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 Groupe Hogh - cours n°3

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Kaünis Gil'Ozh
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MessageSujet: Re: Groupe Hogh - cours n°3   Groupe Hogh - cours n°3 - Page 3 Icon_minitimeVen 08 Fév 2013, 13:14

- Bah si je crève, je l'aurai bien mérité quoi ! C'est une épreuve hyper importante, à mon avis, parce que c'est là que l'on voit ceux qui sont de vrais Envoleurs ou pas. Ce n'est pas une histoire de greffe, c'est autre chose ; les Envoleurs avec des responsabilités, les vrais Envoleurs, ceux qui auront le droit d'enseigner, doivent réussir ce truc.

Alors oui, c'est tout l'effet que ça me fait, parce que j'estime que seuls les meilleurs doivent pouvoir parvenir à réussir l'épreuve. J'estime que tous les autres ne sont pas des Envoleurs ; c'est quand même des rangs d'élite dont on parle, et il faut avoir l'esprit élitiste quand on fait passer des "examens" pareils.
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Giliwyn SangreLune
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MessageSujet: Re: Groupe Hogh - cours n°3   Groupe Hogh - cours n°3 - Page 3 Icon_minitimeVen 08 Fév 2013, 14:17

Un sourire se dessina lentement sur les lèvres de Gil. Et ben voilà ! Faire parler cette gosse et découvrir ce qu’elle avait sur le cœur n’était pas si compliqué : il suffisait de savoir comment entrer à l’intérieur de la zone ultra sécurisée qui lui tenait lieu de boîte crânienne…

- Je préfère ça ! L’Env-Kil est ton prochain jalon, gamine. Toi aussi, tu dois penser l’élitisme si tu veux survire et faire partie des plus grands.

Inutile de lui dire que lui n’avait pas visé de tels objectifs en passant son examen. A l’époque, intégrer l’élite ne l’intéressait guère plus que le reste ; ce qu’il avait en tête était alors bien trop personnel pour concerner le Conseil et le satisfaire. Mais ça lui avait suffit et, à bien y songer, il n’était pas certain d’avoir agi de la mauvaise façon.

- Il y a…

Gil chercha ses mots en mâchonnant sa pâte de fruit.

- Il y a deux sortes d’objectifs qui peuvent t’aider à avancer. Ceux du Conseil, tu les connais : recruter les meilleurs en s’assurant qu’ils ont été bien formés et leur faire parcourir le monde pour transmettre les convictions du Chaos. Ça, c’est un boulot comme un autre. On te donne une mission, un ordre, tu obéis selon les règles, et tu es payé juste ce qu’il faut pour que tu ne te poses pas de questions. Mais il y a tes objectifs ; si je me souviens bien, dominer le monde en fait partie, n’est-ce pas ?

Beaucoup se lèvent pour moins que ça…

- Ils sont ta priorité. Ce sont à eux que tu dois penser quand tu passeras ton épreuve. A quoi bon faire partie de l’élite si ce pour quoi tu te lève n’est plus à ta portée ? Réussir l’Env-Kil parce que tu es la meilleure, très bien ; le réussir parce que tu veux réussir autre chose, c’est mieux.

Gil rabattit son capuchon sur sa tête pour cacher le sourire qui étirait ses lèvres et se leva, coupant court à la conversation. Le soleil s’était couché. La nuit leur appartenait, à présent, or il avait promis à son élève qu’elle ne fermerait pas l’œil jusqu’au matin ; autant ne pas la décevoir ! Sans plus attendre, il s’élança, sautant de toit en toit sans s’assurer qu’elle était derrière lui. Elle était derrière lui. Depuis le début, et pour un petit moment encore… Suivant les aspérités d’un mur délabré, il descendit dans une ruelle déserte – ou presque, car lorsque Gil se laissa tomber sur le sol, un chat de gouttière dont on voyait les côtes et à qui il manquait de grosses touffes de poils détala en feulant de colère.

- Nouvel exercice, dit-il lorsque Kaünis s’arrêta près de lui. Tu vois cette fenêtre, là-bas ?

Il lui désignait la façade de la maison qui se trouvait de l’autre côté de la rue.

- Tu vas entrer à l’intérieur, trouver le coffre qui est dissimulé dans l’appartement, le forcer et revenir avec ce qui se trouve à l’intérieur. Ceci sans te faire surprendre, bien évidemment. Tu as une demi-heure ; je t’attends dans l’auberge du coin de la rue.

Et Gil s’éloigna tranquillement dans la ruelle mal éclairée. Mais avant de tourner à l’angle de l’avenue, il se retourna.

- Au fait ! Grym est un excellent gardien. Si tu te fais mordre ou s’il aboie, considère que tu as échoué…

Il disparut.
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Kaünis Gil'Ozh
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MessageSujet: Re: Groupe Hogh - cours n°3   Groupe Hogh - cours n°3 - Page 3 Icon_minitimeMar 12 Fév 2013, 19:57

Ce n’était pas tant intégrer l’élite qui faisait briller cette lueur dans les yeux de Kaünis, mais plutôt d’en faire partie ; cela voulait dire que tout son travail sur elle-même avait porté ses fruits, n’avait pas été vain. Et cela voulait aussi dire qu’elle pouvait parfaitement s’en sortir désormais. Que Gil avait sans doute bluffé tout le monde au sein des Mentaïs – même après ses déboires. Son père l’avait prévenue, au début de son apprentissage : SangreLune était spécial. Mais ce n’était pas comme ils en avaient eu peur – ou espéré.

Un léger soupir franchit les lèvres de l’apprentie, qui battit plusieurs fois des paupières.

- Il y a deux sortes d’objectifs qui peuvent t’aider à avancer. Ceux du Conseil, tu les connais : recruter les meilleurs en s’assurant qu’ils ont été bien formés et leur faire parcourir le monde pour transmettre les convictions du Chaos. Ça, c’est un boulot comme un autre. On te donne une mission, un ordre, tu obéis selon les règles, et tu es payé juste ce qu’il faut pour que tu ne te poses pas de questions. Mais il y a tes objectifs ; si je me souviens bien, dominer le monde en fait partie, n’est-ce pas ? Ils sont ta priorité. Ce sont à eux que tu dois penser quand tu passeras ton épreuve. A quoi bon faire partie de l’élite si ce pour quoi tu te lèves n’est plus à ta portée ? Réussir l’Env-Kil parce que tu es la meilleure, très bien ; le réussir parce que tu veux réussir autre chose, c’est mieux.

Mais justement, tout se remettait en question dans son esprit.
Dominer le monde ? C’était bien trop… ‘capricieux’. Et peut-être trop facile, à long terme. Elle devait réfléchir, un peu plus que cela, et se chercher elle-même. Chaque exercice, chaque nouvelle notion abordée durant ses cours avec Gil voulaient la pousser à se trouver, justement. Elle commençait à se rendre réellement compte de ce qu’elle était, de qui elle était, mais elle avait du mal à mettre des mots sur ses objectifs ; elle avait du mal à se cantonner à un ou plusieurs objectifs réels, comme si… comme si elle était incapable de s’en contenter. Mais de quoi pouvait-elle se contenter ? Y avait-il seulement un objectif qui n’était pas atteignable, au fond ?

Gil coupa court à ses réflexions en se levant et s’élançant sur les toits. Poussant un léger soupir, Kaünis s’élança à sa suite. Ils passèrent plusieurs dizaines de toits, descendirent dans la rue, surprenant un chat au passage.

- Nouvel exercice. Tu vois cette fenêtre, là-bas ? Tu vas entrer à l’intérieur, trouver le coffre qui est dissimulé dans l’appartement, le forcer et revenir avec ce qui se trouve à l’intérieur. Ceci sans te faire surprendre, bien évidemment. Tu as une demi-heure ; je t’attends dans l’auberge du coin de la rue. Au fait ! Grym est un excellent gardien. Si tu te fais mordre ou s’il aboie, considère que tu as échoué…

Kaünis fronça les sourcils.
Grym ? Un chien ? Il connaissait donc cet appartement. Il connaissait la présence d’un coffre, et sûrement ce qu’il y avait dedans, en fait. C’était son appartement ? La jeune fille détailla la fenêtre quelques secondes, se posant mille questions. Si c’était le chien de Gil, il devait avoir un sacré mauvais caractère !

Un léger sourire sur les lèvres, la jeune fille ne se retourna même pas vers Gil lorsqu’il disparut au coin de la rue.
Levant les yeux vers la fenêtre, elle observa la rue plusieurs secondes. Il y avait donc un chien dans l’appartement, et un coffre qu’elle devait déverrouiller. Mais il n’avait pas précisé qu’elle devait le déverrouiller dans l’appartement – d’ailleurs, avec un chien, cela frisait le suicide, ou presque – selon le type du chien.
Kaünis avait toujours aimé les chiens. Surtout les gros, que l’on nommait facilement ‘dangereux’, et elle avait toujours cette intuition spéciale avec eux ; peut-être était-ce son autorité naturelle, sa confiance en elle, qui faisait cela, elle ne savait pas trop. Mais elle n’allait pas compter sur cela…

Se lançant dans l’escalade des trois mètres qui la séparaient de la fenêtre, elle les gravit sans difficulté et s’agrippa au rebord de la fenêtre, qui était fermée. S’équilibrant comme elle le pouvait, elle vint coller son front contre la vitre froide, et essaya de percer les ténèbres de l’appartement. Il y avait la forme de deux fauteuils, et dans un coin l’angle d’une porte. Aucune forme au sol n’indiquait la présence du chien, et Kaünis poussa un léger soupir. Saisissant une épingle dans sa poche, elle força la serrure de la fenêtre à double-battant en quelques secondes et s’introduisit silencieusement dans la demeure calme. Tendant l’oreille à entendre presque des sifflements dans son crâne, Kaünis tenta de localiser une respiration de chien, mais impossible de distinguer quoi que ce soit.
Prenant elle-même une grande inspiration, elle se déplaça légèrement dans la pièce, la parcourant de ses yeux qui s’habituaient peu à peu aux ténèbres profondes de son nouvel environnement. Elle était dans ce qu’il semblait être une pièce à vivre, où siégeaient deux fauteuils patibulaires, ainsi qu’un tapis foncé sur le sol, sur lequel reposait une petite table basse. L’ameublement était pauvre et sobre, et on avait cette impression prenante que l’appartement n’était que très rarement visité, ou en tout cas que la vie entre ces murs s’était réduite à son plus simple appareil.
S’avançant sans un bruit dans la pièce, Kaünis repéra la porte dont elle avait vu l’angle de l’extérieur. Se mordant la lèvre inférieure, elle se dirigea vers cette dernière, toujours aussi muette. Dans un appartement, où pouvait bien se trouver un coffre ? Pour elle, il y avait deux réponses : dans la salle de vie, ou dans la chambre. Et comme elle n’avait pas vu la silhouette du coffre, elle en déduisait qu’il devait être dans la chambre.

Poussant lentement le battant de la porte entrouverte, Kaünis se figea soudain, devenant immobilité totale. Le bruit caractéristique des griffes de chiens sur le parquet venait de la surprendre, et elle retint son souffle pour tenter de savoir d’où cela provenait. Apparemment, de la droite en sortant de la pièce. Et, évidemment, il y avait une grande probabilité qu’il soit justement… dans la chambre !
Réfléchissant à toute vitesse, Kaünis essayait de trouver un moyen d’éloigner le chien de la chambre. Elle aurait tout aussi bien pu attendre le lendemain matin qu’il daigne aller manger, mais quelque chose lui soufflait que Gil n’apprécierait pas d’attendre aussi longtemps. Retenant un soupir, elle passa sa tête dans l’entrebâillement de la porte, tenant ses cheveux dans son dos pour ne pas libérer une odeur largement interprétable par la bête. Elle vit clairement sa silhouette le long d’un pied de lit, et se mordit l’intérieur de la joue. Il avait bougé quelques secondes plus tôt, mais là il semblait dormir. Tendant encore une fois l’oreille, la jeune fille essaya d’entendre sa respiration, et elle put la distinguer clairement. Profonde et apaisée. Il bougeait donc pendant son sommeil ?

Ne criant pas victoire immédiatement, Kaünis passa avec une extrême lenteur le battant de la porte toute entière, et s’avança dans le couloir. Elle devait faire très attention où elle posait ses pieds, et comment elle avançait car le parquet pouvait facilement grincer, et c’était sans doute une alerte pour le chien.
Prenant une inspiration, elle finit par parvenir devant la porte de la chambre, grande ouverte. Posant son premier pied dans la salle, elle retint son souffle et détailla, parfaitement immobile, la pièce… Là ! Sur la table de chevet, le coffre. Son regard tomba sur le chien, qui était un énorme molosse, de bien un mètre de haut au garrot, et elle plissa les yeux. Bon, récupérer le coffre…

Sans bruit, elle s’avança. Elle entendait son cœur battre à ses tempes, et se demandait comment le canidé pouvait ne pas l’entendre. Mais elle parvint jusqu’à son objectif, le prit précautionneusement dans ses mains et sortit tout aussi silencieusement de la chambre, sans un bruit. Elle passa légèrement le battant de la porte de la pièce donnant sur la rue – et donc la fenêtre, s’avança un peu plus rapidement, faillit perdre l’équilibre en se prenant le bord du tapis, et s’échappa par la fenêtre aussi rapidement qu’elle le pouvait, refermant le battant avec le cœur tambourinant aussi vite que celui d’un oiseau dans sa poitrine.

Une fois dans la rue, elle étudia rapidement le coffre, et haussa les sourcils.
Bon, Gil avait dit : l’auberge au coin de la rue. Elle le rejoignit donc, le cœur battant toujours aussi vite dans sa cage thoracique. Quand elle arriva à la table où il s’était installé, elle posa le coffre sur le plateau en bois et sortit une nouvelle épingle. Au bout de quelques minutes, la serrure cliqueta, découvrant…
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Giliwyn SangreLune
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MessageSujet: Re: Groupe Hogh - cours n°3   Groupe Hogh - cours n°3 - Page 3 Icon_minitimeJeu 28 Fév 2013, 15:33

La serrure du petit coffre cliqueta et le couvercle s’ouvrit, découvrant…

- Un maître n’a pas à payer son élève, expliqua Gil dans un léger sourire pensif. Mais tu as réussi à récupérer le coffre sans te faire croquer au passage, et ce en un temps tout à fait honorable, alors considère que c’est mérité.

