pour la première fois avec une réalité saisissante – à quel point la voie de l’Harmonie différait de celle du Chaos. Elle qui avait toujours su voir au-delà des rancoeurs prônées par un idéal plus ou moins valable, elle qui n’avait encore tué aucun mercenaire quand ces derniers avaient pris la vie de bon nombre des siens, elle qui avait vacillé, le temps d’une seconde, d’un battement de cœur, entre deux chemins insidieusement semblables… Elle comprenait, d’un seul coup, qu’elle avait une chance folle d’être toujours en vie après avoir croisé la route d’autant de mercenaires du Chaos. Elle réalisait que ce jour-là dans le Domaine, elle avait risqué leurs deux vies, à Miss et à elle.

Si elle avait suivi Faldor, jamais elle n’aurait obtenu ses lames dans les bras.

Troublée, Syndrell vida son assiette sans vraiment s’en apercevoir. Cette soudaine prise de conscience était encore trop fraîche, trop neuve pour qu’elle ne s’en ouvre immédiatement à Miss ; auparavant, il lui fallait réfléchir, analyser, tenter de comprendre par elle-même. A n’en pas douter, son mentor allait très vite deviner que quelque chose tourmentait son esprit mais elle savait Miss assez délicate pour n’en laisser rien paraître, et simplement attendre – attendre que son élève décide du bon moment pour lui en parler.

Le sourire de celle-ci attira soudain l’attention de Syndrell. C’était celui qui se faisait passer pour plus innocent qu’il ne l’était ; celui qui dissimulait quelque chose de diablement tordu, quelque chose qui allumait une lueur matoise dans les yeux de la jeune femme. La promesse d’un imminent et incroyable défi…


- J'ai envie que tu me ramène le mouchoir qu'il y a dans la poche avant de ce gaillard, là-bas. Sans te faire remarquer, et sans lui adresser la parole, d'accord ?

Syndrell suivit le regard de Miss. Attablé près de la cheminée, ledit gaillard ripaillait joyeusement avec trois de ses compères. A sa façon de parler et au rouge qui s’étalait sur son visage, elle conclut qu’il avait déjà consommé plus d’alcool que nécessaire, mais qu’il n’était cependant pas encore assez saoul pour se laisser prendre son mouchoir sans s’en apercevoir. Un léger sourire flotta sur les lèvres de l’apprentie, qui prit le temps de boire une gorgée d’eau fraiche avant de se lever. Elle s’était attendue à un défi de taille, elle n’aurait pas pu trouver mieux. Voler n’avait jamais été son point fort. Elle avait appris à crocheter des serrures, elle savait entrer chez quelqu’un par effraction, elle pouvait lire sur les lèvres et dérober les paroles d’une personne, même très éloignée, mais il lui avait toujours manqué le soupçon d’audace et de subtilité du voleur pour réussir cet exercice.

Prenant au passage un plateau plein sur le comptoir, Syndrell se dirigea tranquillement vers la joyeuse tablée, adoptant la démarche chaloupée des serveuses qui, tout à leur travail, ne lui accordèrent pas un seul regard. S’arrêtant derrière sa cible, la jeune fille se pencha en avant, déposant au centre de la table ses lourdes chopines. L’un des cinq hommes la dévora du regard tout au long de la manœuvre – ou plutôt, il dévora sa poitrine dont la naissance était largement révélée par sa combinaison. Syndrell se redressa dans un clin d’œil charmeur et s’éloigna, vive et légère, pour reposer son plateau vide.

Tout sourire, elle retourna s’asseoir en face de Miss en faisant tourner dans sa main le mouchoir de sa victoire.


- A votre place, je ne me moucherais pas dedans : même ma serviette est plus propre…

Il n’y avait aucune vantardise dans le ton de la jeune fille. Elle savait qu’elle devait encore travailler la fluidité de ses gestes. En outre, il y avait une différence entre voler un homme presque saoul et un homme sobre… Si d’aventure elle devait voler un marchombre, par exemple, l’exercice s’avérerait plus compliqué que celui-ci.

- Bon, qu’est-ce que je fais maintenant ? Je rend son mouchoir au monsieur ou je commande le dessert ?




Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous



Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°5   Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Icon_minitimeMar 18 Jan 2011, 10:35

    Le regard observateur de Miss se posa sur la silhouette de Syndrell qui se levait habilement. Déjà, l'apprentie avait un plan, elle le voyait dans ses yeux, et la laissa donc faire. La jeune fille était étonnante, car son esprit toujours alerte trouvait des moyens à chaque défi de Miss de faire quelque chose pour la surprendre. Ce qui ravissait la Marchombre. Après tout, sinon cela n'aurait pas été la même chose. Syndrell était une apprentie géniale, Miss le pensait du fond de son âme. Et la complicité qu'il y avait entre elle était sidérante. Elles passaient évidemment beaucoup de temps ensemble, Miss décidé à lui inculquer tout ce qu'elle devait savoir, et ce au quotidien. Il y avait des périodes où elles ne se voyaient pas, certes, mais ces périodes contribuaient à la force du lien qui les unissait. Un sourire sur les lèvres, la Marchombre soupira doucement, alors que l'apprentie Marchombre attrapait un plateau pour aller mimer une serveuse et prendre son mouchoir au gaillard qu'elle lui avait désigné. Le regard acéré de la Marchombre vit aussi le regard lourd d'un des hommes à table, et elle ne put s'empêcher d'éclater de rire. Heureusement que Syndrell ne la suivait pas sur cette voie-là ! Et lorsque l'apprentie revint vers elle avec le mouchoir en question entre les doigts, Miss hocha tranquillement la tête. Elle tira la langue et fronça le nez de dégout devant le mouchoir en question, et éclata de rire devant la question de Syndrell. Se reprenant, le regard brillant, Miss lança à son tour :

    - Juste pour rigoler... Un défi. Cap de ramener ce mouchoir à celui qui t'a reluquée comme gage ?

    Une lueur franchement amusée passa dans le regard de Miss, alors qu'elle écoutait la réponse de Syndrell tout en la regardant faire. C'était amusant, distrayant, et elle ne put s'empêcher d'éclater de rire devant les airs des uns et des autres. Elles mangèrent par la suite le désert en question, puis Miss congédia son apprentie en montant dans la chambre qu'elle avait louée pour la nuit, pour elles. Autant ne pas faire des cents et de milles pour deux personnes, et puis de toute manière, elles avaient besoin toutes les deux de dormir. Le lendemain matin, la Marchombre réveilla son apprentie avant le lever du soleil, et elles descendirent au rez-de-chaussée pour manger un petit déjeuner. Et elles repartirent vers le Nord, toujours. Miss continuait d'assommer Syndrell de divers petits exercices d'adresse, de vitesse, de réactivité, de réflexes, de réflexion aussi. Parce qu'elle aimait leurs joutes verbales autant que Syndrell, c'était certain. Plusieurs jours se déroulèrent de la même manière, et Miss prenait soin de changer chaque jour les exercices, les rendant bien plus difficiles au fil des jours qui filaient. Et elles avançaient toujours vers le Nord. Une semaine s'écoula lentement, et Miss dirigeait son apprentie plus vers l'Ouest, mais toujours en continuant vers le Nord. Les plateaux d'Astariul recelaient de trésors cachés pour des entraînements de toutes sortes. Escalade, course sur chemins aux obstacles et trous disséminés, combats sur terrain instable... Chaque jour, Miss trouvait au moins deux défis de taille pour son apprentie.

    A la mi-journée du neuvième jour de marche, la silhouette de l'entrée de la ville d'Al-Poll se dessina sous leurs yeux. La ville souterraine ne souffrait pas d'immenses tours, mais d'un réseau complexe qui perdait bien des voyageurs. Souriant à Syndrell, Miss lui expliqua que c'était à cet endroit que la plus grande Académie de Dessinateur de Gwendalavir se dressait, mais que c'était aussi une ville très exposée tacitement parlant, à cause des immenses remparts qu'étaient la chaîne du Poll. Elle lui exposa aussi sa décision de gravir les paroi en question avec elle. Un sourire sur les lèvres, elle emmena son apprenti dans les dédales des rues cachées du soleil de la ville. Elle acheta beaucoup de nourriture, en tout cas assez pour survivre une semaine en ne se privant pas, puis des manteaux épais pour mettre par dessus ceux qu'elles avaient, ainsi qu'une nouvelle paire de bottes pour elle-même et pour son apprentie. Ces quelques emplettes faites, Miss traîna son apprentie hors de la ville, et contourna le sol qui la renfermait par l'Ouest, filant toujours vers le Nord. L'immensité de la Chaîne du Poll se dressait devant elles, vertigineuse de verticalité et aussi lisse qu'un miroir. Se mordant une lèvre, Miss envoya son coude vers son apprentie, un sourire sur les lèvres.


    - Prochain défi. Tu es prête ?

    Soupirant, elle posa son regard sur les parois. De vieux souvenirs s'imposaient à ses pensées. De vieux désir de retrouver Lilita et les Petits, de gambader encore dans les frondaisons des immenses arbres de la Forêt Maison. Elle avait bien l'intention d'y passer ! Avec son apprentie, cela serait amusant, elle pensait. Mais déjà, elle savait que l'escalade de la Chaîne du Poll prendrait une bonne semaine. Heureusement qu'elles étaient arrivées de nuit, ou plutôt très tôt le matin, finalement, au pied des montagnes.

    - Je pense que la traversée du Poll nous prendra une bonne semaine...

    Adressant un clin d'oeil à son apprentie, Miss lui désigna la paroi en jetant un coup d'oeil circulaire pour voir si elles étaient bien seules... Et l'ascension commença. Il y avait des plates formes plutôt régulières, parfois fines, parfois s'enfonçant comme le début d'une grotte dans la paroi. Et lorsqu'il n'y en avait pas, elles ne pouvait pas s'arrêter avant d'en trouver une, et parfois elles montaient durant plus de vingt heures... Il fallait connaître ses limites, se ménager, et toujours avancer... Toujours.
Revenir en haut Aller en bas
Syndrell Ellasian
Admin
Syndrell Ellasian


Nombre de messages : 4573
Citation : "Nom d'une chiure de mouche qui louche !" [Syndrell Ellasian]
Date d'inscription : 05/04/2010

Feuille de personnage
Age: 30 ans
Greffe: Lame qui sort de chaque avant-bras
Signe particulier: Syndrell sait lire sur les lèvres

Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°5   Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Icon_minitimeMer 19 Jan 2011, 12:16

- Juste pour rigoler…un défi. Cap de ramener ce mouchoir à celui qui t’a reluqué comme gage ?

