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 [-16] I put a spell on you [Bastian]

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Tianwen Til'Loam
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MessageSujet: Re: [-16] I put a spell on you [Bastian]   [-16] I put a spell on you [Bastian] - Page 2 Icon_minitimeMar 11 Fév 2020, 12:13

Dès le moment où elle se risqua en pleine lumière, Tian revêtit son masque de froide et implacable tueuse. Rien à voir avec la jeune femme qui s'était révélée, confiée, là-haut dans la Tour Percée. C'en était d'ailleurs presque étonnant ! La Grand Place était comble, le marché battait son plein : l'Envoleuse le savait, elle n'avait pas le droit à l'erreur. D'autres vies que la sienne était potentiellement en jeu dans cette étrange et mystérieuse mission. Déjà, celle de Bastian pour la seule et unique raison qu'il avait choisi de l'aider, en éliminant cette menace qui pesait sur elle. Et puis, toutes celles de ceux qui la soutenait – ou qui la soutenaient, d'une façon ou d'une autre. Serena, Hessiam. Hoöna et Thilio aussi, même si pour l'instant, ils étaient en sécurité. La belle rouquine soupira imperceptiblement, mais son regard brilla d'une lueur plus déterminée que jamais.

Hochant doucement la tête, lorsque la voix de son compagnon retentit dans sa tête, la jeune femme ralentit légèrement l'allure de son pas. Elle n'aimait pas spécialement traînasser pour ne rien faire, comme toutes ces pimbêches-là, à discutailler et caqueter de sujets bien futiles. Le marché aux épices d'Al-Far avait une réputation qui dépassait largement les frontières de la ville : tous les marchands les plus riches de l'Empire s'y donnait rendez-vous chaque année. Tian pouvait aisément en comprendre la raison : le marché s'offrait aux visiteurs en une explosion de couleurs et de senteurs diverses et variées.

Le regard d'argent de Tian sondait chaque allée, chaque recoin, attentif à tous les détails. Cela n'empêchait toutefois pas ses pensées de vagabonder librement. La jolie rouquine songeait à ce baiser, encore imprimé sur ces lèvres. A leurs ébats, qui avaient duré toute la nuit. Aux paroles du Mentaï, qui résonnaient encore au plus profond d'elle-même. Oh oui ! Vivre dans le présent, considérer et prendre les choses comme elles venaient, une à une, cela lui convenait plutôt bien. Cette proposition était plutôt proche de son caractère et de sa manière d'être, finalement. Vivre dans le présent, c'était bien ça ! Sentant un léger mouvement sur sa gauche, Tian s'arrêta au milieu de la foule et ferma lentement les paupières. Elle apprécia l'adrénaline qui pulsait puissamment dans ses veines. Sachant que son amant veillait, elle se sentait encore plus forte.

Quand le chasseur de prime décida de passer à l'action, l'Envoleuse bougea si vite que cela dépassait littéralement l'entendement. Avec une facilité presque enfantine, elle s'effaça sur le côté, si bien que la lame étincelante du bandit ne l'effleura même pas. Elle profita de l'élan de ce dernier pour l'envoyer mordre la poussière. Il y eut un mouvement dans la foule et un vide se créa autour de Tian. Impitoyable, la belle rousse ne laissa pas le temps à son agresseur de se relever : elle lui balança un formidable et sa gorge offerte se brisa sous l'impact.

Lorsque Tian releva les yeux, elle la vit. De longs cheveux noirs – aussi sombres que son âme - qui cascadaient librement sur ses épaules. Un port altier et gracieux. Un regard d'un vert profond qui ne dégageait jamais que du mépris. Aucun doute possible, c'était bien elle ! Du fait d'avoir grandi à la cour, la jolie rouquine avait longtemps côtoyé cette femme. Si elle s'était liée d'une franche amitié avec le frère de celle-ci, en revanche elle avait toujours éprouvé pour elle qu'une vague indifférence. A vrai dire, elle ne l'avait jamais trouvé intéressante, cette fille – qui devait avoir un ou deux ans de plus qu'elle. Cependant, Tian n'était pas tellement étonnée de la trouver là, à cet instant précis, agissant dans l'ombre avec une organisation secrète de l'Ordre.

Les deux femmes se toisèrent.

« Circée Til'Tharamal » salua l'Envoleuse, d'un ton parfaitement neutre, dénué de tout sentiment, de toute surprise.
« Tianwen Til'Loam » répondit la femme, avec un rictus mauvais.

Ils étaient là. C'était maintenant que tout allait se jouer.

*

L'Envoleuse suivait la Dessinatrice sans un mot. Alors qu'elles s'enfonçaient dans les bas fonds de la cité, trois hommes se joignirent à elles. Tian les jaugea discrètement du coin de l’œil – leur façon de se tenir, de se mouvoir, d'effleurer leur arme un peu trop souvent (ils étaient inquiets, à juste titre). C'étaient sans doute des bons combattants, mais pas des Envoleurs. Le petit groupe entra dans une petit cour pavée, à l'abri des regards. Prête à réagir au moindre danger, tous les sens de la jeune femme étaient en éveil et ils étaient même décuplés par ceux du tigre. Bastian n'était pas très loin non plus, et elle le sentait quelque-fois effleurer sa conscience.

Tian haussa un sourcil circonspect lorsque Circée s'agenouilla au sol ; investissant l'Imagination, elle révéla une trappe. Poussant un léger soupir, la jolie rouquine ne put s'empêcher de se demander ce que toutes ces précautions pouvaient bien cacher. Son compagnon avait vu juste : les Huit Préceptes la voulaient vivante, mais pour quelles raisons, cela restait un mystère. Fronçant son petit nez bardé de tâches de rousseur, la jeune femme suivit son aîné pour s'engouffrer dans le souterrain. Ils marchèrent longtemps – du moins cela parut durer une éternité pour Tian. Seul le pouvoir de Circée leur offrait un peu de lumière, tandis que l'odeur qui régnait ici était littéralement nauséabonde. Soudain, ils s'arrêtèrent et trois autres hommes les rejoignirent, d'une démarche souple et tranquille. Ceux-là, ils étaient dangereux. Envoleurs probablement, teinta l'esprit de Tian.

Circée se glissa près d'elle, attrapa son bras. Et disparu avec Tian.
Il ne restait plus que, dans ces catacombes, six hommes et un Gommeur.

*

Quand les deux femmes se matérialisèrent enfin, Tian ne savait pas réellement où elle se trouvait. Al-Far ? Sans doute pas : il faisait bien trop chaud et bien trop sec pour qu'elle se trouve encore dans cette ville sinistre. Alors où ? Pour le moment, aucun moyen de le savoir. Tout ce dont elle était certaine, c'était que le triste spectacle qui se déroulait devant ses yeux ne présageait absolument rien de bon.
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Bastian Derue
Mentaï
Bastian Derue


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MessageSujet: Re: [-16] I put a spell on you [Bastian]   [-16] I put a spell on you [Bastian] - Page 2 Icon_minitimeMar 11 Fév 2020, 16:28

A plat ventre, Bastian remua légèrement pour armer la petite arbalète de métal qu’il avait emportée avec lui. La pointe de la flèche prête à filer suivait les gestes du chasseur de prime que, du haut de son perchoir, il avait identifié un peu avant Tian. Simple précaution qu’il n’eut toutefois pas à déployer, car la jeune femme se débarrassa de l’importun un claquement de doigts. Propre, efficace, violent. Ouch, compatit même le Mentaï en se calant mieux sur sa plaque d’ardoise. Soudain il plissa les yeux.

Sa compagne s’était arrêtée, au beau milieu de la grand place, pour échanger quelques mots avec une femme qu’il ne voyait que de dos, avec de longs cheveux noirs. Il aurait pu simplement s’agir d’une banale conversation de marché s’il n’avait pas distingué un… non, deux hommes aux abois, à quelques mètres d’elles. Tian emboîta le pas à la femme aux cheveux noirs : elles quittaient la place. Bastian aussi. Il recula, se redressa à demi sur la faîtière et se mit à les suivre, rapide et discret. Il ne les quittait pas du regard. Les seules fois où cela se produisait, il calculait auparavant leur trajectoire et les retrouvait toujours quelques secondes plus tard.

Très vite, le petit groupe s’éloigna du cœur de la ville pour gagner les quartiers sombres. Un troisième larron s’était adjoint à l’équipée. Ils se contentaient de suivre les deux femmes mais ils surveillaient les alentours et Bastian prit grand soin de demeurer hors de leur portée. De temps en temps, il exerçait une infime pression sur la conscience de Tian, que l’on pourrait comparer au frôlement de ses doigts sur sa peau. Il voulait qu’elle le sache avec elle, parce que c’était une chose de bâtir des plans sur la comète, et une autre de se jeter réellement dans la gueule du loup…

Lorsqu’ils pénétrèrent dans une petite cour au pavement abîmé par le temps et le manque d’entretien, Bastian se plaqua dos contre une colonne de cheminée et observa attentivement le petit groupe. L’inconnue aux cheveux noirs dessina pour ouvrir le passage qui s’enfonçait dans le sol. Quand celui-ci se referma, Bastian compta jusqu’à cent, puis il se laissa tomber souplement dans la cour et s’accroupit là où l’ouverture s’était matérialisée. La main sur le sol, il songea d’abord à investir les Spires à son tour, puis renonça : autant annoncer son arrivée avec trompettes et tambours ! S’il voulait continuer à suivre Tian il fallait se montrer prudent.

Ses yeux gris balayèrent les environs. Le mur du fond de la cour semblait donner sur une rue. A droite se tenait un genre de débarras et à gauche, une vieille masure qu’il estima vide, ou seulement investie par de pauvres hères en quête d’un abri contre le la morsure du froid. Il délaissa le débarras et choisit la masure, dont il ouvrit la porte voilée d’un bon coup de pied. La puanteur qui régnait à l’intérieur l’atteignit à la gorge. Une main sur le manche d’une de ses lames, il avança prudemment. Ses yeux s’habituèrent finalement à la faible luminosité permise par quelques interstices entre les volets délabrés, et il découvrit trois corps décharnés. Deux avaient rendu l'âme depuis une bonne semaine déjà – il avait assez joué les ramasse-morts dans son passé pour pouvoir l’affirmer à un jour près – mais le troisième remuait encore faiblement. La faim avait vidé ces trois-là puisque leurs os apparaissaient nettement sous une mince peau livide. Mais c’était surtout la Bulle de Joie, une drogue particulièrement dangereuse, qui avait rongé leur organisme jusqu’à n’en plus rien laisser. Des coquilles vides, voilà ce que Bastian avait sous les yeux.

Respirant de petites goulées d’air par la bouche sous sa coule pour ne pas avoir la nausée, Bastian poussa un peu les corps pour dégager ce qu’il avait deviné : une trappe dans le sol, probablement l’entrée d’une cave. Il s’y glissa et usa alors de tous ses sens pour avancer dans les ténèbres les plus épaisses. Il avançait doucement, une main sur le mur pour ne pas trébucher, et guettait ce qui ne tarda pas à se refléter sur le mince filet d’eau qui ruisselait sous ses bottes : la lueur de torches. Ce fut son repère et il s’en approcha sans bruit. Alors qu’il jetait un coup d’œil dans ce qui semblait être une cavité assez spacieuse pour accueillir une soixantaine de personnes, Bastian vit la femme aux cheveux noirs attraper Tian et disparaître.

Il vit aussi que trois autres hommes s’étaient mêlés au groupe. Deux envoleurs qu’il connaissait de vue, et à en juger par l’équipement et le gommeur du troisième, un Mentaï. Et zut, ça va être compliqué, réalisa Bastian, sans toutefois envisager la retraite. Il ne savait pas où Tian avait été emmenée, mais il savait désormais que la femme aux cheveux noirs faisait partie des Huit – tout comme les trois fils du Chaos qu’il avait sous les yeux – et que ces derniers voulaient effectivement la jeune métamorphe vivante. Ça lui laissait un peu de temps pour régler cette affaire. Nouveau coup d’œil : il nota la position du gommeur, celle des six hommes, et sortit son arbalète.

Son tir déclencha les hostilités en atteignant l’un des envoleurs entre les deux yeux. Bastian avait choisi de réduire le nombre d’adversaire de sa trempe pour avoir le temps de s’occuper plus efficacement des trois moins expérimentés, ce qu’il fit en profitant de l’effet de surprise pour jaillir dans la pièce et taillader méchamment l’homme le plus proche. Six moins deux, quatre : c’était déjà plus honnête, même si le Mentaï et l’envoleur passèrent aussitôt à l’action. Le combat fut violent. Chacun utilisait ses propres techniques, affûtées avec le temps et une formation solide, et lorsque deux autres hommes s’effondrèrent (le deuxième envoleur et l’un des trois premiers hommes qui avaient suivi Tian sur la place), Bastian recula en chancelant. Il saignait à la tempe, à l’épaule et au flanc. Cette dernière blessure était de loin la plus grave et l’empêchait désormais d’allier rapidité et audace dans ses attaques.

Nous t’attendions, Bastian Derue, s’insinua alors la voix sifflante du Mentaï dans l’esprit de Bastian.
Ah, répondit ce dernier tout en évaluant du regard ses chances de s’en tirer (elles étaient proches de zéro). Il fallait m’envoyer une invitation, j’ignorais qu’une petite fête était organisée ici…
Tu n’aurais jamais dû te mêler de nos affaires.
Quelles affaires ?


L’homme bougea si vite que Bastian, gêné par ses blessures, ne parvint pas à esquiver complètement : une formidable douleur éclata dans son bras déjà meurtri et il se retrouva soudain plaqué contre le mur, une lame le long de la gorge.

Dommage, tu avais de quoi nous intéresser.
Les
"Neuf" Préceptes, ça sonne quand même moins bien, ne put s’empêcher d’ironiser Bastian.

Ça allait mal, pourtant : des petits points noirs obscurcissaient son champ de vision tant le choc avait été rude, il ne sentait plus du tout son bras gauche, mais la morsure de l’acier, dans son cou, était plus que réelle. Curieusement, il pensa à Tian. Il aurait voulu faire mieux que ça pour elle. Et c’est alors qu’il vit, du coin de l’œil, le coup de lame qui trancha en deux le gommeur. Une porte ouverte. Un entrebâillement plutôt, et très mince, mais c’était plus que suffisant et il s’y engouffra aussitôt : sa main valide trouva le poignard dans sa botte et le planta dans le ventre du Mentaï. Dans le même temps il sentit le couteau glisser dangereusement sur sa gorge, mais avant qu’une blessure fatale l’empêche de poursuivre sa mission, Bastian parvint à bloquer le bras de son adversaire et à le repousser. Il donna un bon coup de pied, pile poil à l’endroit où son poignard était enfoncé, et sans attendre il se jeta dans l’Imagination.

Le bloc de béton qui jaillit du néant écrasa purement et simplement le Mentaï. Bastian se tourna vers son sauveur inespéré, un jeune homme aux longs cheveux blonds, et vit avec horreur celui-ci lever son arme.

- Non !!! cria-t-il, poussant sa voix qui griffa sa gorge déjà sensible.

Trop tard : le coup était porté et le dernier homme de main des Huit était tombé. Bastian tomba à genoux. A qui allait-il soutirer des informations désormais ? Tian avait disparu sans laisser de traces, tout le monde ici était mort, et il était là, ensanglanté et impuissant. Déjà l’inconnu aux longs cheveux blonds se tenait au-dessus de lui, sa lame pointée dans sa direction. Bastian avait de quoi le balayer comme un fétu de paille avec son Don. Il n’en fit rien, pourtant, et se contenta de lever un regard las vers l’homme qui s’était arrêté dans son élan. Cinq, dix, quinze secondes s’écoulèrent sans que l’un ou l’autre n’esquisse le moindre mouvement : ils se regardaient simplement. Lui avait de grands yeux d’un bleu qui virait à l’indigo, à moins que la lueur des torches ne donne cette illusion. Finalement, le jeune homme baissa son arme.

Pourquoi ? l’interrogea Bastian du regard.

- Les ennemis de mes ennemis sont mes amis, rétorqua l’autre en essuyant sa lame, puis en la rangeant dans le fourreau placé entre ses omoplates. Je suis Cyriel.

Bastian, répondit ce dernier en projetant sa voix dans l’esprit du garçon. Celui-ci tressaillit puis le dévisagea, les yeux ronds :

- C’est vous, ça ? Vous êtes Dessinateur ?

Sans répondre, Bastian se leva en s’aidant du mur, dans son dos, contre lequel il s’appuya le temps de reprendre son souffle et ses esprits. Tout le monde était mort, bon. Mais lui il vivait toujours et c’était l’essentiel : il ne renoncerait pas à retrouver Tian.

- Mince, vous êtes dans un bel état. Attendez, bougez pas.

Cyriel porta deux doigts à ses lèvres et siffla. Moins d’une minute plus tard, un renard arrivait. Les oreilles plaquées sur son crâne, il s’aplatit devant Bastian et montra les crocs. Celui-ci ne tiqua qu’un bref instant devant l’incongruité de la présence de cet animal sous terre : métamorphe !

- Calme, Amiel. C’est bon.

L’image du renard se brouilla alors, et quand Bastian cligna des yeux, il se retrouva face à… un deuxième Cyriel. Mais complètement nu et la mine belliqueuse.

- Tu fais confiance trop vite aux inconnus, cracha-t-il, un reste de sauvagerie animale dans les yeux.
- Sans doute. Il s’appelle Bastian mais je crois qu’il ne cause pas comme nous. Amiel est mon frère, expliqua Cyriel. Tu parles pas ?

Bastian observa un bref instant les jumeaux sans rien faire, puis il porta sa main valide à son oreille et tendit l’index qu’il balança de droite à gauche.

- Je vois. Habille-toi Amiel, et viens m’aider, tu veux ?


*


Ils étaient curieux mais efficaces, ces deux frangins sortis de nulle part. Des deux le plus avenant, Cyriel avait tiré de son sac de quoi désinfecter les plaies de Bastian. L’épaule était démise, et non cassée comme il l’avait craint. Aidé par Amiel, il remit l’articulation en place, puis s’occupa de la blessure à la tête – un mauvais coup sans gravité qu’il pansa rapidement. La hanche, c’était autre chose. Il fallait recoudre. Ce fut Bastian qui s’en chargea lui-même, sous les yeux admiratifs des jumeaux : il utilisa pour cela son propre stock de fil et d’aiguilles, puis posa ses points à la lumière d’une torche, concentré, sans paraître souffrir de la douleur occasionnée.

- Ben vous alors, vous n’êtes pas ordinaire…

Je peux en dire autant de vous deux, souligna la voix dans son esprit. Cyriel était incapable de lui répondre par la pensée, mais il s’appliquait à parler lentement pour que Bastian puisse lire sur ses lèvres et ainsi, le dialogue se fit.

Qu’est-ce que vous fabriquez ici ?
- On bosse pour le Réseau. On savait qu’un regroupement avait lieu ici, parce que ça fait des semaines qu’on observe cette fichue cour. Mais on n’avait pas prévu que d’autres s’en prendraient à notre cible…
Le Réseau ?
- Une organisation de défense des Métamorphes.

Amiel donna un coup de coude dans les côtes de son frère, mais celui-ci l’ignora et poursuivit :

- Et vous ?
Je travaille seul.
- Ah. C’était peut-être pas le bon jour pour ça…
Ma partenaire a été emmenée par l’une d’entre eux. Une femme aux longs cheveux noirs.
- La Sorcière ? C’est comme ça qu’on l’appelle par ici, expliqua Cyriel en achevant son dernier pansement. Parce qu’elle sait faire des trucs hallucinants. Un peu comme vous, en fait.
Une idée de l’endroit où elle peut se terrer ?

Le jeune homme se pinça le menton pour réfléchir, et Bastian en profita pour faire jouer les muscles de ses bras. Il avait mal partout mais c’était supportable. Il se leva et fit le tour de la pièce, fouillant les cadavres en quête d’indices. Un signe. Il avait juste besoin d’un signe. Cyriel lui en adressa un en agitant la main pour attirer son attention.

- Y’a bien un endroit mais c’est pas la porte à côté…
Dis toujours.
- Le Désert des Murmures. Y’a un village là-bas, Ezadrah : c’est là que tout a commencé. Le Réseau y tient une base depuis peu mais d’après ce qu’on dit, c’est aussi là-bas que se trouve l’ennemi.
Ezadrah ?
- Oui. Sous le village, en fait. Il y a tout un enchevêtrement de galeries. Beaucoup de métamorphes, alors réduits en esclavage, y ont perdu la vie.