… une bourse pleine. Il y avait là l’équivalent d’un mois de salaire. Laissant Kaünis observer son butin, Gil sirota son verre de vin. Il avait imaginé toute sorte de stratagèmes, dont celui de vider le coffre avant que Kaünis ne s’en empare mais, à la réflexion, il avait jugé intéressant de lui donner satisfaction ; la récompense était à la mesure de son talent et lui appartenait de droit. A elle de déterminer quoi faire de son bien. Et pourquoi ne pas commencer par le défendre ? Le sourire de Gil s’élargit lorsqu’une voix tonitruante retentit soudain :

- Mais… c’est mon coffre !

Voks était aussi charpenté que son chien, et sans aucun doute plus hargneux encore ; Kaünis avait réussi à passer outre la garde du molosse, mais dans une auberge pleine de gens belliqueux et envinés, les choses se compliquaient. Surtout avec la bourse qu’elle tenait entre les mains. Comme des aimants, les regards se rivèrent sur la jeune fille. Voks repoussa sa chaise avec colère et s’approcha de la table. Son verre entre les mains, Gil croisa le regard de son apprentie.

- Pas d’arme, dit-il. Et fais vite. On a des choses à faire…

L’instant suivant, il décalait sa propre chaise, laissant un Voks ulcéré se jeter sur la voleuse. Elle avait été prise la main dans le sac, et Voks était ce genre d’homme qui cogne avant de discuter ; ses compagnons, qui avaient remarqué la bourse, se jetèrent volontiers dans la mêlée. Eux étaient adeptes du « chacun pour soi ». Avec pareils acteurs, le spectacle ne manquerait pas d’être intéressant ! Bon public, Gil croisa les chevilles et porta son verre à ses lèvres, ignorant l’agitation qui faisait rage autour de lui. Une chope lancée à pleine vitesse frôla sa tête, un soulard s’écrasa à ses pieds, rien qui ne le décide à bouger. Le regard brillant, il se régalait de ce qu’il voyait, appréciant les gestes souples, fluides et néanmoins puissants de son élève. Force était d’avouer que sur ce coup-là, il avait improvisé sur toute la ligne. Baissant la tête pour laisser passer une assiette, il se dit que c’était sans doute ce qui lui plaisait le plus dans cette leçon : briser les règles, laisser faire son intuition, un soupçon de hasard et l’expérience de Kaünis. Puis il fronça les sourcils, réalisant que Seren avait passé trois ans à improviser sa propre formation.

Le regard de l’envoleur fut alors attiré par quelque chose, à quelques pas seulement du cœur de la bagarre. Un éclat fugace dont la signification lui sauta soudain aux yeux. Réagissant dans l’instant, Gil lança son verre. Il atteignit l’homme au visage, mais pas avant que celui-ci n’ait lancé son couteau.

- Gamine !!

Kaünis réagit exactement comme il l’avait souhaité. Elle tourna la tête. Et le couteau passa à un cheveu de sa joue, dessinant une fine estafilade sur sa peau au lieu de se planter dans sa tempe gauche. Gil se glissa près d’elle.

- Fin de l’exercice. Suis-moi.

Un souffle. Sans attendre de réponse, il se fraya un chemin vers le fond de la salle, assommant au passage les pauvres bougres qui se croyaient encore en pleine rixe de taverne. Cuisinier et commis s’indignèrent en les voyant débarquer sur leur territoire, dont l’accès était privé ; ils cessèrent de glapir lorsqu’une pluie de couteaux bien plus aiguisés que les leurs s’abattit sur eux, les contraignant à se baisser derrière leurs fourneaux. Gil et Kaünis avaient déjà disparu dans le couloir. L’envoleur renversait tout ce qu’il pouvait à leur passage afin de ralentir leurs poursuivants ; ce faisant, il réfléchissait à toute allure. L’homme aux couteaux était un assassin et lui ne s’intéressait pas à la bourse. S’il parvenait à mettre la main sur sa cible, sa récompense vaudrait bien plus encore… La porte qui donnait sur l’arrière cour coupa court à ses réflexions. Elle était fermée à clé.

- Hé !

Gil se retourna et leva les yeux au ciel en découvrant Voks. Cet imbécile était décidément très près de ses économies ! Un hachoir de cuisine dans la main, il avançait d’un air résolu. Mais il n’avait pas fait trois pas qu’un hoquet de stupeur lui échappa et il se raidit brusquement avant de s’affaisser lentement sur le sol. Il avait un couteau planté entre les omoplates. Gil jura intérieurement. Se battre dans se couloir n’allait pas être simple. Il jeta un coup d’œil à Kaünis, puis à la porte, et prit sa décision.

- Force-moi cette serrure, dit-il en arrachant le hachoir des doigts crispés de Voks. Tu as dix secondes.

Le décompte commença au moment où il se redressait entre la jeune fille et l’assassin.

Dix…

Le hachoir contra un premier couteau et Gil fit un pas en avant.

Neuf…

Deux, puis trois couteaux rencontrèrent la lame de cuisine.

Huit…

Un quatrième se prit dans la cape de Gil, la déchirant pour se planter dans le mur.

Sept…

Gil bondit.

Six…

L’assassin et lui roulèrent au sol.

Cinq…

Le hachoir glissa à terre.

Quatre…

Gil attrapa la tête de l’assassin et lui brisa les cervicales d’une brusque torsion.

Trois…

Il lâcha le corps sans vie et se redressa au moment où un autre fan des couteaux apparaissait au bout du couloir.

Deux…

Gil fonça, poussa la porte que Kaünis venait d’ouvrir et la referma derrière lui.

… Un. Le couteau s’enfonça dans le battant désormais clos. Lorsque l’assassin l’ouvrit à son tour, sa cible avait disparu. Et la gamine aussi.




*




Océan et Fureur galopaient à toute allure dans les rues d’Al-Jeit. En tête, Gil jeta un coup d’œil par-dessus son épaule pour s’assurer que Kaünis allait bien. En fait, il n’était pas certain que ce soit une très bonne chose, parce qu’après ce qu’ils étaient en train de vivre, elle allait certainement lui botter le derrière. Apprentie ou non, elle en était capable et il avait compris depuis longtemps qu’elle était sans doute la seule personne qui ne craigne pas sa colère… Finalement, c’était presque l’inverse qui se produisait, et Gil se serait volontiers autorisé un sourire si la situation n’avait pas nécessité un minimum de sérieux. C’est la raison pour laquelle il se concentra sur la route plutôt que sur la vengeance que Kaünis était sans doute entrain de ruminer. La porte de la ville n’était plus qu’à quelques mètres et un petit comité d’accueil les y attendait impatiemment ; Gil compta six cavaliers. Désolé, les gars, je ne suis pas disponible pour le moment ! Veuillez repasser après mon cours, merci !

Gil plaça les rêves d’Océan dans sa main gauche pour libérer la droite, qui tenait l’une de ses épées courtes. Il avait donné l’autre à Kaünis. Piquant des talons les flancs de sa monture, il fit tournoyer son arme et fonça dans le tas. Sa méthode préférée. Certes, cela manquait de style mais pas d’efficacité, et elle avait déjà fait ses preuves lorsqu’il combattait les Raïs aux côtés des Frontaliers. L’acier chuinta, un homme tomba de cheval ; Gil et Kaünis passèrent. Les cinq cavaliers restant se lancèrent à leur poursuite et l’un d’eux parvint à rattraper la jeune fille.

- Garde ton assiette ! cria Gil en la voyant remuer sur sa selle pour croiser le fer avec son adversaire. Ton cheval ne doit pas changer de trajectoire !

Nouvelle improvisation, songea Gil en évitant un coup de sabre. Qu’est-ce que c’est que ce cours, encore ?! Coinçant son épée entre ses dents, il attrapa le bras du cavalier qui tentait de le blesser et tira. L’homme cria en glissant de sa selle. Il ne restait plus que deux hommes à leurs trousses. L’un d’eux reçut l’épée de Gil en pleine poitrine et s’effondra. L’autre bondit de sa selle, faucha Kaünis et l’entraîna à terre.




[Toutes mes excuses pour l'attente !]
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Kaünis Gil'Ozh
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MessageSujet: Re: Groupe Hogh - cours n°3   Groupe Hogh - cours n°3 - Page 3 Icon_minitimeMer 20 Mar 2013, 14:28

Les paroles de Gil firent froncer les sourcils à Kaünis, d’autant qu’elle ne les comprenait pas forcément… Avant, évidemment, que le coffre ne s’ouvrît enfin ! Il y avait dedans une somme rondelette, c’était le cas de le dire. Et la jeune fille n’avait jamais vu autant d’argent d’un coup durant toute sa vie. Il fallait dire que l’aspect pécuniaire des choses ne l’avait jamais vraiment intéressée ; elle ne possédait pas de cheval, et tout ce qu’elle s’était jamais acheté se résumait à des vêtements et de petites armes – et encore.

Alors, évidemment, ses yeux étincelèrent quelques secondes devant la découverte qu’elle venait de faire. C’était aussi pour cela que ce coffre était si lourd ! En dehors du fait qu’il soit en bois massif et en plaques de fer, il contenait quand même pas mal d’or…

- - Mais… c’est mon coffre !

Kaünis tourna vivement la tête vers l’homme qui venait de l’interpeler, et fronça encore une fois les sourcils. Mais rapidement, son regard sombre tomba sur Giliwyn, qui lui adressait déjà des conseils… Il le savait ! Mais il l’avait donc envoyée dans un endroit qu’il ne connaissait pas, et avait émis l’hypothèse qu’il y avait un coffre ? Tout le monde possédait-il un coffre rempli d’argent chez lui ? La question, Kaünis eut tout juste le temps de se la poser avant de faire un pas en arrière pour éviter le coup de poing monumental qui lui aurait arraché la tête.

Un soupir résigné franchit les lèvres de l’apprentie Envoleuse, qui se leva d’un bond pour éviter un nouveau coup. Et en plus, son pochetron de Maître était en train de finir de siroter son verre d’alcool ! Sentant la colère faire flamber ses veines, elle respira un grand coup et en évita un autre d’un mouvement fluide. Toute l’auberge semblait s’être lancée dans la mêlée, et en réalité tous ces badauds n’attendaient que cela, le sang chargé d’alcool : une bagarre ! C’était déplorable. Désespérant ! Elle était en train de se débarrasser d’un protagoniste trop collant à son goût quand elle entendit clairement quelqu’un l’appeler – par un surnom qu’elle détestait, cela ne pouvait être que Gil. Se retournant, elle vit clairement le poignard passer à moins d’un centimètre de son visage, et poussa un soupir de surprise. Mais ne se laissant pas déstabiliser, elle envoya son pied dans la partie la plus sensible de l’anatomie d’un homme, qui se plia en deux sous l’effet de la douleur.

- Fin de l’exercice. Suis-moi.
- Hein ? Quoi ?


Pourtant, elle ne réfléchit pas et se précipita à la suite de son Maître. Ils avançaient dans un couloir exigu, et Gil ne cessait de faire tomber des meubles au milieu de ce dernier pour ralentir sans aucun doute leurs poursuivants. Ce que Kaünis ne comprenait pas, par contre, c’était pourquoi il avait demandé de fuir ; normalement il se délectait de la voir galérer, non ?

- Force-moi cette serrure, tu as dix secondes.

Une moue dubitative passa sur le visage de Kaünis, mais elle s’exécuta et décida de faire confiance à son Maître. Après tout, il savait se battre non ? L’homme au coffre ne devait pas faire d’ombre à un Envoleur, non ? Entendant les sifflements d’une lame dans l’air, Kaünis accéléra l’allure de son aiguille dans la serrure. Elle ne savait pas trop si elle arriverait à mettre exactement dix secondes, mais elle fit le plus rapidement possible dans tous les cas ; moins de dix secondes, c’était bien aussi, non ?


* * *


En équilibre au-dessus de ses étriers, chevauchant un Fureur qui poussait les passants sans y faire attention. Ils galopaient à fond le train dans les rues d’Al-Jeit, et Kaünis ne put s’empêcher de secouer légèrement la tête de droite à gauche pour marquer son désaccord, alors que Gil se retournait une seconde.

Elle ne comprenait pas.
Pourquoi fuir ? Normalement, ils étaient censés pouvoir faire face aux problèmes, quels qu’ils soient, non ? En tout cas, elle partait de ce principe. Et décidément, elle ne parvenait pas à comprendre pourquoi son Maître se comportait ainsi. Ruminant seule, elle redressa le menton à l’instant précis où les gardes de la ville venaient pour faire bloc contre eux. Six gardes à cheval. Ah, non, plus que cinq…
Prise au cœur de la mêlée, Kaünis se redressa sur ses étriers pour trouver un équilibre. Mais les paroles que lui hurla Gil résonnèrent dans ses oreilles, et tout en restant en équilibre elle se rapprocha de sa selle pour être plus stable. Elle se jeta contre l’encolure de sa monture alors qu’une machette passait à quelques millimètres du sommet de son crâne, et tendit son bras droit sur le côté ; le cavalier s’y empala sans même comprendre ce qui lui arrivait.

Mais alors qu’elle était en train de se redresser sur sa selle, une formidable impulsion dans son dos la fit passer par-dessus l’encolure, et elle se réceptionna sur le sol grâce à une roulade sur le côté, qui la dégagea de la trajectoire de sa monture. Un cavalier venait de se jeter sur elle ! Se mordant la lèvre, elle se redressa vivement en lançant le talon droit en l’air, percutant la mâchoire de son assaillant. Déjà, un autre cavalier sautait à terre pour venir en aide à son collègue.
Un petit soupir franchit les lèvres de Kaünis, qui attrapa la cape de celui qui était le plus proche et y mit un formidable coup de pied retourné, tirant l’assaillant sur le côté et le faisant tourner sur lui-même. S’emmêlant les pieds il tomba à terre juste devant l’autre, qui voulut l’éviter en bondissant. Mais la jeune fille l’attendait de pied ferme, et alors qu’il était en l’air, à quelques centimètres de retrouver le sol, elle tourna et envoya un formidable coup de coude dans le ventre de l’autre, qui se plia en deux. De l’épée que Gil lui avait prêtée, elle exécuta un mouvement fluide qui envoya le crâne de l’homme rouler quelques mètres plus loin, et dans le même temps fit volte-face et l’enfonça proprement au milieu de la cage thoracique du second qui se relevait.