- On ne peut plus cap ! Observez donc la professionnelle que je suis à l’œuvre…

La « professionnelle » en question se redressa et entreprit de faire gonfler ses cheveux en passant ses mains entre les mèches folles qui retombèrent devant ses yeux. Elle se mordit la lèvre pour lui donner un peu de rougeur et osa même descendre un peu la fermeture éclair de sa combinaison. Un clin d’œil à l’attention de Miss, hilare, puis elle reprit son plateau, l’affreux mouchoir et retraversa la salle d’une démarche outrageusement sensuelle. Elle se retint d’éclater de rire en sentant sur elle plus d’un regard affamé et se dirigea droit vers l’homme qui la détailla de la tête au pied d’un œil appréciateur.

- Je crois que vous avez laissé tomber ceci…

Susurrant ces mots, Syndrell glissa le mouchoir dans la poche de l’homme, échappant souplement à ses bras lorsqu’il essaya de l’attraper, disparaissant entre les tables lorsqu’il fit le geste de se lever. Elle eut le temps d’entendre dans son dos un « mais…c’est mon mouchoir ! Comment… ?! » et c’est en riant de bon cœur qu’elle s’attabla à nouveau en face de Miss, juste à temps pour voir arriver son dessert.

- Croyez-le ou non, j’ai le ventre plein mais si je ne fais pas honneur à cette tarte, je le regretterais jusqu’à la fin de ce voyage !

Ce n’était d’ailleurs pas tout les jours qu’elle avait l’occasion d’en manger, de la tarte, aussi dévora-t-elle sa part sans en laisser une seule miette.

La gourmandise commence lorsque l’on n’a plus faim, gamine…

Syndrell haussa les épaules. A coup sûr, le vieux souffleur de verre aurait prononcé ces paroles en la voyant se régaler ainsi, et s’il avait été là, elle l’aurait fait rien que pour le plaisir de l’entendre les lui asséner dans un sourire complice démentant la rudesse du ton employé pour la réprimande.

Elles passèrent la nuit dans une chambre louée par Miss – une bonne nuit de sommeil qui laissa au petit jour une Syndrell fraîche et reposée. Elle eût même droit à un solide petit-déjeuner, promesse d’une éprouvante journée à venir, ce qui ne réussit pas à faire de l’ombre sur sa bonne humeur. Elle avait déjà pris mesure de la chance qu’était la sienne. Courir après l’aventure, simplement portée par le vent, était la plus belle façon de vivre…

Une semaine passa.
Une semaine de liberté la plus totale, dessinée par les exercices que Miss inventait tous les trente pas, jalonnée par des haltes d’une heure ou d’une nuit dans les petites bourgades qu’elles traversaient, rythmée au gré de courses plus ou moins longues et des défis qu’elles s’imposaient à tour de rôle.
Une semaine de complicité absolue, au point de se voir confondues comme deux sœurs par un jeune serveur dans un relais de passage – confusion largement fondée. Syndrell ne remarquait même plus les similitudes qui la rapprochaient de Miss tant elle en avait l’habitude.
Une semaine de travail déguisé en jeu – car Syndrell continuait de se former, guidée par Miss elle avançait toujours plus loin sur la Voie. Elle affinait ses réflexes, consolidait son endurance, fortifiait sa culture personnelle. Miss avait dévié vers le nord-ouest, optant pour un cap que la jeune fille ne connaissait pas ; jusqu’à présent, elle était toujours restée à la frontière des plateaux d’Astariul, cette immense étendue de terre dévastée que l’on disait habitée des brûleurs et des tigres des prairies.

Concernant ces derniers, Syndrell nourrissait moins d’inquiétude, sans doute parce qu’elle avait déjà eu l’occasion d’en affronter un en compagnie de Miss. Il fallait croire cependant que les brûleurs étaient trop occupés pour s’intéresser à deux innocentes marchombres traversant la Plaine de Shaal à pied, car lorsqu’elles atteignirent All-Poll, aucun incident n’était venu troubler leur tranquillité.

Al-Poll.
Voilà bien longtemps qu’elle n’y avait pas remis les pieds… Pourtant la boule qui nouait ses entrailles n’avait rien à voir avec l’angoisse qui l’avait étreinte lorsqu’elle était retournée à Al-Jeit, quelques mois plus tôt. Cette fois-ci, Syndrell brûlait au contraire d’excitation, pressée de redécouvrir ses innombrables ruelles dans lesquelles elle s’était si souvent faufilée la nuit… Elle connaissait la cité comme sa poche, mais c’est avec grande attention qu’elle écouta les explications de Miss et avec efficacité qu’elle l’aida à faire le plein de vivres.

Rien n’avait changé, Al-Poll était toujours Al-Poll, la cité des voyageurs et des Dessinateurs, prospère joyau de l’Empire. Par précaution, Syndrell ne dévoila pas ses cheveux, préférant éviter d’être reconnue par un membre du réseau d’espions de Leif. Non pas qu’elle craigne de les retrouver – ils avaient été sa famille, le temps d’une année. Mais elle vivait dans le présent, désormais, et les Ombres du Poll appartenaient à son passé…

Miss ayant fait l’acquisition de manteaux et de bottes, elles ne s’attardèrent pas dans la cité, la laissant derrière elles pour diriger leurs pas vers la Chaîne du Poll. Plus elles avançaient, plus Syndrell sentait son cœur cogner fort contre sa poitrine. Elle avait fait connaissance avec les hauts glaciers des Dentelles Vives, elle avait traversé les montagnes de l’Est et escaladé le Rentaï… Mais ses montagnes restaient incomparables. Avant même que le sol ne commence à s’incliner, elle pouvait déjà sentir l’odeur particulière des rougeoyeurs et de la neige, la morsure du vent sur son visage, l’ivresse de la hauteur…


- Prochain défi. Tu es prête ?

- Toujours…

- Je pense que la traversée du Poll nous prendra une bonne semaine…

- C’est de bonne guerre... Je vous parie que vous n'arriverez pas à me semer !

Elles s’élancèrent d’un même mouvement à l’assaut d’une très belle aventure. C’est ensemble qu’elles gravirent les premiers mètres d’une ascension qui allait leur demander force et courage ; retrouvant d’instinct les automatismes de son enfance aiguisés par son apprentissage avec Miss, Syndrell s’élevait rapidement sous les rayons d’un soleil plus lumineux que chaud tandis que le vent, son ami de toujours, approuvait ce nouveau défi d’un souffle joyeux qui l’accompagnait dans son escalade et venait chanter à ses oreilles.

Ce périple n’avait rien d’une promenade de santé, mais alors qu’elle se hissait à la force des bras sur un promontoire, à l’aube de leur troisième ou quatrième jour d’ascension, les bras raidis, le souffle court et les lèvres gercées par le froid, Syndrell n’aurait échangé sa place pour rien au monde. Fille des montagnes, sœur du vent, elle était apprentie marchombre, et ce qu’elle vivait aux côtés de son maître n’avait pas moins de valeur qu’un souffle de vie.

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous



Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°5   Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Icon_minitimeMer 19 Jan 2011, 19:22

    Miss souriait. Elle repensait à ce soir-là, dans la taverne, lorsque Syndrell avait secoué sa chevelure, dégrafé légèrement son habit pour aller rendre son mouchoir au gaillard en question. Au final, son apprentie se connaissait bien, savait ce qu'elle était et ne le négligeait pas non plus. Le sourire de la jeune Marchombre s'élargit encore, alors qu'elle s'arrêtait un instant, agrippée à une saillie à peine assez large pour ses doigts, pour fixer son apprentie qui s'élevait à sa suite. Les mouvements de cette dernière était déjà assurés depuis longtemps, à l'escalade, elle se laissait couler le long de la pierre, la comprenait et se fondait en elle, entendait son chant et son appel. Un soupir passa ses lèvres, alors qu'elle relevait les yeux vers le ciel. Encore une cinquantaine de mètre, de visu, avant d'arriver en haut de ce pic, pour partir pour une randonnée chaotique dans la Chaîne du Poll. Cela faisait huit jours exactement qu'elles avaient commencé cette ascension. Les corniches sur lesquelles elles s'étaient reposées chaque nuit, ou presque, étaient exposées au vent, qui venait insidieusement se glisser sous leurs vêtements, gelant leur corps transits par la fatigue. Pourtant, jamais Syndrell ne s'était plainte. Miss faillit éclater de rire en pensant à ce qu'elle-même aurait pu lui répondre si elle avait osé. Son Maître ne l'avait pas elle-même menée par la Chaîne du Poll, mais ils s'étaient engagés sur les océans de l'Ouest sur une barque, chacun avec une paire de rames, et ils avaient essuyé bien des mauvais temps... Elle pouffa de rire, alors que Syndrell arrivait à sa hauteur, lui adressa un clin d'oeil en désignant le ciel d'un mouvement du menton. Et elles continuèrent. Il leur fallut encore une heure pour atteindre le haut des pics... Miss s'y laissa tomber de tout son long, s'allongea sur la pierre, la sentant vibrer sous elle, observant le ciel. Elle nageait dans son large manteau de cuir épais, mais elle était heureuse. Adressant un sourire flamboyant à Syndrell, elle lança joyeusement :

    - Et ben, on y est arrivées !

    Elle se redressa. Une joie enfantine s'engouffra dans son coeur, et elle tournoya sur elle-même, les bras écartés, le visage levé vers le ciel... Et elle tournait, tournait, plus vite, plus vite, riant de bon coeur, avant de se laisser choir encore une fois sur la pierre, secouée encore d'un fou-rire irrationnel. Reprenant une longue respiration, elle se redressa tout à fait, les joues rosies par le froid et le rire, et se mordit la lèvre, avant de lâcher tranquillement.


    - Enfin, non, maintenant il faut redescendre... Ça devrait quand même nous prendre moins de temps !