Bastian croisa le regard d’Amiel et ce qu’il y lut lui fit froid dans le dos. Il soupira. Apparemment les métamorphes étaient la cible de plusieurs organisations, dont l’Ordre qui employait les Huit Préceptes. C’était donc ça, le secret douteux du Domaine. De Bô. Songeant à Tian, il serra les poings. Son expression devait avoir changé elle aussi, car un éclair de surprise, puis de compréhension traversa le regard d’Amiel.

Je connais ce village. J’y ai fait mes armes quand j’étais jeune.
- Ben dis donc, t’as quel âge pour dire un truc pareil ? s’étonna Cyriel.

Mais déjà Bastian réunissait ses affaires. Il récupéra son arbalète, puis croisa ses lames sur ses reins, dans leur fourreau, et remonta le col de son long manteau. Il fut toutefois incapable de partir sans remercier ces deux hommes quand qui il aurait sûrement perdu la vie.

Je vous revaudrai ça, jura-t-il en serrant la main de Cyriel. Si vous avez besoin de moi, laissez un mot à La Tanière, une auberge qui se trouve sous la cité.
- On ne se verra jamais à la lumière du jour, alors ? ironisa le blondinet.

Pas de réponse.

Bastian avait déjà disparu.


*


Accroupi à l’ombre d’un rocher, Bastian observait le village silencieux. Il réfléchissait. Le plan avait fonctionné dans la mesure où il était parvenu à tracer la piste de Tian et des Huit, et même à en éliminer trois s’il ne s’était pas trompé dans ses estimations, mais il y avait quand même quelque chose qui l’interpelait : sa présence n’était pas une surprise. On l’attendait. Est-ce que ça voulait dire qu’il étai déjà dans de sales draps avant même de s’être lancé au secours de Tian ? Possible. D’un revers du bras il essuya son front en sueur : la chaleur du désert était accablante.

Où était Tian ? De ce qu’il voyait, le village avait été le décor d’une bataille acharnée. Il n’en restait plus grand-chose, à part quelques tentes en ruines. Bastian se trouvait à l’emplacement d’un gisement de sel ; les contreforts de la mine existaient toujours et lui permettait de descendre. Sous le village, avait dit Cyriel. Bastian se détourna donc d’Ezadrah et s’engouffra dans le boyau principal. L’on y accédait par une échelle, puis il fallait ensuite traverser quelques ponts dont la plupart étaient hors service, sans doute à cause des affrontements qui avaient eu lieu ici ; serrant les dents pour supporter les vives protestations de son bras et de sa hanche, Bastian passa donc beaucoup de temps suspendu dans le vide, traversant des gouffres vertigineux avec l’éventualité désastreuse d’un écoulement de sable ou d’une chute de pierre à chaque instant.

Mais il n’en fut rien et bientôt, Bastian pu se tenir debout sur une coursive qui menait tout droit vers l’enchevêtrement de galeries dont Cyril avait parlé. Bastian avançait prudemment. De petites sphères lumineuses éclairaient sa route, mais il ne croisa personne. Cela ne l’empêcha pas d’être sur ses gardes. Comme il passait près d’un puits, il s’arrêta pour boire longuement et se passer de l’eau fraîche sur le visage. Puis il reprit sa route, jusqu’à débouler dans une vaste salle déserte. D’étranges meubles en bois y étaient entreposés. Il découvrit en s’approchant qu’il s’agissait de machines destinées à torturer longuement des hommes. Ou des femmes. Et ses yeux gris étincelèrent de colère.

Tian ! appela-t-il, se moquant bien du bruit qu’il pouvait faire si un esprit particulièrement affûté était aux aguets. Où es-tu ?


[Je n'arrive pas à m'arrêter, c'est dingue ! ordi]
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Tianwen Til'Loam
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Tianwen Til'Loam


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MessageSujet: Re: [-16] I put a spell on you [Bastian]   [-16] I put a spell on you [Bastian] - Page 2 Icon_minitimeMer 12 Fév 2020, 11:01

Tian émit un petit sifflement impressionné alors que se dévoilait sous ses yeux un paysage apocalyptique : elle pouvait tout de même reconnaître les ruines branlantes d'un village. L'endroit semblait désert et plus silencieux que la mort elle-même. Seul le vent, qui soulevait de petits nuages de sable chaud en s'engouffrant entre les rares bâtisses encore debout, lui répondit. S'arrêtant quelques secondes, Circée lui jeta un bref coup d’œil par dessus son épaule. L'Envoleuse lui rendit son regard, sans laisser paraître le moins du monde son inquiétude. Cette situation ne lui disait absolument rien qui vaille ; la belle rouquine, tout comme le puissant prédateur au fond de son ventre, se tenaient à l'affût du moindre danger. Prêts à réagir au plus vite s'il le fallait !

Sans un mot, la jeune femme emboîta le pas de la Dessinatrice et tandis qu'elles descendaient toutes les deux de leur promontoire, Tian ne put s'empêcher de se demander si Hessiam était au courant des sombres secrets de sa sœur. Non, bien sûr que non ! Ce n'était pas son genre de comploter dans l'ombre : son meilleur ami était plutôt quelqu'un qui avait un sens aigu de la justice et du devoir. C'était sans doute cette qualité qui l'avait promu au grade de général en chef de l'armée impériale. L'Envoleuse lui vouait une confiance infinie : si son ami était au courant, il aurait probablement rasé cet endroit de la carte et elle ne serait pas dans de telles emmerdes à l'heure qu'il était ! D'ailleurs, la belle rouquine songea que cela faisait un moment qu'elle n'avait pas senti la présence de Bastian. Elle jura intérieurement en comprenant ce que cela signifiait sans doute. Et merde !

Les deux femmes s'engouffrèrent dans un large boyau qui filait sous terre. Sans en avoir l'air, Tian analysait minutieusement tout son environnement. Mémorisait chaque passage, refaisait le chemin inverse régulièrement dans sa tête. Repérait chaque issue potentielle – entre sauter hasardeusement dans le vide ou entreprendre une escalade risquée, ses moyens de s'échapper n'étaient pas bien nombreux. Il allait falloir être maligne si elle voulait se sortir de ce pétrin.

*

Tian eut l'impression qu'elle n'allait jamais s'arrêter de marcher. Elle s'était sérieusement interrogée sur son sort lorsqu'elle traversée d'immenses salles meublées d'engins de torture de toutes sortes – rien que d'imaginer l'usage de ceux-ci, cela lui avait fichu des frissons. Les Huit Préceptes étaient quand même de sacrés tordus ! Au bout d'une bonne heure de marche, une immense place se dressait devant elle. Le centre était protégé par d'épais grillages de fer. Levant la tête l'Envoleuse nota les crânes, abîmés par le temps, qui étaient plantés à intervalles régulières tout en haut du grillage. Combien de malheureux avaient perdu la vie ici ? Tian préféra ne même pas y songer et secoua la tête vivement pour se retirer toutes les images qui lui venaient en tête. Beaucoup trop !

Fronçant son petit nez bardé de tâches de rousseurs, Tian s'arrêta au seuil de l'une des deux portes qui menait au centre de cette arène – oh oui, elle avait bien deviné ce dont il s'agissait. Elle ferma les yeux un instant. Non, ce n'était pas encore le moment de tenter quoi que ce soit : elle sentait qu'au-delà de Circée, elle n'était pas toute seule. Si elle essayait de s'évader maintenant, elle allait se faire transformer en passoire, c'était certain ! Une pression dans son dos la força soudain à avancer et à pénétrer dans ce lieu de mort. L'Envoleuse tiqua et fusilla la Dessinatrice du regard. Bien sûr, cette dernière s'en moquait royalement et affichait un petit rictus mauvais !

La porte se referma derrière les deux femmes. Les mains sur ses deux hanches, Tian toisa la Dessinatrice.

- « Bon, maintenant qu'on est arrivées, tu comptes me dire ce que tu me veux, face de Raï ? » gronda-t-elle sourdement, d'un ton qui n'avait presque rien d'humain.
- « Oh, à ce que constate la patience n'est toujours pas ton fort » soupira Circée, faussement agacée.

La femme ne prit toutefois même pas le temps de se retourner et continua de marcher jusqu'à l'opposé de l'arène, d'une démarche tranquille. Un peu trop sans doute. La jolie rouquine haussa un sourcil inquisiteur, avant d'émettre un petit claquement de langue.

« Si tu veux en découdre, je suis là ! Alors approche tes jolies petites fesses de là, qu'on en finisse ! » menaça l'Envoleuse, passablement énervée.
« Garde ton énergie, tu en auras besoin ! Tu vois, mon plan est tellement génial que ce soir, je deviendrai la nouvelle héritière du trône de Gwendalavir, pendant que toi, tu mourras sans que personne n'en sache jamais rien » expliqua-t-elle, en jubilant presque « Et ma première action aura été d'éradiquer deux monstres de ton espèce »

Tian fronça les sourcils, sans comprendre.
Avant que son cœur ne manque un battement. Littéralement.

Oh non ! La respiration bloquée dans sa poitrine, la jeune femme sait que sa plus grande crainte est sur le point de devenir réalité. Une lourde porte de bois s'ouvre, de l'autre côté de l'arène et, malgré l'appréhension, l'Envoleuse ne peut détourner le regard de ce jeune homme que deux hommes traînent jusqu'au centre, pour le projeter dans la poussière. Fulminant intérieurement, la belle rouquine ne peut que serrer les poings de colère. Et respirer lentement, par petites goulées, pour tenter de maîtriser les émotions du tigre qui se mêlaient aux siennes.

Ce n'est pas un homme qui se tient devant elle, c'est un garçon d'à peine treize ou quatorze ans – quinze peut-être. Le pauvre gamin a l'air complètement épuisé, affamé, terrifié. Serrant la mâchoire, Tian parvint, dans un effort presque surhumain à refouler la nausée qui s'empara d'elle. Mais ce qui sautait encore plus aux yeux c'était la ressemblance frappante du garçon avec la femme qui se dressait devant elle. Lorsque leurs regards se croisèrent, juste quelques secondes, une lumière illumina fugacement les yeux du gamin.

Sans prévenir, Circée attrapa l'adolescent par les cheveux pour découvrir sa gorge et matérialisant une aiguille, la lui planta dans la jugulaire. Tian voulut crier, mais aucun son ne fut capable de sortir de sa poitrine. Figée de stupeur, elle ne pouvait qu'assister, impuissante, aux grognements bestiaux qui émanaient du garçon. Ainsi, lui aussi avait hérité de cet étrange pouvoir. Depuis combien de temps était-il retenu prisonnier ici ? Secouant toute seule la tête, Tian brida ses émotions. Il fallait qu'elle se concentre sur cet instant, sur l'ours polaire massif qui venait de se dresser devant elle. Il était massif, plus puissant qu'aucun autre métamorphe. Réfléchissant à toute vitesse, l'Envoleuse essayait de savoir comment elle allait pouvoir de se tirer de ce mauvais pas quand elle se souvint de cette drogue. La Saka. Redoutable, mortelle, elle avait pour effet de décupler la force physique du sujet qui la prenait. A haute dose, elle devenait mortelle.

La tirant de ses pensées, un homme tenta de lui administrer, à elle aussi, une étrange substance. Le fou ne savait pas à qui il se frottait et la jeune femme réagit si vite que l'homme était mort bien avant d'avoir touché terre. Le cœur battant Tian voyait s'approcher le gigantesque ours blanc, l’œil fou et la gueule dégoulinante de bave – un des effets de la drogue.

Tian hésita. Juste un instant.
La seconde d'après sa silhouette se brouilla pour laisser place à celle d'un puissant tigre blanc.

*

L'ours blanc était assommé, bien amoché. Mais elle aussi : sans force, elle était tombée à genoux dans la poussière et cracha une gerbe de sang. Son homologue félin lui avait sauvé la vie dans ce combat. Elle jeta un coup d’œil à l'autre animal qui gisait inerte : il était encore sous l'effet de la drogue, mais Tian espérait que cela s'estompe et qu'il reprenne rapidement forme humaine. Sinon, elle ne donnait pas cher de sa peau ! L'Envoleuse se releva tant bien que mal : complètement nue au centre de l'arène – la violence du combat avait été telle qu'elle n'avait pas réussi à maîtriser complètement sa métamorphose – elle vit s'approcher la Dessinatrice complètement fulminante.

Effleurement.
Le regard d'argent de Tian brilla.

Bastian ! répondit-elle, t'en as mis du temps trouva-t-elle la force d'ironiser. L'arène ! Je suis dans une espèce d'arène, je crois que c'est l'endroit le plus profond de la mine...








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MessageSujet: Re: [-16] I put a spell on you [Bastian]   [-16] I put a spell on you [Bastian] - Page 2 Icon_minitimeJeu 13 Fév 2020, 15:18

La voix de Tian retentit sous son crâne. S’il ne ralentit pas l’allure, Bastian sentit un immense soulagement l’envahir : elle allait bien. Mieux, elle trouvait le moyen de faire dans la raillerie, ce qui lui tira un sourire alors qu’il courait dans le souterrain.

Que Sa Seigneurerie me pardonne, c’est qu’il a fallu réajuster les plans de voyage…

L’arène, avait-elle dit. Bastian était sidéré qu’une telle structure existe sous le Désert des Murmures. Son maître à penser avait-il eu connaissance de cet endroit lorsqu’ils avaient effectué une halte à Ezadrah, dix ans plus tôt ? Peu probable, mais pas impossible. S’il en jugeait par les multiples rebonds de cette histoire, bien des gens jouaient double jeu au Domaine. Sans parler de l’Ordre…

Le Mentaï se fiait à l’inclinaison du sol pour choisir sa direction, alors qu’une foule de boyaux s’entrecroisaient ; il suivait systématiquement le chemin qui descendait le plus. Il espérait que Tian ne s’était pas trompée, car c’était un véritable dédale duquel sortir pouvait bien prendre des jours entiers !

Soudain, la galerie qu’il suivait s’élargit et une lumière plus vive l’entoura. Il cessa de courir pour avancer de quelques pas encore, prudemment, et c’est ainsi qu’il déboucha sur ce qui constituait l’anneau supérieur de l’arène – le gradin le plus haut. Une vingtaine de mètres le séparait du sol. De forme ovale, l’arène était en fait une gigantesque cavité de roche qui s’enroulait sur elle-même, d’où les gradins qui formaient une spirale. Au centre, un épais grillage s’élevait, soutenu par des piques au bout desquelles des crânes étaient entreposés. C’était à se demander quels jeux pouvaient bien avoir lieu dans un tel endroit. Bastian, lui, ne réfléchit pas à cela. Il venait d’apercevoir Tian en bas, totalement désarmée face à la femme aux cheveux noirs, et il agit aussitôt, s’élançant dans les Spires à une vitesse folle.

Un souffle puissant s’éleva. Né de l’Imagination, il gonfla, rugit, devint tornade de sable et de poussière qui s’enroula comme un immense fourreau mouvant autour de Tian, la séparant de tous ceux qui se trouvaient encore dans l’arène. Le vent prodigieux tourbillonnait encore lorsque Bastian surgit tout à coup devant l’envoleuse.

Salut beauté. Je t’emmène faire un tour ?

Il lui saisit la main et l’entraîna à sa suite. Lorsque la tempête se dissipa, ils étaient déjà de l’autre côté du grillage. Bastian poussa sa compagne derrière une statue représentant un homme avec des ailes d’aigles dans le dos. Son regard tomba sur les meurtrissures qui marquaient sa peau nue et le gris tourterelle de ses yeux s'assombrit dangereusement. Il luttait ferme pour ne pas dessiner un pas sur le côté et l’emmener loin d’ici, mais s’ils prenaient autant de risques ce n’était pas pour tout réduire à néant en cédant à la facilité. Au lieu de quoi il ôta son manteau pour le jeter sur les épaules de la jeune femme, puis il déboucla sa ceinture pour la lui ceindre autour de la taille afin de resserrer et maintenir l’ensemble autour d’elle. Quand il observa le résultat, il sentit sa bouche s’assécher : le vêtement noir réhaussait le roux de ses cheveux et l’argent particulier de ses yeux, tout en soulignant ses formes et en ne cachant pas tout de sa nudité.

Eh bien, je pense que maintenant je peux mourir heureux, dit-il, regrettant sincèrement qu’ils ne se trouvent plus isolés dans la Tour Percée.

Le grillage remua soudain, malmené par le poids de l’animal qui se jetait dessus de toutes ses forces en faisant claquer sa mâchoire. Un ours polaire ! Bastian aurait bien laissé libre court à sa surprise si seulement son attention n’avait pas été attirée par les hommes vêtus de cuir qui arrivaient dans leur direction, le sabre au clair, en sautant par-dessus les gradins pour les atteindre plus rapidement. Bastian tira deux poignards des gaines de cuir fixées à ses cuisses et les glissa à la ceinture de Tian, effleurant ses lèvres au passage.

Tu t’occupes de l’ours en peluche et moi de la foule en délire ?

Le jaillissement puissant de l’animal l’avait pris de court mais il avait compris qu’il s’agissait d’une personne qui, comme Tian, partageait son apparence humaine avec celle de l’ours. Il restait la Dessinatrice, mais Bastian ne la voyait plus nulle part. Soit elle avait décampé pour se préserver, soit elle préparait quelque chose, mais puisqu’il y avait plus urgent, le Mentaï jaillit de derrière la statue afin d’accueillir leurs nouveaux amis. Vif, précis, il pivota, brisa les os d’un bras, remonta son coude pour exploser un nez et une mâchoire, pivota encore, ouvrit une artère, se baissa, déboîta un genou, se redressa, fit éclater le même genou, pivota encore… cinq, dix secondes tout au plus et déjà trois lascars gisaient à terre, morts ou presque. Un quatrième vola par-dessus le grillage et offrit une courte distraction à l’ours.

On aurait dit qu’il dansait. Il virevoltait dans les gradins, forme sombre, masse puissante mais insaisissable alors qu’il louvoyait entre ses adversaires. On aurait dit qu’il était tranquille, avec cette attitude à la fois frondeuse et sautillante, à la limite de l’insouciance. On aurait dit qu’il s’amusait, à cause du scintillement dans ses yeux gris. Et, qui sait ?

Peut-être était-ce le cas ?
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Tianwen Til'Loam
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MessageSujet: Re: [-16] I put a spell on you [Bastian]   [-16] I put a spell on you [Bastian] - Page 2 Icon_minitimeVen 14 Fév 2020, 10:11

Sa Seigneurerie ? Sérieusement ?

Mi-figue, mi-raisin, Tian esquissa un haussement de sourcil amusé, tandis qu'elle se redressait tant bien que mal sur ses pieds. Si ce fantasme lui plaisait tant, se surprit-elle à songer alors qu'elle s'appuyait de sa main droite sur son genoux, alors elle devrait peut-être finalement considérer la possibilité de s'asseoir sur le trône de Gwendalavir. Ne serait-ce que pour voir sa tête ! Soupirant imperceptiblement, la jeune femme secoua toute seule la tête afin d'effacer toutes les images les plus cocasses qui lui apparaissaient en cet instant. Ce n'était pas le moment de se déconcentrer !

Bastian choisit précisément ce moment pour faire une apparition particulièrement spectaculaire : une véritable tempête de sable se forma entre l'Envoleuse et la Dessinatrice. La belle rouquine crut apercevoir une lueur de surprise dans ce regard vert sombre. La jeune femme fronça légèrement les sourcils, mais elle n'eut pas le temps de s'interroger plus car son compagnon se dressa devant elle de toute sa hauteur, lui tirant un immense sourire et un soupir de soulagement tout à la fois. Elle n'hésita pas une seule seconde – l'urgence de la situation ne le lui permettait pas – et accepta cette main tendue. Dans un regain de volonté et d'énergie fabuleux, elle trouva la force de se relever complètement – et sans vaciller, oh miracle ! – pour s'élancer à la suite de son compagnon.