Relevant le visage vers son Maître, elle sentit des gouttes de sang couler sur son visage – le sang de ces gens qu’elle venait d’occire – et malgré elle… Un sourire se dessina sur son visage.








[ Désoléee ! J'ai fait encore pire xD ]
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Giliwyn SangreLune
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MessageSujet: Re: Groupe Hogh - cours n°3   Groupe Hogh - cours n°3 - Page 3 Icon_minitimeLun 25 Mar 2013, 16:37

Kaünis !

Gil fit volter Océan tandis que la jeune fille et son assaillant roulaient dans l’herbe recouverte d’un manteau de givre scintillant. Un fourmillement familier dans les poignets, il galopa vers eux, rageant de ne pouvoir utiliser sa greffe : il avait beau être un tireur aguerri, la lutte qui se déroulait sous ses yeux l’empêchait de décocher ses aiguilles de métal. Il risquait trop de toucher Kaünis par erreur. Celle-ci s’était relevée – la Dame soit louée ! – et rivalisait à présent avec son adversaire, mais d’autre cavaliers arrivaient ; choisissant de faire confiance à son élève, Gil piqua les flancs d’Océan et dépassa l’apprentie à pleine vitesse. Ses aiguilles jaillirent enfin. Sifflant dans la nuit sombre, elles firent mouche : les trois hommes s’effondrèrent. Gil avait déjà fait demi-tour.

Debout devant le corps de l’homme qu’elle venait de décapiter sans sommation ni retenue, Kaünis l’attendait. Elle tenait l’épée de son maître à la main et un filet de sang gouttait sur la lame pointée vers le sol. Gil arrêta Océan à sa hauteur et réprima son envie de sauter à terre ; au lieu de ça, il resta parfaitement immobile. Et silencieux. Après le galop des chevaux et le chuintement de l’acier, un étrange silence était retombé sur la plaine surplombée par la capitale. Un léger vent agitait les longues mèches de Kaünis. Au bout d’une petite éternité, elle leva la tête. Noir d’encre, son regard vint se ficher dans celui de Gil, et son mouvement fit glisser ses cheveux en arrière, dévoilant son visage maculé de sang. Les entrailles de l’Envoleur se tordirent. Son sang ? Les yeux noirs clignèrent une fois. Il se détendit légèrement. Non, comprit-il en jetant un coup d’œil à la tête de l’homme qui avait roulé un peu plus loin.

Son regard revint sur Kaünis. Immobile, silencieuse, elle semblait attendre… et il savait très bien de quoi il s’agissait. Les mots étaient déjà sur sa langue. Il les retint. Un hochement de tête, voilà tout ce que Gil se permit avant de siffler Fureur, que la violence des combats avait éloignée. La jument trottina allègrement vers eux et Gil tendit la main pour saisir sa bride. Pas un mot ne franchit ses lèvres lorsque son élève se mit en selle. Le seul son qu’il émit fut celui d’un claquement de la langue, et les deux montures s’élancèrent dans un bel ensemble, emportant leurs cavaliers vers l’ouest. Lorsque le soleil enflamma l’horizon, illuminant le givre de la plaine et dévoilant l’horrible spectacle d’une bataille acharnée, Gil et Kaünis étaient déjà loin.




*





- Ooh…

Océan réagit immédiatement au son de la voix de Gil et s’immobilisa sur le sentier sans qu’il ait besoin de recourir à une traction de ses rênes. Naïs t’a bien dressée, songea-t-il en se penchant pour flatter l’encolure de l’animal. Puis il leva les yeux et observa un vol d’oies sauvages disparaître derrière un nuage moutonneux. Déjà de retour ? Le printemps s’annonçait-il moins tard que les ornières gelées ne le laissaient penser ? Haussant les épaules, l’Envoleur se laissa glisser de sa selle. Le rythme des saisons importait peu : ce qui comptait réellement, dans l’immédiat, se résumait à un endroit calme où se reposer. Et pour une fois, il ne s’agissait pas uniquement de sa propre personne. Jetant un coup d’œil à son élève, Gil nota les cernes bistre qui soulignaient ses grands yeux noirs.

- Desselle les chevaux et dresse la tente.

Sans rien ajouter de plus, Gil attrapa son arc, enfila son carquois sur son épaule et s’éloigna. Une migraine lui vrillait le crâne, il avait besoin de prendre l’air et de s’éclaircir les idées. Kaünis et lui avaient chevauché sans s’arrêter depuis l’aube. Personne ne semblait s’être lancé à leurs trousses mais Gil n’était pas prêt à commettre une nouvelle erreur ; Kaünis dans son sillage, il avait filé vers l’ouest puis bifurqué vers le nord, brouillant leurs traces en évitant les villages et en passant par une multitude de petits gués. Afin d’économiser les forces de leurs montures, ils avaient alterné les allures. Gil n’était pas revenu sur les événements de cette nuit au cours des moments de pas et de trot. En fait, il n’était revenu sur rien du tout. Quelque chose l’en avait empêché. Une douleur sourde, au creux de son ventre, malaise inconnu qui soudait ses lèvres et lui interdisait de prononcer la moindre parole.

Qu’est-ce qui m’arrive ? Il était en colère. Bon, mais ce n’est pas la première fois que je le suis, non ? Non. Ce n’était pas la première fois. Mais il était habité par un sentiment tellement étrange qu’il était incapable de l’identifier. Un sentiment nouveau. Enfer, quel sentiment ?? S’arrêtant près d’une souche morte, Gil s’essuya le front. Dans son esprit, les images du combat de la nuit ne cessaient de tourner en boucle. Kaünis se battant dans la taverne et évitant de justesse un couteau de lancer. Kaünis déverrouillant une serrure à toute vitesse. Kaünis chevauchant dans la nuit, une poignée d’assassins à ses trousses. Kaünis roulant à terre avec l’un d’entre eux. Kaünis…

- Oh, bon sang ! cria-t-il en frappant la souche d’un furieux coup de poing.

L’écureuil qui y avait fait son nid s’échappa en quelques bonds effrayés. Gil observa sa main. Un peu de sang maculait ses jointures abîmées. Au même moment, un éclat doré jaillit des fourrés ; réagissant au quart de tour, Gil encocha une flèche, banda son arc, prit une demi-seconde pour viser et tira. Touchée, la crissane dorée tomba comme une pierre. Gil maintint néanmoins sa position un instant supplémentaire, son bras replié contre sa joue, avant d’expirer lentement et de relâcher ses muscles. Alors, quelque chose céda en lui. Un pont, une digue, un mur vola brusquement en éclats et il se mit à rire, doucement d’abord, puis de plus en plus fort. Jusqu’à ce que des larmes roulent sur ses joues. Jusqu’à ce que le souffle lui manque. Jusqu’à ce qu’il se sente complètement vidé de ses forces. Jusqu’à ce qu’une étoile naisse au fond de ses prunelles, et que sur ses lèvres se dessine un sourire.
Un vrai.




*





Lorsqu’il retrouva Kaünis, la tente était montée et les chevaux soignés. Un travail méticuleux. Satisfait, Gil déposa son arc et son carquois à terre, près de la tente, et se délesta de ses prises – une crissane dorée et un lapin, certes chétif, mais qui ferait l’affaire. Suivit des yeux par Kaünis, il s’approcha du ruisseau qui serpentait entre les rochers, déchira un pan de sa chemise et le trempa dans l’eau fraîche. Il revint ensuite vers son élève pour s’accroupir devant elle et, pour la première fois depuis l’aube, croiser à nouveau son regard. Colère, fatigue, fierté, défi, incertitude… Gil haussa un sourcil. Il n’avait jamais vu autant d’émotions dans les yeux de cette jeune fille ; mais peut-être n’y avait-il jamais fait attention…

- Comment tu te sens ?

Parler après avoir gardé le silence aussi longtemps lui faisait un drôle d’effet, mais curieusement Gil se sentait incroyablement soulagé. Prêt à recommencer, même.

- Je ne pose jamais cette question alors réfléchis bien avant de répondre.

Comme de coutume, sa voix était rauque et son ton, brusque. Mais lorsque Gil glissa deux doigts sous le menton de Kaünis pour qu’elle lui présente sa joue, et quand il posa son tissu humide sur la coupure qui se dessinait sur sa pommette enflée, il y avait comme un peu de douceur dans son geste.
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MessageSujet: Re: Groupe Hogh - cours n°3   Groupe Hogh - cours n°3 - Page 3 Icon_minitimeMer 27 Mar 2013, 12:10

Le sang maculait son visage par touches écarlates, encore chaudes sur ses joues. Le regard sur la pointe de sa lame, rouge elle aussi, gouttant sur le sol, Kaünis prit une grande inspiration.
Elle venait de décapiter deux hommes sans réfléchir, dans des réflexes de survie qu’elle ne pensait pas avoir. Qu’elle ne pensait pas avoir acquis si vite en tout cas. Qu’elle ne pensait pas atteindre si rapidement ; ou plutôt dont elle ne soupçonnait pas encore l’existence.
Soudain, elle se retrouva projetée des années en arrière, alors que sa mère rentrait les vêtements déchirés ou coupés, les joues maculées de sang. Pas son sang à elle, mais le sang de ceux qu’elle tuait. Cela n’avait jamais choqué la petite fille qu’était Kaünis, d’autant que cela arrivait très rarement et que la plupart du temps, Hien ne savait pas qu’elle se cachait pour la voir rentrer.

Un léger sourire étira les lèvres de Kaünis.
Le visage éclaboussé de sang, mais aucune blessure – juste sans doute un bleu lié à la chute de cheval. Est-ce que cela voulait dire que… ? Levant les yeux vers Gil, ce dernier ouvrit la bouche, mais finit par ne rien dire.
Et ils repartirent à cheval.


* * *


- Desselle les chevaux et dresse la tente.

Kaünis hocha la tête et descendit de cheval pour s’occuper de ces derniers. Ils avaient bien avancé, alternant trot et galop pour s’éloigner sans doute au plus vite de la capitale de l’Empire. Elle regrettait de n’avoir pas pu en profiter plus longtemps, mais après tout… c’était comme ça. Et la bourse qui pendait à sa ceinture et qui parfois tintait légèrement suffisait à ne pas plus faire regretter plus longtemps.

Sans se poser plus de question, désormais habituée aux sautes d’humeurs de Gil et à ses balades solitaires à n’importe quel moment de la journée ou de sa formation, la jeune fille pansa longuement les deux chevaux, et monta la tête avec précautions. Elle savait aussi que si elle faisait une seule erreur – ne pas tendre assez un tissu – elle aurait le droit à une remarque, et cela l’agaçait au plus haut point. S’appliquant pour chaque tâche, elle fit même un feu, devant lequel elle s’assit, les bras verrouillés autour de ses genoux ramenés sous son menton.

Elle revoyait ce combat, elle revoyait ce chien qui dormait, elle revoyait cette serrure – ces serrures – et tout un tas d’autres choses. Elle pensa aussi malgré elle à Yan, puis à sa mère et enfin à son père. A ce que Gil avait fait avec les Mentaïs, à tout cela à la fois. Cela tourbillonnait sous son crâne, tandis qu’elle tentait d’ordonner ses pensées. Autant essayer d’arrêter un ouragan. Un long soupir se coula sur ses lèvres, alors que la silhouette de son Maître apparaissait entre les branchages.

L’apprentie le regarda s’approcher du ruisseau qui serpentait non loin de là, et se demanda ce qu’il allait encore lui faire faire. Finalement, elle appréciait sa manière de travailler, sa manière de la mettre toujours devant les épreuves pour qu’elle s’en sorte seule, ou presque. Cela garantissait un apprentissage profond, dont elle n’oublierait rien. Et pourtant… Qu’est-ce qu’elle l’avait trouvé peu pédagogue ! Elle n’était pas certaine qu’il pût enseigner quoi que ce soit. Il n’enseignait pas, il poussait dans la gueule du loup et débrouille-toi ! Cela fonctionnait peut-être avec elle, mais avec d’autres ? Et si les garçons étaient restés, cela aurait donné quoi, au juste ?

- Comment tu te sens ?

La voix de Gil la tira de ses pensées, et elle planta son regard dans le sien en relevant le menton. Pourquoi demandait-il ça ? Maintenant ?

Elle n’avait pas très envie de lui répondre, en fait. Mais avant-même qu’elle ne le lui dise, il l’interrompit.

- Je ne pose jamais cette question alors réfléchis bien avant de répondre.

Fronçant les sourcils, Kaünis se contenta de le fixer quelques secondes. De longues secondes, durant lesquelles elle essaya de rassembler tout ce qu’elle avait à dire pour ne pas faire trop long. Et finalement, dans un soupir, elle murmura doucement :

- Je me sens… Envoleuse.


* * *


Se mordant la lèvre, Kaünis se baissa lentement.
Le soleil n’avait pas encore percé l’horizon, et elle était déjà tapie dans l’humus humide de la forêt, son arc à la main, cherchant à trouver de quoi prendre un bon petit déjeuner. Elle s’était levée – exceptionnellement ! - avant Gil, et en avait profité pour s’éclipser elle aussi, histoire de prendre une bouffée d’air.

Le silence qui avait suivi sa réponse la veille ne l’avait même pas déstabilisée.
Elle avait dit ce qu’elle pensait, du plus profond d’elle-même. C’était sans doute les mots qui remontaient jusqu’à son âme. Après, elle n’était pas certaine que ce soit complètement vrai dans l’absolu, mais enfin…

Un léger bruit de feuillage retentit à sa droite, et elle tira avec une vitesse inouïe. Le lièvre n’eut même pas le temps de crier de douleur, la flèche se ficha dans son cou en le clouant au sol. Un petit sourire sur le visage, la jeune fille se redressa et alla chercher son gibier. Le tenant par les oreilles, elle débarqua quelques minutes plus tard sur le campement, et commença à le dépecer en attendant que Gil se réveille – à moins qu’il ne soit déjà levé et qu’il soit aussi parti récupérer un petit moment solitaire.