    Miss calcula rapidement combien de temps il leur prendrait de redescendre de ce côté-ci de la Chaîne du Poll. D'après ce qu'elle voyait, la Forêt Maison s'étendait presque à l'infini sous leurs yeux, mais ne dévoilait aucun de ses secrets. De loin déjà, on devinait la silhouette de l'Arbre Talisman, qui dépassait de plus d'une centaine de mètres de haut tous les autres arbres de la forêt, les reléguant au titre d'arbustes chétifs, alors qu'ils étaient bien plus puissants que cela... Misss soupira en observant le terrain de jeu de son enfance, de si haut... Trois jours. Peut-être quatre, avant d'arriver à l'orée de la Forêt Maison. Deux jours de plus pour se rendre au pied de l'arbre Talisman. Un large sourire fendit le visage de la Marchombre, alors qu'elle inspirait profondément l'air frai du haut des montagnes. Il manquait d'oxygène dans l'air, mais qu'est-ce que cela faisait du bien ! Invitant son apprentie à la suivre, elle s'élança entre deux immenses rochers, sauta par dessus un trou, s'amusa à glisser sur une pierre lisse, où la neige s'était gelée en une fine couche de glace, axa son corps pour sauter droit, s'arrêta un instant sur la pointe d'un rocher. La descente était plus en douceur que la montée, ce serait une véritable randonnée au milieu des pilonnes de roche qui se dressaient vers le ciel dans des promesses silencieuses, offres aux ciel. Et c'était reparti !






[Désoléée, c'est couurt u_u ]
Revenir en haut Aller en bas
Syndrell Ellasian
Admin
Syndrell Ellasian


Nombre de messages : 4573
Citation : "Nom d'une chiure de mouche qui louche !" [Syndrell Ellasian]
Date d'inscription : 05/04/2010

Feuille de personnage
Age: 30 ans
Greffe: Lame qui sort de chaque avant-bras
Signe particulier: Syndrell sait lire sur les lèvres

Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°5   Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Icon_minitimeVen 21 Jan 2011, 15:01

- Et bien, on y est arrivées ! Enfin, non, maintenant il faut redescendre… Ca devrait quant même nous prendre moins de temps !

Il y avait du bonheur dans les paroles de Miss, un bonheur si pur, si proche que Syndrell aurait presque pu l’effleurer du bout des doigts. Peut-on toucher un sentiment ? Le prendre dans ses mains, le serrer contre son cœur ? Bien sûr que oui ! aurait affirmé le vieux souffleur de verre. Car il suffit simplement d’y croire…

Et Syndrell y croyait.
Du haut de ses montagnes, au sommet du monde, exactement entre ciel et terre, Miss près d’elle, elle était prête à croire en n’importe quoi, pourvu que ce soit doux comme la caresse du soleil, vivifiant comme le vent qui dansait dans ses cheveux, sucré comme le goût qu’il déposait sur ses lèvres.

Il avait fallu batailler pour en arriver jusque-là – plus haut, bien plus haut encore qu’elle n’était jamais allée. Affronter le jour, la nuit, les éléments, le vent, le froid, la fatigue, le vide… Les observer, les comprendre, se les approprier. Une semaine de lutte qui, au sommet des glaces, se transformait en formidable amitié scellée par une aventure sans pareille.
Une grande et belle aventure…


* * *

- Es-tu déjà monté jusqu’en haut ?

- Dans ma jeunesse, oui. Dans ma vieillesse aussi, d’ailleurs.


- Comment c’était ?

- Comment c’était quoi ?


- Là-haut. Comment c’était ?

- Encore des questions… Il n’y a pas de mots pour décrire cette aventure. C’est juste une aventure.


- Traverser les montagnes, c’est une aventure. Chasser le cerf, poser des pièges à lapin, pister les loups, c’est une aventure. Affronter la folie de l’hiver pour amasser du bois c’est aussi une aventure. Mais escalader les pics de glace, atteindre leur sommet, surplomber le monde, ce doit être plus qu’une aventure…non ?

- Il faut le voir pour le croire, gamine…Il faut le voir pour le croire. Et y croire pour le voir. Car rare sont ceux qui atteignent les hauts sommets du Poll, tant le chemin est long et rude. Les montagnes sont impitoyables. Fais t’en des amies et tu auras une chance de gravir leurs pentes acérées jusqu’au bout.

- Qu’y a-t-il là-haut ?

- Quoi, comment-ça « qu’y a-t-il » là-haut ?

- Le vide ? De la lumière ? Rien du tout ?

- Tu m’embêtes avec tes questions… Un océan, le plus improbable des océans qu’il puisse être donné de voir en ce monde.

- Un océan…

- Tu sembles déçue ?

- Bien, je m’attendais à quelque chose de plus… « montagneux ».

- Ça, gamine, c’est parce que nul ne peut s’attendre à ce qu’il y a, en haut de ces pics…

* * *


Syndrell n’aurait jamais pu s’attendre à ça.
Alors qu’elle se redressait lentement aux côté de Miss, qui tournait comme une toupie sur elle-même, les yeux de la jeune fille s’agrandirent de surprise.

A ses pieds s’étendait un océan de nuage, tout fait de vagues cotonneuses et de légères volutes blanches. Un tapis de neige, un voile de rêve qui gonflait son cœur comme le vent gonfle la voile.


- Il faut le voir pour le croire…

Un cri du cœur devenu murmure à peine audible.
Syndrell secoua lentement la tête.


- Mince alors... c’est… Bon sang ! Je ne trouve pas mes mots…

Je l’avais bien dis ! Juste une aventure, parce qu’il est impossible de définir autrement cette étonnante et merveilleuse sensation…

Un sourire se dessina sur les lèvres de Syndrell. L’aventure était loin d’être terminée. Il fallait encore redescendre ce qu’elles avaient escaladé – plonger dans un océan de coton, s’offrir au vide le plus grand, le plus profond.
S’envoler, une fois encore.


- Allons-y !

Elle s’élança sans prendre la peine de s’assurer que Miss la suivait. Depuis plus d’une semaine, l’une était l’ombre de l’autre, sans distinction aucune ; c’est ensemble qu’elles poseraient le pied sur le sol, après avoir su dompter le feu de la glace et le froid du vent…

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous



Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°5   Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Icon_minitimeLun 24 Jan 2011, 13:28

    Miss sourit largement à son apprentie, alors que cette dernière s’extasiait à la fois devant la hauteur vertigineuse de la Chaîne du Poll, et devant l’ascension qu’elles avaient faite durant la dernière semaine. Un soupir glissa de ses lèvres, alors qu’elle hochait doucement la tête, portant son regard vers l’horizon. Elle n’avait regardé que du côté du Nord, vers l’immense forêt, jungle, où les arbres plus grands et larges les uns que les autres se disputaient une portion de terre. Mais en braquant son regard violet vers le Sud, elle inspira une immense bouffée de l’air manquant d’oxygène. L’étendue de Gwendalavir était dolant sous son regard acéré, et elle devinait au loin les fortifications d’Al-Poll, la tour de la Citadelle des Frontaliers, les plateaux dangereux d’Astariul et les chaînes des montagnes de l’Est et des Dentelles Vives, si on plissait les yeux. Le ciel clair permettait de discerner tout cela, et ce fut comme si Miss avait été frappée par le vent, elle était admirative devant ce spectacle magnifique. Hochant un peu la tête, comme pour répondre encore une fois à Syndrell, elle souffla longuement, fermant les yeux. Soudain prise de vertige, elle dut s’appuyer sur un rocher proche pour tenir debout, et laissa ses paupières closes pour reprendre son équilibre. Son estomac soubresauta un instant, et elle secoua la tête. Soupirant doucement, elle ne comprit pas ce qui lui arrivait, mais haussa les épaules, adressant un large sourire à son apprentie pour la rassurer. Déjà, elle se sentait mieux, encore en pleine forme. Enfin… presque. Miss éclata de rire en voyant son apprentie lui passer devant à toute vitesse pour descendre les formes escarpées du flanc de l’immense pic. Elle fronça les sourcils, et cligna un instant des paupières. Finalement, elle s’élança dans le sillage de Syndrell, pour la rattraper doucement, mais sûrement. A la fin de cette journée rythmée, alors que le soleil n’était pas encore tout à fait couché, Miss s’arrêta dans une petite grotte encastrée dans la roche, et invita son apprentie à s’y installer. Elles firent du feu et Miss fronça le nez devant la viande séchée : elle devait faire une overdose, car elle n’avait finalement plus du tout faim… Haussant les épaules, elle se força à manger la moitié de sa part, et lança un long regard à Syndrell.

    - On descend sûrement, Syndrell. Tu vois les reflets là-bas en bas ? C’est un fleuve qui passe au milieu des royaumes Raïs, en aval. Demain matin, je veux que tu te débrouilles seule pour le rejoindre. Il y a un endroit où il se découpe en deux pour faire un îlot, tout près du pied du Poll… On s’y retrouve dès que possible !

    Lui adressant un clin d’œil, Miss s’allongea, tranquille, et s’endormit comme une masse. Le lendemain matin, elle s’éveilla bien avant le soleil, et son apprentie dormait encore. Elle ne doutait pas que Syndrell pouvait l’entendre se lever et se préparer, mais elle fut tel un courant d’air pour ne pas indisposer son apprentie dans son sommeil, et repartit avec un sac sur le dos alors que les premiers rayons du soleil franchissaient la ligne de l’horizon. Bifurquant directement vers l’Ouest, elle ferma les yeux un instant pour tenter de retrouver son chemin. Elle suivit la ligne du fleuve des yeux, alors qu’il remontait dans la chaîne du Poll en ruisseau plus ou moins tumultueux. Un sourire sur les lèvres, elle repéra rapidement alors ce qu’elle cherchait : plus bas, à une centaine de mètres d’elle, vers l’Ouest, se dressait un bosquet de quelques arbres, accrochés à la falaise. C’était où l’Aganraï prenait sa source, et elle s’y dirigea résolument. Elle se sentait par moment patraque, mais ne voulut pas plus creuser le fond de la question. Quelque chose était dans l’air, elle le sentait, sans savoir ce que c’était et sans vouloir le savoir vraiment. Peut-être était-ce le manque d’oxygène ? Peu importait. Un bouquetin bêla derrière elle, et elle se retourna avec vivacité. Il la regardait de haut, menaçant, et cela la fit rire. Et elle repartit tranquillement vers le bosquet. Il ne lui fallut guère plus de vingt minutes pour l’atteindre, et elle fut soulagée de voir que le ruisseau n’était pas trop profond. Alors, simplement, elle descendit en suivant le cours de ce ruisseau, qui devint rivière avant la fin de la journée. Il faisait de nombreux entrelacs, et à chaque fois Miss utilisait chacune de ses ressources pour raccourcir son itinéraire. Elle dormit au pied d’un arbre, emmitouflée dans ses couvertures, sans feu pour ne pas attirer les grands félins qui vivaient là, puisqu’elle était seule.