Oh ils ne s'attardèrent pas très longtemps derrière l'abri que leur offrait une imposante statue ailée – qui était étrangement semblable à celles qui ornaient la salle de réception de l'immense et richissime demeure des Til'Loam. Simplement le Mentaï parcourut-il d'une douceur extrême les ecchymoses qui commençaient  à fleurir sur sa peau de pêche. Le regard de Tian brilla, empli d'une émotion qu'elle était bien incapable de définir : autant d'attention, comme cela, c'était aussi agréable qu'étrange. La jeune femme frissonna même lorsque les doigts du beau brun effleurèrent sa joue meurtrie. Papillonnant légèrement des paupières, elle hocha le menton en réajustant le manteau de son compagnon sur ses épaules. C'était dix fois trop grand pour elle, bien évidemment, mais au moins elle n'était plus complètement nue – quoi que cela ne la dérangeait pas tellement en fait. Une fois la ceinture bouclée autour de sa taille, le vêtement s'ouvrait au niveau de sa poitrine en un décolleté vertigineux. Lorsque l'Envoleuse surprit le regard fiévreux de Bastian, elle eut malgré elle un petit sourire satisfait.

Leur tranquillité ne fut que de courte durée : des hommes armés jusqu'aux dents se dirigeaient vers eux avec la ferme intention d'en découdre, visiblement. La belle rouquine échangea un regard entendu avec son compagnon.

Ouais, enfin meurs pas quand même Joli Coeur, ça m'arrangerait ironisa-t-elle en l'embrassant fougueusement.

L'adrénaline pulsait dans ses veines, mais Tian souriait. Elle aimait cette sensation ténue qu'absolument rien ne pouvait lui résister. Ce sentiment d'être invincible ! L'éclat particulier dans son regard d'argent la faisait paraître dangereusement féroce. Non, elle était féroce ! Tandis qu'elle fonçait vers l'arène, elle analysait tout son environnement en réfléchissant à un vitesse hallucinante. Elle remarqua l'absence de Circée et cela ne lui dit rien qui vaille. Mais ce qu'elle nota plus rapidement encore ce furent les solides chaînes de métal suspendues au mur sur le flanc est de l'immense cage. Une idée un peu folle naquit dans ses pensées ! Et pourquoi pas ?! Cela avait bien fonctionné sur elle lorsqu'elle avait perdu le contrôle et que son homologue animal s'était déchaîné. C'était arrivé plusieurs fois, au tout début. Heureusement, Hoöna était pleines de ressources et pour avoir côtoyé d'autres métamorphes avait rapidement compris qu'elle n'avait d'autre choix que de l'enchaîner.

Sa décision était prise : Tian bifurqua dans sa course. Elle décrocha les chaînes du mur abîmé par le temps et les combats qui s'étaient déjà déroulés en ce lieu par le passé. Elles étaient lourdes, et traînaient un peu au sol tant elles étaient longues ; cependant, cela ne sembla pas gêner outre mesure l'Envoleuse qui ne ralentit pas son allure. Elle pénétra à nouveau dans la cage et laissa l'ours s'approcher d'un pas lourd et pesant. Menaçant même ! Désolée fiston, mais tu ne me laisse pas le choix, songea-t-elle fugacement, avant de feinter adroitement l'animal. Avec une efficacité redoutable, la belle guerrière fit tournoyer la lourde chaîne avant de la lancer avec force et précision vers l'animal. Le métal se resserra autour de la gorge de l'imposant animal. Tian répéta l'opération jusqu'à ce que l'animal se retrouve complètement prisonnier contre les barreaux de la cage. Il finirait bien par s'épuiser comme cela ; mais ce qui inquiétait davantage Tian c'était les effets de la drogues qui avait été administrée au garçon. Une dose trop importante pouvait se révéler mortelle, aussi même si la menace de l'ours déchaîné était pour le moment maîtrisée, elle devait rester attentive au moindre signe de défaillance de celui-ci.

Mouvement dans son dos.

Tian réagit avec une rapidité fulgurante et, dégainant l'une des lames jumelles de Bastian, para in extremis un coup destiné à la tuer. Circée ! Les deux femmes se dévisagèrent un instant. Sondant brièvement son environnement, l'Envoleuse compris que la Dessinatrice n'était pas revenue seule mais qu'elle avait amené du renfort : Bastian était aux prises avec une autre femme, qui paraissait au moins aussi douée que lui avec son Don. Vaguement inquiète, la belle rouquine jeta un regard par-dessus son épaule. L'ours polaire s'agitait toujours, mais moins : il fatiguait. La femme aux cheveux noirs choisit précisément ce moment pour se lancer dans l'Imagination et projeter une attaque sournoise vers l'ours affaibli. Attaque que Tian réussi à arrêter en plein vol dans un réflexe qui défiait les limites de l'humainement possible.

Les traits de la belle guerrière se durcirent, plus déterminée que jamais. Circée n'était pas une combattante : elle ne comptait que sur son Don – puissant, certes, mais pas sans limites. Aussi Tian s'interposa-t-elle sans peur entre l'ours et la femme, prête à défendre sa vie chèrement. Ainsi que celle du garçon. Elle espérait vraiment que Bastian s'en sortait, avec l'autre femme.

*

Dans un dernier sursaut de volonté pure, les lames jumelles de Tian trouvèrent leur cible. La première se planta dans l'abdomen de la Dessinatrice tandis que la seconde lui transperça le menton pour ressortir sur le haut de son crâne. Un cri de rage s'échappa malgré elle de sa poitrine au moment où elle s'effondrait, incapable de tenir debout. Elle avait rarement affronté adversaire aussi redoutable ; oh Circée n'était pas si forte que cela, mais elle sa sournoiserie et ses ruses la rendaient imprévisible. Littéralement. Ce qui était d'autant plus compliqué à gérer alors que Tian combattait à la fois pour sa vie et celle de l'ours, qui avait d'ailleurs repris forme humaine. La belle rouquine n'avait aucune idée de comment Bastian s'en sortait : c'était probablement l'une des raisons – sans compter la présence du gamin, qui gisait inconscient, toujours enchaîné contre les barreaux de la cage – qui l'empêchaient de sombrer dans l'inconscience.  

Tout son corps la lançait douloureusement. Horriblement. Mais elle avait au moins réussi une chose : elle était vivante – enfin, pour le moment – et elle avait réussi à protéger le gamin. Ce fils qu'elle avait abandonné des années auparavant aux portes d'une confrérie de Rêveurs. En plus de cela, les Huit Préceptes avaient pas mal perdu en effectifs et ne seraient plus une menace pour les métamorphes. Plus de sitôt en tout cas. Une voix sortit soudain Tian du brouillard de ses pensées.

- « Tian ! Tu m'entends ? »

Ce ton, ce timbre de voix lui était si familier. Mais qui ? Un visage soucieux se pencha au dessus d'elle. La jeune femme se fendit d'un sourire en reconnaissant le bougre.

- « Hessiam, tronche de cake ! Toujours à arriver après la bataille à ce que je constate ! » ironisa-t-elle, avant de demander « Comment as-tu su ? »
- « T'occupes, c'est mon job de tout savoir je te rappelle » plaisanta son ami « J'ai juste suivi les indices laissés par ma tordue de frangine » daigna-t-il quand même expliquer, avant de repousser une mèche de rebelle de son front « Bon sang, vous y êtes pas allées de main morte, Majesté »
- « Ah non hein ! Arrêtes tout de suite avec ces conneries ! Occupes-toi plutôt du gosse ! » grogna Tian en trouvant la force de repousser la main de son ami.

Hessiam opina et s'exécuta sans se le faire répéter deux fois. Une autre voix retentit, dans son esprit cette fois, mais la belle rouquine s'enfonçait déjà dans l'inconscience.  [/b]








[Encore une fois, j'ai bien failli ne pas m'arrêter  ]
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MessageSujet: Re: [-16] I put a spell on you [Bastian]   [-16] I put a spell on you [Bastian] - Page 2 Icon_minitimeLun 17 Fév 2020, 12:42

Bastian posa un genou à terre et baissa la tête. Ses adversaires mordirent à l’hameçon : croyant déceler une faille dans la toute puissance de ce guerrier vêtu de noir, ils fondirent sur lui, prêt à le mettre en pièce. Le Mentaï sourit. Levant les bras, il croisa ses wakisashi, parant un coup d’épée, puis il repoussa l’auteur de l’attaque et se fendit rapidement, dans une joie sauvage : un coup de poignet et les lames tranchèrent une gorge. Du sang éclaboussa Bastian sans qu’il s’arrête pour autant : il pivota pour laisser passer un coup de taille, brisa le bras trop audacieux, trancha à nouveau la chair. Ses gestes étaient trop rapides, sa volonté trop solide pour que ses ennemis puissent l’affronter.

Quelques-uns décidèrent alors de changer de tactique : Bastian les vit se détacher du groupe et se rapprocher de Tian, occupée à tenter de maîtriser l’ours blanc. Il fit volter ses lames pour se dégager de la mêlée et courut jusqu’à l’escalier des gradins. Montant les marches quatre à quatre, il attrapa un homme qui tentait de lui barrer le passage et le fit basculer ; le bougre rebondit sans parvenir à s’arrêter et heurta de plein fouet ses poursuivants, lui accordant quelques secondes dont il se servit pour creuser la distance entre eux. Un autre homme surgit, mais Bastian ne lui laissa pas le temps de dégainer son arme : il lui planta les siennes dans la poitrine, les retira aussitôt, rouges de sang, et poursuivit son ascension.

Lorsqu’il s’estima relativement tranquille, il se retourna vers l’arène et gagna les Spires. Une volée de flèches cribla les guerriers qui tentaient de prendre Tian à revers. Satisfait, Bastian était prêt à se débarrasser de ses propres adversaires de la même manière. Mais alors qu’il réalisait son dessin, il perçut une ondulation, toute proche, et n’eut que le temps d’ériger une barrière de protection qui se matérialisa sous la forme d’un écran orangé devant lui : la lance qui se planta dedans ne créa que quelques légères fissures au lieu de le transpercer violemment. Il tituba malgré tout sous le choc, puis chercha des yeux le Dessinateur qui s’en prenait à lui.

C’était une femme. Dressée de l’autre côté de l’arène, elle avait le regard fixé sur lui. Bastian releva le menton : il acceptait le défi. Ce n’était pas la femme aux cheveux noirs qui avait emmené Tian, mais il était déterminé à massacrer quiconque se trouvait dans ce sinistre endroit. Cela n’allait pas être simple, car tant qu’il se trouvait dans l’Imagination il ne pouvait pas se protéger des hommes en train de gravir les marches pour le rejoindre et le tuer. Le Mentaï réfléchit. Faire un pas sur le côté ? Certainement pas : il n’abandonnerait jamais Tian ici. Non, le seul moyen était de trouver une façon de gagner l’autre extrémité de l’arène pour lutter à armes égales avec son adversaire. Mais comment traverser ?

Nouvelle secousse : l’écran vibra, les fissures s’allongèrent. Deux autres lances venaient de rejoindre la première. Bastian serra les dents. Il n’était pas au meilleur de sa forme, après un rude combat dans le souterrain d’Al-Far, une sévère blessure et une autre bataille ; il sentait que son énergie s’amenuisait en même temps que ses forces. Il fallait qu’il se dépêche de trouver une solution, sans quoi il allait se retrouver en grande difficulté. Meurs pas quand même, Joli Cœur, avait dit Tian. Se décidant dans un sursaut, Bastian investit les Spires. Il s’y propulsa avec une telle ardeur que la Dessinatrice ne parvint pas à suivre son rythme : il en profita pour faire basculer son dessin dans la réalité. Sous ses yeux, l’énorme chaîne jaillit depuis la statue qui se trouvait sur sa gauche et vint s’enrouler de l’autre côté, autour d’un large pilier de pierre.

Bastian se hissa sur la statue et s’élança. Tendue au-dessus du vide, la chaîne offrait un appui solide qui lui permet de courir. Il ne pouvait toutefois pas se concentrer sur sa traversée et maintenir en même temps son écran ; pour éviter une première lance, il dut bondir. Seul un entraînement des plus exigeants et un sacré sens de l’équilibre lui permirent d’atterrir sur la chaîne et de continuer son dangereux périple. Plus haute, la deuxième lance ne lui laissa cependant pas d’autre choix que de se jeter dans le vide. Il se retint d’une main à la chaîne et baissa les yeux : il se trouvait juste au-dessus de l’ours polaire. Mieux valait pour lui qu’il ne chute pas !

Encore une lance. Pestant contre le manque de créativité de son ennemie, Bastian balança ses jambes et se hissa sur la chaîne, évitant le projectile. Il se remit à courir. Six mètres le séparaient encore de la balustrade quand la Dessinatrice eut enfin l’idée de s’attaquer à la chaîne elle-même : les maillons se dessoudèrent, entraînant Bastian dans leur chute. Ou pas. Le Mentaï prit appui sur le bord de la cage de l’arène et bondit. Il faucha la femme et lui brisa les cervicales avant même qu’ils soient tombés sur le sol. Eh bien, voilà. Le souffle court, Bastian se redressa. Il aurait bien eu besoin d’une pause, mais il savait depuis longtemps qu’au cours d’une bataille il n’était pas possible de s’écouter. Tu te reposeras quand tu seras mort, lui avait souvent répété Rage, son « maître à danser ».

Il essuya la sueur qui coulait dans ses yeux d’un revers du bras et se releva. Sa hanche le lançait douloureusement et il se doutait que le pansement de Cyriel n’avait pas tenu. Il compensa en modifiant ses appuis et s’approcha de la balustrade. En bas, Tian affrontait la Dessinatrice aux cheveux noirs. Il voulut lui apporter son aide, mais un carreau lui arriva dessus, si vite qu’il eut à peine le temps de pencher la tête pour éviter de se le prendre entre les deux yeux ; le projectile rebondit durement contre la colonne de pierre et tomba à ses pieds. En face, les hommes rechargèrent leurs arbalètes. Ils étaient une vingtaine et Bastian jura avant de se mettre à l’abri derrière la colonne. Accroupi, il se pencha pour jeter un coup d’œil. Une pluie de carreaux le dissuada de s’attarder davantage. Ils ricochaient sur la pierre et abîmait celle-ci, projetant de petits morceaux de grès.

Bastian réunit ce qu’il lui restait d’énergie, prêt à investir les Spires. Mais alors des hommes en armure jaillirent dans les gradins, et Bastian écarquilla les yeux en reconnaissant les soldats de l’Empereur. Sans perdre de temps à se poser de vaines questions, Bastian profita de cet intermède pour attraper le reste de chaîne qui pendait et se jeter dans le vide. Il atterrit dans le sable taché de sang et courut vers Tian. Un homme se dressa brusquement devant lui. A son armure, son casque et sa cape, Bastian reconnut le général des soldats en train de faire place nette tout autour de l’arène. Leurs lames se heurtèrent violemment et le Mentaï comprit immédiatement qu’il ne sortirait pas indemne de ce duel.

Tian !

Il avait projeté sa voix dans l’esprit du général, espérant lui prouver qu’il n’avait pas pour objectif de tuer la jeune femme. Cela fonctionna. A deux doigts de lui transpercer le cœur, le général de l’armée impériale se figea. Leurs regards se croisèrent. Interrogation muette.

Je me bats avec elle. Je fais partie de sa guilde.

Le regard du soldat laissa seulement voir briller une drôle de lueur, puis il se redressa et ordonna à ses hommes de venir maîtriser Bastian. Ce dernier se laissa faire, heureux d’être encore en vie mais agacé qu’on ne le laisse pas s’approcher de Tian. Elle gisait à terre et avait fermé les yeux.

Reste éveillée ! la supplia-t-il alors qu’on l’emmenait avec autorité. Tu entends, Tian ? Tiens bon !

On l’entraînait et il n’avait plus la force de se débattre. Mais il parvint à se tordre le coup pour jeter un dernier regard à l’envoleuse. En voyant la façon dont le général la souleva dans ses bras, il soupira, soulagé : cet homme allait s’occuper d’elle. Alors, il se résigna et suivit les soldats sans plus résister.


*


Assis contre le mur, Bastian appuya l’arrière de son crâne contre la pierre froide. Il se savait toujours sous le Désert des Murmures puisque sa geôle était remplie de sable, mais il ignorait ce qu’on allait bien faire de lui : voilà bientôt six heures qu’il patientait. On lui avait donné de l’eau fraîche et tout à l’heure, une femme portant l’armure était venue examiner ses blessures ; ses gestes sûrs et sa courtoisie toute militaire avaient empêché le Mentaï d’en profiter pour s’enfuir. Elle avait donc refait le pansement de sa hanche et soigné quelques coupures, et il s’était retrouvé seul à nouveau.

Il récupérait tranquillement. Il se savait capable d’effectuer un pas sur le côté si nécessaire, mais il n’en avait pas l’envie pour l’instant : il tenait d’abord à avoir la certitude que Tian allait bien. Il ne partirait pas avant. Les yeux clos, il songea à cette histoire de métamorphes et de double jeu de l’Ordre. Si ses calculs étaient bons, les Huit Préceptes n’étaient désormais plus que quatre et leurs forces étaient grandement diminuées. Son inquiétude visait donc plutôt la présence des hommes de l’Empereur : il espérait qu’il ne s’agisse pas là d’une tentative pour asseoir Tian sur le trône. Affronter ces gars-là pour la tirer des griffes d’une vie protocolaire, ce serait quand même autre chose que se mesurer à de simples mercenaires !

Pourtant il le ferait. Voilà pourquoi il rassemblait ses forces au lieu de chercher un moyen de quitter les lieux. On ne l’avait pas tué, on ne le ferait sans doute pas avant d’être de retour à Al-Jeit. Il avait le temps d’analyser la situation, de la jauger et de bâtir une stratégie s’il le fallait. Il soupira ; si seulement on pouvait lui donner quelque chose à manger…

Bastian ouvrit alors les yeux, en même temps que la porte de sa geôle.
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Tianwen Til'Loam
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MessageSujet: Re: [-16] I put a spell on you [Bastian]   [-16] I put a spell on you [Bastian] - Page 2 Icon_minitimeDim 01 Mar 2020, 19:48

Tian papillonna quelques secondes des paupières. Il lui fallut quelques longues secondes pour émerger totalement, ce qui lui laissa largement le temps de prendre conscience de son environnement. Fixant son regard magnétique sur le plafond, l’Envoleuse réalisa rapidement qu’elle n’était plus dans l’arène. Pourtant, elle était convaincue qu’ils n’avaient pas quitté les mines. La jolie rouquine remua légèrement sur son lit de fortune. Dans son esprit encore un peu embrumé, des paroles résonnèrent, la faisant se relever brusquement sur un coude. Bastian ! La guerrière sonda brièvement la pièce du regard. Où était donc le Mentaï ? Tout se dont elle se souvenait, avant de perdre connaissance, c’était sa voix jaillissant dans ses pensées. Il fallait qu’elle le retrouve absolument. Surtout qu’elle n’avait pas la moindre idée non plus de l’endroit où pouvait bien se trouver Hessiam. Elle était seule dans cette grande pièce froide, humide et sombre.

L’Envoleuse glissa doucement ses jambes hors des couvertures. Elle ignora parfaitement les protestations de ses côtes – de toute façon, son corps la lançait sourdement – pour se lever souplement. Tout était redoutablement silencieux et cela ne lui disait rien qui vaille. Secouant la tête toute seule, la jeune femme enfila la tunique propre qui avait été posée sur une chaise à proximité du lit. Puis, elle se risqua à tourner délicatement la poignée de la lourde porte de bois. Elle s’ouvrit dans un grincement sinistre ; bon, c’était déjà une bonne chose ! Jetant un bref regard à droite et à gauche, vérifiant que la voie était libre, la belle rouquine s’aventura dans l’immense galerie. Les plafonds étaient immensément hauts, et leurs voûtes donnaient l’impression de porter le poids des siècles. Un puit de lumière naturelle éclairait tout juste assez le large passage qui longeait la paroi rocheuse de façon spiralaire.

Etrange, songea Tian, vaguement inquiète de ce silence douteux. Tous ses sens en éveil, la petite guerrière restait attentive au moindre bruissement, au moindre mouvement : elle était prête à réagir au moindre danger. De longues minutes plus tard, la jeune femme reconnut le cliquetis des armures des soldats impériaux. Retenant son souffle, elle se fondit dans l’ombre d’un recoin, disparaissant aux yeux du monde. Elle les laissa passer, avant de s’engager discrètement à leur suite. Pas un seul ne remarqua le prédateur qui les avait pris en chasse, tandis que le petit groupe s’enfonçait plus profondément vers les entrailles de la terre.

Soudain, au détour d’un croisement de chemins, le groupe de soldats s’arrêta et celui qui semblait être le capitaine invectiva l’un de ses hommes.