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MessageSujet: Re: Groupe Hogh - cours n°3   Groupe Hogh - cours n°3 - Page 3 Icon_minitimeJeu 28 Mar 2013, 12:51

- Je me sens…Envoleuse.

Gil marqua juste un infime temps d’arrêt à cette réponse. Avec le recul, il se dit souvent qu’il aurait pu s’arrêter vraiment et dire des tas de choses : Envoleuse, vraiment ? Mais c’est super, ça ! Tu tiens le bon bout, gamine ! Ou alors, de façon un poil plus réaliste – parce que même s’il avait changé en l’espace de quelques semaines, il restait toujours ce bon vieux cabochard, cet ours mal léché qui ne sait que sourire à moitié et railler son petit monde : Ouais, ne prend pas la grosse tête non plus. Sans vilain jeu de mot. Parce que décapiter des gens, c’est seulement une petite partie du travail d’un Envoleur, hein… Mais non, il ne dit rien. Il préféra poursuivre ses soins en silence.

Ne lui en déplaise, son regard parlait toutefois pour lui. Avec le temps, Gil avait perdu l’habitude de conserver un visage impassible ; autrefois maître en matière d’insensibilité faciale, il était désormais comme un grand livre ouvert, et il suffisait de l’observer attentivement pour passer outre son silence et découvrir ce qu’il avait sur le cœur. Pas mal de chose, effectivement, qu’il n’osait toujours pas avouer. Cette peur, par exemple, qui nouait encore ses entrailles et faisait briller ses yeux vairons : Kaünis ne le saurait probablement jamais, mais cette nuit, Gil avait eu peur pou elle. Vraiment très peur. Dernièrement, il n’avait ressenti ce drôle de sentiment une fois seulement, raison pour laquelle les symptômes lui paraissaient nouveaux.

Tout en nettoyant la joue de la jeune fille, Gil l’observait lui aussi. Et il mesurait seulement maintenant à quel point qu’elle avait grandi. Pas étonnant qu’elle se sente aussi Envoleuse ! Cette nuit, elle avait fait un grand pas en avant, et pas uniquement en tuant un homme : sa maîtrise, sa vélocité, son équilibre, tout ce qu’il s’évertuait à lui enseigner avait pris consistance. Et une petite étoile était née dans l’univers sombre de ses grands yeux. Gil soupira mais refoula les mots qui lui brûlaient les lèvres et se contenta d’appliquer une sorte de pâte sur la joue de son élève. C’était une colle médicinale qu’il avait rapportée de son séjour dans le Désert des Murmures, et dont les effets cicatrisant étaient aussi efficaces qu’étonnants.

- Je vais m’occuper de la viande, dit-il en se redressant. L’eau de ce ruisseau est fraîche mais revigorante ; tu devrais en profiter pour te laver. Ne mouille pas ta joue.

Gil s’éloigna vers la tente, mais l’hésitation l’arrêta au bout de trois pas seulement. Il se retourna vers Kaünis.

- Pour l’instant, ce n’est qu’une impression. Tu n’es pas une Envoleuse. Pas encore.

Un silence, tout juste troublé par le bruissement du vent dans les branches nues des arbres. Puis un sourire se dessina fugacement sur les lèvres de Gil et il ajouta, dans un clin d’œil bleu :

- Mais c’est en bonne voie…




*





Le sommeil l’avait quitté depuis plusieurs minutes, résultat d’un réveil brutal à cause du cauchemar qui le hantait depuis tant d’années, mais Gil n’ouvrait pourtant pas les yeux. Il se sentait agréablement reposé et prêt à entamer cette nouvelle journée avec un enthousiasme neuf, mais ces quelques minutes de calme étaient d’une douceur fort appréciable. Allongé sous la chaleur de son épaisse couverture, un bas replié derrière la tête, l’autre posé sur son ventre, il était bien ; il ne lui manquait plus que la présence de Libertée pour que tout soit absolument parfait. Les yeux toujours clos, Gil s’imagina qu’elle était là, tout contre lui, la tête posée sur sa poitrine, ses cheveux lui chatouillant le menton et son odeur de pêche sucrée envahissant ses narines. Allez, bouge-toi mon vieux…

Son premier réflexe, lorsqu’il repoussa sa couverture et s’assit sur sa couche, fut de regarder dans la direction de son apprentie. Celle-ci avait disparu ; sa couverture était pliée, ses affaires s’étaient volatilisées. Haussant les épaules, Gil enfila sa chemise et sortit le nez de la tente. Le soleil était sur le point de se lever. Le ciel était déjà clair, la terre humide mais pas gelée, et un filet de brume s’accrochait aux arbres, flottant au-dessus du ruisseau et des hautes herbes. Gil s’extirpa de la tente, s’étira en étouffant un bâillement et se passa une main sur le visage. De leur feu de la veille, il ne restait plus que quelques braises encore fumantes, et il n’y avait plus rien à manger. Sitôt que cette pensée se fraya un chemin dans on esprit, la faim tenailla Gil et son ventre émit un grognement significatif. Mais ni son arc, ni ses flèches n’étaient en vue.

Gil en profita pour aller se laver dans le ruisseau. L’eau ne lui montait pas plus haut que les cuisses, mais il s’assit sur le fond sableux du court d’eau et frotta énergiquement sa peau, tant pour la récurer que pour se réchauffer. Il s’offrit même le luxe d’un rasage, ignorant les protestations de plus en plus impatientes de son ventre. Kaünis n’allait pas tarder à leur apporter le petit-déjeuner. Lorsqu’il regagna le campement, il trouva la jeune fille en train de préparer sa prise – un lièvre de bonne taille. Hochant la tête avec satisfaction, Gil s’assit en face d’elle et fit un feu. Ils mangèrent dans ce silence qui leur était désormais familier et agréable tandis que le jour se levait, dissipant la brume et laissant place au joyeux trille des oiseaux.

- Enfer, ce lièvre est ce que j’ai mangé de meilleur depuis bien longtemps !

L’exclamation lui avait échappé et Gil sourit devant la mine surprise de Kaünis. Puis il se leva, attrapa son arc, ses flèches et tendit le tout à la jeune fille.

- Tu te débrouilles pas mal avec ça, dit-il, un brin de malice dans la voix. Mais qu’en est-il lorsque tu es sur le dos d’un cheval ?

Le défi était clair et il était de ceux que Kaünis aimait relever. Elle le suivit sans hésiter et, lorsqu’il grimpa sur le dos d’Océan sans prendre la peine de lui mettre une selle, elle l’imita sans rechigner. Ensemble, ils quittèrent le campement, suivirent le sentier boiseux et gagnèrent la plaine ensoleillée. Gil inspira vivement, gonflant ses poumons de l’air frais et matinal ; ce temps était ce qui se rapprochait plus d’une journée de printemps ! S’arrêtant à la lisière du bois, Gil mit pied à terre. Il avait pris avec lui des sortes de disques de bois, larges d’une dizaine de centimètres de diamètre environ, qu’il suspendit aux branches des premiers arbres avant de reculer pour observer le résultat : agités par le vent, les disques se balançaient doucement.

- La règle du jeu est simple, dit-il en se tournant vers Kaünis, juchée sur le dos de Fureur. Lance ta monture au galop, bande ton arc, vise les cibles et fait mouche… sans tomber.

Une consigne des plus simples, en effet. L’exercice l’était toutefois beaucoup moins : pour le réussir, Kaünis devait se maintenir sur le dos de Fureur, tout en bandant un arc lourd et capricieux. Gil ne s’attendait pas à ce qu’elle y parvienne du premier coup. Mais il la regarda s’éloigner au petit trop d’un air serein, car il l’était véritablement ; cette gamine n’avait jamais manqué de cran. Et il était désormais convaincu qu’elle seule était capable de l’épater.
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MessageSujet: Re: Groupe Hogh - cours n°3   Groupe Hogh - cours n°3 - Page 3 Icon_minitimeVen 05 Avr 2013, 17:17

« Mais c’est en bonne voie… »
Les yeux plantés dans les étoiles, Kaünis n’arrivait pas à se détacher de ces quelques mots.
Des mots qui faisaient battre un sourd espoir en elle. Des mots qui lui tiraient des frissons dans le dos. Des mots qui étiraient ses lèvres en un sourire presque satisfait, qu’elle gardait cependant pour elle en évitant de l’afficher.

Elle était presque une Envoleuse.
Si elle se sentait comme telle, c’était sans doute grâce à cette suite d’évènements improbables. Et surtout, à leurs conséquences. Elle ne se repassait même pas le cours du combat dans la tête, elle était satisfaite de ce qu’elle avait fait, et n’imaginait pas une autre manière de s’en tirer en se remémorant les choses ; c’était sans doute le signe qu’elle était en accord avec elle-même, enfin.

Une chouette hulula un peu plus loin, et ses paupières se fermèrent.
Un léger sourire flottait sur ses lèvres.


* * *

- Enfer, ce lièvre est ce que j’ai mangé de meilleur depuis bien longtemps !

Kaünis fronça les sourcils devant cette exclamation qui semblait venir de l’estomac. Néanmoins, elle ne put empêcher un sourire d’étirer ses lèvres, avant que Gil ne continuât, évidemment. Il n’allait pas s’arrêter à un presque-compliment !

- Tu te débrouilles pas mal avec ça. Mais qu’en est-il lorsque tu es sur le dos d’un cheval ?- La règle du jeu est simple :.Lance ta monture au galop, bande ton arc, vise les cibles et fait mouche… sans tomber.

Déjà, la jeune fille s’était hissée sur le dos de sa monture. Décidément, elle se faisait à cette jument capricieuse ! Et surtout, elle avait très envie de montrer à son Maître qu’elle ne se contentait pas de l’attendre sagement à chaque fois qu’il décidait de s’absenter plus de deux mois entre les cours. Elle avait travaillé, cela ! Ce n’était pas parfait la dernière fois qu’elle s’y était attelée – la flèche atteignait neuf fois sur dix sa cible – mais elle l’avait fait au pas et au galop. Le trot, elle avait préféré le laisser de côté au début, pensant que c’était plus compliqué que les autres allures.

Alors, certes, ce n’était pas cet arc qu’elle avait utilisé, mais un bien plus léger. Mais cela n’allait pas l’empêcher de tirer au bon endroit ! La seule chose qui serait plus difficile, cela serait le bandage, et elle comptait bien réussir. Mettant d’un léger coup de bassin sa monture au galop après son demi-tour, elle serra les genoux pour avoir une trajectoire bien rectiligne. Elle galéra quelques secondes pour bander l’arc, et la première flèche fila.
Ébrécha le bord de la cible.
Garder l’arc bandé n’était pas chose aisée, et le bander pour viser immédiatement relevait de la prouesse physique. Pourtant, cela était l’option la plus abordable pour Kaünis, qui recommença.
Encore et encore.
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MessageSujet: Re: Groupe Hogh - cours n°3   Groupe Hogh - cours n°3 - Page 3 Icon_minitimeDim 07 Avr 2013, 19:48

Adossé au tronc d’un arbre, les bras croisés sur la poitrine, Gil regardait travailler son apprentie. Il avait de nouveau adopté cette expression neutre et un brin dédaigneuse qui lui allait si bien. Après tout, ce n’était pas lui qui avait changé… Cette gamine a fait plus de progrès en une nuit que moi en un an, songea-t-il en la suivant de ses yeux vairons. Il n’était pas amer à cette idée, loin de là ; au contraire, ce constat remplissait son cœur d’une immense fierté. Et Kaünis n’avait pas fini de l’épater. Ses cheveux noirs volant au vent, aussi fougueuse et impétueuse que la jument qu’elle chevauchait, la jeune fille décochait ses flèches avec vitesse, puissance et précision. Les yeux rivés sur elle, Gil ne faisait même plus attention aux flèches qui frappaient les cibles au-dessus de sa tête. Kaünis n’avait plus seulement l’allure d’une guerrière. Désormais, elle en avait aussi l’étoffe.

- Faire mouche n’a de sens que si le trait que tu décoches emporte un petit morceau de ton âme avec elle, lui expliqua Gil un peu plus tard, alors que la jeune fille s’occupait d’une Fureur épuisée mais comblée. Il y a une différence entre tirer une flèche et être cette flèche.

Parce qu’il désirait lui transmettre cette fièvre du lancer, que tout archer digne de ce nom possède, il avait prit son arc, encoché une flèche et bandé son arme. Sa cible ? Un ciel bleu azur, piqué de petits moutons nuageux qui glissaient paresseusement, portés par un vent d’ouest puissant. Gil amena le sombre empennage de sa flèche jusqu’à sa joue, puis jusqu’à son oreille. Entre ses mains, le solide bois de l’arc gémit. Une flèche est pareille à une étoile filante, murmura une voix de femme à son oreille. Souvenir douloureux et merveilleux tout à la fois, qui nimba son regard bicolore d’une lumière triste et gonfla son cœur de nostalgie. Un souffle, un battement de cils, et la flèche partit. Elle s’élança vers le ciel, emportant avec elle un peu de l’âme blessée de Gil, et disparut. Mais il resta un moment dans cette position de puissance figée, un bras replié, l’autre tendu vers les nuages, archer jusqu’au bout des ongles et avant même d’être Envoleur.

- Laissons Fureur récupérer, dit-il tournant vers son élève un regard soudain malicieux. Nous reprendrons la route plus tard, quitte à voyager de nuit puisque nous nous sommes assez reposés. Va chercher les cibles et ne traîne pas ! J’ai prévu un autre exercice pour toi.





*






Seul le guerrier est capable de comprendre à sa juste mesure le chant de l’acier. D’être sensible au chuintement clair, d’en saisir les nuances. De composer sa propre mélodie. Et il fallait bien une vie pour finaliser celle-ci. D’emblée, Gil avait choisi comme armes de prédilection toutes celles qui servaient au lancer, et Seren avait eu à cœur de développer son talent dans ce domaine ; mais il n’avait jamais cessé d’enseigner l’art de l’escrime à son élève. L’épée est une arme noble, disait-il en nettoyant soigneusement sa lame. Le sabre est une arme sauvage. Danse avec l’un et l’autre, Cabochard ; tu seras un sauvage parmi les plus sages et un noble parmi mes plus fous !

