Nom : Lil’Ayaân
Prénom : Zoanne
Age: 58 ans
Ecole : Académie
Particularités : On la surnomme affectueusement « Sauterelle ».
Lieu de naissance : Al-Chen
Famille : 3 lignes minimum Erhuin Lil’Ayaân et Fodge Lil’Ayaân sont des Dessinateurs dont la réputation n’est plus à faire. Leur Don passe avant toute chose, même avant leur seul et unique enfant ; lorsque Zoanne est testée, lorsqu’ils comprennent qu’elle ne sera jamais comme eux, ils ne sont plus les mêmes, ils changent. Elle finira pas les quitter et ils n’essaieront jamais de la retrouver.
Zoanne a un cousin, Caleb, avec qui elle partage sa passion pour les étoiles. Très proches, ils se brouillent après s’être disputés au sujet de la nouvelle vie de Zoanne – il est le seul à qui elle avouera être une marchombre. Ils n’auront pas le temps de se réconcilier : Caleb meurt deux jours plus tard, après une chute de plusieurs mètres alors qu’il observait les étoiles du haut d’un observatoire.
Son mari occupe toujours ses pensées. Ils se connaissent depuis l’enfance mais Zoanne ne pourra jamais se résoudre à lui parler de Réma, de la Voie, des Marchombres. Il ne sait donc pas qu’elle mène une double vie. Nul ne connaît le nom de cet homme qui a su ravie le cœur de Zoanne.
Pas même vous.
Description physique : 7 lignes minimumAutrefois Zoanne avait de magnifiques cheveux blonds qu’elle nouait en une longue tresse unique. Ses cheveux sont aujourd’hui d’un gris strié de blanc mais ils sont toujours aussi longs, même si elle les tresse moins souvent.
Ses yeux sont marrons et pailletés d’or. Le soleil les fait briller et leur prête une teinte crépusculaire. En raison de son âge, son acuité visuelle a légèrement baissé mais elle sait compenser cette faiblesse par une ouïe particulièrement fine.
Ses articulations sont douloureuses lorsque le fond de l’air est humide. Des rides se sont formées sur sa peau et sa voix est plus rauque qu’avant mais quiconque pose les yeux sur elle devine qu’elle a été jolie.
Elle est jolie.
Elle a le nez droit et les pommettes hautes, de petites oreilles et une fossette au menton. Une fine cicatrice suit le contour de sa joue droite, une autre plus marquée court sur sa hanche, vestige d’une césarienne dont elle ne parle jamais.
Zoanne n’est pas grande, elle ne l’a jamais été. Elle a souvent été très maigre et la maladie qu’elle couve depuis sa naissance en est la seule raison, car son appétit est sans pareil !
Zoanne est généralement vêtue d’une combinaison de cuir souple dans les tons brun et pourpre. Elle s’arrête aux épaules, laissant place à de solides protections de cuir qui partent du coude jusqu’au poignet et auxquelles elle est reliée par de fins lacets. La conception de cette combinaison est un vrai mystère. Certains disent qu’elle contient de la kervalite, d’autre qu’elle aurait été dessinée par Merwyn en personne ; Zoanne aime entretenir ce mystère.
Description de caractère : 7 lignes minimumL’âge et l’expérience de Zoanne lui prêtent naturellement une sagesse qu’elle est bien loin de posséder, du moins le prétend-elle vigoureusement. A cinquante-huit ans, elle a toujours une âme d’enfant ; c’est un maître qui n’hésite pas à enfreindre les règles lorsqu’elle a une idée en tête, mais elle assume toujours les conséquences de ses actes et c’est en cela qu’elle est sage.
Zoanne est une insatiable curieuse. Peu de choses l’effraient mais les grenouilles lui font horreur et elle n’aime pas cuisiner. En revanche, elle adore manger et elle ne s’en prive jamais, d’autant qu’elle ne grossit pas ou peu. Futée, elle est vive d’esprit et intéressée par tout ce qu’elle voit, entend, touche ou goûte. Son défaut : le mensonge. Zoanne ment depuis toujours, le mensonge est sa vie, son quotidien, sa force et sa faiblesse.