- « Gil’Fana ! »

Rectification : ce fut une femme qui sortit du rang !

- « Oui, capitaine ? » répondit une grande blonde au visage sévère, adoptant une posture tellement raide que cela tira une grimace circonspecte à Tian.
- « Allez chercher le prisonnier. Il est grand temps que nous nous occupions de son cas » ordonna le capitaine, un homme sec, aux cheveux grisonnants, à l’air aigri par le poids des années et surtout par le fait d’être dirigé par un gamin tout droit sorti des jupes de sa mère – Hessiam !
- « A vos ordres » opina la femme, sans broncher, avant d’emprunter une galerie plus étroite et plus sombre qui filait dans un angle à quatre-vingt dix degrés sur la gauche.

Tian fronça légèrement les sourcils. Intriguée, elle laissa le groupe de soldats poursuivre leur route – elle s’inquièterait d’Hessiam plus tard – pour se fondre dans l’ombre du soldat Gil’Fana. La femme s’arrêta devant une porte à moitié rongée par la rouille. L’Envoleuse choisit très précisément ce moment pour intervenir : se glissant dans le dos sa proie, elle immobilisa l’une de ses mains dans son dos en une torsion si désagréable que si elle bougeait elle se casserait inévitablement bon nombre d’os de son bras pour se libérer, puis elle exerça une pression insidieuse sur sa gorge empêchant ainsi sa victime de respirer. En quelques secondes à peine la victime de l’Envoleuse s’effondra lourdement au sol.

Lorsqu’elle ouvrit la porte, il fallut quelques secondes pour que son regard s’accommode à l’obscurité. Cependant, elle distingua assez vite une silhouette au fond de la geôle. Sans s’encombrer de paroles inutiles, Tian traversa la pièce à grandes enjambées pour s’agenouiller devant le Mentaï. Malgré la situation, l’Envoleuse ne se départit pas de son naturel spontané et de son humour à toute épreuve.

Je t’avais bien dit que je finirais par te sauver tes belles fesses un de ses jours, Joli Cœur plaisanta la jeune femme, en faisant courir ses doigts sur la joue mal rasée de Bastian. Je ne sais pas trop ce qu’Hessiam compte faire de toi, mais la conversation que j’ai surpris en suivant ces messieurs de la garde n’augurait rien de bon…

Ce qu’elle ne précisa pas, c’est qu’elle était sincèrement soulagée de le retrouver indemne. Sans rien ajouter de plus, Tian l’aida à se relever et, dans un même mouvement, ils s’éclipsèrent hors de la cellule comme deux ombres. La femme soldat était toujours inconsciente, aussi l’Envoleuse ne lui accorda-t-elle qu’un bref coup d’œil. Elle était loin de se douter que quelques mètres plus loin, toute une escouade les attendait : Hessiam la connaissait bien et il s’était préparé à la moindre éventualité. Il était donc déjà au courant de la tentative d’évasion de celle qui avait été son amie d’enfance.

L’Envoleuse, tout comme son compagnon, se figea instantanément lorsqu’elle tomba nez-à-nez avec les soldats impériaux. Hessiam à leur tête. Ce dernier s’avança, l’air sombre et soucieux.

- « Tian, éloigne-toi de cet homme, s’il te plaît » demanda-t-il sur un ton qui plaisait moyennement à l’intéressée.

Fronçant son petit nez bardé de tâches de rousseurs, la jeune femme planta son regard dans celui du général de l’armée impériale. Elle devinait bien ce qu’il se tramait derrière ce comportant qu’elle ne lui avait encore jamais connu. Apparemment, toutes les inepties de sa famille avaient fini par lui monter à la tête. Elle ne bougea pas d’un iota.

- « Ta place est à la cour, Tian. Auprès de… » commença Hessiam, avant que l’Envoleuse ne lui coupe la parole.
- « Sûrement pas. Tu es pourtant bien placé pour savoir que je ne laisserai jamais personne m’enchaîner, alors laisse tomber ton discours bidon »
- « Tian, je… » protesta l’homme, sans que Tian le laisse faire.
- « Non, tu ne m’aimes pas. C’est le pouvoir que tu veux ! Tu es comme tous les autres finalement ! » rétorqua-t-elle, implacable.
- « Mais laisse-moi parler bon sang ! Ce type est dangereux, il traque les gens comme toi ! Il les tue ! » asséna-t-il, en pensant toucher blesser Tian et entacher sa confiance en Bastian.
- « Crois-moi, là, c’est de toi que je me méfie ! » gronda la belle rouquine.

Tian fit alors une chose à laquelle Hessiam ne s’attendait pas du tout – mais alors pas du tout – se hissant sur la pointe des pieds, et, attrapant le visage du Mentaï entre ces doigts fins, elle embrassa fougueusement son amant. Elle dévora ces lèvres qu’elle aimait tant, les mordilla avec passion, goûta à leur saveur boisée avec gourmandise. Lorsqu’elle rompit cette étreinte, son regard se planta dans celui d’Hessiam.

C’est assez clair pour toi, maintenant ?
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MessageSujet: Re: [-16] I put a spell on you [Bastian]   [-16] I put a spell on you [Bastian] - Page 2 Icon_minitimeLun 02 Mar 2020, 06:55

Tian !
Je t’avais bien dit que je finirais par te sauver tes belles fesses un de ces jours, Joli Cœur…


Le frôlement de ses doigts le long de sa joue acheva de rassurer Bastian : elle était là, elle allait bien. Et pour le coup il se moquait bien de cet Hessiam et du sort qu’on lui avait réservé. Attrapant la main de l’envoleuse, il se leva et c’est ensemble qu’ils quittèrent la cellule obscure. Il fallut enjamber le corps inerte d’un soldat – une femme que Tian avait neutralisée pour se faufiler dans la geôle à sa place.

Malheureusement pour les deux fuyards, un petit comité d’accueil les attendait au détour du couloir. Bastian se raidit. On l’avait dépossédé de ses armes mais il était prêt à se jeter dans les Spires si nécessaire. Faudrait-il en arriver là ? Cet homme qui semblait tenir à Tian pouvait-il finalement blesser cette dernière ? Non.

Mais lui, oui.

Il ne fut pas très difficile pour Bastian de lire sur les lèvres du général. Et plus simple encore de lire dans son attitude. La posture, le maintien, le regard exprimaient beaucoup et avec le temps, il avait appris à déchiffrer ces précieux indices. Et ce bellâtre, quoique très jeune, était clairement en train d’essayer de marquer son territoire. Sans les armes pointées sur eux ni la menace latente qui planait dans le couloir, la situation aurait été presque comique.

Bastian n’intervint pas dans cet échange. Le soldat connaissait bien Tian, c’était tout ce qu’il pouvait affirmer. Du coin de l’œil, il s’occupa plutôt d’envisager leurs possibilités. Une seule issue qui se trouvait dans leur dos, mais il ignorait sur quoi elle débouchait. Si c’était sur une impasse, ils étaient cuits. Passer en force était possible mais très risqué : en dépit des apparences, ce petit général était un combattant redoutable. L’affronter en même temps que ses hommes serait dangereux.

Il était plongé dans ses réflexions quand Tian l’attrapa soudain par la nuque sans prévenir. Elle écrasa ses lèvres contre les siennes, l’entraînant dans un baiser si langoureux, si brûlant qu’il perdit totalement le fil de ses pensées. Quand elle y mit un terme, il comprit qu’elle avait appuyé ses arguments par un exemple, et à en juger par l’expression de l’homme en face d’eux, le message était passé.

Trop bien passé. Bastian réagit en un quart de seconde, un exploit alors que ses lèvres portaient encore le goût et la chaleur de celles de Tian. Il agrippa le coude de l’envoleuse et fit un pas sur le côté à l’instant précis où le général bondissait. L’acier chuinta, mordit la chair, rebondit sur le mur car il n’y avait plus personne dans le couloir.


*


Ils se matérialisèrent dans l’appartement de Bastian. Sous la terre, encore une fois, mais c’étaient les fondations du Domaine qui se trouvaient au-dessus d’eux ; les cachots de l’école étaient un lieu sûr. La pièce était plongée dans la pénombre. Aucune fenêtre ici, la nuit était perpétuelle et le temps s’écoulait différemment.

Bastian vacilla. Il lâcha le bras de Tian et se laissa tomber dans le fauteuil qu’il savait être juste derrière lui. Revenir ici était toujours un soulagement. Risquer sa vie en mission, c’était son quotidien, sa profession, la vie qu’il s’était choisie : il n’avait pas peur quand il quittait son chez-lui. Mais il était toujours content de rentrer.

Je crois que tu viens de te faire un ennemi, dit-il à Tian.

Il était désolé pour elle, en vérité. Entre la pression d’un trône dont elle ne voulait pas et l’accès de jalousie d’un général possessif, elle devait avoir de quoi broyer du noir. Il ne s’inquiétait pas trop. Cette femme était plus forte qu’elle le laissait croire. Elle était capable de lui sauver ses belles fesses, après tout…

Et si on faisait… un peu de lumière ?

D’ordinaire, c’était un jeu d’enfant. Il dessinait sans y penser, parfois même, le feu brûlait déjà dans l’âtre quand il entrait dans la pièce. Là, ce fut plus compliqué. Il dut s’y reprendre à trois fois pour parvenir à allumer quelques bougies. Juste assez pour qu’ils puissent distinguer le visage de l’autre dans un effet d’ombres vacillantes. Et pour découvrir le sang qui maculait le bassin du mentaï.

Le coup de lame avait été si rapide qu’il n’avait pu l’éviter alors qu’il se concentrait déjà pour effectuer un pas sur le côté. Elle avait ouvert une profonde entaille en s’ajoutant à celle que Cyriel avait vaillamment tenté de soigner et l’hémorragie le vidait de ses forces. Il se sentait basculer. Il eut le temps de songer que son fauteuil était ruiné. Son tapis aussi, vu la quantité de sang qu’il perdait.

Il aurait dû les emmener directement dans une confrérie. C’était une erreur, il le comprenait désormais. Il n’avait pas réfléchi. S’il l’avait fait, il serait en train d’agoniser sous le Désert des Murmures. Alors, à tout choisir… mieux valait encore que cela se passe ici, non ?

Désolé… souffla-t-il en croisant le regard de Tian.

Et sans plus de manières il perdit connaissance.
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Tianwen Til'Loam
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MessageSujet: Re: [-16] I put a spell on you [Bastian]   [-16] I put a spell on you [Bastian] - Page 2 Icon_minitimeMar 03 Mar 2020, 17:39

Tian esquissa un petit sourire satisfait en découvrant le visage déformé par la colère du jeune noble. Il ne fallut pas moins de quelques secondes pour qu’Hessiam choisisse de répondre à sa provocation par les armes. L’Envoleuse en était bien désolée et, quelque part, elle ne put s’empêcher d’avoir un petit pincement au cœur – après tout, elle avait passé la majeure partie de sa jeunesse à faire les quatre-cent coups avec l’hériter des Til’Tharamal. Son ami d’enfance venait de balayer d’un simple revers de main toutes leurs années d’amitié. La belle rouquine se mordit l’intérieur de la joue : elle n’avait pas le temps de se perdre en vaines réflexions. Revêtant son masque de froide tueuse, elle adopta une garde parfaite, prête à accueillir comme il se devait son nouvel adversaire. Mais avant qu’elle puisse faire quoi que ce soit, Bastian lui attrapa le bras.

Clignement de paupières.

Les mines et leur chaleur écrasantes avait disparu pour laisser place à un endroit qu’elle reconnut sans mal. Ces murs de pierre, cette fraîcheur ambiante, et cet aménagement spartiate : aucun doute, ils se trouvaient désormais dans les appartements du Mentaï. Tian ne manifesta sa surprise que par un léger froncement de sourcils. La jeune femme se détendit toutefois alors que la voix de son amant affleurait sa conscience, formulant un amer constat. Soupirant imperceptiblement, l’Envoleuse haussa les épaules en passant une main dans ses cheveux qui chatouillaient le creux de son dos.

Je me doutais bien que ça finirait par arriver, avoua-t-elle beaucoup plus sereine qu’elle ne l’était en réalité, l’excès de pouvoir ça finit toujours monter à la tête, ajouta Tian dans une moue contrariée. Et puis, il vaut parfois mieux se méfier de ses amis autant que de ses ennemis, c’est l’un des premiers principes que j’ai appris en arrivant ici.

Sur ces mots, Tian approuva la proposition de Bastian d’éclairer un peu la pièce. Avant de tiquer, presque immédiatement. Soudain vaguement inquiète, la jeune femme porta son regard sur le Mentaï à la recherche du moindre signe suspect. Sa question n’était pas normale, elle le savait pertinemment : d’habitude, le beau brun dessinait avec un naturel déconcertant, même en ce qui concernait les tâches les plus banales du quotidien. Alors pourquoi le feu ne crépitait-il pas déjà dans l’âtre de la cheminée ?

La réponse ne tarda pas à lui sauter aux yeux. Tian manqua de lâcher un juron coloré lorsqu’elle découvrit le sang qui s’écoulait d’une blessure béante qui avait touché Bastian au bassin. Fermant un instant les yeux – rien qu’une seconde – la jeune femme se força au calme, mesurant les battements de son cœur. Ce n’était pas le moment de céder à la panique. L’Envoleuse n’eut même pas besoin de réfléchir : pour avoir longtemps vécu auprès d’une herboriste et guérisseuse de talent, elle connaissait exactement les gestes à prodiguer pour soigner petits et gros bobos. Dénichant un linge propre et de quoi le maintenir solidement, la belle rouquine commença par compresser solidement la blessure de son compagnon. Son regard d’argent sonda ensuite la pièce à la recherche d’un kit de premiers soins. Là !

La petite guerrière ouvrit précautionneusement une petite boite grise conservée au pied de l’imposante bibliothèque. Du fil, une aiguille. Voilà qui devraient suffire pour le moment ! Tian s’aspergea également les mains d’un peu d’eau de vie – aucun point d’eau dans cette pièce ne lui permettait de se laver les mains avant de procéder à cette délicate opération, c’était donc la solution la plus simple, la plus efficace et surtout, la seule. Soulevant légèrement la compresse, elle en fit couler un petit peu également sur la blessure : la douleur causa un léger sursaut de conscience au Mentaï. Puis, sans se départir de son sang-froid incroyable, Tian commença son opération couture.

*

La jolie rouquine veilla son compagnon pendant trois jours et trois nuits. A la suite de l’opération, elle avait rasé les murs du Domaine pour aller récupérer quelques herbes médicinales dans sa réserve personnelles. Anti-coagulant, anti-douleur, l’Envoleuse emporta tout ce qu’elle put. Elle s’appliqua à préparer un baume qui faciliterait la cicatrisation et empêcherait que la blessure ne s’infecte. Bon, avec l’appréhension, et l’adrénaline qui redescendait doucement, ce n’était pas parfait non plus. Mais cela serait suffisant : il faudrait tout de même prudent que quand le Mentaï serait à nouveau en mesure de bouger, de se déplacer, ils se rendent tous les deux dans une confrérie.

Elle aussi comptait quelques blessures, ci et là. Elle avait pu, pendant que son amant était inconscient, s’occuper des plus importantes ou de celles qui risquaient de s’infecter. Sa côte cassée la faisait grincer des dents, mais elle ne put pas y faire grand-chose. Juste attendre que la fracture se résorbe. Durant ces trois longues journées, qui parurent durer une éternité aux yeux de Tian, le monde de la jeune femme se résumait au souffle de son compagnon. Elle ne se souvenait de pas grand-chose d’autres, si ce n’était qu’elle avait passé le plus clair de son temps assise au bord du lit – sur lequel elle avait miraculeusement réussi à allonger Bastian – à tenir la main du Mentaï, et à lui parler.

Reviens, s’il te plaît, susurrait-elle parfois à la conscience du beau brun. Je ne suis pas en train de tomber amoureuse de toi, je suis complètement et irrémédiablement amoureuse de toi Joli Cœur. Je me sens bien avec toi, alors reviens. Reviens, avait-elle dit, sans trop savoir s’il l’entendait vraiment.

*

Tian ouvrit brusquement les yeux. Son cœur s’était accéléré lorsqu’elle avait perçu l’infime changement dans la respiration de son amant. Il était réveillé ! Redressant la tête, le visage de l’Envoleuse se fendit d’un sourire rayonnant – et profondément soulagé aussi. Une larme roula le long de sa joue, tandis qu’elle resserrait ses doigts autour de la grande main du Mentaï.

Salut, Beau Gosse, dit simplement la jeune femme.
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Bastian Derue
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MessageSujet: Re: [-16] I put a spell on you [Bastian]   [-16] I put a spell on you [Bastian] - Page 2 Icon_minitimeMer 04 Mar 2020, 00:37

« Reviens… »

Bastian remua légèrement en s’éveillant. Paupières closes, il replia les doigts, éprouvant la douceur d’une couverture. Son odorat capta des odeurs familières. Chez lui. Il était chez lui, dans son lit. Pourquoi dans son lit ? Il ne se rappelait pas s’être couché. Tout était confus, son esprit embrouillait tournait dans le vide. Résigné, il s’apprêtait à replonger dans l’inconscience quand un frôlement aussi léger que la caresse d’une aile de papillon vint effleurer ses pensées.

Salut, Beau Gosse.

Il ouvrit les yeux. Il ne vit rien au début, puis il distingua une vague lumière, et une silhouette sombre qui se découpait dans la périphérie de son champ de vision. A nouveau il s’étonna : tourner la tête n’aurait pas dû sembler si difficile ! Quelque chose n’allait pas. Il papillonna des paupières pour accommoder sa vision, capta une couleur vive. Une chevelure de feu. Tian.

Ce simple prénom ouvrit les vannes de sa mémoire : d’un seul coup les images affluèrent, pas vraiment dans l’ordre et sans doute un peu trop rapidement, mais il se rappela l’essentiel. Il y avait eu une bataille. Tian et lui avaient combattu des membres des Huit Préceptes dans les entrailles du Désert des Murmures. Il y avait eu un général… ce dernier l’avait blessé alors qu’il entraînait l’envoleuse avec lui dans un pas sur le côté.

Je suis vivant. Certitude absolue qui acheva de l’éveiller complètement.

Salut, beauté…

Quel effort pour une simple pensée ! Il était à bout de forces. Sa main libre, celle que Tian ne tenait pas dans les siennes, se porta à la rencontre de sa blessure. On avait bandé sa taille. La douleur était supportable ; il se sentait seulement vidé comme si plus une seule goutte d’énergie ne subsistait en lui. Il ne parvint pas à lever son bras pour cueillir la petite larme scintillant sur la joue de Tian. Alors il serra les doigts contre les siens.

C’est toi, n’est-ce pas ?

Elle lui avait sauvé la vie. Comment, c’était une question à laquelle elle répondrait sans doute mais qui ne lui semblait pas importante pour l’instant : sans Tian il serait mort. Il lui devait une fière chandelle. Complètement floue dans son champ de vision, elle était belle comme jamais.

Est-ce que… tu vas bien ?

Il n’était pas certain de vraiment réussir à toucher son esprit, alors il agita faiblement les mains. Elle ne comprenait pas la langue des signes, ce n’était pas grave. Il savait au moins qu’elle lisait dans ses yeux. Il avait besoin de savoir qu’elle n’avait rien, qu’elle n’était pas blessée. Que tout allait bien. La chaleur de sa main dans la sienne acheva de le rassurer. Un pâle sourire aux lèvres, il se rendormit.

A son réveil, il avait l’esprit plus clair. Et il avait soif. Ne voyant pas Tian à ses côtés, il tenta de se redresser et grimaça quand la douleur le rappela à l’ordre. Mince, il était bien amoché ! Combien de temps était-il resté inconscient ? Décidé à reprendre le contrôle, il parvint à s’asseoir tant bien que mal dans le lit. Il entreprit ensuite de tourner ses jambes sur le côté pour poser ses pieds sur le sol ; cela lui demanda un temps fou. Mais le plus dur était encore à venir. Pour se lever, il prit appui sur la table de chevet, serra les dents et força sur ses genoux.

Voilà, il était debout ! Difficile toutefois de savourer cette victoire car le sol tanguait. Il fit un pas en avant, trébucha, se rattrapa lourdement contre le mur… et fit une pause pour reprendre son souffle. Il était encore plus sidéré qu’énervé : il se sentait plus faible encore qu’un jeune faon tout juste né. C’était tellement inhabituel qu’il ne savait pas du tout comment prendre la chose.