Alors Gil dansait. Depuis plus de trois heures, il enchaînait les techniques, les bottes et les parades ; il se servait de l’une de ses épées, l’autre ayant échu à Kaünis. Torse nu en dépit de la morsure du vent, l’Envoleur se remémorait les paroles de son maître et les reprenait à sa propre manière pour transmettre à son élève non pas de simples paroles, mais toute la saveur d’un enseignement. Cette leçon était précieuse. En lui apprenant à danser avec une épée, il lui apprenait à tuer. D’une certaine manière, leurs déboires récents à Al-Jeit servait à rendre cet enseignement plus cohérent ; Gil savait que la jeune fille avait en mémoire l’exact souvenir de l’acier tranchant la peau, la chair et les os d’un être humain. Ce qu’elle avait réalisé l’avant-veille tenait de l’exploit, car décapiter un homme n’est pas chose aisée. Mais s’il souhait lui apprendre à se battre avec n’importe quelle arme, c’était uniquement pour qu’elle soit capable de sauver une vie très précieuse : la sienne.

- Baisse ta position. Redresse les épaules… Fends-toi. Encore.. Encore… Retire ton genou, bon sang ! Tu tiens vraiment à ce que je te coupe une jambe ? Recule ! Plus vite ! Recommence !

Gil n’était pas tendre avec Kaünis. Il ne l’avait jamais été et ne le serait sans doute jamais. Sa dureté venait en partie de l’enseignement tyrannique de Seren, mais aussi de l’affection qu’il avait développé à l’égard de son élève ; sans s’en rendre compte, il s’était mis à apprécier les regards noirs qu’elle lui lançait, les insultes qu’elle ne retenait pas toujours et la colère qui la crispait toute entière. Il avait conscience de la pousser très souvent jusque dans ses derniers retranchements, de l’amener à atteindre ses limites et à les dépasser, de flirter avec le danger ; ce combat se faisait à armes réelles et la moindre erreur se soldait par une blessure. Aucune qui soit impossible à soigner, toutes suffisamment nettes pour saigner.

- Trop lent ! Recommence. Encore. Non, plus vite ! Comment peux-tu espérer me prendre par surprise si tu as constamment un temps de retard sur moi ?! Le temps est précieux, le temps est tout ! Cherche-le, trouve-le ! Perçois le temps et tu auras fait un… GENOU !!! … un pas de fourmi en avant. Un pas que l’Envoleur franchit pour faire le suivant : se glisser dans le temps et l’utiliser !

Chaque leçon était suivie d’une démonstration : vif comme l’éclair, Gil pivota, passa sous la garde de Kaünis et la frappa au ventre au moyen du pommeau de son arme. Il ne lui laissa pas le temps de se plier en deux et profita de son élan pour lui saisir le bras et la faire passer par-dessus son épaule, la plaquant violemment à terre. La seconde suivante, sa lame était posée sur la gorge de la jeune fille et son tranchant entamait légèrement la peau pour verser les quelques gouttes de sang nécessaires à l’illustration de son exemple. Posant un genou à terre, Gil rapprocha son visage de celui de son apprentie et planta son regard dans le sien.

- Tu es morte vingt-deux fois au cours des vingt dernières minutes. Laisse-moi encore l’avantage une seule fois et je considérerais que tes prouesses de l’autre nuit sont dues à la chance du débutant. Allez, debout, face de Raï ! Montre-moi un peu ce que tu as dans le ventre ! Bats-toi ! Bats-moi !!


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MessageSujet: Re: Groupe Hogh - cours n°3   Groupe Hogh - cours n°3 - Page 3 Icon_minitimeMar 09 Avr 2013, 11:18

Franchement, là, immédiatement, elle n’était plus certaine de se sentir Envoleuse.
Cela faisait trois heures que Gil la menait en bateau alors qu’ils brandissaient tous les deux des épées courtes – avec l’une desquelles elle avait tranché la tête du garde – et elle se sentait aussi insignifiante et vulnérable qu’une fourmi sous la botte de son Maître.

Pourtant, elle enchaînait les bottes audacieuses, les coups montés et d’estocs, les demi-tours… Mais rien à faire. Gil était toujours aussi… Aussi inatteignable. Aussi loin. Et elle désespérait de pouvoir enfin le surpasser. Sans doute n’était-ce pas possible, après tout… Ou peut-être que si, mais il ne le voulait pas. Ou alors, elle était juste en train de se laisser aller !
Avec lui, pas le temps de se reposer sur ses lauriers, c’était certain. Un compliment valait dix défis impossibles. Et Kaünis se demandait si finalement elle n’était pas masochiste sur les bords pour chercher la reconnaissance d’un homme comme Gil. La reconnaissance, c’était peut-être bien pire que l’ignorance : au moins, il ne cherchait pas à la pousser dans ses derniers retranchements.

Mais c’était cela aussi, la joie de l’apprentissage… et sans doute de l’enseignement. Repousser les limites, flirter avec elles pour les apprivoiser, pour les connaître, pour les franchir sans qu’elles ne se jettent sur elle sans prévenir. C’était cependant ardu de s’en rappeler quand on se faisait presque aboyer dessus…

- Baisse ta position. Redresse les épaules… Fends-toi. Encore.. Encore… Retire ton genou, bon sang ! Tu tiens vraiment à ce que je te coupe une jambe ? Recule ! Plus vite ! Recommence !

Poussant un soupir d’exaspération, Kaünis tentait d’écouter et d’exécuter ce que lui disait Giliwyn, mais ce n’était plus chose aisée au bout de trois heures en nage complète. L’Envoleur avait pour avantage de pouvoir retirer son vêtement, pas elle, et elle n’était plus qu’une énorme goutte de sueur. Ses cheveux collaient à ses joues trempées, et dans son cou ; elle tentait de les repousser en soufflant d’un coup, sans vraiment réussir. Ses bras étaient tout engourdis, notamment le droit qui soutenait l’épée depuis plus longtemps, bien qu’elle la changeât de main assez souvent. Ses jambes commençaient à réellement peiner à la supporter, et c’était pour cela qu’elle faisait ces erreurs de genou tellement stupides !

- Trop lent ! Recommence. Encore. Non, plus vite ! Comment peux-tu espérer me prendre par surprise si tu as constamment un temps de retard sur moi ?! Le temps est précieux, le temps est tout ! Cherche-le, trouve-le ! Perçois le temps et tu auras fait un… GENOU !!! … un pas de fourmi en avant. Un pas que l’Envoleur franchit pour faire le suivant : se glisser dans le temps et l’utiliser !

Elle n’en pouvait plus.
Elle n’en pouvait plus, et pourtant elle continuait, elle s’élançait, elle se fendait, tentant par là de surprendre son Maître. En vain. Elle comprenait parfaitement ce qu’il essayait de lui dire avec cette histoire de temps, elle l’avait expérimenté la veille ; mais là, avec trois heures d’épées dans les jambes et les bras, elle n’y arrivait pas. C’était impossible !
Avant qu’elle n’ait eu le temps de cligner des yeux, la jeune fille se retrouva à terre avec l’arme de Gil sur sa gorge, et il appuya légèrement. Le liquide chaud qu’elle sentit couler dans son cou lui tira un long frisson de colère – c’était déjà suffisamment désagréable d’avoir toute cette sueur dégoulinante sur la peau !

- Tu es morte vingt-deux fois au cours des vingt dernières minutes. Laisse-moi encore l’avantage une seule fois et je considérerais que tes prouesses de l’autre nuit sont dues à la chance du débutant. Allez, debout, face de Raï ! Montre-moi un peu ce que tu as dans le ventre ! Bats-toi ! Bats-moi !!

Rah, qu’il l’énervait !
Se redressant d’un bond, Kaünis chercha dans ses ressources tout ce dont elle aurait pu avoir besoin. Une nouvelle énergie, notamment, qui la propulsa en avant. Et alors qu’elle enchaînait une feinte hardie, elle ne put s’empêcher de répondre amèrement.

- Tss, comme si un combat pouvait durer trois heures ! Là, c’est parce que c’est de l’enseignement mais… Esquivant une attaque de Gil de justesse, elle tourna sur elle-même pour prendre de l’élan et lança sa lame à plat vers l’avant-bras de ce dernier. Si cela avait été un vrai combat, je serais morte ou inconsciente depuis loooongtemps !

Passant sous une garde, la jeune fille cligna des yeux.
Un instant. Moins d’une seconde. Elle vit clairement le prochain geste de son adversaire, n’anticipa pas mais l’évita de quelques millimètres – c’était comme si tout se passait au ralenti – et tourna sur elle-même en pliant les genoux, fauchant les chevilles de Gil. Se jetant sur lui, elle posa ses deux genoux sur son torse – beurk, ça peiguait ! – et posa la lame de son arme sur sa gorge.

Haletant, il lui fallut plusieurs secondes pour réaliser où elle était, et ce qu’elle venait de faire. Les yeux ronds, il lui fallut encore un instant pour comprendre qu’elle pouvait se relever et s’éloigner.

Elle l’avait juste surpris en lui parlant. Il avait juste été surpris.
Parce qu’elle n’était pas encore capable d’en arriver là…
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MessageSujet: Re: Groupe Hogh - cours n°3   Groupe Hogh - cours n°3 - Page 3 Icon_minitimeMar 09 Avr 2013, 14:35

Rageuse, Kaünis fit de nouveau face à Gil, qui sourit intérieurement. Avec un cran pareil, qui sait ce que cette gamine aurait pu devenir si seulement elle avait été formée par Seren ? Incapable de se valoriser de quelque façon que ce soit, Gil avait conscience des immenses progrès de son apprentie, non des siens ; et s’il s’estimait encore plus compétent qu’elle dans bien des domaines, il se savait en revanche suivi de très près sur son propre cheminement de guerrier. Il n’avait pas attendu que Kaünis décapite un homme pour s’en rendre compte, mais désormais l’apprentissage de la jeune fille avait changé, évolué : ce qu’il lui demandait frôlait parfois – souvent – l’inconscience, à tel point que si Seren s’était trouvé dans les parages, il aurait applaudi…

- Tss, siffla Kaünis en feintant habilement – il n’esquiva l’audacieuse parade que de justesse et rétablit ses appuis –, comme si un combat pouvait durer trois heures ! Là, c’est parce que c’est de l’enseignement mais…

Mais un véritable combat peut durer tout juste trois secondes, songea Gil en se fendant d’une attaque particulièrement dangereuse. Et si c’est le cas, alors trois heures d’apprentissage font parfois la différence entre victoire et défaite ! Kaünis para son offensive et poursuivit d’un ton égal :

- Si cela avait été un vrai combat, je serais morte ou inconsciente depuis loooongtemps !

Gil fronça les sourcils. Il voulut lui répliquer qu’un combat, qu’il soit réalisé au cours d’un entraînement ou non, était un combat. Point barre. D’ailleurs, s’il avait eut le temps de s’exprimer, il aurait sans doute rajouté un ou deux jurons et il y aurait mis le ton. Mais cette fois, l’insolence de son élève ne trouva en face d’elle aucun répondant. Car le temps qu’il envisage sa réponse, Kaünis lui avait déjà fauché les jambes, l’immobilisant sur le sol pour glisser le tranchant de sa lame contre sa carotide palpitante.

Pause.




*




Le souffle court, Gil se noie dans les puits sans fond des yeux de Kaünis. Il est surpris. Surpris de se retrouver sous elle, de sentir la froideur de sa lame sur sa gorge, de se sentir vaincu. Surpris qu’elle en soit surprise. On dirait qu’elle ne cautionne pas le point qu’elle vient de marquer. Le cautionne-t-il, lui ? Non ! gémit son égo de maître mystérieux, hautain, dédaigneux, nonchalant au possible. Si ! réplique le tranchant posée sur sa peau. Une goutte de sang glisse le long de son cou mais Gil ne bronche pas. Immobile, il fixe Kaünis. Il attend de voir ce qu’elle va faire, maintenant qu’elle a le contrôle. Il décide de s’en remettre à son seul jugement. Un mouvement, une infime pression, et pouf ! Plus de Gil. Plus de maître. Plus de leçon rébarbative. Plus d’exercice éreintant au possible. Plus de danger. Rien que la liberté… Qu’est-ce que tu attends ? Vas-y !

Trop tard. La chance lui est passée sous le nez. La surprise s’est envolée quand son effet s’est escompté et Gil a reprit le contrôle : il a ouvert les mains. Il sait, désormais, que ses aiguilles seront plus rapides que la lame pressée contre sa gorge. Mais tout ce qu’il retient, c’est que Kaünis n’a pas tiré profit de son avantage. Déjà, elle éloigne son arme et se redresse, indécise. Elle se retire, elle se replie, elle s’interroge. Peut-être même qu’elle doute. Mais qu’importe.

Elle a gagné.



*





- Etire-toi convenablement. Et bois beaucoup d’eau ; demain tu me détesteras, et après-demain tu me haïras mais, au moins, tu pourras quand même voyager sans trop nous ralentir…

Joignant le geste à la parole, Gil plongea la tête dans le ruisseau. Sa fraîcheur intense compressa ses tempes et lui donna l’impression que son cerveau allait être broyé. C’était néanmoins la chose la plus agréable qu’il ait eut l’occasion de ressentir depuis longtemps et il réitéra l’expérience une ou deux fois supplémentaire, puis il redressa la tête, se passa une main sur le visage et jeta un coup d’œil à Kaünis. On aurait dit qu’elle n’avait pas encore réalisé ce qui venait de se produire. D’une certaine manière, ça l’amusait. Il savait la jeune fille presque aussi hautaine que lui et difficilement impressionnable ; qu’elle ne s’autorise pas un petit sourire de satisfaction, comme lorsqu’elle avait tué leurs poursuivants, prouvait qu’elle se trouvait au confluent de deux directions, deux choix différents : considérer qu’elle avait bénéficié de la chance du débutant, ou accepter sa victoire à juste titre.

- En plein combat, mesurer le temps est impossible, fit l’Envoleur en se baissant pour faire couler de l’eau sur sa nuque endolorie. Mais si ça l’était, il se mesurerait en secondes. Une poignée de secondes durant lesquels il te faut envisager la globalité d’une situation pour n’en garder qu’un infime détail ; il te permet de t’immiscer dans une faille et d’en tirer profit. Rentrer dans le temps, c’est ça.