    Un doux instinct de survie faisait surface en elle, alors qu’elle avait toujours été plus que casse-cou, et elle ne comprenait pas pourquoi, et quelle était la signification de cela. Un soupir, et le lendemain matin, elle repartait. Elle n’allait pas trop vite, mais pas trop lentement quand même, soignant chacun de ses mouvements sans comprendre pourquoi. Mais elle avait toujours suivi son instinct, et ce n’était pas parce que cela lui semblait étrange soudain qu’elle allait faire partir en l’air des années et des années de confiance. La roche l’appelait, chantait pour elle, jouait avec elle, et le vent qui battait sa lourde tresse dans son dos caressait doucement ses joues. Miss arriva à la fin du deuxième jour près de l’îlot dont elle avait parlé à Syndrell, et ne doutait pas que son apprentie était déjà arrivée. Devinant sa silhouette sur ce dernier, elle lui adressa un signe de main et lui désigna l’autre berge, où elle voulait la rejoindre. Soupirant, Miss ôta sa jupe et sa cape pour mettre un premier pied dans l’eau gelé. Le long frisson qui la parcourut lui fit un drôle d’effet, mais elle savait que le fleuve n’avait pas plus de soixante centimètres de profondeur à cet endroit. Le courant joua dans ses jambes, et bientôt elle fut à côté de son apprentie, de l’autre côté du fleuve, devant l’orée de la Forêt Maison…


    - Qu’est-il ressorti de ces quelques jours, Syndrell ?

Revenir en haut Aller en bas
Syndrell Ellasian
Admin
Syndrell Ellasian


Nombre de messages : 4573
Citation : "Nom d'une chiure de mouche qui louche !" [Syndrell Ellasian]
Date d'inscription : 05/04/2010

Feuille de personnage
Age: 30 ans
Greffe: Lame qui sort de chaque avant-bras
Signe particulier: Syndrell sait lire sur les lèvres

Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°5   Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Icon_minitimeMer 26 Jan 2011, 01:05

- Qu’est-t-il ressorti de ces derniers jours, Syndrell ?

Syndrell déplia ses jambes et se redressa lentement.
L’or pur d’un regard rencontra le violet intense d’un autre.

Miss avait sûrement déjà remarqué le bandage de fortune à son bras droit. Elle avait sans doute noté l’estafilade qui courait sur sa pommette gauche, juste sous l’œil. Elle comprenait forcément que si les derniers jours avaient été intenses, les dernières heures, elles, avaient été rudes.

Mais son mentor avisé devait aussi – surtout – avoir perçu l’harmonie qui saturait les canaux sanguins et spirituels de son élève. Un équilibre parfait, appuyé par un regard clair, dépourvu de tout regret. Miss attendait une réponse positive.

Sinon, pourquoi aurait-elle posé cette question dans un si franc sourire ?


*
* *

Un mouvement, furtif.
Frôlement léger à peine perceptible.
Syndrell le perçu. A travers les bribes de son sommeil, elle sentit plus qu’elle ne vit son maître rassembler ses affaires et s’éclipser dans le courant frais de la nuit. La jeune fille salua mentalement la marchombre avant de se rendormir profondément.

Le ciel était plus clair lorsqu’elle ouvrit les yeux, mais le soleil n’avait pas encore montré le bout de son nez. La jeune fille bâilla une ou deux fois, s’étira comme un chat et rassembla promptement ses affaires, croquant au passage dans une de ces galettes de miel achetées à Al-Poll. Puis elle s’accroupit au bord du vide, tête penchée sur le côté, et suivit du regard la ligne miroitante du fleuve qui courait vers le nord.

Tu vois les reflets là-bas en bas ? C’est un fleuve qui passe au milieu des royaumes Raïs, en aval. Demain matin, je veux que tu te débrouilles seule pour le rejoindre.

Syndrell plissa les yeux, évaluant la distance et le temps, analysant la pente raide de ce qu’il lui restait à descendre et les risques potentiels qui pourraient la ralentir en chemin. Au bout d’une poignée de minutes, elle se redressa, mains sur les hanches, et hocha la tête.


- Une petite journée devraient suffire, je pense. Allez, ma vieille, on repart !

Fixant son sac à ses épaules, elle amorça la descente, entamant la dernière ligne droite avant de retrouver la terre ferme. Et il était plus facile de grimper que de descendre ; Syndrell n’avait jamais autant serré les dents qu’au cours de ces derniers jours, et il lui suffit de faire quelques mouvements contre la roche pour grimacer de douleur. Au stade où elle en était, elle pouvait sentir le moindre de ses muscles tant ils lui faisaient mal. Jamais encore elle n’avait autant souffert au cours d’une escalade – mais il fallait remarquer qu’elle n’avait encore jamais passé deux semaines à franchir une chaîne de montagnes !

Verrouillant mentalement son esprit pour faire front contre la douleur, la jeune marchombre franchit plusieurs mètres avant de retrouver sa souplesse habituelle. Elle avait des courbatures sur ses courbatures, mais passé le premier palier son corps ne la faisait plus souffrir du tout et alors, il lui semblait qu’elle pouvait escalader ou descendre n’importe quelle paroi pendant des heures entières. Elle savait cependant économiser ses forces et ne pas présumer de ses capaciptés ; chaque demi-heure, elle s’astreignait à faire une petite pause, s’accordant le temps de dégourdir ses muscles selon sa position, de boire un peu d’eau, ou tout simplement d’admirer le paysage.

Car alors que le soleil se levait dans son dos, la nuit laissait place au jour et la nature s’éveillait lentement sous les flamboyants rayons qui trouvaient d’improbables et lumineux reflets sur les eaux du fleuve. Un spectacle à couper le souffle au moins autant que l’oxygène manquant en altitude. C’est en repensant à ce détail que Syndrell, qui modifiait ses appuis pour se stabiliser sur une corniche particulièrement exsangue, fronça les sourcils en se rappelant Miss. Un instant de faiblesse avait étreint son mentor la veille ; bien sûr, elle s’était reprise avant même que son élève n’ait le temps de songer à s’inquiéter pour elle, mais Syndrell avait senti comme une montagne vaciller en elle. Elle avait toujours vu Miss pleine d’énergie, inlassablement joyeuse et bondissante, jamais épuisée ou malade. Une vraie force de la nature, comme il est rare d’en voir, et pourtant Miss avait flanché, l’espace d’une demi seconde… Un battement de cœur tout au plus, qui la rendait plus humaine aux yeux de son apprentie, toujours aussi admirative.

Syndrell s’arrêta dans une anfractuosité qui n’était guère confortable, mais qui lui permettait de jeter un coup d’œil en arrière de façon à déterminer le parcours restant. Les yeux brillants, elle hocha la tête ; en dépit de l’absence de Miss, qui jusque-là imposant un rythme facile à suivre, elle avait parcouru la moitié du chemin en seulement quatre heures, ce qui ne la rendait pas peu fière. Mais alors qu’elle s’apprêtait à reprendre sa désescalade, une ombre se dessina sur elle et elle eut tout juste le temps de rentrer la tête dans les épaules pour éviter d’être heurtée par un oiseau de proie. Un bête réflexe, qui eut pour conséquence de déplacer sensiblement son poids vers l’arrière.
Déséquilibrée, Syndrell bascula dans le vide.

Un battement de cœur, un clignement de paupières.
Un souffle.
Chuintement d’acier, à la fois doux et puissant.
Les lames jaillirent de ses bras et fendirent la roche, freinant sa chute jusqu’à l’arrêter complètement, quelques mètres plus bas.

Plaquée contre la paroi, les bras tremblant sous l’effort que lui avait causé l’arrêt brutal, Syndrell s’efforçait de retrouver une respiration calme. Elle venait de frôler la mort de si près… Dans son dos, le rapace tournoyait, menaçant. Elle ne comprit sa colère qu’une fois son regard happé par la corniche près de laquelle elle se trouvait quelques instants plus tôt – au bord du vide se trouvait un nid, qu’elle n’avait pas vu et qui avait bien failli causer sa perte. Et elle ne pouvait en vouloir qu’à elle-même ; comment blâmer une mère protégeant ses petits avec autant de vaillance ?

Syndrell attendit d’être complètement remise avant de poursuivre sa descente. Parvenue à son terme, deux heures plus tard, elle s’accorda une pause amplement méritée, près de l’endroit où l’Arangaï prenait sa source. Elle ne connaissait pas ce fleuve, mais depuis les hauteurs des montagnes du Poll il lui avait donné envie de le suivre, jusqu’au bout… Sa destination, cependant, allait être plus proche que le « bout » de l’Arangaï.

Il y a un endroit où il se découpe en deux pour faire un îlot, tout près du pied du Poll… On s’y retrouve dès que possible !

La jeune fille goûta un peu de son eau, surprise de ne pas le trouver complètement gelé. Puis ses pensées dérivèrent vers sa greffe ; elle baissa les yeux sur ses bras endoloris. Inquiète pour ses lames, elle les avait soigneusement auscultées avant de se rendre à l’évidence qu’elles n’avaient pas la moindre peccadille. Ses avant-bras, en revanche, avait souffert d’une trop brusque traction et lorsqu’elle se mit en marche pour remonter le fleuve vers l’endroit indiqué par Miss, elle avait les bras tout raides.

l’îlot en question n’était pas encore visible, mais Syndrell ne s’inquiétait pas outre-mesure. Elle avait pris pour guide l’Aganraï et s’amusait à déjouer ses ruses pour l’égarer à droite et à gauche. Chemin faisant, elle s’interrogea plusieurs fois sur cette forêt qu’elle voyait grossir d’heure en heure devant elle. Bien que ne s’étant jamais aventurée au-delà de la chaîne du Poll, elle avait entendu parler de la Forêt Maison des Petits et se demandait s’il s’agissait bien de celle-ci…

Le soir venu, elle s’obligea à s’arrêter sur une rive du fleuve pour passer la nuit. Miss lui avait demandé de faire au plus vite, mais pas de s’abîmer la santé, or elle était épuisée et fourbue. Pour cette raison, elle ne perdit pas trop de temps à manger pour pouvoir se plonger une bonne heure dans la gestuelle marchombre, s’immergeant totalement dans une gangue de sérénité qui ondulait sur elle, glissant sur ses membres endoloris comme l’eau de l’Aganraï glissait sur sa peau. Ensuite seulement, elle s’allongea près de sa flambée de fortune et s’endormit, happée par un sommeil réparateur.

