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Syndrell Ellasian
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MessageSujet: Groupe Lékel - cours 1   Groupe Lékel - cours 1 Icon_minitimeSam 01 Juin 2019, 20:57

Mains qui montent.
Inspiration.
Et redescendent.
Expiration.
Lente et profonde.

Debout sur le faîte du toit de l’Académie, tout son être au diapason avec la tranquillité nocturne, Syndrell était plongée dans la gestuelle marchombre. La chiche lumière de la lune accentuait la teinte nacrée de sa peau et révélait, sur le cuir souple de ses bottes, l’esquisse de la loutre qui était devenu son symbole. Paupières closes, elle se mouvait dans la nuit comme si le vide à ses pieds n’existait pas ; il aurait pourtant suffi d’un souffle pour la précipiter au bas du bâtiment que la clarté sélène dévoilait tout en contraste en plein cœur de la forêt.

Oui mais voilà : le vent était un ami de longue date et le vide, un terrain de jeu qui ne l’effrayait plus depuis qu’elle avait franchi ses premiers mètres d’escalade en compagnie de Miss. Tout doucement, elle attrapa sa jambe droite et la redressa contre elle, pointe de pied tendu vers les étoiles, secrets témoins de cette danse unique et solitaire ; il n’y avait qu’elle sur le toit de l’école mais alors qu’elle relâchait calmement son souffle, il lui sembla deviner la présence éternelle de son maître, juste à côté d’elle.

Miss s’était si souvent tenue là, au bord de ce toit, plongée dans cette gestuelle familière, un sourire tranquille accroché au coin des lèvres… Pas besoin d’ouvrir les yeux pour la voir. Le souvenir était trop prégnant et la force du lien, en dépit de la séparation, inconditionnelle : même disparue depuis des années, Miss était plus vivante que jamais dans le cœur de son apprentie. Surtout par une soirée comme celle-ci.

- Darwen, murmura-t-elle les yeux fermés, ses mouvements plus lents et gracieux que jamais. Lynn. Dil. Gladys…

Un à un, les noms des apprentis auxquels elle se trouvait liée à jamais, tout comme avec Miss, s’envolaient dans la nuit, capturés par la brise qui dansait dans les cheveux détachés de Syndrell.

- Narek.

Sourire. L’élève devenu amant avait forcément une place toute particulière dans son cœur, mais déjà elle pivotait, en appui sur l’autre jambe, et d’autres noms glissaient sur ses lèvres.

- Nuha. Kaizo. Ehran. Eole…

Elle avait guidé chacun d’eux aussi loin que possible, appréciant à sa juste valeur la moindre seconde passée en leur compagnie ; et si désormais ils suivaient tous un chemin différent du sien – à l’exception de Narek – elle n’était pas triste, parce que c’était la même voie que tous avaient choisi de fouler.

La Voie des Marchombres.
Sineuse, lumineuse…


- Emrys.

Et infinie.



*



Réveille-toi.


Chatouillée par un rayon de soleil un peu trop audacieux, Syndrell fronça le nez dans son sommeil et se recroquevilla davantage.

- Miss… ? marmonna-t-elle.

Le rire cristallin se mêla au pépiement des oiseaux et acheva de la réveiller complètement. Elle ouvrit un œil doré et contempla un instant la peinture fantastique du ciel que le soleil, en se levant, faisait passer par toute une palette de rouge, d’ocre et de violine. Doucement, elle se redressa, bâilla franchement, s’étira comme un chat et c’est seulement à cet instant-là qu’elle réalisa : elle avait passé la nuit sur le toit !

Ce n’était pas la première fois ni la dernière, songea-t-elle dans un sourire qui se transforma en grimace lorsque ses muscles raides se manifestèrent. Elle se leva précautionneusement et commença par s’étirer convenablement. Son corps n’était peut-être pas très content d’avoir dormi sur un sol dur et froid, mais les tranquilles battements de son cœur et la lumière qui étincelait dans ses prunelles témoignaient de la sérénité qui l’habitait.

Elle emprunta l’escalier en colimaçon qui menait jusqu’au réfectoire, salua quelques connaissances au passage et échangea quelques mots avec un maître marchombre plus âgé qu’elle, consciente de goûter à un quotidien que seule une poignée de gens avaient la chance de vivre : les marchombres qui résidaient à l’Académie, qu’ils soient maîtres ou apprentis, coulaient des jours heureux et pour rien au monde elle n’aurait échangé sa place. Cette maison et cette famille, elle les avait trouvés onze ans plus tôt – un véritable trésor pour l’orpheline qu’elle était alors.

En cuisine, elle croisa Mia, reine incontestée de ce royaume de saveurs et de fragrances qui régalaient chaque jour les membres de l’Académie. Syndrell n’avait qu’à fermer les yeux pour se sentir chez elle, ici. Elle les garda cependant ouverts pour tromper son amie de toujours d’un regard innocent, et tout en embrassant sa joue rebondie elle subtilisa dans son dos un pain au raisin tout chaud qu’elle croqua sitôt parvenue dans le couloir.

Son délicieux larcin dans la bouche, elle entreprit de tresser habilement sa longue chevelure bleue, répondant aux salutations enjouée de ses compagnons par un clin d’œil malicieux. Elle traversa le hall d’entrée et sortit par la porte grande ouverte, ignorant le courant d’air qui vint faire voler les feuilles punaisées au panneau d’affichage. Dehors, un vent tiède et sucré lui murmura la promesse d’un été chaud et ensoleillé ; elle plongea les doigts dans l’eau transparente de la fontaine qui glougloutait joyeusement au milieu de la cour et s’humecta le visage, puis dirigea ses pas vers l’entrée du domaine, protégé par un écrin de verdure et maintenu secret par toute la discrétion des Marchombres.

Après avoir franchi les portes grandes ouvertes, la jeune femme s’élança vers l’arbre le plus proche, un énorme chêne aux lourdes branches, et grimpa souplement jusqu’à mi-hauteur. Là, elle s’installa sur une large branche en fourche, à califourchon sur son appui naturel, et laissa ses pieds se balancer joyeusement dans le vide. Elle ne quittait pas le sentier des yeux. Dans sa poitrine, son cœur battait en rythme avec le va-et-vient de ses jambes. D’ici quelques minutes, son nouvel apprenti allait faire son apparition.

Voilà pourquoi elle se tenait dans cet arbre, onze ans après son maître, une évidence joyeuse brillant au fond des yeux et la fièvre de l’impatience lui colorant les joues…

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Emrys Til'Arian
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MessageSujet: Re: Groupe Lékel - cours 1   Groupe Lékel - cours 1 Icon_minitimeLun 10 Juin 2019, 14:20

La lune haute se jouait des nuages, jetant à son gré des ombres indécises qui s'entrelaçaient dans un ballet désordonné et fascinant. Emrys n'y prêtait cependant aucune attention, simplement vêtu de son pantalon, assis sur le lit qu'il n'avait pas défait, observant la nuit à travers la vitre, ignorant la danse des meubles dans la chambre.

Le silence l'entourait dans une bulle.

La solitude, aussi.

Comme d'habitude, il s'était engouffré dans le premier passage qu'il avait vu, dans ce que lui avait fait miroiter l'autre homme. Basculant d'une vie à une autre sans vraiment y réfléchir, il se sentait comme emporté par un courant trop fort pour lui, et qui menaçait de le noyer à chaque instant.

Il n'était pas sûr que cette nouvelle voie fasse exception aux autres. Il s'engouffrait, tombait, sans trop savoir si c'était une bonne idée. Bousculé comme les nuages par un vent qu'il ne pouvait contrôler, songea-t-il en observant la lune. Un jour, il finirait en manque de chemins, peut-être, et sa chute prendrait fin.

Il baissa les yeux sur ses mains blanches, fines mais calleuses, aux poignets enserrés par de larges bracelets de cuir râpés par les années. Il n'aurait même pas su expliquer comment il pouvait encore être en vie maintenant. Mourir était une voie qu'il n'avait pas encore tenté, qui ne s'était pas encore présentée ; elle se contentait de louvoyer au coin de son œil, presque indécise, à peine visible.

Un peu comme les nuages dans le ciel, il se laissait porté par la vie la majeure partie du temps, tentant parfois de s'échapper pour tomber dans d'autres courants.

Il se laissa doucement glisser en position allongée, ferma ses yeux. Derrière ses paupières ne se dessinaient aucun projet d'avenir, aucun lendemain ; juste des ombres qui le tiendraient éveillé bien trop longtemps à son goût.

Soupirant légèrement, il se détacha des mêmes images qui dansaient habituellement pour se centrer sur son arrivée à l'Académie. Il aurait aimé prétendre que l'endroit lui avait plu, mais tout avait perdu quelconque saveur depuis bien longtemps. Il s'était bien vite retranché dans une chambre, s'isolant des autres comme à son habitude, animal solitaire.

Et le jour levé, il semblerait qu'il rencontrerait son maître pour les trois années à venir.

Trois ans.

Le temps coulait entre ses doigts, insaisissable, tantôt étouffant durant ses insomnies, tantôt impalpable quand il tentait d'imaginer demain. Trois ans, cela n'avait pas de sens.

Il tourna le dos à la lune et à la vitre, replia ses genoux contre sa poitrine en position fœtale et attendit que le sommeil l'emporte.

Attendit longtemps.

Jusqu'à que les habituelles silhouettes des scènes passées s'évanouissent, le laissant tomber dans un repos sans rêve – doux, parce qu'il n'y existait pas.

* * *

Réveil. Le soleil qui avait atteint sa fenêtre tissait de nouvelles ombres dans la chambres et réchauffait son corps aux muscles tendus. Grognant faiblement, Emrys ouvrit cependant les yeux, tiré de l'abîme du sommeil, et s'étira lentement, étant resté dans la même position toute la nuit.

Il ne s'attarda pas, se levant vite pour achever ses étirements – réflexes de ses quelques années de mercenaires, d'abord appris au sein de sa famille lors de ses leçons données par le maître d'armes – et passa la main dans ses cheveux. Toujours coupés à la sauvage, il vérifiait régulièrement que certaines mèches ne poussaient pas trop. Prenant son coupe-papier, posé avec ses affaires sur un siège, il trancha machinalement quelques mèches noires.

Il ne ressemblait probablement pas à grand-chose, mais le temps des apparences était loin derrière lui. Du temps où il avait été mercenaire, on ne lui avait pas demandé d'être apprêté comme un noble, alors il avait cessé de prêter la moindre attention à son apparence.

S'estimant satisfait, il boucla sa ceinture, y rangea le coupe-papier ouvragé, et commença à bander son torse.

Ses mains tremblaient légèrement sous la nervosité, et il dû se faire violence pour retrouver son calme. S'il avait tâché d'éviter tout le monde une fois arrivé à l'Académie, c'était également parce que le regard des gens autour de lui avait l'air bien trop perçant à son goût. L'angoisse laissait un goût amer et serrait sa gorge – l'éternelle angoisse qu'on fasse tomber son masque.

Sa chemise vint vite cacher ses bandes, tombant sur ses épaules. Il ajusta ses bandeaux de cuir, mit ses bottes. Il acheva en laissant son manteau rouge sombre masquer sa silhouette et son visage, et plaça ses deux lames courbes dans son dos. Attrapant son sac au passage, il sortit de la chambre, puis du bâtiment.

Il passa une main lasse sur son visage, ignorant le soleil rayonnant sur lui et les alentours. Par Merwyn, ce qu'il haïssait l'incertitude, et c'était absolument tout ce qui se profilait devant lui. Il avait lu le nom de son maître. Une personne avec qui il allait être obligé d'être pendant trois ans – excepté s'il chutait sur une autre voie entre-temps. Il ne savait rien d'elle et l'angoisse sinuait dans son ventre.

Avançant à contrecœur, il songea qu'il était comme un aveugle, incapable de savoir s'il s'avançait vers une lumière ou s'il s'enfonçait davantage dans l'obscurité. Il sentait seulement son cœur battre trop fort, la tension dans ses tempes, la boule dans son ventre.

Mordant la peau de sa lèvre inférieure, il ne cessa pas pour autant de marcher. C'était au moins une chose qu'on ne pouvait lui reprocher : s'il finissait par partir sans un regard, on ne pouvait le qualifier de lâche.

Alors il franchit les portes de l'Académie, sans cesser de mordiller sa lèvre, épaules tendues ; aux allures d'un animal aux abois.

Se jetant dans l'incertitude comme on se jette dans le vide, désespérant de trouver une lumière dont on a pourtant abandonné tout espoir de trouver un jour.
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Syndrell Ellasian
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MessageSujet: Re: Groupe Lékel - cours 1   Groupe Lékel - cours 1 Icon_minitimeSam 15 Juin 2019, 18:45

Adossée contre le tronc, Syndrell sourit quand un écureuil à la robe rousse, flamboyante dans la lumière du soleil, s’approcha de sa jambe avec prudence. Consciente que cette rencontre était unique, la jeune femme ne bougeait pas pour ne pas l’effrayer. Elle n’essaya pas de le toucher : s’il voulait venir, il viendrait. Il préféra rebrousser chemin après avoir reniflé sa main, mais le sourire de la marchombre ne disparut pas, lui.

Apaisée, elle reporta son attention sur le sentier. L’attente se prolongeait mais si son cœur palpitait dans sa poitrine, elle demeurait parfaitement calme : elle n’était pas pressée. Elle pouvait bien attendre toute la journée ainsi, bercée par le chant du vent dans les feuilles et amusée par la visite d’un ou deux petits écureuils.

Mais soudain, un bruit de pas la fit se redresser sur sa branche. Quelqu’un approchait d’un pas plutôt lent qui faisait craquer quelques brindilles. Une silhouette rouge se découpa alors sur le fond brun du sous-bois. La couleur du long manteau se jouait des ombres et des taches lumineuses du soleil, attirait le regard sans pour autant dévoiler la personne qu’il habillait.

Curieuse, Syndrell se pencha et l’observa à travers le feuillage. Quelques mèches sombres et courtes s’échappaient du fourreau vermillon. Le large manteau soulignait un corps mince et délié, mais quelque chose dans le port de tête et dans les épaules légèrement voûtées intrigua la marchombre. Sans trahir sa présence, elle se déplaça sur la branche pour continuer de détailler l’inconnu. Elle n’avait aucun moyen de savoir avec certitude qu’il était celui qu’elle attendait, mais de toute façon, c’était déjà trop tard : il comblait la faim pourtant insatiable de sa curiosité.

Manteau Rouge avançait avec une méfiance à peine contenue. Ses mouvements étaient lents et prudents. Son pas léger, mais pas encore assez. Lorsqu’il fut passé sous le perchoir depuis lequel elle l’observait, Syndrell remarqua les deux lames courtes qui s’entrecroisaient dans son dos, et qui prouvaient que le nouveau venu n’était pas novice dans tous les domaines. Il poursuivait son chemin, indécis, silencieux. Et solitaire.

- Bonjour ! lança-t-elle depuis son arbre.

A travers le rideau vert profond des feuilles, ses yeux dorés étincelèrent. Elle admira sa façon de se retourner qui fit voler les pans de son manteau, nota la tension logée dans ses épaules, sourit. Il ne la voyait toujours pas, ou bien alors seulement quelques taches de bleu et d’or, peut-être.


- C’est bien toi, Emrys Til’Arian ?

Oui, chuchota son instinct à Syndrell avant qu’il ne lui réponde.

Oui, c’était bien lui.
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Emrys Til'Arian
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MessageSujet: Re: Groupe Lékel - cours 1   Groupe Lékel - cours 1 Icon_minitimeDim 16 Juin 2019, 16:17

L'or du soleil qui se glissait à travers le vert du feuillage pour échouer à ses pieds. Il avait les yeux fixés devant lui, sur le chemin, songeur, caché de la lumière sous son manteau. Il avait presque oublié pourquoi il était là, son esprit dérivant déjà ailleurs. Lorsque un rayon se posa sur sa main, il se demanda si le soleil pouvait éclairer ses yeux d'encre comme il transperçait la pénombre apportée par les ramages.

Puis il se souvint que la bulle qui l'enveloppait restait impénétrable, et il eut un rictus cynique.

- Bonjour ! lança-t-elle depuis son arbre.

Emrys fut sorti brusquement de ses pensées par une voix claire, fit volte-face et leva le regard. Ses mains picotèrent et il résista au réflexe de prendre ses armes. Il était au sein de l'Académie, pas dans une ruelle mal-famée ou sur un quelconque chemin. De plus, la voix ne semblait pas inamicale, se devait-il de reconnaître, malgré sa méfiance presque animale.

Il sonda les hauteurs verdoyantes à la recherche de la propriétaire de la voix, nerveux, ne perçut que des onces de couleurs qui différaient des nuances des feuilles et qui le plongèrent dans la confusion au lieu d'apporter des réponses.

- C’est bien toi, Emrys Til’Arian ?

Un tic incontrôlé à la lèvre en entendant le « Til » caractéristique de la noblesse. Merwyn, qu'il haïssait ses origines. Avançant néanmoins de quelques pas, il baissa prudemment sa capuche, continuant sa recherche de l'origine de la voix. Un filet de vent léger rafraîchit sa nuque et glissa dans ses mèches sauvages.

- Peut-être, répondit-il sur la défensive, frustré de ne pas réussir à la voir. T'es qui ?

Probablement son maître, réfléchit-il, et en ce cas, il risquait de faire mauvaise impression à débuter ainsi la conversation. Il n'était pas entouré comme à son habitude de mercenaires au mauvais caractère et commencer sa formation en se mettant son mentor à dos n'était pas forcément malin. Il se mordilla la lèvre, agacé. Cela allait être compliqué de comprendre comment fonctionnait la personne afin de savoir  s'exprimer en conséquence.

Quand il était avec les mercenaires, ce n'était pas trop dur. Même s'il ne participait pas aux blagues graveleuses, il était efficace et bon combattant, et cela suffisait pour qu'on lui accorde du respect bien qu'il passait majoritairement son temps à l'écart. Avec les autres prostituées, c'était généralement le soutien mutuel qui prévalait. S'il arrivait que des disputes éclatent, l'entre-aide était le mort d'ordre et elles avaient toujours été amicales voir gentilles avec lui.

Mais il ne savait absolument pas comment les marchombres interagissaient entre eux et avec les autres ; et si les maîtres réclamaient davantage de respect – quelque chose qu'il n'avait pas l'habitude d'accorder.

Il se mordit plus fort la lèvre.

Au diable ces considérations qui lui prenaient la tête. Il aurait bientôt la réponse, et tant pis si son caractère ne convenait pas.
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MessageSujet: Re: Groupe Lékel - cours 1   Groupe Lékel - cours 1 Icon_minitimeDim 16 Juin 2019, 22:33

Le sourire de Syndrell s’élargit mais elle resta tapie dans sa cachette verdoyante. Elle écarta doucement une feuille pour l’observer encore alors qu’il avait laissé tomber sa capuche en arrière, dégageant un flot de cheveux noirs et curieusement taillés. Son visage était mince, presque émacié mais empreint d’une telle délicatesse qu’elle en fut subjuguée. De là où elle se trouvait, elle pouvait deviner des yeux très sombres, sans pouvoir se décider sur leur couleur.

Il était sur le qui-vive, elle le voyait à sa façon de se tenir. Et il la cherchait du regard mais elle savait se rendre invisible… Elle vit l’agacement lui pincer les lèvres. Une quantité d’émotions semblaient l’assaillir contre lesquelles il luttait vaillamment, désireux de rester impassible. Et sa question, jetée à demi-mot par une voix curieusement douce dans son impatience, n’était qu’une façon de lui renvoyer à la figure sa façon d’agir à la dérobée : il savait aussi qui elle était.

Il n’en fallait pas davantage pour qu’elle se décide.

Les feuilles frémirent comme si la brise les avait caressées, et puis elle fut là, devant lui, atterrissant souplement sur ses deux jambes qu’elle fléchit pour amortir sa réception. Fidèle à elle-même, elle demeura ainsi, accroupie face à lui, sa tresse un peu défaite laissant retomber quelques mèches bleues devant ses grands yeux dorés. La tête penchée en arrière, elle souda son regard à celui du jeune homme, établissant un contact unique qui alluma une étincelle au fond de son cœur.

Lentement, elle se redressa, sans rompre cet échange visuel ; elle était plus petite que lui. Le temps se figea un instant, le monde reprit son souffle, accordant à ces deux-là une poignée de secondes pour se jauger, se mesurer, se regarder.

Se rencontrer.

Il avait de beaux yeux noirs, aussi sombres que des puits sans fond. Au contraire de son langage corporel, les lire semblait impossible. Dans un imperceptible haussement de sourcil, Syndrell releva ce défi. Puis le temps reprit son court, chassant la furtivité d’un instant qu’ils n’oublieraient sans doute jamais.


- Je m’appelle Syndrell Ellasian.

De près, Emrys paraissait plus frêle encore. Ses poignets graciles étaient cerclés de bracelets de cuir qui s’accordaient plutôt bien avec le long manteau jeté sur ses épaules. Le rouge soutenu de celui-ci faisait ressortir la blancheur de sa peau et le noir de ses yeux. Syndrell pencha la tête sur le côté. Elle voyait qu’il était toujours sur ses gardes. En fait, il lui faisait énormément penser à ce petit écureuil qui l’avait approchée prudemment sur la branche – et qui s’était échappé à toute allure.