Elle n'est pas spécialement différente lorsqu'elle se trouve avec son époux. En sa compagnie, elle paraît peut-être moins vive, moins jeune, mais c'est une illusion. L'homme qui partage sa vie depuis bientôt quarante ans est-il si dupe, finalement, lorsque par d'extraordinaires réflexes Zoanne rattrape une tasse à quelques millimètres du sol ?
Ses apprentis ont toujours du mal à la cerner. Même ses proches doutent parfois de la Zoanne qu'ils croient connaître. Qui est-elle vraiment ? Eclat de douceur ? Eclair foudroyant ? Sans doute les deux à la fois. Voilà pourquoi Zoanne est tellement attachante. Le mensonge est son arme et son armure. Ce n'est pas la peine d'essayer de lui en vouloir... vous n'y arriverez pas.
Accessoires et animaux :Zoanne a vécu presque vingt ans en compagnie de Thûls qui la considéraient comme l’une des leurs. Ils l’ont aidé à forger sa lame, un sabre nommé Saein qui ne quitte le fourreau fixé dans son dos que lorsque la situation l’exige.
Son mari et elle ont une chienne nommée Farandole.
Histoire : 15 lignes minimumLa vie est un cadeau précieux.
La gâcher est sans doute la pire chose que l’on puisse faire et d’ailleurs, lorsque vient ce moment terrible et en même temps incroyablement apaisant qui précède la mort, on jette un coup d’œil en arrière et on regrette. On regrette tout ce que l’on n’a pas eu le temps de faire, tout ce que l’on a fait de travers, tout ce que l’on aurait dû faire pour améliorer les choses, des choses qui se sont évanouies avant même que nous puissions en jouir. On regrette de regretter parce que ce moment-là fait partie de la vie et que si la vie est un cadeau, alors on ne devrait pas la regretter. Jamais.
Aujourd’hui, je vais mourir. C’est étrange, vraiment, d’avoir cette certitude si profondément ancrée dans le cœur alors que pendant quinze ans nul n’aurait su dire quand, où, comment. Pourquoi, c’est une autre histoire – et c’est le premier de mes regrets. Non pas parce que ce pourquoi est celui qui cause ma mort mais parce que, si j’avais mieux pris soin de mon cadeau, je n’aurai pas à regretter la plus grande partie de ma vie.
Il y a des tas de choses que je regrette.
Je regrette d’avoir eu une peur bleue des grenouilles. J’aurais aimé ne pas en avoir peur.
Je regrette d’avoir déçu mes parents en n’ayant pas le Don.
Je regrette de n’avoir pas regretté d’être différente d’eux. Je ne voulais pas être différente d’eux.
Je regrette de n’être tombée amoureuse que d’un seul homme dans toute ma vie.
Je regrette de l’abandonner sans lui avoir dit toute la vérité.
Je regrette d’avoir des regrets.
Mais il y a trois choses que je ne pourrais jamais, jamais regretter.
La première, c’est d’être tombée amoureuse uniquement de cet homme, parce que c’est lui qui a fait de ma vie un cadeau.
La deuxième, c’est de ne pas avoir eu ce fichu Don, parce que si je l’avais eu je n’aurais jamais pu apprécier mon cadeau.
La troisième et dernière chose que je ne regretterais jamais, c’est d’avoir suivi Réma sur la Voie.
La Voie.
Mon plus beau cadeau.
Celui que j’emporterai dans la mort, et même après. Parce que cette Voie quand on l’emprunte une fois dans sa vie, on la foule pour l’éternité. Il n’y a ni commencement, ni fin ; c’est juste un voyage…
Un très beau voyage.
Zoanne !
Elle ne bouge pas. Elle ne peut plus bouger depuis plusieurs minutes. Tout son corps est lourd, si lourd qu’elle en aurait souri si seulement ses lèvres lui avait permis de le faire ; elle avait toujours été si légère…
Zoanne !
Elle n’ouvre pas les yeux. Plus besoin de le faire. Voir sans voir, telle a été sa grande spécialité durant toutes ces années. Elle aimait garder les yeux fermés pour les faire enrager, tous. Pour mieux écouter, mieux entendre, mieux comprendre. Mieux voir. Elle aime garder les yeux fermés.