Elle ne dormit pas longtemps.
Il faisait encore nuit lorsqu’elle ouvrit brusquement les yeux. Quelques braises rougeoyaient encore près d’elle, tandis que de l’autre côté bruissait doucement le fleuve. Syndrell se redressa demi, remarquant qu’il n’y avait pas de lune et que le vent lui venait de face. Deux détails qui trouvèrent aussitôt une logique dans son esprit, en accord avec le pressentiment qui l’avait éveillée ; elle se plaque sur le sol au moment où le fauve lui sautait dessus. Presque aussitôt, Syndrell bondit en arrière tandis que l’animal se ramassait sur lui-même, ses yeux brillants comme deux lanternes vertes dans les ombres de la nuit.

Tigre ? Panthère ?
Elle ne parvenait pas à identifier clairement le félin, mais il s’agissait vraisemblablement d’un mâle qui n’avait pas eu son content de viande au dîner et qui s’intéressait de près au met qu’elle était à ses yeux. Tirant deux poignards de sa ceinture, Syndrell se prépara donc à défendre chèrement sa vie. Elle n’avait cependant pas pensé, lorsque l’animal bondit, que ses bras fatigués n’avaient pas encore récupéré la totalité de leur capacité ; il lui tomba dessus de tout son poids et elle fut incapable de le repousser.

Syndrell s’écroula sous la masse de muscle, de poils, de griffes et de crocs.
Le fauve lacéra son torse, lui arrachant un cri ; l’instant d’après, une douleur sourde au-dessus du coude droit lui faisait lâcher son poignard. Arquant brusquement les reins, elle parvint à se dégager mais ne put éviter un coup de patte griffue qui lui déchira la pommette. Un peu plus, et elle perdait son œil…

Se remettant en garde, Syndrell décida de changer de tactique. Elle rengaina le poignard qui lui restait et prit les devants en se jetant elle-même sur le félin, paumes ouvertes, mains vides.
Non, pas vides.
Alors qu’elles empoignaient le pelage de la bête, deux lames surgirent sans bruit, tranchant chair, muscles et os, s’enfonçant dans le poitrail de l’animal comme dans du beurre. La terrible mâchoire claqua à quelques centimètres de la gorge de Syndrell, qui tint bon jusqu’à ce que dans un râle, le redoutable prédateur ne s’effondre enfin, agité de quelques soubressauts qui le laissèrent finalement immobile, et surtout très, très lourd. La jeune fille eut toutes les peines du monde à s’extirper de sous le poids mort, et lorsqu’elle fut libre, elle s’allongea sur le dos, essoufflée. Mais vivante.
Incroyablement vivante.


- Nom…d’une chiure… de mouche, mais qu’est-ce que c’est que ce pays ?!

*
* *

Syndrell rendit son sourire à Miss.
Elle la trouvait fatiguée. Sans doute elle aussi avait-elle vécu des instants aussi forts que son apprentie au cours de ces deux derniers jours ?

Elle-même en avait sacrément bavé. Après sa prise de bec avec le tigre/panthère/monstre, elle avait pansé ses blessures et s’était remise en route, incapable de se rendormir après une telle lutte. Elle avait donc atteint l’îlot un peu avant Miss, ce qui lui avait permis de se poser un peu et de réfléchir.

Réfléchir à cette aventure.
A ce nouveau défi.
A ses propres défis.

Assise sur le petit lopin de terre, elle avait longuement observé ses bras en attendant l’arrivée de son mentor. Pour la première fois, elle s’était servie de ses lames – à deux reprises, et chaque fois il en avait été de sa vie. Elle comprenait qu’il s’agissait d’un commencement, d’une nouvelle façon de vivre, que désormais elle pouvait toujours compter sur elle-même pour se tirer d’affaire – que quelques mois plus tôt, Miss serait sans doute intervenue pour la tirer d’un bien mauvais pas.
Qu’elle avait progressé, bien plus qu’elle n’aurait pu l’imaginer…


- Une formidable expérience, Miss. Un très beau défi. Et une jolie ribambelle de bleus, aussi !

D’un geste du menton, Syndrell désigna ses affaires restées à terre – plus exactement, les deux poissons qui étaient posés près de son sac.

- J’ai pêché ça pour le dîner. Mais si vous n’aimez pas le poisson cru, attendez-vous à un repas sportif ; vous vous occuperez des grillades pendant que moi, je retiendrait les vilains matous affamés… !

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous



Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°5   Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Icon_minitimeMer 26 Jan 2011, 14:05

    Bien sûr que Miss avait remarqué les égratinures de Syndrell, son bras bandé et blessé et la griffure sur sa joue. Mais elle savait aussi que son apprentie n'était pas en trop mauvaise posture, sinon elle ne se serait pas levée si promptement à son arrivée. Un sourire sur les lèvres, la Marchombre observa plus en détail son apprentie, décela la tension dans ses bras, mais aussi la note de pur bonheur qui dansait dans ses pupilles dorées. Elle éclata de rire alors que Syndrell dénombrait plein de bleus, et vint s'asseoir à côté de son apprentie, d'un mouvement vif... Légèrement déséquilibré sur la fin. Fronçant les sourcils, elle s'assit et soupira doucement. Si son corps commençait à lui faire des tours comme ça, c'était vraiment embêtant, pour elle qui avait toujours été précise... Tournant le regard vers les deux poissons que Syndrell avait pêchés et sourit. La jeune femme avait réussi à attraper de belles prises, et d'un autre mouvement vif et gracieux – sans perte d'équilibre cette fois-ci – elle s'approcha des poissons et se pencha pour les attraper par la queue. Elle fronça le nez un instant, prise de nausée, avant d'éternuer vivement. Certes, elle n'avait jamais aimé le poisson, mais elle le mangeait, simplement parce que c'était nourrissant et bon pour la santé. L'odeur des deux morceaux crus lui donnait des haut-le-corps, et elle se pinça le nez en revenant vers Syndrell.

    - Mmm, ils smouettent ces deux-là... On va les faire cuire hein !

    A deux, elles avaient beaucoup moins de chance de se faire attaquer par les prédateurs, Miss le savait et donc ne prenait pas de risques inconsidérés. Deux humains faisaient bien plus peur aux félins qu'un seul, et de plus elle avait cru voir sur le sol des traces de pas de ces derniers, dans une luette ou une chasse... Ainsi, Syndrell s'était sans doute débarrassée d'un, et les autres, pour intelligents qu'ils fussent, ne s'attaqueraient pas de sitôt à d'autres humains. Faisant donc cuire le poisson sur un feu brûlant qu'elle attisa rapidement, elle s'allongea doucement sur le dos, déposant ses mains sur son ventre. Elle tentait de comprendre d'où venait tous ces signes que son corps lui envoyait. Les pertes d'équilibres, les petites nausées, et maintenant cette réaction à l'odeur des poissons... Elle fronça le nez, alors que ce dernier lui indiquait que justement les poissons étaient cuits. L'odeur était beaucoup plus douce, et elle en proposa un à Syndrell avait de manger le sien. Soupirant doucement, elle chercha encore à approfondir ses réflexions sur elle-même, lorsqu'un cri retentit dans la nuit, comme un immense gargouillis, un fouillis d'émotions intense et primaires. Miss éclata de rire devant l'air de Syndrell, et lorsqu'elle se fut reprise, elle soupira doucement pour ne pas repartir à rire.

    - C'est ce qu'on appelle des appels Raïs...

    Riant encore, elle ne savait pas trop pourquoi, elle laissa Syndrell faire ce qu'elle voulait pour la soirée. Elle se sentait épuisée et sombra dans le sommeil avant de se demander si elle ne ferait pas mieux de faire la conversation à cette dernière... Ses rêves furent remplis de couleurs étranges, d'un rouge sombre, d'un rose vif et sanguin, de gris et de violet, de jaune et de orange. Tout était flou, tout se mêlait, s'entremêlait, se démêlait, et elle était juste emportée par le tourbillon de couleurs qui s'imposait à elle... Elle n'immergea le lendemain qu'alors que le soleil avait déjà entamé sa course dans le ciel depuis une bonne heure. Se secouant doucement, elle lâcha un long soupir, tournant son regard vers Syndrell. Elle vit un instant l'inquiétude de son apprentie, mais haussa les épaules. Elle ne se sentait pas mal. Les signaux de son corps n'étaient pas ceux d'une douleur sous-jacente, et si elle avait presque touché du doigt ce qui lui arrivait la veille, le sommeil l'avait emportée avant qu'elle ne pût s'en emparer. Les deux Marchombres déjeunèrent distraitement, Miss lançant quelques piques sur les balafres de Syndrell, s'amusant de voir que si cela n'était pas profond, cela laisserait tout de même de fines cicatrices sur sa peau tannée par le soleil. Puis, elles repartirent, Miss d'humeur légère : elles allaient entrer dans la Forêt Maison, et elle avait hâte de revoir Lilita et tous les autres Petits ! Traversant la rivière peu profonde sans encombre, la Marchombre entra à la lisière de la forêt et se tourna vers son apprentie, lui lançant un nouveau défi :

    - Bon, et bien dans une forêt, mieux vaut se déplacer dans les arbres. C'est plus rapide, et plus marrant aussi. On va vers le Nord-Ouest !