Et c’est à cet instant-là qu’il sentit un regard sur lui.

Tu fais sérieusement pitié, mec.

Galaad ! Le soulagement faillit précipiter Bastian à terre, mais son ami réagit promptement et l’aida à regagner son lit.

Ça va ?
« J’ai soif », signa le mentaï, trop épuisé pour dialoguer par la pensée.

Un instant plus tard, Galaad lui tendait un verre d’eau fraîche.

Tian m’a dit que tu étais mal en point, dit-il tandis que Bastian s’hydratait avec bonheur, mais j’étais loin d’imaginer que c’était aussi grave.

« Où est-elle ? »

Galaad récupéra le verre qu’il posa sur la table de chevet, puis il s’assit au bord du lit et adopta à son tour la langue des signes.

« Partie manger un bout. Je l’ai croisée au réfectoire ; elle s’apprêtait à se contenter d’une feuille de salade pour venir te rejoindre au plus vite, alors je lui ai proposé de prendre le relais. »
« Merci, mon frère. »
« De rien. Alors ? Tu m’expliques ? »

Bastian appuya sa tête en arrière sur l’oreiller et soupira.

« Longue histoire. »
« Et longue convalescence. Tu vas rester cloué à ce lit un moment, vieux. Raconte. »

Il raconta. Il commença par lui rapporter son entrevue avec Bô, puis le fruit de ses recherches et ses soupçons quant à leur institution. Il n’avait jamais rien caché à Galaad et c’est tout naturellement qu’il lui confia ses doutes. Attentif, l’envoleur ne l’interrompit que très rarement, préférant réserver à plus tard ses propres conclusions. Bastian évoqua ensuite la traque à Al-Far et leur planque dans la Tour Percée.

« Elle ne s’est toujours pas effondrée ?! »
« Toujours pas. Et ce n’est pas faute d’y avoir mis un peu d’agitation… »
« Tais-toi, vieux pervers, je me passerai bien de tes prouesses sexuelles ! »

Amusé, Bastian lui épargna donc les détails et lui raconta sa rencontre avec Cyriel et son frère, puis son arrivée dans le Désert des Murmures. Là, Galaad fut impressionné. Il ne se doutait pas non plus de ce qui pouvait se tramer sous le sable, là-bas. L’étonnement brillait dans ses yeux verts. Il fronça les sourcils quand Bastian lui parla du général de l’armée impériale.

« Qu’est-ce qu’il faisait là-bas ? »
« Aucune idée. »

Un petit moment s’écoula. Bastian en profita pour se reposer un peu. Le simple fait de s’être levé, puis d’avoir discuté avec son ami le laissait aussi épuisé qu’après une course de deux heures sans pause. C’était déstabilisant. Plus troublant encore, la présence des hommes de l’empereur au milieu des sombres affaires de l’Ordre du Chaos, et des traqueurs de métamorphes. Cela n’avait pas de sens. Si tous ces gens travaillaient ensemble, alors il y avait comme un problème.

« Tu crois que quelque chose se prépare ? »
« C’est évident. Mais quoi… ? »
« On fait quoi alors ? »
« Rien. Pour l’instant, du moins. Mais il faut ouvrit l’œil, et le bon. Laisse traîner tes oreilles, aussi. Essaie d’en savoir plus sur ce qui se passe à l’extérieur. »
« Je ne vais pas pouvoir approcher les Mentaïs. »
« Laisse, je me chargerai d’eux dès que possible. Voïmakas risque de passer me voir d’ici peu. »

Bastian allait ajouter quelque chose, mais Galaad tourna soudain la tête et il devina que quelqu’un était entré dans sa tanière. Son rythme cardiaque piqua un petit galop quand il vit Tian et ses yeux gris s’illuminèrent.

- Tiens, une revenante. Bien mangé ? s’enquit Galaad en souriant, avant de pointer Bastian du pouce : j’ai bien fait de descendre, monsieur tentait une petite balade quand je suis arrivé. A peine revenu du monde des morts et déjà en train de jouer au con…

« Je comprends ce que tu dis et je n’apprécie pas ».

- Il est d’accord avec moi.

« Arrête tes conneries, Gal… »

- Merci d’être là pour moi, Gal.

Par pitié, gémit Bastian dans l’esprit de Tian, étrangle-le pour moi !

Galaad sourit de plus belle, mais il se leva.

« Je vais te laisser, mon chou, tu es dans de bonnes mains à présent. Sois sage, tu n’es pas en état de faire des galipettes. »
« Je vais te tuer quand j’irai mieux. »
« Ouais, ouais. Y’a pas le feu, prends le temps de te reposer, d’accord ? »

L’envoleur asséna une pichenette sur le bout du nez de son ami, puis il salua Tian.

- N’hésite pas à venir me trouver si tu as besoin de quoi que ce soit, lui fit-il promettre avant de s’éclipser.

Bastian était sourd, pourtant il apprécia le calme qui succéda au départ de ce joyeux luron. Ses yeux cherchèrent ceux de Tian.

Viens là, demanda-t-il en ouvrant les bras pour qu’elle s’allonge contre lui.

Il avait besoin de la sentir, de la toucher – même s’il ne pouvait pas faire grand-chose de plus, merci Gal. La douceur de ses cheveux manquait à ses doigts. Il laissa filer plusieurs secondes, le temps de récupérer quelques forces, avant de s’exprimer :

Dans mes rêves, j’ai imaginé que tu me parlais. Tu disais que tu étais amoureuse de moi. C’était plutôt chouette.

Il n’était pas sûr, pourtant, de la véritable signification de ce mot. L’amour, il connaissait mal.

Pas habitué.
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Tianwen Til'Loam
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MessageSujet: Re: [-16] I put a spell on you [Bastian]   [-16] I put a spell on you [Bastian] - Page 2 Icon_minitimeMer 04 Mar 2020, 08:52

Un rêve ? Tu en es certain ?

Elle hausse légèrement un sourcil, en fronçant son petit nez bardé de tâches de rousseurs.

Et si c'était vraiment le cas ?

Plante un regard brillant dans celui de Bastian.
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Bastian Derue
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MessageSujet: Re: [-16] I put a spell on you [Bastian]   [-16] I put a spell on you [Bastian] - Page 2 Icon_minitimeMer 04 Mar 2020, 21:22

Et bien, heu... Pour être honnête, je ne sais pas. Je crois que ça me fait peur tout en me faisant plaisir à la fois.

Tian ? Ce n'était pas un rêve, alors ?
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Tianwen Til'Loam
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MessageSujet: Re: [-16] I put a spell on you [Bastian]   [-16] I put a spell on you [Bastian] - Page 2 Icon_minitimeMer 04 Mar 2020, 21:54

Non... Ce n'était pas un rêve. Ca me terrifie, mais je t'aime Joli Coeur

Retiens son souffle
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MessageSujet: Re: [-16] I put a spell on you [Bastian]   [-16] I put a spell on you [Bastian] - Page 2 Icon_minitimeJeu 05 Mar 2020, 06:21

Il tourne la tête pour poser son front contre le sien.

On est ensemble, alors ? Je veux dire... C'est rien que toi et moi ? Pas d'autre fille ni d'autre gars ? Je n'apprécie pas de t'imaginer dans les bras de quelqu'un d'autre. Enfin, ça me donne envie de casser la gueule du type en question. Est-ce que ça t'ennuie ?

Et, Tian ? Ce général... quelque chose cloche. Quand il t'a soulevée dans ses bras, dans l'arène du désert, s'il n'y avait eu que lui et moi, j'aurais été tenté de lui casser la gueule. Parce qu'il tient vraiment à toi. Sa réaction a peut-être été faussée parce que j'étais là.
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MessageSujet: Re: [-16] I put a spell on you [Bastian]   [-16] I put a spell on you [Bastian] - Page 2 Icon_minitimeJeu 05 Mar 2020, 09:44

Ensemble...

Clignant des yeux, la jeune femme apprécie les contours de ce mot.

Oui, j'aime beaucoup cette idée. Rien que nous, personne d'autre, ça me plaît beaucoup. Rassures-toi, tu n’auras aucune « gueule » à casser, car j’ai envie de toi. Rien que de toi. Je suis dingue de toi, en fait. Vraiment. Je n’ai jamais connu l’amour, je ne sais pas ce que c’est, mais je suis certaine que c’est ce que je ressens là… Maintenant… Pour toi.

Elle dépose un baiser papillon sur l’épaule musclée de son amant.

Hessiam ? Tu penses qu’il cache quelque-chose ? Je ne suis plus certaine de rien en ce qui le concerne. C’était mon meilleur ami d’enfance, mais il a beaucoup changé ces dernières années, et pas forcément en bien. Ce qui m’inquiète, dans l’immédiat, c’est qu’il retient désormais le gamin, l’ours blanc…

Se mordille la lèvre inférieure, tout en réfléchissant.


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MessageSujet: Re: [-16] I put a spell on you [Bastian]   [-16] I put a spell on you [Bastian] - Page 2 Icon_minitimeVen 06 Mar 2020, 20:27

Je ne sais pas bien ce que ça veut dire, moi non plus. Mais tu vois ça me rassure un peu. J'ai... Je veux savoir jusqu'où nos pas peuvent bien nous conduire.

Toute cette histoire est louche, Tian. Alors pourquoi pas sa réaction ? On a manqué de temps pour en juger, je pense. Il a plutôt l'air du genre à agir avant de réfléchir...


Il ponctue sa remarque d'une grimace douloureuse.

Oh, c'est vrai, j'avais oublié cet ours... Tu le connais ?
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MessageSujet: Re: [-16] I put a spell on you [Bastian]   [-16] I put a spell on you [Bastian] - Page 2 Icon_minitimeVen 06 Mar 2020, 20:56

Je ne suis certaine de rien, mais je crois bien que...

Se mordille la lèvre inférieure

... Je crois que c'est le gamin que j'ai eu quand j'avais 18 ans. Je m'étais enfuie, enceinte jusqu'aux yeux. J'ai accouché seule au bord d'un chemin peu fréquenté, sous une pluie battante. Je l'ai confié à une confrérie de Rêveurs et je ne l'ai jamais revu depuis...
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MessageSujet: Re: [-16] I put a spell on you [Bastian]   [-16] I put a spell on you [Bastian] - Page 2 Icon_minitimeDim 08 Mar 2020, 00:18

Quelques secondes s’égrainèrent sans que ni l’un ni l’autre ne bouge. Bastian avait besoin d’intégrer les paroles de l’envoleuse. Lorsqu’il estima la tempête à peu près calmée sous son crâne, il se redressa sur un coude, ignorant la douleur que cela causa dans tout son corps, et plongea son regard dans celui de Tian.

Dix-huit ans, répéta-t-il. Bon sang. Tu étais une gamine.

Une gamine qui avait donné la vie seule et sans aide, à la merci des éléments et des caprices du destin. Il se mordit la lèvre en réalisant à quel point sa récente fausse couche – sans qu’il soit présent pour l’accompagner dans cette épreuve – avait pu l’atteindre. D’instinct, il la rapprocha de lui. Chaque fibre de son être aspirait à la protéger.

On y retourne, décida-t-il alors. Donne-moi deux jours.

C’était utopique. Dans son état, deux semaines suffiraient à peine à le remettre sur pied. Mais c’était sans compter la volonté d’acier du mentaï, au moins aussi solide que le métal qui colorait son regard ; et puis, il savait qui solliciter pour l’aider à accomplir ce petit miracle. Tout son corps se raidit dans l’attente de l’effort qu’il allait produire en utilisant son don pour communiquer avec une personne qui se trouvait loin de lui. Sentir les doigts de Tian entremêlés avec les siens lui donna le courage et la force nécessaire pour lancer cet appel de longue distance.

Ekiel, tu m’entends ?
Mal. Que se passe-t-il ?
Besoin d’aide. Cachots.

Huit secondes. Un grain de poussière dans l’infini du temps. Cinq secondes supplémentaires auraient pu le tuer. Nauséeux, Bastian ferma les yeux et tenta de retrouver un rythme cardiaque raisonnable. Il les rouvrit en sentant un liquide tiède sur ses lèvres : il saignait du nez. Le drap servit de compresse en attendant que Tian l’aide à calmer l’hémorragie. La fatigue était terrible. Pâle comme un linge, il s’obligea à manger un peu : ce qui l’attendait était sans doute pire que ce qu’il avait déjà traversé jusqu’à présent.

Il fallut bien qu’il explique à Tian ce qui allait se passer. Et ce ne fut pas simple, parce que son épuisement rendait son esprit confus, donc peu propice à la communication. Mais l’envoleuse ne connaissait pas la langue de ses mains. Un jour, il la lui enseignerait.

Ekiel est l’un de mes maîtres. Les Mentaïs en ont deux. Lui m’a appris tout ce que je sais à propos de l’Imagination.

En faisant quelques pauses durant lesquelles il mangeait un peu et buvait beaucoup d’eau, Bastian parvint à évoquer les capacités de son « maître à penser ». La description était sommaire, mais il savait qu’Ekiel comblerait lui-même les manques.

Il… va devoir employer la manière forte. Mais c’est… mieux pour nous deux que tu n’y assistes pas. Tu veux bien… faire ça pour moi ?

Bastian n’entendit pas la réponse de sa compagne. A deux doigts de s’évanouir pour de bon, il tourna la tête et vit apparaître l’homme qu’il n’avait pas croisé depuis plus de longues années.

Ekiel Janssuroy était aussi sec et malingre qu’un vieillard centenaire. Il ne dépassait pas le mètre soixante et se tenait voûté comme si le poids du monde entier pesait sur ses frêles épaules. Ses cheveux blancs, souples et légers tels des fils de soie, tombaient sur ses épaules et le long de son visage étroit. Son œil gauche, d’un bleu très pâle, semblait survoler tout et tout le monde sans que pourtant rien ne lui échappe jamais. Le droit était fermé, barré par une cicatrice qui partait du front et se terminait sur la pommette.

- Je m’en doutais, lâcha-t-il en s’approchant du lit sur lequel gisait Bastian.

Il posa la main sur le front moite de ce dernier puis le parcourut de ses doigts habiles, auscultant le blessé dans une efficacité rapide. Il n’avait pas jeté un regard en direction de Tian et semblait ne pas l’avoir aperçue, mais se fut pourtant bien à elle qu’il s’adressa, sans cesser de regarder Bastian :

- Tu l’as bien soigné.

A peine conscient, Bastian comprit sans l’entendre le compliment. Il aurait voulu pouvoir dire à Tian que les compliments, dans la bouche d’Ekiel, étaient aussi rare qu’une éclipse solaire.

- Laisse-nous, à présent.

Le vieux maître n’avait pas haussé la voix ni même prononcé ces paroles avec dédain. Au contraire, il y avait, dans ce ton un peu fêlé, une sorte de considération. Sans prendre la peine de vérifier qu’il avait été écouté, il commença le travail.


*


Bastian fixa son reflet dans le miroir suspendu au-dessus de la vasque remplie d’eau tiède et se renfrogna : il avait une tête affreuse. Dépité, il mouilla ses doigts et ramena ses cheveux en arrière sur son crâne, puis il suivit le dessin de ses cernes sous ses yeux et soupira. Il avait peut-être l’air d’un type mourant, mais au moins il tenait sur ses jambes et sans aide. Ekiel avait fait des miracles.

Il n’y était pas allé de main morte non plus. Sa gorge le brûlait, preuve qu’il s’était égosillé. Sa blessure était refermée. Il la sentait tirer un peu sous le pansement, mais il savait qu’elle ne se rouvrirait pas même s’il forçait un peu la dose. C’était un travail d’orfèvre. Jouant avec des techniques qui appartenaient normalement au secret des confréries de Rêveurs, Ekiel lui avait permis d’être en état de se battre à nouveau.

C’était bien ce qu’il comptait faire.

Toutefois, il ne s’en allait pas affronter le danger seul. Après avoir enfilé une chemise, puis son long manteau (comment Tian l’avait-elle ramené en aussi bon état ?), il glissa de nouvelles lames à sa ceinture et installa Bart, le gommeur, sur son épaule, enveloppé dans une coque souple qui ne lui permettait pas de bloquer l’accès aux Spires. Il sortit dans le couloir glacial du cachot.

Son regard croisa d’abord celui de Tian. La retrouver après deux jours et une nuit de souffrances absolues était un réel soulagement. Il lui sourit et glissa sa main dans la sienne. Puis il tourna la tête et Galaad lui renvoya un clin d’œil vert qui pétillait de malice. Son ami de toujours était fidèle au rendez-vous. Près de lui, Ekiel hocha la tête.

Tu sembles marcher droit, jeune apprenti.
Je ne suis plus ni jeune, ni apprenti, Ekiel.
Vraiment ?


- Alors, qu’est-ce qu’on attend ? s’enquit Galaad, visiblement pressé d’en découdre.

Bastian serra doucement la main de Tian dans la sienne.

Prête ? lui demanda-t-il.

Après tout, ils partaient chercher le fils qu’elle avait abandonné dix-huit ans plus tôt – s’il s’agissait bien de lui. La possibilité qu’ils aient affaire à un parfait inconnu était plausible. Dans un cas comme dans l’autre, c’est un inconnu, songea Bastian en étudiant le profil de l’envoleuse à la lumière des torches. Ensemble, ils allaient le récupérer.

J’emmène Tian, puis Ekiel et enfin Galaad.
Le meilleur pour la fin, pas vrai ?


Bastian les fit apparaître dans un recoin de l’arène qui se trouvait sous le Désert des Murmures. Vide, celle-ci conservait les traces de leur combat acharné : le sable était souillé, les colonnes abîmées, un casque traînait sur le sol. Le mentaï le poussa doucement du bout du pied.

On cherche un ours, dit-il. Ou bien alors un jeune homme tout juste âgé de dix-huit ans.
C’est parti,
fit Galaad, joyeux, avant de disparaître dans l’ombre d’une allée sous les gradins.

Ekiel était déjà parti de son côté. C’était un solitaire qui n’avait accepté de prêter main forte à Bastian que parce que celui-ci avait longuement insisté. Conscient que ces deux-là ne risquaient pas grand-chose, Bastian entraîna Tian à sa suite.

Il ne lui avait pas lâché la main.


[Je suis partie dans mon petit délire ; si quelque chose te gêne, tu me dis !]
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MessageSujet: Re: [-16] I put a spell on you [Bastian]   [-16] I put a spell on you [Bastian] - Page 2 Icon_minitimeMer 11 Mar 2020, 13:25

Une gamine, songea Tian, soudain perdue dans ses pensées. Oui, elle n’était guère plus qu’une gamine à l’époque. Une gamine effrayée, chétive, et seule contre le monde et le déchaînement des éléments. Papillonnant quelques secondes des paupières, la jeune femme frissonna un court instant : un nœud commençait à se former au fond de son estomac, surtout que ces souvenirs faisaient profondément écho à cette récente fausse couche qu’elle avait vécu. Elle ne voulait plus en parler – elle préférait aller de l’avant, c’était dans son caractère – mais elle devait bien admettre que cela l’avait affecté plus qu’elle ne l’aurait voulu. Lorsque son amant l’attira délicatement contre lui, l’Envoleuse ne résista pas le moins du monde : la chaleur de Bastian la réconforta, se diffusant d’abord dans sa poitrine, puis dans tout son corps.

Lorsque la voix du Mentaï retentit sous son crâne, la jolie rouquine fronça légèrement les sourcils. Y retourner ? Dans ton état ? Vaguement inquiète, la jeune femme s’apprêtait à émettre quelques doutes : l’état actuel du beau brun ne lui permettrait jamais de retourner dans le désert des Murmures. Pourtant, la détermination de Bastian était telle que Tian ne put que hocher la tête sans rien dire. C’était assez étrange ce sentiment : de se sentir protégée, épaulée, quand toute sa vie elle s’était débrouillée seule. Elle avait parcouru son petit bout de chemin à la force de sa volonté et de son caractère. Et elle s’en était plutôt très bien sortie jusque-là !

Cependant, la belle guerrière devait bien admettre que c’était aussi agréable, d’un autre côté, de savoir qu’elle pouvait compter sur quelqu’un d’autre dans ce monde secret et très fermé des fidèles du chaos. Dans cette sphère, tout comme dans les hautes castes de la société, Tian avait appris à ne faire confiance à personne. Avec Bastian, elle sentait bien que c’était différent. Interrompue dans le fil de ses pensées, Tian releva soudain le menton. Un homme d’un certain âge, grand et sec, venait de faire irruption dans la pièce. Il avait le visage fermé et ne semblait pas très loquace. Un Mentaï lui aussi, devina l’Envoleuse rien qu’à sa façon de placer une confiance infaillible en son don. Il avait cette façon de se tenir très similaire à tous les Mentaï, mais cela n’impressionnait nullement l’Envoleuse qui ne fit que hausser un sourcil lorsque l’homme décréta qu’elle avait fait du bon boulot.