Tiens bon Zoanne, je vais te sortir de là ! Je vais trouver un moyen de…
Elle pense qu’un jour, il faudra lui dire combien il a raison de garder autant d’espoir sans jamais faiblir. Et puis elle cesse de l’écouter parce que son esprit s’en va ailleurs. Il fait un bond dans le passé pour lui permettre de jeter un œil en arrière.
De regretter.
De ne pas regretter.
~ * ~
- Un jour, je danserai avec les étoiles.
- Ce sera plus facile si c’est une nuit.
- Une nuit, je danserai avec les étoiles.
- Pourquoi les étoiles ?
- Pourquoi pas ?
- D’accord. Une nuit, tu danseras avec les étoiles. Cette nuit ?
- Pas encore, non… Ce n’est pas le bon moment.
- Je vois. Alors, à défaut de danser avec les étoiles, on va danser avec la nuit.
- Pourquoi ?
- Pourquoi pas ?Sourire.
Echange parfait.
Le maître et son élève quittent le toit incliné de la tour pour s’envoler vers d’autres horizons. Réma a vingt-huit ans, Zoanne dix-huit ; dix ans les séparent, mais quelques mois passés ensemble les ont indéniablement rapprochées. Les liens du sang que leur prêtent certains n’ont rien à voir avec le véritable lien qui les unis et pourtant, elles ne sont pas sœurs. N’ont pas besoin de l’être.
~ * ~
- Réma ?
- Oui ?
- T’est-il déjà arrivé de mentir ?
- Que pourrais t’apporter ma réponse, sauterelle ?
- Un réconfort. Savoir que je ne suis pas la seule à le faire me soulagerait un peu.
- Tout le monde ment, Zoanne. Volontairement ou non. Il y a des choix qui, parfois, sont trop difficiles à faire pour que l’on ne soit pas tenté de prendre une autre option.
- Ce n’est pas une réponse…
- Mais tu t’en contenteras pour l’instant, jeune apprentie. ~ * ~
Zoanne a vingt-huit ans.
Dix ans plus tôt, elle suivait Réma dans la nuit et à présent, c’est elle que l’on suit. Les choses changent tellement vite… la vie poursuit inlassablement son cours et elle, insignifiante petite sauterelle, ne peut rien contre lui. Alors elle serre dans sa main celle de son mari et le regarde dormir. Il est si paisible lorsqu’il dort… Il ne sait pas qu’elle est partie cette nuit pour aller courir la ville avec ses apprentis. Il ne sait pas qu’elle est revenue en douce il y a à peine cinq minutes et qu’avant de se recoucher sans bruit, elle a dû débarrasser ses cheveux de toutes les brindilles qui y étaient accrochées.
Il ne sait pas qu’elle lui ment depuis leur première rencontre.
Il ne sait pas qu’il ne saura jamais…
Mais Zoanne a seulement vingt-huit ans, et à vingt-huit ans, on se couche en se disant qu’on a encore du temps devant soi. Beaucoup de temps.
En général, on a raison.
Parfois, on a tort.
~ * ~
Réma se laisse tomber sur le sol, exténuée, et Zoanne l’imite. L’une et l’autre sont trempées et la sueur colle le sable à leur peau. A quelques pas seulement, les vagues déferlent sur la plage, si proches et pourtant si loin…
- Par la Dame, ce n’est vraiment plus de mon âge…
- Foutaises, Rem’.
- J’ai soixante-huit ans, Zoanne. Je suis mère de deux enfants, grand-mère de cinq petits enfants et arrière grand-mère d’un petit garçon depuis ce matin. Me battre avec une sauterelle n’est plus de mon âge.
- La sauterelle a cinquante-huit ans. Crois-tu que c’est aussi de son âge ?
- Pendant au moins dix ans, oui !