L’eau ruisselait sur ses épaules, ses bras et sa poitrine, emportant la sueur, la terre et le sang qui maculaient sa peau. Une quantité de petites cicatrices, minces hachures plus claires sur son teint soutenu, se détachaient sur les muscles bien dessinés de torse nu. Aujourd’hui, il en comptait une de plus, et celle-ci n’était pas de celles dont il allait aussitôt oublier l’origine ; à la base du cou, il avait désormais le souvenir indélébile de la première victoire de Kaünis. L’entaille qui apparaissant sous le menton de celle-ci était un magnifique écho à ce symbole. A genoux dans l’herbe, devant le ruisseau qui chantait, Gil observa un bref instant son élève. Puis une lueur malicieuse traversa son regard bicolore et il plongea la main dans l’eau, non pas pour se désaltérer ou se rafraîchir, mais pour éclabousser la jeune fille d’une formidable gerbe scintillante.
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MessageSujet: Re: Groupe Hogh - cours n°3   Groupe Hogh - cours n°3 - Page 3 Icon_minitimeMer 10 Avr 2013, 15:14

Le regard de Gil, surpris - surpris qu’elle l’ai surpris, surprise qu’elle soit parvenue à le dominer, ne serait-ce qu’une seconde, surpris que...? - la déstabilisa elle aussi, et se relevant elle se mordit l’intérieur de la joue. Venait-elle réellement de passer la garde son Maître ? Et qu’elle l’ai surpris dévalorisait-il sa victoire ?

Sans doute que Gil voulait la laisser réfléchir, car il ne fit aucun commentaire pour se dédommager. Ni pour montrer qu’elle avait gagné, en tout cas. Etait-il certain qu’elle n’aurait pas dû le faire ? Mais surprendre un adversaire, c’était aussi faire tourner le combat à son avantage, non ? Il fallait justement sans cesse surprendre en combat, que ce soit avec sa science des armes, sa vivacité, sa résistance, son efficacité, sa précision ou bien... ses mots, qui pouvaient faire mouche ? Gil ne cessait de la provoquer par les mots, la déstabilisant. Cela faisait partie du combat...

- Etire-toi convenablement. Et bois beaucoup d’eau ; demain tu me détesteras, et après-demain tu me haïras mais, au moins, tu pourras quand même voyager sans trop nous ralentir…

Ne pouvant retenir un léger ricanement - si elle avait des courbatures, elle ne doutait pas que lui aussi, même si sans doute avait-il plus l’habitude qu’elle de les gérer, et encore ! Cela faisait des années maintenant qu’elle supportait ces courbatures d’après-combat avec son Maître - Kaünis haussa les épaules et s’approcha elle aussi du ruisseau pour boire à grandes goulées, récupérant toute l’eau qu’elle avait perdue dans sa sueur.
La bouche sèche, pâteuse, elle avait l’impression de ne plus réussir à avancer, et sans aucune gêne elle se déshabilla complètement pour s’allonger dans la rivière et sentir le petit courant de cette dernière, de l’onde fraîche et bienvenue, sur sa peau et sur son corps.

- - En plein combat, mesurer le temps est impossible. Mais si ça l’était, il se mesurerait en secondes. Une poignée de secondes durant lesquels il te faut envisager la globalité d’une situation pour n’en garder qu’un infime détail ; il te permet de t’immiscer dans une faille et d’en tirer profit. Rentrer dans le temps, c’est ça.

- J’suis pas d’accord. Une seconde, c’est hyper long dans un combat. Le temps se compterait en bien moins que cela ! Des fois, les décisions se font à la vitesse d’une pensée, qui frôle l’infini…


Et alors qu’elle levait les yeux vers son Maître pour savoir s’il allait encore répliquer, et quoi, elle se prit une gerbe d’eau dans le visage, et tourna vivement la tête en criant de surprise. Mais à peine s’était-elle détournée qu’un sourire se dessina sur son visage, et elle répliqua violemment en éclaboussant l’homme avec ses pieds, poussant l’eau avec vigueur.
A peine la girandole s’écrasait-elle sur la peau de Gil que Kaünis sauta sur ses deux pieds en riant et s’éloigna en courant de la rivière, attrapant ses vêtements au passage pour monter adroitement et à une vitesse ahurissante dans un arbre proche.

Elle se retenait de glousser.


* * *


L’avantage avec Gil, c’était que l’on ne pouvait pas s’ennuyer. En tout cas, il trouvait toujours quelque chose d’épuisant à faire ; des combats, des étirements, des exercices physiques qui demandaient tellement à garder ses forces et son énergie qu’il était impossible-même de pouvoir prononcer un seul mot pour garder un maximum de souffle.

Kaünis appréciait de plus en plus de chevaucher les cheveux au vent, claquant dans son dos. Pour sentir les bourrasques sur son visage, soulever sa tignasse et jouer avec ses mèches.

Elle se sentait bien. Même avec des courbatures.
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Giliwyn SangreLune
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MessageSujet: Re: Groupe Hogh - cours n°3   Groupe Hogh - cours n°3 - Page 3 Icon_minitimeMar 16 Avr 2013, 16:49

Les cheveux dans le vent, Kaünis chevauchait tranquillement aux côtés de Gil. Silencieux comme de coutume, il avait cessé de regarder la route pour s’intéresser à son élève. L’équitation était devenue son point fort. Son allure était digne de celle d’un légionnaire et ce qu’elle était capable de réaliser sur le dos d’un cheval dépassait ses espérances. En la voyant si à l’aise sur la selle de Fureur, il était difficile de se remémorer ses débuts, quand Gil s’arrachait presque les cheveux en dénombrant ses nombreux défauts de position ou encore ses erreurs de jugement… Kaünis s’était appropriée son enseignement et, comme pour tout ce qu’il lui avait transmis, elle s’en servait à sa manière ; sa monte était différente de celle de Gil, de même que sa façon de s’étirer, de chasser ou encore de se battre. Quoi qu’elle fasse, elle réussissait toujours à exprimer sa personnalité. C’était une leçon que Gil n’aurait pas à lui apprendre.

Il en restait des tas et elles n’étaient pas des plus faciles. Pourtant, Gil avait conscience que la formation de Kaünis avait pris son dernier tournant pour entamer une ultime ligne droite avant qu’il ne la laisse s’envoler pour de bon. Elle serait alors sa plus grande réussite et, sans conteste, sa plus grande fierté. Jusque-là, elle allait continuer à enchaîner les exercices et à recevoir son lot de bleus et de bosses ! Un léger sourire se dessina sur les lèvres de l’Envoleur lorsqu’il remarqua une contusion sur le poignet gauche de la jeune fille. La veille ainsi que l’avant-veille, il n’y était pas allé de mainmorte ; pas une seule fois Kaünis ne s’était autorisée une plainte. Gil savait qu’elle préférait souffrir le martyr en silence plutôt que d’agiter sa faiblesse sous le nez de son adversaire. Encore une qualité qu’il ne pouvait que saluer.

Un rayon de soleil dansa dans l’épaisse chevelure de son apprentie. Gil songea à Yan. Ce crétin de paon prétentieux attendait-il Kaünis au Domaine ? Mieux valait pour sa santé du jeune homme qu’il ne croise pas sa route de sitôt ! Rien que d’envisager la chose, Gil sentait ses poings se serrer et ses muscles se raidir. Une réaction qui se rapprochait étrangement de celle d’un père… Loin d’en venir à cette idée, Gil laissa ses pensées vagabonder. De Yan, il passa au Domaine. Après ce qui s’était passé à Al-Jeit, y mettre les pieds n’était peut-être pas un bon plan. On dirait bien que ça commence à sentir le roussi, mon vieux ! Tu devrais peut-être songer à te faire oublier quelques temps… Il jeta un coup d’œil à Kaünis. Il n’avait pas envie de repousser son examen mais il ne voulait pas lui faire prendre de risques non plus. Si jamais quelque chose devait arriver à sa fille chérie, Voïkamas allait le réduire en cendres, et ça, c’était le scénario le plus positif qu’il puisse envisager !

- Le bosquet, droit devant. Cinquante pompes au dernier arrivé !

Gil piqua des talons les flancs d’Océan avant même d’avoir achevé sa phrase. Un rire lui échappa. Kaünis s’était déjà élancée.




*




- Si tu es prête, tu peux te lancer.

Dit comme cela, évidemment, c’était très simple. Etre prêt, se lancer, pouf ! Terminé. Tout l’aspect séduisant de la théorie résidait en cette simplicité. Bien sûr, la pratique était foncièrement différente. Surtout lorsqu’il s’agissait de se lancer au sens propre et non au sens figuré. Bras croisés sur la poitrine, Gil se pencha et jeta un coup d’œil dans le vide. Kaünis et lui se trouvaient à vingt-cinq mètres de hauteur ; perchés sur un promontoire qui s’élançait du flanc des Dentelles Vives, ils surplombaient le lac Chen, lequel était un miroir éclatant qui reflétait le bleu du ciel et captait les rayons du soleil en un scintillement éblouissant. Admirer une telle vue, c’était comme vivre un rêve, et Gil espérait que ce magnifique tableau reste gravé dans la mémoire de son élève aussi longtemps que possible. Hochant la tête, il recula d’un pas. Cet exercice était un lien entre ce cours le prochain ; il ne s’attendait pas à ce que Kaünis le réussisse maintenant. Il voulait seulement qu’elle comprenne certains éléments qui lui semblaient importants. Voilà pour la raison officielle de leur présence sur ce promontoire. L’officieuse, qu’il taisait à la jeune fille, venait d’une crainte soudaine et pourtant fondée : Gil envisageait l’hypothèse que le prochain cours n’ait pas lieu. Si le Conseil s’était mis en tête de lui mettre les bâtons dans les roues, ainsi qu’il le redoutait, terminer la formation de Kaünis serait un vrai défi. Il le relevait sans hésitation aucune.

- Contente-toi de toucher l’eau avec grâce : les bras le long du corps pour offrir le moins de surface possible, les pieds joints, la tête rentrée dans les épaules.

Pour plonger d’aussi haut, il fallait avoir les tripes solides. En un sens, Kaünis s’y était déjà essayée, lorsqu’ils avaient débouchés de leur périple à l’intérieur de la montagne par la cascade qui se jetait dans le lac ; mais elle avait eu du mal à remonter à la surface et même s’il détestait le reconnaître, Gil était forcé d’admettre que Yan s’était trouvé au bon endroit, au bon moment pour aider son amie. Durant la traversée des Dentelles, il avait fourni à son apprentie quelques notions sur l’art et la manière de plonger sans faire de vagues. L’enjeu est grand, avait-il expliqué en pleine ascension d’une paroi vertigineuse. Un Envoleur ne plonge pas uniquement pour le plaisir ; crois-moi, ça lui vient des années après son apprentissage… Pour lui, c’est avant tout une porte de sortie. Un moyen d’échapper au pire, de surprendre un ennemi, de se soustraire au danger : il n’est jamais acculé. Là où les gens voient le vide et la mort, l’Envoleur voit un merveilleux rebondissement.

- C’est un essai, Kaünis. Rien d’autre qu’un essai. Lorsque tu seras dans l’eau, laisse-toi glisser vers le fond puis donne un grand battement de jambes pour remonter à la surface.

Allez, gamine. Envole-toi !
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MessageSujet: Re: Groupe Hogh - cours n°3   Groupe Hogh - cours n°3 - Page 3 Icon_minitimeJeu 23 Mai 2013, 11:50

Sauter ?
Plonger de là, à cette hauteur vertigineuse ?
Les pupilles de Kaünis s’étaient réduites à deux petits points dans ses iris, et elle commençait déjà à respirer difficilement. La dernière fois qu’elle avait plongé de plus de dix mètres, elle avait eu du mal à remonter. Heureusement que Yan était là, au final, mais elle aurait préféré s’en sortir toute seule.

Pourtant, l’eau était quelque chose qu’elle adorait. Plus jeune, alors qu’elle n’avait même pas douze ans, elle sautait et plongeait de hauteurs vertigineuses dans le lit du Loutoubre, ce fleuve sinueux et indolent, et n’avait jamais ressenti que de l’adrénaline pure. Pas cette adrénaline mélangée à la peur comme il en montait actuellement dans ses veines.

Pourquoi cette peur ?
Elle n’avait jamais eu peur de l’eau. Et puis, la dernière fois, c’était avec la cascade, et beaucoup de remous. Là, sous eux, la surface était lisse comme un miroir. Cela ne l’engloutirait pas… Non ? Non. Et le conseil de Gil résonnait dans ses oreilles.
Fermant les yeux, la jeune fille prit une grande inspiration.
Se lancer. S’élancer. Il fallait qu’elle y parvînt, même si cela lui semblait si… terrible. Ce n’était pas si terrible que cela. Elle l’avait déjà fait. Pire que ça. Elle l’avait déjà adoré.
Comment, en une mauvaise expérience, le cerveau pouvait-il être aussi bouleversé ? Ce n’était pas juste, dans ce sens. Quoique. Réflexe de survie. Quand on les outrepasse, on a peur. C’est absolument normal, et cela rentre dans le fonctionnement humain et même dans le fonctionnement animal.

Poussant un soupir, son regard sombre balaye la surface du lac. Se mordant la lèvre inférieure, Kaünis cligna des paupières, avant de reculer d’un pas, pour prendre de l’élan. Un sourire fugace passa sur son visage, et elle s’élança dans une demi-course, pour sauter.

Elle hurla.
Au début, c’était de la peur, pour se donner du courage.
Après, c’était de la pure euphorie. Comme si elle allait s’envoler.
Elle pensa au dernier moment à plaquer contre son torse ses mains et à tendre les jambes, dans l’attente de l’impact inévitable.
Elle crut qu’elle allait perdre son souffle. L’impact lui fit remonter le diaphragme dans le ventre, qui compressa ses poumons, mais elle garda tout cet air dans ces derniers malgré la force du retour d’impact.
Tombant comme une pierre dans l’eau tiède, l’onde devint très rapidement fraiche, puis clairement froide tandis qu’elle s’enfonçait de plus en plus lentement. Les paupières closes, elle compta jusqu’à dix avant de battre énergiquement des pieds, comme le lui avait dit son Maître.