Que faire pour empêcher ce jeune homme de prendre la fuite ?

Elle décida finalement de laisser parler son instinct, et lui tendit la main.

Tout simplement.


- J’ai vingt-neuf ans et toutes mes dents, je n’ai jamais connu mes parents, j’aime faire la sieste au soleil comme les chats et passer la nuit à compter les étoiles, j’ai souvent faim, j’adore les gâteaux, je ronfle un peu, je ris beaucoup, je ne triche jamais sauf quand je veux vraiment gagner et je suis ravie de faire ta connaissance, Emrys !

Emrys. Juste Emrys. Parce que les titres n’avaient pas plus d’importance à ses yeux que la couleur de la culotte de l’empereur et parce qu’en la tutoyant, il avait fait tomber une frontière qui n’avait pas lieu d’être entre eux. Comme il ne prenait toujours pas sa main, elle lui offrit la possibilité de trouver du sens à sa présence ici et maintenant :

- Dis-moi ce qui t’amène ici, à l’Académie. Dis-moi ce que tu es venu chercher auprès des Marchombres.
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Emrys Til'Arian
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MessageSujet: Re: Groupe Lékel - cours 1   Groupe Lékel - cours 1 Icon_minitimeLun 01 Juil 2019, 19:42

Emrys ne l'avait pas vue bouger ; elle s'était juste soudainement retrouvée devant lui. Il se sentit dès lors irrésistiblement attiré par ces yeux dorés, d'une couleur si peu commune, semblables à deux phares, ou une paire d'étoiles, pour guider les navigateurs égarés.

Le bleu tout aussi étrange de ses cheveux s'y harmonisait ; en soi, Emrys avait le sentiment que la femme en face de lui était uniquement faite d'harmonie, lumière inatteignable qu'on ne pouvait rater. Elle était belle, songea-t-il confusément en se perdant dans les iris brillants. Elle dégageait quelque chose qu'il n'avait jamais senti auparavant.

Une étincelle d'espoir le traversa. Fragile, menaçant de se désagréger s'il s'y approchait. Elle était lumineuse, pouvait-elle être la lampe qui le guiderait ?

Son cynisme laissait un arrière-goût amer sur sa langue, rappel de tous ses échecs à s'en sortir, et il oscillait, funambule, entre ces deux contradictions. Il manqua de remarquer qu'elle s'était redressée et qu'il n'avait pu décrocher son regard du sien.

- Je m’appelle Syndrell Ellasian. 

Emrys passa la main dans ses cheveux pour tenter de reprendre contenance. Oui, il s'était plus ou moins douté de son identité. Le hasard n'avait pas sa place ici. Il s'agissait donc de son maître ; il semblerait qu'elle valait la peine qu'il la suive pendant les trois ans promis.

- J’ai vingt-neuf ans et toutes mes dents, je n’ai jamais connu mes parents, j’aime faire la sieste au soleil comme les chats et passer la nuit à compter les étoiles, j’ai souvent faim, j’adore les gâteaux, je ronfle un peu, je ris beaucoup, je ne triche jamais sauf quand je veux vraiment gagner et je suis ravie de faire ta connaissance, Emrys !

Étonnement, devant la main et son approche. Fluide, confiante, mélange d'informations hétéroclite qu'il peina à enregistrer.

Il commençait à songer qu'avec elle il n'irait que de surprise en surprise. Bien que lui rappelant vaguement Sonrìa, peut-être de par l'air amène qu'elle dégageait, elle se différenciait d'elle de façon radicale. Quand son amie s'était résignée à travailler dans un bordel, Syndrell semblait complètement libre. Et surprenante.

Sa tirade le laissa muet, incapable de savoir quoi y répondre, comme incapable de prendre la main tendue devant lui. Il savait jouer son rôle, pourtant, affichant une façade taillée avec soin à chacun. Mur silencieux qui ne projetait que ce qu'il voulait. Sauf qu'il ne savait quoi projeter, cette fois.

Et la façade s'écroulait silencieusement, ne laissant que poussière. Derrière, il y avait l'obscurité dans laquelle il évoluait depuis longtemps.

- Dis-moi ce qui t’amène ici, à l’Académie. Dis-moi ce que tu es venu chercher auprès des Marchombres.

Émotions contradictoire, hésitation. Elle lui donnait envie de se confier, ce qu'il n'avait jamais fait, et sa méfiance lui soufflait d'éviter la question. Que faisait-il vraiment ici, de toute façon ? Que répondre ? Qu'on lui avait proposé ce chemin et qu'il avait décidé de l'emprunter comme on tombe dans un précipice ? Qu'il rêvait de sortir de la noirceur mais n'y croyait plus ?

À quel point pouvait-il faire confiance, à partir de quel moment la narration de son histoire pitoyable la rebuterait ?

Il fit distraitement tourner l'un de ces bracelets de cuir autour de son poignet, vieux tic. Il se sentait un peu perdu, à ne pas savoir quelle réponse apporter.

- Je suis venu...

Il s'interrompit, cherchant ses mots. Il était rare qu'il soit ainsi déstabilisé. Il lâcha son bracelet, fourra ses mains dans les poches de son pantalon.

Esquive.

- Dis-moi ce que je peux trouver.

Léger air de défi.
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MessageSujet: Re: Groupe Lékel - cours 1   Groupe Lékel - cours 1 Icon_minitimeDim 08 Sep 2019, 18:17

- La liberté.

Les deux mots avaient jailli telles des flèches parfaitement ajustées, dans un élan spontané qui trouvait un écho dans l’éclat lumineux des yeux dorés de Syndrell. Elle sourit à Emrys, puis se laissa souplement tomber sur le sol couvert de mousse, en tailleur, invitant d’un regard le jeune homme à l’imiter. Il semblait perché sur le fil de l’indécision, dans un équilibre extrêmement précaire ; dans ces conditions, la meilleure solution était de s’asseoir !

- Mais cette liberté a un prix, poursuivit-elle sans le quitter des yeux, car la voie que choisit d’emprunter le marchombre, si elle est tissée d’absolu, est aussi celle du danger et de la solitude. En la parcourant tu y trouveras de la lumière, à condition de ne pas redouter les ombres qu’elle met parfois en exergue.

Promesse ou avertissement ? Sans doute un peu des deux. Toutefois, en dépit de la gravité de ses paroles, Syndrell demeurait paisible et souriante, irradiant de certitude.

- Tu dois pour cela m’offrir trois années de ta vie : trois ans durant lesquels tu m’obéiras jour et nuit, sans discuter ni rechigner, trois ans qui nécessiteront de la volonté afin qu’en retour, un entraînement complexe, secret et difficile forge ton corps, ton cœur et ton esprit. C’est seulement au terme de ce périlleux apprentissage que tu pourras goûter cette liberté à laquelle aspire un marchombre.

La vérité était tout autre, mais sans doute était-elle propre à chaque individu ; car Syndrell, à qui la mémoire ne faisait jamais défaut, se souvenait parfaitement de ses trois années de formation aux côtés de Miss. Loin de se sentir prisonnière des décisions de son maître, elle s’était senti pousser des ailes et avait trouvé la liberté à chacun de ses pas. Pour l’heure, Emrys était méfiant et peu enclin à se confier. Qui sait s’il n’allait pas également s’épanouir en la suivant ?

- Si tu acceptes de me suivre pendant les trois prochaines années, je vais t’enseigner tout ce que j’ai moi-même appris de mon maître. Tu apprendras à courir plus vite, à sauter plus haut, à devenir invisible dans la lumière, à faire de ton corps une arme, à te défendre face à dix hommes, à écouter la nature, à lire dans les étoiles. Je serai ton guide et j’accompagnerai tes premiers pas.

Avec un plaisir infini, ajouta l’étincelle de son regard doré. Syndrell s’en tint là. Elle avait conscience de parler beaucoup puisque c’était dans sa nature, mais Emrys était de ceux qui écoutent ; il devait être en train, de soupeser chacun de ses mots, de briser quelques incertitudes, de s’en créer de nouvelles – bref, de faire un choix, parmi le plus important qui soit. Il ne fallait pas troubler cet instant de réflexion, intime et crucial.

Mais l’attention de la marchombre fut soudain attirée par un léger mouvement dans les broussailles. Alors, comprenant qu’un autre petit écureuil était proche et n’osait pas interrompre ce qui se jouait sous l’arbre, Syndrell rejeta sa tresse bleue en arrière et lança d’une voix guillerette :


- Et si tu venais te joindre à nous ? A ton tour de répondre à cette question : qu’attends-tu des marchombres, jeune apprenti ?



*


Dans le hall de l’Académie, le vent qui pénètre par la porte grande ouverte fait danser les papiers punaisés sur le tableau d’affichage. Ceux qui ne sont pas bien attachés s’envolent. L’un d’eux se détache soudain, dévoilant le prénom affiché sous celui d’Emrys et qui était demeuré caché tout ce temps.

Nicolaï…



[On est repartis, Emrys ! Nicolaï peut répondre en premier s'il le souhaite, ou bien après toi, c'est comme vous voulez ; ensuite, nous conserverons le même ordre de réponses. A vous de jouer, donc !]
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Nicolaï Chéile
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MessageSujet: Re: Groupe Lékel - cours 1   Groupe Lékel - cours 1 Icon_minitimeDim 15 Sep 2019, 14:22

Nicolaï regardait le plafond sur le lit qu’on lui avait attribué, essayant de dormir, essayant de faire le vide dans son esprit. Il essayait de se forcer à dormir en intérieur, force était de constater que cela ne fonctionnait pas. Son ventre était noué de peur, d’angoisse et d’excitation, il avait son premier cours demain. Il ferma les yeux, la première fois qu’il avait entendu parlé des marchombres, ce soir-là à Al-jeit, le vent sur sa peau. Ce soir-là, il avait dit oui à un apprentissage, mais maintenant, il ne se sentait pas à la hauteur.

Est-ce que je vais échouer dès le premier cours ? Je ne sais même pas de quoi cet enseignement va être constituée. Ou si mon maître, ne veut plus de moi.

Il ouvrit les yeux rongé par l’angoisse et s’assit sur le bord du lit, il n’allait jamais réussir à dormir. Nicolaï se leva de son lit et en essayant de faire le moins de bruit possible sorti du bâtiment. La brise de la nuit, passa sur son visage.

Comment les autres peuvent dormir à l’intérieur, cela me semble vraiment impossible.
- pensa-t-il.  

Nicolaï avait toujours cette impression d’être enfermé, il ressentait comme un poids sur la poitrine chaque fois qu’il essayait de dormir à l’intérieur. Il chercha dans l’académie un coin d’herbe et il posa son dos contre ce coin, les yeux vers les étoiles.

La beauté du monde, ne cessera jamais de m’éblouir…

Sur cette pensée, il sentit ses yeux se fermer doucement et il plongea dans un sommeil de plomb.

****

Les rayons du soleil réchauffaient son visage et son corps engourdi. Il ouvrit petit à petit les yeux.


- pas déjà murmura-t-il

Quand ses yeux furent enfin ouverts complètement, il se rappela d’où il était,


J’espère que je ne suis pas trop en retard, je suis incapable pour interpréter l’heure en fonction du soleil, je n’en n’ai aucune idée.

Nicolaï se positionna en tailleur et enleva les brins d’herbe qui traînait sur sa tenue et ses cheveux, il observa ces petites mains abîmé par la rue et le travail et surtout ces ongles qu’il avait essayé de colorer avec une fleur rouge trouvée sur le chemin. La couleur tenait étrangement bien. Il avait pris ce tic de regarder ces mains, la couleur sur ces ongles et de respirer longuement jusqu’à qu’il soit plus calme. En ce matin très angoissant qu’était son premier jour, c’est ce qu’il fit. Il respira, une fois, deux fois, trois fois.

Tout va bien se passer, tout ira bien, tout va bien se passer.

Il regarda de nouveau le soleil, il était sûrement en retard même si on ne lui avait pas vraiment donné d’heure plus un lieu. Il commença à marcher dans la direction, en espérant trouver à l’académie des nouvelles clés pour découvrir le monde.

***
Il arriva légèrement essoufflé, à la lisière de l’académie, il aperçut une jeune fille aux cheveux bleu et un jeune garçon. Il se baissa, approchant à l’affût, ne sachant pas s'il était au bon endroit. Une de ces deux personnes était peut-être son maître et l’autre un des élèves. Nicolaï s’approcha de plus en plus, suffisamment proche pour entendre ce qu’ils disaient.

- La liberté.

Nicolaï retint sa respiration, la liberté, mot si simple et si complexe. Beaucoup de gens se vantait d’être libre, mais il en avait rarement vu des gens qui l’était véritablement. Lui-même prisonnier de ses angoisses, de ses besoins matériels savaient bien qu’il ne l’était pas. Pourtant, il pouvait faire des choix comme celui de rester en retrait de cette conversation, il avait peur. Peur d’avoir trouvé ce qu’il avait toujours cherché et de ne pas en être capable.

Il observa les deux individus s’asseoir de loin, chaque geste de la jeune femme semblait être muni d’une précision parfaite.


- Mais cette liberté a un prix, poursuivit-elle sans quitter le jeune homme des yeux, car la voie que choisit d’emprunter le marchombre, si elle est tissée d’absolu, est aussi celle du danger et de la solitude. En la parcourant tu y trouveras de la lumière, à condition de ne pas redouter les ombres qu’elle met parfois en exergue.

- Tu dois pour cela m’offrir trois années de ta vie : trois ans durant lesquels tu m’obéiras jour et nuit, sans discuter ni rechigner, trois ans qui nécessiteront de la volonté afin qu’en retour, un entraînement complexe, secret et difficile forge ton corps, ton cœur et ton esprit. C’est seulement au terme de ce périlleux apprentissage que tu pourras goûter cette liberté à laquelle aspire un marchombre.


Les trois années que l’individu qui lui avait parlé de l’académie lui avait demandé. Il n’avait jamais vraiment suivi qui que ce soit et cette idée ne lui plaisait pas vraiment. Il se perdit dans ses pensées, observant le paysage autour de lui, respirant avec difficulté. Le choix était le sien, mais il n’avait jamais été confronté à un si grand choix, s'il prenait la mauvaise direction, vivrait-il avec les regrets toute sa vie. Il observa le jeune homme assis sûr l’herbe, lui quel sera son choix ? Quel mouvement le pousse ici ? Il n’avait pas l’air sûr de lui, pas plus que Nicolaï. Il était légèrement plus grand que lui, mais semblait aussi mince et élancé. Il aurait voulu discuter de ses doutes avec quelqu’un, parler, bouger, mais son angoisse le figeait sur place. Il respira une fois, deux fois, trois fois, et il fit un pas. Il n’avait rien de mieux à vivre après tout que de suivre, cette voie.


- Et si tu venais te joindre à nous ? A ton tour de répondre à cette question : qu’attends-tu des marchombres, jeune apprenti ?

Chaque mots pénétra au plus profonds de son être, lentement, à l’aguet de la réponse de l’autre garçon, il sortit progressivement des broussailles.
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MessageSujet: Re: Groupe Lékel - cours 1   Groupe Lékel - cours 1 Icon_minitimeDim 15 Sep 2019, 15:35

La liberté, disait-elle. Il ne s'attendait pas à une réponse aussi simple et complexe. Il ne savait quoi en penser. C'était quoi, être libre ? Marcher sans cauchemars ? Respirer sans se noyer ? Se risquer à aimer et se permettre d'oublier ?

Il la rejoignit sur le sol, gardant une certaine distance par réflexe. L'énigme lumineuse en face de lui promettait de lui donner du fil à retordre.

Et elle enchaîna, sans qu'il ne l'interrompe ou ne réagisse, que ce soit verbalement ou d'un signe de tête. Il se contentait d'écouter, lier les mots, tenter d'y trouver du sens. Danger, solitude... Il les connaissait déjà, mais différaient-ils de ceux qu'il côtoyait habituellement ?

Tout à un prix, il l'avait bien compris ; son corps lui-même en avait un, qu'on avait loué à loisir. Ce n'était pas une époque dont il se plaindrait ; il avait eu à manger, de l'argent, un toit, et une amie pour lui offrir son nom et une échappatoire. A ses yeux, tout avait un prix – y compris quelque chose d'aussi simple que l'amitié.

Et l'on ne payait pas toujours en simples pièces.

… En la parcourant tu y trouveras de la lumière, à condition de ne pas redouter les ombres qu’elle met parfois en exergue…

Ce furent surtout ces mots qui l’interpellèrent. Équivoques, et sans aucun sens. Il aurait aimé savoir qu'elles étaient ces ombres qui se risquaient à danser dans la lumière pour l'occulter.

Mais lumière, justement, elle en parlait ; et les yeux grands ouverts dans l'obscurité, il aurait beaucoup donné pour une flamme de bougie. Si, si, un jour, il parvenait à échapper aux ombres, il n'aurait pas à craindre les prochaines qui se présenteraient à lui ; non ? Familières, elles ne pourraient le surprendre.

C'était du moins ce qu'il supposait.

Il prêta moins d'attention à la suite. Le temps n'avait pas de relief, et pouvait s'achever brusquement aux abords d'une falaise. Il avait du mal à concevoir ce qu'elle lui présentait, les efforts qu'il aurait à faire, mais ne demanda pas plus de précisions. Il n'était pas sûr qu'il y en aurait réellement.

Seuls ses yeux brillèrent un peu à l'idée d'obéir sans mot dire. Cela faisait tellement longtemps qu'il s'y astreignait. Cela cesserait-il un jour ?

Quoi qu'il en soit, quels que fussent ses doutes, c'était une voie sur laquelle on l'avait posté ; et il acceptait de faire un dernier, dernier essai. Peut-être un peu encouragé par les yeux dorés. Par l'idée de guide – de ne pas être seul, même si restait l'angoisse quant à son identité.

Oui, cela valait peut-être la peine d'essayer, se décida-t-il, yeux dans le vague. Illusion ou non, il suivrait les yeux dorés.

Il allait parler pour lui faire part de son choix – juste quelques mots brefs, un « c'est d'accord » formulé dans un souffle, quand elle reprit la parole, s'adressant cette fois à une autre personne.

Son cœur rata un battement.

Ils n'étaient plus deux, ils étaient trois.

Et cela l'angoissait – encore. S'il se risquait à faire confiance à Syndrell, il continuait à voir les autres comme de potentiels dangers.

Ses sens aux aguets, il leva ses yeux d'obscurité vers le nouveau venu. Légèrement plus petit, peau pâle, roux, yeux bleus. Il avait un air sympathique mais Emrys ne se fiait plus aux apparences depuis longtemps.

Il se tendit, tenté par l'idée de revenir sur son idée et fuir. Il n'avait rien promis, après tout, il pouvait encore partir, non ?

Il aurait beaucoup donné pour avoir un conseil de Sonrìa. Elle lui aurait probablement conseillé de rester... Probablement.

Se mordant la lèvre, il détourna le regard, se renfonça dans son manteau, mains crispées sur le tissu rouge précieux. Ah, oui. N'était-il pas censé donner une réponse ? Mais aucune ne lui venait. Encore moins avec un intrus.

- J'ignore ce que je cherche
, finit-il par murmurer le plus bas possible, le visage fermé.

Et il serait bien difficile de lui arracher davantage.


[ça va, pas trop de rps, Syn ? Razz ]
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MessageSujet: Re: Groupe Lékel - cours 1   Groupe Lékel - cours 1 Icon_minitimeDim 15 Sep 2019, 20:14

Le garçon qui sortit des broussailles avait tout d’un écureuil : ce n’était pas tant les reflets mordorés de sa chevelure qui forçait la comparaison, mais plutôt son attitude, méfiante, craintive, presque sauvage alors qu’il n’osait pas s’approcher davantage. Il était beaucoup plus jeune qu’Emrys. D’un sourire, Syndrell l’invita à venir s’asseoir avec eux.

Du coin de l’œil, elle remarqua le changement de posture de son premier élève. Lui aussi, il allait falloir s’accorder du temps pour le comprendre, le connaître. L’apprivoiser. Quel passé ces deux-là avaient-ils pu vivre pour redouter à ce point la présence humaine ? Syndrell se revit soudain, jeune louve indomptable, que la simple perspective de se rendre à Al-Jeit avait complètement paniqué ; Miss avait déployé des trésors de patience pour l’accompagner au mieux dans cette épreuve.

Elle se souvenait. Et parce qu’elle se souvenait, elle sut comment réagir face à ces deux garçons qui la dévisageaient farouchement.


"Ciel ?" appela-t-elle, usant de ce lien mental qui lui permettait de communiquer avec le Dessinateur qui était à la fois son colocataire et son meilleur ami. "J’ai besoin de ton aide, s’il te plaît."
"Je suis là ? Que se passe-t-il ?? Tout va bien ???"


Syndrell sourit intérieurement. De nature inquiète, Ciel était souvent persuadé que quelque chose ne tournait pas rond. A raison, généralement, étant donné que la petite marchombre savait se fourrer dans les ennuis mieux que personne…

"Tout va bien mon grand, je suis en plein cours, mais j’ai besoin de briser la glace… peux-tu m’envoyer Lyke ?"
"En plein… oh ! Je vois. C’est bon, je m’en charge."
"Tu es un amour."
"Dommage que personne d’autre ne soit là pour entendre ces mots…"


La marchombre secoua la tête, amusée, puis écouta la réponse marmonnée d’Emrys.