    Désignant la direction approximative de l'Arbre Talisman, se fiant à de vieilles habitudes et à de vieux instincts, Miss s'élança immédiatement à l'assaut de l'arbre le plus proche. En quelques gestes précis, elle fut à plus de trois mètres de haut, et sauta dans le vide. Se servant d'une branche comme axe, elle se propulsa plus loin, bondit encore, attrapa une liane, se balança dans le vide un instant. En quelques secondes à peine, elle avait parcouru plus de cinquante mètres, et se tourna pour encourager Syndrell à la suivre. La forêt était réellement le domaine de prédilection de Miss. Elle bondissait, se faufilait, utilisait les branches les plus fines pour se propulser, montait assez haut pour s'élancer, utilisait son corps comme axe, continuait de filer parmi les branches, sans effort. Plus aucune trace de fatigue ou d'étourdissements, elle avançait à une vitesse fulgurante, faisant parfois des pauses pour attendre son apprentie, qui prit cependant bien vite le coup dans les arbres, même si elle était loin de posséder l'expérience et la dynamique de Miss dans ce genre d'environnement : bien des arbres non connus en Gwendalavir poussaient dans la Forêt Maison, et éprouver leur élasticité ou leur résistance était une question d'expérience, que Miss avait de son enfance. Dans ses souvenirs, elle mettait un jour et demi pour rallier l'Arbre Talisman, mais à cette allure, elles arriveraient avant la fin de la journée, même si elles étaient parties tard le matin. Elles filèrent ainsi parmi les arbres durant tout le jour, ne s'arrêtèrent que quelques minutes pour manger lorsque le soleil fut à son apogée. Miss n'avait rien dit de ce qu'elle voulait faire à son apprentie, et lorsque cette dernière lui avait posé des questions pour en connaître un peu plus sur la Forêt Maison et les Petits, Miss avait juste sourit sans répondre. Elle était d'ailleurs surprise que son apprentie sût qu'il y avait des être intelligents qui vivaient ici, en dehors des Raïs dans leurs Royaumes. Très peu de gens connaissaient l'existence de la Forêt Maison, et encore moins celle des Petits.

    Les arbres se faisaient de plus en plus imposants alors que le soleil distillait une lumière enflammée aux branches à moitié dénudées par l'hiver. Miss reconnut un bosquet de framboisiers, et un sourire immense se glissa sur ses lèvres, alors qu'elle s'arrêtait tranquillement. Une fois parfaitement immobile, elle retint son souffle un instant, tourna son visage vers son apprentie, et lui sourit. On entendait quelques éclats de voix, d'une langue aux sonorités chantantes, que personne ou presque ne connaissait en tant qu'humain. Soufflant vivement, elle poussa la branche d'un arbre aux feuilles persistantes et alors l'immense tronc de l'Arbre Talisman se découpa devant leurs yeux. Poussant un cri de joie, Miss se précipita en avant, alors qu'elle voyait les Petits s'affairer autour de ce dernier. Les passerelles, les ponts suspendus, les maisonnées creusées dans son écorce, tout était presque comme dans son enfance, mais le village s'était tout de même étendu et agrandi depuis sa dernière visite. Un Petit s'arrêta soudain de manger des framboises et fixa un instant Miss et Syndrell, avant de crier dans tous les sens, tirant un éclat de rire à Miss. Aussitôt, elle capta l'attention de beaucoup de Petits et ses yeux pétillèrent de bonheur.


    - Et alors, on ne me reconnaît pas ?

    Il y eu un moment de flottement, et soudain, une dizaine de Petits se précipitèrent vers Miss, qui éclata de rire et s'élança vers le sol, se réceptionnant doucement. Une perte d'équilibre, minime, encore une fois, et la jeune femme porta ses doigts à son front, ferma les yeux, et porta son attention sur les Petits qui s'affairaient sur elle et sur Syndrell, commençant à parler à l'apprentie Marchombre sans se douter un instant qu'elle pouvait ne pas les comprendre.

    - Voici mon apprentie, Syndrell. Elle ne parle pas votre langue, alors allez-y mollo !

    Eclatant de rire devant leurs airs effarés, Miss demanda où était Lilita, et un dénommé Siliti lui dit qu'elle arrivait : elle avait escaladé l'Abre Talisman pour aller admirer Ilfasidrel, et elle devait redescendre... Mais à peine eut-il fini sa phrase que l'intéressée arrivait à toutes jambes et se jeta dans les bras de Miss, qui trébucha en arrière un instant, riant aux éclats. Après une longue étreinte, Miss déposa la Petite à terre et jeta un coup d'oeil à Syndrell, un immense sourire sur les lèvres. Elle espérait que son apprentie ne s'ennuyait pas trop...
Revenir en haut Aller en bas
Syndrell Ellasian
Admin
Syndrell Ellasian


Nombre de messages : 4573
Citation : "Nom d'une chiure de mouche qui louche !" [Syndrell Ellasian]
Date d'inscription : 05/04/2010

Feuille de personnage
Age: 30 ans
Greffe: Lame qui sort de chaque avant-bras
Signe particulier: Syndrell sait lire sur les lèvres

Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°5   Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Icon_minitimeJeu 03 Fév 2011, 12:46

[ Encore désolée pour le retard, vraiment ! ]

Syndrell sourit devant l’air franchement dégoûté de Miss. Elle-même avait eu du mal à se faire à au goût du poisson, mais passée l’odeur, il fallait reconnaître que ça restait nourrissant. Après une journée comme celle-ci, ni l’une ni l’autre n’aurait de toute façon songé à faire la fine bouche et du poisson il ne resta plus que les arêtes.

La jeune fille ravivait leur flambée lorsqu’un long borborygme la fit sursauter. Elle se redressa vivement, tous ses sens en alerte. Au sourire de Miss elle comprit qu’elle s’inquiétait pour rien, mais c’était plus fort qu’elle ; depuis qu’elle avait quitté les hauteurs de la chaîne du Poll, elle n’était pas à l’aise. L’ambiance des lieux ne l’incitait pas à relâcher sa vigilance, et ce cri, pour lointain qu’il fut, lui avait donné froid dans le dos.


- C’est ce qu’on appelle des appels Raïs…

Frémissant de dégoût, Syndrell se rassit lentement. Elle n’avait encore jamais rencontré de Raïs, mais Leif et Sineïdinn, ses parents adoptifs, lui en avaient parlé et elle n’avait pas oublié de quoi ces parasites étaient capables. Mais Miss ne montrant pas le moindre signe d’inquiétude, elle s’exhorta au calme et se remit agiter les braises du bout de son bâton.

Le reste de la soirée se déroula sans interruption bruyante ni attaque féline indésirable. Miss s’endormit presque aussitôt, et Syndrell, épuisée, en fit de même. Le lendemain les trouva mieux reposées, aptes à reprendre la route vers le nord. Pourtant la jeune marchombre trouva Miss étonnamment épuisée – par rapport à la bonne nuit de sommeil qu’elles venaient de se payer. Mais, voyant que celle-ci ne souhaitait pas s’arrêter sur le sujet, elle se contenta de hausser les épaules et de passer à autre chose.

Elle commença donc par s’étirer. Tout son corps subissait le contrecoup d’une dizaine de jours de grimpe et certains de ses muscles, notamment ceux de ses bras, avaient tendance à se tétaniser. Elle prit ensuite un solide petit déjeuner, plus pour s’armer contre le froid que par faim et suivit Miss, droit vers le nord.
Droit vers la forêt qu’elle avait aperçu depuis les hauteurs de la chaîne du Poll.

Ses blessures lui avaient valu de la part de son mentor quelques boutades moqueuses, qui avaient toutefois levé toute inquiétude à leur sujet. Pour éviter que le froid n’empêche la cicatrisation, Syndrell avait pris soin de couvrir les plaies de graisse de phoque, achetée en prévision d’engelures lors de leur passage à Al-Poll. L’estafilade qui courait au-dessus de son coude était certes la plus gênante, mais la course qui les mena toutes deux à l’orée de la forêt nordique ne lui laissa pas le temps de s’apitoyer sur la douleur.


- Bon, et bien dans une forêt, mieux vaut se déplacer dans les arbres. C'est plus rapide, et plus marrant aussi. On va vers le Nord-Ouest !

Syndrell grimaça. Grimper, encore ! Ses bras ne s’étaient pas tout à fait remis, et voilà que Miss remettait ça… La jeune marchombre ne protesta pas. Gagnée par la soudaine excitation de son maître, elle s’engagea à sa suite sous la frondaison des premiers arbres et se hissa sur les branches de l’un d’entre eux. Aussitôt la douleur se fit sentir dans ses bras, mais curieusement elle était moins forte que prévue, et Syndrell retrouva le sourire. Sans attendre Miss, elle s’élança.

Progresser de branche en branche n’avait rien à voir avec l’escalade d’une montagne ou d’une tour. Il fallait sans cesse évaluer la hauteur et la distance, toujours éprouver la solidité de telle ou telle branche, savoir se faire aussi léger qu’une panthère…Tout cela en quelques secondes. Une autre manière d’aiguiser ses réflexes… Miss volait. Sidérée, Syndrell la vit partir comme une flèche, bondir et saisir une branche en vol, bondir à nouveau tel un singe fou. A côté d’elle, la jeune fille se sentit extraordinairement pataude. Mais loin d’en être vexée, elle s’appliquait plutôt à observer les mouvements de Miss pour tenter de les reproduire à son tour, et lorsque le soleil entama sa descente, elle avait réussi à progresser – de manière insensible mais cependant certaine. Ses bras et son visage étaient sales et couverts de petites coupures laissées par les arêtes coupantes de certaines branches, et aux bleus des quelques derniers jours s’ajoutaient désormais ceux d’une mémorable chute depuis la hauteur d’un arbre.

Miss s’arrêta soudain, laissant son élève en faire autant. Les mains sur les genoux, le souffle court, Syndrell prit le temps de retrouver sa respiration avant de détailler l’endroit avec curiosité. La Forêt Maison était immense et extrêmement dense. Si elle n’avait aucun doute quant à l’exactitude de leur position, et ce malgré le silence persistant de Miss à ce sujet, c’était parce que le vieux souffleur de verre lui en avait conté les moindres détails ; avec lui, elle avait voyagé dans tout l’Empire sans même quitter sa petite cahute de montagne. Il lui avait parlé de ces grands arbres au tronc mince et long, et de ceux-ci, petits et touffus, et aussi de ceux-là, buissonneux et couverts de baies sauvages… Il lui avait aussi parlé des Petits.

Se redressant à moitié, Syndrell dévisagea Miss, cherchant à discerner une piste, un indice, un scintillement dans son regard qui pourrait la mettre sur la voie… Les yeux violets de Miss semblaient éclaboussés de lumière. Surprise, Syndrell fronça les sourcils, mais déjà son mentor s’évanouissait parmi les broussailles dans un cri de joie qui interpela la jeune fille. Elle s’élança à sa suite…

…se figea.
Miss étaient entourée par de petits êtres extrêmement joyeux, voire euphorique, qui se bousculaient pour lui sauter dessus en criant dans une langue qu’elle ne comprenait pas.


- C’est pas vrai, je rêve… !