Zoanne tourne la tête et caresse l’horizon du regard. C’est une de ces journées où le temps est si clair, le ciel si pur qu’il est impossible de discerner une quelconque limite entre lui et la mer. Il n’y a pas de limite, les deux univers sont confondus en un seul ; Zoanne aime l’idée que ce n’est pas la mer mais le ciel qui déferle à grand bruit sur le rivage, qu’il lui suffit de tendre la main pour le toucher…
- Je suis malade, Rem’. Je vais mourir demain. Ou la semaine prochaine. Ou l’année prochaine. Je n’en sais rien. Tout ce que je sais, c’est que je vais mourir.
- Tout le monde meurt un jour.
- Pourquoi ?
- Pourquoi pas ?
- Réma…
- D’accord, je t’ai menti.
- Quoi ?Réma plante ses yeux dans ceux de son apprentie. Parce qu’en cet instant, elles sont redevenues ce qu’elles ont été bien des années auparavant : un maître et son apprentie plongée dans une conversation dont elles seules peuvent comprendre les moindres facettes.
- C’est ma réponse à ta question. Tu sais, quand tu voulais savoir s’il m’était arrivé de mentir… Voilà ma réponse. Je t’ai menti. Quand je t’ai dis que, si tu me suivais sans poser de questions, si tu me faisais confiance sans douter une seule seconde de moi, je t’emmènerai là où personne avant toi n’est jamais allé.
- Tu m’as emmené là où personne n’est jamais allé, Rem’.
- Mais il y a cet endroit… là où tu iras quand ta vie sera terminée… Cet Ailleurs, et bien, je ne peux pas t’y emmener parce que je ne l’ai pas encore trouvé. Tu comprends ?
- Pas vraiment, non. Nous parlons bien de la mort, n’est-ce pas ?
- Si on veut.
- Je ne veux pas en parler.
- D’accord. Mais si tu t’en vas demain, Zoanne, je veux que tu t’en ailles avec cette réponse en tête : j’ai menti parce que tout le monde ment, parce que c’est comme ça, on ne peut pas toujours dire la vérité. Parce que la vérité n’est parfois pas bonne à entendre. Mais chaque mensonge que l’on fait est voué à être regretté un jour où l’autre. Il n’est pas au courant, n’est-ce pas ?
- Tu sais, c’est la seule vérité que je lui ai offerte…Réma hocha la tête et Zoanne se tut. Elles se laissèrent envelopper par leur bulle de silence et plus jamais ne parlèrent ni de la maladie de Zoanne, ni de la mort.
Elles ne voulaient pas se mentir.
Elles ne voulaient rien regretter.
~ * ~
… te sortir de là ! Reste avec moi, Zoanne. Tu m’entends ? Reste avec moi ! Je ne te laisserais pas partir comme ça, espèce de vieille sauterelle entêtée !
Elle lui botte le derrière en pensée parce qu’elle n’a plus la force de le faire pour de vrai. C’est bien dommage, il le mérite. Vieille, elle ? A soixante-treize ans, elle ne s’est jamais sentie aussi jeune qu’en cet instant. Son corps n’est plus le même que lorsqu’elle a foulé la Voie pour la première fois mais son esprit, lui, est resté parfaitement intact. Et ses convictions également.
D’accord, elle est vieille. Et pourtant hier encore, elle se trouvait perchée en haut d’un rogeoyeur et elle discutait avec le vent. Ce matin encore, elle accomplissait une gestuelle avec une fluidité et une harmonie sans pareille. Fluidité et harmonie ne l’avaient pas quitté parce qu’elle ne pouvait plus bouger et qu’elle était en train de mourir.
Elles étaient là, en elle, vibrantes et éternelles.
Je t’en prie Zoanne, ne t’en va pas…
Pourquoi pas ?
Zoanne sourit. En pensée. Un sourire lumineux, flamboyant, malicieux, heureux. Pour lui, parce qu’il a été son dernier apprenti, parce qu’elle est fière de lui malgré tout, et satisfaite de l’avoir libéré de ses chaînes juste avant de…
Et puis elle meurt.
Elle continue son voyage ailleurs.
Sans jamais cesser d’être ce qu’elle n’a jamais regretté d’être.
Marchombre.
Où avez-vous connu le forum? Demandez donc à Syndrell et Giliwyn…
Présence sur le forum : 6 */10