- Je vais t’aider à trouver, affirma-t-elle sans aucune once de vantardise.

Elle les regarda l’un après l’autre, si différents, si tendu en cet instant de rencontre, si jeunes aussi, en quête de réponses quand ils ne connaissaient pas encore les questions permettant de les obtenir…


- Ce que je vais vous proposer n’est pas dans les habitudes de la maison, dit-elle d’un ton grave, une flamme au fond de ses grands yeux dorés. On va passer la journée ensemble. La nuit sera seule confidente de votre réflexion et demain, vous déciderez si vous souhaitez me suivre, ou non. Sans pression ni jugement de quelque sorte. D’accord ?

Un répit ? Non. Une porte. Une ouverture vers un possible et, pour Syndrell, vingt-quatre heures d’essai ; à elle de faire en sorte qu’Emrys et Nicolaï aient tous les deux envie de revenir vers elle.
Pendant trois ans.

Un cri perçant déchira le silence relatif du sous-bois et un instant plus tard, alors qu’ils levaient la tête, un magnifique épervier traversa le toit de feuilles pour venir se poser sur le bras tendu de la marchombre.


- Merci d’être venu, dit-elle en plongeant son regard dans celui, étonnamment goguenard, de l’oiseau.

Lyke poussa un nouveau cri. Qui aurait pu croire qu’il s’agissait en réalité d’un jeune homme ? Pas Nicolaï, ni Emrys, en tout cas ; c’était un secret qui n’en serait peut-être plus un, mais pour l’heure, il s’agissait surtout de faire tomber la première des barrières. Syndrell caressa la tête de l’épervier.


- Je vous présente Lyke. C’est un ami… et aussi mon élève, d’une certaine manière, ajouta-t-elle dans un clin d’œil amusé.

Oui, Lyke suivait depuis peu son apprentissage, mais d’une façon qui était tout à fait unique : il avait grandi à l’Académie, sa mère étant elle-même apprentie ; ce n’était encore qu’un petit garçon quand elle avait disparu. Syndrell avait veillé sur lui. Elle était devenue sa grande sœur, celle en qui il vouait une confiance absolue. Après des années passées à chercher sa mère en vain, Syndrell avait découvert comment et par qui Kunst avait été assassinée.

Et… tout était lié. Lyke venait de découvrir son origine de métamorphe, alors que tous ces gens capables de laisser la place à l’animal qui partageait leur identité étaient traqués et menacés par des êtres sans cœur. Il maîtrisait de mieux en mieux ses transformations. Syndrell espérait qu’il n’allait pas brusquement reprendre son apparence humaine, sans quoi il ferait sans doute fuir les deux jeunes apprentis très loin d’ici…

L’épervier battit des ailes et vint se poser sur le sol, juste devant Nicolaï. Il cria, lissa les plumes de son aile droite, puis s’approcha en sautillant du garçon. Syndrell en profita pour observer ce dernier avec attention. Mince, mais moins maigre qu’Emrys, il avait des yeux d’un très beau bleu ciel, presque aussi clair que la banquise et néanmoins illuminés par une étincelle qui plut instantanément à la jeune femme.

Le roux flamboyant de ses cheveux l’épatait. Quand elle n’était encore qu’une enfant que l’on rejetait à cause du bleu « impur » de sa chevelure, elle avait souvent envié ceux qui en possédait une de cette couleur qu’elle rapprochait de celui du couchant, lorsque le ciel semble prendre feu… Une multitude de tâches de rousseur constellait sa peau de nacre. Il était beau. Le savait-il ? Syndrell songea que la personne qui ravirait son cœur, quelle qu’elle soit, aurait énormément de chance.

Puis Lyke sautilla vers Emrys, et le regard attentif de Syndrell suivit le mouvement. Emrys. Effacé, presque transparent, les traits si délicats qu’on les aurait crus dessinés par un artiste. Lui aussi était beau. La marchombre hocha doucement la tête : il lui fallait mesure cette chance qu’elle avait, et si celle-ci ne durait que vingt-quatre heures, alors autant faire de celles-ci les plus enrichissantes !

Elle regardait comment Lyke, sans faire grand-chose, accomplissait un petit miracle : c’était infime, mais sa simple présence avait provoqué un changement chez les deux garçons. C’était toute la magie d’un animal paisible et indifférent – du moins, en apparence ; les limites que l’on s’imposait devenaient plus floues, les différences s’estompaient, les doutes reculaient… rien d’autre ne comptait que ce petit être qui paradait presque comiquement au centre du triangle qu’ils formaient.

Un triangle.

Un trio.

Saisissant au vol cette esquisse de lien, Syndrell se leva souplement.


- Venez, proposa-t-elle, le regard flamboyant. On va commencer par marcher. C’est une jolie forêt, n’est-ce pas ? Certains arbres millénaires ont connu les premiers jours de ce monde, d’autres ne sont que des brindilles truffées de bourgeons en devenir, mais c’est rassurant de savoir que le cycle se perpétue à son rythme…

Ils marchèrent. Sans but précis, sans regard en arrière. Syndrell n’était pas en tête, ils se trouvaient à peu près sur la même ligne parce qu’elle accordait son pas au leur. Et elle parlait. De tout, de rien, des arbres qu’ils croisaient, du temps qu’il ferait demain, et ses paroles résonnaient dans le silence attentif de ses compagnons, cherchant à effleurer leur âme. Lyke les suivait, survolant le groupe pour aller et venir ; il finit par se poser sur l’épaule de Nicolaï.

Syndrell continua de parler tout en l’observant du coin de l’œil. Comment allait réagir le jeune homme ?



[Nicolaï, ta réponse est parfaite Groupe Lékel - cours 1 116397507 je suis contente que tu nous aies rejoints ! Em', écoute, ça va xD avec mes 5 personnages j'ai l'habitude d'avoir du travail. Mais je me régale, alors tout va bien pour moi Wink C'est dont à toi de répondre, Nico' ! <-- diminutifs employés en toute affection, cela va de soi benv]
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Nicolaï Chéile
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MessageSujet: Re: Groupe Lékel - cours 1   Groupe Lékel - cours 1 Icon_minitimeVen 20 Sep 2019, 14:00

Le soleil tapa sur son visage et fit frémir tout son être, ou était-ce ce moment qui semblait comme le seul virage dans sa vie monotone où il ne se passait rien.

Sa présence eu l’air de surprendre l’autre jeune homme que lui, en s’approchant, il remarqua ce qu’il n’avait pas vu auparavant. Sa beauté, son corps si frêle qui semblait tendu comme un arc, sa peau si clair qui contrastait tant avec ses cheveux d’un noir aussi profonds, que le ciel la nuit et la lueur dans ses yeux semblaient être les étoiles. Tout s’effaça le temps d’une seconde, puis la réalité lui revient au visage. La vérité qu'aucun homme mis à par lui ne pourrait aimer un autre homme, comme un poignard, comme une aiguille depuis si longtemps planté dans son cœur qui remuait doucement.


- J'ignore ce que je cherche, murmurera-t-il si bas que Nicolaï entendit à peine.

Un murmure qui lui transperça l’être, il eut l’impression d’être au bord des larmes cependant, il savait pertinemment qu’il était incapable de pleurer en présence d’autre personne.

Je suis sorti de l’ombre, de ma cachette et maintenant que suis-je censé faire, parler ? Bouger ?

Son corps se figea, un poids énorme semblait s’être placé sur sa poitrine et son ventre. Il n’arrivait plus à respirer, le monde devient flou, un bruit sourd remplissait tout l’espace sonore.

- Ce que je vais vous proposer n’est pas dans les habitudes de la maison, dit-elle On va passer la journée ensemble. La nuit sera seule confidente de votre réflexion et demain, vous déciderez si vous souhaitez me suivre, ou non. Sans pression ni jugement de quelque sorte. D’accord ?

Un baume sur ces blessures, de l’air dans tout son corps, le poids sur son corps disparu. Il réussit à sourire, sans rien dire, un sourire rempli d’espoir, s’avança pour s’asseoir  à côté de l’autre élève en faisant tous les efforts pour ne pas croiser son regard, sa beauté. Il hésitait encore, il serait faux de dire le contraire, mais il avait pris sa décision, en avançant d’un pas, en faisant le chemin entre l’ombre et la lumière, il avait choisi. Il respira une fois, deux fois, trois fois pour se calmer.

- Merci d’être venu


Un oiseau, un épervier arriva, Nicolaï retenu un cri mélange de surprise et d’excitation, il adorait les animaux.


- Je vous présente Lyke. C’est un ami… et aussi mon élève, d’une certaine manière, ajouta-t-elle

L’oiseau se posa devant lui, il était juste devant lui, s’il tendait la main, il pourrait le toucher. Il ne bougea pas de peur de le faire fuir, osant à peine respirer, ses yeux ne lâchant pas du regard l’animal.
L’oiseau fini malgré cela par bouger vers l’autre étudiant marchombre. Son regard le suivi, concentrer sur Lyke, il sursauta en entant la voix, de la personne qui allait peut-être devenir son maître.


- Venez

Une proposition ? un ordre ? Non, une option.

La forêt était merveilleuse, il n’avait jamais rien vu d’aussi beau, partout où il posait le regard, il découvrait un détail de celle-ci. Écoutant d’une oreille attentive Syndrell sans jamais la regarder, il avait l’impression de baigner dans la nature et ses paroles. Ses angoisses ne semblaient pas prendre un poids sur son être, il se sentait si léger. Soudain, il sentit un léger et diffus poids sur son épaule.

- Lyke, il s’est posé, sur-moi ! s’écriât-il plein de joie.

Un immense sourire se dessina sur le visage du jeune garçon, les yeux perdu vers la nature. Il n’avait jamais été aussi heureux.
- Je veux devenir marchombre ou au moins essayer, tenter, faire de mon mieux. Murmura-t-il doucement pour lui, pour la nature et son nouveau camarade positionné sur son épaule.

[Désolé pour le temps de réponse  j’ai pas eu le mail, c’est Neige qui m’a dit, je regarderait le forum plus souvent!!]


Dernière édition par Nicolaï Chéile le Ven 20 Sep 2019, 15:31, édité 1 fois
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Emrys Til'Arian
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MessageSujet: Re: Groupe Lékel - cours 1   Groupe Lékel - cours 1 Icon_minitimeVen 20 Sep 2019, 15:24

Ne pas le regarder.

Ne pas croiser son regard.

Ne pas s'attarder sur le fait que le nouveau venu s'était également tendu.

Ne pas se lever, et s'en aller sans se retourner, sans un regard. Il avait promis... Ou plutôt, on avait souhaité pour lui qu'il trouve sa voie. Il devait rester, au moins essayer.

Emrys n'était pas dans son élément, ici.

Il avait la peur viscérale que derrière le masque, quelqu'un voit la femme qu'il n'était pas. Plus de gens étaient là, plus le risque était grand. Plus de marchombres il côtoyait...

Mercenaire, ça allait. Il imitait. Ce n'était majoritairement que des hommes qui ne regardaient pas plus loin que le bout de leur nez tant qu'il n'y avait rien à taper. Et les hommes, justement, il préférait les éviter. Peut-être – sans doute – les traces de son passage dans le bordel. Il avait vu un versant particulièrement sombre de la masculinité.

Il se tendit quand l'autre vint s’asseoir, mais ne bougea pas. Fierté aristocratique transperçant dans son attitude.

- Je vais t’aider à trouver.

Surpris, il la regarda plus franchement. Elle avait l'air si sûre d'elle. Par certains côtés, elle lui rappelait Sonrìa. Irradiant la confiance, et sereine. Malgré ce que son amie vivait et avait vécu, elle avait toujours été douce, attentive avec lui. Elle lui avait rêvé des ailes et le bonheur qu'on lui avait arraché.

Elle lui avait donné son nom, Syndrell lui donnerait-elle son premier souffle ?

Il avait envie d'y croire.

Alors il ne bougea pas, même s'il restait crispé, et l'écouta attentivement, regardant parfois ailleurs – pas par distraction, mais par réflexe. Encore. Il avait encore du temps pour choisir. C'était à la fois une porte ouverte et un mur. Il avait envie de s'enfuir, mais hésitait.

Les nuits portent conseil, dit-on, mais les siennes étaient souvent agitées. C'était souvent la nuit qu'il disparaissait sans mot dire – ça foutait en l'air la propriétaire du bordel, Eldira, mais elle avait finit par s'y faire, tant qu'il revenait au matin. Insomniaque, Emrys se contentait alors généralement de se mettre à l'abri sur un toit pour regarder les étoiles et leur silence.

Le cours de ses pensées fut interrompu par un cri d'oiseau et il leva la tête, cherchant l'origine. Bel oiseau, nota-t-il quand il finit par l'apercevoir, avant de rester un brin ahuri quand il se posa sur le bras de Syndrell. Et devant leur échange, aussi.

Réalisant qu'il les regardait avec les yeux un peu écarquillés, il se réfugia dans son manteau, masquant ses joues rougies. Reste inexpressif, s'enjoignais-t-il. Il ne voulait pas montrer de failles.

- Je vous présente Lyke. C’est un ami… et aussi mon élève, d’une certaine manière.


Emrys ressortit légèrement de sa carapace de tissu, perplexe. Ami et élève ? Avec un animal ? Il n'entendait pas ce qu'elle suggérait ainsi. Tous deux étaient quoi qu'il en soit de drôles d'oiseaux.

Il observa l'épervier – il reconnut l'espèce, n'avait-il pas étudié brièvement l'ornithologie quand il vivant encore chez ses parents ? – ainsi que ses déplacements. Il en profita pour glisser un autre regard en direction du nouveau. Il avait l'air plus jeune... Un peu renfermé aussi. Étranger. Pas le genre d'hommes qu'il avait déjà pu croiser dans le bordel, ou même avec des mercenaires endurcis.

Il restait cependant sur ses gardes.

Quand Lyke vint vers lui, il tendit timidement le bout des doigts en sa direction. Les animaux, songea-t-il, étaient moins dangereux que les humains.

Les animaux n'étaient pas aussi cruels, aussi.

Dans sa bulle avec l'oiseau, qu'il se gardait de toucher mais ne se lassait d'admirer, il manqua sursauter quand son – potentiel ? – maître se leva.

- Venez. On va commencer par marcher. C’est une jolie forêt, n’est-ce pas ? Certains arbres millénaires ont connu les premiers jours de ce monde, d’autres ne sont que des brindilles truffées de bourgeons en devenir, mais c’est rassurant de savoir que le cycle se perpétue à son rythme…

Peut-être. Emrys s'était perdu et ne s'accrochait à aucun cycle. La naissance comme la mort le laissaient indifférents ; il était trop replié sur lui-même et ses hantises pour regarder dehors, au loin. Il était trop occupé à ne pas se noyer pour observer le monde alentour – et l'admirer.

Il se leva cependant et la suivit, restant à distance de l'intrus par méfiance. C'était peut-être un comportement offensant – jamais, au grand jamais il n'aurait fait ça quand, jeune fille, il paradait autour de nobles pour faire plaisir. Mais il n'était plus dans la haute société d'Al-Jeit, il était dans un monde inconnu avec ses propres règles.

Et si l'une des règles interdisait la méfiance, il n'en avait que faire.

Emrys finit par se laisser bercer par la voix de Syndrell, et par la marche, ses yeux glissant sur les arbres sans vraiment les voir. Ses pensées vagabondaient, suivant le fil des paroles de la marchombre. Furent rompues par la décision de l'oiseau de se percher sur l'épaule du nouveau. D'ailleurs, il avait un nom, le nouveau ? Il ne se souvenait plus.

- Lyke, il s’est posé, sur-moi !

Emrys manqua d'en sursauter à nouveau. Mince, le nouveau parlait. Cela paraissait évident mais il ne s'y était pas attendu.

- Je veux devenir marchombre ou au moins essayer, tenter, faire de mon mieux. 

Marchombre, hein ?
Au moins, il avait un projet.

Ses yeux virèrent vers Syndrell. Si être marchombre signifiait être comme elle, pourquoi pas ?
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MessageSujet: Re: Groupe Lékel - cours 1   Groupe Lékel - cours 1 Icon_minitimeSam 21 Sep 2019, 20:40

Lumière.
Dans les yeux de Nicolaï.
Syndrell ne dit rien pour ne pas troubler l’instant ; magique, insoupçonné, il lui offrait par le sourire radieux de son élève une réponse plus évidente que les paroles qu’il murmura. Elle regarda Lyke, curieuse de savoir s’il était conscient de l’importance de ce moment – s’il comprenait les mots que le jeune homme venait de lui confier. Sans doute, oui, mais d’une manière unique et certainement pas humaine.

Les yeux dorés glissèrent vers Emrys. L’épervier avait aussi eu un effet positif sur lui ; infiniment moins expansif que Nicolaï, il marchait en silence. Attentif. Soucieux du détail. Syndrell le devinait à sa façon de tout regarder sans jamais arrêter son regard. Il surveillait Nicolaï, troublé par sa présence, mais suivait la cadence sans s’en défaire. En l’observant, Syndrell lui trouva une démarche incroyablement légère et gracieuse, depuis l’infime balancement de ses hanches jusqu’au port altier de sa tête.

Il avait la noblesse dans le sang, oui, mais… sur le point de mettre le doigt sur autre chose, Syndrell fut distraite par l’envol de Lyke. Il lui ébouriffa les cheveux du bout de ses serres en passant au-dessus de sa tête pour filer droit devant eux.


- Hé ! Crâne de piaf ! lança-t-elle, amusée par ce trait d’humour qu’elle reconnaissait bien.

Libre, majestueux, il plana loin au-dessus d’eux. Syndrell suivit un petit moment ses circonvolutions aériennes, puis elle s’arrêta soudain, laissant les garçons l’imiter, et s’accroupit. Le sol était sec, poussiéreux ; la marchombre lécha le bout de son index et se mit à tracer quelques lettres.
Qui formèrent des mots.
Qui formèrent un poème.

Satisfaite, elle se redressa en frottant ses mains pour en chasser la poussière, avant d’enjamber le texte gravé pour une minuscule éternité. Elle ne fit aucun commentaire.
Ce poème était juste pour eux.
Et pour elle.



Ames solitaires et sauvages
Marche paisible
Envol



*



C’est à une allure tranquille qu’ils gagnèrent le camp d’entraînement, dans l’une des vastes clairières du bois jouxtant l’Académie. D’ordinaire, Syndrell avait l’habitude d’entraîner presque tout de suite ses élèves dans un rythme endiablé, exigeant dès le début un combat au corps à corps ou bien une course d’endurance sous les arbres. Elle sentait que, pour une fois, elle allait devoir envisager une autre route.

Elle voulait que ses élèves puissent la suivre. Non… qu’ils aient envie de la suivre. C’était différent et sur cette envie reposait tout l’enseignement de la jeune femme. Un sacré défi qu’elle avait accepté de relever à l’instant même où son regard mordoré avait croisé le leur. Elle s’arrêta, les mains sur les hanches.


- Messieurs, nous voici dans le camp d’entraînement.

La forêt toute entière était un camp d’entraînement pour les marchombres ! Mais, pour les maîtres qui voulaient voir leurs élèves exécuter quelques exercices, l’endroit était idéal. Y compris pour les marchombres solitaires et les maîtres aguerris. L’endroit était spacieux et dégagé, entouré par les arbres ; circulaire, il offrait toute la place nécessaire et proposait un panel d’activités, depuis la course d’obstacles jusqu’au tir à l’arc.

Par chance, le camp était désert. Il n’était pas rare d’y croiser d’autres apprentis et ce n’était pas un problème pour Syndrell, toutefois elle appréciait de rester exclusivement avec ses deux élèves. L’enjeu de cette journée était de tisser les premiers liens, basés sur la confiance, le respect – et l’envie. Encore très jeune, Nicolaï avait toutes les chances d’être assez motivé pour rester à ses côtés. Emrys, en revanche avait besoin de temps et de clarté pour avancer. D’un chemin sûr où il pourrait se détendre et se laisser aller.

Syndrell effleura le manche de son poignard fétiche – celui que Miss, son maître, lui avait légué lors de sa première leçon de lancer – et se ravisa. Plus tard. Elle fit signe aux garçons de la suivre et dirigea ses pas vers ce que les habitués de l’Académie nommaient familièrement « le parcours » : d’une passerelle à une autre, chaque passage devenant de plus en plus complexe, il faisait le tour du camp et disparaissait même à plusieurs reprises sous les arbres, et offrait quantité de possibilités : escalade, saut, équilibre, l’objectif était de ne pas mettre le pied par terre.

C’était trop simple.

Trop ordinaire.

Mais…


- Voici ce que vous allez faire, annonça-t-elle en désignant le parcours. Le circuit est simple à suivre et les épreuves assez faciles également. Il ne faut pas mettre un seul pied par terre. Si vous tombez, vous ne vous ferez pas mal puisque le parcours n’est pas très haut et l’herbe est particulièrement moelleuse ici. Mais vous devrez recommencer depuis le début.

Tout en parlant, elle détachait tranquillement le foulard ocre qui était enroulé autour de sa ceinture. Elle l’y avait mis par coquetterie, oui, et aussi – surtout ! – parce qu’elle avait toujours besoin au moins une fois d’un foulard lors de ses cours.