Lorsqu’elle creva la surface, une immense vague de soulagement la submergea, manquant de la faire oublier de battre des pieds et des mains pour se tenir hors de l’eau. Puis, elle leva les yeux vers la paroi pour chercher Gil du regard.
Devait-elle recommencer ?

Rien que cette pensée fit faire un petit bond à son estomac.
En réalité, elle en avait envie.
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Giliwyn SangreLune
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MessageSujet: Re: Groupe Hogh - cours n°3   Groupe Hogh - cours n°3 - Page 3 Icon_minitimeJeu 30 Mai 2013, 18:26

Penché au-dessus du vide, Gil regarda Kaünis tomber en hurlant comme une possédée. Lorsqu’elle disparut sous la surface miroitante du lac, il hocha la tête ; le plongeon manquant de grâce et de technique, mais certes pas d’audace. Et à présent que Kaünis avait goûté à l’ivresse de la chute, il savait qu’elle n’hésiterait plus. Tout comme il savait que cette fois, elle n’allait pas avoir besoin de l’aide d’un grand échalas pour sortir la tête de l’eau ! Comme il songeait à Yan, Gil balaya les environs du regard, inspectant la rive avec attention. Il avait prévenu l’impudent que si leurs routes se croisaient à nouveau, il ne lui laisserait pas le temps d’ouvrir la bouche ; était-ce une raison suffisante pour qu’il se tienne à distance ? Mieux valait que ce soit le cas, car Gil était déterminé à mettre sa menace à exécution, et ce, que Kaünis soit d’accord ou non.

Tout en scrutant la surface du lac, Gil laissa échapper un grognement désabusé. Il avait vaguement conscience d’agir jalousement et cela l’ennuyait. La jalousie l’avait toujours poussé à des extrêmes qu’il avait regrettés. Serait-ce le cas si jamais il tranchait la gorge de ce crétin de Yan ? Ce type ne lui plaisait pas. D’abord parce qu’il se conduisait avec Kaünis comme si la jeune fille lui appartenait, un peu à la manière d’un bien matériel – ce qu’elle n’était absolument pas – et ensuite, parce que ce qu’il savait à son sujet n’était pas de bon augure. Yan semblait connaître des choses qui pouvaient lui créer des ennuis… D’accord, j’ai déjà des tas d’ennuis, songea-t-il en se redressant pour se préparer à plonger afin de récupérer son apprentie, qui ne semblait pas pressée de remonter. Par le saint slip de l’Empereur, qu’est-ce que tu fiches là-dessous, gamine ?

Sa tête creva la surface au moment où Gil se ramassait sur lui-même pour plonger. Réalisant que Kaünis, loin d’être sonnée, avait l’air d’apprécier son exploit, il hocha à nouveau du chef. Pas mal, pour une fille. Retenir sa respiration aussi longtemps prouvait qu’elle avait de la ressource ; il allait falloir trouver de nouveaux exercices à sa mesure, des entraînements corsés, impliquant un temps d’apnée suffisamment long pour lui donner du fil à retordre, sans quoi elle allait finir par s’ennuyer ! Souriant à cette idée, Gil décida de rejoindre son élève. Il siffla pour attirer son attention, histoire qu’elle ne manque pas une miette de sa démonstration ; il sauta et exécuta trois pirouettes avant de s’enfoncer dans l’eau. Son plongeon fit moins de vagues que celui de Kaünis. Tant qu’à se donner en spectacle, autant lui en mettre plein la vue !

Comme il se laissait couler dans les profondeurs glacées du lac, une idée lui vint à l’esprit. Un pari dangereux qu’il accepta de relever par pure curiosité. Il souffla doucement pour continuer de tomber vers le fond sans pour autant vider toute l’air de ses poumons. Il était déjà sous l’eau depuis plus de trente secondes et selon toute logique, Kaünis devait déjà se demandait ce qu’il attendait pour remonter. Ce qu’il attendait ? Qu’elle vienne le chercher ! Il s’était déjà demandé si la jeune fille serait capable de prendre des risques pour lui sauver la mise. Non pas parce qu’il doutait qu’elle tienne à lui – elle lui prouvait assez son dévouement en se pointant toujours à ses cours et en le suivant dans ses délires les plus fous – mais parce qu’il voulait savoir si elle en était capable. Dans ce genre de situation, prendre une décision demandait un sang froid exemplaire et une bonne dose de courage. Kaünis devait en outre admettre que son maître puisse se trouver en difficulté ; une façon de lui montrer qu’un Envoleur, s’il n’est pas fait de sucre, est loin d’être invincible, et qu’un trop-plein de confiance peut lui être fatal…

Une minute et dix seconde. Gil commençait à sentir le froid et l’eau compresser ses tempes. Il était descendu si bas qu’il ne voyait plus nettement les lumières de la surface. Son sort dépendait désormais de la décision de Kaünis. Si jamais elle tardait trop, il allait arriver à cours d’oxygène ; difficile, même pour un dingue de son espèce, de remonter à la surface… Une minute et vingt seconde. Et merde. Il avait joué une carte dangereuse et il en payait les frais d’une façon on ne peut plus ridicule ; s’il mourait au fond de ce lac, ce n’était même pas la peine que Kaünis garde un quelconque souvenir de lui ! Gil remua faiblement. S’il avait pu soupirer, il l’aurait fait depuis longtemps. Tu penses trop, Kaünis, et tu perds un temps précieux… Deux minutes. Il avait encore le temps de remonter. Y croire était sa seule chance de survivre. Battant des jambes, Gil commença à remonter tout doucement vers la surface. Trois minutes. Quoi, j’étais descendu si bas ? Cabochard !

C’est alors que des doigts se refermèrent sur son poignet.
Victoire.
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Kaünis Gil'Ozh
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MessageSujet: Re: Groupe Hogh - cours n°3   Groupe Hogh - cours n°3 - Page 3 Icon_minitimeMar 04 Juin 2013, 09:36

A priori, recommencer n’était pas pour tout de suite.
En effet, en entendant le sifflement de son Maître – qui l’agaça terriblement : elle n’était pas un chien hein ! – elle releva la tête pour voir Gil s’élancer à son tour dans les airs, et rejoindre l’eau dans un plongeon presque majestueux.
Parce qu’il avait fait trois pirouettes, quand même ! Mais c’était aussi loin d’être gracieux, simplement efficace. Arriverait-elle un jour à le faire ?
Evidemment ! La gniake monta en elle d’un seul coup, et elle secoua la tête : elle arriverait à faire tout ce que Gil faisait. Même plus que ça, d’ailleurs ! Elle était faite pour le Chaos, née de l’Union des deux représentants humains les plus à même de la guider – et qui pourtant ne le faisaient pas.
Elle serait plus forte que n’importe lequel d’entre eux, et voulait continuer à se surpasser encore et encore.

Refaire un plongeon ?
Pas de problème. Elle s’était faite surprendre une seule fois par la vitesse, l’adrénaline, le saut, mais pas deux.

D’ailleurs, qu’est-ce qu’il foutait, Gil ? Il voulait lui faire peur ?
Agacée à nouveau, Kaünis poussa un soupir d’énervement. C’est bon, pas besoin de se moquer de son dernier plongeon, elle avait conscience qu’elle aurait dû s’en sortir toute seule, mais elle n’y était pour rien, par rapport à Yan. Et puis, ça ne s’était pas arrangé depuis ? il lui semblait pourtant qu’il n’avait pas vraiment re-mentionné le jeune homme, alors était-il capable de ruminer comme ça pendant des jours ?
Mais qu’est-ce qu’il faisait bon sang ?!

Fronçant les sourcils, le nez hors de l’eau, Kaünis se demanda ce qu’il se passait réellement.
Elle ne comprenait pas comment Gil pouvait s’être fait emporté ou noyé par l’eau claire et calme de cet endroit. Mais il suffisait de pas grand-chose pour se noyer, après tout, avaler de l’eau sans s’en rendre compte, et c’était fini… Mais Gil ? Un Envoleur ?! Il ne lui aurait pas fait faire un truc pareil si c’était trop risqué, si ?

Elle réalisa soudain que si en fait.
Il lui faisait toujours faire des choses disproportionnées. Parfois elle y arrivait, et elle en tirait une grande fierté, mais parfois non et elle frôlait la catastrophe. Et ils frôlaient la catastrophe, comme à Al-Jeit.

Elle finit enfin par se décider, et attrapa une grande goulée d’air avant de s’enfoncer sous la surface. Elle avait repéré le point d’impact du plongeon, et s’enfonça droit en dessous, battant des pieds principalement, pour ne pas gâcher trop d’énergie et d’oxygène qui se consumait dans ses poumons.
Ses grands yeux sombres ouverts, elle avait du mal à voir sous l’eau, pour elle c’était compliqué, tout était flou, et ses tympans se compressaient sous l’effet de la pression qui augmentait.
Soudain, une vague forme apparut devant elle : Gil !
Même sous l’eau, ses yeux s’écarquillèrent.
Bon, il fallait agir, et très vite.
Mais son Maître n’était pas le plus léger des bougres, et elle ne savait pas comment s’y prendre. Finalement, elle le saisit sous les aisselles et agita fortement ses jambes pour remonter. Ils avançaient vers la surface, mais lentement, et Kaünis sentait ses poumons crier, déjà. Une source angoisse mordit son ventre, lui donnant des ailes et un regain d’énergie. Quelques secondes plus tard, ils crevèrent enfin la surface, et Kaünis réussit à faire basculer Gil sur son dos, pour le tirer hors du point d’eau.

Allongé sur le sable, Gil cracha un peu d’eau, mais à peine.
Il était conscient…
Prise d’une colère folle, Kaünis perdit le contrôle de sa main une seconde.
Elle s’abattit sur la joue de son Maître…








[ Youps, je suis pas sûre que Gil aime la fin x) ]
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Giliwyn SangreLune
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MessageSujet: Re: Groupe Hogh - cours n°3   Groupe Hogh - cours n°3 - Page 3 Icon_minitimeMer 03 Juil 2013, 17:05

- Tire-toi.

Un murmure à peine audible, tout juste un mouvement des lèvres. Deux mots de rien du tout. Gil les avait entendu comme il aurait entendu un hurlement. Une formidable décharge électrique le parcourut tout entier, suivant sa colonne vertébrale jusqu’à lui arracher un hoquet de peur mêlé de surprise. Tire-toi. Comme s’il n’y avait pas déjà songé ! En cet instant, il aurait donné n’importe quoi pour se trouver ailleurs – n’importe où, mais loin de ce sinistre chaos. En deux ans d’apprentissage, il avait assisté à pas mal d’embrouilles, probablement davantage que les autres mercenaires du Domaine. Mais une pagaille de cette ampleur allait rester longtemps gravée dans sa mémoire. Du moins, s’il s’en sortait sain et sauf… Côté santé, c’était déjà fichu. En tâtant précautionneusement son nez, il réalisa qu’il avait un morceau de viande en bouillie au beau milieu du visage. Ça c’était produit lorsque le poing massif de La Montagne était venu s’écraser sans prévenir sur son nez. A présent, le Thûl était en train de réduire ce qu’il restait de Seren à tabac.

Gil s’était lourdement trompé chaque fois qu’il avait cru remporter un duel contre son maître en mettant ce dernier à terre. Seren n’avait jamais perdu un seul combat, comprit-il, ni même jamais vacillé sous les coups qu’il avait pu donner. L’évidence lui sautait aux yeux maintenant qu’il le voyait ployer face au monstrueux guerrier que les siens avaient surnommé La Montagne. Seren était un homme de taille moyenne et plus fin que la normale. Son élève le dépassait d’une demi-tête et remportait chaque bras de fer qui les opposait. Mais à côté de La Montagne, il avait l’air d’un gringalet, pire, d’un moustique que l’on chasse d’un simple revers de la main. Enfer ! Serrant les dents pour ne pas hurler sa frustration, Gil regarda le nuage de poussière qui approchait dangereusement dans leur direction. Les copains de La Montagne leur fonçaient dessus, comme s’ils étaient décidés à ne pas manquer une miette du spectacle. Un os craqua dans le corps de Seren. Les Thüls avaient intérêt à se dépêcher s’ils ne voulaient pas arriver après la bataille.

- Giliwyn !

Seren avait crié, mais il ne s’agissait pas d’un appel à l’aide. Il n’appelait jamais son apprenti par son prénom complet que pour lui passer un savon. C’est le cas, réalisa Gil en écarquillant ses yeux vairons. Et cela voulait dire que l’Envoleur ne comptait pas se tirer de là. Voyant une menace plus importante en la personne de Seren, La Montagne avait délaissé Gil pour s’acharner sur son mentor. Il était rapide et endurant. S’il partait maintenant, le reste de la troupe avait peu de chance de le rattraper : les Thüls qui en avaient après eux étaient sur le pied de guerre et vêtus pour une bataille, pas pour une course-poursuite. Les poings de Gil se serrèrent. Il avait une chance de survivre en prenant la fuite, mais ce faisant il signerait l’arrêt de mort de son maître. S’il n’avait pas été occupé à respirer par la bouche à cause de son nez fracassé, Gil aurait ricané. Combien de fois avait-il souhaité la mort de l’homme qui passait son temps à l’envoyer au-devant du danger, sans jamais prendre de gants ni même s’excuser ?

Pourtant, alors qu’il était en train de se faire réduire en miettes par un véritable colosse, Seren utilisait toute sa domination pour faire déguerpir son apprenti. Comment ne pas y voir une façon de le protéger ? Gil n’était pas aveugle au point de manquer ce genre de marque d’affection, extrêmement rares chez un homme aussi peu sensible que Seren. Alors, il renonça à l’envie d’obéir à l’ordre de son maître et se mit à évaluer la situation avec une froideur presque calme. Presque. Parce que le nuage se rapprochait toujours et Seren n’avait plus que quelques minutes à vivre. Difficile de se concentrer dans ces conditions. Mais deux ans et des poussières d’apprentissage n’étaient pas complètement inutiles : Gil réussit à faire abstraction des bruits de lutte et de l’urgence de la situation pour analyser les maigres options qui s’offraient à lui. La meilleure était de loin la plus folle, mais comme il n’avait pas toute la journée pour y réfléchir, Gil prit sa décision et fonça.