Tian hocha la tête, sans un mot, avant de planter son regard si particulier dans celui de son amant.

Dans deux jours alors… répéta-t-elle, en communiquant par pensées interposées – elle ne voulait que l’autre Mentaï entende ce qu’elle avait à dire, simple question de confiance. Fais attention à toi, Joli Cœur, ajouta-t-elle avant de s’éclipser sans un regard pour l’homme, plus âgé.

*

En deux jours, les hématomes qui meurtrissaient sa peau de pêche commençaient déjà à disparaître. Pourtant, Tian ne s’était pas ménagée : elle avait passé le plus clair de son temps dans la salle d’arme à s’entraîner, accompagnée de Galaad. Sa côte cassée la faisait toujours souffrir, mais elle ne pouvait pas faire grand-chose d’autre qu’attendre que cela se résorbe tout seul. Aussi, elle s’acharna à s’entraîner, à bouger, à inventer des parades sans gêner sa côte blessée. La jeune femme ne s’arrêta que pour manger un peu – un bout de pain sec, du fromage et de la viande séchée dérobée dans les cuisines – et pour prendre un peu de repos. Evidemment Galaad avait tenté sa chance en lui proposant de réchauffer ses nuits : l’Envoleuse lui fit ravaler son sourire charmeur et l’envoya paître avec le naturel spontané qui été le sien. Le joyeux luron avait visiblement compris la leçon : le lendemain, il ne tenta rien du tout.

C’est avec un soulagement à peine masqué que la belle guerrière retrouva Bastian au matin du troisième jour. Bon, même si beaucoup d’autres choses avaient accaparé son esprit durant ces dernières quarante-huit heures, laisser son amant aux mains d’un homme comme Ekiel Janssuroy ne l’avait pas foncièrement rassurée. Même si elle savait très bien qu’il fut autrefois l’un des deux maîtres qui avait formé Bastian, l’homme possédait une telle réputation qu’elle ne pouvait que s’en méfier. Le peu qu’elle en savait ne lui disait rien de bon, mais c’était surtout au tigre qu’elle se fiait là : tout comme la première fois qu’elle l’avait croisé au détour d’un couloir, l’animal s’était raidi lorsque l’homme avait surgi dans les appartements de Bastian.

Glissant sa main dans celle de son amant et leva vers lui un regard brillant.

Je suis toujours prête, affirma Tian avec aplomb, un petit sourire en coin sur les lèvres.

Durant la seconde qui suivit, les murs du Domaine s’évaporèrent pour laisser place à ceux de cette mine qui avait failli avoir raison de leur peau quelques jours plus tôt. Tout semblait calme – trop calme. Pourtant, Tian était certaine qu’ils n’étaient pas seuls dans cet endroit de mort. L’Envoleuse eut la fugace impression que cette sombre histoire avec les Huit Préceptes n’était pas encore terminée et que, celle que cachait la présence du général en chef des armées impérial ne faisait que commencer. Songeant à ce qui pouvait bien les attendre, la jeune femme ne lâchait pas la main de son amant.










[Bon, je n'ai pas trop fait avancer le schmilblik, mais j'avais envie de répondre Very Happy ]
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MessageSujet: Re: [-16] I put a spell on you [Bastian]   [-16] I put a spell on you [Bastian] - Page 2 Icon_minitimeSam 25 Avr 2020, 15:38

Bastian avançait lentement, prudemment, les genoux légèrement fléchis et tous ses sens en alerte ; il n’avait dessiné aucune lumière et le souterrain qu’ils longeaient était plongé dans le noir. Cela revenait à le priver d’un deuxième sens, pourtant le mentaï n’était pas plus inquiet que la normale. Deux raisons à cela. La première, c’est que sans ouïe, il avait appris à vivre et à se débrouiller en développant ses autres sens. Ainsi, sa vue perçante lui permettait de distinguer l’ombre parmi les ombres, chose qu’un individu tout à fait ordinaire ne pourrait pas faire. Son sens du toucher était lui aussi plus efficace : le courant d’air qui glissait sur sa peau le guidait dans la direction qu’il empruntait, tandis que sa plante de pieds lui indiquait que le sol déclinait légèrement - ils s’enfonçaient plus encore dans les entrailles du désert.

La deuxième raison était cramponnée à sa main. Ce qu’il ne pouvait percevoir, Tian le pouvait ; il se fiait à la pression de sa paume contre la sienne et aux pensées qu’ils échangeaient. Elle évoluait près de lui, sans que l’un ou l’autre ne prenne véritablement la tête, et sa simple présence suffisait à lui donner tout le courage et la motivation nécessaires pour continuer d’avancer. Même la migraine causée par son “traitement” de cheval et le tiraillement provoqué par sa cicatrice passaient au second plan. S’il devait toutefois mentionner un élément qui le chiffonnait, c’étaient les paroles d’Ekiel au moment de son réveil…


*


Je sais que tu m’entends, jeune apprenti. Ouvre les yeux.

Bastian déglutit mais garde les yeux clos. Il perçoit la dureté de la pierre sous son dos, et les battements affolés de son coeur dans sa poitrine. La peur est là, omniprésente, qui referme son poing ganté autour des miettes de fierté qui s’accrochent encore à lui.

Oh, tu peux être fier, oui. Ce n’était pas gagné même si tu as perdu.

Perdre. Gagner. Autrefois, ces notions s’apparentaient à la survie : quand on passe le plus clair de sa journée à trouver de quoi boire et manger, les enjeux sont fondamentaux et l’issue du combat inévitablement tranchée : ça passe ou ça casse. Gagner. Perdre. Aujourd’hui, ces mots ont un sens légèrement différent. Survivre, c’est une chose. Etre le seul à survivre en est une autre. Vaincre par tous les moyens pour le simple plaisir d’être le dernier encore debout n’a pas son pareil.

Seulement, je vais te dire une chose, mon garçon.

Ses oreilles bourdonnent. Elles n’entendent rien mais un liquide chaud chatouille ses pavillons. Il sent son pouls s’accélérer davantage et soudain, une terrible nausée retourne son estomac. Complètement. Il sent ses organes qui basculent et l’emportent ; à peine a-t-il le temps de se retourner sur le ventre qu’il vomit tripes et boyaux.

Ses yeux sont toujours clos.

Un jour, il est possible que ton don soit une malédiction.

Peut-on mourir sans mourir ? Oui. C’est ce que Bastian peut désormais affirmer.
Si la chance est avec lui, il ne subira plus jamais cette épreuve.

Si la chance est avec lui, Ekiel a tort…


*


Bastian resserra les doigts autour de ceux de Tian. La mise en garde d’Ekiel ne datait pas d’hier et ce souvenir empreint de souffrance non plus ; néanmoins, son maître à penser avait jugé bon de répéter ces paroles, alors qu’il gisait, désorienté, sur son lit. Comme à l’époque, il avait gardé les yeux clos, sachant pertinemment que s’il les ouvrait trop tôt, la lumière pourrait le tuer. Et comme à l’époque, il avait sentit le sang s’échapper de ses oreilles, juste avant de se pencher sur le côté pour rendre le contenu de son estomac.

Ekiel avait ajouté que s’il souhaitait utiliser l’Imagination, il pourrait le faire, mais guère plus d’une fois. Il n’avait pas précisé ce qui pourrait se produire en cas de récidive. Bastian avançait donc à pas lents, déterminé à ne faire usage de son don que s’il le fallait vraiment. Il faisait appel à toute sa science de la traque et du combat, tentant d’oublier un moment qu’il était capable de voyager dans les Spires.

Un mentaï était rarement à court d’options.

J’ai trouvé des cages, annonça Galaad, et Bastian savait que Tian l’entendait aussi. Elles sont vides.
Moi aussi, ajouta Ekiel. De toute évidence, un certain nombre… d’expériences ont eu lieu ici. Mais cela ne semble plus s’être produit depuis des semaines, voire des mois.


Bastian n’eut pas le temps de répondre. Ni même de penser sa réponse. Des torches s’enflammèrent tout autour de Tian et lui, révélant une salle circulaire et les soldats qui en faisaient le tour. Au centre, trois silhouettes encapuchonnées de noir menaçaient de leurs longs sabres à la lame courbe une quatrième silhouette affaissée à leurs pieds, entièrement nue, amaigrie et maculée de saletés. C’était le gamin qu’ils étaient venus chercher.

Près des silhouettes en noir, Bastian reconnut le jeune général qui avait trahi Tian et avait tenté de le tuer. L’envie de se précipiter dans l’Imagination pour lui planter une pique en plein coeur fut coupée dans son élan par un détail qui lui fit froncer les sourcils. La posture du soldat n’était pas naturelle - tout du moins, elle témoignait d’une tension extrême. Il fallut un sens de l’observation aigu pour que le mentaï repère les arbalètes pointées sur lui.

Il pressa imperceptiblement la main de Tian pour la dissuader d’agir trop vite. Ce pouvait être une ruse, une mascarade : les laisser croire que la garde impériale était en fait sous le joug de ces trois types - qui faisaient partie des Huit, c’était évident ; mais il était possible qu’en dépit de la situation, l’ami de Tian n’ait pas eu le choix. Ou bien n’ait pas fait les bons. Dans un cas comme dans l’autre, il allait falloir se sortir de ce pétrin.

Je ne perçois aucun Dessinateur, expliqua rapidement Bastian à sa compagne. Mais il suffira d’un geste pour que ton général soit transformé en passoire. Tu vas te concentrer sur lui et moi, sur le gamin. D’accord ?

Combien d’hommes étaient au service des Huit ? Si tous les soldats présents dans la salle oeuvraient bien pour ces derniers, Bastian en dénombrait trente-huit. Combien de temps Tian et elle pourraient-ils tenir avant les renforts ? Il savait qu’Ekiel avait perçu son angoisse et que Galaad était probablement déjà en route dans leur direction. Il faudrait que cela soit suffisant.

Non. Cela serait suffisant. A la lueur des torches, Bastian échangea un regard entendu avec Tian, et un mince sourire fleurit sur ses lèvres.

Un Mentaï était rarement à court d’options.


*


“Trop grand” ? Qu’est-ce que ça veut dire ?
Es-tu sourd, mon garçon ?
Oui.
Par les flammes du Dragon, tu sais très bien ce que je veux dire…
Non, Ekiel. Je ne comprends pas. Tu m’enseignes à évoluer dans l’Imagination depuis un ans, à utiliser les Spires, à modeler dans la réalité ce que je perçois en pensée ; que veux-tu dire par “un pouvoir trop grand” ?
Regarde. Le cercle que je trace sur cette feuille représente l’Imagination. Ce petit point, là, c’est toi. Ce que je hachure, c’est le champ de ton domaine d’action.
Mon domaine d’action ?
Ce que ton corps est capable de faire. Ton potentiel.
C’est… c’est tout ?
C’est davantage que bien d’autres, tu peux me croire. La plupart des gens capables d’utiliser les Spires ont un domaine d’action à peu près grand comme celui-ci. Tu vois ?
Oui. Mais je ne comprends toujours pas ce que…
Tes limites sont plus fragiles que n’importe qui d’autres, sans doute parce que ton domaine est plus vaste. Le risque, c’est de ne pas percevoir ces limites et de les franchir. De ne plus rien contrôler, et donc, de mourir, écrasé par une puissance sans nom.
Et ce risque concerne-t-il mes ennemis ?
Aussi bien eux que toi-même.
D’accord. Alors, le jour où je dépasserai mes limites, il faudra que je sois certain de provoquer un maximum de dégâts pour que cela ne soit pas vain.
Espérons, mon jeune élève, que ce jour ne vienne jamais...



*


Bastian posa un genou à terre. La nausée l’étourdit un instant… puis disparut brusquement. Il se redressa en tremblant. Cela avait été plus facile que prévu, finalement ! Satisfait, il regarda les lames des trois Huit s’acharner sur le cocon translucide qu’il avait dressé autour du garçon. Tout droit surgi de l’Imagination, le matériau était indestructible : plus rien ne pouvait atteindre celui qui se trouvait recroquevillé à l’intérieur. Lorsque sa lame se brisa en morceaux, l’une des silhouettes tourna sa tête encapuchonnée vers Bastian.

Celui-ci sourit de toutes ses dents avant de lui envoyer un poignard en pleine figure. L’ombre avait déjà bougé. Elle fusa vers lui et Bastian para de justesse un coup de sabre ; le bougre avait attrapé celui d’un de ses camarades au vol ! Mais au corps à corps, le mentaï était redoutable. Ses propres lames dansèrent, trop rapides pour être suivies à l’oeil nu, et tranchèrent net la tête de son adversaire, qui vola, toujours encapuchonnée.

Un mouvement, dans son dos. Bastian pivota juste à temps pour voir un soldat basculer, la gorge tranchée. Il avait tenté de surprendre le mentaï, mais c’était sans compter… le jeune général ! Surpris, Bastian choisit de se fier à ce qu’il voyait, et les deux hommes collèrent leur dos l’un contre l’autre pour affronter le reste de la garde.

Une explosion de lumière accompagna l’arrivée d’Ekiel. A en juger par l’attitude des deux silhouettes en noir, ce n’était pas prévu ; elles avaient seulement envisagé que Tian et Bastian reviendraient chercher le gosse, pas qu’ils auraient du renfort ! L’issue de la bataille semblait prendre un nouveau jour, mais Bastian ne cria pas victoire pour autant. Il savait que tout pouvait encore basculer. Ses forces diminuaient à chaque minute et il ne pouvait plus utiliser l’Imagination. D’instinct, son regard chercha Tian parmi la cohue.

Des soldats qui affrontaient des soldats. Du sang qui giclait un peu partout, sous la lueur impassible des torches. Un gamin aux yeux écarquillés derrière la paroi de cristal qui le protégeait. Enfin, il la vit, là-bas, ses cheveux roux virevoltant au gré de ses mouvements.


[Si quelque chose te dérange, tu n'hésites pas à me le dire, surtout !]
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Tianwen Til'Loam
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MessageSujet: Re: [-16] I put a spell on you [Bastian]   [-16] I put a spell on you [Bastian] - Page 2 Icon_minitimeSam 25 Avr 2020, 22:45

Lorsque Tian aperçut enfin la silhouette du gamin, son sang ne fit qu’un tour. Elle le devina – plus qu’elle ne le vit réellement – nu comme un ver, maigrichon, le visage émacié et maculé de saletés. Mais ce qui lui fit le plus de peine encore, c’était de constater les nuages qui assombrissaient ses grands yeux d’un gris vert magnétique. Tous les muscles de l’Envoleuse s’étaient raidis : seuls les doigts de son compagnon, entremêlés aux siens, l’empêchèrent de se jeter au-devant des ennuis sans vraiment réfléchir. Fronçant légèrement les sourcils, la jeune femme sonda l’immensité de la pièce de son regard d’argent. Quelque-chose clochait, mais elle n’eut pas vraiment le temps de comprendre quoi exactement, puisque les pensées de son amant jaillirent dans son esprit.

La jolie rouquine hocha doucement la tête. Oui, il leur fallait une stratégie ! Même avec Galaad et Ekiel qui ne tarderait probablement pas à les rejoindre au cœur de ces mines, ils restaient largement en sous nombre par rapport aux Huit Préceptes. Tian repéra quelques tireurs embusqués : il allait falloir s’occuper d’eux rapidement, s’ils ne voulaient pas finir transformés en passoire. Littéralement ! Réfléchissant à toute vitesse, Tian capta de son regard quelques anfractuosités pas trop difficiles d’accès et surtout, les seules qui se trouvaient dans l’angle mort des tirs des arbalètes. La belle guerrière se força à respirer calmement, songeant qu’il lui faudrait agir rapidement.

Alors, à peine la vitre s’était-elle matérialisée entre le garçon et les silhouettes encapuchonnées, Tian profita de l’effet de surprise pour bondir. Elle fila si vite que les quelques soldats qu’elle dût assommer d’un fabuleux atemi, n’eurent même pas le temps de réagir. Ses doigts crochetèrent une prise et elle se hissa en deux temps trois mouvement sur l’étroite coursive. Celle-ci était bordée d’imposante colonnes sur tout son diamètre, ce qui lui permit d’arriver dans le dos du premier tireur, avant même qu’il ne se rende compte du danger qui pesait sur lui. C’était déjà trop tard, quand il comprit. C’était déjà trop tard, quand il vit la mince et frêle silhouette se jeter sur lui. Il s’effondra lourdement, la nuque brisée.

Le bruit attira l’attention des sept autres tireurs et, presque aussitôt, Tian sentit une flèche frôler sa joue, laissant une marque de feu sur sa peau de pêche. Cependant, il en fallait bien plus pour que la petite guerrière se départisse de son sang-froid. Dans une roulade avant, elle s’abrita derrière un pilier, arma l’arbalète qu’elle avait dérobé à sa malheureuse victime et puis tira. Chacune de ses flèches firent mouche, ce qui sema momentanément un léger vent de panique parmi les adeptes des Huit Préceptes. Un petit sourire satisfait sur les lèvres, l’Envoleuse bondit par-dessus la rambarde et se réceptionna au sol dans une pirouette impressionnante.

Le gamin semblait toujours protégé par le dessin de Bastian. En revanche, elle s’étonna de voir que le Mentaï et Hessiam combattaient côte à côte. Fronçant légèrement les sourcils, Tian faillit se laisser surprendre par un coup destiné à l’éventrer. Heureusement, ses réflexes redoutablement aiguisés lui permirent de s’effacer à la dernière seconde. Au même moment, une explosion retentit avec force mais la jeune femme ne se retourna même pas : c’était sans doute Ekiel qui débarquait dans un fracas digne de son égo surdimensionné. Galaad choisit également ce moment pour faire une entrée fracassante.

La situation semblait tourner en leur faveur.

*

La situation tournait effectivement en leur faveur. La plupart de leurs assaillants avaient été mis hors d’état de nuire et le gamin était toujours sain et sauf. Galaad semblait s’amuser comme un petit fou, tandis qu’Ekiel créait de véritables étincelles autour de lui – il était un vrai spectacle à lui tout seul. Quant à Bastian, il n’était pas en reste, malgré son piteux état. Qui aurait pu croise ce qu’il était sur le point de se produire ?

L’une des silhouettes encapuchonnées poignarda lâchement le jeune général sous sa garde. Horrifiée, l’Envoleuse voulu crier, mais sa voix resta bloquée dans sa gorge. Sous le choc, elle trébucha, puis vacilla quelques secondes. La jolie rouquine glissa sous une lame, courant vers son ami d’enfance, elle n’eut que le temps d’amortir sa chute. Tian tomba à genoux aux côtés d’Hessiam, laissant filer son agresseur en sachant pertinemment qu’il n’avait aucune chance de s’en sortir vivant. Le sang de la belle petite guerrière se glaça littéralement dans ses veines lorsque ses paumes se maculèrent d’un liquide vermeille chaud et poisseux. Oh ce n’était pas le sien, mais plutôt celui du jeune noble. Le jeune homme avait du mal respiré, son poumon était probablement perforé. Malgré elle, la belle rouquine ne put retenir ses larmes tandis qu’elle compressait la blessure d’Hessiam.

- « Les Sil’Everyn Tian, ils savent ce que tu es… » dit-il, essoufflé comme une forge « … ils veulent ta peau et celle de tous les héritiers potentiels du trône… » continua-t-il, la respiration sifflante « … ils ont pas mal d’alliés parmi les fidèles du Chaos, ma sœur en faisait partie »

Il perdait tellement de sang. Etait-ce seulement possible qu’un corps humain contienne autant de litres ? D’un geste rageur Tian essuya ses larmes.

- « Tais-toi gros bêta ! Réserves plutôt tes forces » intima l’Envoleuse à son ami.

Mais Hessiam, plus têtu qu’une mule, ne l’écouta pas et continua de parler tandis que sa vie s’échappait à flots.