- Ce n’est pas une compétition ni un exercice de rapidité, poursuivit la jeune femme. C’est une épreuve d’équipe.

Doucement, elle prit le poignet de Nicolaï entre ses doigts et noua une première fois le tissu léger, attentive à ce qu’il ne soit pas trop serré. La tension d’Emrys devenant palpable, elle s’approcha de lui et leva les yeux pour chercher son regard.

Sourire, douceur.
Apaisement.


- Je vais l’attacher à ta ceinture, expliqua-t-elle, consciente qu’un message clair était de rigueur avec lui. Regarde.

Sans gestes brusque, elle attacha l’autre extrémité du foulard à la ceinture du jeune homme. Il y avait assez de mou pour qu’ils puissent avancer sans se gêner. Néanmoins, réaliser le parcours ainsi reliés allait leur demander de la cohésion et de l’ingéniosité.

- Ce n’est pas une entrave, leur dit-elle en les regardant l’un après l’autre. C’est un lien. Le premier n’est jamais évident à tisser, n’est-ce pas ?

Clin d’œil doré.

- Le marchombre qui veut s’accomplir avance seul, mais il ira plus loin s’il sait en qui placer sa confiance. Pour l’heure, Emrys, Nicolaï, il s’agit simplement d’essayer d’avancer à deux. D’accord ?

Elle leva la tête et siffla doucement, plusieurs fois. Au bout de quelques secondes, Lyke apparut. Il tournoya au-dessus d’eux et lui répondit d’un long cri perçant. C’était tout ce dont elle avait besoin. Tout ce dont ils avaient besoin. Un repère, en quelque sorte. Syndrell s’écarta de quelques pas et désigna le début du parcours.

- Jeunes gens… le parcours est à vous !

Une fois la première plateforme atteinte grâce à quelques marches, il fallait franchir un pont de singe. La deuxième étape consistait en une échelle de tractions qui obligeait à traverser à la force des bras, suspendu au-dessus du sol ; puis il fallait prendre assez d’élan, depuis la troisième plateforme, pour atteindre un gigantesque filet tendu entre deux arbres. L’escalade de celui-ci était rendue difficile par la souplesse des cordes. Elle se poursuivait dans les arbres. Là, les deux garçons allaient devoir coordonner leurs mouvements pour passer d’une branche à l’autre, et atteindre la cinquième plateforme.

Un tunnel permettait d’accéder à la sixième, une corde de funambule amenait à la septième et dernière plateforme. De laquelle il fallait descendre en se laissait glisser le long du rondin de bois puisque cette fois-ci, il n’y avait aucune marche.

Syndrell s’installa en tailleur dans l’herbe, prête à observer la progression de ses élèves.



[Pas de souci Nico' ! Neige a du boulot avec tous ses personnages en ce moment, ça explique son acuité Razz
Donc, pour le parcours j'ai pris soin de donner les sept étapes pour que ce soit plus facile pour vous. Mais vous êtes tout à fait libres de détailler davantage ou de rajouter des étapes intermédiaires. Bref, éclatez-vous, quoi !]
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Nicolaï Chéile
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MessageSujet: ~ Le premier lien ~   Groupe Lékel - cours 1 Icon_minitimeLun 30 Sep 2019, 11:31

[On a fait une écriture à quatre mains ! Du coup, il y a besoin des deux parties pour comprendre le tout]


L’envol de l’oiseau, l’envol de son cœur et de ses angoisses laissa échapper un rire sonore et cristallin de la bouche de Nicolaï. Un rire court qui se perdit dans le bruit des feuilles, s’arrêta dans l’arrêt de Syndrell. Elle notait, écrivait quelque chose sur la poussière. Il se rapprocha pour lire les mots fraîchement formés. Il ne put les lire que quand la Marchombre enjamba le texte.

Âmes solitaires et sauvages
Marche paisible
Envol



Il se mordit la lèvre pour ne pas laisser échapper un bruit de surprise, pour ne pas laisser échapper des larmes, tellement les mots l’avaient touché. Si précis, une flèche au milieu de son cœur, serait-il capable de prendre son envol ?  

Quel est le sens, les sens ? De ces mots, si semble si énigmatique et si juste et vrai. Suis-je l’âme solitaire ou la sauvage ?... sûrement un peu des deux… Lui aussi ?
La poussière passera, le vent passera et la poésie ne sera pas, ne sera plus. Éphémère,
pensa-t-il

Il respira une fois, deux fois, trois fois pour faire passer les larmes, il détestait pleurer en public, il avait l’impression que cela montrait aux autres sa faiblesse, non pas qu’il considère ses émotions comme une faiblesse, mais les gens qu’il avait fréquentés, souvent le faisaient. Il avait peur de paraître trop faible pour continuer à les suivre, de ne pas être à leur hauteur.


***

- Messieurs, nous voici dans le camp d’entraînement.

L’endroit était immense, perdu dans la forêt, l’endroit était magnifique. Nicolaï eut très envie de tout lâcher pour escalader tout, tout tester, il aimait vraiment sentir la surface contre ses doigts, ses muscles de bras se tendre, ses pieds dans le vide. Cependant, il resta en place regardant le camp d’entraînement dans son ensemble, excité de commencer.

- Voici ce que vous allez faire, annonça-t-elle en désignant le parcours. Le circuit est simple à suivre et les épreuves assez faciles également. Il ne faut pas mettre un seul pied par terre. Si vous tombez, vous ne vous ferez pas mal puisque le parcours n’est pas très haut et l’herbe est particulièrement moelleuse ici. Mais vous devrez recommencer depuis le début.

Nicolaï, trouva l’exercice beaucoup trop facile et émis une moue déçue, il préparait déjà son corps à s’élancer. Son élan fut coupé rapidement.

- Ce n’est pas une compétition ni un exercice de rapidité, poursuivit la jeune femme. C’est une épreuve d’équipe.

Nicolaï fut pris au dépourvu par cette phrase, mais il n’eut pas le temps d’y réfléchir, il sentit le contact de la main de la femme aux cheveux bleus contre son poignet, il sursauta légèrement, il ne l’avait vu venir, non, il ne l’avait pas senti venir. Il frémit, il n’avait pas été touché depuis si longtemps que ce contact court l’avait bousculé. De plus, il était attaché, il m’appréciait guère cela, mais il était prêt à se plier aux exercices demandés, il ne dit rien. Il se sentit extrêmement gêné quand il se rendit compte à quoi, ou plutôt à qui il l’était. Il avait fait en sorte de rester loin de lui, de ne pas trop le regarder pour éviter que ses pensées envers les hommes ne ressurgissent, non pas qu’elles arrivent auprès de tous les hommes qu’il approchait, mais il trouvait sa beauté enivrante et sentait le rouge lui monter aux joues rien qu’en le regardant.

- Ce n’est pas une entrave, leur dit-elle. C’est un lien. Le premier n’est jamais évident à tisser, n’est-ce pas ?

Un Clin d’œil, qui le rassura un peu. Cependant, pourrait-il toujours devenir marchombre si son secret se savait ? Ou serait-il rejeté, comme cette nuit dans la caravane ? Il respira lentement laissant l’air rentrer dans ces poumons, agir, bouger pour ne pas penser.

- Le marchombre qui veut s’accomplir avance seul, mais il ira plus loin s’il sait en qui placer sa confiance. Pour l’heure, Emrys, Nicolaï, il s’agit simplement d’essayer d’avancer à deux. D’accord ?

Doucement, il avala sa salive, et se tourna vers le jeune homme, doucement prudemment, dans la mesure du possible que le foulard lui permettait.

- Dans un premier temps, enchanté, je m’appelle Nicolaï ! Et toi ?

Il accompagna ses paroles d’un grand sourire, tout en évitant de le regarder droit dans les yeux, par peur de ce qu’il pourrait y trouver.

- Enchanté. Je suis Emrys

- Heureux de te rencontrer et de travailler avec toi ! J’espère qu’on va y arriver… L’exercice comme le lien !

Réponds-t-il toujours avec un sourire et un clin d’œil en prime, il s’arrêta assez brusquement en se disant qu’il en avait fait trop, il détourna la tête pour observer le parcours. Des marches en premier, ça devrait aller ?

- Allons-y

La voix d’Emrys le tira de ses pensées.

- D’ac-

Emrys le tira tout court, plus le foulard en vérité, il manqua de lui tomber dessus.

- Allez !

Nicolaï fut pris de court par l’agacement d’Emrys.

Nous n’avons même pas commencé, il n’espère pas y arriver du premier coup ?!

Il le suivit doucement, faisant en sorte d’avoir toujours la moitié du foulard de libre, l’exercice allait être vraiment compliqué s’il le faisait tout seul.

Les marches ne furent en effet pas un exercice complexe, même si Emrys était trop rapide, enfin non, il était plus trop imprévisible, il n’arrivait pas à déterminer précisément sa vitesse.

Deux cordes, parallèles qui ne se croisent jamais, c’est un peu ce qu’il ressentait vis-à-vis de lui et Emrys, mais c’était aussi le pont de singe qui se dressait devant eux. L’exercice ne semblait pas dur.


- Tu t’y connais en escalade ?

Le sous-entendu, était bien présent, tu veux passer devant, était la vraie question.

- Passe devant, je t’en prie.

- Tu n’as pas besoin d’être aussi formel. Soupira-t-il trouvait les phrases à rallonge pour rien, une perte de temps et surtout très froide.

- Dis-moi si je vais trop vite.


En disant ces mots, il attrapa la corde du haut avec sa main droite et posa ses deux pieds en tendant le foulard, l’invitant de regard à le suivre et le vit trébucher maladroitement. Il avança lentement, un petit devant l’autre de petit pas, jamais plus grand que le foulard, montrant le mouvement que l’on devait faire à ses bras pour être stable, en sachant que lui n’avait nullement besoin de se tenir avec le corde du haut s’il y n’avait pas été attaché, réduit dans ses mouvements par Emrys.

Nicolaï senti le vent sur son visage, l’équilibre que son corps tendu réalisait, le bruit des feuilles au loin, sans vraiment réfléchir, il accéléra petit à petit sans faire attention juste pris dans l’instant, oubliant le foulard, oubliant l’exercice. Il senti son centre de gravité basculer dangereusement, il attrapa le foulard avec sa main attachée et la corde du haut avec l’autre, ses pieds quittèrent la corde du bas, ses jambes passèrent des deux cotés de la corde, le choc brutal le ramena rapidement à la réalité, la douleur s’empara de son corps, la douleur malgré le fait d’être extrêmement désagréable  lui donnait une chose, de l’adrénaline, mais ça n’allait durer longtemps, il fallait qu’il soit stable quand cela serait fini ou ils tomberaient tout les deux. Il remonta Emrys légèrement pas énormément, il était trop lourd pour sa mauvaise accroche.


- Donne-moi ta main !

Il parla sans réfléchir avant d’être lui-même gêné par son propos, mais il n’avait pas le temps, il ne voulait pas échouer dès maintenant. Emrys se hissa vers le haut, Nicolaï attrapa le poignet de celui-ci, enfin plus précisément les larges bracelets en cuir qui ornait ceux-ci, il était pratiquement le cuir glisse moins que la peau. Il hissa Emrys devant lui, suffisamment haut pour que celui-ci puisse saisir la corde du bas avec sa main. Il avait les larmes aux yeux fasse à cet effort qui semblait lui prendre toute son énergie, il sentait l’adrénaline descendre rapidement, le reste dépendrait de la capacité d’Emrys à remonter, il avait sacrément besoin d’une pause.

- Merci.

Nicolaï était trop à court de souffle pour répondre, il était néanmoins satisfait, peut-être que cette expérience, ferait qu’Emrys ne le traiterait plus comme un moins que rien, il se redressa sur la corde, une main sur la corde du haut, dans l’attente de l’avancer d’Emrys. Ils arrivèrent sans trop de soucis à la prochaine plate-forme, malgré la lenteur de la situation.

Le prochain exercice embêtait Nicolaï sur plusieurs niveau, c’était un exercice de force, ce qui n’était clairement pas son point fort, il n’avait qu’une main qui était vraiment libre de ses mouvements et il venait d’épuiser une bonne partie de sa force dans un sauvetage inutile, s’il n’arrivait à passer cette épreuve ci.

Nicolaï respira en voyant s’élancer le jeune homme, il se rendit aussi compte qu’il ne l’avait pas vraiment observé de dos, il était beaucoup plus musclé que lui, l’exercice lui poserait moins de problème. Il attrapa la barre avec sa main non entravé par le foulard, hésitant, il tenta de placer la deuxième, ce qui eu pour effet de tirer Emrys vers lui, leurs jambes se touchèrent.


- Désolé. Souffla-t-il, je n’y arriverais pas avec une main.

- Comment faire…

- Je ne suis pas sûr qu’il y a grand-chose à faire, on peut difficilement faire cet exercice sans contact physique si je veux utiliser mes deux mains

- Je ne veux pas.


Nicolaï fut pris de court par sa réaction, il lâcha sa main au foulard de la barre. Il n’allait pas y arriver, tout son poids sur son bras, il retient des larmes de douleur fasse au muscle qui se tendu sous la pression de son poids. Et sentit son autre main lâchée, il n’eut pas le temps de réagir pour se rattraper. Il laissa juste échapper un « pardon » avant de tomber. La chute fut moins douloureuse que l’échec, mais cela ne le découragea pas. Il voulait recommencer, repartir, essayer de nouveau, apprendre à le connaître, fabriquer le lien.

- On y retourne ? Lui lança-t-il avec un sourire.

Nicolaï était optimiste, il avait tout de même réussi à commencer la troisième étape dès la première fois.

 
***


Ils réussirent à atteindre la troisième plate-forme au deuxième essai, il allait devoir sauter, sauter loin et de manière synchronisée. La difficulté était réellement montée d’un cran.

- Je ne vois que deux solutions, soit on le fait en se tenant la main ou on peut essayer de compter ?

Dit-il, tout sachant que ni lui ni Emrys, ne voudrait se tenir la main.

- Pas question de se tenir la main.

- D’accord, ce n’est pas comme si j’en avais envie de toute manière.
Dit-il appuyant dessus uniquement avec le but d’insister sur le fait qu’il n’était nullement intéressé par les hommes, ce qui était un mensonge, ce qui était maladroit, ce qui pouvait être blessant, il s’en voulut mais, il avait souvent vu les hommes entre eux affirmer leurs non-intérêts spécifique ainsi et protéger son secret était la chose la plus importante à ce yeux.

- Je dis un, on respire, on fait un pas, à trois, on saute, tu es prêt ?

Le saut était raté, il le sentit, trop court, les deux avaient sauté trop court. Il ferma les yeux attendant la confrontation avec le sol qui n’allait pas tarder à arriver, se mit en boule pour protéger son visage et senti le choc. Il n’était pas beaucoup plus haut que la dernière fois, mais deux chutes faisaient plus mal qu’une.

Il essayèrent encore et encore, une fois, deux fois, trois fois, quatre fois, la distance était maintenant bien calmé mais ils n’étaient pas synchronisés du tout, cela ne fonctionnait pas, il fallait se rendre à l’évidence qu’ils allaient devoir tester l’autre technique. Nicolaï respira, regardant au loin, une fois, deux fois, trois fois, il regarda son vernis rouge qui s’écaillait face à l’utilisation de ces mains pour l’exercice. Il ne réussit pas à le dire, il tendit juste la main. Le coup d’Emrys claqua sèchement sur sa main, il se mordit la lèvre.


- On ne va pas y arriver, on doit le faire !

- J’ai dit non.

- Alors on va tomber.


Il avait envie de pleurer, le toucher était si détestable que cela, que lui avait-il fait ?

- Pas si j’enlève ce damné foulard

Des lames, plus que des mots, qui transpercèrent le coeur de Nicolaï.

- Tu auras quand même échoué.

Il le scruta, décidé, lui retendit la main.

- D’accord, mais on se lâche tout de suite après.

Nicolaï avait les larmes aux yeux, il allait pleurer, mais quand il sentit la main d’Emrys dans la sienne, il se calma. D’un seul mouvement, il s’élancèrent.

Il attrapa les cordes sans difficultés avec sa main libre, et relâcha la pression dans son autre main, il sentit Emrys filer doucement. Il avait compris que la meilleure solution pour passer les épreuves était de s’attendre, il avança lentement. La synchronisation trouvée pour le saut leur permit de réussir sans soucis les épreuves du filet et des branches.

La promiscuité du tunnel rendit la chose plus difficile, ils avancèrent très lentement, car dès que Nicolaï touchait Emrys, lui demandait de bouger sa main, l’espace dans le tunnel et les endroits où était attaché le foulard, ne permettait guère cela, ils se disputèrent mainte fois cependant cette épreuve ne permettait pas vraiment de tomber ainsi, ils en sortirent indemnes.

Ils avaient atteint l’avant-dernière plate-forme, Nicolaï sourit il avait mal partout et avait les nerfs en vrac mais leur réussite n’était plus très loin.

Juste une corde de funambule, cela ne devrait pas trop poser de soucis.


- Vas-y je te retiendrais si tu tombes !


Il laissa Emrys s’avancer sans le presser, il le suivit, sans trop de soucis, un pied puis l’autre les mains derrière son dos près à réagir à tout instant en cas de problème, son centre de gravité légèrement en avant sur le qui-vive.

Troisième pas, il le vit basculer sans réfléchir, il posa ses mains sur ces épaules, recentrant son centre de gravité et le sien.


Un « - Ne me touche pas ! » Avait fusé aussi vite que ses mains.

- Si je te lâche, on tombe, tu peux faire un effort, on est presque arrivé.

Emrys essaya de se dégager, il ne voulait pas tomber, il resserra son emprise.

- Arrête, je-

Un coup atteint son bras, son souffle fut coupé par la douleur, il se sentit tomber, la morsure du sol contre son dos, il ferma les yeux. Il sentit un poids tomber sur son corps, il avait l’impression de tomber dans les pommes sans ouvrir les yeux, il tourna sur le côté se dégageant. Emrys avait atterrit sur lui, qu’est ce qu’il avait dans le dos, c’était horriblement lourd et douloureux.

- Pourquoi tu agis comme ça ? On y était presque !

- C’est toi le problème !  Je t’ai dit de ne pas me toucher !

- Mais pourquoi ? C’était pour éviter qu’on tombe, tu préfères être touché par le sol que par moi ?

- Oui !


Nicolaï ne répondit pas tout de suite, il lui tourna le dos et se mis à pleurer, doucement d’abord retenant au maximum puis très rapidement il ne tient plus, il laissa échapper toutes ses peurs, ses peurs d’être détester, pas assez bien, que l’autre ait sentit son secret, il devait sûrement le dégoûter.

- Qu’est-ce que je t’ai fait ?

Réussi-t-il à dire, les mots entrecoupés de larmes.

- Rien... Tu m'as rien fait ?…

Il ne répondit pas tout de suite, essayant de se calmer, respirant profondément, la tête vers le ciel pour ravaler ces larmes, il répondit d'une voix moins sanglotante. Il se détestait à pleurer ainsi devant un inconnu, il était si faible, il se demandait comment il avait pour survivre si longtemps dans ce monde, il voulait devenir plus fort. Il voulait sourire, toujours pour ceux qui ne pouvaient plus, ou ne pouvaient pas. Des enfants mourraient littéralement dans la rue et lui il pensait qu’il pouvait pleurer parce qu’un homme refusait qu’il le touche, il avait honte de lui-même.

- Alors pourquoi agis-tu comme ça ?

- Ce n’était pas contre toi... C'est juste... Je n’aime pas qu'on me touche…


Nicolaï fut surpris de cette réponse, il ne s’attendait pas à cela, il n'avait pas prévu cette réaction de ça part. Il se retourna vers Emrys, doucement, il avait l'air si fort et si froid, il n'aurait pas soupçonné cela. Ses sanglots se calmèrent petit à petit, il se sentait bête, il avait mal interpréter, le monde entier ne le détestait pas, il devait se calmer.

- Désolé, je, j'aurais dû te demander, je, j'ai cru que tu ne voulais pas qu'un autre homme te touche et je trouvais que pour l'exercice, c'était vraiment stupide.

- Un autre homme ?... Non, n'importe qui m'aurait gêné.

- Pour réussir l'exercice, il faudra quand même que ça arrive, on ne va quand même pas échouer ?


Lança-t-il comme un défi, il voulait avancer et rien ne pourrait l'empêcher. 

- Oui, je sais... J'ai également envie de réussir l'exercice. Je peux faire un effort ?...

Nicolaï avait déjà retrouvé son sourire habituel malgré les larmes qui était encore présentes sur ces joues et dans ces yeux, il s'assit à coté de son camarade, se laissant tomber presque tiré par le mouvement du foulard.

- Il aurait-il un moyen de t'aider à surpasser cela ? Ou à le rendre moins désagréable ? Pas forcément en général, mais avec moi, je peux te prévenir plus tôt quand je te touche ? Ou je ne sais pas ?

- Eh bien… Cela devrait aller avec toi je pense…


Nicolaï ne comprit pas bien ce qu'il voulut dire, son comportement était définitivement étrange, il sécha ses larmes du bout de ses doigts. Il se leva délicatement et lui tendit la main. L'étape la plus dure, ouvrir la communication, l'ouvrir véritablement avait l'air d'être réussie, il espérait que le parcours serait plus simple à présent.