Un simple murmure, soufflé du bout des lèvres tandis qu’elle écarquillait les yeux, tant devant la majesté de l’arbre qui se dressait devant elle que devant l’agitation des Petits. Car il s’agissait bel et bien des Petits, Syndrell ne saurait en douter. Courts sur pattes, trapus, la mine joyeuse, ils tournaient désormais vers elle leurs regards curieux et la hélèrent dans leur langue, la contraignant à secouer la tête.

- Je ne comprends vraiment rien de ce que vous me dites, messieurs…

Miss tourna à son tour les yeux vers elle et prononça quelques mots qui laissèrent les Petits étrangement impressionnés. Ne sachant trop comment réagir, Syndrell s’accroupit dans sa position préférée, se plaçant à la hauteur des Petits, et se contenta de les observer avec la même fascination qu’ils l’observaient, elle. Un Petit surgit soudain de nulle part et se jeta littéralement sur Miss, dans un élan d’affection tel que Syndrell éclata de rire. Elle commençait à comprendre à quoi s’en tenait l’aisance de Miss dans les arbres, que ce soit ceux de la Forêt Maison ou du bois bordant l’Académie ; elle était déjà venue ici, elle avait vécu avec ces Petits, et à voir son regard bouleversé, il y avait un moment qu’elle n’avait pas rendu de visite surprise au petit peuple…

Comme percevant ses pensées, son mentor lui retourna son regard, et Syndrell lui fit signe de ne pas s’inquiéter. Ce moment appartenait à Miss – à Miss, et aux Petits. Des retrouvailles terriblement touchantes et amusantes, dans lesquelles elle n’avait pas sa place. Elle s’éloigna donc de quelques pas, s’appuyant contre le tronc d’un arbre, et croisa les bras sur la poitrine pour observer la scène. Miss était heureuse, cela se voyait. Sa récente fatigue semblait avoir disparut tandis qu’elle riait aux éclats parmi les Petits, tirant un sourire à Syndrell.

Elle se rendit compte, alors, qu’une petite main s’acharnait depuis quelques minutes à donner de très légers coups de poing contre sa cuisse. Baissant les yeux, elle vit un Petit qui se dandinait devant elle, à la fois méfiant et fasciné ; chaque fois qu’il la touchait, il reculait vivement, comme si elle risquait de lui brûler les doigts. Amusée, Syndrell s’accroupit lentement et tendit la main.


- Bonjour ! Je m’appelle Syndrell. Et toi ?

Pas de réponse ; le Petit ne devait pas la comprendre. Il se borna à fixer sa main tendue d’un air soupçonneux.

- N’aie pas peur, voyons ! Ce n’est qu’une main, c’est comme ça que chez moi on se dit bonjour.

Le Petit se gratta la tête, visiblement perplexe. Un éclat traversa soudain son regard et il se mit à fouiller ses poches à toute vitesse. Puis il déposa dans la paume de la marchombre quelques framboises avant de reculer précipitamment et de l’observer avec attention. Tout sourire, Syndrell inclina la tête.

- Merci, c’est très gentil. Je peux les manger ?

Elle mima le geste de manger les framboises et, voyant qu’il ne s’y opposait pas, dégusta les fruits avec plaisir. Le Petit eut un sourire, le même que Syndrell lorsqu’elle comprit qu’un lien venait de naître quelque part. Un pacte, une infime connexion, aussi simple qu’une poignée de framboises et d’un regard complice. A présent totalement confiant, le Petit s’assit à côté d’elle et lui permit de manger quelques framboises avec lui, sans savoir que rien n’aurait pu davantage combler la jeune fille. Adossée au tronc, elle mangea donc des framboises jusqu’à ce que, repue, elle ne bascule la tête en arrière et ne ferme les yeux, savourant cette étonnante plénitude faite de rires, de chants et parfumée à la framboise.

Sans s’en rendre compte, elle s’endormit, bercée par un vent froid mais léger…

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous



Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°5   Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Icon_minitimeJeu 03 Fév 2011, 18:43

[ Pas grave ! =D ]


    Miss était tout simplement aux anges. Si il y avait eu un moment de flottement, les Petits l'avaient reconnue et l'avaient accueillie avec chaleur et excitation, ce qu'ils étaient au fond. Leurs joutes verbales incessantes lui mirent du baume au coeur, et par dessus tout, le simple fait de revoir Lilita lui écrasait la poitrine de bonheur. Elles avaient échangé une longue étreinte, et la Marchombre avait vu que Syndrell était un peu plus loin, assise au pied d'un arbre, et qu'un Petit partageait avec elle sa ration de framboise. Un sourire chaleureux prit place sur ses lèvres, alors qu'elle laissait Lilita retomber sur le sol, et se dirigea vivement vers son apprentie. Quelques pas, et alors qu'elle fut à même pas un mètre de son apprentie, les vertiges la reprirent d'un coup, et elle se sentit vaciller. Elle ne dut cette fois-ci qu'à la vivacité des Petits de ne pas s'effondrer sur le sol tant le coup dans sa tête fut violent et surprenant. Les petits êtres se précipitèrent vers elle promptement pour tenter de la soutenir, même s'ils ne lui arrivaient qu'au niveau du ventre. Elle hoqueta un instant, et le visage de Lilita était déjà déformé par l'inquiétude, un long sillon barrant son front habituellement lisse. Elle ne voulait pas inquiéter plus la Petite, mais ce qu'il se passait dans son corps dépassait son entendement, et elle n'avait jamais vécu rien de tel jusqu'alors. S'appuyant nonchalamment contre le tronc de l'arbre, Miss haleta un instant tentant de retrouver son souffle plus régulier, un sourire douloureux sur les lèvres, quelques gouttes perlant déjà à son front. Tournant la tête, elle tenta de sourire plus franchement, pour s'adresser à son apprentie.

    - Les framboises sont le péché mignon des Petits. C'est un honneur de pouvoir les partager avec eux... Et encore, tu n'as rien vu ! Leur liqueur est vraiment délicieuse...

    Miss se rendit compte que prononcer ces quelques mots l'avait épuisée. Elle sentit que sa bouche était déjà pâteuse, et avalant doucement sa salive... Étonnée de sa propre faiblesse, elle fronça les sourcils, cherchant à s'asseoir sur le sol, difficilement, ne sachant comment faire, cherchant le moyen le moins mouvementé de le faire. Lilita l'invectiva, lui attrapa les jambes et l'implora de la suivre jusque dans un lit, la voix vacillant elle aussi d'inquiétude. N'ayant même plus la force de résister, ni de vouloir dire tout simplement non, Miss se laissa entraîner par les Petits, hébétée. Elle ne comprenait pas cette faiblesse soudaine, alors qu'elle avait virevolté toute la journée dans les arbres, sans ressentir la moindre gêne... Mais chaque pas la faisant tanguer un peu plus, elle ne vit pas passer le temps entre son point de départ et l'intérieur d'une pièce dans le bois des arbres, et que déjà elle était allongée dans un lit de feuilles moelleux. S'allongeant doucement, elle ferma les yeux, et agita sa main vers les Petits, presque négligemment.

    - Ce n'est rien, je vais bien...

    Alors qu'un Petit venait lui porter des framboises, elle fronça le nez à l'odeur des fruits frais et eut un grand haut-le-cœur, repoussant le plateau qu'on lui offrait. Son attitude tira des sourcils froncés à bien des Petits, mais elle ne s'en rendait pas compte. Elle était juste mal. Elle devait avoir attrapé une maladie, ou quelque chose dans le genre... Elle soupira doucement, et alors tout redevint clair autour d'elle. Les maux de tête s'étaient soudain effacés de son esprit, elle n'avait plus trop chaud, et se sentait même juste bien. Fronçant les sourcils, elle se redressa vivement, ne comprenant vraiment pas ce qui lui arrivait. Devant l'air étonné de Lilita, elle lança un regard interrogateur à cette dernière, ainsi qu'à Syndrell, qui avait l'air elle aussi de s'inquiéter. Secouant doucement la tête, elle voulut se lever, mais sa mère adoptive la tint sur le lit d'une poigne ferme autour de son bras, lui intimant de cette manière de ne pas bouger. Dans un soupir résigné elle resta assise, alors que la silhouette d'un Petit aux cheveux blancs s'approchait d'elle... Le guérisseur. Levant les yeux vers son apprentie, Miss lui lança un sourire tranquille, pour la rassurer.

    - J'ai sûrement attrapé un virus bizarre. C'est le guérisseur, le verdict ne devrait pas tarder.

    Un autre sourire se glissa sur les lèvres de Miss, alors que le Petit commençait à l'ausculter. Cela n'avait rien à voir avec les médecins de Gwendalavir, mais la Marchombre savait qu'elle pouvait faire confiance au Petit, justement. Ce dernier pris son pouls, lui palpa le crâne, glissa ses doigts dans son dos, entre ses homoplates, et passa sa main à plat sur son ventre. A ce moment-là seulement, il sursauta. Comme un hoquet puissant et qui survenait d'un coup. Miss éclata de rire devant l'air effaré du Petit, mais ce dernier, les yeux ronds, toujours sur les fesses sur lesquelles il était tombé, lança :

    - Mais... t'attends un petit !

    Cela coupa immédiatement le rire de Miss, qui afficha alors directement le même visage et la même expression ahurie que le Petit. Fronçant les sourcils, elle sentit dans sa poitrine son coeur accélérer brusquement, et prit une grande inspiration, profonde. Et alors, elle posa ses mains sur son ventre, réfléchissant un instant. Il était vrai qu'elle aurait dû s'en douter. Pourtant, ses cycles menstruels étaient si erratiques habituellement qu'elle n'y avait pas plus prêté attention que cela. Le rêve de la nuit précédente lui revint en mémoire, et soudain, beaucoup de choses s'emboîtèrent dans son esprit. L'odeur des poissons, l'odeur des framboises, les petites nausées, les pertes d'équilibre... Oui, c'était bien les signaux que l'on décrivait aux femmes qui s'arrondissaient. Repensant aux moments hors du temps qu'elle avait passés avec Erwan, Miss ne se rendit pas compte des étoiles qui explosaient dans ses yeux et du sourire presque niais qui s'était emparé de ses traits. Sa main fit un petit cercle sur son ventre, et elle soupira doucement, plantant son regard dans celui du Petit. Combien de temps s'était écoulé ? Deux mois et demi, presque trois... Tout correspondait... Les yeux pleins d'étoiles et de galaxies, elle leva son visage vers Syndrell.