- « Je suis désolé Tian, ils ont menacé de s’en prendre à ma famille… »

Sur ces paroles, Hessiam rendit son dernier souffle. Bien sûr, elle était infiniment triste de perdre son ami de toujours et son seul allié parmi les hautes sphères de la société. Mais, en cet instant même, la jeune femme se sentait surtout bouillonner de colère. De rage. Elle tremblait, littéralement : jamais elle ne s’était sentie autant impuissante ! Son cœur battait à une vitesse incroyable dans sa poitrine, lui donnant l’impression qu’il allait lui briser les côtes. Soudain, alors que le temps semblait s’étirer et que les voix lui parvenaient de manière étrangement sourde, l’Envoleuse comprit. Pour la première fois depuis longtemps, elle était en train de perdre le contrôle de sa transformation. De perdre le contrôle du tigre. Il fallait absolument qu’elle se calme !

Bastian appela la jeune femme, dans un éclair de lucidité, juste avant d'émettre un feulement menaçant.

Son regard brillait dangereusement !







[C'est parfait ! Et je me suis un peu laissée emportée du coup xD]
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MessageSujet: Re: [-16] I put a spell on you [Bastian]   [-16] I put a spell on you [Bastian] - Page 2 Icon_minitimeDim 26 Avr 2020, 00:11

Je ne pensais pas que tu reviendrais ici !

La voix du général éclata dans son esprit comme un reproche, et Bastian grimaça tout en continuant de défendre chèrement sa vie ; était-ce réellement le moment de régler leurs comptes ?

Désolé de te décevoir mais j’ai pas décidé de mourir maintenant.
Non ! Je veux dire que…


Interruption, le temps de repousser un adversaire top audacieux.

... j'ai fait ce que je pouvais pour vous éloigner d’ici !

Bastian avait une sérieuse raison de lui en vouloir, et pas uniquement parce qu’il avait manqué de perdre la vie d’un cheveu ; il se souvenait de la douleur de Tian, de l’incompréhension qui avait traversé son regard quand elle avait compris la trahison. C’était ce qui lui donnait l’envie monumentale de se retourner pour faire payer cet enfoiré. Mais il n’avait aucune raison de tuer un homme qui disait la vérité. S’il était possible de mentir en maîtrisant un timbre de voix, penser un mensonge était plus délicat.

Et ce n’était pas le cas.

Ouais, marmonna-t-il quand même, tu t’es bien planté alors. Une invitation n’aurait pas eu plus bel effet.

Ce qui se produisit ensuite, Bastian n’aurait pas pu le prévoir. Et quand bien même aurait-il pu anticiper, les éléments s’enchaînèrent bien trop rapidement pour être interceptés. Le jeune général pivota brusquement et attrapa le coude de Bastian.

Ecoute, dit-il précipitamment, il faut absolument que Tian…

L’ombre surgit alors dans le dos du soldat et le poignarda. Bastian frappa à son tour, obligeant la silhouette à reculer tandis que Tian jaillissait pour rattraper son ami. Inutile de jauger les dégâts pour comprendre que la blessure était mortelle. Conscient que c’était l’unique chance à Tian de faire ses adieux, Bastian se planta devant eux, lames aux clair, et empêcha quiconque d’avancer. Il renonçait à se lancer à la poursuite de l’homme au capuchon, mais…

… un autre mentaï laissa s’abattre une pluie de de projectiles incandescents qui ne manquèrent pas leur cible. Transpercé de part en part, l’assassin du général s’effondra. Ce n’était pas terminé. Un peu plus loin, Galaad affrontait la dernière ombre, et il était en mauvaise posture. Bastian attrapa une arbalète qui gisait à terre, l’arma, visa et tira. Il ne fit pas mouche, mais son action eut le mérite de distraire l’adversaire de Gal, juste assez pour que celui-ci reprenne le dessus dans un rictus concentré.

Quelque chose le percuta violemment et l’entraîna au sol. Le soldat était costaud. Très costaud. Des muscles d’acier, des membres épais et solides, et une furieuse envie de tuer au fond des yeux. Ecrasé par cette masse, Bastian se tortillait pour atteindre de quoi se dégager quand le murmure de Tian explosa dans son esprit. A moitié asphyxié, il tourna la tête vers elle.

Penchée au-dessus du corps sans vie du général et maculée de son sang, l’envoleuse tremblait, agitée par des spasmes; plus inquiet pour elle que pour lui, Bastian l’appela mais le regard qu’elle lui retourna, il ne le connaissait pas. C’était le regard d’un prédateur. d’une bête, et non d’une femme. Il ne pouvait pas entendre le feulement qu’elle poussa, mais il vit le mouvement de sa mâchoire et surtout, il vit briller ses crocs.

Souvenir du tigre blanc.
Sa majesté, sa puissance.
Terriblement redoutable.

Il n’avait pas assisté à la transformation de la jeune femme, mais il comprit que quelque chose clochait et son coeur s’emballa. Désespéré, il s’arc-bouta pour désarçonner le colosse en train de l’étrangler. Sa vue se brouilla.

Etait-ce maintenant ?
Ce moment tant redouté d’Ekiel ? Etait-ce de cette façon que tout devait se terminer ?

Ses doigts tâtonnèrent encore et, enfin, tombèrent sur le manche d’une de ses lames. Il s’y cramponna et détendit son bras, frappant le soldat au niveau de la tempe. L’air lui fit mal en rentrant brutalement dans sa gorge et ses poumons. Pris d’une quinte de toux, il repoussa le cadavre sur le côté, bascula sur le ventre et se redressa à quatre pattes, sonné, pour se précipiter vers Tian.

Tout va bien, dit-il en projetant toute le calme dont il était capable vers sa compagne. Tu es très jolie quand tu t'énerves mais crois-moi, ce n’est pas ce que tu veux, là.

L’entendait-elle seulement ? Le pouvait-elle, alors que le félin prenait le pas sur l’humain ? Bastian ne connaissait rien à la métamorphose. Il avait entendu des rumeurs, n’y avait prêté aucune attention sans pour autant nier leur part de vérité - il arpentait les Spires, comment aurait-il pu douter d’une telle chose, même aussi incroyable ?

Les Spires.

La gorge marquée par la strangulation, la respiration laborieuse, Bastian regarda Tian. Deux possibilités. Il pouvait la laisser faire. Libre, elle sauterait à la gorge de leurs ennemis et ferait un beau massacre. C’était courir le risque de voir Galaad tomber, ainsi que les quelques soldats non corrompus qui s’étaient battus à leurs côtés. Ou bien, il pouvait l’entraver. L’image de l’ours enchaînait lui revint en mémoire. Derrière sa paroi protectrice, le garçon s’était mis à genoux et avait plaqué les mains contre le verre. A travers le rond de buée dessiné par son souffle, l’on devinait son regard fixé sur Tian.

Je suis désolé, ma belle… je dois t’empêcher de faire quelque chose que tu vas regretter.

Dans un sourire, il songea qu’il aurait bien aimé la prendre dans ses bras une dernière fois. Puis ses yeux adoptèrent la fixité propre à celui qui s’engage dans les Spires ; il puisa dans ses forces, et…

Tu permets, mon garçon ?

Ekiel ! Le vieil homme filait dans les Spires à une vitesse hallucinante. Mesurant toute l’expérience qui le séparait encore de cet homme d’exception, Bastian quitta l’Imagination pour voir d’immenses chaînes jaillirent du sol et s’enrouler autour de Tian. Il grimaça en les voyant mordre la chair et tenta à nouveau d’atteindre la conscience de la jeune femme :

Je suis là, Tian ! Tu dois m’écouter, il le faut. Ne te débats pas, c’est en t’agitant que tu vas te blesser…
Bastian !!


Galaad comptait parmi les meilleurs membres du Domaine, mais il ne pouvait pas lutter seul contre tous. Ekiel occupé à immobiliser Tian, il fallait que Bastian lui vienne en aide. Le mentaï se releva, revigoré par le geste de son maître à penser.

Et se jeta dans la mêlée.


*


L’odeur du sang était omniprésente. Ferrugineuse, elle saturait l’air et se mêlait au spectacle des corps jonchant le sol pour figer une image sordide. Seuls trois hommes du général avaient survécu, mais deux d’entre eux était sérieusement blessés. Constellé d'ecchymoses et de coupures, Galaad avait une épaule luxée ; il la replaça lui même dans son axe en la heurtant contre un mur, avant de se pencher pour aider Bastian à se relever.

Le mentaï était épuisé. Il ignorait encore comment il parvenait à tenir debout. Essuyant distraitement sa lèvre fendue, il boitilla vers le cocon de verre et dévisagea la figure adolescente qui en faisait autant de l’autre côté de la paroi.

Tu ne vas pas te transformer en boule de poils si je te sors de là ?

Le garçon secoua la tête par la négative. Un instant plus tard, il se retrouvait à l’air libre.

Bon sang, lâcha Galaad avant de s’accroupir près du gamin et de lui parler à voix haute. Il lui donna sa chemise, certes déchirée et dans un piètre état, et Bastian vit le garçon attraper le vêtement avant de se détourner pour s’approcher de Tian.

Elle était toujours enchaînée.

Pas trop près, l’avertit Ekiel.

Il ne semblait pas surpris de se retrouver face à un tigre blanc, mais c’était Ekiel, après tout ; les choses capables de le surprendre devaient se compter sur les doigts d’une seule main. Bastian avança encore. Il était fasciné par la grâce de l’animal alors que celui-ci était allongé et enchaîné. Il observa ses flancs qui se gonflait sous un souffle puissant et rapide.

Tian… ?


[Moi ça me plaît toujours quand tu t'emballes ^^ J'espère que ma réponse te convient aussi ?]
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MessageSujet: Re: [-16] I put a spell on you [Bastian]   [-16] I put a spell on you [Bastian] - Page 2 Icon_minitimeDim 26 Avr 2020, 17:27

Colère. Une tornade d’émotions était en train d’envahir l’Envoleuse. Littéralement ! Si, elle était encore plus ou moins elle-même lorsqu’elle avait appelé Bastian sur un ton proche de la supplique, en revanche, le regard qu’elle lui retourna n’avait déjà plus rien d’humain. Le monde devint mouvements, odeurs et lumières. Les sens décuplés par ceux du tigre, Tian tenta bien de résister à la volonté du félin. En vain. Il fallait bien avouer que ces chaînes qui s’enroulèrent autour de son cou, mordant impitoyablement sa chair, n’aidèrent pas. Bien au contraire !

Rage. La silhouette de la femme laissa place à celle d’un imposant prédateur en l’espace de quelques secondes à peine. Le majestueux animal gronda, feula, menaça l’importun qui osait le défier ainsi. Le puissant félin s’ébroua, se déchaîna de toute sa force : il allait bien finir par lâcher prise ce vieillard, ce minus. Sûr de sa force le tigre blanc continua de se débattre encore et encore. Son pelage se teinta d’un liquide vermeil, ce qui ne fit que l’énerver un peu plus. Une voix teinta quelque part, au cœur de sa conscience ; surpris, le tigre tourna brusquement sa grosse tête, cherchant l’origine de cet étrange bruit. Le vieux profita de ce moment d’inattention pour resserrer sa prise : d’autres chaînes surgirent de nulle part pour le clouer au sol.

Fureur. Quelque part, recroquevillée tout fond de cette spirale destructrice, se trouvait Tian. Les yeux fermés, les genoux repliés contre sa poitrine, elle ne bougeait plus. N’avait pas envie de bouger. La fureur de son homologue animal lui paraissait soudain particulièrement apaisante. Rassurante. Séduisante. Elle avait oublié cette sensation si excitante de se laisser submerger par les émotions, de ressentir librement la puissance féline du prédateur. Le tigre agissait comme un fabuleux catalyseur et renforçant la moindre de ses émotions, la moindre de ses sensations. Ses cheveux roux formaient une belle couronne de lumière tout autour d’elle. Elle s’enfonça dans un cocon de bien-être étrange, ne faisant plus qu’un avec les sens du prédateur.

*

Agenouillé à quelques mètres à peines de l’imposant tigre blanc, le gamin ne pouvait en détacher son regard. C’était plus fort que lui. C’était la première fois qu’il rencontrait quelqu’un comme lui. Sans trop savoir pourquoi, cette femme lui paraissait étrangement familière. Elle était belle avec sa crinière rousse et son petit nez bardé de tâches de rousseur. Elle était belle lorsqu’elle se battait de toute sa férocité. Elle était belle quand elle se transformait. Tout en elle l’attirait, comme un petit papillon. L’imposant félin qui dormait en elle pouvait sans peine faire passer son monstre à lui comme un vulgaire ourson. Même ainsi immobilisé, vaincu, l’animal dégageait une puissance incroyable.

Tian.

Murmure. Effleurement tout juste perceptible qui fit pourtant ouvrir les yeux de la belle Envoleuse. Curieusement, elle se sentait plus sereine que jamais. Le déchaînement de colère, de rage, de fureur pure du tigre l’avait vidée mais surtout l’avait apaisée. D’instinct, la jeune femme s’accrocha à cette voix familière, la laissant résonner au plus profond de son âme. Son souffle se bloqua quelques secondes dans sa poitrine lorsqu’elle reconnut la voix. Bastian ! Tout s’imbriqua alors un à un, alors qu’elle reprenait pied, qu’elle reprenait le contrôle sur elle-même. Sans aucune lutte. L’animal laissa alors place à la femme. Entièrement nue, profondément blessée dans sa chair, Tian fut soudain envahit d’un sentiment de culpabilité immense. Comment avait-elle pu perdre le contrôle ainsi, comme une débutante ? Comment avait-elle pu laisser ses émotions prendre le dessus aussi facilement ? Et si elle avait blessé quelqu’un ?

La vague de questions s’écrasa sous son crâne en même temps que la douleur l’envahit. L’Envoleuse n’eut que le temps d’apercevoir un regard gris inquiet, avant de sombrer dans les limbes de l’inconscience.

*

La jolie rouquine papillonna légèrement des paupières. Fixant un instant le plafond haut, la jeune femme profita encore un moment de la fraîcheur des draps. Des draps ? Ses souvenirs s’emboîtaient doucement, c’est pourquoi la sensation des draps frais sur sa peau la fit tiquer assez vite. Où diable se trouvait-elle ? L’Envoleuse n’eut pas le temps de se poser plus de question : une main douce et chaude se posa sur la sienne, lui faisant tourner la tête. Tian sentit son cœur chavirer lorsqu’elle reconnut les grands yeux qui la dévisageait – une lueur vaguement soulagée y brillait.

J’ai perdu le contrôle, c’est ça s’enquit la jeune femme dans une moue toute penaude, je suis désolée. Ca ne m’arrive presque plus, normalement. J’espère que je n’ai blessé personne ?

Elle avait encore au moins un millier de question qui la taraudaient. Mais elle aurait bien assez le temps de les poser. Pour l'heure, elle avait juste envie de se lover dans les bras de son compagnon. Et ne plus jamais en sortir.













[Et comment que ça me plaît ! J'adore ce rp ordi ]
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MessageSujet: Re: [-16] I put a spell on you [Bastian]   [-16] I put a spell on you [Bastian] - Page 2 Icon_minitimeMar 28 Avr 2020, 23:05

Des doigts fins palpaient son ventre. Les yeux clos et allongé, Bastian réfléchit en un éclair. Il envisagea chacune des dix-huit possibilités qui s’offraient à lui, évaluant les risques et les chances de réussite, avant de les rejeter. Toutes.

Il savaient à qui appartenaient ces mains.

On dirait bien qu’Ekiel a progressé en couture…
Il n’aura jamais ton talent.


Bastian ouvrit enfin les paupières et croisa le regard bleu ciel qu’il connaissait si bien. A ceci près que deux yeux l’observaient gravement, au lieu d’un seul.

Salut, Alban.


*


Le manoir était aussi vaste et vide que dans son souvenir. Dressée en surplomb d’une falaise immense, entourée à perte de vue par les hautes montagnes de l’est, l’imposante demeure n’était accessible que par ceux qui la connaissaient bien. Aucune route, aucun chemin ne permettait de s’y rendre. Pour l’atteindre, il fallait savoir grimper dans des conditions extrêmes, et ne pas craindre une chute vertigineuse qui se terminerait fatalement sur les rochers coupants, que les vagues glacées de la Mer des Brumes venaient recouvrir inlassablement.

Le front appuyé contre la fenêtre de la cuisine, Bastian regardait la pluie laver le carreau, poussée par un vent puissant qui faisait trembler la vitre sans jamais parvenir à la briser. Les lieux, les odeurs, même cette vue tourmentée lui étaient familiers : il avait passé une année entière ici, dans une réclusion totale, afin de suivre sa formation d’assassin. Après réflexion, il lui paraissait logique qu’Ekiel ait choisi cet endroit pour qu’ils se remettent de leurs blessures.

Une petite tape dans son dos attira son attention et le fit se retourner.

“Arrête de déprimer, on dirait un poète en mal d’amour”, se moqua Galaad.

Il signait au lieu d’utiliser leur lien mental, sans doute parce qu’il était aussi épuisé qu’il en avait l’air : les traits tirés, les yeux ternes, un chaume cuivré sur les joues… mais un grand sourire sur les lèvres. Rien ne pouvait entamer l’humeur de son ami.

“De retour au bercail, hein ?”
“Ouais. C’est… bizarre, après tant d’années.”
“Tout est exactement pareil ! Le grenier est le même foutoir poussiéreux et la salle à manger aussi nue qu’une putain dans un lit.”

Bastian s’assit à table, en face de l’envoleur. La cuisine était à peine plus meublée que les autres pièces et contenait le stricte nécessaire, alors qu’elle était plus grande que celle du Domaine. La première fois qu’il était venu ici, il avait pensé que c’était du gaspillage d’espace. Son opinion avait changé lorsqu’il s’était installé dans les cachots du Domaine.

“Tu as vu Ekiel ?”
“Sans doute en train de lire dans la bibliothèque. C’est le seul endroit où Alban ne vient pas trop l’emmerder. Tu crois qu’il y a quelque chose à grignoter ?”

Songeur, Bastian regarda le blondinet se lever pour fouiller dans les placards. Il secoua la tête. C’était aussi une scène qu’il connaissait bien - et il savait pertinemment comment celle-ci allait se terminer.

- Galaad, espèce de fouine mal élevée ! Eloigne-toi de ma réserve avant de dire bonjour à ma poêle !

Pris en faute, Gal leva les yeux vers la silhouette qui se découpait dans l’encadrement de la porte. Petite et ronde, des cheveux blonds coupés courts, Fando n’avait pas pris une ride - et elle faisait toujours aussi peur. Bastian rentra la tête dans les épaules quand elle passa derrière lui pour rejoindre le fautif et coincer une de ses oreilles entre le pouce et l’index.

- Dire que je pensais avoir enfin affaire à un adulte responsable et correct !
- Aïe ! Je suis responsable et correct, mais je meurs de faim, Fanfan !


Etait-ce son sens de l’observation qui était plus fin ? Ou bien n’avait-il jamais prêté attention à ce détail ? Bastian vit les lèvres de la matrone trembler imperceptiblement, comme sur le point de sourire, juste avant que son poignet pivote brusquement, tordant l’oreille de l’impudent.

- Assis, ordonna-t-elle en désignant la chaise vide. Tout de suite ! "Et toi, cesse de rire sous cape", ajouta-t-elle à l’attention de Bastian.

Elle avait signé ses derniers mots.

Un peu plus tard, les deux compères savouraient une soupe de poisson quand Ekiel et Alban entrèrent. L’ancien maître de Bastian haussa un sourcil en découvrait l’oreille rouge vif de Galaad, mais il ne dit rien ; il se contenta de s’asseoir à côté de son frère. Si autrefois les jumeaux avaient partagé une apparence similaire, il n’en était rien aujourd’hui : leur ressemblance se résumait à la couleur de leurs yeux, au gris de leurs cheveux et à la forme de leur mâchoire. Borgne et malmené par les drogues, Ekiel avait la mine et l’allure d’un vieillard, tandis qu’Alban, pourtant âgé de seulement six minutes de plus, paraissait plus jeune d’une dizaine d’années.

Ses cheveux et sa barbe étaient soigneusement taillés. Irréprochable aussi bien dans son maintient que dans ses gestes, il portait des vêtements simples, mais raffinés et dans un style qui reprenait la froideur des lieux dont il était le maître. Plus communicatif qu’Ekiel, Alban était aussi inaccessible et mystérieux que son propre manoir.  