- Je crois qu'on a fait le plus difficile. Lui lança-t-il avec un clin d’œil qui se voulait complice. 

Emrys se leva sans prendre sa main.


- Finissons-en, dit-il avec un début de sourire ? Ou une moue, Nicolaï n’était pas si sûr.

Nicolaï ne se troubla pas face au manque de réaction et au refus de prendre sa main, il commençait à le cerner, les gens froids étaient monnaie courante dans la rue, à partir du moment où il comprenait que ce n'était pas dirigé vers lui, cela ne lui posait pas de problème. Il sourit tout de même en réponse au début de sourire qui apparu sur le visage d'Emrys en espérant qu'il ne s'était pas trompé et que celui ci avait bien tenté de sourire. 


- Cette fois-ci ça sera la dernière !

***

La dernière étape fut la plus simple, ils commençaient à vraiment s'écouter donc rester suffisamment proche pour ne pas abîmer le foulard n'était pas une véritable difficulté. Ils avaient réussi, il avait enfin réussi. Ils retournèrent vers leur maître d'un jour. Il n'en pouvait plus autant fatigué physiquement que psychologiquement. Le soleil était beaucoup plus bas dans le ciel. Il sentit le foulard se détendre, il n'était plus attaché à Emrys, si vite, il l'attrapa avant qu'il ne touche le sol. Il le détacha de son poignet et le tendit vers Syndrell. 

- Merci pour l'exercice ! Et merci à toi aussi Emrys !

Il savoura le silence de la forêt et le fait d'être libre des mouvements de son bras droit, le vent dans ses cheveux et dans ses mollets. L’angoisse dans son ventre reprenait doucement sa place maintenant qu’il n’était plus en mouvement, en action. Il regarda dans la direction d'Emrys,

Le premier lien avait-il fonctionné ?
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Emrys Til'Arian
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MessageSujet: Re: Groupe Lékel - cours 1   Groupe Lékel - cours 1 Icon_minitimeLun 30 Sep 2019, 12:51

Emrys suivit des yeux l'envol de Lyke, un brin déçu. Il n'avait jamais eu l'occasion d'approcher de si près un oiseau vivant, et au comportement aussi atypique. Ses pensées finirent par s'en détourner à l'interjection de Syndrell, et un sourire manqua de flotter sur ses lèvres.

Réprimé. L'autre avait ri.

L'oiseau semblait tellement libre dans ses arabesques élégantes, quand lui était enchaîné. Il fut de nouveau ramené sur terre par la marchombre qui s'était accroupie.

Un brin intrigué, il la regarda tracer des lettres dans la poussière, vit naître le poème sous ses yeux sombres.

Il l'observa longtemps, statufié, regard englouti par les trois phrases.

Insignifiantes.

Étranges.

Importantes.

Troublantes ?

Ames solitaires et sauvages
Marche paisible
Envol

Peut-être qu'il ne comprit pas. Pas encore. Il contourna l'éphémère pour ne pas risquer de le balayer de son manteau. Le vent, songeait-il, ferait vite son office, tout comme le temps, qui tantôt effaçait des mots, tantôt les gravait.

Il reprit sa marche.

* * *

- Messieurs, nous voici dans le camp d’entraînement.

Les yeux noirs regardèrent les environs. Personne. Cela le rassura un peu. Il emboîta le pas à Syndrell, attentif. Ses réflexes de mercenaires reprirent le dessus et il sonda avec attention le circuit qu'elle désignait. Voilà un exercice qui, s'il était facile selon ce qu'elle disait, s'accordait peu à ses capacités. Il savait monter, il savait se battre, il savait même danser pour le peu d'intérêt que cela avait !.. Mais après tout, il s'attendait à voir ses compétences remises en question.

Sa fierté le ferait recommencer autant de fois qu'il le faudrait.

Il sursauta cependant à la suite des paroles de la marchombre.

- Ce n’est pas une compétition ni un exercice de rapidité. C’est une épreuve d’équipe.

D'équipe ?

Il la regarda, déjà tétanisé, nouer un foulard au poignet de l'intrus. Il n'allait pas être obligé de faire cela avec lui, non ?.. Cela le gênerait. Tant pour réussir, qu'en général. Il ne voulait pas être attaché, à qui que ce soit. Ses iris sombres se braquèrent sur Syndrell, plus animal – animal traqué.

Ses doigts étaient crispés, ses épaules aussi, sa cage thoracique oppressée. L'insondable de ses yeux étaient au bord du défi. Il avait envie de partir, maintenant. Il ne connaissait pas l'autre. Il ne voulait pas d'une autre chaîne, il ne voulait pas être lié à lui. Il voulait partir et rester seul, ou que l'autre parte. C'est cela ; que l'autre parte. N'était-ce pas lui l'intrus, à être arrivé en dernier ?

Pas de liens.

- Je vais l’attacher à ta ceinture. Regarde.

Il cilla aux mots rassurants. S'apercevant qu'il avait baissé la tête, ses mèches mal coupées cascadant sur son front, il se redressa. Et au lieu de regarder son geste, il se plongea dans ses yeux, cherchant une inspiration pour sortir de sa noyade. Que quelque chose lui dise que ça valait la peine d'essayer.

Regarde.

S'il n'accorda aucune attention au foulard, les mots le touchèrent. Lissaient le sentiment d'obligation, le refus. Juste, regarde. Invitation plus douce. Adressée à lui, lui seul. Comme s'il devenait visible un bref instant dans les yeux de quelqu'un.

Voilé par ses longs cils, à moitié effacé, ses pupilles ne parvinrent à se détacher de l'infiniment doré. Se laissèrent convaincre. Une chance. Il voulait bien donner une chance. Pour le bleu et or qu'il trouvait extraordinaire quand lui se songeait si fade, pour l'aura qu'elle irradiait quand il se vêtait d'un rouge trompeur. Et aussi parce qu'elle lui avait prêté attention – qu'elle l'avait vu.

Si cela ne fonctionnait pas, il disparaîtrait.

Clignement de paupières. Il rompit le contact avec l'or liquide, se recentra sur le lien. A la ceinture, donc, pas à son poignet comme l'autre – de toute façon, ses bracelets de cuir auraient gênés, et pour rien au monde il ne les aurait enlevés.

Il dévisagea l'autre, cette fois franchement. L'idée de risquer de le toucher lui hérissait la peau. D'évoluer à ses côtés, de devoir faire un duo... Il détestait cela. Vraiment. Autant faire de son mieux, se décida-t-il. Plus tôt il en aurait fini, plus tôt il serait débarrassé du lien.

- Ce n’est pas une entrave. C’est un lien. Le premier n’est jamais évident à tisser, n’est-ce pas ?

Il était vrai, d'autant plus si l'on regardait ces deux-là. Un frisson agita Emrys, qui fit cette fois revenir une attitude aristocratique ; stature plus noble et hautaine, un brin méprisante, une posture peu avenante. Qu'il ne s'approche pas trop...

- Le marchombre qui veut s’accomplir avance seul, mais il ira plus loin s’il sait en qui placer sa confiance. Pour l’heure, Emrys, Nicolaï, il s’agit simplement d’essayer d’avancer à deux. D’accord ?

Non, pas d'accord, mais il ne voulait pas faire marche arrière maintenant. Le cri de l'oiseau réapparut fut une brève distraction. Coupée par le premier pas que fit l'autre.

Non. Pas l'autre.

L'autre avait désormais un nom.

- Dans un premier temps, enchanté je m’appelle Nicolaï !

Emrys resta figé. Mince, il parlait à nouveau. Ses lèvres se pincèrent. Devait-il répondre ? Une partie de lui le refusait. Pas de liens. Pas de l'autre. La noblesse prit le dessus.

- Enchanté. Je suis Emrys.

Dit sobrement, certes, avec le sentiment qu'il posait un mur entre eux sans laisser de chance ; mais il avait répondu. Un coup d’œil vers Syndrell ; assise, elle attendait qu'ils commencent. Soit. Il allait en finir au plus vite.

Il ignora sa réponse – y avait-il seulement besoin d'une réponse ? –, lui jeta un regard un brin méprisant et se recentra sur le parcours qui les attendait. Des marches, d'abord. Soit. Il observa l'étape qui suivait. Plus compliquée, surtout avec un fardeau.

Un soupir. Soit.

- Allons-y.

Il commença aussitôt à avancer et fut d'ors et déjà retenu par le foulard, ce maudit lien, qui manqua de le faire trébucher. Nicolaï n'avait pas suivit aussitôt. Claquant de la langue, il saisit que le lien, s'il lui laissait les mains libres, menaçait son équilibre.

- Allez !

Il l'avait invectivé, nerveux et agacé. L'autre avait manqué de lui tomber dessus, en plus de cela. Quelle poisse.

Ils parvinrent néanmoins à escalader les quelques marches – Merwyn soit loué, ils arrivaient au moins à faire ça. Plate-forme atteinte, deux cordes se tendaient, légèrement en diagonale, jusqu'à, s'il ne se trompait pas, une échelle de tractions.

C'était maintenant que ça allait devenir difficile. Il n'était pas doué pour ce genre d'exercices.

- Tu t'y connais en escalade ?

Dents serrées – il détestait être incompétent –, il secoua la tête.

- Passe devant, je t'en prie.

Cela aurait pu sembler poli, mais Emrys refusait tout simplement d'admettre qu'il ne savait pas comment procéder. Ou plutôt, s'il pouvait avoir une idée, qu'il voulait d'abord le voir à l’œuvre. Drapé dans sa piètre fierté, il ne releva pas les propos de Nicolaï.

- Dis-moi si je vais trop vite.

Quoi ?

Il comprit soudain que son compagnon d'infortune s'y connaissait mieux que lui – bien mieux. NicolaÏ avançant, tirant sur le foulard, il sentit son centre de gravité basculer et trébucha à nouveau, cette fois vers l'avant. Il se reprit, joues rougies par la gêne, et regarda en coin comment l'autre se débrouillait.

Gestes fébriles, il se saisit à son tour de la corde du haut. Remarqua le handicap de l'autre apprenti. Ne releva pas. Lui avait bien besoin de ses deux mains. Heureusement pour lui, le rythme fut d'abord lent. Il ne lui fallut guère longtemps pour saisir le principe, plus pour le faire avec agilité. Il allait lui falloir du temps pour réussir cet exercice avec assurance, et avec un meilleur rythme.

Sauf que ce n'était pas ce que Nicolaï avait en tête, semblait-il, puisque ce dernier accéléra le rythme. Un peu trop. Les pieds d'Emrys ripèrent sur la corde, sans qu'il n'ait le temps de prévenir l'autre, ses mains lâchèrent la seconde corde...

Il ne tomba pas.

Nicolaï était toujours sur les cordes. Une main agrippée au bout de tissu qui les liait.

Il le vit glisser à son tour.

Non, pas tout à fait.

Une grimace de compassion échappa à Emrys quand il vit son partenaire atterrir sur la corde, jambes de chaque côté. Il ne pouvait qu'imaginer la douleur.

- Donne-moi ta main !

Non.
Ce fut sa première pensée. Mais il voulait en finir vite, non ? Et là, il était en plus un poids mort pour Nicolaï.

Ses mains se refermèrent sur le foulard, comme sur une corde, pour le hisser légèrement ; une s'en détacha alors pour venir saisir celle de l'autre. Celle du foulard. Encore une, qui vint prendre son poignet, se refermant sur les bracelets.

Emrys eut l'impression que son cœur remontait jusqu’à ses lèvres. Il détestait qu'on touche ses poignets. Les bracelets étaient bien fermés, larges, ne bougeaient pas, mais il ne voulait pas que quelqu'un voit ses cicatrices.

Constatant qu'il n'en serait rien, au moins cette fois-ci, il finit par se calmer, inspirant profondément. Une pensée fila vers son potentiel maître. Elle les observait. Il ne voulait pas décevoir les yeux dorés.

Ses doigts se serrèrent plus fermement. Pour se défaire, afin d'attraper la corde providentielle. A l'aide de Nicolaï, il parvint à remonter sur la première corde ; y poser ses pieds, pour saisir celle du haut avec ses mains.

Son cœur battait dans sa poitrine. Il était maintenant devant. Et il n'était pas tombé.

- Merci, souffla-t-il.

Tout bas, parce qu'il n'aimait pas remercier. Mais sans la maîtrise de Nicolaï, qui l'impressionnait franchement, ils seraient tous deux tombés dès la première difficulté. Une pitié, à ses yeux. Il devait – ils devaient – réussir.

Quelle poisse.

Ils prirent un peu de temps, pour se remettre de l'incident, puis continuèrent leur progression – Emrys devant. Peu habitué, il imposait donc son rythme lent, mais était au moins assuré de ne pas tomber à nouveau.

Ils finirent à la plate-forme, au grand soulagement du brun qui n'appréciait que peu cet exercice d'équilibre. Celui qui suivait, cependant, allait l'avantager. Rompu au combat, donc à développer sa force musculaire, l'échelle de tractions, si elle n'allait pas être du plus simple, ne représenterait pas une grande difficulté.

- J'y vais le premier.

Avançant, il saisit la première barre à deux mains. L'une s'envola vers la suivante, vite rejointe par l'autre. Ça allait.

Ah. Non.

Son centre de gravité avait basculé avec la corde et il banda ses muscles, ce qui ne put empêcher ses jambes de toucher celles de Nicolaï. Par la barbe de l'Empereur !

Il serra les dents mais ne releva pas. Il avait lui-même causé problème auparavant, après tout.

- Comment faire...

Il tiqua à la réponse de Nicolaï. Un contact physique. Un contact physique. Il respira profondément.

- Je peux pas.

Pas pour le moment.

Malheureusement pour lui, car un « pardon » sonna à ses oreilles, et il sentit soudainement un poids lourd tirer sur sa taille. C'est en lâchant la barre, n'ayant pas assez de forces, qu'il réalisa que l'autre apprenti n'avait pas réussi à tenir, et qu'il était tombé.

Et qu'ils tombèrent.

Un bref cri de surprise échappa à Emrys, étouffé par l’atterrissage. Effectivement, nota-t-il, l'herbe était moelleuse. Il se releva aussitôt. Tombés dès la seconde étape... Il s'insulta en silence. Le sourire de Nicolaï n'arrangea rien à son humeur, mais il opina du chef. Il fallait bien faire ce foutu parcours.

Ils revinrent donc au point de départ, avec les joues rougies concernant Emrys. Et repartirent.

* * *

Ils avaient fini par passer les deux premières étapes – trois en comptant les marches, si ces dernières en étaient. Il avait fallu de la patience, de s'habituer au rythme de l'autre. Et ce qui se profilait devant eux ne lui inspirait rien de bon.

Un saut synchronisé.

Là était la difficulté.

Le filet permettait assez d'appuis, contrairement au pont de singe. Il pourrait compenser sa maladresse en escalade par sa force physique, et vice-versa. Se coordonner serait encore un problème, mais s'ils avaient réussi à passer les deux premières étapes, il suffisait encore une fois d'y aller lentement, aussi rageant que cela pouvait être.

- Je ne vois que deux solutions, soit on le fait en se tenant la main ou on peut essayer de compter.  

Emrys rougit à l'idée – et rougit encore d'avoir rougi.

- Pas question quant à se tenir la main.

Le ton était sec, froid, la réponse immédiate. Cassante. Blessante.

- D'accord, c'est pas comme si j'en avais envie de toute manière.

Emrys se sentit de nouveau rougir – de honte, cette fois. Il baissa la tête, refusant de le regarder. Il n'avait pas voulu... Mais la réplique était tout aussi sèche. Il se sentait sale, tout à coup. Comme si le contact des hommes du bordel continuait à imprégner sa peau, visible pour tous. Comme si la saleté des rues mal-famées d'Al-Jeit tachait encore le blanc de ses bras.

Comme si derrière le masque il avait vu le monstre.

Il ne dit rien. Il n'y avait rien à dire.

Ils partirent donc sur la seconde option... et comme prévu, se ratèrent. Incapables de se synchroniser, ils tombèrent une première fois. Le foulard les entravait inéluctablement, ils ne parvenaient à sauter au même moment – la force de leurs jambes semblant égale.

Ils durent donc recommencer une, deux, trois... quatre fois, et à chaque fois la honte d'Emrys, qui se sentait pitoyable à ainsi échouer, ainsi que la tension entre eux, menaçaient d'atteindre des sommets.

Il vit la main tendue. Il la repoussa sèchement du dos de la sienne. Il était possible de passer cela sans se tenir la main, il en était sûr, alors il n'était pas nécessaire de-

- On ne va pas y arriver, on doit le faire.

- J'ai dit non.

Ton sec. Nerveux.

- Alors on va tomber.

- Pas si j'enlève ce damné foulard.

- Tu auras quand même échoué.

Il se mordit la lèvre. Certes, il n'était pas sûr de vouloir rester auprès de Syndrell... Mais il détestait perdre. Il avait été élevé par un excellent percepteur, un excellent maître d'armes. Échouer ne faisait pas partie de son langage.

- D'accord, mais on se lâche tout de suite après.

Il détourna la tête, boudeur, et saisit à contrecœur la main tendue.

Ils sautèrent. En un élan.

Et réussirent.

S'agrippant aux cordes dès qu'il put échapper à son lien physique avec Nicolaï, il constata leur souplesse, soupira. Par Merwyn, cela ne l'aidait guère. Raides, elles auraient été plus simple à grimper.

Ils parvinrent cependant à passer le filet, désormais habitués à se coordonner. Concernant les branches, ils privilégièrent d'un commun accord les plus solides, effectuant de léger sauts. Leurs mains à nouveau liées, cette fois sans dispute préalable, permettaient une certaine synchronisation, et ils arrivèrent sur la cinquième plate-forme au grand soulagement d'Emrys.

Le tunnel fut témoin de quelques disputes liées à leur proximité physique, sans qu'il n'y ait davantage de problèmes C'est arrivés à la plate-forme suivante que le brun sentit les ennuis venir.

Une foutue corde de funambule.

- Vas-y, je te retiendrai si tu tombes.

Emrys n'avait aucune envie de marcher sur cette corde. Le pont de singe avait déjà été assez compliqué, il était sur les nerfs, épuisé... Il opina néanmoins, s'efforçant d'avoir l'air sûr de lui, et posa un premier pieds sur la corde. Se mordit la lèvre.

Second pied. Il sentit son centre de gravité basculer, battit des bras en réflexe, parvint à se maintenir. Une goutte de sueur roula sur sa tempe. Il n'allait pas passer cette épreuve. Il sentit la présence de Nicolaï juste derrière, se tendit – ce qui n'arrangea pas ses affaires.

Troisième pas. Il perdit pied. Sentit deux mains sur ses épaules pour le maintenir sur la corde.

- Ne me touche pas ! réagit-il immédiatement.

- Si je te lâche on tombe, tu peux faire un effort on est presque arrivés.

Réponse lapidaire. Il avait raison, et cela agaçait d'autant plus Emrys. Il essaya d'abord de se dégager, et, constatant que Nicolaï s'accrochait, frappa son bras sans ménagement – oubliant ainsi qu'il était sur une corde sur laquelle il ne pouvait tenir seul.

Il se sentit vaciller. L'autre était tombé – forcément, sous un coup auquel il ne s'attendait pas. Et cette fois, Emrys n'avait rien pour se raccrocher ; et il tomba à sa suite.

Chute brève, ce fut l'atterrissage le problème : tombé le premier, le suivant à cause du foulard, le brun ne se réceptionna non pas sur l'herbe, mais sur lui.

Il roula aussitôt sur le côté et se redressa vivement.

- Pourquoi tu agis comme ça ? On y était presque !

- C'est toi le problème ! répliqua-t-il aussitôt. Je t'ai dit de ne pas me toucher !

- Mais pourquoi ? C'est pour éviter qu'on tombe, tu préfères être touché par le sol que par moi ?

- Oui ! répondit violemment Emrys sans réfléchir.

- Qu'est-ce que je t'ai fait ?

La réaction de Nicolaï le laissa sans voix. Ce dernier lui tourna purement et simplement le dos et commença à pleurer. Figé, ne s'attendant pas à une telle réaction, il ne sut comment réagir. De la colère ? Oui. Des larmes ? Non. Les hommes qu'il avait fréquenté ne pleuraient pas. Lui-même n'avait pas pleuré depuis bien longtemps.

Son attitude en était d'autant plus incompréhensible.

- Rien... Tu ne m'as rien fait ?..

Il sentait légèrement coupable, à présent. Ses mains se joignirent, les doigts s'entremêlant pour se tordre d'angoisse. Comment devait-il réagir ? Et pourquoi lui agissait ainsi ?

- Ce n'était pas contre toi... C'est juste... Je n'aime pas qu'on me touche...

Il rougit et détourna la tête, s'enfonçant dans son manteau. Il n'aimait pas révéler ce détail. Ce n'était pas qu'en soit le contact le dérangeait, mais il en avait peur. Et paraître ainsi fragile devant un autre homme le répugnait – même si ledit homme venait de fondre en larmes.

- Désolé, je, j'aurais dû te demander, je, j'ai cru que tu ne voulais pas qu'un autre homme te touche et je trouvais que pour l’exercice c'était vraiment stupide.