Non pas vers la plaine, comme son maître l’espérait, mais vers La Montagne ; occupé à casser de l’Envoleur, celui-ci ne le vit pas arriver sur sa gauche, son angle mort. Gil ne fit pas dans le détail. Il se ramassa sur lui-même et bondit, vrillant son corps de manière à frapper le Thül de son arme – un tronçon de son épée. La lame s’enfonça de dix ou quinze centimètres à la jonction de l’épaule et du cou. Le sang jaillit, épais et noir comme du charbon ; La Montagne recula de quelques pas. N’importe qui d’autre serait déjà mort, lui se contentait d’être surpris. Mais il avait lâché Seren, et c’était tout ce qui comptait. Gil grimaça devant l’ampleur des dégâts et eut envie de revoir son plan. Jamais Seren n’allait pouvoir survivre dans un état pareil. Peut-être avait-il encore le temps de prendre la fuite… C’est même pas la peine d’y penser, Cabochard, se morigéna-t-il en se baissant pour hisser l’Envoleur sur son dos.

Seren émit un grognement qui n’arrêta pas Gil. Ce n’était plus le moment de discuter. La Montagne s’était remis de ses émotions et le nuage était presque là. Ignorant les vives protestations de la petite voix de la raison dans son esprit, le jeune homme franchit en courant les quelques mètres qui le séparaient du vide, prit appui au bord de la falaise et sauta. Droit vers la Voleuse, qui serpentait tout au fond du précipice. Le cri de rage de La Montagne accompagna leur chute, longue et vertigineuse. Puis Gil s’enfonça dans l’eau froide. Il crut un instant que son corps s’était disloqué à cause du choc, mais lorsqu’il battit des bras et des jambes pour remonter à la surface, il constata avec soulagement qu’il n’en était rien. Il lui fallut nager pour repêcher Seren avant que celui-ci ne se noie, nager pour lutter contre le courant et nager encore pour gagner la rive. Mais pas question de s’allonger sur les galets chauffés par le soleil pour se remettre de ses émotions ! Trempé, transi et épuisé, Gil ignora ses propres blessures pour s’occuper de Seren. Joignant ses deux mains en un poing unique, il compressa la poitrine ensanglantée de son mentor, jusqu’à expulser toute l’eau de ses poumons et l’entendre respirer en approchant son oreille de ses lèvres.

Ensuite, il le tira à l’ombre des rochers et utilisa le tranchant d’un caillou pour déchirer ses vêtements. Seren était sérieusement amoché mais il allait s’en remettre. Fort de cette certitude, Gil entreprit de laver les blessures et de recoudre les plaies les plus profondes à l’aide du fil qu’il avait trouvé dans l’une des poches intérieures de la tunique de Seren. Après quoi, il l’installa le plus confortablement possible, vérifia son pouls et sa respiration, et décida qu’il n’appartenait plus qu’à son maître de décider s’il avait envie de se réveiller ou non. Estimant qu’il avait fait sa part de travail, Gil se déshabilla à son tour et s’allongea enfin. Il ignorait si La Montagne et ses compagnons s’étaient lancés à leur recherche ou non. A vrai dire, il s’en fichait complètement. Tout ce qu’il voulait, c’était dormir…

Il se réveilla trois heures plus tard. La nuit tombait et Seren n’avait pas bougé d’un poil. Après avoir vérifié qu’il était toujours de ce monde, Gil enfila ses vêtements et décida de jeter un œil sur les blessures de l’Envoleur. Trois d’entre elles étaient en passe de s’infecter, deux autres l’inquiétaient, et Gil découvrit une fracture qui avait échappé à son premier bilan. Il était en train de réfléchir à la manière dont il allait pouvoir conduire Seren jusqu’à la confrérie de Rêveurs la plus proche lorsqu’une main ferme le saisit par le col de sa chemise. Avant d’avoir eu le temps de comprendre ce qui lui arrivait, Gil se retrouva contre Seren, son visage à quelques millimètres du sien. Un œil tuméfié et plus dur que l’acier le fixait durement et la poigne sévère serrait son vêtement à lui en couper le souffle.

- Si jamais je m’en sors, promit le guerrier dans un souffle, tu vas regretter de m’avoir désobéi, Sangrelune.
- Mais…
- La ferme. Tu n’avais pas à me tirer de là. C’était stupide. Un Envoleur ne risque jamais sa vie pour une autre. Ne refais plus cette erreur.

La main retomba, inerte, et Gil put à nouveau respirer librement. Il toussa, se redressa et réprima son envie de frapper le flanc de Seren d’un bon coup de pied. Face de Raï, songea-t-il en se détournant, écoeuré et en colère. Il décida de le laisser là, puisqu’après tout Seren ne voulait pas qu’on lui sauve la vie.

Une heure plus tard, il remontait la Voleuse en suivant son cours sinueux.
Son maître chargé sur les épaules.




*




Il avait dû perdre connaissance, parce qu’il ouvrit les yeux au moment où une main s’abattait sur sa joue gauche. Gil eut l’impression que sa mâchoire se décrochait sous la force du coup. Son corps réagit avant son esprit et il attrapa vivement le poignet qui était accroché à la main avant que celle-ci ne s’abatte sur sa joue droite. Non mais oh. Les doigts solidement verrouillés autour de sa prise, Gil papillonna des paupières. Il ne vit d’abord qu’une intense lumière, trop éblouissante pour qu’il puisse ouvrir complètement les yeux. Puis sa vue s’accoutuma à l’éclat du soleil et il distingua un visage penché sur lui. Le nom de Libertée lui trotta dans la tête avant que son nez capte une odeur qui n’était pas celle de la marchombre. Moins fruitée mais plus subtile. Kaünis ! Comme en réponse à son constat muet, les yeux noirs étincelèrent de fureur. Sur l’instant, Gil n’en comprit pas l’origine. Ben quoi ? Et puis soudain, tout lui revint en mémoire : le plongeon de son élève, son plongeon à lui, sa merveilleuse idée, la main de Kaünis. Et plus rien. Jusqu’à la baffe.

Il resserra les doigts sur le poignet de la jeune fille tandis qu’une myriade de sensations l’envahissaient. Fierté. Surprise. Colère. Des émotions en pagaille, toutes fondées, toutes annulées par la  prestation de Kaünis. Elle lui avait sauvé la vie au détriment de la sienne. Un Envoleur ne risque jamais sa vie pour une autre. Gil regarda Kaünis. Puis il l’attrapa par le col de sa tunique et l’attira violemment à lui.

- Merci, souffla-t-il avant de la lâcher.




*



- Demain, tu seras de retour au Domaine.

Il faisait nuit noire. Un feu dansait entre le maître et son élève, cuisant le poisson qui était piqué sur une broche. Un peu plus loin, Fureur et Océan broutaient tranquillement le peu d’herbe épargné par le mauvais temps. L’hiver vivait pourtant ses derniers jours et les innombrables bourgeons qui pointaient sur les branches d’arbres et dans les buissons annonçaient le printemps pour très bientôt. Les mains croisées derrière la nuque, son dos appuyé contre l’écorce d’un noyer, Gil regardait les étoiles qui jouaient à cache-cache derrière les nuages. « Tu », avait-il dit, et non pas « nous ». Il n’allait pas accompagner Kaünis jusqu’au Domaine, où on lui réservait certainement le même accueil qu’à Al-Jeit.

- Tu ne seras pas obligée de répondre aux questions qu’on te posera à mon sujet, poursuivit-il d’un ton neutre. Libre à toi de donner les informations que tu jugeras bon de fournir.

Il n’avait pas l’intention de conditionner la jeune femme en lui faisant apprendre un texte par cœur ou bien jurer sur l’honneur qu’elle garderait les lèvres scellées une fois rentrée au Domaine. Kaünis était capable de tracer sa propre voie, désormais, et de prendre les décisions qui lui convenaient. Elle avait choisi de plonger pour le sauver de la noyade. Mais Gil n’oubliait pas que son père était l’un des plus grands Mentaïs au service du Chaos ; si quelqu’un allait questionner Kaünis à son sujet, c’était forcément lui. Gil voulait qu’elle ne se sente pas prise entre deux feux. Après tout, c’était de sa faute si elle se retrouvait avec un maître dont la tête était mise à prix.

- Ne t’inquiète pas pour la suite de ta formation. Quoi qu’il m’en coûte, je vais te présenter à ton prochain examen. Je saurai te contacter le moment venu. Quant à toi…

Gil baissa les yeux et planta son regard dans celui de Kaünis. Son ton ne changea pas mais une note de complicité joua dans le son de sa voix.

- Si jamais tu as besoin de moi, envoie un oiseau. Il me trouvera.

Et je te trouverai.

- As-tu des questions ?


[Je n'ai pas fait avancer grand chose... Mais bon sang, c'que je suis contente de retrouver Kaünis et son sale caractère ! Gil n'a peut-être pas apprécié la baffe mais moi, j'ai adoré xD]
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MessageSujet: Re: Groupe Hogh - cours n°3   Groupe Hogh - cours n°3 - Page 3 Icon_minitimeJeu 04 Juil 2013, 11:40

Kaünis repensa au « Merci » que Gil lui avait dit.
Merci… Ce n’était pas quelque chose à quoi elle se serait attendue. Déjà, parce qu’il lui semblait bien qu’il ne le lui avait jamais dit une chose pareille. Ensuite, parce que quand il avait ouvert les yeux, elle avait sérieusement cru qu’il se foutait de sa tronche, alors qu’il sortait simplement de l’inconscience – à moins que cela ne soit ce qu’il voulait lui faire croire. Mais il n’aurait pas dit « merci » dans ce cas, elle en était persuadée. Cela avait été trop… sincère ?

Haussant les épaules, elle posa son regard sur le poisson qui cuisait au dessus des flammes du feu de camp. Perdue dans ses pensées, elle fut ramenée à la réalité par la voix de son Maître.

- Demain, tu seras de retour au Domaine.

Elle ? Toute seule ? Et pourquoi pas lui ? Qu’est-ce qu’il avait encore foutu ?

- Tu ne seras pas obligée de répondre aux questions qu’on te posera à mon sujet. Libre à toi de donner les informations que tu jugeras bon de fournir. Ne t’inquiète pas pour la suite de ta formation. Quoi qu’il m’en coûte, je vais te présenter à ton prochain examen. Je saurai te contacter le moment venu. Quant à toi… Si jamais tu as besoin de moi, envoie un oiseau. Il me trouvera.

Elle haussa les sourcils.
Il devait la présenter à son examen. Avec d’autres Maîtres Envoleurs. Elle n’avait qu’une envie : le passer vite. Continuer. Pinçant les lèvres, elle observa l’homme quelques secondes.

As-tu des questions ?

Prenant une inspiration, Kaünis réfléchit rapidement.
Puis, son attention se braqua sur Gil.

- Oui.

Poussant un léger soupir, elle se gratta l’arrière du crâne un instant. Et planta son regard dans celui, particulier et auquel elle s’était habituée, de son Maître.

- Je peux savoir dans combien de temps je passerai cet examen ? Et pourquoi tu te méfies de Yan ?

Autant aller droit au but, non ?







[ Court, désolée ! ]
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MessageSujet: Re: Groupe Hogh - cours n°3   Groupe Hogh - cours n°3 - Page 3 Icon_minitimeSam 13 Juil 2013, 16:42

- Au "quand", je suis désolé mais tu te contenteras d'un "j'en sais rien". Trois maîtres doivent accepter de t'évaluer avant de mettre en place leurs épreuves. A supposer qu'ils ne m'écharpent pas dans la seconde, tu peux être convoquée d'ici trois semaines...

Au "pourquoi", là, je veux bien être plus clair : je n'aime pas ce type et lui ne m'aime pas non plus. C'est un rejeton de Rai prétentieux, possessif et chiant comme la pluie. Je continue ?
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MessageSujet: Re: Groupe Hogh - cours n°3   Groupe Hogh - cours n°3 - Page 3 Icon_minitimeLun 15 Juil 2013, 11:35

- T'es un peu rapide en besogne. Tu ne le connais pas.
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MessageSujet: Re: Groupe Hogh - cours n°3   Groupe Hogh - cours n°3 - Page 3 Icon_minitimeJeu 18 Juil 2013, 13:27

- Je le connais assez pour me permettre d'affirmer que c'est un sale type. Franchement, qu'est-ce que tu lui trouves ?


[Je rêve ! Gil et Kaünis qui débattent de Yan, si j'avais su qu'un jour ce genre de discussion aurait lieu... ^^]
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MessageSujet: Re: Groupe Hogh - cours n°3   Groupe Hogh - cours n°3 - Page 3 Icon_minitimeJeu 18 Juil 2013, 14:31

- Ce que je lui trouve ?

[ Regard à la fois choqué d'elle-même et moqueur.]

- Il est comme toi, Gil. Il a juste mon âge, ou presque, lui.








( A qui le dis-tu ! J'ai du mal à y croire aussi x) On va de révélations en révélations !)


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MessageSujet: Re: Groupe Hogh - cours n°3   Groupe Hogh - cours n°3 - Page 3 Icon_minitimeVen 19 Juil 2013, 15:29

- Là, gamine, tu me déçois ! Je suis peut-être un sale type, mais je n'ai certainement rien à voir avec ce gosse. Tu penses qu'il tient à toi, c'est ça ? Et bien, oui, c'est vrai. De la même façon qu'il tient à ses bottes.

(Mordillement pensif - ou fautif ? - de la lèvre inférieur)

J'aime pas sa façon de te regarder.
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Kaünis Gil'Ozh
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MessageSujet: Re: Groupe Hogh - cours n°3   Groupe Hogh - cours n°3 - Page 3 Icon_minitimeVen 19 Juil 2013, 15:36

- C'est moi qui suis déçue là... C'est pas une question de sale type. C'est une question d'attitude.

S'il tenait à moi comme à une paire de botte, il n'aurait pas défié un Mentaï... qui en voulait après moi aussi... Tu ne crois pas ?
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Giliwyn SangreLune
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MessageSujet: Re: Groupe Hogh - cours n°3   Groupe Hogh - cours n°3 - Page 3 Icon_minitimeSam 20 Juil 2013, 11:45

(Froncement de sourcils)

- Qu'est-ce que c'est que cette histoire de Mentaï ?
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MessageSujet: Re: Groupe Hogh - cours n°3   Groupe Hogh - cours n°3 - Page 3 Icon_minitime

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