A la fin du repas, il s’appuya contre le dossier de sa chaise et tapota distraitement le bois poli de la table. C’était signe d’une certaine réflexion et l’attention se porta aussitôt sur lui, devinant qu’il choisissait ses mots et s’apprêtait à parler. Il le fit avec les mains. Tous, ici, pratiquaient la langue de Bastian - y compris lorsque celui-ci n’était pas là. Lorsque ce dernier avait un jour demandé pourquoi des entendants se donnaient cette peine, Alban avait rétorqué que le silence était un luxe qu’il avait appris à aimer davantage que le bruit.

“Mon frère m’a brièvement expliqué ce qui vous est arrivé. Apparemment, vous êtes tombés sur un gros morceau…”
“Les Huit Préceptes”, indiqua Bastian.
“Je connais leur réputation. A votre place, je ne me serais pas frotté à eux.”
“Nous n’avons pas eu le choix”.

Alban leva les yeux vers le plafond.

“Je suppose que c’est lié au garçon qui m’a piqué mon lit ?”

En dépit de ces mots, nul n’était dupe : Alban avait insisté pour que l’on installe le jeune homme dans sa chambre, de loin la plus confortable de tout le manoir - et ce n’était pas peu dire, Bastian et Galaad dormant sur un matelas relativement peu épais, à même le sol, avec une couverture et un traversin. Il se souvenait pourtant que lorsqu’il se laissait tomber dessus, épuisé et fourbu par son entraînement, c’était le plus beau lit qui soit.

“Tout porte à croire que les Huit Préceptes l’ont séquestré et torturé.”
“Oui. J’ai vu ses blessures. Certaines seront plus longue à guérir que d’autres.”
“Mais il va s’en remettre ?” voulut savoir Galaad, le front plissé par l’inquiétude.
“Est-ce que tu doutes encore de mes compétences ?”

L’envoleur secoua la tête. Il devait la vie à Alban et n’était pas prêt de l’oublier - ni Bastian non plus : c’était quand le maître de Galaad leur avait demander de s’entretuer. Il frémit et éloigna cette pensée pour se concentrer sur la danse des mains de son vis à vis.

“Et dites-moi, a qui doit-on cette charmante demoiselle qui se repose dans la chambre voisine ?”

Bastian soupira quand Ekiel et Galaad le pointèrent du doigt dans un bel ensemble.

“Mon garçon, tu as du goût. Fando, veux-tu bien remplir deux bols de ce qu’il reste de soupe ? Je vais retourner au chevet du petit. Toi, Bastian, tu vas aller t’occuper de ta demoiselle. Tant que cela sera nécessaire à leur convalescence, ils peuvent tous les deux rester ici.”
“Et ça ne veut pas dire qu’il faut faire des galipettes”, plaisante Galaad, avant de recevoir une bourrade qui le fit grimacer. “Tu exagères, moi aussi je suis convalescent !”

Bastian emporta son plateau avec empressement. Il avait voulu voir Tian dès son réveil, mais il s’en était vu refuser le droit par Alban.

“ Tu as toi-même besoin de récupérer, mon garçon. Elle va bien : laisse-la se reposer.”

En fait, le mentaï se remettait plutôt bien de sa blessure à l’abdomen. En l’examinant, Alban avait reconnu que son frère avait peut-être réussi à retenir quelques-unes des notions qu’il avait pu lui enseigner. Il manqua de souffle dans l’escalier et dut faire une pause, mais en dehors de ses forces amoindries, il s’en tirait bien. Ce n’était pas tout à fait le cas de son don. Il avait essayé de se rendre dans l’Imagination, peu après son réveil, et il s’était vu éjecté des Spires comme un pain de savon qui glisserait d’entre les mains.

C’était temporaire. Chez un Dessinateur moyen, cela n’aurait d’ailleurs pas eu beaucoup d’effets. Chez Bastian, c’était comme si on l’avait amputé d’un membre. Son équilibre était bouleversé et cette impression était renforcée par son retour dans le manoir : il était redevenu le gamin têtu, voire hargneux qui apprenait à développer son talent aux côtés de son maître à penser.

Arrivé devant la porte de la chambre où se trouvait Tian, Bastian donna quelques coups contre le battant, puis entra doucement, son plateau entre les mains. La pièce était si vaste et nue que les quelques bougies allumées repoussaient d’immenses coins d’ombre. De quoi faire cauchemarder un enfant. Avait-il eu peur du noir ? Il fouilla un bref instant dans sa mémoire mais rien ne lui vint ; la présence réconfortante de Gal avait toujours su éloigner ses terreurs, quelles qu’elles soient.

Posant le plateau sur un guéridon, Bastian alla tirer le rideau qui cachait la fenêtre, laissant entrer la lumière du jour. Celle-ci était sombre en raison de la tempête qui s’agitait dehors. Il imaginait que les hurlements du vent devaient être étouffés par les murs et les vitres, et accompagnés par le murmure des gouttes de pluie battant les carreaux. L’atmosphère, en tout cas, était propice à la lecture au coin du feu.

Enfin, il se tourna vers le lit à baldaquin et s’en approcha à pas lents, puis il se pencha sur la silhouette endormie. Sa main caressa le satin d’une joue, s’emmêla dans la masse de cheveux roux, frémit sous un souffle chaud et lui tira un soulagement au moins aussi puissant que la joie de la voir aussi paisible. Il avait envie de la serrer dans ses bras, mais il s’obligea à n’en rien faire : Alban avait raison, Tian avait besoin de repos. Alors, il approcha un fauteuil du lit et se laissa tomber dedans, incapable de détourner les yeux de l’envoleuse.


*


Il avait dû s’assoupir, la tête entre les bras sur le bord du lit, car un mouvement le fit se redresser dans un sursaut. Quand il vit Tian battre des paupières, son coeur bondit dans sa poitrine. Il lui toucha la main pour attirer son attention, sourit quand elle croisa enfin son regard. Et secoua la tête.

Non, Tian, tu n’as rien à te reprocher. C’est moi qui suis désolé.

Du bout du pouce, il caressa les marques que les chaînes avaient imprimées sur sa peau. Dans le feu de l’action, il s’était dit que la retenir était le meilleur moyen de l’empêcher de se blesser et de blesser qui que ce soit. Mais, même s’il n’était pas l’auteur de ces meurtrissures, il doutait à présent d’avoir fait le bon choix.

Bienvenue au “Manoir” ! Tu es en sécurité ici, et l’invitée d’honneur d’Alban. C’est lui qui vous a soignés, le garçon et toi.

Bastian pencha la tête. Il devina la question qu’elle se posait avant même qu’elle formule sa pensée.

Il dort dans la chambre d’à côté.

Saisi par un vertige, il pressa ses paumes contre ses yeux, fermement ; si la télépathie n'était pas directement liée à son don, elle était plus affectée lorsqu'il n'était pas en mesure de dessiner. Impuissant, il lança une dernière pensée à sa compagne :

Je suis désolé… épuisement… plus dessiner.

A bout de force mentale, il regarda Tian. Qu’elle était belle dans ce lit trop grand pour elle… Ses mains volèrent et se refermèrent sur son coeur.

“Je t’aime.”

Il sourit.
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Tianwen Til'Loam
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MessageSujet: Re: [-16] I put a spell on you [Bastian]   [-16] I put a spell on you [Bastian] - Page 2 Icon_minitimeJeu 30 Avr 2020, 21:00

Tian ne put s’empêcher de pousser un petit soupir de soulagement en apprenant qu’elle n’avait causé aucun dégât dans sa folie furieuse. Cependant, lorsque Bastian s’empressa de s’excuser à son tour, la jolie rouquine ne comprit pas immédiatement sa réaction ; fronçant légèrement les sourcils, elle suivit son regard et baissa les yeux sur les ecchymoses qui marbraient sa peau de porcelaine. Réalisant ce que cela signifiait, l’Envoleuse ferma les yeux l’espace de quelques secondes, avant de secouer toute seule la tête. Un sourire rassurant sur lèvres, elle planta son regard dans celui du Mentaï. Instinctivement, elle caressa les contours de la mâchoire du beau brun du bout de ses doigts.

Hé, Joli Cœur, ne t’en veux pas, rassura la jeune femme, profitant des dernières secondes de télépathie que leur offrait le don de Bastian. C’était la meilleure chose à faire. Quand je suis dans cet état, plus rien ne peut me faire entendre raison : j’aurais pu tuer quelqu’un. Te tuer, expliqua-t-elle sans détours. Et puis, j’ai vécu pire, je m’en remettrai bien assez vite, termina la jolie rousse en relevant fièrement le menton.

Oh, elle le pensait vraiment. Ce n’était pas la première fois qu’elle se voyait enchaînée de la sorte : Hoöna avait recouru à ce genre de méthode, elle aussi. Pas souvent, certes, mais cela avait à chaque fois permis d’éviter un joli massacre. Elle-même n’avait pas fait mieux face à l’ours blanc en furie, quelques jours plus tôt.

Se mordillant la lèvre inférieure, Tian observa son compagnon porter ses poings fermés contre son cœur. Elle ne parlait pas la langue des signes, pourtant, inconsciemment, elle su immédiatement ce que ce geste signifiait. Le rythme cardiaque de la jeune femme accéléra imperceptiblement, tandis que son souffle se bloqua un instant dans sa poitrine. Tandis qu’une chaleur diffuse se répandait dans tout son corps, la petite guerrière repoussa ses couvertures, pour se redresser sur ses genoux. S’approchant du Mentaï, elle encadra délicatement son visage de ses mains, se perdit un instant dans son regard d’un gris si expressif, puis pressa ses lèvres contre les siennes avec douceur.

*

Cette nuit-là, ils s’aimèrent avec tendresse, comme jamais ils ne l’avaient encore fait. Lorsqu’enfin ils s’endormirent, Tian était épuisée mais débordait d’un bonheur enivrant. Le lendemain, elle fit la connaissance du maître des lieux. Alban était un homme comme on en rencontrait peu dans toute une vie : il forçait le respect autant par sa force physique que par sa sagesse infinie. Pourtant, de prime abord, il paraissait aussi froid que les murs de cet imposant manoir, perché à flanc de falaise et malmené par les vents. L’Envoleuse comprit rapidement qu’il n’en était rien et elle se prit rapidement d’affection pour ce vieil homme à l’humour piquant.

La belle rouquine eut également l’occasion d’échanger quelques joutes verbales assez cocasses avec Galaad. Au gré de sa découverte de l’immense demeure, la jeune femme eut l’occasion de saluer Ekiel, qui s’était réfugié dans le calme de la bibliothèque – bon, il fallait bien avouer, entre l’énergie de Fando et les réflexions d’Alban, difficile de trouver un moment de tranquillité. Puis, la main chaude de Bastian contre la sienne lui procurant tout le courage nécessaire, l’Envoleuse osa enfin affronter le regard du garçon. Si elle avait besoin de ce moment en tête à tête, cela la bouleversa profondément.

Ses doutes devinrent certitudes : physiquement, ce gosse était un parfait mélange entre Sohan et elle-même. Cela lui fit l’effet d’une grande claque. Son regard gris trahissait les maltraitances qu’il avait subi ces dernières années et Tian sentit son estomac se tordre devant la méfiance de ce gamin. Mais à quoi donc avait-elle pensé en l’abandonnant sur le seuil de cette petite confrérie de Rêveurs ? Se mordant la lèvre inférieure, Tian secoua la tête toute seule : rien ne servait de se culpabiliser, elle ne pouvait pas changer le passé, en revanche elle pouvait au moins tenter de rattraper les choses. Rectifier ses erreurs de gamine terrorisée. Lorsque la jolie rouquine ressortit de la chambre, le gamin s’était rendormi depuis quelques minutes déjà.

Caleb. Refermant délicatement derrière elle, l’Envoleuse caressa délicatement ce nom du bout des doigts. Si elle n’était pas prête à être mère, elle se jura toutefois de protéger ce garçon. Une lueur de détermination brilla dans son regard d’argent. Sa décision était irrévocable.

*

Tian n’avait que peu parlé depuis qu’elle avait quitté la chambre du garçon. La chaleur de Bastian, tout contre son corps, l’apaisait comme personne d’autre ne le pouvait. La nuit avait jeté son voile sur l’imposante demeure, mais la tempête n’avait pas cessé. Loin de là. La pluie battait contre le carreau si fort que cela donnait l’impression que la vitre allait voler en mille morceaux. Le vent faisait crisser les lourds volets en bois, menaçant de les décrocher comme de vulgaires fétus de paille. Mais, là, dans leur petit cocon, la belle guerrière se sentait bien. Sereine même, comme si rien ne pouvait jamais l’atteindre. Dessinant des arabesques sur la peau nue de son compagnon, l’Envoleuse profitait simplement de l’instant présent.

Levant le menton, elle admira le profil de l’homme quelques secondes à la lumière vacillante d’une bougie. Si beau… Clignant légèrement des paupières, Tian pris une petite inspiration.

Dis, commença la petite guerrière, sachant pertinemment qu’il ne dormait pas, malgré ses paupières délicatement fermées, tu m’apprendras à parler la langue des signes ?

Sans même s’en rendre compte, l’Envoleuse retint son souffle. Cela la frustrait tant de ne pas être capable de comprendre ce qu’il disait lorsqu’il s’exprimait avec ses mains. Il utilisait ce langage avec tellement de facilité et de naturel que Tian s’en voulait un peu de ne pas pouvoir communiquer avec lui dans ces moments-là. Se mordillant la lèvre inférieure, la jeune femme planta son regard si particulier dans celui du Mentaï, puis porta son poing fermé à sa poitrine de la même façon que Bastian l’avait fait la veille. Je t’aime, songea-t-elle avec tellement de force et de conviction qu’elle vibrait de tout son être.
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Bastian Derue
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MessageSujet: Re: [-16] I put a spell on you [Bastian]   [-16] I put a spell on you [Bastian] - Page 2 Icon_minitimeVen 01 Mai 2020, 23:12

Mains qui s’ouvrent.

Et enseignent.


*

Il ne connaissait pas la douceur : c’était elle qui la lui apprenait.
Peut-être à cause d’une enfance difficile, ou bien parce que, dans son quotidien, la solidité d’un roc valait plus que la caresse d’une plume… Force était de constater que Tian était la plume qui s’était posée sur les graviers de son coeur.

Quand elle était dans la même pièce que lui, un simple contact visuel le confortait dans ce qu’il était en train de faire - qu’il s’agisse d’abdominaux ou d’une soupe de légumes. Si elle glissait sa main dans la sienne, il perdait le fil de ses pensées, de la conversation parfois, mais ce n’était pas grave.

La paix qu’il ressentait était immense et nouvelle.

Dire qu’il n’avait suffi que d’une simple plume…


*


Mains qui dansent.

Dessinent.


*

Il faudrait que je me trouve une fille comme elle… fit Galaad, songeur.

Le soupir qu’il poussa fut expulsé de ses poumons avec violence quand Bastian lui faucha les jambes. L’extrémité de son bâton s’arrêta à un millimètre de la pomme d’Adam de l’envoleur abasourdi.

C’était un coup de lâche.
A d’autres ! Tu rêvasses depuis tout à l’heure.
Non mais… c’est la poêle qui se fiche du chaudron !


Bastian recula et attrapa la main de son ami pour l’aider à se remettre sur ses jambes. Chaque matin, ils s’entraînaient dans la verrière qui les protégeaient de la tempête tout en leur offrant une vue imprenable sur un ciel tourmenté et des flots déchaînés. Le jardin d’hiver d’Alban envahissait une partie de l’espace et lui conférait une atmosphère étrangement calme, quand une simple vitre les séparait des bourrasques furieuses.

Sous leurs pieds nus, le parquet de bois était doux, garant d’une bonne qualité de leurs déplacements et d’un confort relatif de leurs chutes. Simplement vêtu d’un pantalon noir en coton, Bastian se remit en place face à Galaad. Ses tatouages s’entremêlaient sur sa peau nue et en sueur, arabsques folles qui couraient sur ses omoplates, ses bras, son torse ; une vie était racontée là.

Tian assistait à ces entraînements. En tant que spectatrice, le temps que son organisme se remette, ce qui ne l’empêchait pas de participer aussi activement que possible dans leurs échanges martiaux ; dans ce domaine, ce qu’ils partageaient tous les trois était unique et personne ne se risquait à les déranger. Toutefois, Bastian devait admettre que la présence de l’envoleuse était une distraction non négligeable - et Galaad se fit un plaisir de le lui confirmer par d’habiles coups de bâton.

Qu’importe ! Le regard magnétique de Tian valait tous les bleus du monde.


*


Mains qui s’envolent.

Rêvent.


*

En douceur, jeune apprenti.
Je ne suis plus ton apprenti, Ekiel.
Tiens donc ! Et là alors, qu’est-ce que tu es ?


Les yeux clos, Bastian ne put réprimer un sourire. Il se tenait assis en tailleurs en face de son ancien maître à penser, dans un espace dégagé de la bibliothèque ; patiemment, Ekiel démêlait l’échevaud des noeuds complexes qui entravaient encore le mentaï et l’empêchaient de se déplacer librement dans les Spires.

De la délicatesse, bon sang ! Je ne sais pas, moi… imagine que tu marches sur des oeufs.

Ce ne fut pas ce que Bastian imagina, non. Mais la façon avec laquelle il se propulsa dans l’Imagination réussit à surprendre le vieux mentaï. C’était tellement rare que même Alban, qui assistait à la scène, haussa un sourcil.

Tu vois, quand tu veux… C’était pas mal. Mais qu’as-tu imaginé pour devenir aussi léger ?

Bastian se contenta de sourire.


*


Mains qui caressent.

Doucement.


*

Il s’appelait Caleb.

Affaibli, perdu, il puisait son courage dans la force tranquille d’Alban, qui passait pas mal de temps à son chevet, mais aussi dans les plaisanteries de Galaad, les pensées apaisantes de Bastian… et le regard de Tian.

Quand elle était là, il ne la quittait pas des yeux et sa fascination était palpable. Sa ressemblance, aussi, même si elle n’était pas aussi franche qu’on pourrait le croire ; sa façon de hocher la tête, de se mordiller les lèvres, il les tenait de Tian. Son courage, aussi, quand ce qu’il avait traversé était terrible.

Bastian était confiant. Si Alban l’avait pris sous son aile, alors il avait de bonnes chances de guérir, dans son corps comme dans son âme. Et Tian ? Retrouver un fils qu’elle avait été contrainte de laisser derrière elle ne devait pas être évident ; forcément, ces grands yeux gris devaient lui rappeler ceux d’un homme qui lui avait fait du mal…

Bastian, alors, devenait une plume, et ses caresses, la nuit, le jour, étaient plus douces que jamais.


*


Les mains de Bastian s’immobilisèrent.

Il regarda Tian reproduire ses mouvements, le coeur battant, et hocha la tête. Ils s’entraînaient depuis des jours, chaque fois qu’ils en avaient l’occasion ; le plaisir d’étancher la soif d’apprendre de l’envoleur n’avait d’égal que celui de vivre d’une autre façon cette intimité.

Le langage des mains, c’était son premier langage. Si mentalement c’était plus commode et plus rapide, avec les mains, Bastian s’exprimait différemment, il était plus malicieux, plus audacieux, plus spontané. Davantage lui-même. Pour Tian, il s’astreignait à la lenteur et à la patience, mais il n’était pas rare que l’émotion le rattrape et qu’il se mette à parler si vite qu’il la perdait en chemin ; alors, il riait, l’embrassait, et recommençait.

Galaad se prit au jeu, lui aussi. Il maîtrisait la langue des signes depuis si longtemps que c’était aussi facile pour lui que de respirer. Sa façon de signer lui était propre, ses gestes plus amples, plus arrondis que ceux de son ami ; toujours prêt à taquiner Tian, il lançait des débats truffés de devinettes parfois complètement tirées par les cheveux.

Une semaine s’écoula. Il était capable de tenir une petite conversation avec Tian en langue des signes et leurs blessures n’étaient plus que souvenir ; il était temps pour le mentaï de rentrer au Domaine. Comme ils se préparaient au départ, Alban s’approcha de Tian.

- Caleb est ici chez lui, le temps de récupérer complètement ses forces. Ensuite, il décidera que faire de sa vie. Tu es la bienvenue également, demoiselle, si tu souhaites rester près de lui.

Bastian croisa le regard magnétique de Tian et haussa les sourcils : c’était un choix qui lui appartenait, et à elle seule ; lui rentrait pour faire son rapport, reprendre le travail et poursuivre ses recherches. Quoi qu’elle décide de faire, il respecterait sa décision.
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