Un autre homme ? Un instinct – sa finesse, aiguisée par ses leçons de politique – lui disait qu'il y avait quelque chose de plus complexe, mais il ne parvint à s'en saisir. La perplexité se peignit sur son visage.

- Un autre homme ?.. Non, n'importe qui m'aurait gêné.

Il se renfrogna à nouveau à la tirade qui suivit.

- Oui, je sais... J'ai également envie de réussir l'exercice.

Ou au moins d'en finir. Il était fatigué et la proximité physique qu'ils entretenaient lui déplaisait quoi qu'il en soit. Il s'assit sur l'herbe, gestes marqués par une élégance aristocratique. Ses jambes étaient tendues par leurs échecs d'avant, et par l'épreuve de la corde de funambule. Par la nervosité, aussi.

- Je peux faire un effort ?..

Affirmation aux allures de question. Il ne savait pas par quel bout prendre Nicolaï. Celui-ci était compliqué, différent des autres hommes qu'il avait pu côtoyer. Un vrai casse-tête. Le voilà qui souriait à nouveau, achevant d'épuiser Emrys avec son flot de questions. Il ne dit mot sur son changement d'humeur, las.

- Eh bien...

Il réfléchit, yeux fixés sur ses mains. Mains fines, blanches, et calleuses. Contrastées. Il les serra sans s'en apercevoir. Le problème avait surtout été qu'il l'avait vu comme un intrus, voire un danger. Cependant, son comportement atténuait un peu le côté trop masculin qu'il avait craint. Maintenant qu'il l'avait – un peu – mieux cerné, il se sentait moins mal à l'aise.

Un peu.

- Cela devrait aller avec toi, je pense...

Pincement de lèvres. Il rechignait à l'admettre, mais il fallait finir ce foutu exercice, et il était vrai que désormais, il devrait avoir moins de difficultés. Ses yeux obscurs suivirent Nicolaï se relevant. Cillèrent devant la main tendue et le clin d’œil.

Il en resta de marbre. Certes, il acceptait sa présence, mais cela ne signifiait pas pour autant qu'il souhaitait faire ami-ami avec lui ; surtout avec la crainte continuelle qui sinuait le long de son dos. Ilse leva, ignorant la main offerte

- Finissons-en, concéda-t-il en essayant de sourire pour atténuer le côté plus abrupt de sa phrase.

Le sourire franc qu'il reçut en réponse manqua de l'achever complètement.

- Cette fois ci ça sera la dernière !

Il hocha sobrement la tête comme toute réponse. Tout cet épisode avait été déstabilisant et éprouvant psychologiquement, et il allait lui falloir du temps en démêler les liens – un temps qu'il n'avait pas pour le moment.

Il leva des yeux obscurs vers le haut des arbres et soupira doucement.

* * *

La dernière épreuve ne leur posa pas plus de problèmes que cela – moins que le reste, finalement – bien qu'ils durent faire attention à rester proches l'un de l’autre durant la descente. Le parcours enfin fini, ils purent retourner auprès de Syndrell qui, espérait Emrys, n'avait pas trop désespéré devant le duo de cauchemar qu'ils avaient composé.

Le soleil au-dessus d'eux avait effectué un bon chemin, insensible à leurs efforts. Le jeune apprenti en eut envie de retirer son manteau, mais il préférait le garder devant d'autres personnes. Soulagé qu'ils en aient enfin fini, il n'en fit cependant pas part à Nicolaï, pressé d'enfin défaire le lien de tissu.

Prenant place devant la marchombre, il défit le foulard à sa ceinture et se sentit plus léger. Une ombre de sourire, mi-interrogateur, mi-inquiet, s’esquissa sur son visage.

- Nous avons terminé.

C'était dire l'évidence – elle n'avait sans doute rien manqué de leurs pitoyables échecs – mais il n'y avait rien de plus à ajouter pour le moment ; à ses yeux, du moins.

Si, peut-être une chose.

Il acceptait l'autre.



[ j'ai découvert qu'il n'y avait pas de subjonctif imparfait au verbe distraire et je suis déçu. Voilà. J'espère que tu ne l'es pas de nos réponses Very Happy ]
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MessageSujet: Re: Groupe Lékel - cours 1   Groupe Lékel - cours 1 Icon_minitimeSam 12 Oct 2019, 13:38

- Nous avons terminé.

La réponse rebondit comme un ricochet sur l’eau vive.

- Non.

Continue de rebondir, d’éclabousser, d’éclairer.

- Vous venez à peine de commencer !



*



Assise dans l’herbe, Syndrell ne manqua rien de l’exercice. Si elle se trouvait trop loin pour entendre les paroles échangées entre ses deux élèves, elle lisait en revanche dans leurs gestes, leur posture… et parfois sur leurs lèvres. Elle apprit énormément d’eux au cours de cette épreuve. Ils apprirent beaucoup l’un de l’autre, aussi, mais sans doute n’en avaient-ils pas encore conscience…

Parce qu’il fallait bien l’avouer, ce duo-là était disparate au possible. L’on ne pouvait guère faire plus différent que Nicolaï et Emrys. Un seul point commun brillait par leur désaccord : cette façon presque innée de repousser l’autre. Voilà pourquoi les voir évoluer alors qu’ils étaient reliés par le foulard était un véritable régal !

Tranquille, la marchombre ne compta pas leurs chutes. Elle sourit de leurs disputes, grimaça lorsque Nicolaï se réceptionna maladroitement sur le pont de singe, se mordit la lèvre quand Emrys rejeta l’aide de son compagnon, mais ne choisit jamais d’intervenir : il fallait que les garçons se débrouillent tout seul. De leur capacité à se sortir eux-mêmes de cette impasse reposait l’avenir du groupe Lékel.

Et puis.

Précédent d’une seconde à peine l’instant unique où le vent changea, Syndrell se redressa légèrement ; ses yeux dorés, fixés sur les deux hommes, flamboyèrent soudain comme si un rayon de soleil venait de les éclairer brusquement. D’une certaine manière, c’était le cas. Au moment précis où Emrys accepta enfin la main tendue de Nicolaï, ils apparurent l’un et l’autre sous un jour nouveau. Etonnement, incompréhension, espoir ténu, indécision, tout disparut en un éclair – et le temps d’une poignée de secondes seulement – pour laisser place à deux marchombres en devenir.

Syndrell se laissa aller en arrière, en appui sur ses mains, et laissa basculer sa tête, fermant les yeux dans un soupir serein.


- Eh ben voilà, murmura-t-elle, le cœur battant vite quand tout son être semblait détendu.

Elle se mit debout quand les garçons approchèrent. Ils avaient l’air épuisés. Apprendre la confiance, c’est plus fatiguant qu’il n’y paraît !


- Merci pour l’exercice ! Et merci à toi aussi Emrys !

Confiance. Après tout, ce concept peut très bien se passer de celui d’amitié.

- Nous avons terminé.
- Non.


Cela dit, est-ce que devenir frères d’armes, et accepter l’autre, ce n’est pas un bon début vers ce chemin-là ?

- Vous venez à peine de commencer !

Car ce nouveau lien, s’il était encore timide et aussi fragile qu’un fil de soie, était simplement le premier.



*


- Tu as un assez bon sens de l’équilibre, Nicolaï. Il t’a permis de compenser la gêne occasionnée par ta main entravée. Je vais te montrer comment te réceptionner moins douloureusement sur une corde.

Ils s’étaient installés non loin du camp d’entraînement ; Syndrell avait estimé qu’une pause était la bienvenue après cette première épreuve. Assis sous l’énorme masse d’un chêne, ils profitaient d’un repas léger mais énergétique. Pour les laisser libres de manger à leur faim, la marchombre avait disposé ledit repas sur le foulard, dans l’herbe, entre eux trois : il y avait des fruits mûrs et des fruits secs, un peu de pain et de fromage, et des biscuits qu’elle avait pris soin de subtiliser dans la cuisine de Mia.

- Emrys, poursuivit-elle en grignotant l’un d’eux, tu es posé et réfléchi. Seul, tu aurais pris Nicolaï te vitesse et n’aurais pas essuyé plus d’une chute.

Syndrell attrapa sa gourde d’eau fraîche et la fit passer, notant au passage, sans toutefois en faire le moindre cas, que cette transmission de l’un à l’autre se faisait de manière plus fluide qu’auparavant.

- A deux, vous avez douté, beaucoup. Vous doutez encore. Et vous êtes tombés si souvent que j’ai perdu le compte, mais… ce sont toutes ces chutes qui vous ont permis d’avancer considérablement. Doute et échec sont une redoutable force de vie. Mal perçue, mal utilisée, cette force peut vous réduire en miettes. Le marchombre qui arpente la Voie apprend à utiliser le doute et l’échec comme n’importe laquelle des forces qui s’entremêlent autour de nous.

Ce qui était extraordinaire avec Syndrell, c’était qu’elle pouvait aborder des sujets sérieux et transmettre son savoir tout en grignotant nonchalamment un gâteau. Rien cependant, et surtout pas cette apparence étrangement enfantine, ne pouvait empêcher ses mots de vibrer avec force et respect. Elle passa la langue sur ses lèvres avec gourmandise, lécha ses doigts, regarda Emrys, puis Nicolaï, inclina la tête :

- Doute et échecs sont une vraie et belle force. Servez-vous en pour rebondir, vous améliorer, rester positif. Veillez à ce qu’elle vous pousse en avant. Toujours.

Première leçon, premiers battements de cœur à l’unisson. Les garçons percevaient-ils la magie de cet instant ? Peut-être que oui, peut-être que non. Ce n’était pas le plus important, au fond. Mais Syndrell n’était pas près d’oublier ce moment incroyablement fort et bouleversant. Elle attrapa la gourde à son tour, savoura quelques gorgées d’eau, puis se leva et épousseta sa tunique.

- Bien ! On y retourne ?

Cette fois-ci, elle leur proposa de lui montrer ce qu’ils valaient au tir à l’arc. Dans le coffre destiné aux archers qui désiraient s’entraîner, elle trouva deux arcs qui pouvaient convenir, et un carquois empli de flèches qu’elle déposa face aux cibles.

- Vous savez tirer ? lança-t-elle joyeusement. Si oui, faites-vous plaisir, que j’évalue votre niveau. Si non, eh bien, je vais vous apprendre comment faire.

Tout en parlant, Syndrell avait saisi son arc. Elle avait énormément appris de son maître dans ce domaine, mais ne cessait d’évoluer, toujours prompte à redevenir une simple élève quand elle croisait un archer plus compétent qu’elle… Elle glissa son arme en travers de ses épaules et observa les garçons, attendant leur réponse – ou leur démonstration.



[Désolée pour cette réponse qui a tardé à venir, je croule sous le boulot en ce moment ! Emrys, ce qu'il y a de magique avec notre langue fort complexe, c'est qu'elle est pleine de surprises et que l'on n'a jamais fini de la découvrir Wink Nicolaï, au début j'étais perplexe, mais force est de constater que cette écriture à quatre mains est géniale ! Je valide et j'en redemande Very Happy]
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Nicolaï Chéile
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MessageSujet: Re: Groupe Lékel - cours 1   Groupe Lékel - cours 1 Icon_minitimeMar 15 Oct 2019, 11:46

- Non.

La réactivité de la jeune femme ne cessait de le déconcerter, elle semblait avoir réponse à tout et le faisait avec une douceur et une rapidité incroyable. Comme une flèche, chacun de ces mots touchait une cible sans violence, sans mot inutile. Le poids des mots, était-il un talent marchombre ? Serait-il de parler avec tant d’aisance un jour ?

- Vous venez à peine de commencer !

Confiance, fut le mot qui se dessina dans l’esprit de Nicolaï, doucement sans qu’il ne sache que celui était un maître mot, il avait profondément confiance en Syndrell en cet instant et il se fit la promesse de ne jamais la perdre cette confiance mélangée de respect. Il n’avait pas encore ceci dit complètement confiance en Emrys, il semblait cacher quelque chose sans savoir quoi, enfin il avait lui aussi un secret, il ne pouvait donc pas le lui reprocher. Cet exercice cependant lui avait donné beaucoup de respect pour celui à qui il avait été attaché.

- Tu as un assez bon sens de l’équilibre, Nicolaï. Il t’a permis de compenser la gêne occasionnée par ta main entravée. Je vais te montrer comment te réceptionner moins douloureusement sur une corde.

Nicolai rougit d’abord de fierté, car personne ne l’avait jamais complimenté puis de honte, il s’était en effet très mal rattrapé, mais il avait été pris par la vitesse de l’action sans vraiment réfléchir, sont corps avait été comme tendu par l’adrénaline de ce moment.

Syndrell les avait guidés vers une pause, qui fut très apprécié par le jeune garçon, s’asseoir, étendre ces jambes, sentir le vent sur son visage sécher la sueur. Un festin se dressa devant lui, enfin ce qui était pour lui enfant des rues, un festin. Il avala sa salive, se demandant s’il avait réellement le droit de se servir, l’attitude de la marchombre lui montrait que oui, mais il était rare que les gens partagent leurs repas d’où il venait. Il tendit le bras attrapa rapidement un bout de pain et un morceau de fromage guettant la rection de ces deux compagnons avant d’avaler son repas.

- Emrys, poursuivit-elle en grignotant un fruit sec tu es posé et réfléchi. Seul, tu aurais pris Nicolaï de vitesse et n’aurais pas essuyé plus d’une chute.

Personne ne semblait lui prêter attention, même si la phrase de Syndrell lui laissa échapper un sourire, il doutait du fait qu’Emrys eu vraiment réussi la dernière étape sans lui ou alors assis sur la corde. Syndrell fit tourner sa gourde, quand il eut bu deux gorgés, il l’a tendu à Emrys avec un sourire qui se voulait complice.

- A deux, vous avez douté, beaucoup. Vous doutez encore. Et vous êtes tombés si souvent que j’ai perdu le compte, mais… ce sont toutes ces chutes qui vous ont permis d’avancer considérablement. Doute et échec sont une redoutable force de vie. Mal perçue, mal utilisée, cette force peut vous réduire en miettes. Le marchombre qui arpente la Voie apprend à utiliser le doute et l’échec comme n’importe laquelle des forces qui s’entremêlent autour de nous.

Ces paroles étaient du rare sagesse contrastait avec son comportement enfantin et sa nonchalance. Cependant, il ne comprenait pas, le doute le bloquait le faisait peur, l’empêchait d’avancer. Quand il doutait il se concentrait pour prendre une décision peu importe que celle-ci soit la meilleure du moment qu’il ne restait dans un arrêt, qui lui rongeait les entrailles. De plus, il avait encore plus peur de l’échec, son secret lui donnait l’impression qu’il devait toujours être deux à trois fois meilleurs que les autres pour valoir quelque chose, l’échec voulait dire que les autres risquait de l’abandonner et qu’il allait redevenir l’enfant perdu de l’orphelinat, l’enfant qui pleure dans la caravane après avoir été rejeté. Certes échouer à un exercice n’est pas grave mais, avoir la certitude de ne jamais pouvoir le réussir était glaçante.

- Doute et échecs sont une vraie et belle force. Servez-vous en pour rebondir, vous améliorer, rester positif. Veillez à ce qu’elle vous pousse en avant. Toujours.

L’angoisse repris forme dans son ventre, et si il n’était pas assez bon ? s’il ne pouvait pas rebondir ?

Restez positif hein ? Facile a dire quand on à réussi, enfin je ne puis savoir quels ont été les étapes de sa vie, elle à peut-être qu’elle aussi été négative sur elle même un jour.

Nicolaï était positif, sur les gens sur les situations, mais jamais sur lui-même ou sur ce qu’il pouvait accomplir. Le début de cette formation lui permettrait peut-être de prendre confiance en lui ? Il en doutait sincèrement cependant cet univers l’attirait et il ne pouvait qu’essayer après tout
Peut-être que dans plusieurs années, il regarderait cette scène en se disant qu’il avait beaucoup plus accompli, qu’il n’était plus seul, qu’il n’était plus un oisillon craintif tomber du nid.


- Bien ! On y retourne ?

Il fallait bien continuer, Nicolaï avala sa dernière bouchée de fromage, avancer en espérant ne pas tomber, au moins ne pas tomber de trop haut.

- Vous savez tirer ? lança-t-elle joyeusement. Si oui, faites-vous plaisir, que j’évalue votre niveau. Si non, eh bien, je vais vous apprendre comment faire.[/b]

Nicolaï sera les dents, premier véritable obstacle, il avait toujours trouvé les arcs très beaux, très poétique en soit et avait parfois penser économiser pour en acheter un, mais devant le prix, devant la réflexion qu’un arc égal minimum dix repas, il avait vite abandonné. Ainsi Nicolaï ne savait pas tirer enfin, il connaissait les bases pour avoir vu plusieurs guerriers dans les caravanes, la posture il l’avait étudié de nombreuse fois, mais il n’avait jamais toucher un arc. Niveau combat, il savait se débrouiller rapidement avec des lames courtes et était assez doué au combat à mains nues à cause de nombreux combat de rue, mais sa technique de prédilection était la fuite ou mieux encore ne pas se faire repérer. Se battre n’attirait que des ennuis, en règle général. Il valait donc être honnête dans cette situation.

- Je ne sais pas tirer.   Répondit-il avec une légère pointe de honte dans la voix, il se doutait qu’Emrys savait le faire, il serait le cancre de la situation et malgré le fait qu’il n’avait pas forcément un esprit de compétition, il ne voulait que Syndrell pense moins de lui après cette déclaration.

[Très heureux que tu es appréciée!!]
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Emrys Til'Arian
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MessageSujet: Re: Groupe Lékel - cours 1   Groupe Lékel - cours 1 Icon_minitimeMer 16 Oct 2019, 14:19

Réponse qui fusa aussitôt. Le prit de court.

- Non.


Inspiration. Non ?

- Vous venez à peine de commencer !

Expiration.

Il ne savait quoi en penser.

* * *

Commencer. Commencer quoi ? La journée, dans la formation, à tisser un lien ?

Casse-tête et il se refusait de demander des précisions, alors il écouta. Attentif à ce que disait la marchombre, il picora plus qu’il ne mangea dans la nourriture déballée sous ses yeux. Un fruit ici, un biscuit, un morceau de pain. Il cessa vite de manger – quand l’habituelle sensation de nausée vint nouer sa gorge et son ventre.

Il aurait pourtant été bienvenu qu’il mangeât davantage mais son corps le lui refusait toujours, alors il abandonna une bataille perdue d’avance, frotta ses mains pour en nettoyer quelques miettes et se renfonça dans son manteau, regardant les alentours pour ne pas croiser de regard, s’efforçant d’avoir l’air serein.

- Emrys, tu es posé et réfléchi. Seul, tu aurais pris Nicolaï te vitesse et n’aurais pas essuyé plus d’une chute.

Ses yeux cillèrent, revinrent vers elle. Autant il était d’accord sur le fait que Nicolaï avait un bon équilibre, autant, seul, il se serait mal vu passer sans problèmes certaines des épreuves. Surtout la corde de funambule. Néanmoins, il ne pipa mot, se contentant d’un bref hochement de tête pour signifier qu’il avait entendu.

La suite le laissa bien plus perplexe.

- A deux, vous avez douté, beaucoup. Vous doutez encore. Et vous êtes tombés si souvent que j’ai perdu le compte, mais… ce sont toutes ces chutes qui vous ont permis d’avancer considérablement. Doute et échec sont une redoutable force de vie. Mal perçue, mal utilisée, cette force peut vous réduire en miettes. Le marchombre qui arpente la Voie apprend à utiliser le doute et l’échec comme n’importe laquelle des forces qui s’entremêlent autour de nous.

Doute et échec. Il connaissait bien le premier, et le détestait autant que le second.

Lui, aristocrate formé à la politique, à lire entre les lignes, à l’esprit aiguisé par des heures et des heures de leçons qui l’avaient souvent laissé avec une incroyable envie de dormir et la tête prête à exploser, ne comprenait pas un traître mot.

Il ne comprenait tout simplement pas.

Le doute le noyait depuis que son image avait changé devant le miroir, sans qu’il ne reçoive aucun soutien, et l’avait poursuivi dans ses échecs répétés à se trouver une place et sortir la tête de l’eau. A ses yeux, les échecs n’étaient que preuve d’incompétence, et le doute, un obstacle infranchissable.

- Doute et échecs sont une vraie et belle force. Servez-vous en pour rebondir, vous améliorer, rester positif. Veillez à ce qu’elle vous pousse en avant. Toujours.

Il croisa son regard, détourna le sien. Il savait que ce qu’elle disait avait une grande importance mais il ne parvenait à en saisir le sens, et c’en était frustrant.

Le doute le noyait.

Les échecs l’enfonçaient.

Et l’incapacité de comprendre ce que voulait dire Syndrell n’en était qu’un de plus.

- Bien ! On y retourne ?

Il se leva sans répondre, se contentant d’un hochement de tête. Il avait le sentiment d’avoir le cœur plombé encore davantage.

L’exercice qu’elle leur proposait, cependant, l’avantageait peut-être légèrement par rapport à Nicolaï – qu’il avait par ailleurs complètement oublié, profondément perdu dans ses réflexions.

Pas peut-être, finalement.

- Je ne sais pas tirer.

Coup d’œil incisif. Emrys observa l'autre apprenti avec davantage d'attention, et d'acuité. Un gamin qui avait de l'équilibre, mais qui ne savait tirer. Pas de formation en armes alors, puisque selon son ancien maître d'armes, l'arc revenait souvent dans les cours donnés aux futurs guerriers. On pouvait lui exclure une famille d'origine mercenaire, guerrière, ou qui avait les moyens de payer des leçons de maîtrise d'armes.

Clignement d'yeux avant de s'enfoncer plus profondément dans ses réflexions. Que lui importait qui était Nicolaï ? Que lui importait d'où il venait ? Il avait de l'équilibre et ne savait tirer, voilà tout. Inutile de réfléchir comme un politicien cherchant à soupeser un potentiel allié, ou adversaire.

Il lui tourna alors le dos, se saisit d’un des arcs et testa la force de la corde.

Bien que préférant ses lames courbes, il avait été entraîné à l’arc, plus jeune, comme à d'autres armes, et s’il avait perdu en habitude, les quelques temps comme mercenaire l’avaient replongé dans le bain. Il savait tirer, d’une façon qu’il jugeait pour sa part correcte. D’aucuns tiraient mieux, d’autres tiraient moins bien.

Encochant une flèche, il pivota sur le côté, tendit la corde à la hauteur de ses yeux. Il n’avait jamais d’arc avec lui, se contentant d’emprunter celui d’un autre mercenaire quand cela était nécessaire – comme, par exemple, quand on lui léguait le rôle d’éclaireur. Il n’avait donc pas pratiqué assidûment, d’autant plus qu’il ne s’était mêlé que rarement aux compétitions des guerriers, lorsque, le soir tombé, les caravaniers qu’ils gardaient se restauraient avant de dormir.

Il allait falloir s’y remettre.

Il tira une première flèche, une seconde, encore une ; le temps de se réhabituer au poids de l’arc, de reprendre ses réflexes.

Quand il baissa l’arme, la plupart de ses tirs avaient fait mouche ; pas assez pour le satisfaire, suffisamment pour montrer que, oui, il avait déjà tiré.
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MessageSujet: Re: Groupe Lékel - cours 1   Groupe Lékel - cours 1 Icon_minitimeSam 19 Oct 2019, 07:24

L’aveu de Nicolaï, mâtiné d’embarras, fut accueilli par un clin d’œil doré : il ne savait pas tirer ? Tant mieux, cela voulait dire qu’elle allait pouvoir servir à quelque chose ! Le jeune homme comprendrait-il un jour à quel point l’on est riche de pouvoir tout apprendre ? Avant de lui donner sa première leçon de tir, elle posa le doigt sur ses lèvres et lui fit comprendre de garder le silence un instant, puis elle observa la démonstration d’Emrys.

Lui n’était pas un débutant. Il prit le temps d’évaluer l’arc qu’elle lui avait trouvé et sélectionna soigneusement une flèche avant de prendre position. Lorsqu’il tira, le regard flamboyant de Syndrell demeura fixé sur lui. Plus le temps passait et plus elle devinait que sous cette impassibilité digne d’une statue se cachaient bien des tourments. A nouveau, elle se demanda ce qu’il avait traversé pour se replier ainsi sur lui-même… avant de secouer la tête. Mauvaise question ! Mieux valait s’interroger sur la manière de l’aider à s’ouvrir, ne serait-ce qu’un petit peu, au monde qui l’entourait.

Il tira une nouvelle fois. Son grand manteau lui donnait une allure folle en dépit de sa silhouette menue, presque dégingandée, et de ses efforts pour se fondre dans le décor. Cet homme avait appris à vivre dans l’oubli. Jamais encore Syndrell n’avait rencontré d’élève comme lui. C’était pour elle un sacré défi que d’enseigner à ces deux-là – car Nicolaï aussi était une énigme. Laissant Emrys se débrouiller seul pour le moment, elle se tourna vers le jeune homme qui ne parvenait pas totalement à dissimuler son trouble.


- Approche, lui dit-elle tout en ôtant son arc de ses épaules. Tirer à l’arc est un art : cela suppose de trouver l’équilibre entre l’expression d’une nécessité et d’une passion. En d’autres termes, tu peux tirer mille flèches pour apprendre, mais chacune d’elles sera unique et te permettra de comprendre un élément qui t’échappait jusqu’alors.

Elle se plaça face à une cible, de profil, et prit soin de détailler ses mouvements pour que Nicolaï ait le loisir de les mémoriser.

- Jambes écartées, le bassin dans l’alignement des épaules, la tête et le regard tournés vers l’endroit où tu veux diriger ta flèche ; l’arc dans la main gauche, la droite qui pince la corde et la tire jusqu’à dépasser le niveau de ta joue. Pour l’instant, tu vas te contenter d’exécuter ces mouvements : le placement, la posture, l’alignement, la saisie et la préparation au tir. Sans flèche, donc.

La marchombre s’écarta pour laisser la place à Nicolaï. Quand il se mit en devoir d’imiter ses gestes, elle intervint, ajustant un bras ou une jambe avec douceur. Du bout des doigts, elle exerça une pression infime sur les hanches du jeune homme pour corriger la position de son bassin – la plus complexe à trouver. Ensuite, elle accompagna le mouvement de ses bras au moment de bander l’arc.

- La force est dans tes coudes, expliqua-t-elle en redressant le bras qui pinçait la corde. Ils vont te faire mal au début mais la douleur disparaîtra au bout de quelques jours d’entraînement. Voilà, c’est ça ! Porte ton regard sur la cible. Ta flèche ira où tes yeux se poseront… Continue, Nicolaï. Refais cet enchaînement sans aller trop vite pour bien l’intégrer.

Après s’être assurée qu’il pouvait se débrouiller sans elle, Syndrell s’approcha d’Emrys. Elle fit en sorte qu’il la voit arriver ; un réflexe qu’elle avait quand Darwen était sous sa forme de loup et qui, quand elle réalisa son geste, l’intrigua : fallait-il voir ce garçon comme un esprit sauvage, farouche et indomptable, ou bien comme le roc têtu que le vent ne parvient pas à faire bouger d’un poil ?

- Jolis tirs, dit-elle en s’arrêtant près de lui. Précis et soignés, mais peut-être un peu trop… policés. Quand tu décoches ta flèche, une fois-celle-ci séparée de tes doigts, tu estimes que ton travail est achevé, n’est-ce pas ? Pourtant, elle est encore reliée à toi.

Elle tendit la main, mais ne toucha pas Emrys – elle avait compris que pour l’instant, le contact était un concept qui générait en lui une forme d’inquiétude et d’agitation. Chaque chose en son temps. L’objectif était de lui montrer comment perfectionner un domaine dont il maîtrisait déjà bien les bases. De la pointe de son index, elle désigna sa poitrine, puis le sol sous ses pieds, puis son arc, puis la cible.

- Le cœur, le lieu, l’arc, la flèche, la cible. Cinq qui sont harmonie. Un but, un rituel, un geste, un tir, un aboutissement : pas seulement un archer, mais un marchombre.

Depuis le début, Emrys avait l’air de ne pas trop savoir à quoi s’en tenir avec ce qu’elle disait. Un sourire dansa fugacement sur les lèvres de la jeune femme lorsqu’elle se rappela combien les paroles sibyllines de Miss avaient pu semer le trouble en elle… Tout comme l’apprentie qu’elle était à l’époque, Emrys avait sans doute besoin de voir une chose pour la comprendre.
Et la croire.


- Tant que la flèche ne s’est pas plantée dans sa cible, elle est toujours liée à toi. Et même une fois immobile, tout peut arriver encore : tu dois rester aux abois.

Syndrell attrapa une flèche dans le carquois posé aux pieds du jeune homme. Elle tira. Gestes rapides et fluides, sans fioriture aucune, mais ce qui attirait le regard, ce n’était pas la flèche qui vrombissait encore, solidement plantée dans la cible : c’était elle. Toujours en position, le bras replié contre sa joue, les doigts tendus, les yeux fichés, eux aussi, dans la cible. Immobile et… puissante. Plusieurs secondes s’envolèrent ainsi avant qu’elle baisse lentement son arme.

- Accompagne ta flèche jusqu’au bout.

Elle lui proposa d’essayer à nouveau, corrigea les petits défauts de sa position d’une voix douce, le regarda tirer, secoua la tête : pas encore.

Mais presque.


- Ferme les yeux, demanda-t-elle alors.

S’il s’était agit de Narek ou de Darwen, elle aurait pu les lui bander avec son foulard – mais Emrys avait besoin de savoir qu’il pouvait ouvrir ses yeux à n’importe quel moment. Qu’il n’était pas prisonnier mais libre. Libre d’essayer. Libre d’échouer. Libre d’apprendre.

Libre de se sentir libre !


- Peu importe que ta flèche trouve sa cible ou non, poursuivit-elle en s’approchant de lui. Essaie de tirer les yeux fermés. Imagine la flèche dans ton esprit. Suis-là, Emrys.

Elle ne le touchait pas, elle n’en avait nul besoin : près de lui, si discrète qu’il pouvait l’oublier et pourtant si présente que même les yeux fermés, il devait la deviner. A la fois lueur et pilier, douceur et fermeté, bienveillance et confiance, Syndrell était là. Pour lui. Elle observa les traits si délicats de son visage, la finesse de ses doigts sur le bois de l’arc, les mèches à la coupe irrégulière qui encadraient ses joues – fut sur le point, encore une fois, d’effleurer une découverte anodine, mais son attention tournée vers son apprenti, elle se ferma à tout le reste.


* Allez Emrys. Tire ! *
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Nicolaï Chéile
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MessageSujet: Re: Groupe Lékel - cours 1   Groupe Lékel - cours 1 Icon_minitimeMar 05 Nov 2019, 13:38

Le clin d’œil le déstabilisa, il s’attendait à la décevoir, mais elle avait plutôt l’air heureuse, de sa non-compétence, avant qu’il puisse lui faire part de ses interrogations son doigt rencontra ses lèvres, il se tourna vers son camarade.

Emrys tira, deux fois. Les flèches comme ses regards sur lui, touchèrent leurs cibles.
Il frémit, bien sûr qu’Emrys saurait tirer, il avait la posture, la même posture que les mercenaires dans les caravanes, ce même regard froid aussi. Les caravanes ? La route lui manquait déjà, ne dépendre de rien ni de personne, on ne peut pas échouer si on ne fait rien d’autre que de porter son regard sur le monde, il y aura toujours des choses à faire et à découvrir… Mais ici, il avait temps à apprendre, mais était-il vraiment au niveau ? Combien de temps pouvait-il rester apprenti marchombre ? S'il échouait au bout des trois ans avait-il la possibilité de lui donner plus d’année ? Ses années avait-elle autant de valeur que celle d’Emyrs, lui qui ne valait rien ?


- Approche, lui
dit-elle tout en ôtant son arc de ses épaules. Tirer à l’arc est un art : cela suppose de trouver l’équilibre entre l’expression d’une nécessité et d’une passion. En d’autres termes, tu peux tirer mille flèches pour apprendre, mais chacune d’elles sera unique et te permettra de comprendre un élément qui t’échappait jusqu’alors.

La présence de la jeune femme aux cheveux bleus le calma, un calme profond émanait d’elle, qui le calmait par sa seule présence, ses mouvements était beaucoup plus fluide que ce qu’il avait observé au part avant, il écouta ces directives en essayant de les suivre légèrement, de sentir son corps.

Chacun de ces petits détails ressemblait à une danse, extrêmement précise qui semblait demander un effort à chaque muscle de ses bras et de son torse.
Elle lui demanda de répéter les mouvements sans flèche.

- La force est dans tes coudes, expliqua-t-elle. Ils vont te faire mal au début, mais la douleur disparaîtra au bout de quelques jours d’entraînement. Voilà, c’est ça ! Porte ton regard sur la cible. Ta flèche ira où tes yeux se poseront… Continue, Nicolaï. Refais cet enchaînement sans aller trop vite pour bien l’intégrer.

Quand elle le laissa seule après plusieurs mouvements. Il prit une grande respiration, ferma les yeux, revient en position neutre. Il savait que ce n’était ce qu’elle lui avait demander, mais il avait besoin de faire le calme dans son esprit, de sentir le contact de l’arc et ses muscles bouillonnés. Il se concentra pour ressentir chaque endroit du haut de son corps et se mit à répéter. Lentement en sentant chaque mouvement, jusqu’a que la corde se tende, sentant l’équilibre de son bassin bouger, ses muscles se contracter. Une fois qu’il eu réussi à faire, ce qui lui semblait bien, l’enchaînement complet, il accéléra petit à petit en ouvrant légèrement les yeux. Fixant le centre de la cible. Toute sa concentration était posée sur le centre de la cible tout s’effaçait autour de lui, il avait la sensation qu’il ne restait que lui et l’arc, ou plutôt qu’il était l’arc…

Trouver l’équilibre entre l’expression d’une nécessité et d’une passion. Se répétait-il inlassablement.

Chaque flèche est unique ? Cela ressemblait plus à de la poésie qu’à une manière de se battre, il avait vu des guerriers tirer dans des bêtes, dans des gens, ce n’était pas poétique. Était-il nécessaire de se battre ? Une passion ? Il trouvait les arcs, les mouvements très beaux, mais leurs finalités étaient laides, il avait horreur de la puanteur des cadavres, la facilité d’ôter une vie. Cependant, il pouvait comprendre la nécessité, pour survivre et peut-être même pour vivre. Il referma les yeux, le portrait de l’homme qu’il avait aimé se dessina, une question l’habitas, lui qu’il avait tant aimé, était-il vivant ? Avait-il tué ? Devrait-il tuer pour finir cet apprentissage ? Était-il capable de tuer ?



[Désolé du temps que j'ai pris on à eu les contrôles d'avant les vacances à la fac et surtout j'ai eu une grosse panne d'inspiration bouuuh mais c'est reparti !!]
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Emrys Til'Arian
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MessageSujet: Re: Groupe Lékel - cours 1   Groupe Lékel - cours 1 Icon_minitimeSam 09 Nov 2019, 17:48

Il n'avait écouté que d'une oreille les conseils prodigués à Nicolaï, concentré sur ses gestes, mais alors que les flèches faisaient mouche, les mots le frôlaient. Toujours incompréhensibles. Cette femme ne s'exprimait-elle donc qu'en énigmes, comme tissant une toile dont le résultat nécessitait du recul pour être pleinement apprécié ?

Il caressa un instant l'idée que, comme lui, elle eut reçu une formation politique, avant de l'abandonner. Il s'agissait d'autre chose, bien qu'il ne parvenait à saisir quoi. Quelque chose qu'il aurait qualifié de plus sain, plus éthéré, et tangible à la fois, quand la politique se tournait vers du concret, des propos à demi-mots soigneusement policés, presque sinuant, mais indéniablement sournois.

Elle ne parlait pas comme ça.

Il en était à là de ses pensées quand elle s'approcha, ayant laissé l'autre apprenti. Ses yeux se braquèrent un instant, méfiants, dérivèrent une fois la réaction instinctive refoulée.

- Jolis tirs. Précis et soignés, mais peut-être un peu trop… policés. Quand tu décoches ta flèche, une fois-celle-ci séparée de tes doigts, tu estimes que ton travail est achevé, n’est-ce pas ? Pourtant, elle est encore reliée à toi.


Battement de paupières. Reliée à lui ? Il n'avait jamais entendu parler de cela. Son maître d'armes, en tout cas, ne l'avait jamais évoqué, pas plus que les mercenaires chevronnés qu'il avait côtoyé. Il supposa qu'il s'agissait d'un raisonnement propre aux marchombres – ce qui ne l'aidait guère à saisir pleinement ce qu'elle entendait par là.

Il coula un regard vers ses flèches encore plantées dans la cible, revint à elle pour continuer à l'écouter.

Fut soulagé qu'elle ne le touchât pas.

- Le cœur, le lieu, l’arc, la flèche, la cible. Cinq qui sont harmonie. Un but, un rituel, un geste, un tir, un aboutissement : pas seulement un archer, mais un marchombre.

Il avait donc vu juste.

Qu'il ait de l'espoir ou non dans le salut que pouvait lui promettre la voie marchombre ne changeait rien pour lui. Il avait pour habitude de travailler au mieux, pas uniquement pour satisfaire autrui, mais aussi du fait, qu'éternel aristocrate, il ne visait que le meilleur de lui-même.

Alors, abscons ou pas, il allait bien falloir qu'il finisse par comprendre ce qu'elle lui disait.

- Tant que la flèche ne s’est pas plantée dans sa cible, elle est toujours liée à toi. Et même une fois immobile, tout peut arriver encore : tu dois rester aux abois.

Restant silencieux, il l'observa attentivement prendre une flèche pour la tirer avec fluidité ; se surpris à continuer à la regarder, elle.

Quelque chose... Quelque chose se dégageait d'elle. Elle ne tirait pas comme les mercenaires. Elle ne tirait pas comme lui, son frère Andrea, ou leur maître d'armes ; ni même comme sa mère, les fois où elle sortait se dérouiller les muscles dans la cour avec quelques exercices. Lluvia Dil'Doren avait toujours tenu à garder son corps dans une forme superbe, et cela passait, pour elle, par continuer à savoir manier des armes.

Mais là...

Ce n'était pas une dissonance dans le tir. Plutôt le contraire, à vrai dire.

Une harmonie.

Le mot lui vint spontanément. Il sublimait les mouvements de la marchombre, affinait le tir, mais, surtout, émanait d'elle. Emrys se retrouva captivé – encore. Cette femme était-elle autre chose que lumière, vive et éclatante ? Ses quelques mots le tirèrent de ses pensées.

- Accompagne ta flèche jusqu’au bout.

Facile à dire... Cependant, il se saisit d'une nouvelle flèche, l'encocha, yeux fixés sur sa cible, mouvant son corps suivant ses corrections – reconnaissant, silencieusement, qu'elle ne le touchât pas.

Accompagner la flèche... Il se mordit la lèvre. Il avait le sentiment de se trouver face à une porte fermée avec une clé qu'il ne possédait pas. Mais qu'il devrait bien trouver, non ? Sinon elle ne perdrait pas son temps avec lui... Du moins, il le supposait ; l'espérait.

Nouvelle flèche. Nouvel échec. Il sentit la frustration poindre le bout de son nez, la refoula avec fermeté.

- Ferme les yeux.

Il cilla. Hésita brièvement. Et comme on se jette à l'eau, accorda sa confiance. Forçant ses muscles à se détendre, il baissa les paupières. Noir.

Noir, et sa lumière à côté de lui néanmoins.

- Peu importe que ta flèche trouve sa cible ou non. Essaie de tirer les yeux fermés. Imagine la flèche dans ton esprit. Suis-là, Emrys.

Suivre la flèche. Il en saisit une nouvelle, l'encocha. Se concentrant sur ses gestes. Privé du sens de la vue, il sentait avec plus de netteté le vent sur sa peau, la présence de Syndrell, l'odeur des essences d'arbres et de l'herbe ; ainsi que le poids de l'arc, le contact du corps de la flèche sur ses doigts.

Suivre la flèche.

Suivre la flèche.


Il se replia en lui-même, dans l'obscurité de ses pensées – avec, cette fois, cet éclat doré pour torche et transpercer les ténèbres et ne pas s'y perdre. Pour juste se recentrer sur lui, l'arc, la flèche, la cible. Sentir ses doigts, la tension dans ses bras, l'idée de la position de la cible, le vent qui pouvait dévier son tir.

Inspiration. Ses doigts se relâchèrent imperceptiblement, et la flèche fila.

Il rouvrit les yeux, cœur battant. Chercha le regard de Syndrell.

Une approbation.
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MessageSujet: Re: Groupe Lékel - cours 1   Groupe Lékel - cours 1 Icon_minitimeMer 13 Nov 2019, 19:22

La flèche manqua la cible de trente bons centimètres et termina sa course dans l’herbe. Pourtant, au contraire des autres qui avaient fait mouche, celle-ci était de loin la meilleure qu’Emrys avait tirée depuis le début de l’exercice. Nul besoin de le souligner avec des mots. Lorsque le jeune homme rouvrit les yeux et trouva le regard doré de Syndrell, la marchombre inclina très légèrement la tête.

Fière.




*



L’après-midi s’écoula étrangement, comme si les secondes, les minutes n’avaient pas réellement d’emprise sur le temps et s’allongeaient sensiblement ; pourtant, lorsque les premières ombres du soir chassèrent l’éclat de cette belle journée, Syndrell trouva que celle-ci était passée trop vite. Elle embrassa les lieux du regard : les cibles criblées de flèches, après deux heures intenses d’un entraînement émaillé de clins d’oeil malicieux et de conseils sibyllins ; le parcours, témoin d’un exercice qui avait posé les jalons d’une entente nouvelle et bien particulière ; les arbres dont les feuilles dansaient dans le murmure porté par la brise du soir.

Puis elle posa les yeux sur Nicolaï et Emrys. Amusée, elle nota leur fatigue, que chacun repoussait à sa manière ; après la leçon de tir à l’arc, ils avaient dû courir une heure dans le bois, suivant leur maître sur les sentiers sylvestres qui s’entremêlaient, puis ils s’étaient étirés, longtemps, puis ils avaient travaillé leurs muscles et leur souplesse, encore, et encore…


- Rangez-moi tout ça, lança-t-elle en désignant les flèches, les carquois, les arcs et les coffres ouverts. Ensuite, retrouvez-moi au pied de la tour sud de l’école. Le dernier arrivé est une face de Raï !

Reprenant sans s’en rendre compte le fameux tic de son propre mentor, Syndrell leur tira la langue, puis elle fila sans demander son reste, toujours autant ravie de se soustraire aux corvées depuis qu’elle-même y avait été contrainte, trois années durant. Ombre parmi les ombres, elle traversa le bois à petite foulée, comme si elle n’avait pas déjà couru dans l’après-midi avec les garçons. Lyke poussa un petit cri avant de frôler le sommet de son crâne.

- Tricheur ! s’exclama-t-elle en regardant l’épervier s’éloigner à tire d’ailes.

Elle accéléra l’allure, moins pour tenter de le rattraper que pour le plaisir de la vitesse, et franchit les portes de l’Académie alors que l’oiseau reprenait brusquement sa forme humaine. Syndrell s’arrêta près de lui et posa les mains sur ses genoux pour récupérer.


- Tu vieillis, lui fit remarquer Lyke, lui-même essoufflé.
- Parle pour toi !

Nu comme un ver, Lyke se redressa, déployant sa haute stature et la musculature qu’un entraînement intensif dessinait sous sa peau brunie par le soleil. Oui, songea Syndrell en remarquant le chaume qui assombrissait ses joues, il vieillit vraiment… Un bref instant, elle revit le petit garçon timide caché dans les jupes de sa mère, lors de leur première rencontre, dix ans plus tôt…

- Syn ? Tu as perdu tes élèves ?

Un grand sourire illumina le visage de la marchombre.

- Ils arrivent, affirma-t-elle.



*



Quand les garçons émergèrent de l’obscurité, se révélant dans un rayon de lune claire alors qu’elle avait deviné leur présence bien avant de les voir, Lyke avait filé. Adossée au mur épais de la tour, Syndrell les regarda approcher. En les attendant, elle avait sommairement tressé ses cheveux bleus en une natte unique qui laissait quelque mèches rebelles retomber devant son visage. A la faveur des torches que des apprentis étaient venus allumer quelques minutes plus tôt, ses grands yeux dorés brillaient tels ceux d’un chat.

- Les pierres qui forment cette tour sont assez espacées pour offrir des prises intéressantes. A mi-chemin, le toit du réfectoire vous permettra de faire une petite pause avant de poursuivre.

Elle se tut, percevant leurs interrogations, leurs hésitations, leurs doutes aussi, à travers leur posture ; mais ce qu’ils s’apprêtaient à vivre était une étape cruciale de cette journée, si non pas de leur formation.

- Progressez à votre rythme, ajouta-t-elle en décollant ses épaules du mur pour se déplacer. Je reste avec vous.

Elle ne les avait lâchés précédemment que pour mieux les retrouver ; là, il s’agissait d’un exercice qui allait mettre leurs talents à l’épreuve, car escalader cette tour n’était pas à la portée de n’importe qui. Sauf qu’Emrys et Nicolaï n’étaient pas n’importe qui.
Sinon pourquoi seraient-ils ici ?


- C’est parti, murmura Syndrell.
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MessageSujet: Re: Groupe Lékel - cours 1   Groupe Lékel - cours 1 Icon_minitimeLun 18 Nov 2019, 17:33

Il chassait toutes ses idées parasites dans ces mouvements, dans le long de ses bras, dans le bout de ses doigts, seul la cible comptait.

Respiration, bander l’arc
Expiration, tirer

Respiration, bander l’arc
Expiration, tirer

Respiration, bander l’arc
Expiration, tirer

Encore et encore et encore, rien ne l’arrêtait, les conseils de Syndrell ne le sortait pas de sa concentration, il venait l’accompagné, le remettre droit, inlassablement.

Il ne se rendit pas compte que le temps passait, comme si tout autour de lui c’était arrêté, c’était sûrement étrange mais il ne s’était jamais senti aussi bien mentalement et aussi mal physiquement, en effet la douleur au bout de deux heures environ commença à être insoutenable dans ses bras. Il avait si mal que sa vue se troubla. Il entendit la voix de Syndrell d’un endroit qui lui semblait très lointaine, elle les invitait à changer d’exercice pour courir dans la forêt.

Nicolaï posa l’arc, plus précisément il le lâcha, incapable de le tenir une seconde de plus. Ces jambes n’ayant pas vraiment bouger depuis deux heures, il commença par des petits pas en sa direction, avant de se rendre compte qu’elle avait déjà accéléré. Il tenta de la suivre au moins du regard dans le bois.

Il eu l’impression que cette excursion dura plus de 24 heures, il était assoiffé et à bout de souffle. Il ne s’était pas assez retenu, il avait essayé durant toute cette heure de la rattrapée, si bien qu’il s’était fatigué très rapidement. À l’arrivée, il se laissa tomber sur son postérieur une fraction de seconde. Pour être rappelé à la réalité, par l’exercice suivant des étirements.

Cet entraînement loin d’être simple cependant, lui avait tout de même de reprendre son souffle. De détendre chacun de ses muscles, de respirer…

Peut-être trop respirer, les pensées accaparantes, débordantes refirent surface. Il pouvait certes aujourd’hui apprécié ces instants mais ? Si son maître se lassait de lui ? Un maître pouvait-il abandonner un élève aurait-il le droit de poser la question, quel serait la réaction de celle-ci ? Peut-être cette question allait montrer sa plus grande peur et que celle-ci serait trop grande pour rester. Mais pourquoi voulait-il autant rester lui qui avait passé sa vie à fuir, non pas sa vie mais depuis, depuis qu’il avait compris ce qu’il était.

Il était passé à des exercices de souplesses et de fortifications des muscles. Il comprit assez rapidement qu’il était très en retard sur la musculature comparée à son camarade. Quel était sa vie à lui, qui semblait aussi voir plus craintif que lui et qui en même semblait doué partout. De quoi pouvait-ont avoir peur quand on est si fort ?

Aurais-je encore aussi peur si je deviens fort ? Fort comme elle ?


Il avait mal partout, mais surtout envie de disparaître, de se cacher, de s’éloigner. La journée allait se terminer peut-être que celle-ci marquerait la fin de son apprentissage. Non pas qu’il serait marchombre, mais qu’il ne serait pas finalement apprenti.

Si ça doit fonctionner, si ça doit vraiment fonctionner, ici cet univers. Il faut que je le dise, je ne peux pas continuer à avoir aussi peur.


Je ne suis pas sûr que je pourrais vraiment avoir une confiance en elle, si elle ne sait pas.



Quand le soleil fît apparaître ses tons orange, il était décidé à lui dire, à la fin de la journée. Mais en serait-il véritablement capable. Peut-être un signe du destin, le déciderait vraiment, quel signe ?


- Rangez-moi tout ça, lança-t-elle en désignant les flèches, les carquois, les arcs et les coffres ouverts. Ensuite, retrouvez-moi au pied de la tour sud de l’école. Le dernier arrivé est une face de Raï !


Le signe était peut-être là, il n’en avait pas grand-chose à faire d’être une tête de rail, mais il se promit à lui-même que s’il gagnait la course, il le dirait. Son secret.
Aucune flèche n’était techniquement à lui, cependant quand il eu rangé l’arc qu’il avait ramassé il commença à les ramasser en réfléchissant à une stratégie.
Son point fort sur la course était les sprints, pas l’endurance. Cependant s’il courait derrière son camarade, il se fatiguerait moins, il ne fallait pas le faire de trop loin où ça n’aurait aucun intérêt mais pas de trop prêt sinon il se ferait remarquer et Emrys risquait de ne pas apprécier.
Sa stratégie était tout de même simple rester derrière lui, pas de beaucoup puis sprinter au dernier moment.
Quand il ramassa la dernière flèche, Nicolaï appela Emrys en se plaçant vers la direction qu’avec pris Syndrell :

- On démarre en même temps ? lui-lança-t-il avec un grand sourire.

La course ne lui posa pas spécialement de soucis, il réussi à rester proche d’Emrys juste derrière lui durant la majorité de la course. Conservé suffisamment de force pour faire un sprint à la fin lui paraissait en revanche beaucoup plus ardu. Inspirer expirer, ne pas perdre de vue son objectif. Enfin il l’avait techniquement déjà perdu de vue, dans l’obscurité. Il voyait des formes plus sombres à l’horizon qu’il espérait être les tours sud de l’académie. Il n’avait pas du tout réfléchi au trajet, comptant sur Emrys pour trouver le chemin inconsciemment.

Quand il arrive à la lisière de la forêt un rayon de lune, illuminait Syndrell ces cheveux bleus étaient encore plus surréelle. Il accéléra, passa devant Emrys. Mettant tout ce qu’il pouvait de force, la totalité, toucher le mur forcer le destin et se dévoiler.

De très peu, il gagna. Il était premier, il tenait à peine sur ses jambes et il n’avait presque plus à respirer. Il sourit à la lune complice, à qui il adressa sa promesse.


Je vais lui dire, lui dire que j’aime les hommes et si elle me rejette alors je chercherais les réponses à mes questions sur le monde ailleurs – hurlait-il dans ses pensées la main tendue vers la lune. Il était tellement concentré sur l’astre blanc que la voix de la jeune fille aux longs cheveux bleus le fit sursauter.



- Les pierres qui forment cette tour sont assez espacées pour offrir des prises intéressantes. À mi-chemin, le toit du réfectoire vous permettra de faire une petite pause avant de poursuivre.


Il la regarda quelque chose était très félin dans sa posture qui semblait à la fois détendu et prêt à sauter à tout instant ou était-ce peut-être ces yeux qui lui rappelais cela ? Il ne sut dire
Cependant il comprit où elle voulait en venir, ils allaient devoir grimper. Il jeta un coup d'œil à Emrys. Lui en voulait-il d’avoir gagné ? Le cas étant c’était tout à fait légitime, il c’était servi de lui pour gagner, pour forcer le destin. Il regarda la tour, elle était haute, assez haute. Pas impossible à faire avec une pause au milieu, mais ardu. Emrys savait-il mieux grimper que marcher sur une corde ? Non il devait se concentrer sur lui, l’exercice ne lui aurait pas posé énormément de soucis s’il n’avait pas mis toutes son énergie dans la course.


- Progressez à votre rythme, ajouta-t-elle en décollant ses épaules du mur pour se déplacer. Je reste avec vous.

Il n’avait pas peur de tomber, uniquement d’échouer. Il devait gagner du tout, juste un peu regagner son souffle, même si cela n’était pas parfait, juste un peu.

- Qu’est ce qui se passera si on tombe ? On a le droit de recommencer ? Le questionna-t-elle


Trop concentré sur l’idée de gagner 30 secondes à l’arrêt pour réussir à respirer correctement, Nicolaï n'entendit par le murmure de Syndrell…
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Emrys Til'Arian
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MessageSujet: Re: Groupe Lékel - cours 1   Groupe Lékel - cours 1 Icon_minitimeMar 19 Nov 2019, 16:42

Lumière.

Éclat de fierté dont il se saisit pour se réchauffer ; juste un peu.

* * *

La fin de la journée le trouva harassé. Il n'avait pas le souvenir d'avoir eut à fournir autant d'énergie, même en temps que mercenaire. Après avoir tiré un nombre incalculable de flèches, tout en essayant de rester concentré sur le conseil sibyllin qu'elle lui avait donné auparavant, ils avaient couru dans la sylve. Un exercice en soit pas trop ardu – en temps qu'éclaireur, il avait déjà eu l'occasion de s'enfoncer dans la forêt – mais qui était bien plus long que ce à quoi il était habitué, même si son endurance l'avait aidé. Il avait noté les efforts du second apprenti pour essayer, sans succès, de rattraper Syndrell, mais n'avait pas relevé. Loin devant eux, elle n'était pas rattrapable.

Mais cela avait au moins le mérite de laisser un peu ses bras tranquilles.

Les étirements également, il les connaissait, pour les avoir pratiqués avec son maître d'arme, plus jeune, et il en savait l'efficacité tout comme la nécessité. Il était peu ou prou en terrain connu, donc. Mais le temps passant, les enchaînements également, il se sentait de plus en plus épuisé, son visage déjà creusé par sa nuit trop courte aux couleurs d'insomnies.

- Rangez-moi tout ça. Ensuite, retrouvez-moi au pied de la tour sud de l’école. Le dernier arrivé est une face de Raï !

Il grogna vaguement en réponse. Encore des exercices en prévision, probablement. Il était encore sceptique quant à s'il devait la suivre ou non. Certes, quelque chose l'attirait comme un papillon enchanté par une flamme vive, mais était-ce suffisant ? Être marchombre ne se résumait probablement pas à un entraînent exténuant. Il lui manquait quelque chose pour approfondir sa réflexion et, enfin, prendre sa décision.

Il leva les yeux sur Nicolaï – qui avait quitté le rôle de « l'Autre » –, songeur. Et lui, que cherchait-il ici ? Qu'est-ce qui l'avait mené jusqu'à cette Académie, à vouloir avancer sur cette voie étrange ?

Il se redressa, déliant ses muscles encore une fois. Il n'était ni assez proche de lui, ni assez à l'aise pour lui demander. Et, surtout, il ne voulait pas que la question lui soit posée en retour. Autant se taire. Il rangea donc dans le silence, aspirant à un peu de repos. Peut-être qu'il parviendrait à faire une nuit correcte, cette fois-ci... Peut-être. Parfois, même au seuil de l'épuisement, le sommeil le fuyait.

Bien que las, tous ces efforts l'avaient également vidé de ses pensées trop négatives. Si elles restaient dans l'ombre de son esprit à guetter une ouverture, elles l'affectaient moins. C'était déjà cela de pris.

Il finit de ranger avec un soupir discret. Face de Raï, vraiment ?

- On démarre en même temps ? l'interpella Nicolaï.

Bref hochement de tête. S'il voulait vraiment faire la course... Le concernant, Emrys n'avait que faire d'arriver avant ou après lui. S'il devait courir, alors il courrait. Voilà tout. Son entrain le laissait cependant un peu perplexe.

Il choisit de courir doucement pour conserver son énergie, et sentit Nicolaï derrière lui qui suivait ses pas. Il n'avait cependant pas l'air de faire dans l'endurance. Un nouveau soupir faillit lui échapper, mêlé à sa respiration un brin haletante, d'avoir eut à solliciter les muscles de son corps toute la journée, sans vraiment de repos. Qu'est-ce qu'il manigançait, l'autre ?

Il chassa la question de son esprit, se fondit dans la nuit. Il aimait la nuit, même lorsqu'elle était blanche. Il pouvait s'y fondre, bien que sa cape d'un rouge éclatant le révélait aux yeux attentifs. Cheveux et yeux noirs, il se fondait dans les ténèbres, décelable uniquement quand la lune jouait avec la pâleur de son teint.

Oui, il aimait la nuit, ainsi que s'y cacher. S'y faufiler et faire un avec elle. Ses yeux, fermés un bref instant, s'ouvrirent pour voir Syndrell au pied de la tour, éclairée par la lune et les flammes des torches. Inatteignable. C'était toujours l'impression qu'elle lui donnait.

Il eut sa réponse à la fin, quand l’autre apprenti sprinta d'un coup pour remporter la course. Mains sur les genoux, Emrys ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel. Il n'avait pas l'envie de se consacrer à ce genre de gamineries. Cela faisait longtemps qu'il n'était plus un enfant.

Il leva les yeux vers elle.

- Les pierres qui forment cette tour sont assez espacées pour offrir des prises intéressantes. A mi-chemin, le toit du réfectoire vous permettra de faire une petite pause avant de poursuivre.

Il fallait donc grimper une tour, cette fois ? Il n'était pas vraiment sûr d'y parvenir. Son corps entier était engourdi par les efforts fournis auparavant. Il la scruta lors de son dernier murmure. Que cherchait-elle à voir à travers eux ?

Battement de paupières. Il n'avait même pas prêté attention à la question de Nicolaï.

S'il devait grimper, alors il grimperait.

Ses mains se posèrent sur la tour. S'il avait eu l'habitude d'escalader quelques bâtiments pour prendre l'air loin des autres, il n'avait pas fait de l'escalade sa discipline favorite. La pierre sous ses doigts frottèrent contre les cals de ses phalanges.

S'il devait grimper...

Il cala son pied sur une pierre ; saisit le rebord d'une seconde de la main. Commença lentement son ascension. Il prendrait son temps ; il n'avait rien à perdre, après tout. Sauf, peut-être, s'il lâchait prise de trop haut, la vie, songea-t-il ironiquement.

Brève question.

Que signifiait rester avec nous ?
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MessageSujet: Re: Groupe Lékel - cours 1   Groupe Lékel - cours 1 Icon_minitimeSam 30 Nov 2019, 11:22

Ils grimpaient, ombres silencieuses accrochées à la roche qui migraient vers le ciel ; elles étaient sages, ces ombres, et pleines de questions : les réponses se trouvaient là-haut, dans le sourire malicieux de la lune. L’inquiétude de tomber et l’envie de réussir se conjuguaient en un mélange de détermination mâtinée de calme limpide. Grimper ou tomber…


*



- Miss, je…
- Tu… ?
- Je vais… je crois que je vais tomber.
- Au risque de te décevoir, jeune fille, non.
- … non ?
- Non. Tu ne tomberas pas puisque je suis là.




*



Les doigts crochetés dans une anfractuosité, en équilibre sur sa jambe gauche, Syndrell stoppa son ascension pour observer celle de ses deux compagnons. Elle ne détaillait pas seulement leurs visages à peine visibles dans la pénombre et crispés dans la concentration : elle lisait le tremblement de leurs muscles, le choix de leurs prises, la cadence de leur souffle. Cette tour n’avait rien de comparable avec celles qui s’élevaient à Al-Jeit, et chaque apprenti formé ici l’escaladait un jour ou un autre. Mais la marchombre veillait et, au moindre glissement de semelle contre la roche, au plus petit déraillement de la respiration, elle bondirait.



*



- Je ne sais pas si j’en suis capable, Zoanne.
- Capable de quoi ?
- Former un élève. Le guider sur la Voie. C’est… j’en ai envie, j’en ai besoin mais je n’ai aucune garantie que le moment venu, il saura m’accorder sa confiance.
- Eh bien n’attends pas qu’il te l’accorde, alors.
- C’est possible, ça ?
- Pourquoi ne le serait-ce pas ? C’est toi le maître, petite loutre. Tu te dois d’accorder ta confiance la première. Et c’est à ton élève, s’il le souhaite, de la recevoir. Confiance en toi, confiance en lui. Confiance en vous.
- Et… comment sait-on que ce lien de confiance est établi ?
- Certitude teintée d’absolu. Ça ne s’invente pas et ça ne se décrit pas !




*



Elle bondirait parce qu’elle en était capable.
Elle n’aurait pas à le faire parce qu’elle les croyait capables.
Confiance en elle, confiance en eux.

Syndrell, Nicolaï et Emrys grimpaient. Ils grimpaient, ombres silencieuses accrochées à la roche qui migraient vers le ciel ; elles étaient sages, ces ombres, et pleines de questions : les réponses se trouvaient là-haut, dans le sourire malicieux de la lune. L’inquiétude de tomber et l’envie de réussir se conjuguaient en un mélange de détermination mâtinée de calme limpide. Grimper, ou…




*



- J’aime la nuit.

Assis au sommet de la tour, les fesses sur le bord du toit, les pieds dans le vide, ils récupéraient tranquillement. Syndrell avait fait passer sa gourde d’eau fraîche et de la pâte de fruits. Les bras en arrière, paumes calées sur l’ardoise lisse et froide, elle suivait des yeux le dessin des étoiles et puisque c’était le moment opportun, elle en profitait pour ouvrir la boîte de ses secrets : elle allait en sortir un ou deux, mais pas plus. Juste assez pour accorder sa confiance à ces deux-là et leur montrer que, quelques soient les leurs, ils avaient le choix. Un secret, on en est maître jusqu’à ce qu’on décide de l’offrir à l’autre.

- Ce n’est pas un « truc » de marchombre – encore que, la nuit est son élément. J’ai toujours aimé la nuit parce que, quand j’étais petite, c’était un moment où l’on ne distinguait plus vraiment la couleur de mes cheveux. Je devenais « normale ».

Fille de la nuit, murmura le vent dans une brise mutine qui agita doucement ses cheveux dénoués.

- Et puis une nuit, je me suis retrouvée ici, aux côtés de mon maître. J’avais la tête pleine de questions et les muscles perclus de courbatures après une ascension au cours de laquelle j’avais cru mourir dix fois. Elle me parlait poésie et je me demandais ce que je faisais là.

Syndrell sourit. Les souvenirs affluaient, aussi frais et précis que s’ils avaient eu lieu la veille. Les yeux violets de Miss pétillants de malice, le croissant d’argent dans le ciel, témoin immuable, le murmure du vent qu’elle ne comprenait pas encore…

- Elle m’a demandé si j’avais une question. Je lui en ai posé vingt. Il m’a fallu trois ans pour obtenir certaines réponses, mais je les ai toutes obtenues le moment venu.

Elle ferma les yeux, une seconde, le temps de savourer l’écho du passé qui formait une bulle chaude dans son cœur, puis elle tourna la tête vers les garçons.

- Vous avez une question ?
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