    - Je... Syndrell...

    Aucun mot ne lui venait. Il n'y avait pas besoin de mots. C'était juste inexprimable...
Revenir en haut Aller en bas
Syndrell Ellasian
Admin
Syndrell Ellasian


Nombre de messages : 4573
Citation : "Nom d'une chiure de mouche qui louche !" [Syndrell Ellasian]
Date d'inscription : 05/04/2010

Feuille de personnage
Age: 30 ans
Greffe: Lame qui sort de chaque avant-bras
Signe particulier: Syndrell sait lire sur les lèvres

Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°5   Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Icon_minitimeVen 04 Fév 2011, 22:11

[ Waaaaaaaah ! Hum... bon, bon, je me concentre. Mais waah quand même. ]

- Je… Syndrell…

Un regard illuminé par un million d’étoiles.
Un sourire à en faire pâlir celui de la lune.
Miss resplendissait.

Quant à Syndrell, elle se jeta tout simplement dans les bras de son mentor.


*
* *

Des éclats de voix retentirent dans le rêve de Syndrell, suffisamment fort pour la tirer du sommeil. Papillonnant des yeux, elle se redressa à moitié contre le tronc de l’arbre auquel elle était adossée, peinant à retrouver ses repères dans cette improbable clairière forestière. Puis le Petit avec qui elle avait goûté quelques framboises apparut devant elle et tout lui revint en mémoire à la vitesse de l’éclair. Gênée de s’être assoupie sitôt accueillie par le petit peuple, elle se leva rapidement et frotta ses yeux encore gonflés de sommeil.

- Je suis désolée, j’étais vraiment épuisée…

Elle s’interrompit, s’apercevant qu’il ne l’écoutait pas. Etant donné qu’ils ne parlaient pas la même langue, c’était plus ou moins normal, sauf que quelque chose clochait. Le Petit avait l’air de vouloir la conduire quelque part. Levant la tête, Syndrell chercha instinctivement Miss du regard, mais la marchombre n’était pas là, alors qu’elle était la seule qui soit en mesure de comprendre ces petits êtres…

Résignée, elle se laissa emporter par la foule qui se massait désormais autours d’elle. Les Petits la tiraient, la poussaient, l’entraînait aussi vite que possible vers le village. Dissimulé parmi la végétation de la forêt, il n’était visible que pour un œil exercé, ses petites huttes se fondant parfaitement dans le décor. Les Petits se dirigeaient vers la plus proche – ils étaient excités comme des puces, tant et si bien qu’en se courbant pour passer sous les branchages qui formaient l’entrée, Syndrell manqua de se crever un œil, bousculée comme elle l’était par ses joyeux hôtes.

La pièce était vraiment très petite ; très sobrement meublée, elle était cependant fleurie à outrance et sentait bon la fraicheur de l’été alors que dehors régnait l’hiver… Syndrell néanmoins très vite l’originalité touchante de cet intérieur pour se précipiter vers le lit, sur laquelle était recroquevillée une silhouette qu’elle aurait reconnue entre mille.
Miss.

Allongée sur un matelas de feuilles fraiches et odorantes, son maître semblait dormir ; Syndrell songea même, en s’agenouillant près d’elle, que la jeune femme avait un air apaisé qu’elle ne lui avait pas vu depuis un bout de temps. Elle tendait une main hésitante vers elle lorsque Miss, comme ayant ressenti la présence de tout ce petit monde autour d’elle, s’éveilla brusquement. Un instant désorientée, elle voulu se redresser mais un petit bout de femme à l’air très sage pour un Petit lui intima d’un simple geste de rester calme… Et Miss lui obéit. C’était bien la première fois que Syndrell voyait son mentor se plier à un ordre, même très doux. Mais elle était trop inquiète pour laisser filer une plaisanterie à ce sujet. Percevant sans doute l’angoisse de son apprentie, Miss la rassura d’un regard presque tendre.


- J'ai sûrement attrapé un virus bizarre. C'est le guérisseur, le verdict ne devrait pas tarder.

Docile, elle se laissa ausculter par le Petit dont les cheveux blancs et l’air très sérieux inspiraient au respect, allant même jusqu’à sourire du bout des lèvres tandis qu’il tâtait avec des mains expertes sa nuque, sa tête et son dos. Immobile près du lit, Syndrell ne quittait pas Miss des yeux, cherchant une piste, un indice qui l’aurait mise sur la voie. Son maître demeurait une énigme, et ce depuis le premier jour de leur rencontre, mais la jeune fille ne désespérait pas – elle la cherchait toujours, cette clé qui lui permettrait de comprendre vraiment ce qui se dissimulait derrière le scintillement des grands yeux violets…

Le guérisseur surprit tout le monde en basculant soudainement en arrière. Miss fut la première à se ressaisir, son rire emplit la pièce comme une vague qui éclaboussa Syndrell et apaisa ses craintes. Elle-même sentait un soupçon de fou rire, probablement nerveux, agiter la commissure de ses lèvres, mais un geste du Petit aux cheveux blancs l’interrompit soudain.

Il prononça quelque chose qu’elle ne comprit pas.
Mais lorsqu’il désigna du doigt le ventre plat de Miss, une étincelle prit vit dans l’esprit de la jeune marchombre.

Et alors que le visage de Miss se décomposait, Syndrell comprit.


*
* *

Elle serrait Miss à l’en étouffer.
C’était la première fois qu’elle se laissait aller à ce débordement d’affection, mais il avait été instinctif ; l’émotion était trop forte, la surprise trop grande, le bonheur trop puissant pour qu’elle ait seulement pu songer à se contenir. Elle qui n’avait jamais eu de véritable famille avait trouvé en Miss non seulement un guide – le plus formidable qui soit, mais aussi un proche qui comptait désormais plus que quiconque à ses yeux. Plus qu’un maître, Miss était devenue une grande sœur pour qui elle avait un immense respect et une profonde admiration ; témoin de cette indicible complicité, une larme roula sur sa joue, petite perle scintillante qui alla se perdre dans la douce chevelure de Miss.

La tête contre son épaule, Syndrell sourit à la Petite qui semblait au comble de l’émotion. Elle-même n’arrivait toujours pas à assimiler ce que les signes lui avaient pourtant toujours soufflés : Miss fatiguée au réveil, Miss s’essoufflant vite, Miss vacillante, Miss tantôt affamée, tantôt dégoûtée par la nourriture… Et puis, cette étoile de feu dans ses yeux, promesse lumineuse qu’elle n’avait pas su comprendre…

Syndrell balbutia quelques mots sans même entendre ce qu’elle disait exactement et ferma les yeux. Transportée vers un instant oublié de son passé…


*
* *

Ils l’avaient frappée jusqu’à ce que ses cris ne se transforment en murmures suppliants.
Alors, ils avaient continué à distribuer des coups de pieds dans son ventre, anéantissant la vie qui s’y trouvait sans le moindre état d’âme.

Syndrell n’avait jamais compris pourquoi ces pillards s’en étaient pris à ses parents adoptifs de cette manière. Tant de cruauté, tant de souffrance… Petite fille dont l’insouciance avait douloureusement volé en éclats, elle avait pleuré sur le cadavre de Liam, égorgé comme un animal. Mais devant le corps brisé de Sineïdinn, pas une larme n’avait mouillé ses yeux. Il n’y en avait plus. Seule l’horreur demeurait, ainsi qu’une incompréhension qui était telle la soif qu’on ne peut épancher.

Immobile, silencieuse, elle avait dit adieux à ses rêves en même temps qu’à son avenir de famille heureuse. Dans tout l’Empire il n’y avait eu que deux êtres capables de l’aimer malgré son physique – non, pas malgré, mais avec ; avec ses cheveux bleus, ses yeux dorés, son caractère de chaton effarouché, ses pluies de questions, son incroyable curiosité. Nuance aurait dû naître moins d’une lune plus tard, elle n’aurait plus jamais été seule…

Elle s’était finalement agenouillée près de celle qui serait la seule, dans son esprit, à porter le nom de maman, même si elle n’avait encore jamais l’appeler ainsi, et puis elle avait trempé deux doigts dans son sang – dans leur sang, à Nuance et à elle. Le seul lien qu’elles pourraient jamais tisser. Et ses lèvres avaient formés quelques mots, murmure gravé dans le ciel rougit par la barbarie humaine.
Une promesse.


Je n’aurais pas d’autre famille, jamais.

Et le gentil petit chaton débordant d’amour avait soudain cessé d’aimer.
Elle était devenue louve.
Elle n’avait pas douze ans.


*
* *

Pas d’autre famille… Pas d’enfant.
Se dégageant doucement de l’étreinte de Miss, Syndrell planta son regard d’or dans celui, éperdument troublé, de son mentor. Elle aurait dû être en colère, elle aurait dû être jalouse, elle aurait dû avoir mal, juste à cet endroit du cœur, pourtant seule une joie incommensurable l’emplissait toute entière, et son visage se fendait d’un éclatant sourire qu’elle ne parvenait pas à réfréner.


- Cette fois, je suis vraiment obligée de vous apprendre à cuisiner ma soupe ; ou Mini marchombre n’aura pas grand-chose à se mettre sous la dent, une fois qu’il aura une de poussée... !

Un rire, sincère et joyeux.
Syndrell regarda les Petits bondir joyeusement dans la pièce et sur le lit pour sauter au cou de Miss. L’espace d’un instant, l’image de la louve se brouilla, laissant entrevoir un petit chaton au regard pétillant de malice.
Puis la jeune marchombre se glissa parmi les Petits, jusqu’à s’extraire tant bien que mal de la hutte pour se dresser de toute sa hauteur au milieu de la clairière. Elle s’étira doucement.
Au-dessus d’elle, la lune souriait.

Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Groupe Leenio - Cours n°5   Groupe Leenio - Cours n°5 - Page 2 Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
Groupe Leenio - Cours n°5
Revenir en haut 
Page 2 sur 3Aller à la page : Précédent  1, 2, 3  Suivant
 Sujets similaires
-
» Groupe Leenio - Cours n°2
» Groupe Leenio - Cours n°3
» Groupe Leenio - Cours n°4
» Groupe Er'Lyn - cours n°2
» Groupe Bizya - Cours n°5

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le Pacte VS L'Ordre :: A l'extérieur :: Le Nord :: Septentrion des Géants-
Sauter vers: